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Otra vez carnaval (Noche de carnaval) 1942-01-03 — Orquesta Carlos Di Sarli con Roberto Rufino

Carlos Di Sarli Letra: Francisco García Jiménez

Le Car­naval était, chaque année, un moment clef pour les orchestres de tan­go. À cette occa­sion, des orchestres se regroupaient pour pro­pos­er des orchestres immenses et des mil­liers de danseurs “tan­guaient” sur les pistes plus ou moins impro­visées, dans les rues, les places ou les salles de con­cert, comme le Luna Park. Mais Car­naval, c’était bien plus que le seul tan­go. C’était un moment de libéra­tion dans une vie sou­vent dif­fi­cile et par­fois, l’occasion de ren­con­tres, comme celle que nous narre ce tan­go de Di Sar­li.

Extrait musical

Otra vez car­naval (Noche de car­naval) 1942-01-03 — Orques­ta Car­los Di Sar­li con Rober­to Rufi­no.
Par­ti­tion de piano de Otra vez car­naval de Di Sar­li et Jiménez.

Paroles

En los ojos llev­a­ba la noche
y el amor en la boca…
Car­naval en su coche
la pasea­ba tri­un­fal.
Ser­penti­na de mági­co vue­lo
fue su amor de una noche;
ser­penti­na que luego arras­tró mi dolor
enreda­da en las ruedas de un coche
cuan­do el cor­so en la som­bra quedó…

Otra vez, Car­naval,
en tu noche me cita
la mis­ma boni­ta
y audaz mas­cari­ta…
Otra vez, Car­naval,
otra vez, como ayer,
sus locos amores
le vuel­vo a creer.
Y aca­so la llore
mañana otra vez…

Fugi­ti­vas se irán en la auro­ra
la ven­tu­ra y la risa…
¡Ten­drán todas mis horas
una gris soledad!
En mis labios habrá la ceniza
de su nue­vo desaire;
y despo­jos del sueño tan sólo serán,
un per­fume ron­dan­do en el aire
y en el sue­lo un pequeño antifaz…
Car­los Di Sar­li Letra: Fran­cis­co Gar­cía Jiménez

Traduction libre

Dans ses yeux, elle por­tait la nuit et l’amour à la bouche…
Car­naval dans son char la fai­sait défil­er tri­om­phale­ment.
Un ser­pentin de vol mag­ique fut son amour d’une nuit ;
ser­pentin qui ensuite traî­na ma douleur empêtrée dans les roues d’une voiture lorsque le char dans l’om­bre s’im­mo­bil­isa…

Encore une fois, Car­naval, dans ta nuit, me don­na ren­dez-vous, la même belle et auda­cieuse, masquée…
Encore une fois, Car­naval, encore une fois, comme hier, ses amours folles, je reviens à les croire.
Et peut-être que je la pleur­erai demain, encore une fois…

Les fugi­tives s’en iront dans l’au­rore, la for­tune et les rires…
Toutes mes heures auront une soli­tude grise !
Sur mes lèvres res­teront les cen­dres de son nou­veau cam­ou­flet ;
et les restes du rêve ne seront plus qu’un par­fum planant dans l’air et sur le sol un petit masque…

Autres versions

Otra vez car­naval (Noche de car­naval) 1942-01-03 — Orques­ta Car­los Di Sar­li con Rober­to Rufi­no. C’est notre tan­go du jour.
Otra vez car­naval (Noche de car­naval) 1947-01-14 — Orques­ta Car­los Di Sar­li con Jorge Durán. Cinq ans plus tard, nou­veau chanteur. Di Sar­li réen­reg­istre sa com­po­si­tion.
Otra vez car­naval 1981-08-12 — Rober­to Goyeneche con Orques­ta Típi­ca Porteña. Une ver­sion à écouter.

Carnaval

Les fes­tiv­ités de Car­naval se sont vues à plusieurs repris­es inter­dites en Argen­tine. Il faut dire qu’au XIXe siè­cle, cela don­nait sou­vent lieu à des débor­de­ments.
Il s’agissait de man­i­fes­ta­tions plutôt spon­tanées jusqu’au dix-neu­vième siè­cle, elles furent inter­dites ou lim­itées à cer­tains lieux, notam­ment dans le cadre de la lim­i­ta­tion des pop­u­la­tions d’origine africaines.

1869, l’état autorise le carnaval et l’organise

C’est Sarmien­to, de retour d’un voy­age en Ital­ie où il avait assisté aux fes­tiv­ités de Car­naval, qui les a rétablies offi­cielle­ment en 1869 sous la forme du défilé.

Défilé en 1931, 1940 et de nos jours (Gualeguay­chú, province de Entre Ríos).

Tango et carnaval

Les orchestres étaient mis à con­tri­bu­tion et, durant les décen­nies tan­go, les orchestres de tan­go fai­saient danser plusieurs mil­liers de cou­ples. Pas seule­ment à Buenos Aires, mais aus­si à Mon­te­v­ideo et Rosario, notam­ment.

Affich­es de car­navals. 1917 Fir­po et Canaro — 1940 Eddie Kay (Jazz), Canaro, Frese­do et D’Arien­zo (voir le petit jeu en fin d’ar­ti­cle). Ensuite, Di Sar­li et enfin une affiche de 1950 avec Troi­lo et De Ange­lis.

Exemple de règlement mis en place durant la dictature militaire (Cordoba, 1976/02/23)

La plus récente pro­hi­bi­tion fut par­tielle. C’était pen­dant la dernière dic­tature du vingtième siè­cle. Le Car­naval n’avait pas été aboli, mais deux con­di­tions avaient été posées :
“Se pro­híbe el uso de dis­fraces que aten­ten con­tra la moral y la decen­cia públi­cas: uni­formes mil­itares, poli­ciales, vestiduras sac­er­do­tales y los que ridi­culi­cen a las autori­dades del Esta­do u otras naciones.
-Está per­mi­ti­do de 9 a 19, jugar con agua en bue­nas condi­ciones de higiene, glo­bitos y pomos.”
« L’u­til­i­sa­tion de cos­tumes qui vio­lent la moral­ité publique et la décence est inter­dite : uni­formes mil­i­taires, uni­formes de police, vête­ments sac­er­do­taux et ceux qui ridi­culisent les autorités de l’É­tat ou d’autres nations. (On notera que la lec­ture peut être à dou­ble niveau et que l’on pour­rait y con­sid­ér­er les vête­ments mil­i­taires et sac­er­do­taux comme indé­cents…)
-Il est per­mis de 9 h à 19 h de jouer avec l’eau dans de bonnes con­di­tions d’hy­giène, les bal­lons et les pom­meaux. » (Les jeux d’eau sont en effet courants, il faut dire que l’époque du car­naval cor­re­spond au plein été en Argen­tine).

Les jeux avec l’eau sont restés per­mis pen­dant la dic­tature.

Cepen­dant, durant la Dic­tature, il n’y a pas eu de Car­naval pro­pre­ment dit, pas de défilés et de grandes fêtes pop­u­laires.

La fin de la dictature et le retour du Carnaval

Lorsque Alfon­sin fut élu en 1983, il mit en œuvre son pro­gramme « Avec la démoc­ra­tie on mange, on se soigne et on s’éduque ». L’année suiv­ante, le car­naval de nou­veau libéré a pris une saveur par­ti­c­ulière et, peu à peu, les ten­ta­tives de coup d’État se sont espacées et la démoc­ra­tie s’est implan­tée pour une quar­an­taine d’années.

Le car­naval de 1984 est impor­tant, car il fête le retour de la démoc­ra­tie et, par la même, le retour du Car­naval sous sa forme habituelle.

En 2023, le con­grès por­tait des ban­deroles 40 ans de démoc­ra­tie, en sou­venir de cette époque.

Le gou­verne­ment précé­dent avait fait plac­er deux ban­deroles, de part et d’autre de l’en­trée des députés au Con­grès (Con­gre­so). J’ai pris cette pho­to, peu de temps après le change­ment de gou­verne­ment. Une des ban­deroles avait dis­paru. On remar­quera une scène éton­nante, ce livreur qui dort sur la chaussée (emplace­ment réservé aux voitures offi­cielles). Il ne reste bien sûr plus de ban­de­role aujourd’hui et les indi­gents sont priés de dormir hors de la ville. Les mate­las de for­tune et les mai­gres pos­ses­sions de ces per­son­nes sont brûlés. Cela sem­ble fonc­tion­ner, on ren­con­tre beau­coup moins de per­son­nes dor­mant dehors main­tenant. Mais il suf­fit de franchir les lim­ites de la ville pour con­stater que ce n’est pas une amélio­ra­tion de la sit­u­a­tion des plus pau­vres, mais un sim­ple « net­toy­age ».

Petit jeu (très facile)

Observez cette affiche et attribuez à chaque chef d’orchestre son ou ses chanteurs…

Affiche de la Radio El Mun­do de Buenos Aires pour le Car­naval de 1940.
À gauche les orchestres et à droite les chanteurs…

Réponse au petit jeu

J’imagine que vous n’avez pas trop eu de dif­fi­culté pour ce qui est de rac­corder les orchestres avec leurs chanteurs de tan­go.
Il restait ensuite deux noms, Eddie Kay et Rudy Green, qu’il sem­ble donc logique d’associer, car ils sont moins con­nus.
Eddie Kay, pianiste né en Ital­ie et qui est passé aupar­a­vant par les États-Unis pour sa for­ma­tion musi­cale avant de retourn­er en Ital­ie, puis de s’installer en Argen­tine.
Étant don­né son passé en Amérique du Nord, il est ten­tant d’en faire un musi­cien de jazz. On n’aurait pas tort, mais sa ren­con­tre avec Gardel, qui se trans­for­ma en ami­tié, a fait qu’il a élar­gi ses hori­zons et a égale­ment com­posé des tan­gos. Cepen­dant, en ce qui con­cerne l’affiche de notre jeu, il inter­ve­nait bien comme orchestre de jazz (Fox­trots, valses et dans­es importées d’Amérique du Nord). Son groupe Alaba­ma Jazz, a un nom qui mar­que bien les ambi­tions de cet orchestre, tout comme le pseu­do­nyme Eddie Kay car son nom véri­ta­ble était Edmun­do Tul­li, ce qui fait net­te­ment moins, jazzman.
Il reste Rudy Green. Là, je n’ai pas trou­vé trace du bon­homme. Il y a bien un Rudy Green, mais celui-ci était noir et avait com­mencé sa car­rière en 1946 à Nashville alors qu’il avait 14 ans. Il s’agit donc for­cé­ment d’un autre Rudy Green, le type sur l’affiche n’a pas une tête de gamin noir de 8 ans…
Je ne sais donc pas si ce chanteur était asso­cié à Eddie Kay, mais, par son nom ou pseu­do­nyme, on peut penser qu’il grav­i­tait égale­ment autour du Jazz. Peut-être qu’un jour la lumière se fera sur ce point et alors, je vous en avis­erai.

Les répons­es. Le lien entre Eddie Kay et Rudy Green est une hypothèse, fort prob­a­ble, mais sans garantie…

Un petit cadeau

J’ai mon­té quelques images fix­es et ani­mées de Car­naval. Cela vous per­me­t­tra de vous faire une idée du phénomène.

Quelques images de Car­naval de 1889 à nos jours.

À bien­tôt, les amis !

Después del carnaval 1941-06-19 Orquesta Osvaldo Fresedo con Ricardo Ruiz

José Antonio Amunchástegui Keen (Paroles et musique)

Emportée par la foule, la célèbre chan­son d’Edith Piaf pour­rait être la sœur de notre tan­go du jour. Les deux nous comptent un amour éphémère, séparé par la foule dans le cas d’Edith et par le cortège de Car­naval dans celui de Ricar­do Ruiz. Le car­naval était au vingtième siè­cle un événe­ment pour les orchestres de tan­go.

Extrait musical

Después del car­naval 1941-06-19 Orques­ta Osval­do Frese­do con Ricar­do Ruiz

Paroles

Se fueron las horas
de algar­abía
que Momo brindara
con ale­gría…
Callaron las risas
de Colom­bi­na…
Pier­rot agon­i­za
entre ser­per­ti­nas.
Murió car­naval y su corte­jo
de ale­gre y loca bul­languería….
Cor­ne­tas y gri­tos se escuchan lejos,
vibran­do las almas, al recor­dar…

Recordé que una noche
el amor me brindó
dos labios plenos de pasión
y ardor….
Fue una noche que
llora­ban los vio­lines
un triste vals de
prome­sas olvi­dadas…
mien­tras la luna plate­a­ba los jar­dines
un beso ardi­ente en la noche pal­pitó.

Mas el encan­to
de aque­l­las horas,
al morir Momo
se diluyó.
Y con mi dolor
a solas
lloré la muerte
de mi ilusión.

Hoy solo escu­cho
los tristes ecos
de aque­l­la ale­gría
y de aquel beso…
Mien­tras en las calles
las ser­per­ti­nas
en lla­mas de fuego
se ven que­mar!
Y entre cenizas car­navalescas
aún quedan ardi­entes mis ilu­siones…
mi ensueño, el beso y las prome­sas
prendieron la lla­ma, ¡de aquel soñar!…

Mas no fue solo un sueño
de amor que bril­ló;
tra­jo tam­bién el plac­er
dolor…
Pues la ilusión tam­bién
dejó su huel­la triste,
al ausen­tarse entre el
corte­jo que march­a­ba…
lleván­dose con su ale­gre mas­cara­da
mi últi­mo sueño de amor que allí tejí…

Pues ya soña­ba, que fuera eter­na
la breve dicha, que ayer viví…
Y con mi pesar, yo ruego
que vuel­va pron­to otro Car­naval.

José Anto­nio Amunchástegui Keen (Paroles et musique)

Traduction libre et indications

Les heures de vacarme où le Roi Momo trin­quait avec joie sont révolues. (La algar­abía, c’est le bruit que l’on entend entre les morceaux dans les milon­gas de Buenos Aires, quand les gens par­lent tous en même temps, c’est le brouha­ha. Le Roi Momo était la fig­ure emblé­ma­tique du car­naval, inspiré du Dieu Momos ou Momus des Grecs anciens, repris par les Romains dans leurs sat­ur­nales. Le car­naval a été dif­fusé en Amérique du Sud, avec le suc­cès que l’on sait, notam­ment en Colom­bie et au Brésil. En Argen­tine, et Uruguay, le car­naval est égale­ment un élé­ment impor­tant de l’année et cela depuis le début du vingtième siè­cle.)
Les rires de Colom­bine se sont tus…
Pier­rot ago­nise au milieu des ser­pentins.
Car­naval est mort (Le Roi Momo, comme le Bon­homme Car­naval en France, ter­mine générale­ment assez mal, noyé, brûlé…) et son cortège de bruit joyeux et fou tin­ta­marre (bul­languería est un syn­onyme de algar­abía)
Des cor­nets (comme ceux du tran­via, tramway) et des cris se font enten­dre au loin, faisant fris­son­ner les âmes au sou­venir…
Je me suis sou­venu qu’une nuit l’amour m’a don­né deux lèvres pleines de pas­sion et d’ardeur… C’était une nuit où les vio­lons pleu­raient, une triste valse de promess­es oubliées… Alors que la lune argen­tait les jardins, un bais­er ardent dans la nuit pal­pi­tait.
Mais le charme de ces heures, où Momo mou­rut, se dilua. Et avec ma seule douleur, j’ai pleuré la mort de mon illu­sion (illu­sion est comme tou­jours un sen­ti­ment d’amour).
Aujourd’hui, je n’entends que les tristes échos de cette joie et de ce bais­er…
Alors que dans les rues, on voit brûler les ser­pentins en flammes de feu et par­mi les cen­dres car­nava­lesques, mes illu­sions brû­lent encore… Mon rêve, le bais­er et les promess­es ont allumé la flamme de ce rêve…
Mais ce n’était pas seule­ment un rêve d’amour qui bril­lait, il appor­tait aus­si du plaisir et de la douleur.
Puis, l’illusion a aus­si lais­sé son empreinte triste, lorsqu’elle s’est éclip­sée entre le cortège en marche… empor­tant avec sa joyeuse mas­ca­rade mon dernier rêve d’amour que j’y ai tis­sé…
Enfin, j’avais déjà rêvé que ce bref bon­heur que j’ai vécu hier serait éter­nel… Et avec mon regret, je prie pour que revi­enne bien­tôt un autre car­naval.

Carnaval

Quand on pense, Amérique du Sud et Car­naval, c’est bien sûr Rio de Janeiro qui a la vedette. Mais en fait, les colons européens ont apporté le car­naval dans toute l’Amérique du Sud et l’Argentine et l’Uruguay l’ont égale­ment adop­té, au début du vingtième siè­cle. Les per­cus­sions de la mur­ga font un fond sonore puis­sant, mais la danse étant au pro­gramme, les orchestres sont mobil­isés et plusieurs orchestres se sont for­més pour ces occa­sions, de façon éphémère ou plus durable. Hier, nous avons vu l’orchestre Fir­po-Canaro qui avait ani­mé le car­naval à Rosario, il y en a beau­coup d’autres, comme Polito‑D’Arienzo pour le car­naval de 1929 ou le Gre­co-Canaro pour les car­navals de 1914 — 1915.
On se sou­vien­dra aus­si de Alfre­do Bigeschi qui écriv­it son pre­mier tan­go pour le car­naval de la Boca.

Mur­al de Ben­i­to Quin­quela Martín Le car­naval de la Boca — 1936.
Le car­naval de la Boca. La bande « Juven­tud Bar Ori­ente ».

La bande « Juven­tud Bar Ori­ente » est née à la fin de 1952 (comme en témoigne son éten­dard). Elle représen­tait son quarti­er. Cette bande s’était organ­isée en club social et avait son siège près de la bom­bon­era, le stade de Boca Junior.

Un film que nous avons déjà évo­qué Car­naval de Antaño (1940), présente des images recon­sti­tu­ant le car­naval de 1912.

Car­naval de antaño. Recon­sti­tu­tion du car­naval de 1912 — Les chars, les défilés et un bal dans le film de Manuel Romero, Car­naval de Antaño (1940).
À par­tir de 1936, Canaro inau­gure les bals au Luna Park, la grande salle de spec­ta­cle de Buenos Aires. Sur cette image, on peut voir la pro­pa­gande pour Coca Cola et la quan­tité incroy­able de danseurs sur la piste.

Dans ses mémoires, Canaro cite ses dif­férentes presta­tions pour des car­navals, de Rosario à Mon­te­v­ideo en pas­sant par Buenos Aires. L’apothéose est sans doute con­sti­tuée par les bals géants qu’il ani­mait au Luna Park.

Autres versions

Después del car­naval 1941-06-19 Orques­ta Osval­do Frese­do con Ricar­do Ruiz. C’est notre tan­go du jour. La ver­sion la plus dif­fusée en Europe.
Después del car­naval 1958-05-28 — Orques­ta José Bas­so con Flo­re­al Ruiz.

Avec un autre Ruiz qui n’est pas le frère du pre­mier. En effet, les deux frères de Flo­re­al s’appellaient, Frater­nidad et Lib­er­tario. Voilà ce que c’est que d’avoir un père anar­chiste…

Después de car­naval 1958-08-20 — Héc­tor Pacheco y su Orques­ta dir. por Car­los Gar­cía.

Hec­tor Pacheco l’enregistre avec son orchestre. C’est bien sûr une ver­sion à écouter. On notera que le titre est ; Después de car­naval et non pas Después del car­naval comme dans toutes les autres ver­sions.

Después del car­naval 1959-01-12 Orques­ta Osval­do Frese­do con Hugo Mar­cel.

Frese­do nous pro­pose une ver­sion très dif­férente où les ban­donéons stac­catos con­trastent avec les vio­lons legatos. Ce Frese­do tardif com­porte cepen­dant des fior­i­t­ures qui n’ont pas bien vieil­li et l’on se con­tentera, pour nos milon­gas, de la ver­sion de 1941.

En 1986, José Bas­so enreg­istre de nou­veau ce titre avec Eduar­do Bor­da y Quique Oje­da. Je vous pro­pose ici une ver­sion télévisée.

José Bas­so con Eduar­do Bor­da y Quique Oje­da dans Después del car­naval.

 On n’est pas dans la danse, mais en 1986, c’était à peine le début du renou­veau du tan­go dan­sé à Buenos Aires.

Deux ver­sions par Di Paulo

Después del car­naval — Orques­ta Alber­to di Paulo V1.
Después del car­naval — Orques­ta Alber­to di Paulo V2.

Pour nous réc­on­cili­er avec la danse, une ver­sion con­tem­po­raine, par le Sex­te­to Cristal.

Despues del car­naval — Sex­te­to Cristal con Guiller­mo Rozen­thuler.

Ce sex­te­to a le mérite de ressor­tir des titres un peu oubliés mal­gré leur qual­ité. Il garde les arrange­ments d’origine, ici, ceux de Frese­do avec Ruiz. Le résul­tat est donc tout à fait dans­able, bien plus que les derniers titres de ma petite liste…

À demain, les amis !

Serpentinas de esperanza 1946-02-08 (Tango) — Orquesta Ángel D’Agostino con Ángel Vargas

José Canet Letra: Afner Gatti

Les ser­pentins de l’e­spérance racon­te les espoirs d’un homme qui a des sen­ti­ments pour une femme lors d’un car­naval (févri­er, c’est juste­ment l’époque du car­naval). Il espère qu’une fois l’ivresse du car­naval dis­paru, le lien avec sa com­pagne ne s’é­vanouira pas.
D’Agosti­no et Var­gas, tous les deux prénom­més Ángel (ange), ont for­mé un cou­ple artis­tique au point qu’ils ont été surnom­més les petits anges (Angeli­tos).
En 5 ans, ils ont enreg­istré 93 tan­gos comme celui-ci (Tres esquinas, A las siete en el café, Ave de paso, Madre­sel­va, Yo soy de Par­que Patri­cios…).
Aupar­a­vant, D’Agosti­no a enreg­istré avec Raúl Aldao et par la suite avec un autre Raúl, Raúl Lav­ié, Tino Gar­cía, Ricar­do Ruiz, Rober­to Alvar et Rubén Cané.
Mais la pro­duc­tion idéale de d’Agosti­no est bien dans les années 40 et avec Var­gas. On notera toute­fois un “OVNI”, Cafe Dominguez (avec glosas de Julián Centeya), mais qui date de 1955 et qu’il est dif­fi­cile d’ap­pari­er tant la pro­duc­tion de d’Agosti­na est dif­férente et moins intéres­sante à cette époque. Ce qui fait que beau­coup de DJ met­tent après Café Dominguez des titres de la décen­nie précé­dente avec Var­gas.

Extrait musical

Ser­penti­nas de esper­an­za 1946-02–08 — Orques­ta Ángel D’Agosti­no con Ángel Var­gas

L’archive sonore présen­tée ici, l’est à titre d’ex­em­ple didac­tique. La qual­ité sonore est réduite à cause de la plate­forme de dif­fu­sion qui n’ac­cepte pas les fichiers que j’u­tilise en milon­ga et qui sont env­i­ron 50 fois plus gros et de bien meilleure qual­ité. Je pense toute­fois que cet extrait vous per­me­t­tra de décou­vrir le titre en atten­dant que vous le trou­viez dans une qual­ité audio­phile.

Paroles

Con su luz y piedras fal­sas, pasa, bel­la y sug­es­ti­va, la ilusión, enredan­do ser­penti­nas de esper­an­za.

Esta noche bajo el arco de la vida,
va pase­an­do su locu­ra el car­naval,
sue­na el mun­do la cor­ne­ta de su risa
y se ha puesto una care­ta de bon­dad.
Atavi­a­da con su luz y piedras fal­sas,
pasa, bel­la y sug­es­ti­va, la ilusión,
enredan­do ser­penti­nas de esper­an­za
en la tier­na man­dolina de un pier­rot.

Esta noche estás lin­da como nun­ca,
mi román­ti­ca prince­sa de papel
y en el bril­lo de tus ojos va la luna,
cuan­do pasas en tu raro car­rusel.
Yo tenía el corazón un poco enfer­mo
pero aho­ra me ha vuel­to a son­reír
y bail­am­os embria­ga­dos de con­tento,
bajo un tra­je alquila­do de Arle­quín.

Ya se va la car­a­vana bul­languera
y me ape­na, saber que tú te vas
y si llevas la flor de mi Quimera,
yo me que­do con la rosa que me das.
Con mis ver­sos tiraré papel pic­a­do,
porque se haga menos triste nue­stro adiós,
porque aún el car­naval no ha ter­mi­na­do
y prosigue en las almas de los dos.

José Canet Letra: Afn­er Gat­ti

Traduction

Ce soir, sous l’arc de la vie, le car­naval promène sa folie, le monde sonne le cla­iron de ses rires et s’est affublé d’un masque de bon­té.
Vêtu de sa lumière et de fauss­es pier­res, l’illusion passe, belle et sug­ges­tive, enchevê­trant des ser­pentins d’e­spoir sur la ten­dre man­do­line d’un pier­rot.

Ce soir, tu es belle comme jamais, ma roman­tique princesse de papi­er et, dans l’é­clat de tes yeux va la lune, quand tu pass­es dans ton étrange car­rousel.
J’avais le cœur un peu malade, mais main­tenant, je souris à nou­veau et nous dan­sons, ivres de joie, sous un cos­tume d’Ar­le­quin loué.

La car­a­vane tumultueuse s’en va et cela m’at­triste de savoir que tu pars et si tu emportes la fleur de ma Chimère, je reste avec la rose que tu m’as don­née.
Avec mes vers, je lancerai des con­fet­tis, pour que nos adieux soient moins tristes, car le car­naval n’est pas encore ter­miné et con­tin­ue dans nos deux âmes.

Autres versions

Ce titre a égale­ment été enreg­istré 11 ans plus tôt par Miguel Caló avec la voix de Car­los Dante.

Ser­penti­nas de esper­an­za 1935-04-05 — Orques­ta Miguel Caló con Car­los Dante

Cet arti­cle a été mis à jour le 8 févri­er 2025 (ajout de la tra­duc­tion des paroles et de la ver­sion de Caló et Dante).

Ce soir sous l’arche de la vie, le car­naval vit sa folie, le monde sonne le cla­iron de son rire et a mis un masque de gen­til­lesse. Habil­lé de ses pier­res légères et fauss­es, l’il­lu­sion passe, belle et sug­ges­tive, des ser­pentins d’e­spoir enchevêtrés sur la ten­dre man­do­line d’un Pier­rot.