Archives par étiquette : Armando Moreno

El Yacaré 1941-12-12 — Orquesta Ángel D’Agostino con Ángel Vargas

Alfredo Attadía Letra: .

Ceux qui ont tra­ver­sé les provinces de Entre-Rios et ont sans doute remar­qué au bord des nationales 12 et 14 les nom­breuses pan­car­tes annonçant que l’on pou­vait trou­ver du « yacaré » à l’escabèche. Le yacaré est le nom du croc­o­dile local et l’escabèche (esacabeche) est la sauce qui accom­mode ce saurien et dont sont friands les entre­ri­anos et cori­enti­nos. Mais, notre tan­go du jour ne vante pas un plat typ­ique, ni même l’an­i­mal du même nom. Il nous par­le d’un jock­ey fameux, Elías Antúnez, surnom­mé El Yacaré, car il est juste­ment orig­i­naire de Cor­ri­entes.

Elías Antúnez, El Yacaré.

Chevaux et tango

De nom­breux tan­gos font référence aux cours­es de chevaux.
fut l’un des pro­mo­teurs du genre, par exem­ple en chan­tant Leguisamo solo, Por una cabeza.
Si le sujet vous intéresse, je vous invite à con­sul­ter l’ex­cel­lent Todo Tan­go sur le sujet

L’hip­po­drome de .

Extrait musical

El Yacaré 1941-12-12 — Orques­ta Ángel D’Agosti­no con Ángel Var­gas.

Aujour­d’hui, pas de par­ti­tion, mais les accords pour les gui­taristes sur chordify.net :

Paroles

Es domin­go, Paler­mo res­p­lan­dece de sol,
cada pin­go en la are­na lle­vará una ilusión.
En las cin­tas los puros alin­ea­d­os están
y a la voz de “¡Largaron!” da sal­i­da un afán.
En el medio del lote, con­te­nien­do su acción,
hay un jock­ey que aguar­da con ser­e­na aten­ción,
ya se apres­ta a la car­ga… griterío infer­nal.
Emo­ción que des­bor­da en un bra­vo final.

¡Arri­ba viejo Yacaré!
Explota el gri­to atron­ador.
Todos cas­ti­gan con rig­or,
pero no hay nada que hac­er,
en el dis­co ya está Antúnez.
Sabés sacar un perde­dor,
ganar un Pre­mio Nacional…
Muñe­ca bra­va y al final
el tope del mar­cador
siem­pre es tu meta tri­un­fal.

Un artista en las rien­das, con cora­je de león,
tenés toda la clase que con­sagra a un campeón.
Dom­i­nan­do la pista con cert­era visu­al
el camino del dis­co vos sabés encon­trar.
Las tri­bunas admi­ran tu peri­cia y tesón
y se rinde a tu arte con inten­sa emo­ción.
Se enron­que­cen gar­gan­tas en un loco estal­lar,
cuan­do a taco y a lon­ja empezás a car­gar.
Alfre­do Attadía Letra: Mario Soto

Traduction libre des paroles

C’est dimanche, Paler­mo resplen­dit de soleil, chaque cheval (pin­go) sur le sable (de la piste) portera un espoir.
Sur les ban­des, les cig­a­res sont alignés et la voix de « ¡Largaron ! » (on entend dans Largaron de Car­los Cubría et Juan Navar­ro con­nue par l’ de De Ange­lis, la cloche et le « largaron » qui annon­cent le départ des chevaux) laisse place à l’empressement.
Au milieu du pelo­ton, con­tenant son action, il y a un jock­ey qui attend avec une atten­tion sere­ine, déjà, il se pré­pare à la charge… brouha­ha infer­nal.
Une émo­tion qui débor­de dans un bra­vo final (ou un final vail­lant).
Courage, le vieux Yacaré !
Le cri toni­tru­ant explose.
Tous cravachent vigoureuse­ment (punis­sent), mais il n’y a rien à faire, Antúnez (El Yacaré) est déjà au poste d’ar­rivée.
Tu sais faire sor­tir un per­dant, qu’il gagne un Prix nation­al…
Muñe­ca bra­va (poignet vail­lant, mais une Muñe­ca bra­va est aus­si une femme, comme dans de Enrique Cadí­camo) et, à la fin, le haut du tableau de résul­tat est tou­jours ton but, tri­om­phal.
Un artiste aux rênes, avec le courage d’un lion, vous avez toute la classe qui con­sacre un cham­pi­on.
Dom­i­nant la piste avec une vision pré­cise, tu sais trou­ver le chemin du poste d’ar­rivée.
Les tri­bunes admirent ton savoir-faire et ta ténac­ité et ren­dent à ton art avec une émo­tion intense.
Les gorges s’en­rouent dans une explo­sion folle, lorsque vous com­mencez à charg­er avec les talons et la cravache.

Autres versions

El Yacaré 1941-12-12 — Orques­ta Ángel D’Agosti­no con Ángel Var­gas. C’est notre tan­go du jour.
El Yacaré 1951 — Alfre­do Attadía con Arman­do Moreno.

Dix ans après D’Agosti­no et Var­gas, Attadía donne sa ver­sion de sa com­po­si­tion. On notera toute­fois qu’il est dif­fi­cile de détach­er cet enreg­istrement de celui des deux anges. Cette prox­im­ité peut se com­pren­dre. Attadía a com­posé un cer­tain nom­bre des de D’Agosti­no et notam­ment, com­posé en com­mun avec D’Agosti­no. Le résul­tat est agréable à écouter et même dans­able.

Arman­do Moreno et Alfre­do Attadía (El Ban­doneón de Oro).
El Yacaré 2009 – con .

On regrette la dis­pari­tion de cet orchestre qui valait surtout par la voix et les inter­pré­ta­tions extra­or­di­naires de Javier Di Ciri­a­co. Une ver­sion dans le style de cet orchestre, plutôt intéres­sante et dans­able.

À bien­tôt les amis !

Cómo se pianta la vida 1940-08-20 — Orquesta Enrique Rodríguez con Armando Moreno

Carlos Viván (Miguel Rice Treacy), paroles et musique

Car­los Viván, l’au­teur et le com­pos­i­teur de ce tan­go fut un bon vivant et ce tan­go touche de très près sa vie qui fut claire­ment par­mi les plus insta­bles pos­si­bles. Le seul point éton­nant est qu’il l’a écrit à 26 ans et pas, comme on peut le sup­pos­er, à la fin de sa vie tour­men­tée… L’abon­dance des ver­sions à l’âge d’or et par la suite, prou­ve que ce sujet touchait la sen­si­bil­ité des Argentins ; et la vôtre ?

Extrait musical

Cómo se pianta la vida 1940-08-20 ‑Orques­ta Enrique Rodríguez con
Par­ti­tions de Cómo se pianta la vida de Car­los Viván (paroles et musique)

Paroles

Berretines locos
De mucha­cho rana
Me arras­traron cie­gos
En mi juven­tud
En milon­gas, tim­bas
Y en otras macanas
Donde fui pal­man­do
Toda mi salud

Mi copa bohemia
De rubia cham­pagne
Brin­dan­do amoríos
Bor­ra­cho la alze
Mi vida fue un bar­co
Car­ga­do de haz­a­ñas
Que jun­tó a las playas
Del mar lo encalle

Cómo se pianta la vida
Cómo rezon­gan los años
Cuan­do fieros desen­gaños
Nos van abrien­do una heri­da
Es triste la pri­mav­era
Si se vive desteñi­da

Cómo se pianta la vida
De mucha­cho calav­era

Los veinte abriles can­taron un día
la triste de mi berretín
y en la con­tradan­za de esa algar­abía
al trompo de mi alma le faltó piolín.
Hoy estoy pagan­do aque­l­las ranadas
Final de los vivos
Que siem­pre se da
Me encuen­tro sin chance
En esta juga­da
La muerte sin grupo
Ya ha entra­do a tal­lar

Cómo se pianta la vida
De mucha­cho calav­era
Car­los Viván — 1929 — Paroles et musique

libre

Les folles lubies d’un gars débrouil­lard m’ont entraîné à l’aveu­glette dans ma jeunesse, dans les milon­gas (Car­los Viván était un grand danseur de tan­go), les tim­bas (salle de jeu) et autres clubs où j’ai ruiné toute ma san­té.
Mon verre bohème de cham­pagne blond, trin­quant aux amours, ivre, je l’ai levé (Car­los Viván était plutôt ama­teur de Whisky, sans doute à cause de ses orig­ines irlandais­es).
Ma vie a été un navire plein d’ex­ploits, qui rejoignit les plages marines et s’é­choua.
Comme la vie se perd (piantar, c’est en , s’en­fuir), comme les années grog­nent quand de féro­ces décep­tions nous ouvrent une blessure.
Le print­emps est triste s’il se vit déteint.
Com­ment se perd la vie d’un gars débauché.
Les vingt avrils (même si “Avril” en Argen­tine tombe en automne, c’est l’équiv­a­lent de l’ex­pres­sion “Print­emps” pour mar­quer les années. Dans le vers précé­dent, il par­lait d’ailleurs de print­emps) ont chan­té un jour la milon­ga triste de ma lubie et dans la con­tredanse de ce brouha­ha, Il me man­quait au plus pro­fond de mon âme une inno­cence (piolín, ver­lan de limpio, pro­pre, per­son­ne sans casi­er judi­ci­aire…).
Aujour­d’hui, je paie pour ces méfaits.
Le final des canailles arrive tou­jours.
Je me retrou­ve sans chance dans ce jeu dan­gereux.
La mort sans men­tir est déjà entrée pour tailler.
Comme se perd la vie, d’un garçon débauché.

Autres versions

Voici une petite sélec­tion de ver­sions illus­trant le suc­cès du thème pen­dant plus de 50 ans.

Cómo se pianta la vida 1930-03-18 — Azu­ce­na Maizani con con­jun­to
Cómo se pianta la vida 1930-03-21 — Alber­to Vila con gui­tar­ras
Cómo se pianta la vida 1930-03-27 — Orques­ta Luis Petru­cel­li con
Cómo se pianta la vida 1930-04-02 — Orques­ta Pedro Maf­fia con Car­los Viván.

Car­los Viván chante sa com­po­si­tion. Il a 27 ans au moment de l’en­reg­istrement.

Cómo se pianta la vida 1930 — Rober­to Mai­da acomp. de Orques­ta Alber­to Castel­lano.

Rober­to Mai­da avant Fran­cis­co Canaro

Cómo se pianta la vida 1930 — Tania acomp. de Orques­ta Alber­to Castel­lano.

Tania avec le même orchestre que Rober­to Mai­da.

Cómo se pianta la vida 1932 — Orques­ta Típi­ca Auguste-Jean Pesen­ti du Col­i­se­um de Paris.

En France aus­si, la vie des tangueros est un peu dis­solue…

Cómo se pianta la vida 1940-08-20 — Orques­ta Enrique Rodríguez con Arman­do Moreno. C’est notre .
Cómo se pianta la vida 1942-09-15 — Orques­ta con .
Cómo se pianta la vida 1950-12-26 — Orques­ta Edgar­do Dona­to con Car­los Alma­da.
Cómo se pianta la vida 1959c — Héc­tor Mau­ré con gui­tar­ras y ban­do­neon
Cómo se pianta la vida 1963-04-30 — Orques­ta con Rober­to Goyeneche arr. de .

On notera le début impres­sion­nant pro­posé par Troi­lo et Plaza qui offre un trem­plin pour Goyeneche pour lancer le titre d’une façon par­ti­c­ulière­ment expres­sive. Une ver­sion que je trou­ve con­va­in­cante et touchante. Pas de danse pos­si­ble, mais un régal à écouter.

Cómo se pianta la vida 1981-07-08 — Orques­ta Osval­do Pugliese con Abel Cór­do­ba.

C’est la plus orig­i­nale et tra­vail­lée, un cran au-dessus de celle de Troi­lo, mais il faut être vrai­ment fan de Cór­do­ba pour être enchan­té par cette ver­sion. Je préfère les ver­sions de danse ou celle de Troi­lo avec Goyeneche, mais la beauté du tan­go est qu’on a le choix et cha­cun pour­ra trou­ver son bon­heur dans la très grande var­iété de ces enreg­istrements.

Tic tac 1941-08-07 — Orquesta Enrique Rodríguez con Armando Moreno

Enrique Cadícamo (Musique et paroles)

Si je dis Tic-Tac, vous penserez tout de suite à l’hor­loge, à la mon­tre et au-delà, au temps qui passe. Les trois min­utes d’un tan­go peu­vent pass­er très vite, trop vite, ou don­ner l’im­pres­sion de s’éterniser. Le nous par­le du temps. Sa tristesse est com­pen­sée par le savoir-faire de Moreno et Rodriguez, mais il est temps de vous faire écouter ce tan­go. Nous remon­tons le temps, jusqu’en 1941, il y a exacte­ment 727 070 heures, quand Rodriguez et Moreno enreg­is­traient le tan­go Tic Tac.

Extrait musical

Tic tac 1941-08-07 — Orques­ta con .

Tic tac 1941-08-07 — Orques­ta Enrique Rodríguez con Arman­do Moreno. Les 30 pre­mières sec­on­des sont clas­siques pour du Rodriguez. La musique est bien cadencée et mar­quée de façon un peu (beau­coup) appuyée.
À 30 sec­on­des, donc, Rodriguez nous donne la pre­mière infor­ma­tion hor­logère. Puis il reprend le nor­mal de la musique. Les peu­vent penser avoir rêvé ce Tic-Tac, mais 20 sec­on­des plus tard, le Tic-Tac réap­pa­raît.
À une minute, Moreno lance deux fois Amor, mais avant d’aller plus loin, voici les paroles.

Paroles

Amor, amor… nov­ela triste
Amor, amor… tú ya no existes.
Solo, sin tu car­iño,
Soy como un niño
Que siente miedo.
Solo, solo en la casa,
La noche pasa
Por .

Tic tac, tic tac, tic tac…
Oigo en las som­bras, este lati­do.
Tic tac, tic tac, tic tac…
Como un mar­tillo sue­na en mi oído.
Es el reloj que va pasan­do
Y nues­tras vidas va con­tan­do.
Tic tac, tic tac, tic tac…
Y su recuer­do, se hace dolor.

Letra y músi­ca:

Traduction libre et indications

L’amour, l’amour… Roman triste
L’amour, l’amour… Tu n’ex­istes plus. (La triste nou­velle est annon­cée)
Seul, sans ton affec­tion, je suis comme un enfant qui éprou­ve la peur.
Seul, seul dans la mai­son, la nuit passe par l’hor­loge.
Tic-tac, tic-tac, tic-tac… (À 1:30 Moreno déclare Tic-Tac, lev­ant toute ambiguïté et l’orchestre ren­force le son d’hor­loge).
J’en­tends dans l’om­bre, ce bat­te­ment (de cœur).
Tic-tac, tic-tac, tic-tac… (Retour du Tic-Tac)
Comme un marteau, il résonne dans mon oreille.
C’est l’hor­loge qui tourne et nos vies vont comp­tant.
Tic-tac, tic-tac, tic-tac… (Encore le Tic-Tac)
Et son sou­venir se fait douleur.

Aban­don ou mort, quoiqu’il en soit, l’hor­loge mar­que le temps désor­mais inutile dans l’être aimé. C’est une façon assez orig­i­nale de mar­quer le poids du temps sur la peine. Enrique Cadí­camo, l’un des auteurs les plus pro­lifiques est ici le com­pos­i­teur et le paroli­er, cette œuvre lui est donc totale­ment redev­able et prou­ve la richesse de son univers.
Il fal­lait sans doute Rodriguez et sa légèreté (dans les thèmes, pas la musique) pour pass­er en douceur ce mes­sage.

Autres versions

Ce tan­go est encore un orphe­lin. Il y a bien sûr d’autres tan­gos qui par­lent du temps, voire même de l’hor­loge. Nous avons évo­qué El Reloj (L’hor­loge) il y a quelques jours, mais pas d’autre de Tic Tac. Je vais cepen­dant lui pro­pos­er un ami…

Tic tac 1941-08-07 — Orques­ta Enrique Rodríguez con Arman­do Moreno. Notre tan­go du jour, orphe­lin.

Le copain que je lui pro­pose est une musique klezmer. Cela peut sem­bler curieux, mais le en France avait cou­tume de pro­pos­er comme dernier thème ce titre. J’avoue ne pas en con­naître la rai­son pour laque­lle ils ont tro­qué la cumpar­si­ta pour le titre que je vous pro­pose d’é­couter main­tenant.
Il s’ag­it de Time par le trio Kroke, un trio polon­ais dont le nom, Kroke, est celui de la ville polon­aise de Cra­covie, exprimé en Yidi­ish (langue des juifs d’Eu­rope cen­trale).

Time 1998-05 – Kroke (Tomasz Lato).

Le trio Kroke est com­posé de Tomasz Kukur­ba au vio­lon alto, Tomasz Lato à la con­tre­basse et Jerzy Bawoł à l’ac­cordéon dia­tonique.
Ce titre a été enreg­istré en mai 1998 a été pub­lié pour la pre­mière fois en 1999 sur l’al­bum The Sounds of the Van­ish­ing World.
Pour les masochistes, il existe une ver­sion longue de plus de 8 min­utes, Tomasz Kukur­ba ayant com­plété l’o­rig­i­nal de Tomasz Lato
Cer­tains seront assez éton­nés d’ap­pren­dre que des danseurs essayent de danser le tan­go sur ce titre, mais d’autres adorent cet exer­ci­ce qui con­siste à croire danser le tan­go sur n’im­porte quelle musique. C’est génial, mais ce n’est pas du tan­go.

Bon, j’ai per­du les lecteurs fans de NeoTan­go. J’e­spère qu’ils revien­dront quand ils sauront que j’ai musi­cal­isé des événe­ments de NeoTan­go, car pour un DJ, cela per­met une très grande créa­tiv­ité dans le choix des musiques, mais aus­si dans le mix­age, ce qu’on ne fait pas en tan­go tra­di­tion­nel. Par exem­ple, on peut com­mencer avec un titre, con­tin­uer avec un autre, rajouter des sam­ples, voire des élé­ments syn­thétisés, revenir au thème ini­tial, vari­er , hau­teur, sonorité, ce que l’on ne peut guère faire dans une milon­ga.

L’an­goisse du DJ qui est en train de se deman­der s’il peut associ­er deux titres dans la même tan­da. Vuelta al futuro (1985)

Il est l’heure de vous laiss­er, à demain, les amis.

La gayola 1941-06-23 — Orquesta Francisco Lomuto con Fernando Díaz

Rafael Eulogio Tuegols Letra: Armando José María Tagini

, je suis sûr que cer­tains ont l’habi­tude de l’ap­préci­er par Rodriguez et Moreno. Mon célèbre esprit de con­tra­dic­tion et la date du jour fait que je vous pro­pose une ver­sion moins con­nue, mais tout à fait intéres­sante. Elle a été enreg­istrée deux semaines plus tard par Fran­cis­co Lomu­to et Fer­nan­do Díaz.

Extrait musical

La gay­ola 1941-06-23 — Orques­ta Fran­cis­co Lomu­to con Fer­nan­do Díaz.

Le stac­ca­to ini­tial de l’orchestre donne le ton. C’est une ver­sion énergique. Cepen­dant, elle alterne avec des pas­sages plus doux. C’est une inter­pré­ta­tion en con­traste, sans monot­o­nie et qui reste dans­able de bout en bout.

Éditée par , dont nous avons par­lé à divers­es repris­es, La gay­ola, par­ti­tion pour piano avec Rodriguez en cou­ver­ture.

Paroles

¡No te asustes ni me huyas !… No he venido pa’ ven­garme
si mañana, jus­ta­mente, yo me voy pa’ no volver…
He venido a des­pedirme y el gus­ta­zo quiero darme
de mirarte frente a frente y en tus ojos con­tem­plarme,
silen­ciosa, larga­mente, como me mira­ba ayer…

He venido pa’que jun­tos recordemos el pasa­do
como dos buenos ami­gos que hace rato no se ven;
a acor­darme de aquel tiem­po en que yo era un hom­bre hon­ra­do
y el car­iño de mi madre era un que había echa­do
sobre mi alma noble y bue­na con­tra el del des­dén.

Una noche fue la muerte quien vis­tió mi alma de due­lo
a mi bue­na
(tier­na) madrecita la llamó a su lado Dios…
Y en mis sueños parecía que la pobre, des­de el cielo,
me decía que eras bue­na, que con­fi­ara siem­pre en vos.

Pero me jugaste sucio y, sedi­en­to de ven­gan­za…
mi cuchil­lo en un mal rato envainé en un corazón…
y, más tarde, ya sereno, muer­ta mi úni­ca esper­an­za,
unas lágri­mas rebeldes
(amar­gas) las sequé en un bodegón.

Me encer­raron muchos años en la sór­di­da gay­ola
y una tarde me libraron… pa’ mi bien…o pa’ mi mal…
Fui sin rum­bo por las calles y rodé como una bola;
Por la gra­cia de un men­dru­go, ¡cuán­tas veces hice cola!
las auro­ras me encon­traron largo a largo en un umbral.

Hoy ya no me que­da nada; ni un refu­gio… ¡Estoy tan pobre!
Sola­mente vine a verte pa’ dejarte mi perdón…
Te lo juro; estoy con­tento que la dicha a vos te sobre…
Voy a tra­ba­jar muy lejos…a jun­tar algunos cobres
pa’ que no me fal­ten flo­res cuan­do esté den­tro ‘el cajón.

Rafael Eulo­gio Tue­gols Letra: Arman­do José MaríaTagi­ni

Fer­nan­do Díaz chante tout ce qui est en gras.
Arman­do Moreno chante ce qui est en bleu.
(Entre par­en­thès­es, des vari­antes des paroles).
Gardel chante encore d’autres vari­antes que je ne repro­duis pas ici.

libre et indications

N’aie pas peur et ne me fuis pas… Je ne suis pas venu me venger si demain, juste­ment, je pars pour ne plus revenir…
Je suis venu te dire au revoir et je veux me don­ner le plaisir de te regarder face à face et dans tes yeux me con­tem­pler, en silence, pen­dant un long moment, comme tu me regar­dais autre­fois (ayer est hier, ou le passé, comme ici)
Je suis venu pour qu’ensem­ble nous puis­sions nous sou­venir du passé comme deux bons amis qui ne se sont pas vus depuis longtemps ; de me sou­venir de cette époque où j’é­tais un homme hon­nête et où l’af­fec­tion de ma mère était un pon­cho que j’avais jeté sur ma noble et bonne âme con­tre le froid du dédain.
Une nuit, c’est la mort qui a revê­tu mon âme de deuil, ma ten­dre petite mère l’a appelée à ses côtés, Dieu…
Et dans mes rêves, il me sem­blait que la pau­vre créa­ture, du ciel, me dis­ait que tu étais bonne, que je devais tou­jours te faire con­fi­ance.
Mais tu m’as joué sale­ment et, assoif­fé de vengeance…
mon couteau dans un mau­vais moment, je l’ai four­ré dans un cœur…
Et, plus tard, déjà sere­in, mon seul espoir mort, j’ai séché quelques larmes amères dans un bodegón (restau­rant pop­u­laire).
Ils m’ont enfer­mé pen­dant de nom­breuses années dans la sor­dide geôle et une après-midi ils m’ont libéré… pour mon bien… ou pour mon mal…
J’er­rais sans but dans les rues et roulais comme une balle ; par la grâce d’un quignon de pain, com­bi­en de fois j’ai fait la queue !
Les aurores me trou­vèrent bien sou­vent sur un pas de porte.
Aujour­d’hui, il ne me reste rien ; pas un refuge… Je suis si pau­vre !
Je suis seule­ment venu te voir que pour te laiss­er mon par­don…
Je te jure ; je suis heureux que le bon­heur te sourie…
Je vais tra­vailler très loin… pour récolter quelques piécettes (cobres, pièces de menue mon­naie en cuiv­re) afin de ne pas man­quer de fleurs quand je serai dans le cer­cueil.

Autres versions

La gay­ola 1927-05-19 — Orques­ta Fran­cis­co Canaro. Cette pre­mière ver­sion est instru­men­tale.
La gay­ola 1927-08-20 — Car­los Gardel con acomp. de Guiller­mo Bar­bi­eri, (gui­tar­ras).
La gay­ola 1941-06-09 — Enrique Rodriguez con Arman­do Moreno.
La gay­ola 1941-06-23 — Orques­ta Fran­cis­co Lomu­to con Fer­nan­do Díaz. C’est notre tan­go du jour.

Et on ter­mine par qua­tre ver­sions à écouter.

La gay­ola 1957-07-22 — con .

Peu de temps après, Julio Sosa se détachera de l’orchestre de Pon­tier pour faire car­rière solo et il se rap­prochera de l’orchestre de Fed­eri­co qui l’ac­com­pa­g­n­era jusqu’à sa mort.

La gay­ola — Edmu­do Rivero accomp. Gui­tare.
La gay­ola — accomp. Hora­cio Sal­gan.

Il est intéres­sant d’é­couter deux ver­sions, une à la gui­tare et l’autre avec un orchestre.

On ter­mine par Julio Sosa en vidéo. Moins d’un an plus tard, il trou­vait la mort dans un acci­dent de la route, juste après avoir chan­té ce titre avec l’orchestre de Leopol­do Fed­eri­co. En effet, c’é­tait sa « cumpar­si­ta ». Il ter­mi­nait tou­jours ses presta­tions par La gay­ola.
Esto es mi al Varón del tan­go.

Julio Sosa chante la gay­ola avec l’orchestre de Leopol­do Fed­eri­co.
La gay­ola.

La gay­ola, la geôle, la prison. Remar­quez le numéro sur la porte… Cela vous rap­pelle un autre tan­go ?

Y todavía te quiero 1956-06-21 — Orquesta Osvaldo Pugliese con Jorge Maciel

Luciano Leocata Letra: Abel Mariano Aznar

Voici le type même du tan­go qui rendait fou Jorge Luis Borges. Du sen­ti­men­tal à haute dose, pour lui qui ne voy­ait dans le tan­go que des affaires de com­padri­tos, des his­toires d’hommes vir­ils dans les zones inter­lopes des bas quartiers de . Il vouait une haine féroce à Gardel, l’ac­cu­sant d’avoir dénaturé le tan­go en le ren­dant niais. Mais comme le mal est fait, plon­geons-nous avec délice, ou hor­reur, dans la guimauve du sen­ti­men­tal­isme.

Extrait musical

Y todavía te quiero 1956-06-21 — Orques­ta con Jorge Maciel
Par­ti­tion des édi­tions Julio Korn avec Pacheco en cou­ver­ture.

Paroles

C’est le genre de tan­go où les Argentins s’ex­cla­ment « ¡Que letra, por Dios! »

Cada vez que te ten­go en mis bra­zos,
que miro tus ojos, que escu­cho tu voz,
y que pien­so en mi vida en peda­zos
el pago de todo lo que hago por vos,
me pre­gun­to: ¿por qué no ter­mi­no
con tan­ta amar­gu­ra, con tan­to dolor?…
Si a tu lado no ten­go des­ti­no…
¿Por qué no me arran­co del pecho este amor?

¿Por qué…
sí men­tís una vez,
sí men­tís otra vez
y volvés a men­tir?…

¿Por qué…
yo te vuel­vo a abrazar,
yo te vuel­vo a besar
aunque me hagas sufrir?

Yo sé
que es tu amor una heri­da,
que es la cruz de mi vida,
y mi perdi­ción…

¿Por qué
me ator­men­to por vos
y mi angus­tia por vos
es peor cada vez?…

¿Y por qué,
con el alma en peda­zos,
me abra­zo a tus bra­zos,
si no me querés ?

Yo no puedo vivir como vivo…
Lo sé, lo com­pren­do con toda razón,
sí a tu lado tan sólo reci­bo
la amar­ga cari­cia de tu com­pasión…

Sin embar­go… ¿Por qué yo no gri­to
que es toda men­ti­ra, men­ti­ra tu amor
y por qué de tu amor nece­si­to,
sí en él sólo encuen­tro mar­tirio y dolor?

Luciano Leo­ca­ta Letra: Abel Mar­i­ano Aznar

libre et indications

Chaque fois que je te tiens dans mes bras, que je regarde tes yeux, que j’é­coute ta voix, et que je pense à ma vie en miettes, au prix de tout ce que je fais pour toi, je me demande :
Pourquoi je n’ar­rête pas avec tant d’amer­tume, avec tant de douleur ?…
Si à tes côtés, je n’ai pas d’avenir…
Pourquoi est-ce que je n’ar­rache pas cet amour de ma poitrine ?
Pourquoi…
si vous mentez une fois, si vous mentez encore recom­mencez à men­tir ?… (là, on passe au vou­voiement, ce qui n’est pas habituel en Argen­tine. Est-ce une façon de pren­dre ses dis­tances ?).
Pourquoi…
Je te reprends dans mes bras, je t’embrasse à nou­veau bien que tu me fass­es souf­frir ?
Je sais que ton amour est une blessure, qu’il est la croix de ma vie, et ma perte…
Pourquoi est-ce que je me tour­mente pour toi et que mon angoisse pour toi est pire chaque fois ?…
Et pourquoi, avec mon âme en morceaux, je me serre dans tes bras, si tu ne m’aimes pas ?
Je ne peux pas vivre comme je vis… je le sais, je le com­prends avec toute ma rai­son, si je ne reçois à tes côtés que l’amère caresse de ta com­pas­sion…
Cepen­dant… Pourquoi je ne crie pas que tout est men­songe, men­songe ton amour et pourquoi ai-je besoin de ton amour, si je n’y trou­ve que le mar­tyre et la douleur ?

Autres versions

L’an­née de la sor­tie de ce titre, en 1956 le suc­cès fut immense et tous les orchestres ayant une fibre sen­ti­men­tale, ou pas, ont essayé de l’en­reg­istr­er. Pas moins de 11 enreg­istrements en cette année 1956, sans doute un record pour un titre.
Prenez votre mou­choir, on retourne en 1956, année roman­tique.

Y todavía te quiero 1956 — Héc­tor Pacheco y su Orques­ta dir. por . Avec les clo­chettes du début, une ver­sion kitch à souhait.

C’est peut-être la pre­mière ver­sion, car il tra­vail­la étroite­ment avec Leo­ca­ta à par­tir de cette époque. On trou­ve égale­ment son por­trait sur la par­ti­tion éditée par Julio Korn.

Y todavía te quiero 1956-02-17 — Orques­ta Argenti­no Galván con Jorge Casal.

Jorge Casal est aus­si un bon can­di­dat pour être le pre­mier, pour les mêmes raisons que Pacheco, sauf la pho­to sur la par­ti­tion.

Y todavía te quiero 1956-03-22 — dir. Aquiles Rog­gero con Hora­cio Casares
Y todavía te quiero 1956-05-18 — Orques­ta con Oscar Lar­ro­ca
Y todavía te quiero 1956-06-11 — Orques­ta José Bas­so con Flo­re­al Ruiz
Y todavía te quiero 1956-06-21 — Orques­ta Osval­do Pugliese con Jorge Maciel. C’est notre tan­go du jour.
Y todavía te quiero 1956-06-29 — Orques­ta Domin­go Fed­eri­co con
Y todavía te quiero 1956-07-24 — Orques­ta Héc­tor Varela con Rodol­fo Lesi­ca
Y todavía te quiero 1956-07-25 — Alber­to Morán con acomp. de Orques­ta dir. Arman­do Cupo
Y todavía te quiero 1956-10-19 — Orques­ta Car­los Di Sar­li con Rober­to Flo­rio
Y todavía te quiero 1956-12-10 — Orques­ta Juan D’Arien­zo con Lib­er­tad Lamar­que

Et un qui a raté la fenêtre en arrivant l’an­née suiv­ante…

Y todavía te quiero 1957 — Los Señores Del Tan­go con Oscar Ser­pa

Par la suite, d’autres orchestres ont enreg­istré, mais je vous pro­pose pour ter­min­er et les encour­ager Los Caballeros del Tan­go qui est un orchestre de jeunes Colom­bi­ens. La chanteuse est .

Los Caballeros del Tan­go inter­prè­tent Y todavia te quiero (2022).

Cela fait plaisir de voir que la généra­tion Z con­tin­ue de s’in­téress­er au tan­go. Atten­dons qu’ils pren­nent un peu d’as­sur­ance pour qu’ils assurent la relève.

Histoire de « Y »

Non, je ne vais pas vous par­ler de la généra­tion Y, celle qui a suc­cédé aux X, V Baby-boomers, mais plutôt de la let­tre Y qui précède le titre de ce tan­go. Y en espag­nol, c’est et. En voici l’his­toire, telle qu’on la racon­te générale­ment dans le petit monde du tan­go.

La SADAIC est l’or­gan­isme qui enreg­istre les morceaux de musique en Argen­tine et qui dis­tribue les droits d’au­teurs en fonc­tion des mérites respec­tifs de cha­cun des auteurs (je sais, c’est pure­ment théorique ; —).
Donc, quand Luciano Leo­co­ta a voulu dépos­er la musique du tan­go « Volve­mos a quer­ernos » le 13 mai 1948, il n’a pas pu le faire, car ce titre était déjà pris.
J’ai voulu savoir quel était ce Volve­mos a quer­ernos ini­tial. J’ai donc con­sulté le reg­istre de la SADAIC et il y a bien deux musiques avec un titre proche. Mais la sur­prise est à venir :

Sous le numéro 333294, on trou­ve une œuvre enreg­istrée en 1988, soit 40 ans après la soi-dis­ant date de col­li­sion des titres.

Reg­istra­da el 01/12/1988
T | VOLVAMOS A QUERERNOS OTRA
SANCHEZ NESTOR FERNANDO / BELLATO MARIA GABRIELA

On notera que le titre est VolvA­mos a quer­ernos et pas VolvE­mos a quer­ernos.
Mais il y a une deux­ième sur­prise lorsque l’on véri­fie l’en­reg­istrement du tan­go déposé par Leo­co­ta et Aznar :

4772 | ISWC T0370051196
Reg­istra­da el 13/05/1948
T | Y VOLVEMOS A QUERERNOS (C’est le titre que nous con­nais­sons)
S | VOLVAMOS A QUERERNOS (Avec VolvA­mos), le sous-titre apporte une autre vari­ante.
S | CHANTER LEOCATA AZNAR
S | Y VOLVAMOS A QUERERNOS LEOCATA AZ
AZNAR MARIANO ABEL
LEOCATA LUCIANO

Il se peut donc que ce titre ait été enreg­istré ailleurs qu’en Argen­tine et je me suis tourné vers Leo Mari­ni, un chanteur Argentin par­ti en 1950 à Cuba, Che. Juste­ment, celui-ci a enreg­istré un boléro nom­mé « Volva­mos a quer­ernos ». Je le pro­pose donc comme can­di­dat pour la col­li­sion.
Cepen­dant, j’ai un autre can­di­dat…
Il s’ag­it de Y no te voy a llo­rar.

1200 | ISWC T0370013629
Reg­istra­da el 16/03/1948
T | NO TE VOY A LLORAR
CALO MIGUEL/NIEVAS ROBERTO HIGINIO

L’in­trus est dans ce cas une com­po­si­tion de Miguel Calo déposée en mars.

# 28897 | ISWC T0370310761
Reg­istra­da el 31/08/1953
T | Y NO TE VOY A LLORAR
S | NO TE VOY A LLORAR
AZNAR MARIANO ABEL
LEOCATA LUCIANO

Ce dépôt est postérieur à celui de Y Volve­mos a quer­ernos, et il n’est donc sans doute pas le pre­mier.
Je ne suis pas cer­tain d’avoir trou­vé le « gêneur », ni même si cette his­toire est vraie. ET vous allez me faire remar­quer que je par­le d’un tan­go dif­férent et vous avez tout à fait rai­son. Je reviens donc au Y.
Si Y Volve­mos a quer­ernos est le pre­mier de la série des com­po­si­tions de Leo­ca­ta à être précédé d’un Y, beau­coup de ses com­po­si­tions (env­i­ron 1/3) subiront le même sort. C’est devenu sa mar­que de fab­rique.

Œuvres avec enreg­istrement disponible

  • Y volve­mos a quer­ernos 1949 (déposé à la SADAIC le 13 mai 1948)
  • Y mientes todavía 1950 (Déposé à la SADAIC le 23 octo­bre 1950)
  • Y no te voy a llo­rar 1953 (déposé à la SADAIC le 16 mars 1948) avec la col­li­sion de noms avec un titre de Miguel Calo).
  • Y todavía te quiero 1956 (notre titre du jour, déposé à la SADAIC le 18 jan­vi­er 1956). Il y a 22 thèmes avec un titre sim­i­laire, voire exacte­ment le même. La règle de ne pas avoir deux œuvres du même nom sem­ble avoir sauté… Le plus ancien sem­ble être notre tan­go, car si plusieurs enreg­istrements ne sont pas datés, celui-ci a le numéro le plus petit.
  • Y te ten­go que esper­ar 1957 (déposé à la SADAIC le 8 mars 1957)

Œuvres prob­a­ble­ment sans enreg­istrement disponible.

  • Y a mi me gus­ta el tan­go (déposé à la SADAIC le 19 mai 1981)
  • Y desho­jan­do el tiem­po (déposé à la SADAIC le 13/03/1992)
  • Y el invier­no que­da atrás (déposé à la SADAIC le 8 juil­let 2003)
  • Y esperan­do tu regre­so (déposé à la SADAIC le 20 octo­bre 2005)
  • Y estás deses­per­a­do (déposé à la SADAIC le 6 novem­bre 1978)
  • Y este es el amor (déposé à la SADAIC le 15 décem­bre 1995)
  • Y fue en aquel mes de mayo (déposé à la SADAIC le 18 mars 1998)
  • Y fue tan solo por amor (déposé à la SADAIC le 14 mars 1990)
  • Y fue un sueño imposi­ble (déposé à la SADAIC le 6 avril 1976)
  • Y hoy vuel­vo a revivir (déposé à la SADAIC le 17 novem­bre 1989)
  • Y la quise con locu­ra (déposé à la SADAIC le 17 sep­tem­bre 1981)
  • Y la vida sigue igual (déposé à la SADAIC le 27 mai 2002)
  • Y le can­to a mi ciu­dad (déposé à la SADAIC le 8 avril 1991)
  • Y men­ti­ra fue tu amor (déposé à la SADAIC le 6 mai 1971)
  • Y no fue sin quer­er (déposé à la SADAIC le 22 mai 1989)
  • Y no me cuentes tu tris­teza (déposé à la SADAIC le 1er août 1984)
  • Y no pudieron sep­a­rarnos. Ce titre men­tion­né par Ana­maria Blas­seti n’est pas dans le list­ing de la SADAIC. J’ai véri­fié les œuvres déposées par le co-auteur men­tion­né, Félix Are­na (Rosario), la seule œuvre avec Y est Y men­ti­ra fue tu amor de 1971 et aucune autre de ses pro­duc­tions a un titre approchant.
  • Y no puedo vivir sin vos (déposé à la SADAIC le 27 mai 2002)
  • Y no te creo (déposé à la SADAIC le 17 mai 1955)
  • Y para qué seguir fin­gien­do (déposé à la SADAIC le 15 décem­bre 1993)
  • Y pre­tendes que empece­mos otra vez (déposé à la SADAIC le 24 févri­er 1982)
  • Y quiero estar a tu lado (déposé à la SADAIC le 27 mai 2002)
  • Y quiero que vuel­vas a mí (déposé à la SADAIC le 14 mars 1990)
  • Y rog­a­ré por vos (déposé à la SADAIC le 6 févri­er 1975)
  • Y te acordás que fue una tarde (déposé à la SADAIC le 27 mai 2002)
  • Y te deje par­tir (déposé à la SADAIC le 19 avril 2005)
  • Y todo es men­ti­ra (déposé à la SADAIC le31 jan­vi­er 1958)
  • Y unire­mos nue­stro amor (déposé à la SADAIC le 27 mai 2002)
  • Y viva­mos nue­stro (déposé à la SADAIC le 15 décem­bre 1980)
  • Y vuel­vo a ser felix (déposé à la SADAIC le 27 mai 2002)
  • Y yo tenía quince años (déposé à la SADAIC le 27 mai 2002)

Cela fait une belle liste. À ma con­nais­sance, seuls les titres où j’ai indiqué la date ont été enreg­istrés (j’ai men­tion­né la date du plus ancien enreg­istrement con­nu).

À demain, les amis !

En la buena y en la mala 1940-06-04 — Orquesta Enrique Rodríguez con Armando Moreno

Letra:

Cer­tains adorent, d’autres moins, Enrique Rodriguez. Cepen­dant, notam­ment avec le chanteur Arman­do Moreno (el muñe­co) a graver de joies choses, comme ce titre mag­nifié par les paroles de Enrique Cadí­camo. Je vous invite à écouter ce titre qui a tou­jours beau­coup de en milon­ga, car il est dansant, entraî­nant, même si le héros de l’his­toire n’est pas le plus heureux des hommes.

El muñe­co, peut sig­ni­fi­er, celui qui ne tra­vaille pas et qui touche tout de même son salaire, car son con­tremaitre le déclare présent. Bien sûr, ce n’é­tait pas le cas de Moreno qui effec­tu­ait son tra­vail. Ce surnom lui aurait été attribué, car il était tou­jours souri­ant, par analo­gie avec les poupées qui ont un sourire peint sur le vis­age (Poupée se dit muñe­ca en espag­nol, muñe­co serait donc le mas­culin). Par ailleurs, il a com­mencé à tra­vailler pour Rodriguez à l’âge de 19 ans, soit rel­a­tive­ment jeune et pour­rait donc être un petit jeune, mais comme il était de grande taille, notam­ment par rap­port à Rodriguez, cela est moins prob­a­ble que ce soit l’o­rig­ine de son surnom.

à l’a­mi Chris­t­ian, qui se recon­naî­tra. Quand il débar­que à Buenos Aires, je lui dédie tou­jours une tan­da de Rodriguez pour saluer son arrivée.

Enrique Rodríguez y Arman­do Moreno

Extrait musical

Par­ti­tion pour piano de En la bue­na y en la mala. Le tan­go est dédi­cacé par les auteurs à leur bon ami, (Pianiste, chef d’orchestre et com­pos­i­teur).
En la bue­na y en la mala 1940-06-04 — Orques­ta Enrique Rodríguez con Arman­do Moreno.

Paroles

En la “bue­na” te encon­tré
en la “mala” te perdí…
Fue tu amor luz de ben­gala,
de azul y breves galas.
Mi cartera fue el imán que a tu ambi­ción
le hizo hac­er un sim­u­lacro de pasión…
Vam­pire­sa de mis noches de cham­pán
nun­ca te olvides de que:
En la “bue­na” te encon­tré
en la “mala” te perdí
y jamás un mal
ten­drás de mí.

Cayó el telón… sobre tu sim­u­lación…
Difun­to ayer… de men­ti­ra y plac­er…
Te di esplen­dor… mis bil­letes y mi amor…
Fui sin quer­er… un juguete, mujer…
Y porque fui pa’vos
un hom­bre bueno, sí,
hoy sin pre­ocu­pación
puedo decir:

Que nn la “bue­na” te encon­tré
en la “mala” te perdí…
Fue tan blan­ca mi inocen­cia
y negra tu incon­cien­cia…
Te escapaste de mi lado sin saber
que en el fon­do de mi pecho había un quer­er…
Y hoy, te juro, sien­to ganas de llo­rar
porque me duele pen­sar:
En la “bue­na” te encon­tré
en la “mala” te perdí…
y al final me sien­to solo
lejos de ti…

(Final)
Que en la “bue­na” te encon­tré
en la “mala” te perdí…
y al final me sien­to solo
lejos de ti…

Enrique Rodríguez Letra: Enrique Cadí­camo (Domin­go Enrique Cadí­camo)

libre et indications

 

Dans le « bon », je t’ai trou­vée et dans le « mau­vais », je t’ai per­due…
C’é­tait ton amour, feu de Ben­gale, d’a­tours bleus et brefs.
Mon porte­feuille a été l’aimant qui a fait faire à ton ambi­tion un sim­u­lacre de pas­sion…
Vam­pire de mes soirées , n’ou­blie jamais que :
Dans le « bon », je t’ai trou­vée, dans le « mau­vais », je t’ai per­due et tu n’auras jamais un mau­vais sou­venir de moi.
Le rideau est tombé… sur ta sim­u­la­tion…
Il mou­rut hier… de men­songes et de plaisir…
Je t’ai don­né la splen­deur… Mes bil­lets et mon amour…
Je fus sans le vouloir… un jou­et, femme…
Et parce que j’é­tais pour toi un homme bon, oui, aujour­d’hui je peux dire :
Que dans le « bon » je t’ai trou­vée, et dans le « mau­vais », je t’ai per­due…
Mon inno­cence était si blanche, et noire ton incon­science…
Tu t’es échap­pée de mon côté sans savoir qu’au fond de ma poitrine il y avait un amour…
Et aujour­d’hui, je te jure, j’ai envie de pleur­er parce que ça me fait mal de penser :
Que dans le « bon », je t’ai trou­vée et dans le « mau­vais », je t’ai per­due…
Et à la fin, je me sens seul loin de toi…
(Final)
Que dans le « bon », je t’ai trou­vée et dans le « mau­vais », je t’ai per­due…
Et à la fin, je me sens seul loin de toi…

Autres enregistrements du même jour

Pas d’autres ver­sions de ce titre que celle enreg­istrée par Rodriguez et Moreno. En revanche, ils ont enreg­istré une valse dite « fes­tive », le même jour, cette valse est par les mêmes auteurs, Enrique Rodríguez et Enrique Cadí­camo. Comme quoi ils pou­vaient faire preuve d’une grande diver­sité.

En la bue­na y en la mala 1940-06-04 — Orques­ta Enrique Rodríguez con Arman­do Moreno. C’est notre .
Por aquí… por allá… 1940-06-04 — Orques­ta Enrique Rodríguez con Arman­do Moreno y coro. Il s’ag­it d’une valse fes­tive (Vals fes­ti­vo). Por aquí… por allá…, comme son œuvre sœur, n’a pas été enreg­istré par un autre orchestre.
Cou­ver­ture de la par­ti­tion de Por aquí por allá.

Voilà, c’est tout pour aujour­d’hui. À demain les amis !

Enrique Rodríguez.

Niño bien 1953-03-08 — Enrique Mora y su Cuarteto Típico con Elsa Moreno

Juan Anto­nio Col­la­zo Letra : Rober­to Fontaina ; Víc­tor Soliño

Un Niño bien est un jeune homme de bonne famille, élé­gant et un peu pré­cieux. Cepen­dant, le tan­go du jour par­le d’un autre Niño bien. et Elsa Moreno vous invi­tent à décou­vrir le per­son­nage avec une car­i­ca­ture légère et entraî­nante. C’est aus­si pour moi, l’oc­ca­sion de vous faire sou­venir d’un orchestre un peu oublié.

Même dans le monde du tan­go, il y a des per­son­nes qui aiment paraître, qui ont la « nar­iz para­da » (le nez relevé par la fierté), qui souhait­ent péter plus haut que leur cul. Ce tan­go, dont les paroles qui sont de Rober­to Fontaina et Víc­tor Soliño, par­lent d’un de ces per­son­nages de ban­lieue qui joue à être de la haute (société).
Ce tan­go a été enreg­istré à divers­es repris­es, en deux vagues.
La plus anci­enne ver­sion est une ver­sion chan­tée par , accom­pa­g­né à la gui­tare en 1927. L’an­née suiv­ante, la Típi­ca Vic­tor enreg­istre une ver­sion instru­men­tale et en 1930 Irus­ta le chante avec (piano) et Samul Reznik (vio­lon).
Puis le titre reste dans l’om­bre, jusqu’en 1948. Nous écouterons cer­tains de ces enreg­istrements.

À propos de Niño bien

 Niño bien a don­né son nom à une du jeu­di à Buenos Aires qui était fameuse mais qui a mal­heureuse­ment dis­paru, comme tant d’autres.

La Leone­sa, le salon où se déroulait la milon­ga Niño bien. Je pense que vous recon­nais­sez le DJ 😉

Cette milon­ga était suff­isam­ment fameuse pour que Bri­an Win­ter donne son nom à un de ses livres (Bien après minu­it à la Niño bien). Une autre milon­ga fameuse qui elle aus­si a dis­paru, Thun­der­land est l’autre héroïne par­mi les milon­gas citées dans ce livre.

La cap­ti­vante quête d’une Améri­caine dans les milon­gas portègnes pour retrou­ver le bel Argentin dont elle est tombée amoureuse dans une milon­ga aux USA. Pour le retrou­ver, elle devra décou­vrir tous les aspects du tan­go. Ce livre per­met de se remé­mor­er des lieux qui n’ex­is­tent plus, dont la fameuse milon­ga Niño Bien évo­quée ci-dessus. Je ne vous en dis pas plus pour ne pas vous gâch­er le plaisir de lire ce livre paru en 2008, mais qui place l’ en 1999.

Enrique Mora y su Cuarteto Típico con Elsa Moreno

Enrique (Faus­ta) Mora (8 févri­er 1915 – 14 juil­let 2003) est sans doute injuste­ment oublié, Il était un bril­lant pianiste, chef d’orchestre et com­pos­i­teur de tan­gos comme Este es tu tan­go, con­nu par les enreg­istrements de Ricar­do Tan­turi avec ou Enrique Rodriguez avec .
J’imag­ine que son oubli vient en par­ti­c­uli­er du fait qu’il n’a enreg­istré que dans les années 50, un moment où le tan­go de danse était en régres­sion. Il n’a donc pas été réédité aus­si rapi­de­ment que les mon­stres sacrés. Je suis donc con­tent de lui redonner jus­tice, comme j’avais ressor­ti de l’ou­bli Dona­to Rac­ciat­ti il y a une ving­taine d’an­nées (en France). D’ailleurs, à l’é­coute, on retrou­vera une simil­i­tude entre Mora, Rac­ciat­ti et Fir­po, jusqu’à la façon de chanter d’El­sa Moreno qui peut évo­quer ou Olga Del­grossi, voire Tita Merel­lo qui a aus­si chan­té ce titre.
Elsa Moreno a enreg­istré une douzaine de titres avec le cuar­te­to d’En­rique Mora entre 1953 et 1956. Niño bien est le pre­mier de la série.

Extrait musical

Niño bien 1953-03-08 — Enrique Mora y su Cuar­te­to Típi­co con Elsa Moreno
Couverture du numéro 40 de la revue hebdomadaire El tango de Moda (1929). Cette revue a été publiée d'octobre 1928, jusqu'en 1934.
Cou­ver­ture du numéro 40 de la revue heb­do­madaire El tan­go de Moda (1929). Cette revue a été pub­liée d’oc­to­bre 1928, jusqu’en 1934.

Les paroles

Niño bien, pre­ten­cioso y engrupi­do,
que tenés berretín de fig­u­rar;
niño bien que llevás dos apel­li­dos
y que usás de escrito­rio el Petit Bar;
pelandrún que la vas de dis­tin­gui­do
y siem­pre hablás de la estancia de papá,
mien­tras tu viejo, pa’ ganarse el puchero,
todos los días sale a vender fainá.

Vos te creés que porque hablás de ti,
fumás taba­co inglés
paseás por Sarandí,
y te cortás las patil­las a lo Rodol­fo
sos un fifí.
Porque usás la cor­ba­ta car­mín
y allá en el Chante­cler
la vas de bailarín,
y te mandás la bia­ba de gom­i­na,
te creés que sos un rana
y sos un pobre gil.

Niño bien, que naciste en el sub­ur­bio
de un bulín alum­brao a querosén,
que tenés pedi­grée bas­tante tur­bio
y decís que sos de famil­ia bien,
no manyás que estás mostran­do la hilacha
y al cam­i­nar con aire tri­un­fador
se ve bien claro que tenés mucha clase
para lucirte detrás de un mostrador.

Juan Anto­nio Col­la­zo Letra: Rober­to Fontaina; Víc­tor Soliño

Traduction

Niño bien (enfant de « bonne famille »), pré­ten­tieux et van­i­teux, qui a pour but (loisir), le paraître ;
Un Niño bien qui porte deux noms de famille et qui utilise le Petit Bar comme bureau ;
Pelandrún (per­son­ne oisive et paresseuse) qui se meut de façon dis­tin­guée et qui par­le tou­jours de l’es­tancia (ferme de gros pro­prié­taire ter­rien) de papa, bien que ton vieux (père), pour gag­n­er sa vie, sort tous les jours pour ven­dre des fainás (pains plats à base de farine de pois chich­es, ali­ment pour les pau­vres, mais que vendent aus­si les pizze­rias argen­tines).
Tu crois que, parce-ce que tu par­les de toi, que tu fumes du tabac anglais, que tu te promènes dans Sarandí et que tu coupes tes favoris comme Rodol­fo, tu es un fifi (éphèbe qui suit la mode).
Parce que tu portes la cra­vate carmin et que tu vas comme danseur au Chante­cler et que tu t’en­voies bia­ba de gom­i­na (coif­fure avec une quan­tité exagérée de gom­i­na), tu te prends pour une rana (grenouille, per­son­ne avisée) et tu es un pau­vre gil (imbé­cile, médiocre, cave).
Niño bien, qui est né dans les faubourgs, dans un bor­del éclairé au pét­role (kérosène), qui a un pedi­gree plutôt trou­ble et tu dis que tu descends d’une bonne famille,
Tu ne soupçonnes pas que tu mon­tres le fil et, lorsque tu march­es d’un air tri­om­phant, il est très clair que tu as beau­coup de classe pour briller der­rière un comp­toir.

La photo de couverture

Pour cette image, je ne suis pas par­ti de pho­tos. Je vais vous expli­quer la démarche, à la lueur des paroles du tan­go.

Siem­pre hablás de la estancia de papá, mien­tras tu viejo, pa’ ganarse el puchero, todos los días sale a vender fainá. [Tu par­les tou­jours du domaine de ton papa, cepen­dant ton vieux, pour gag­n­er la pitance, sort tous les jours pour ven­dre des fainás (Galettes à base de farine de pois chich­es)].

Au cou­plet suiv­ant : « te cortás las patil­las a lo Rodol­fo, sos un fifí. » Tu te tailles les pattes à la Rudoph (Valenti­no), tu es un efféminé.

Pour l’im­age, je suis par­ti de l’idée d’avoir le Niño Bien au pre­mier plan et à l’ar­rière-plan, son vieux père qui vend des fainás. Pour le le niño bien, j’ai choisi de par­tir de son mod­èle, à savoir Rudolph Valenti­no, cet acteur de l’époque du ciné­ma muet qui était con­sid­éré comme par­ti­c­ulière­ment beau. Pour le père, j’ai décidé de met­tre en avant (ou plutôt à l’ar­rière dans le cas présent) un véri­ta­ble vendeur de fainás. Il s’ag­it ici de galettes de farine de pois chich­es, cuites au four à piz­za, à la poêle, ou sur des instal­la­tions plus som­maires, comme on peut le voir sur la pho­to.
Voici les images orig­i­nales :

À gauche, Rudolph Valenti­no. Il y a un logo en bas à droite, mais je n’ai pas iden­ti­fié le stu­dio (pho­to ou ciné­ma). À droite, le « père » est en fait Ricar­do Ravadero, un vendeur ambu­lant de Buenos Aires dans les années 20 sur cette pho­to).

Autres versions

Niño bien 1927-12-03 — Alber­to Vila con gui­tar­ras.

Une jolie et sim­ple ver­sion par Alber­to Vila accom­pa­g­née par la gui­tare. Les tré­mo­los de la voix d’Al­ber­to, sont peut-être un peu trop appuyés, mais c’est le témoignage d’une époque et d’une forme de chant qui eut ses émules.

Niño bien 1928-04-09 — Orques­ta Típi­ca Vic­tor.

Cette ver­sion instru­men­tale. Sous ses airs de marche mil­i­taire, exprime bien la fierté de notre niño bien marchant d’un pas tri­om­phant dans la rue Sarandí…

Après la pre­mière vague des années 20–30, la relance du titre vient de la sor­tie du film d’Home­ro Manzi e Ralph Pap­pi­er « Pobre mi madre queri­da », sor­ti le 28 avril 1948. Hugo del Car­ril y chante ce titre en se moquant d’un autre type, ce qui va se ter­min­er en bagarre…

Nino bien 1948-04-28 (sor­tie du film) — Hugo del Car­ril. Extrait du film « Pobre mi madre queri­da » de Home­ro Manzi y Ralph Pap­pi­er
Niño bien 1953-03-08 — Enrique Mora y su Cuar­te­to Típi­co con Elsa Moreno. C’est le tan­go du jour.
Niño bien 1955-03-22 — Orques­ta con Luis Men­doza. Avec de la réver­béra­tion. On peut préfér­er la ver­sion de 1953…
Niño bien 1955-03-22 — Orques­ta Juan Sánchez Gorio con Luis Men­doza. Avec de la réver­béra­tion. On peut préfér­er la ver­sion de 1953…
Niño bien 1956-06-14 — Tita Merel­lo accom­pa­g­née par .

La gouaille incroy­able de Tita Merel­lo, fait de cette ver­sion un morceau d’an­tholo­gie. Pas garan­ti pour le bal, c’est d’ailleurs présen­té comme une chan­son, mais à ne pas rater.

Niño bien 1965c – Cuar­te­to Los porteñi­tos.

Un jour, il fau­dra que je vous par­le un peu de ce tal­entueux musi­cien qui a réus­si dans tous les gen­res, du jazz au tan­go, San­tos Lipesker (frère de Félix). Ici, il a for­mé un cuar­te­to avec Esta­ban Ubal­do De Lío et Héc­tor Davis à la gui­tare, Rober­to Tier­ri­ta Guisa­do, qui était le pre­mier vio­lon de l’orchestre de Di Sar­li (on con­naît l’im­por­tance du vio­lon pour les inter­pré­ta­tions de Di Sar­li). Lui-même, San­tos Lipesker tient le ban­donéon, mais il jouait d’autres instru­ments à vent comme le sax­o­phone ou la clar­inette. Ce cuar­te­to n’a enreg­istré, sem­ble-t-il que deux cas­settes. C’est sans doute dom­mage, car c’est plutôt réus­si, même si ce n’est sans doute pas ce qui sera le plus appré­cié dans les bals…

Niño bien, 1975c — Elba Berón accomp. Cuar­te­to A Puro Tan­go, dirigé par Miguel Nijen­sohn.

Avec Elba, on retrou­ve la gouaille de Tita, avec un accom­pa­g­ne­ment plus sim­ple priv­ilé­giant la gui­tare, comme dans la pre­mière ver­sion que je vous ai pro­posée, celle d’Al­ber­to Vila.

Cette anec­dote pub­liée ini­tiale­ment le 8 mars 2024 a été com­plétée le 7 mars 2025 (tra­duc­tions et nou­velles inter­pré­ta­tions).

Le Niño Bien sem­ble déton­ner dans le mag­a­sin et les clients le regar­dent avec un air éton­né.

Percal 1943-02-25 (Tango) — Orquesta Miguel Caló con Alberto Podestá

(Domin­go Fed­eri­co) Letra: Home­ro Aldo Expósi­to

Ne me dites pas que la voix chaude d’Al­ber­to Podestá quand il lance le pre­mier « Per­cal » ne vous émeut pas, je ne vous croirais pas. Mais avant le thème créé par Domin­go Fed­eri­co et magis­trale­ment pro­posé par l’orchestre de Caló a instau­ré une ambiance de mys­tère.

Je ne sais pas pourquoi, mais les pre­mières notes m’ont tou­jours fait penser aux mille et une nuit. L’évo­ca­tion de la per­cale qui est un tis­su de qual­ité en France pour­rait ren­forcer cette impres­sion de luxe.
Cepen­dant, le per­cal qui est mas­culin en espag­nol, est une étoffe mod­este des­tinée aux femmes pau­vres. Vous le décou­vrirez plus large­ment avec les paroles, ci-dessous.

Podestá a com­mencé à chanter pour Caló à 15 ans. Il a passé une audi­tion dans l’après-midi et le soir-même il com­mençait avec l’orchestre. Miguel Caló savait décel­er les tal­ents…

Extrait musical

Qué tiem­po aquel 1938-02-24 — Orques­ta Fran­cis­co Lomu­to con Jorge Omar

Les paroles

Per­cal…
¿Te acuer­das del per­cal?
Tenías quince abriles,
Anh­e­los de sufrir y amar,
De ir al cen­tro, tri­un­far
Y olvi­dar el per­cal.
Per­cal…
Camino del per­cal,
Te fuiste de tu casa…
Tal vez nos enter­amos mal.
Solo sé que al final
Te olvi­daste el per­cal.

La juven­tud se fue…
Tu casa ya no está…
Y en el ayer tira­dos
Se han queda­do
Aco­bar­da­dos
Tu per­cal y mi pasa­do.
La juven­tud se fue…
Yo ya no espero más…
Mejor dejar per­di­dos
Los anh­e­los que no han sido
Y el vesti­do de per­cal.

Llo­rar…
¿Por qué vas a llo­rar?…
¿Aca­so no has vivi­do,
Aca­so no aprendiste a amar,
A sufrir, a esper­ar,
Y tam­bién a callar?
Per­cal…
Son cosas del per­cal…
Saber que estás sufrien­do
Saber que sufrirás aún más
Y saber que al final
No olvi­daste el per­cal.
Per­cal…
Tris­tezas del per­cal.

Domin­go Fed­eri­co (Domin­go Ser­afín Fed­eri­co) Letra: Home­ro Aldo Expósi­to

Parlons chiffons

Per­cal est men­tion­né sept fois dans les paroles de ce tan­go d’Home­ro Expósi­to. Il est donc très impor­tant de ne pas faire un con­tre­sens sur la sig­ni­fi­ca­tion de ce mot.
Wikipé­dia nous dit que : « La per­cale est un tis­su de coton de qual­ité supérieure fait de fil fin ser­ré à plat. Elle est appré­ciée en literie pour son touch­er lisse, doux, et sa résis­tance ».
Vous aurez com­pris qu’il ne faut pas en rester là, car une fois de plus, c’est le , l’ar­got argentin qu’il faut inter­roger pour com­pren­dre.
En lun­far­do, il s’ag­it d’un tis­su de coton util­isé pour les robes des femmes de con­di­tion mod­este. On retrou­ve dans cette déri­va­tion du mot en lun­far­do, la déri­sion de la mode de la haute société qui se piquait d’être à la française. Nom­mer une toile mod­este du nom d’une toile pres­tigieuse était une façon de se moquer de sa con­di­tion de mis­ère.
En français, on dirait donc plutôt « cal­i­cot » que per­cale pour ce type de tis­su de basse qual­ité.
Voici ce qu’a écrit Athos Espín­dola dans son « Dic­cionario del lun­far­do » :

Per­cal. l. p. Tela de mod­es­ta cal­i­dad que se emplea­ba para vesti­dos de mujer, la más común entre la gente humilde. Fue lle­va­da por el can­to, la poesía y el teatro pop­u­lares a con­ver­tirse en sím­bo­lo de sen­cillez y pureza que rep­re­senta­ba a la mujer de bar­rio entre­ga­da a su hog­ar y a la obr­era que sucum­bía doce horas diarias en el taller de plan­cha­do o en la fábri­ca para lle­var unos míseros pesos a la pobreza de su famil­ia. A esa que luego, a la tardecita, salía con su vesti­do de per­cal a la puer­ta de su casa a echar a volar sueños e ilu­siones. Pero tam­bién fue sím­bo­lo dis­crim­i­na­to­rio prop­i­cio para que las grandes seño­ras de seda y de petit-gris tuvier­an otro moti­vo descal­i­fi­ca­to­rio para esa pobreza ofen­si­va e insul­tante que, afor­tu­nada­mente, esta­ba tan allá, en aque­l­los bar­rios adonde no alcan­z­a­ban sus miradas. ¿Cómo iba a deten­erse a con­ver­sar con una mujer que viste de per­cal?

Athos Espín­dola, Dic­cionario del lun­far­do

Ce tan­go évoque donc la malé­dic­tion de celles qui sont nées pau­vres et qui ne sor­tiront pas de l’u­nivers des tis­sus de basse qual­ité, con­traire­ment à celles qui vivent dans la soie et le petit-gris.
Pour infor­ma­tion, le petit-gris est appar­en­té au vair des chaus­sures de Cen­drillon, le vair étant une four­rure à base de peaux d’écureuils. Le petit-gris, c’est pire dans le domaine de la cru­auté, car il faut le dou­ble d’écureuils. Au lieu d’u­tilis­er le dos et le ven­tre, on n’u­tilise que le dos des écureuils pour avoir une four­rure de couleur unie et non pas en dami­er comme le vair.

Tenías quince abriles, en français on emploi sou­vent l’ex­pres­sion avoir quinze print­emps pour dire quinze ans. En Argen­tine, les quinze ans sont un âge tout par­ti­c­uli­er pour les femmes. Les familles mod­estes s’en­det­tent pour offrir une robe de fête pour leur fille, pour cet anniver­saire le plus spec­tac­u­laire de leur vie. Le fait que la robe de la chan­son soit dans un tis­sus hum­ble, accentue l’idée de pau­vreté.
Il existe d’ailleurs des valses de quinz­ième anniver­saire et pas pour les autres années.
Dans les milon­gas, la tra­di­tion de fêter les anniver­saires en vient de là.

El vals de los quince años pour l’an­niver­saire de Quique Camar­go par Los Reyes del Tan­go.
Milon­ga Camar­go Tan­go — — Buenos Aires — 2024-02-17. .
Parole et musique Agustín Car­los Minot­ti.
Grabación DJ BYC Bernar­do

Les enregistrements de Percal

Per­cal 1943-02-25 — Orques­ta Miguel Caló con Alber­to Podestá. C’est du jour.
Per­cal 1943-03-25 — Orques­ta Aníbal Troi­lo con Fran­cis­co Fiorenti­no.

Enreg­istrée un mois, jour pour jour après celle de Calo, cette ver­sion est superbe. Cepen­dant, il me sem­ble que la voix de Fiorenti­no et en par­ti­c­uli­er sa pre­mière attaque de « Per­cal » sont en deçà de ce qu’ont pro­posé Caló et Podestá. Mais bien sûr, ce titre est égale­ment mer­veilleux à danser.

Per­cal 1943-05-13 Hugo Del Car­ril accom­pa­g­né par Tito Ribero.

Cette chan­son, ce n’est pas un tan­go de danse, com­mence avec une musique très par­ti­c­ulière et Hugo Del Car­ril démarre très rapi­de­ment (nor­mal, c’est une chan­son) le thème d’une voix très chaude et vibrante.

Per­cal 1947 ou 1948 — et son Orchestre typ­ique argentin con Rober­to Rodríguez.

Je n’ai pas cette musique dans ma col­lec­tion. Le cat­a­logue de la Bib­lio­thèque nationale de France (Notice FRBNF38023941) l’indique de 1948 sous la bonne référence du disque : Selmer ST3003. La bible Tan­go l’indique de 1947 et avec le numéro de matrice 3728.

Per­cal 1952-08-25 — Orques­ta Domin­go Fed­eri­co con Arman­do Moreno et réc­i­tatif por Julia de Alba.

Il est intéres­sant d’é­couter cette ver­sion enreg­istrée par l’au­teur de la musique, même si c’est plus tardif. En plus des paroles chan­tées par Arman­do Moreno, il y a un réc­i­tatif dit par Julia de Alba, une célébrité de la radio. Son inter­ven­tion ren­force le thème du tan­go en évo­quant le chemin de per­cale, la des­tinée que lui prédi­s­ait sa mère et qui s’est avérée la réal­ité. Elle l’a com­pris plus tard, pleu­rant les bais­ers de sa mère qui ne peut plus l’embrasser.

Per­cal 1969 — Orques­ta Domin­go Fed­eri­co con .
Per­cal 1969-09-24 — Domin­go Fed­eri­co (ban­donéon) Oscar Bron­del (gui­tare) con Rubén Maciel.

La par­tic­u­lar­ité de cet enreg­istrement est qu’il est chan­té en esperan­to par Rubén Maciel. Fed­eri­co était un mil­i­tant de l’es­peran­to, ce lan­gage des­tin­er à unir les hommes dans une grande fra­ter­nité. Le même jour, ils ont aus­si enreg­istré une ver­sion de la cumpar­si­ta, tou­jours en esperan­to.

Per­cal 1990-12 — Orques­ta Juve­nil de Tan­go de la U.N.R. dir Domin­go Fed­eri­co con Héc­tor Gatá­neo.

Vous pou­vez acheter ce titre ou tout l’al­bum sur Band­Camp, y com­pris dans des for­mats sans perte (ALAC, FLAC…). Pour mémoire, les fichiers que je pro­pose ici sont en très basse qual­ité pour être autorisé sur le serveur (lim­ite 1 Mo par fichi­er).

Autre titre enregistré un 25 février

1943-02-25 — Orques­ta Miguel Caló con . Musique et paroles de Luis Rubis­tein.

Ce tan­go a été enreg­istré le même jour que Per­cal, mais avec un chanteur dif­férent, Jorge Ortiz. On entend la cloche du train au début.

Ya sale el tren 1943-02-25 — Orques­ta Miguel Caló con Jorge Ortiz. Musique et paroles de Luis Rubis­tein. Ce tan­go a été enreg­istré le même jour que Per­cal, mais avec un chanteur dif­férent, Jorge Ortiz. On entend la cloche du train au début.