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Sollozo de bandoneón 1943-12-16 — Orquesta Ricardo Tanturi con Enrique Campos

Letra: Enrique Cadícamo

On dis­ait de Aníbal Troi­lo qu’il savait faire pleur­er son ban­donéon, mais ce car­ac­tère est sou­vent attribué à cet instru­ment, bien qu’il dis­pose d’un réper­toire d’in­ter­pré­ta­tion bien plus vaste qui va de la colère la plus noire à la joie la plus légère. Cette par­ti­tion de Tan­turi avec des paroles de Cadí­camo explore le côté triste de l’in­stru­ment, ce que sait ren­dre avec une rare émo­tion, Enrique Cam­pos au chant. Un mag­nifique tan­go, sans doute trop mécon­nu.
La vedette de cette anec­dote sera le ban­donéon et ses sen­ti­ments.

Extrait musical

1943-12-16 — Orques­ta Ricar­do Tan­turi con Enrique Cam­pos.

Le mode de sol mineur annonce la tristesse du morceau. Il con­tin­uera durant toute l’œu­vre, sans pas­sage en mode majeur, ce qui donne mieux l’idée de l’op­pres­sion subie par le nar­ra­teur.
L’orchestre de Tan­turi, à l’époque de cet enreg­istrement, com­por­tait qua­tre ban­donéon­istes : Fran­cis­co Fer­raro, Raúl Igle­sias, Héc­tor Gondre et Juan Saet­tone.

Paroles

Ven a bailar, que quiero hablarte,
aparte de tus ami­gas.
Quiero que escuch­es mi fra­ca­so
y que en mis bra­zos el tan­go sigas.
Después de un año vuel­vo a hal­larte
y al verte me pon­go triste,
porque esta noche he de con­tarte
que por perderte sufro de amor.

Quien sufre por amor
com­prende este dolor,
este dolor que nos embar­ga.
Quien sufre por amor
com­pren­derá el dolor
que viene a herir
como una daga.
Te tuve y te perdí
y yo qué soy sin ti.
Quien sufre por amor
com­pren­derá mejor
por qué sol­loza el ban­doneón.

Con su gemir de cora­zones
los ban­do­neones llo­ran su pena,
igual que yo sol­lozan ellos,
porque en sus notas hay amores
y por amores hoy sufro yo.
Ricar­do Tan­turi Letra: Enrique Cadí­camo

Traduction libre et indications

Viens danser, je veux te par­ler, à part de tes amis.
Je veux que tu enten­des mon échec et que, dans mes bras, tu con­tin­ues .
Au bout d’un an, je te retrou­ve, et, quand je te vois, je suis triste, car ce soir, je dois te dire que de t’avoir per­due, je souf­fre d’amour.
Celui qui souf­fre par amour com­prend cette douleur, cette douleur qui nous sub­merge.
Celui qui souf­fre par amour com­pren­dra la douleur qui vient bless­er comme un poignard.
Je t’avais et je t’ai per­due et moi, que suis-je sans toi.
Celui qui souf­fre par amour com­pren­dra mieux pourquoi le ban­donéon san­glote.
Avec leurs gémisse­ments de cœur, les ban­donéons pleurent leur cha­grin, comme moi, ils san­glo­tent, parce que, dans leurs notes il y a des amours et, pour les amours, aujour­d’hui je souf­fre.

Bandonéons sentimentaux

Il est intéres­sant de voir que par­mi les instru­ments du tan­go, c’est le ban­donéon qui se partage la vedette en ce qui con­cerne les titres où il est présent. Voici quelques sta­tis­tiques pour le tan­go (pas ou valse).
Le piano, cet instru­ment majeur, n’est cité que dans une dizaine de titres.
Le vio­lon, cet autre instru­ment essen­tiel n’at­teint qu’à peine le dou­ble du piano.
La gui­tare, instru­ment des pre­miers temps, héri­ti­er des payadores, fait à peine mieux que le vio­lon.
Le ban­donéon se taille la part du tigre (hom­mage au Tigre du ban­donéon, Eduar­do Aro­las). J’ai recen­sé plus de 80 titres men­tion­nant son nom (bandó, ban­doneón, fuelle ou fueye). J’au­rais pu rajouter des milon­gas et des poèmes à sa gloire, mais avec les titres que j’ai oubliés, on pour­rait bien attein­dre les 100, soit 10 fois plus que pour le piano…
Si on entre dans le détail des paroles, la supré­matie du ban­donéon est encore plus forte, mais con­tentons-nous de lis­ter les titres où le ban­donéon est men­tion­né.

  • A la som­bra del fueye
  • A mi her­mano fueyero
  • A seguir­la ban­doneón
  • Ale­gre ban­doneón
  • Alma del ban­doneón
  • Aníbal Ban­doneón (Aníbal Troi­lo en sym­biose avec son instru­ment)
  • Arrul­los de ban­doneón
  • Bandó (com­posé et inter­prété par au ban­donéon)
  • Ban­doneón (au moins 4 tan­gos dif­férents por­tent ce nom)
  • Ban­doneón ami­go
  • Ban­doneón arra­balero
  • Ban­doneón caden­ero
  • Ban­doneón cam­pañero
  • Ban­doneón de fuego
  • Ban­doneón de mi ciu­dad
  • Ban­doneón de mis amores
  • Ban­doneón fuiste tes­ti­go
  • Ban­doneón, gui­tar­ra y bajo (petite appari­tion de la con­tre­basse, dans un trio de Piaz­zol­la, un autre géant du ban­donéon)
  • Ban­doneón milonguero (com­posé par le ban­donéon­iste )
  • Bué­nas noches che ban­donéon (par le ban­donéon­iste Juan José Mos­ali­ni)
  • Bandoneón…para vos
  • Ban­doneón, por qué llorás? (une référence explicite aux pleurs du ban­donéon)
  • Ban­doneón solo (du ban­donéon­iste Rodol­fo Nerone)
  • Ban­doneón trasnocha­do (du ban­donéon­iste Alber­to San Miguel)
  • Calla ban­doneón (Car­los Laz­zari et Oscar Rubens pour les paroles deman­dent au ban­donéon de se taire, à cause de sa tristesse).
  • Can­den­cia de Ban­doneón de Astor Piaz­zol­la (c’est un solo de ban­donéon exé­cuté par son auteur, Mauri­cio Jost, un des ban­donéon­istes du Sex­te­to Milonguero)
  • Che ban­doneón (por el ban­doneón may­or de , Aníbal Troi­lo)
  • Com­pañero ban­doneón
  • Con letra de ban­doneón
  • Con­cer­to para ban­doneón y orques­ta (Piaz­zol­la)
  • Concier­to Para Ban­doneón (encore Piaz­zol­la)
  • Cuan­do llo­ra el ban­doneón
  • Cuan­do tal­la un ban­doneón (un titre d’un fameux ban­donéon­iste, Arman­do Pon­tier)
  • La dan­za del fueye (du ban­donéon­iste Raúl Miguel Garel­lo, un titre jeu de mot évo­quant la com­po­si­tion de Manuel de Fal­la, La dan­za del fuego ?)
  • De mi ban­doneón (par le ban­donéon­iste Rober­to Pérez Prechi)
  • Este ban­doneón (d’Ernesto Rossi, encore un ban­donéon­iste)
  • Este ban­doneón sen­ti­men­tal
  • Fir­uletear de ban­doneón
  • Fuelle azul (par le ban­donéon­iste Domin­go Fed­eri­co)
  • Fuelle queri­do
  • Fueye…! (Fuelle)
  • Fueye ami­go (Fuelle ami­go)
  • Fueye queri­do
  • El hom­bre del ban­doneón
  • Igual que un ban­doneón (inter­prété par les mêmes que notre tan­go du jour et égale­ment en mode mineur inté­gral, ré mineur. On pour­rait être ten­té d’en faire une tan­da. Pour ma part j’évite de com­pos­er les tan­das avec des titres un peu trop tristes à la suite).
  • Más allá ban­doneón (com­posé par deux ban­donéon­istes Ernesto Baf­fa et Raúl Miguel Garel­lo, on n’est jamais si bien servi que par soi-même)
  • Mien­tras quede un solo fuelle (Mien­tras quede un solo fueye)
  • Mi ban­do­neon y yo (Crec­i­mos jun­tos) (de Rubén Juárez, chanteur et… ban­donéon­iste)
  • Mi fuelle rezon­ga
  • Mi loco ban­doneón (par Piaz­zol­la…)
  • Mi viejo ban­doneón
  • Mien­tras gime el ban­doneón (encore une fois, Enrique Cadí­camo, l’au­teur des paroles du tan­go d’au­jour­d’hui, fait réson­ner la tristesse du ban­donéon. Dans ce tan­go, il est égale­ment le com­pos­i­teur).
  • No la llores ban­doneón (Deux des com­pos­i­teurs sont ban­donéon­istes et Alber­to Carac­ci­o­lo. Víc­tor Laman­na est plutôt paroli­er, mais le titre est signé des trois, que ce soit pour les paroles et la musique).
  • Mien­tras rezon­ga un fuelle
  • Mis­ton­go ban­doneón (dans les paroles, El fueye revient au début des vers du cou­plet :
  • Fuelle… que vin­iste de tan lejos. / Fuelle… que te hiciste tan, tan nue­stro. / Fuelle… san­to, endi­a­bla­do y sinie­stro, / vos que haces dormir al cielo / abraza­do del infier­no. / Fuelle… vos… mis­ton­go ban­doneón.
  • Músi­ca de ban­doneón
  • Noc­tur­nal ban­doneón
  • Notas de ban­doneón (avec Cadí­camo aux paroles…)
  • Nue­stro ban­doneón
  • Pa’ que te oigan ban­doneón
  • Pamen­tos del ban­doneón
  • Per­don­ame fuelle queri­do
  • Per­fume de ban­doneón (de Luis Sta­zo, un autre grand du ban­donéon)
  • Pichu­co le can­ta a su ban­doneón (En hom­mage, bien sûr à Pichu­co, Aníbal Troi­lo)
  • Que­jas de ban­doneón (le gros suc­cès de Juan De Dios Fil­ib­er­to qui reprend le thème de la plainte du ban­donéon)
  • Se lo con­té al ban­doneón
  • Sol­lo­zo de ban­doneón (notre tan­go du jour)
  • Solo de ban­doneón (musique et paroles de Cadí­camo qui a décidé­ment un faible pour cet instru­ment)
  • Son cosas del ban­doneón (Enrique Rodríguez, l’au­teur était égale­ment ban­donéon­iste…)
  • Suite Pun­ta del Este for Ban­doneón Solo, Instru­men­tal Ensem­ble and String Orches­tra: Coral (encore un truc de Piaz­zol­la met­tant en valeur le ban­donéon, donc, lui…)
  • Susurro de ban­doneón (, encore un fameux ban­donéon­iste, asso­cié à D’Arien­zo, mais qui par­le ici de mur­mure, chose qu’il ne devait pas sou­vent avoir l’oc­ca­sion de faire avec ).
  • Te lla­mare­mos ban­doneón
  • Tocá el ban­doneón, Pedri­to! (encore un titre com­posé par le ban­donéon­iste Raúl Miguel Garel­lo)
  • Tres movimien­tos con­cer­tantes para ban­doneón y orques­ta (Daniel Binel­li, le com­pos­i­teur était égale­ment… Oui, vous avez trou­vé ! Ban­donéon­iste).
  • Un sueño ban­doneón (une autre com­po­si­tion du ban­donéon­iste Domin­go Fed­eri­co)
  • Un fueye en París (Leopol­do Fed­eri­co, cet attachant ban­donéon­iste et chef d’orchestre a com­posé ce titre).
  • La voz del ban­doneón (La voix du ban­donéon) (par José Luc­ch­esi qui était accordéon­iste. Un clin d’œil au cousin, donc).
  • Yo soy el ban­doneón (De Piaz­zol­la)
  • Yo te adoro ban­doneón

Autres versions

Comme il n’é­tait pas ques­tion de vous présen­ter la cen­taine de titres men­tion­nant le ban­donéon, je vous pro­pose de ter­min­er avec le seul enreg­istrement de ce titre, notre tan­go du jour.

Sol­lo­zo de ban­doneón 1943-12-16 — Orques­ta Ricar­do Tan­turi con Enrique Cam­pos. C’est notre tan­go du jour.

Bonus

Un groupe Face­book sur le ban­donéon. J’ai util­isé leur pho­to de page pour mon illus­tra­tion de cou­ver­ture.
Le livre de Gabriel Mer­li­no, Una Arque­ología del ban­doneón
La ver­sion papi­er est à com­man­der à charlas.concierto@gmail.com.
Les ver­sions élec­tron­iques se trou­vent ici.
Mer­ci à Gérard Car­don­net, de m’avoir fait penser à sig­naler ce livre.
À bien­tôt les amis !

Un ban­doneón (fueye, fuelle).

Cornetín 1943-03-05 Orquesta Carlos Di Sarli con Roberto Rufino

Pedro Maffia Letra : Homero Manzi ; Cátulo Castillo

Le tan­go du jour, Cor­netín, évoque le cor­net autre­fois util­isé par les « con­duc­tors» del tran­vía a motor de san­gre (les chargés de clien­tèle des tramways à moteur de sang, c’est-à-dire à trac­tion ani­male). Il a été enreg­istré il y a exacte­ment 81 ans.

Éléments d’histoire du tranvía, le tramway de Buenos Aires)

Les pre­miers tramways étaient donc à trac­tion ani­male. Vous aurez noté que les Argentins dis­ent à moteur de sang pour ce qui est trac­tion humaine et ani­male. Cela peut paraître étrange, mais quand on pense au prix que payaient les chevaux qui tiraient les tran­vías de Buenos Aires, l’ex­pres­sion est assez par­lante.

Tran­vías a motor de san­gre en la Boca (Puente Puyrre­don)

En effet, à Buenos Aires, les chevaux étaient dure­ment exploités et avaient une durée d’u­til­i­sa­tion d’en­v­i­ron deux ans avant d’être hors d’usage con­tre une dizaine d’an­nées en Europe, région où le cheval coû­tait cher et était donc un peu plus préservé.
Nous avons déjà vu les cale­si­tas qui étaient ani­mées par un cheval, jusqu’à ce que ce soit inter­dit, tout comme, il n’y a que très peu d’an­nées, les car­toneros de Buenos Aires n’aient plus le droit d’u­tilis­er des chevaux. L’ironie de l’his­toire est que l’ar­rêt de l’u­til­i­sa­tion des chevaux a été édic­té pour éviter la cru­auté envers les ani­maux, mais main­tenant, ce sont des hommes qui tirent les char­rettes de ce qu’ils ont récupéré dans les poubelles.
Dans la Province de Buenos Aires, le pas­sage de la trac­tion ani­male à la trac­tion élec­trique s’est fait autour de 1915, sauf pour quelques com­pag­nies résis­tantes à ce change­ment et qui ont con­tin­ué jusqu’à la fin des années 20.
Il faut aus­si not­er que la réti­cence des pas­sagers à la trac­tion élec­trique, avec la peur d’être élec­tro­cuté, est aus­si allée dans ce sens. Il faut dire que les étin­celles et le tin­te­ment des roues de métal sur les rails pou­vaient paraître inquié­tants. Je me sou­viens que quand j’é­tais gamin, j’aimais regarder le con­duc­teur du métro, fasciné par les nuées d’ét­in­celles qui explo­saient dans son habita­cle. Je me sou­viens égale­ment d’un con­duc­teur qui don­nait des coups avec une bat­te en bois sur je ne sais quel équipement élec­trique, situé à la gauche de la cab­ine. C’é­tait le temps des voitures de métro en bois, elles avaient leur charme.

Retour au cornetín

Celui qui tenait le cor­netín, c’est le con­duc­tor. Atten­tion, il n’est pas celui qui mène l’at­te­lage ou qui con­duit les tramways élec­triques, c’est celui qui s’oc­cupe des pas­sagers. Le nom peut effec­tive­ment porter à con­fu­sion. Le con­duc­teur, c’est le may­oral que l’on retrou­ve égale­ment, héros de dif­férents tan­gos que je présen­terai en fin d’ar­ti­cle.
Le cor­netín ser­vait à la com­mu­ni­ca­tion entre le may­oral (à l’a­vant) et le con­duc­tor à l’ar­rière). Le pre­mier avait une cloche pour indi­quer qu’il allait don­ner le départ et le sec­ond un cor­net qui ser­vait à aver­tir le con­duc­teur qu’il devait s’ar­rêter à la suite d’un prob­lème de pas­sager. Le con­duc­teur abu­sait par­fois de son instru­ment pour présen­ter ses hom­mages à de jolies pas­santes.
C’est l’his­toire de ce tan­go.

Extrait musical

Cor­netín 1943-03-05 — Orques­ta Car­los Di Sar­li con Rober­to Rufi­no

Les paroles

Tarí, Tarí.
Lo apelan Roque Barul­lo
con­duc­tor del Nacional.

Con su tramway, sin cuar­ta ni cinchón,
sabe cruzar el bar­rancón de Cuyo (al sur).
El cor­netín, col­ga­do de un piolín,
y en el ojal un medal­lón de yuyo.

Tarí, tarí.
y el cuer­no lis­to al arrul­lo
si hay per­cal en un zaguán.

Calá, que lin­da está la moza,
calá, bar­rien­do la vere­da,
Mirá, mirá que bien le que­da,
mirá, la pol­leri­ta rosa.
Frená, que va a subir la vie­ja,
frená porque se que­ja,
si está en movimien­to.
Calá, calá que sopla el vien­to,
calá, calá calami­dad.

Tarí, tarí,
tro­ta la yun­ta,
palo­mas cha­pale­an­do en el bar­ri­al.

Talán, tilín,
resue­na el cam­panín
del may­oral
pican­do en son de bro­ma
y el con­duc­tor
cas­ti­ga sin parar
para pasar
sin papelón la loma
Tarí, tarí,
que a lo mejor se le aso­ma,
cualquier moza de un por­tal

Qué lin­da esta la moza,
bar­rien­do la vere­da,
mirá que bien le que­da,
la pol­leri­ta rosa.
Frená, que va a subir la vie­ja,
Frená porque se que­ja
si está en movimien­to,
calá, calá que sopla el vien­to,
calá, calá calami­dad.

Tarí, Tarí.
Con­duce Roque Barul­lo
de la línea Nacional.

Pedro Maf­fia Letra : Home­ro Manzi ; Cátu­lo Castil­lo

Par­mi les détails amu­sants :

On notera le nom du con­duc­teur du tran­vía, Barul­lo, qui en veut dire bagar­reur. Encore un tan­go qui fait le por­trait d’un com­padri­to d’opérette. Celui-ci fait ralen­tir le tran­vía pour faciliter la mon­tée d’une anci­enne ou d’une belle ou tout sim­ple­ment admir­er une serveuse sur le trot­toir.

Le Tarí, Tarí, ou Tará, Tarí est bien sûr le son du cor­netín.

“sabe cruzar el bar­rancón de Cuyo” – El bar­rancón de Cuyo est un ravin, comme si le tran­vía allait s’y ris­quer. Cela a dû paraître extrav­a­gant, car dans cer­taines ver­sions, c’est tout sim­ple­ment rem­placé par el sur (dans le même sens que le Sur de la chan­son de ce nom qui est d’ailleurs écrite par le même Home­ro Manzi. D’ailleurs la ligne “nacionale” pou­vait s’adress­er à celle de Lacroze qui allait effec­tive­ment dans le sud.

Tangos sur le tranvía

Cornetín (le thème du jour de Pedro Maffia Letra : Homero Manzi; Cátulo Castillo)

El cor­netín (Cor­netín) 1942-12-29 — Orques­ta Fran­cis­co Canaro con Car­los Roldán.

C’est le pre­mier de la série à être enreg­istré.

Cor­netín 1943-03-05 — Orques­ta Car­los Di Sar­li con Rober­to Rufi­no. C’est le tan­go du jour.

Cor­netín 1943-04-05 — Lib­er­tad Lamar­que con orques­ta dirigi­da por Mario Mau­ra­no.

Cor­netín 1943-04-05 — Lib­er­tad Lamar­que con orques­ta dirigi­da por Mario Mau­ra­no.

Cette chan­son a été enreg­istrée un mois, jour pour jour, après la ver­sion de Di Sar­li. Cette ver­sion, plutôt chan­son est tout de même dan­sée dans le film Eclipse de sol de Luis Saslavsky d’après un scé­nario d’Home­ro Manzi tiré de l’œu­vre d’En­rique Gar­cía Vel­loso. Le film est sor­ti le 1er juil­let 1943.
Cet extrait nous per­met de voir com­ment était organ­isé un tran­vía a motor de san­gre, avec son may­oral à l’a­vant, con­duisant les chevaux et son con­duc­tor, à l’ar­rière, armé de son cor­netín.

Cor­netín 1950-07-28 con el con­jun­to de gui­tar­ras de Rober­to Grela.

Après une courte intro sur un rythme à trois temps, Nel­ly Omar chante sur un rythme d’ha­banera. Le résul­tat est très sym­pa, l’équili­bre entre la voix de Nel­ly et la gui­tare de Rober­to Grela et ses fior­i­t­ures est agréable.

  • Je vous dis­pense de la ver­sion de De Ange­lis de 1976…

Autres titres parlant du tranvía

El cochero del tran­vía 1908 Los Gob­bi (Alfre­do Gob­bi y ) — Ángel Gre­go­rio Vil­lol­do (MyL).

Le son est pénible à écouter, c’est un des tout pre­miers enreg­istrements et c’est plus un dia­logue qu’une chan­son. C’est pour l’in­térêt his­torique, je ne vous en voudrai pas si vous ne l’é­coutez pas en entier.

El cor­netín del tran­vía 1938-06-09 – Orques­ta Fran­cis­co Lomu­to con / Anto­nio Oscar Arona Letra : . Une belle ver­sion de ce titre.
El may­oral 1946-04-24 ( can­dombe) — Orques­ta Domin­go Fed­eri­co con .mp 3/José Vázquez Vigo Letra: .

Au début, les annonces du départ et le adios final, vrai­ment théâ­tral. Sans doute pas le meilleur de Laroc­ca.

El may­oral del tran­vía (milon­ga) 1946-04-26 con Julio Mar­tel / Fran­cis­co Laino; Car­los Mayel (MyL)
Milon­ga del may­oral 1953 — Orques­ta Aníbal Troi­lo con Jorge Casal y Raúl Berón arrange­ments d’As­tor Piazzolla/Aníbal Troi­lo Letra: Cátu­lo Castil­lo

Un tango qui est plus une nostalgie de l’époque des tranvías

En effet, les tran­vías ont ter­miné leur car­rière à Buenos Aires en 1962, soit env­i­ron un siè­cle après le début de l’aven­ture.

Tiem­po de tran­vías 1981-07-01 Orques­ta Osval­do Pugliese con Abel Cór­do­ba / Raúl Miguel Garel­lo Letra : .

Un truc qui peut plaire à cer­tains, mais qui n’a aucune chance de pass­er dans une de mes milon­gas. L’in­tro de 20 sec­on­des, sif­flée, est assez orig­i­nale. On croirait du Mor­ri­cone, mais dans le cas présent, c’est un tran­vía, pas un train qui passe.

Tiem­po de tran­vías 2012 — Nel­son Pino accom­pa­g­ne­ment musi­cal Quin­te­to Nés­tor Vaz / Raúl Miguel Garel­lo Letra : Héc­tor Negro.

Petits plus

« Los cocheros y may­orales ebrios, en ser­vi­cio, serán cas­ti­ga­dos con una mul­ta de cin­co pesos mon­e­da nacional, que se hará efec­ti­va por medio de la empre­sa ». Les cochers et con­duc­teurs (plus tard, on dira les

On appelle sou­vent les colec­tivos de Buenos Aires « Bondis ». Ce nom vient du nom brésilien des tramways, « Bonde ». Sans doute une autre preuve de la nos­tal­gie du tran­vía per­du.

Quelques sources

Tran­vías a motor de san­gre en la Boca (Puente Puyrre­don)
Un des pre­miers tramways élec­triques à avoir une grille pour sauver les pié­tons qui seraient per­cutés par le tramway. Cette grille pou­vait se relever à l’aide d’une chaîne dont l’ex­trémité est dans la cab­ine de con­duite.
Motor­man lev­ant la rejil­la 1948 (Doc­u­ment Archives générales de la nation Argen­tine)

5 Coches del Tran­vía eléc­tri­co de la calle Las Heras, doble pisos.

Coches del Tran­vía eléc­tri­co de la calle Las Heras, doble pisos.
Recon­sti­tu­tion du tran­vía du film “Eclipse de sol”, car il n’ap­pa­rait pas en entier dans le film, car la scène est trop petite.
À l’époque de notre tan­go (ici en 1938, donc 3 ans avant), c’est ce type de tramway qui cir­cule. on com­prend la nos­tal­gie des temps anciens.
Traf­ic com­pliqué sur la Plaza de Mayo en 1934. À l’ar­rière-plan, les colonnes de la cathé­drale. Trois tran­vías élec­triques essayent de se fray­er un pas­sage. On remar­que la grille des­tinée à éviter aux pié­tons de pass­er sous le tramway en cas de col­li­sion.