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Veneración 1933-07-13 — Orquesta Edgardo Donato

Letra: Adolfo A. Vedani

Edgar­do Dona­to a fait une dou­ble réus­site en enreg­is­trant cette com­posée par son frère. La pre­mière est d’avoir exé­cuté une valse mag­nifique, la sec­onde est d’avoir écarté les paroles de cet enreg­istrement. En effet, si les paroles nous per­me­t­tent de com­pren­dre le titre, elles sont plutôt médiocres et il est vrai­ment préférable que les audi­teurs et imag­i­nent leur pro­pre sur la musique.

Extrait musical

1933-07-13 — Orques­ta Edgar­do Dona­to.
Ven­eración. Par­ti­tion Osval­do Dona­to Letra: Adol­fo A. Vedani.

L’at­ten­tion est attirée par les coups de « klax­on ». Cela attire aus­si l’at­ten­tion des danseurs qui peu­vent se deman­der ce qui se passe et ce qui va pass­er. Après 25 sec­on­des, la valse démarre, elle tourne imper­turbable­ment, ce titre est entraî­nant et plait en général aux danseurs qui aiment les valses. Cer­tains n’ai­ment pas les valses, tant pis pour eux…

Paroles (extrait)

Ama­da mía, pido en mis rue­gos
Al de los cie­los con gran devo­ción
Que te con­serve fres­ca y lozana rosa
Tem­prana de mi hon­da pasión
Tu eres aliv­io de mis pesares que en otros lares
Yo con­quisté pues en tus labios
Que son dos corales hal­lé la dulce cal­ma que ambi­cioné.
Mujer ama­da diosa div­ina, con tu car­iño yo soy feliz.
Si el me fal­tara mi vida muere
Por qué tú eres mi úni­co amor pues y tus
Cal­mas las penas de mi exi­s­tir
Porque en mis noches de cru­el insom­nio
Sabes cal­marme con tu elixir

Adol­fo A. Vedani

libre

On com­prend pourquoi on ne trou­ve pas de ver­sion avec les paroles. L’in­ten­tion est touchante, mais le résul­tat est assez pau­vre et plat.Mon aimée, je demande dans mes prières vers les cieux, avec une grande dévo­tion, qu’il te garde fraîche et lux­u­ri­ante rose.
Dès le début de ma pas­sion pro­fonde, tu es le soulage­ment de mes cha­grins, plus que toute autre per­son­ne généreuse (lare sig­ni­fie en per­son­ne généreuse, ou corps…).
J’ai con­quis ensuite sur tes lèvres qui sont deux coraux, j’ai trou­vé le doux calme que je con­voitais.
Femme aimée, déesse divine, avec ton affec­tion, je suis heureux.
Si elle me fai­sait défaut, ma vie mour­rait.
Parce que tu es mon seul amour et que de tes bais­ers et de tes caress­es tu apais­es les cha­grins de mon exis­tence.
Parce que dans mes nuits d’in­som­nie cru­elle, tu sais com­ment me calmer avec ton élixir.
Cet extrait des paroles per­met de com­pren­dre le thème de la valse. Comme la seule ver­sion enreg­istrée est celle de Dona­to et qu’elle est instru­men­tale, je pense que vous pou­vez oubli­er les paroles et ne garder que les images que vous souhaitez pour vous inspir­er dans la danse…

Autres versions

Il n’y a pas d’autre ver­sion… Vous pou­vez donc réé­couter cette jolie valse 😉

Mais avant de nous quit­ter, je vous pose la ques­tion de si vous préférez cette valse avec son assez longue intro­duc­tion de 25 sec­on­des ou en entrée directe. Comme DJ, j’ai ten­dance à sup­primer l’in­tro­duc­tion en milieu de tan­da, mais beau­coup moins en début de tan­da, l’in­tro­duc­tion étant un appel. Les danseurs peu­vent ter­min­er tran­quille­ment les miradas/cabeceos et être sur la piste au moment où la musique démarre. J’an­nonce juste au micro que ce sont des valses et que ça démarre après l’in­tro­duc­tion.

Ven­eración 1933-07-13 — Orques­ta Edgar­do Dona­to (avec l’in­tro­duc­tion de 25 sec­on­des).
Ven­eración 1933-07-13 — Orques­ta Edgar­do Dona­to (sans l’in­tro­duc­tion)

À demain, les amis !

Milonguero viejo 1955-06-20 — Orquesta Carlos Di Sarli

Carlos Di Sarli Letra:

On con­sid­ère par­fois, que les pre­mières ver­sions sont les meilleures et que par la suite, les enreg­istrements suiv­ants vont en décli­nant. Come toute général­i­sa­tion hâtive, c’est dis­cutable. Dans le cas de Di Sar­li, même si on se place dans le rôle du danseur, cette théorie n’est pas for­cé­ment per­ti­nente. Il y a une évo­lu­tion, mais toutes les ver­sions, si dif­férentes soient-elles, ont de l’in­térêt. Voyons cela.

Extrait musical

1955-06-20 — Orques­ta Car­los Di Sar­li.

C’est la qua­trième ver­sion pro­posée par Di Sar­li au disque. Nous ver­rons l’évo­lu­tion en fin d’ar­ti­cle avec l’é­coute des trois pre­mières ver­sions.

Paroles

Les ver­sions de Di Sar­li sont toutes instru­men­tales, mais il y a des paroles, que voici :

El bar­rio duerme y sueña
al arrul­lo de un triste tan­go llorón;
en el silen­cio tiem­bla
la voz milonguera de un mozo can­tor.
La últi­ma esper­an­za flota en su can­ción,
en su can­ción mal­e­va
y en el can­to dulce ele­va
toda la dulzu­ra de su humilde amor.

Lin­da pebe­ta de mis sueños,
en este tan­go llorón
mi amor mis­ton­go va can­tan­do
su de dolor,
y entre el rezon­go de los fuelles
y el canyengue de mi voz,
ilu­sion­a­do y tem­bloroso
vibra humilde el corazón.

Sos la paica más lin­da del pobre arra­bal,
sos la musa mal­e­va de mi inspiración;
y en los tan­gos del Pibe de La Pater­nal
sos el alma criol­la que llo­ra de amor.
Sin berretines mi musa mis­tonguera
chamuya en ver­so su dolor;
tu almi­ta loca, sen­cil­la y milonguera
ha enlo­que­ci­do mi pobre corazón.

El bar­rio duerme y sueña
al arrul­lo del triste tan­go llorón;
en el silen­cio tiem­bla
la voz milonguera del mozo can­tor;
la últi­ma esper­an­za flota en su can­ción,
en su can­ción mal­e­va
y el vien­to que pasa lle­va
toda la dulzu­ra de su corazón.

Car­los Di Sar­li Letra: Enrique Car­rera Sote­lo

Traduction libre et indications

Le quarti­er dort et rêve au roucoule­ment d’un triste tan­go lar­moy­ant ; dans trem­ble la voix milonguera d’un char­mant chanteur.
La dernière espérance flotte dans sa chan­son, dans sa chan­son mal­e­va (en lun­far­do, c’est l’apoc­ope de malévo­lo au féminin. La chan­son est donc mal inten­tion­née, mau­vaise, par son sens, pas par manque de qual­ité) et dans la douce chan­son, il élève toute la douceur de son hum­ble amour.
Belle poupée de mes rêves, dans ce tan­go lar­moy­ant mon amour triste chante sa milon­ga de douleur, et entre le grogne­ment des ban­donéons et le canyengue de ma voix, amoureux et trem­blant, le cœur vibre hum­ble­ment.
Tu es la plus jolie fille (la paica est la com­pagne d’un et par exten­sion, l’a­mante ou tout sim­ple­ment la com­pagne) des faubourgs pau­vres, tu es la muse malveil­lante de mon inspi­ra­tion ; et dans les tan­gos du Pibe de La Pater­nal (surnom d’, ce qui explique qu’il fut le pre­mier à l’en­reg­istr­er…) vous êtes l’âme criol­la (de tra­di­tion argen­tine) qui pleure d’amour.
Sans repos (el berretín peut être le loisir comme dans Los tres berretines, une idée fixe, un caprice), ma triste muse exprime en vers, sa douleur ; ta petite âme folle, sim­ple et milonguera a ren­du fou mon pau­vre cœur.
Le quarti­er dort et rêve au roucoule­ment d’un triste tan­go lar­moy­ant ; dans le silence trem­ble la voix milonguera d’un char­mant chanteur.
La dernière espérance flotte dans sa chan­son, dans sa chan­son mal­e­va et le vent qui passe emporte toute la douceur de son cœur.

Autres versions

Milonguero viejo 1928-02-24 — Orques­ta Osval­do Frese­do con Ernesto Famá.

Il ne faut pas juger trop sévére­ment cette ver­sion, elle est de 1928 et donc dans le jus de son époque. Dis­ons juste qu’elle n’est pas de la meilleure péri­ode de Frese­do. Manque de chance, il le réen­reg­istr­era en fin de car­rière, une autre ver­sion qui n’est pas dans sa meilleure péri­ode… On doit cepen­dant met­tre à son crédit un tem­po assez lent, comme celui des Di Sar­li des années 50, mais le pesant canyengue, détru­it toute la joliesse du titre. Une ver­sion pour des piétineurs qui ne seraient pas gênés par la voix de Famá.

Milonguero viejo 1928-02-29 — con gui­tar­ras de Aguilar-Pesoa-Maciel.

Remar­quez l’al­ter­nance de voix de gorge et de tête.

Milonguero viejo 1928-04-02 — Orques­ta Juan Maglio “Pacho” con .

C’est la dernière ver­sion chan­tée. Les enreg­istrements suiv­ants seront instru­men­taux. Le style un peu trop vieil­lot manque sans doute de charme pour nos milon­gas mod­ernes, même si dans l’in­ter­pré­ta­tion, l’écri­t­ure de Di Sar­li est recon­naiss­able. N’ou­blions pas qu’à cette époque, Di Sar­li jouait avec son sex­te­to dans un style sem­blable.

A Milonguero viejo 1940-07-04 — Orques­ta Car­los Di Sar­li.

Un tem­po un peu soutenu, peut-être trop pour le thème. Mais comme c’est une ver­sion instru­men­tale, les danseurs ne sont pas sup­posés savoir que c’est triste… 128BPM

B Milonguero viejo 1944-07-11 — Orques­ta Car­los Di Sar­li.

Milonguero viejo 1944-07-11 — Orques­ta Car­los Di Sar­li. Qua­tre ans après, Di Sar­li cor­rige le tir avec un rythme plus calme. 122 BPM, mais quand on dans l’or­eille, les ver­sions des années 50, on pour­ra le trou­ver un tout petit peu trop rapi­de. On notera qu’au début, Di Sar­li a ajoutée une mon­tée de gamme pour intro­duire le thème. La ver­sion de 1940 et celles des autres orchestres qui n’ont pas adop­té cet ajout parais­sent plus abruptes dans la mise en œuvre.

C Milonguero viejo 1951-09-26 — Orques­ta Car­los di Sar­li.

Di Sar­li ralen­ti encore le tem­po. La musique sonne plus majestueuse. Je trou­ve que cela con­vient mieux au thème du vieux milonguero, même si c’est un enreg­istrement instru­men­tal. 115 BPM. Comme j’ai placé un sondage à la fin de l’ar­ti­cle, je ne vais pas écrire que c’est ma ver­sion préférée pour ne pas vous influ­encer.

Milonguero viejo 1954 — Orques­ta Lucio Demare.

L’or­dre chronologique des enreg­istrements place cet enreg­istrements au milieu des ver­sions de Di Sar­li. La com­para­i­son n’est pas à l’a­van­tage de Demare.

D Milonguero viejo 1955-06-20 — Orques­ta Car­los Di Sar­li.

C’est notre tan­go du jour. Il est à la vitesse que la ver­sion de 1951, 115 BPM. Avec la ver­sion de 1951, peut-être encore meilleure, cette ver­sion prou­ve que l’adage de plus c’est vieux, mieux c’est ne fonc­tionne pas. Les ver­sions de 1950, pour ce titre, sur­passent large­ment celles des années 40.

Milonguero viejo 1957 — Hora­cio Sal­gán y su Orques­ta Típi­ca.

Entrée directe sans intro­duc­tion au piano. Les vari­a­tions imprévis­i­bles, ren­dent le titre indans­able.

Face 2 — 01 Milonguero viejo 1958 — Argenti­no Galván.

La ver­sion la plus courte. Elle fait par­tie du disque de Argenti­no Galván que je vous ai présen­té en deux fois et dont j’ai promis une étude de la pochette, un jour…

Milonguero viejo 1959-04-06 Orques­ta Osval­do Frese­do.

Vous étiez prévenu, même si Frese­do a enreg­istré deux fois, Milonguero viejo, aucune de ses ver­sions ne soulèvera d’en­t­hou­si­asme. Pour un titre qui le cite, il aurait pu s’ap­pli­quer et enreg­istr­er avec Ray ou Ruiz, une belle ver­sion.

Milonguero viejo 1983 c — .

Entrée direct dans le thème, sans l’in­tro­duc­tion de piano. En revanche, le tem­po est lent, comme les derniers enreg­istrements de Di Sar­li. Pour la danse il manque peut êre un peu de tonus et l’orchestre n’est pas assez incisif, les danseurs risquent de s’en­dormir.

Milonguero viejo 2010 — Las Bor­donas.

Avec un tem­po irréguli­er de près de 150BPM, ne me sem­ble pas très en phase avec les paroles, chan­tées avec une alter­nance de voix de gorge et de tête, un peu comme le fai­sait Corsi­ni. Si les gui­taristes sont Javier Amoret­ti, Nacho Cedrún et Martín Creix­ell et le con­tre­bassiste Popo Gómez, je ne sais pas qui chante, peut-être les gui­taristes.

E Milonguero viejo 2011 — Orques­ta Típi­ca .

Pour cette dernière ver­sion, je vous pro­pose leur par­ti­tion en PDF. Comme vous avez pu l’en­ten­dre, c’est un arrange­ment à par­tir de Di Sar­li. Ils ont égale­ment con­servé l’a­jout du piano en intro­duc­tion des ver­sions de 1944 et ultérieures de Di Sar­li.

Partition Gente de tango (PDF)

Sondage

Poema 1935-06-11 — Orquesta Francisco Canaro con Roberto Maida

Antonio Mario Melfi ? Letra : Eduardo Vicente Bianco

Poe­ma par Canaro et Mai­da est le type même du tan­go que l’on ne peut pas facile­ment pro­pos­er dans une autre ver­sion. Amis DJ, si vous ten­tez l’ex­péri­ence, on vous fait les gros yeux. Pour­tant, il existe d’autres ver­sions qui ne déméri­tent pas. Analysons un peu ce tan­go, qui est, selon un sondage réal­isé il y a une dizaine d’an­nées, le préféré dans le monde. Nous présen­terons égale­ment une enquête pour savoir qui est le com­pos­i­teur de ce chef-d’œu­vre.

Ajout de deux ver­sions le 29 août 2024, une en let­ton et une en arabe
(Cadeau d’An­dré Vagnon de la Bible Tan­go).

Extrait musical

Tout d’abord, on ne se refuse pas d’é­couter encore une fois Poe­ma par Canaro. Peut-être plus atten­tive­ment 😉

Par­ti­tion pour piano Poe­ma de Anto­nio Mario Melfi Letra : Eduar­do Vicente Bian­co.
Poe­ma 1935-06-11 — Orques­ta con .

Paroles

Fue un ensueño de dulce amor,
horas de dicha y de quer­er.
Fue el poe­ma de ayer,
que yo soñé de dora­do col­or.
Vanas quimeras que el corazón
no logrará descifrar jamás.
¡Nido tan fugaz,
fue un sueño de amor,
de ado­ración!…

Cuan­do las flo­res de tu ros­al
vuel­van más bel­las a flo­re­cer,
recor­darás mi quer­er
y has de saber
todo mi inten­so mal…

De aquel poe­ma embria­gador
ya nada que­da entre los dos.
¡Con mi triste adiós
sen­tirás la emo­ción
de mi dolor !…

Anto­nio Mario Melfi Letra : Eduar­do Vicente Bian­co

libre

Ce fut un rêve de doux amour, des heures de joie et d’amour.
Ce fut le poème d’hi­er, dont je rêvais en couleur dorée.
Vaines chimères que le cœur ne pour­ra jamais déchiffr­er.
Nid si fugace, ce fut un rêve d’amour, d’ado­ra­tion…

Lorsque les fleurs de ton rosier refleuriront plus belles, tu te sou­vien­dras de mon amour et tu devras con­naître tout de mon mal intense…

De ce poème enivrant, il ne reste rien entre les deux.
Avec mon triste adieu, vous ressen­tirez l’é­mo­tion de ma douleur…

Qui est le compositeur de Poema ?

Vous pensez que la réponse est sim­ple, mais ce n’est pas si cer­tain, car il y a trois hypothès­es.

La version traditionnelle

Anto­nio Mario Melfi pour la musique et Eduar­do Vicente Bian­co pour les paroles.

Par­ti­tions avec attri­bu­tions tra­di­tion­nelles. Par­ti­tion espag­nole avec Bian­co en pho­to. Par­ti­tion française (Gar­zon) avec Bian­co et Melfi en pho­to. Disque Lon­dres écrit en français de Pesen­ti et Nena Sainz. Par­ti­tion Bian­co (avec pho­to de Mon­tene­gro). Par­ti­tion ital­i­enne, avec en plus le nom du tra­duc­teur U. Berti­ni.

Les par­ti­tions, en général, indiquent les deux noms et les mérites respec­tifs des auteurs. Remar­quez le disque cen­tral. Il sera aus­si, dans une autre édi­tion, dans l’ar­gu­ment pour la vari­ante…

Une variante :

Anto­nio Mario Melfi et Eduar­do Vicente Bian­co en col­lab­o­ra­tion pour les deux.

En faveur de cet argu­ment, Melfi est com­pos­i­teur et a écrit les paroles de cer­tains tan­gos, notam­ment les siens. On peut donc le class­er égale­ment comme paroli­er. Il a com­posé Volve muchacha qui a claire­ment des liens de par­en­té avec Poe­ma.
Bian­co est con­nu comme paroli­er et comme musi­cien. Cer­tains de ces titres peu­vent con­corder avec celui de Poe­ma, styl­is­tique­ment, bien que moins réus­sis. Par exem­ple Corazón (dont il existe qua­tre enreg­istrements par Bian­co de 1929 à 1942). Je ne par­le que de la com­po­si­tion, pas de l’in­ter­pré­ta­tion, Canaro n’ayant pas enreg­istré d’autre tan­go com­posé par Bian­co, on doit com­par­er avec les enreg­istrements de Bian­co.
En faveur de cet argu­ment, on a les dis­ques qui ne dif­féren­cient pas les deux con­tri­bu­tions. En voici quelques exem­ples.

La majorité des dis­ques ne dis­tinguent pas les fonc­tions. À gauche, deux dis­ques Brunswick du même enreg­istrement de Bian­co (1937). Le pre­mier indique les deux noms, sans dif­féren­ti­a­tion et le sec­ond n’indique que Bian­co… Au cen­tre, notre Canaro de référence dans une édi­tion argen­tine. Ensuite, Impe­rio Argenti­no et la men­tion des deux sans dis­tinc­tion de fonc­tion et enfin à l’ex­trême droite, l’en­reg­istrement de Pesen­ti et Nena Sainz, mais ici, sans le nom de la chanteuse et avec les auteurs sans attri­bu­tion.

On voit donc qu’il est assez courant, que les auteurs ne soient pas pré­cisé­ment crédités. Le détail amu­sant est le disque de Pesen­ti et Nena Sainz qui entre dans les deux caté­gories.

Une version iconoclaste

Dans l’ex­cel­lent site de référence « Bible tan­go », on peut lire :
« Selon Mar­cel Pasquier, qui ne cite pas sa source et ne s’en sou­vient plus, Melfi aurait acheté la musique à Boris Sar­bek, le véri­ta­ble com­pos­i­teur, pour 50 francs français de l’époque. Et cette mélodie serait un thème tra­di­tion­nel biélorusse. »
50 francs de l’époque, selon le cal­cu­la­teur de l’IN­SEE (Insti­tut Nation­al de Sta­tis­tiques France), cela cor­re­spondrait à 33,16 euros. Pour référence, un kilo de pain coû­tait 2,15 francs en 1930. En gros, il aurait ven­du sa créa­tion pour la valeur de 15 kilos de pain. Cela peut sem­bler peu, mais sou­venez-vous que pour le prix d’un café, Mario Fer­nan­do Rada aurait écrit les paroles de si on en croit l’anec­dote présen­tée dans le film Los tres berretines.
L’af­fir­ma­tion mérite d’être véri­fiée. Boris Sar­bek étant prob­a­ble­ment un homme d’hon­neur, n’a prob­a­ble­ment pas divul­gué la vente de sa créa­tion qui d’ailleurs n’au­rait été qu’une retran­scrip­tion d’un thème tra­di­tion­nel.
Il con­vient donc de s’in­téress­er à ce com­pos­i­teur pour essay­er d’en savoir plus.
Boris Sar­bek (1897–1966) s’ap­pelait en réal­ité Boris Saar­bekoff et util­i­sait sou­vent le Oswal­do Bercas.
Voyons un peu ses presta­tions dans le domaine de la musique pour voir s’il est un can­di­dat crédi­ble.

Des musiques composées par Sarbek

Par ordre alphabé­tique. En bleu, les élé­ments allant dans le sens de l’hy­pothèse de Sar­bek, auteur de Poe­ma.
Com­po­si­tions :
Ce soir mon cœur est lourd 1947
Con­cer­to de minu­it, classé comme musique légère
Czardas Diver­ti­men­to 1959
Décep­tion (avec Mario Melfi). C’est donc une preuve que les deux se con­nais­saient suff­isam­ment pour tra­vailler ensem­ble.
El Fan­far­rón 1963
El queño
Furti­va lagri­ma 1962
Gau­cho negro
Inter­mez­zo de tan­go 1952
Je n’ai plus per­son­ne
Le tan­go que l’on danse
Lin­da bruni­ta
Manus­ka
Mon cœur atten­dra 1948
Oro de la sier­ra
Où es-tu mon Espagne ?
Pourquoi je t’aime 1943
Près de toi ma You­ka 1948
Rêvons ensem­ble 1947
Souf­frir pour toi 1947
Tan­go d’amour
Tan­go mau­dit
Ten­drement 1948

Des musiques arrangées par Sarbek

Bacanal 1961
C’est la sam­ba d’amour 1950
Dis-moi je t’aime
Elia 1942
En forêt 1942
Gip­sy fire 1958
Je suis près de vous 1943
Les yeux noirs (chan­son tra­di­tion­nelle russe). Si Poe­ma est une musique biélorusse, cela témoigne de son intérêt pour ce réper­toire.
Med­itación 1963
Nuages
One kiss
lin­da 1956
Puentecito 1959
Rose avril 1947
Tan­go mar­ca­to 1963
Un roi à New York 1957 Il a réal­isé les arrange­ments musi­caux du film Un roi à New York de, et avec Charles Chap­lin (Char­lot). Chap­lin a tout fait dans ce film, l’ac­teur, le met­teur en scène et il a écrit la musique qu’a arrangée Sar­bek. Ce dernier a aus­si dirigé son grand orchestre pour la musique du film.
Valse minu­it
Vivre avec toi 1950

Sarbek pianiste

Il est inter­venu à la fois dans son orchestre, mais aus­si pour dif­férents groupes comme Tony Mure­na, Gus Viseur (l’ac­cordéon­iste), mais, car il était le pianiste de l’orchestre musette Vic­tor.

Melfi récupérateur ?

Je place cela ici, car ce serait un argu­ment si Mefli était cou­tu­mi­er de la récupéra­tion.
Reviens mon amour a été arrangé par Mario Melfi sur l’air de « Tristesse » de Frédéric Chopin.
Il a donc au moins une autre fois util­isé une mélodie dont il n’é­tait pas à l’o­rig­ine, mais il n’est pas le seul, les exem­ples four­mil­lent dans le domaine du tan­go.
Donc, Melfi n’est pas un récupéra­teur habituel.

Sarbek interprète de Poema

S’il est l’au­teur, il est prob­a­ble qu’il ait enreg­istré ce titre. C’est effec­tive­ment le cas.
Un enreg­istrement de Poe­ma signé Boris Sar­bek, ou plus exacte­ment de son pseu­do­nyme Oswal­do Bercas, cir­cule avec la date de 1930. Si c’é­tait vrai, ce serait prob­a­ble­ment une preuve, Sar­bek aurait enreg­istré deux ans avant les autres.
Je vous pro­pose de l’é­couter.

Poe­ma — Oswal­do Bercas et son Ensem­ble Tip­ique (sic).

Pensez-vous que cela soit une musique des années 1930 ?
Pour en avoir le cœur net, je vous pro­pose l’autre face du disque qui com­porte une com­po­si­tion de Hora­cio G. Pet­torossi, Angus­tia.

Angus­tia — Oswal­do Bercas et son Ensem­ble Tip­ique (sic).

Voici les pho­tos des deux faces du disque.

Les numéros de matrice sont 2825–1 ACP pour Poe­ma et 2829–1 ACP pour Ausen­cia.

Comme vous avez pu l’en­ten­dre et comme le con­fir­ment les numéros de matrice, les deux œuvres sont sim­i­laires et ne peu­vent pas avoir un écart tem­porel de plus de vingt ans.
C’est au moins un argu­ment qui tombe, nous n’avons pas d’en­reg­istrement de 1930 de Sar­bek et encore moins de Poe­ma.

Un argument musical

N’é­tait pas spé­cial­iste de musique biélorusse, je ne pour­rai pas men­er une étude appro­fondie de la ques­tion.
Cepen­dant, vous avez cer­taine­ment noté, vers 1:18 du Poe­ma de Sar­bek, un thème qui n’est pas dans le Poe­ma habituel et qui sonne assez musique slave. Est-ce un extrait du thème de référence que n’au­rait pas con­servé Melfi ?
Dans les autres por­tions de Poe­ma, on est telle­ment habitué à l’en­ten­dre qu’il n’est pas sûr qu’on puisse encore y trou­ver des orig­ines slaves. Cepen­dant le fait que ce titre sonne un peu dif­férem­ment des autres Canaro con­tem­po­rains pour­rait indi­quer un élé­ment hétérogène. En effet, il n’y a pas de Canaro avec Mai­da qui s’assem­ble par­faite­ment avec Poe­ma. Canaro a sans doute sauté sur le suc­cès inter­na­tion­al de cette œuvre pour l’en­reg­istr­er.
Au sujet d’in­ter­na­tion­al, il y a une ver­sion polon­aise que nous enten­drons ci-dessous. Les Polon­ais aurait pu être sen­si­bles à la musique, mais ce n’est pas sûr, car à l’époque ils étaient sous la dom­i­na­tion russe et ils n’en étaient pas par­ti­c­ulière­ment heureux…
J’ai un dernier témoin à faire venir à la barre, la pre­mière ver­sion enreg­istrée par Bian­co, en 1932. Écoutez-bien, vers 1:34, vous recon­naîtrez sans doute un instru­ment étrange. Cet enreg­istrement est le pre­mier de la rubrique « Autres ver­sions » ci-dessous.

Autres versions

La tâche du DJ est vrai­ment dif­fi­cile. Com­ment pro­pos­er des alter­na­tives à ce que la plu­part des danseurs con­sid­èrent comme un chef-d’œu­vre absolu. Si vous êtes un fan de la Joconde, en accepteriez-vous une copie, même si elle est du même Leonar­do Da Vin­ci ? À voir.

Poe­ma 1932 — Orques­ta con Manuel Bian­co.

Cette ver­sion com­mence par des cym­bales, puis des vio­lons très ciné­matographiques, puis un ban­donéon qui gazouille. L’in­tro­duc­tion dure au total plus d’une minute et le piano annonce comme si on ouvrait le rideau de la scène le morceau. Une fois « digérée » cette éton­nante et longue intro­duc­tion, on entre dans un Poe­ma rel­a­tive­ment clas­sique. Avez-vous iden­ti­fié l’in­stru­ment qui appa­raît à 1:23, 1:31, 1:40, 1: 44 et à d’autres repris­es comme 2: 44 avant le chant et en accom­pa­g­ne­ment de celui-ci ?

Vladimir Gar­o­d­kin joue le canon en ré majeur de Johann Pachel­bel. Tien à voir avec le tan­go, mais c’est pour vous faire enten­dre le tsim­baly

Le tsim­baly, pas courant dans le tan­go, pour­rait être un argu­ment pour l’hy­pothèse de l’o­rig­ine biélorusse.

Poe­ma 1933 — Impe­rio Argenti­na acomp. de gui­tar­ras, piano y vio­lin.

Le vio­lon domine l’in­tro­duc­tion, puis laisse la place à la voix accom­pa­g­née par la gui­tare et quelques ponc­tu­a­tions du piano. Le vio­lon reprend la parole et de très belle manière pour la reprise du thème et Impe­rio Argenti­na reprend la voix jusqu’à la fin. Je suis sûr que vous allez trou­ver cette ver­sion mag­nifique, jusqu’à l’arpège final au vio­lon.

Poe­ma 1933 — Orques­ta Típi­ca Auguste Jean Pesen­ti du Col­iséum de Paris con Nena Sainz.

Une ver­sion plus marchante, moins char­mante. Auguste Jean Pesen­ti a déjà adop­té des codes qui devien­dront les car­ac­téris­tiques du tan­go musette. Je suis moins con­va­in­cu que par l’autre ver­sion fémi­nine d’Im­pe­rio Argenti­no. À not­er la par­tie réc­itée, qui était assez fréquente à l’époque, mais que nous accep­tons moins main­tenant.

Poe­ma 1933-12 — Orchestre Argentin Eduar­do Bian­co con Manuel Bian­co.

Une autre ver­sion de Bian­co avec son frère, Manuel. Elle est beau­coup plus proche de la ver­sion de Canaro, en dehors de l’in­tro­duc­tion des vio­lons qui jouent un peu en pizzi­cati à la tzi­gane. La con­tre­basse mar­que forte­ment le tem­po, tout en restant musi­cale et en jouant cer­taines phras­es. C’est très dif­férent de la ver­sion de Canaro et Mai­da, mais pas vilain, même si la con­tre­basse sera plus appré­ciée par les danseurs de tan­go musette, qu’ar­gentin.

Comme une chan­son d’amour (Σαν τραγουδάκι ερωτικό) 1933 — Orchestre Par­lophon, dirigé par , chant Pet­ros Epitropakis (Πέτρος Επιτροπάκης).

Une ver­sion grecque, preuve que le titre s’est rapi­de­ment répan­du. Il y aura même une ver­sion arabe chan­tée par Fay­rouz et l’orchestre de Bian­co enreg­istré en 1951. Mal­heureuse­ment, ce titre n’ex­iste pas dans les quelques dis­ques que j’ai de cette mer­veilleuse chanteuse libanaise.

Poe­ma 1934 — Ste­fan Witas.

Une ver­sion polon­aise qui fait tir­er du côté des orig­ines des pays de l’Est, même si comme je l’ai souligné, les Polon­ais n’é­taient pas for­cé­ment rus­sophiles à l’époque.

Poe­ma 1935-06-11 — Orques­ta Fran­cis­co Canaro con Rober­to Mai­da. C’est notre tan­go du jour.

On notera que Canaro entre directe­ment dans le thème, sans intro­duc­tion.

Poe­ma 1937 — René Pesen­ti et son Orchestre de Tan­go con Alber­to.

Un autre Pesen­ti. Est-ce le frère d’Au­guste Jean Pesen­ti ?

Deux autres preuves du suc­cès mon­di­al de Poe­ma que je peux vous pro­pos­er grâce à la gen­til­lesse d’André Vagnon de la Bible Tan­go qui me les a fait par­venir.

Poe­ma 1938 — Orchestre Arpad Tchegledy con Pauls Sakss, en Let­ton. Cadeau d’An­dré Vagnon.

(Ajouté le 29 août 2024)

Poe­ma 1951 (Men Hona Hob­bona mar­ra) — Orques­ta Eduar­do Bian­co con Fairuz (en arabe). Cadeau d’An­dré Vagnon.

(Ajouté le 29 août 2024)

Poe­ma 1954c — Oswal­do Bercas (Boris Sar­bek) et son Ensem­ble Tip­ique (sic).

Oswal­do Bercas est peut-être l’au­teur, ou tout au moins le col­lecteur de la musique tra­di­tion­nelle à l’o­rig­ine de Poe­ma. Si cette hypothèse est juste, il est donc intéres­sant de voir ce qu’il en a fait. Nous l’avons déjà écouté, lorsque cer­tains essayaient de faire pass­er cet enreg­istrement pour une réal­i­sa­tion de 1930. À com­par­er à la ver­sion de Melfi enreg­istrée quelques mois plus tard.

Poe­ma 1957 — Mario Melfi.

Qu’il soit l’au­teur, pas l’au­teur ou coau­teur, ici, Melfi présente sa lec­ture de l’œu­vre. C’est une ver­sion très orig­i­nale, mais il faut tenir compte qu’elle est de 1957, il est donc impos­si­ble de la com­par­er aux ver­sions des années 30. Cepen­dant, la com­para­i­son avec la ver­sion à peine antérieure de Sar­bek est per­ti­nente…

Poe­ma (Tan­go insól­i­to impro 22 Un poe­ma román­ti­co by Solo Tan­go Orches­tra).

Avec cet orchestre russe, on est peut-être dans un retour dans cet univers dont est orig­i­naire, ou pas, la musique.
Pour ter­min­er, une autre ver­sion actuelle, par la Roman­ti­ca Milonguera qui a essayé de renou­vel­er, un peu, le thème.

Poe­ma par l’orchestre Roman­ti­ca Milonguera. Chanteuse, Marisol Mar­tinez.

La Roman­ti­ca Milonguera com­mence directe­ment sur le thème, sans l’in­tro­duc­tion, comme Canaro.

À demain, les amis !

Tu melodía 1945-05-25 — Orquesta Rodolfo Biagi con Jorge Ortiz / Tu melodía 1944-12-27 — Orquesta Domingo Federico con Carlos Vidal

Alberto Suárez Villanueva Letra: Oscar Rubens (Oscar Rubistein)

Tu melodía est un superbe titre que deux orchestres ont enregistré à 5 mois d’intervalle. Je vous invite donc à écouter non pas une, mais deux versions. Je pense que certains auront une surprise en comparant les deux titres… Puis nous nous lancerons dans un sujet , la à propos des paroles en français de ce tango.

Extraits musicaux

Si c’est aujour­d’hui l’an­niver­saire de la ver­sion de Bia­gi qui fête ses 79 ans, je vous pro­pose de com­mencer par sa grande sœur enreg­istrée par Domin­go Fed­eri­co, le 27 décem­bre 1944.

Tu melodía 1944-12-27 — Orques­ta Domin­go Fed­eri­co con Car­los Vidal.

Le tan­go par des ban­donéons incisifs puis les vio­lons s’a­joutent, beau­coup plus suaves, et très rapi­de­ment la voix de Car­los Vidal (dès 20 sec­on­des, ce qui est très tôt et excep­tion­nel pour un tan­go de danse). Ensuite, c’est une alter­nance du chanteur et des instru­ments qui repren­nent l’air en solo. C’est donc un tan­go de danse avec une présence par­ti­c­ulière­ment impor­tante du chanteur, ce qui n’é­tait pas fréquent avant que Troi­lo s’en mêle.

Tu melodía 1945-05-25 — Orques­ta Rodol­fo Bia­gi con Jorge Ortiz.

Je pense que dès les pre­mières sec­on­des vous aurez remar­qué qu’il s’agis­sait d’une valse. En effet, Bia­gi inter­prète ain­si la com­po­si­tion de Suárez Vil­lanue­va. Là on est moins en présence d’une alter­nance, les vio­lons chantent en har­monie avec Ortiz. Le piano, Bia­gi n’a pas de rai­son de s’en priv­er, car c’est lui le chef, a son solo en plus de ses habituelles ponc­tu­a­tions de 2:03 2:33. Vous remar­querez les notes dou­blées dans la sec­onde par­tie de son solo. Comme avec Fed­eri­co et Vidal, le chanteur va jusqu’aux dernières notes.

Paroles

Tu melodía siem­pre la escu­cho,
Y donde vaya, me per­sigue noche y día…

Buscán­dote, amor, amor
Ansiosa está el alma mía,
Y dónde voy oyen­do estoy,
Tu dulce voz, tu melodía.

Cada lugar que recor­rí
Me habló de ti, de tu emo­ción,
Por eso siem­pre te está bus­can­do
Con­fian­do hal­larte mi corazón.

Tu melodía,
Siem­pre la escu­cho
Y donde vaya
Me per­sigue noche y día.

Tu melodía
Vive en mi alma,

Y al evo­car­la
Me devuelve tu visión.

Alber­to Suárez Vil­lanue­va Letra: Oscar Rubens (Oscar Rubis­tein)

Vidal com­mence par ce qui est en couleur (bleu, rouge). Puis il repart du début et chante tout jusqu’à la fin et reprend même les deux vers en rouge et gras…
Dans le cas de Ortiz on est dans une struc­ture plus clas­sique. La mélodie est présen­tée une fois par les vio­lons avant d’être con­fiée au chant. Ortiz chante tout ce qui est en gras. Il omet donc les deux pre­miers vers.

Traduction libre

Ta mélodie, je l’en­tends tou­jours, et partout où je vais, elle me hante nuit et jour…
En te cher­chant, amour, amour anx­ieux jusqu’à l’âme, et où que j’aille, j’en­tends, ta douce voix, ta mélodie.
Chaque endroit que j’ai vis­ité m’a par­lé de toi, de ton émo­tion, c’est pourquoi, tou­jours, je te cherche, en espérant te trou­ver, mon cœur.
Ta mélodie, je l’en­tends tou­jours et partout où je vais, elle me hante nuit et jour…
Ta mélodie vit dans mon âme, et quand je l’évoque, elle me rend ta vision.

de droits d’auteurs

Tout d’abord, une autre ver­sion des paroles. Par Framique (Eugénie Mic­sunesco) (1896–1991). Elle était l’épouse de Fran­cis Sal­abert, édi­teur et auteur-com­pos­i­teur de nom­breux titres que l’on peut voir sur le site de la BNF (Bib­lio­thèque Nationale de France) et on la trou­ve donc aus­si sur le site de la BNF avec la liste de ses œuvres. Tu melodía n’est pas dans cette liste, mais on la trou­ve dans celle de son pseu­do­nyme, Framique sur le site de la BNF.
Cette ver­sion a été éditée par son mari, à , en 1948, comme on peut le voir sur la fiche de l’œu­vre sur le site de la BNF. Sur la même fiche, on peut trou­ver l’in­cip­it que voilà :

1.1.1 C’est le plus beau des chants d’amour
2.1.1. Bus-can­dote amor amor

Dans le Cat­a­log of copy­right entries Third Series, on trou­ve dans le vol­ume 3, Part 5 A, Num­ber 1 de jan­vi­er à juin 1949 de la Library of Con­gress, la pré­ci­sion de la date, le 10 sep­tem­bre 1948. Dans ce reg­istre est égale­ment con­signé le nom de Suarez Vil­lanue­va en référence à la ver­sion orig­i­nale. On remar­que le copy­right des édi­tions Sal­abert, celles du mari de Framique.

Dans cet extrait du reg­istre des copy­rights, on trou­ve la pré­ci­sion du 10 sep­tem­bre 1948

Il y a donc des paroles français­es de ce tan­go ou valse, écrites par Framique et éditées par son mari. On touche ici du doigt le monde de l’édi­tion musi­cale. Imprimer une par­ti­tion, peut-être une source de revenus non nég­lige­able, cela don­nera des idées au cours du temps, comme nous allons l’évo­quer main­tenant à pro­pos de la société des Auteurs, Com­pos­i­teurs et Édi­teurs de musique, la SACEM.

La SACEM et les droits d’auteur

Les organ­isa­teurs de man­i­fes­ta­tion tan­go râlent sou­vent en France à cause des coûts énormes de la SACEM qui grèvent les bud­gets de leurs événe­ments. La SACEM est une société de col­lecte des droits d’au­teurs et « avoisi­nants ». Société des Auteurs, Compos­i­teurs et Éditeurs de Musique.
Ce serait un moin­dre mal si l’ar­gent col­lec­té ser­vait réelle­ment aux ayants droit, mais on va voir que c’est un peu moins rose que cela…


Prenons l’ex­em­ple de la Cumpar­si­ta.
Ger­ar­do Matos Rodriguez en est con­sid­éré comme l’au­teur. Il est mort en 1948. Donc, depuis 2018 (la pro­tec­tion court jusqu’à 70 ans après la mort de l’au­teur pour la France), la Cumpar­si­ta est tombée dans le domaine pub­lic. Elle ne devrait donc plus faire l’ob­jet de prélève­ments. Pour éviter cela, la SACEM et les sociétés affil­iées ont inven­té de nou­veaux droits per­me­t­tant aux édi­teurs de con­tin­uer à touch­er des sommes con­séquentes même pour les œuvres tombées dans le domaine pub­lic.

Les « revenus » de la SACEM :

La SACEM ne con­necte pas seule­ment les sommes qui vont per­me­t­tre aux pau­vres com­pos­i­teurs de manger. Cette activ­ité est même mar­ginale et plus qu’in­signifi­ante en vol­ume. Voici le panora­ma de ce que gère la SACEM…

  • La SACEM récupère les droits d’au­teurs des com­pos­i­teurs et auteurs de musique, mais aus­si des édi­teurs de musique (le E de SACEM).
  • Elle col­lecte la rémunéra­tion pour copie privée (taxe prélevée sur tous les sup­ports d’en­reg­istrements vierges, même s’ils ne ser­vent pas à la musique (Loi du 3 juil­let 1985, dite Loi Lang).
  • Elle col­lecte pour SESAM, sur les œuvres mul­ti­mé­dias (Société du droit d’au­teur dans l’u­nivers mul­ti­mé­dia et inter­net)
  • Elle col­lecte pour SDRM, les droits de repro­duc­tion mécaniques des auteurs, com­pos­i­teurs, édi­teurs, réal­isa­teurs et dou­bleurs, sous-titreurs.
  • La SPRÉ, la rémunéra­tion équitable au prof­it des musi­ciens inter­prètes et des pro­duc­teurs phono­graphiques.

J’ai mis en gras ceux qui rece­vaient la plus grosse part du gâteau, après bien sûr le « prélève­ment » de la SACEM. Il s’ag­it, vous vous en seriez douté, des édi­teurs et pro­duc­teurs. Rien que pour les droits d’au­teur, la clef de répar­ti­tion est en théorie de 25 % pour l(es) auteur(s) 25 % pour le(s) compositeur(s) 50 % pour l(es) éditeur(s).
Donc, quand vous écoutez la Cumpar­si­ta dans une , vous pou­vez penser que c’est une musique « libre de droits ».
En fait, non. Les édi­teurs de musique exis­tent tou­jours, les pro­duc­teurs de dis­ques, égale­ment et phénomène intéres­sant de nou­veaux ayants droit se gref­fent sur les œuvres à suc­cès. J’ai com­pilé ci-dessous la liste des ayants droit pour la Cumpar­si­ta que l’on trou­ve dans les reg­istres de la SACEM.
Vous allez y décou­vrir bien plus que les trois auteurs com­muné­ment cités dans le domaine du tan­go, mais surtout, vous allez voir une liste d’édi­teurs et de sous-édi­teurs, qui sont donc des ayants droit, juste, car ils ont imprimé, au moins une fois La Cumpar­si­ta et qu’ils l’ont déclaré à la SACEM ou à une société affil­iée.
La SPRÉ étant des­tinée aux inter­prètes, la liste de ces derniers devient très longue. Donc, même si vous jouez une Cumpar­si­ta dans une ver­sion où tous les mem­bres de l’orchestre sont morts avant 1954, il y a des droits à pay­er. N’ou­blions pas que la SPRÉ n’est pas essen­tielle­ment des­tinée aux musi­ciens, mais aux édi­teurs…
Je vous laisse méditer sur les ayants droit de la SACEM à par­tir de son reg­istre, mais avant, je tiens à vous com­mu­ni­quer une infor­ma­tion.
La SADAIC, l’équiv­a­lent argentin de la SACEM, reçoit des sommes for­faitaires de la France, mais rien de par­ti­c­uli­er en matière de tan­go. En effet, cette musique est con­sid­érée comme mar­ginale en ter­mes de droits d’au­teurs par la SADAIC et il n’y a pas de reven­di­ca­tion par­ti­c­ulière.
Je pense que vous com­prenez que quand vous déclarez à la SACEM la musique d’un événe­ment, même si le DJ dresse une liste avec le nom des com­pos­i­teurs et que vous la trans­met­tez, cela n’a aucune inci­dence sur les flux entre la France et l’Ar­gen­tine. Ce n’est pas géré.
L’ar­gent qui reste après que ce soit servi la SACEM, les édi­teurs et les pro­duc­teurs, va aux musi­ciens et aux auteurs, mais vous allez le voir, d’une façon assez étrange.
Si vous êtes une grosse vedette du top 50, vous allez recevoir votre dû et même bien plus, car les sommes qui ne sont pas dis­tribuées sont répar­ties à l’ensem­ble des auteurs inscrits (à not­er que l’in­scrip­tion d’un auteur à la SACEM n’est pas oblig­a­toire) La SACEM est une société, pas un organ­isme pub­lic, offi­ciel.
Ain­si, Tartem­pi­on Glinglin, qui s’est inscrit à la SACEM, recevra un petit quelque chose, pro­por­tion­nelle­ment à son statut. Les gros reçoivent beau­coup, les petits, très peu. Pour la France, le plus gros, c’est . Quand vous organ­isez une milon­ga, vous enrichissez Jean-Jacques Gold­man et des édi­teurs et pro­duc­teurs, mais pas Rodriguez ou ses petits-enfants éventuels.
Mais ce n’est pas la seule sur­prise. Je vous pro­pose de regarder main­tenant le réper­toire de la SACEM pour La Cumpar­si­ta. Cette œuvre étant très con­nue et beau­coup jouée, elle attire la con­voitise de ceux qui vivent des sub­sides de la SACEM.

LE RÉPERTOIRE DE LA SACEM

LA CUMPARSITA

Com­pos­i­teur : ARCH DAVID GWYN, BERNARD DEWAGTERE, Cyprien KATSARIS, GARANCE MICHELE, GERARDO MATOS RODRIGUEZ, Giulio Gd D’AGOSTINO, JEFE E L, PUBLIC DOMAIN, TRAD.

Com­pos­i­teur-Auteur : Augustin CASTELLON CAMPOS, CALANDRELLI JORGE M, DP, GERARDO MATOS RODRIGUEZ, GONZALO FI, Igor OUTKINE, INCONNU COMPOSITEUR AUTEUR, KALETH JAMES PATRICK, MAX BRONCO, Pub­lic DOMAINE, ROGERS MILTON (US 1), Roland Mar­tin ROBERTS, ROSE DAVID D, Sam­my WETSTEIN, TERRANO ANDREA.

Auteur : BEYTELMANN GUSTAVO, CONNER DAVID A, David John HOWELL, Fabi­en PACKO, LLOYD JACK, LOVE GEOFFREY, Marie-Stéphane VAUGIEN, MARONI ENRIQUE PEDRO, , PASERO STEVAN, RUNSWICK DARYL BERNARD, STAZO LUIS ANTONIO.

Arrangeur : ARCH DAVID GWYN, Robert DUGUET.

Inter­prète : Alain MUSICHINI, Andre BROCOLETTI, Armand PAOLI, Arnaud THORETTE, Astor PIAZZOLLA, BARIMAR, BASSO JOSE HIPOLITO, Bernard MARLY, BERTRAND DE KERMADEC, BONAZ FERNAND, BRUNELLI FELICIANO, CAHAN JACQUES, CANARO FRANCISCO, CARLOS RODRIGUEZ LUNA, CARRIL HUGO (DEL), CHABLOZ MARTIN, Char­ly OLEG, Christo­pher FRONTIER, CLEMENT DOUCET, CO FRANCO ERNESTO FRANCIS, CORENZO ALFREDO, Corinne ROUSSELET, CUGAT XAVIER, D ARIENZO JUAN, Daniel COLIN, DELERUE GEORGES, DELPHINE LEMOINE, DI SARLI CARLOS, , Eduar­do Oscar ROVIRA, Eric BOUVELLE, Eric CERBELLAUD, Eti­enne LORIN, EVEN JO, Fabi­en PACKO, FABRICE PELUSO, FARRART VINCENT, FEDERICO DOMINGO S, FERNANDEZ JOSE ESTEBAN, FIESCHI JOSE, Franck POURCEL, GARANCE MICHELE, GARCIA DIGNO, GARDEL CARLOS, Georges RABOL, Gilbert DIAS, Hervé DESARBRE, HIRSCHFELDER DAVID, HORNER YVETTE, James GRANGEREAU, Jean HARDUIN, JEAN VILLETORTE, JEROME RICHARD, Joseph PERON, Juan CARRASCO, JULIO IGLESIAS, KAASE CHRISTOPHER, KALLISTE EDITIONS MUSICALES, LANDER MONICA, LAZZARI CARLOS ANGEL, LO MANTOVANI ANNUNZIO PAO, LOMUTO FRANCISCO J, Louis CAMBLOR, Louis CORCHIA, Luis (louis) TUEBOLS, MAGALI PERRIER, MAHJUN JEAN LOUIS, MALANDO DANNY, Mar­cel AZZOLA, MARCEL DUVAL, MARCELLO JOSE, Mario CAVALLERO, Mar­tial COHEN-SOLAL, Mau­rice LARCANCHE, Michel FUGAIN, MICHEL PRUVOST, Michel PRUVOT, MORINO JACQUES, NEUMAN ALBERTO, Olivi­er MANOURY, Olivi­er MARTEL, OMAR KHORCHID, Pas­cal TERRIBLE, Patrick BELLAIZE, PIERRE BOUIX, Pierre PARACHINI, PIZARRO MANUEL, PONSERME JACQUES, , Ramon Alber­to GONZALES, Ray­mond BOISSERIE, RENAUD LINE, RIVERO EDMUNDO, Robert TRABUCCO, Rober­to ALAGNA, ROMERO PEPE, ROSSI TINO, S FRESEDO OSVALDO NICOLA, SCALA TANI, SCHIFRIN LALO, SEMINO ROSSI, SEVILLA , SONY JO, STEPHANE REBEYROL, Tapio KARI, Thier­ry BONNEFOUS, Thier­ry CAENS, TIRAO CACHO, TONY MURENA PRODUCTIONS, TROILO ANIBAL CARMELO, TROVESI GIANLUIGI, VERCHUREN ANDRE, VINCENT INCHINGOLO, WUNDERLICH KLAUS, Yvan CASSAR.

Réal­isa­teur : Julien BLOCH.

Édi­teur : AUSTRALIAN MUSIC EXAMINATIONS BOARD LTD, BMG RICORDI EX RICORDI G C SPA, CALA TUENT MUSIC, CALANDRELLI MUSIC, CD BABY BETA, D A MUSIC LTD, DAVAL MUSIC COMPANY, GD SEVENTY-EIGHT MUSIC, LA PALMERA EDICIONES INH MATTHIAS MOEBIUS, MORRO MUSIC, NEN MUSIC, PATTERDALE MUSIC LTD, PRIMARY WAVE ROSE, RUECKBANK MUSIKVERLAG MARK CHUNG EK, SCHOTT MUSIC GMBH CO KG, SESAME STREET INC, SHUTTERSTOCK MUSIC CANADA ULC, SONY ATV MILENE MUSIC, SWEET CITY SONGS LTD, TUNECORE DIGITAL MUSIC, ZONE MUSIC PUBLISHING LLP.

Sous Édi­teur : BECAUSE EDITIONS, BMG RIGHTS MANAGEMENT (FRANCE), BUDDE MUSIC FRANCE, DAVID PLATZ MUSIC EDITIONS, EDITIONS DURAND, KOBALT MUSIC PUBLISHING FRANCE, MUSICJAG, PARIGO, PEERMUSIC FRANCE, PREMIERE MUSIC GROUP, RDB CONSEIL RIGHTS MANAGEMENT, SCHOTT MUSIC, SENTRIC MUSIC LIMITED, SONY MUSIC PUBLISHING (FRANCE), ST MUSIC INTERNATIONAL INC, UNIVERSAL MUSIC PUBLISHING, WARNER CHAPPELL MUSIC FRANCE.

Cela fait beau­coup de per­son­nes que nous n’au­ri­ons pas soupçon­nées d’être liées à la Cumpar­si­ta.

Extrait de l’en­trée Cumpar­si­ta dans les reg­istres de la SACEM. En gras ceux qui sont légitimes, plus domaine pub­lic ou incon­nu.

La Cumpar­si­ta tombera réelle­ment dans le domaine pub­lic quand le dernier des petits malins qui a fait inscrire son nom sera mort depuis plus de 70 ans. Mais ras­surez-vous, les maisons d’édi­tion et pro­duc­teurs trou­veront une astuce et cela n’ar­rivera donc jamais.
De toute façon, la SPRÉ court tou­jours, car il y a tou­jours des musi­ciens qui jouent la Cumpar­si­ta. C’est une tac­tique bien ficelée et la SACEM a encore de beaux jours pour con­tin­uer de prospér­er, car si même des musi­ciens déci­dent de ne pas adhér­er, de pub­li­er de la musique libre de droits, la SACEM vous réclam­era une somme for­faitaire, à moins que vous puissiez prou­ver que vous ne passez que de la musique libre de droits (on a vu que c’é­tait impos­si­ble avec le réper­toire argentin).

Sondage

Tu melodía, tan­go ou valse ? J’hésite…

Silueta porteña 1967-03-17 — Los Siete Del Tango (de Luis Stazo et Orlando Trípodi) con Gloria Velez y Lalo Martel

; Juan Ventura Cuccaro Letra Orlando D’Aniello ; Ernesto Noli
Direction et arrangements Luis Stazo et Orlando Trípodi

Silue­ta porteña est une superbe milon­ga qui fait le bon­heur des danseurs. Aujour­d’hui, je vais vous la pro­pos­er dans une ver­sion dif­férente, moins dansante, mais ne s’ar­rête pas à la porte de la milon­ga et le duo est superbe. Un sondage en fin d’ar­ti­cle vous per­me­t­tra de don­ner votre avis sur la dans­abil­ité.

Luis Sta­zo (1930–2016) est un très grand mon­sieur du tan­go, tout d’abord comme ban­donéon­iste., mais aus­si comme chef d’orchestre, arrangeur et com­pos­i­teur.
Il est aus­si con­nu pour être le fon­da­teur du Sex­te­to May­or avec José Lib­ertel­la, égale­ment ban­donéon­iste. Cet orchestre a tourné dans le monde entier et con­tin­ue de le faire avec les suc­cesseurs des créa­teurs.

Évo­lu­tion de la com­po­si­tion du Sex­te­to May­or. Source https://es.wikipedia.org/wiki/Sexteto_Mayor

Los siete del tan­go est un autre orchestre créé égale­ment par Luis Sta­zo, mais avec Orlan­do Trípo­di. Ils sont les arrangeurs et les chefs de cet orchestre qui a eu une car­rière plutôt réduite, entre 1965 et 1969. Cepen­dant, on con­serve des enreg­istrements, à la fois de com­po­si­tions « clas­siques », comme Silue­ta porteña, notre et des com­po­si­tions de Sta­zo et Trípo­di, comme Entre dos, qu’ils ont enreg­istré le même jour, le 17 mars 1967.
La com­po­si­tion de l’orchestre est la suiv­ante :

  • Luis Sta­zo au ban­donéon (plus arrange­ments et direc­tion)
  • Orlan­do Trípo­di au piano (plus arrange­ments et direc­tion)
  • Suarez Paz au vio­lon
  • à la gui­tare élec­trique
  • à la basse
  • Les chanteurs sont Glo­ria Velez et Lalo Mar­tel pour cet , mais Rober­to Ech­ague et Olga de Grossi ont enreg­istré d’autres titres.
Silue­ta porteña n’a pas été inté­grée aux qua­tre dis­ques 33 tours réal­isés par l’orchestre (cinq si on compte une dou­ble édi­tion avec les mêmes titres) ni éditée en 45 tours (ce qui fut réservé à seule­ment deux titres, dont celui qui a été enreg­istrée le même jour que Silue­ta porteña, Entre dos. Elle a été pub­lié sur la com­pi­la­tion “Al rit­mo de la milon­gas inovid­ables” par Pam­pa — EMI — Odeon en 1968. C’est le sec­ond titre de la face B. On y trou­ve la date d’en­reg­istrement, 17–3‑67).

Extrait musical

Silue­ta porteña 1967-03-17 — Los Siete Del Tan­go con Glo­ria Velez y Lalo Mar­tel

Les paroles

J’indique égale­ment les paroles de cette ver­sion qui sont un peu dif­férentes, car Glo­ria Velez chante sa par­tie en jouant le rôle de la Silue­ta porteña, con­traire­ment à la ver­sion habituelle ou tout le texte est dit du point de vue de l’homme.

Cuando tú pasas caminando por las tardes, (Cuando yo paso caminando por las calles)
repiqueteando tu taquito en la vereda, (repiqueteando mi taquito en la vereda)  
marcas compases de cadencias melodiosas
de una milonga juguetona y callejera.
Y en tus vaivenes pareciera la bailaras, (Y en los vaivenes pareciera lo bailara)
así te miren y te dicen lo que quieran, (así me miran y me dicen lo que quiera)
porque tú llevas en tu cuerpo la arrogancia  
y el majestuoso ondular de las porteñas.

Tardecita criolla, de límpido cielo
bordado de nubes, llevas en tu pelo.
Vinchita argentina que es todo tu orgullo...
¡Y cuánto sol tienen esos ojos tuyos!

Y los piropos que te dicen los muchachos,
como florcitas que a tu paso te ofrecieran
que las recoges y que enredas en tu pelo,
junto a la vincha con que adornas tu cabeza.
Dice tu cuerpo tu arrogancia y tu cadencia
y tus taquitos provocando en la vereda:
Soy el espíritu criollo hecho silueta
y te coronan la más guapa y más porteña.

Nico­las Luis Cuc­caro ; Juan Ven­tu­ra Cuc­caro Letra Orlan­do D’Aniel­lo ; Ernesto Noli

En rouge ce qui est chan­tée par Glo­ria Velez (Quand c’est un homme qui chante, c’est la par­tie gauche des lignes qui est chan­tée).
En bleu, ce qui est chan­té par Lalo Mar­tel.
En gras, ce qui est chan­té par les deux en duo.
En gras et vert, la reprise finale du refrain par les deux chanteurs, Glo­ria et Lalo.
Le dernier cou­plet n’est pas chan­té dans cette ver­sion
.

Une autre sil­hou­ette portègne jusqu’au bout des ongles

Traduction libre

Quand tu pass­es dans l’après-midi, en faisant cla­quer tes talons sur le trot­toir, tu mar­ques la cadence mélodieuse d’une milon­ga joyeuse et de la rue (il n’y a pas d’équiv­a­lent en français).
Et dans tes allers et retours, tu sem­bles danser, ain­si ils te regar­dent, te par­lent ceux qui aiment, car tu portes dans ton corps, l’ar­ro­gance et la majestueuse ondu­la­tion des Portègnes.
L’après-midi criol­lo, au ciel limpi­de et brodé de nuages, tu le portes dans tes cheveux. Le ruban (ban­nière) argentin(e) qui est toute ta fierté… Et que de soleil con­ti­en­nent tes yeux ! (Elle porte les couleurs de l’Ar­gen­tine sur la tête. Le céleste et le blanc, ain­si que le soleil dans ses yeux).
Et les flat­ter­ies (piro­pos) que te lan­cent les gars, comme des petites fleurs qu’ils offrent à ton pas­sage pour que tu les ramass­es et les laces dans tes cheveux, au côté du ban­deau dont tu ornes ta tête. Ton corps dit ton arro­gance et ta cadence et tes talons pro­fessent sur le trot­toir : je suis l’e­sprit criol­lo fait sil­hou­ette et ils te couron­nent comme la plus belle et la plus portègne.

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Autres versions

Lors de la pub­li­ca­tion le 17 mars 2024, il n’y avait que la ver­sion de Los Siete Del Tan­go. Un an jour pour jour, plus tard, je vous pro­pose d’autres ver­sions :

Silue­ta porteña 1936-01-14 — Orques­ta con Wal­ter Cabral.

Plus ancien enreg­istrement en stock. La voix un peu acide de Cabral n’est pas for­cé­ment la plus agréable, mais c’est tout à fait dans­able.

Silue­ta porteña 1936-07-17 — Orques­ta Fran­cis­co Canaro con .

Cette ver­sion est sans doute celle qui passe le plus sou­vent et c’est jus­ti­fié.

Silue­ta porteña 1956-05-18 — Orques­ta Héc­tor Varela con Argenti­no Ledes­ma.

Vingt ans après la pre­mière vague, Varela donne sa ver­sion. J’aime beau­coup l’in­tro­duc­tion qui bat comme un cœur (je ne suis pas médecin, mais j’e­spère que votre cœur ne bat pas ain­si). Même si l’orchestre de Varela n’est pas le plus appré­cié en milon­ga, je trou­ve cette ver­sion assez sym­pa­thique et il m’ar­rive de la pass­er.

Silue­ta porteña 1956-08-02 — Orques­ta Osval­do Pugliese con Jorge Maciel y Miguel Mon­tero.

Cette ver­sion en duo est jolie, mais sans doute un peu trop liée pour en faire une milon­ga intéres­sante à danser. On se con­tentera donc de l’é­couter avec ravisse­ment.

Silue­ta porteña 1958 — Los Mucha­chos De Antes.

Une ver­sion tonique et courte à la flûte et gui­tare. C’est agréable à écouter, mais pas for­cé­ment à danser pour les véri­ta­bles danseurs de milon­ga. Mais cela peut faire plaisir aux timides de la milon­ga.

Silue­ta porteña 1967-03-17 — Los Siete Del Tan­go con Glo­ria Velez y Lalo Mar­tel. C’est notre milon­ga du jour.
Silue­ta porteña 1970 — Orques­ta Dona­to Rac­ciat­ti.

On retrou­ve la tonic­ité et la joie de Rac­ciat­ti dans cet enreg­istrement. Il est sans doute d’un tem­po un peu rapi­de pour la plu­part de danseurs et finale­ment un peu trop réguli­er pour amuser les bons danseurs de milon­ga.

Silue­ta porteña 1971-08-04 — Miguel Vil­las­boas y su Sex­te­to Típi­co.

On reste en Uruguay. Vil­las­boas adopte un tem­po un peu plus mod­éré que son com­pa­tri­ote.

Silue­ta porteña 2003 — Los Man­cifes­ta. Une autre ver­sion rapi­de, peut-être trop rapi­de, mais avec des danseurs bien échauf­fés et prêts à tout, c’est peut-être à ten­ter. Reste à trou­ver ces danseurs. On retrou­ve un duo.
Silue­ta Porteña 2011 — Luces de .

On change d’u­nivers et là, on arrive au sum­mum du plat. Ce n’est pas très intéres­sant, à mon avis.

La plu­part des orchestres con­tem­po­rains jouent cette milon­ga et vous pour­rez don­ner en com­men­taire des de vos pas avec un de ces orchestres.

L’après-midi criol­lo, au ciel limpi­de et brodé de nuages, tu le portes dans tes cheveux. La ban­nière argen­tine est toute ta fierté… Et que de soleil con­ti­en­nent tes yeux !