Le nettoyage des disques Shellac 78 tours

Les dis­ques Shel­lac (gomme-laque), sont les dis­ques 78 tours. Ceux qui ont accueil­li la musique de l’âge d’or du tan­go. Ce sont des témoins pré­cieux qu’il con­vient de préserv­er.

Sur la diffusion de disques historiques en

Cer­tains DJ ont choisi de pass­er des dis­ques 78 tours en milon­ga, ce qui est une pra­tique que je ne cau­tionne pas, car elle est dan­gereuse pour les dis­ques et n’ap­porte absol­u­ment rien à la qual­ité sonore de la presta­tion.
Elle est dan­gereuse, car les dis­ques se cassent facile­ment et le pas­sage répété de la pointe de lec­ture abîme le sil­lon et donc dégrade le sig­nal sonore.
De plus, l’usage de dis­ques hétérogènes et avec un choix réduit (on ne peut pas trans­porter 600 dis­ques à une milon­ga) lim­ite les pos­si­bil­ités d’ de la milon­ga.
Sans une pointe de sno­bisme de la part des , cette pra­tique n’ex­is­terait pas.

Je ne par­le pas des DJ qui passent des vinyles, ces sup­ports ont peu d’in­térêt en ce qui con­cerne la musique de l’âge d’or, car ce sont des copies de copies et qu’il existe des enreg­istrements de bien meilleure qual­ité réal­isés à par­tir des orig­in­aux.
Là, au sno­bisme, se rajoute la dif­fu­sion d’une musique de qual­ité médiocre, sou­vent noyée dans de la réver­béra­tion out­rée.

Prendre soin de ses disques

Le pre­mier soin est de ne pas utilis­er inutile­ment le disque. Il con­vient d’en faire une copie de sauve­g­arde, celle qui gardera l’é­tat opti­mal de la copie à dis­po­si­tion.
On gardera le disque pour un usage ultérieur, par exem­ple si la tech­nique de numéri­sa­tion a pro­gressé, mais en dehors de cela, on le lais­sera tran­quille.
Je partage ici quelques con­seils pour vous per­me­t­tre de tir­er le meilleur par­ti de ces dis­ques, si vous avez la chance d’en trou­ver en bon état. Cepen­dant, cela devient de plus en plus dif­fi­cile.

Rien n’est éternel, les disques 78 tours non plus

Les dis­ques 78 tous en gomme laque sont frag­iles. Ils se cassent facile­ment en tombant. Il con­vient donc de les manip­uler avec soin.
La matière, elle-même peut se dégrad­er au de l’air, de l’hu­mid­ité, de solvants, par usure, abra­sion ou en se cou­vrant de pous­sière ou autres matières.
Un autre enne­mi per­ni­cieux est le scotch que l’on utilise par­fois pour répar­er les pochettes.
Il y a aus­si les éventuels débris ali­men­taires et autres déchets organiques, les moi­sis­sures.

Bien conserver les disques

L’idéal serait de plac­er les dis­ques dans des pochettes non acides en polypropy­lène sans acide ou en papi­er Perma/Dur, sans acide, sans lig­nine et avec réserve alca­line (pour lut­ter con­tre l’acid­ité présente).
En effet, l’acid­ité du papi­er orig­i­nal fait que les pochettes peu­vent endom­mager la sur­face du disque et donc le son qu’il porte.
Des pochettes sans acides sont donc essen­tielles. Les pochettes orig­i­nales sont par ailleurs sou­vent dégradées, cas­santes et les con­serv­er n’est pas aus­si indis­pens­able dans la mesure où la majorité est sans aucune indi­ca­tion, les infor­ma­tions étant sur l’é­ti­quette du disque, vis­i­ble par le trou cen­tral de la pochette. Celles qui sont décorées ont un intérêt, mais elles sont les mêmes pour tous les dis­ques d’une même époque et du même édi­teur. On peut donc con­serv­er celles dans le meilleur état, séparé­ment ou les con­serv­er pour si on souhaite reven­dre un jour sa col­lec­tion.
Il existe égale­ment des albums ou des boîtes per­me­t­tant de ranger quelques dizaines de dis­ques. C’est une bonne solu­tion pour l’archivage.

Pochettes et boîtes darchivages non acides et avec réserve alca­line Lidéal pour préserv­er les dis­ques his­toriques

Les dis­ques se rangent de toute façon de façon ver­ti­cale. Légère­ment ser­rés, mais pas com­pressés.
L’hu­mid­ité doit être mod­érée (inférieure à 50 %), la lumière doit être atténuée et le lieu suff­isam­ment ven­tilé. En fait, ce sont les con­di­tions de con­ser­va­tion idéale de beau­coup de choses…
Faites atten­tion au mobili­er qui con­tient les dis­ques. Ce serait dom­mage de leur offrir des pochettes spé­ciales et de les met­tre dans une armoire dégageant du formaldéhyde à gross­es dos­es.

Procédure de numérisation des disques Shellac

Avant de ranger les dis­ques dans les nou­velles pochettes, il con­vient de les net­toy­er.
Je con­seille donc d’opér­er de la façon suiv­ante :

  1. Iden­ti­fi­ca­tion et saisie du disque dans la base de don­nées
  2. Pho­togra­phie rec­to ver­so de l’é­ti­quette
  3. Net­toy­age du disque (voir ci-dessous)
  4. Numéri­sa­tion du disque For­mat sans perte (WAV, AIFF, FLAC ou ALAC) 44 ou 48kHz 32 bits. Des valeurs supérieures n’ont aucun intérêt car il n’y a pas de sig­nal supérieur à 20 kHz (voire 15kHz) sur les dis­ques de pâte.
  5. Range­ment du disque dans les pochettes et boîtes
  6. Com­plé­ment de la base de don­nées (référence de la boîte).
  7. Édi­tion des tags de l’ numérique

Nettoyer le disque

L’é­tape 3 du proces­sus annon­cé ci-dessus con­siste à met­tre le disque en con­di­tion pour sa numéri­sa­tion et son archivage ultérieur.

Examen du disque à nettoyer

La pre­mière chose à faire est de véri­fi­er que le disque n’est pas fendu et qu’il n’y a pas des endroits où la gomme-laque s’est dégradée. Si c’est le cas, il va fal­loir être très pré­cau­tion­neux. Pour ma part, il m’est arrivé de sac­ri­fi­er une des faces du disque pour sauver l’autre face. Par exem­ple, si le disque est cassé et que les sil­lons d’un des côtés sont trop endom­magés.
J’u­tilise la face sac­ri­fiée pour ren­forcer le disque, afin que le sil­lon de la face choisie soit par­faite­ment con­tinu et que le disque soit aus­si plat que pos­si­ble. L’ar­ma­ture créée pour ren­forcer le disque est idéale­ment démontable, mais ce n’est pas tou­jours le cas. J’ai ain­si pu numéris­er des dis­ques qui étaient en plusieurs morceaux.

Mais revenons au processus le plus courant.

  1. Iden­ti­fi­er la matière du disque. Si on a déjà restau­ré des dis­ques de la même époque et du même édi­teur, les procédés précédem­ment util­isés devraient être effi­caces.
  2. Dépous­siér­er le disque avec un aspi­ra­teur muni d’une brosse adap­tée (poils anti­s­ta­tiques, idéale­ment en fibre de car­bone). Évidem­ment, ne pas utilis­er cette brosse pour d’autres usages. Atten­tion, ne surtout pas frot­ter. Si vous touchez la sur­face, faites-le dans le sens des sil­lons.
Pour aspir­er la pous­sière dun disque on peut utilis­er un aspi­ra­teur avec une brosse adap­tée poils en fibre de car­bone par exem­ple
  1. Véri­fi­er que la sur­face du disque est en bon état.
  2. Si après aspi­ra­tion et net­toy­age, le disque sem­ble pro­pre, essay­er de l’é­couter.
  3. Réglez l’é­gal­i­sa­tion dans votre sys­tème si vous avez d’autres courbes disponibles que la RIAA sur votre préam­pli phono. Si ce n’est pas le cas, vous gér­erez cela sur le fichi­er numérisé.
  4. Véri­fi­er la pro­preté du dia­mant (utilis­er une brosse adap­tée).
  5. Plac­er le disque sur la pla­tine
  6. Don­ner un coup de brosse anti­s­ta­tique en faisant tourn­er le disque
La brosse avec des poils en fibre de car­bone per­met den­lever la pous­sière Lidéal est de faire tourn­er le disque en main­tenant la brosse en appui très léger sur le disque
  1. Essayez de faire une pre­mière copie du disque.
  2. Si la copie est bonne et ne sem­ble pas devoir être améliorée, c’est ter­miné.
  3. Si vous pensez qu’il va fal­loir pouss­er le net­toy­age, gardez la copie en sécu­rité et passez aux étapes de net­toy­age, suiv­antes.
  4. Placez le disque sur une vieille pla­tine qui ne sert pas à la repro­duc­tion des dis­ques et qui ne craint pas des acci­dents éventuels avec les liq­uides.
  5. Procédez au net­toy­age humide du disque Shel­lac.
    Le net­toy­age humide est très effi­cace, mais il y a deux points très impor­tants à pren­dre en compte :
  • Il ne faut surtout pas utilis­er d’al­cool qui dégrade la laque et donc choisir un liq­uide adap­té.
    • Il ne faut pas mouiller l’é­ti­quette.

Il existe dans le com­merce des liq­uides pour le net­toy­age des dis­ques. Le plus inof­fen­sif est l’eau dis­til­lée. Bien sûr, on ne plonge pas le disque directe­ment dans le liq­uide, mais on dépose un film uni­forme sur la sur­face du disque en évi­tant de mouiller l’é­ti­quette. À l’aide d’une brosse ou tam­pon en microfi­bre, on répar­tit le liq­uide sur le disque en faisant tourn­er la pla­tine à la main en prenant garde de ne pas sor­tir de la direc­tion du sil­lon avec la brosse.
Lorsque toute la sur­face est recou­verte d’un fin film de liq­uide, met­tez la pla­tine en rota­tion (16 ou 33 tours/minute) en appli­quant légère­ment la brosse en microfi­bre.
La brosse crée un petit bour­relet en amont de son pas­sage, ce qui aide à déloger la saleté.
Si l’eau dis­til­lée ne vient pas à bout des résidus sur le disque, utilisez un pro­duit adap­té. Par exem­ple : Clea­r­au­dio Pure Groove Shel­lac.

Véri­fiez que le pro­duit porte bien la men­tion Shel­lac, car la plu­part des mag­a­sins vendent du pro­duit pour vinyle qui con­tient de l’al­cool et qui détru­irait votre disque 78 tours.
En revanche, le pro­duit spé­cial pour Shel­lac peut être util­isé sans incon­vénient pour les dis­ques vinyle.

Le pro­duit s’ap­plique comme décrit pour l’eau dis­til­lée.

Solu­tion pour disque Shel­lac véri­fi­er la men­tion sur la bouteille et une brosse avec tam­pons en microfi­bre
  1. Le séchage du disque est une étape impor­tante. Pas ques­tion de le laiss­er humide plus longtemps que néces­saire.
    Utilisez un chif­fon non pelucheux et, là encore, tou­jours agir dans le sens du sil­lon. Le but est d’en­lever le plus pos­si­ble de pro­duit de net­toy­age.
  2. Rincez le disque à l’eau dis­til­lée pro­pre. Il faut donc la chang­er très sou­vent (ne pas traiter 50 dis­ques avec la même eau).
    Si vous dis­posez d’une cuve à ultra­son assez pro­fonde, vous pou­vez posi­tion­ner le disque de façon qu’il trempe dans la cuve en met­tant un axe en tra­vers de la cuve.
    Met­tez les ultra­sons en fonc­tion­nement et faites tourn­er très lente­ment le disque.
    Atten­tion à ce que l’eau dis­til­lée ne coule pas sur l’é­ti­quette (essuyez le disque au fur et à mesure) qu’il sort de l’eau dis­til­lée).
Le disque est plongé dans la cuve à ultra­son mais atten­tion lé­ti­quette ne doit pas être immergée Il con­vient donc de ne pas trop pouss­er la puis­sance des ultra­sons pour éviter les éclabous­sures Comme les cuves sont très grandes il faut de gross­es quan­tités deau dis­til­lée Ce nest pas réelle­ment un incon­vénient cela per­met de­spac­er les rem­place­ments de leau
  1. Essuyez le disque à l’aide de chif­fons non pelucheux (dif­férents de celui util­isé pour éponger le liq­uide de net­toy­age…). Veillez à ne pas mouiller l’é­ti­quette dans la manip­u­la­tion.
  2. Laiss­er le disque ter­min­er de séch­er en le posi­tion­nant ver­ti­cale­ment. (veiller à ce que les sup­ports ne touchent que les bor­ds du disque et l’é­ti­quette).
  3. Si vous avez un aspi­ra­teur avec une brosse en fibre de car­bone dédiée à cet usage, vous pou­vez accélér­er le séchage en pas­sant la brosse dans le sens du sil­lon.
  4. Lorsque le disque est par­faite­ment sec, vous pou­vez repren­dre la numéri­sa­tion du disque après avoir véri­fié que la pointe de lec­ture était pro­pre. Vous devez bien sûr utilis­er une autre pla­tine que celle util­isée pour le net­toy­age…

Voilà, votre pré­cieux disque est désor­mais sauve­g­ardé. Il peut atten­dre sage­ment dans sa pochette et son boiti­er sécurisés que vous en ayez besoin. Mais en atten­dant, utilisez la mer­veilleuse copie numérique que vous avez réal­isée.

La restau­ra­tion et la sauve­g­arde de la musique his­torique est un devoir
avatar d’auteur/autrice
DJ BYC Bernar­do DJ — VJ

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