Lisón 1944-04-11 — Orquesta Rodolfo Biagi con Alberto Amor

José Ranieri Letra : Julián Centeya

Lison est un prénom à la mode depuis la fin du vingtième siè­cle. Il y a donc à pari­er que dans la nou­velle généra­tion de danseuses de tan­go, nous allons avoir prochaine­ment des Lison. Ce tan­go sera donc utile pour met­tre en valeur une de ces danseuses. Les des années 40 étaient ces grisettes qui avaient quit­té la France pour venir par­ticiper au «rêve» argentin.

Les auteurs

José Ranieri

José Ranieri (José Ranieri Mag­a­rot­ti) est égale­ment con­nu sous les pseu­do­nymes de Pir­u­la et Rudy Grant. Ne pas le con­fon­dre avec José Ranieri Vir­do, flûtiste et trompet­tiste de Canaro.
Le José Ranieri du jour est né à Buenos Aires le 20 décem­bre 1911 et décédé le 9 novem­bre 1972 (je ne sais pas où).
Il était ban­donéon­iste, trompet­tiste et com­pos­i­teur.

José Ranieri compositeur de tango et de jazz

Par­mi ses com­po­si­tions (tan­gos et jazz), citons :
A los mucha­chos (Pa’ los mucha­chos), Cantares de ori­ente, , , La novia del mar, Lisón, Muñe­qui­ta de París, Noches blan­cas, Oh ! Ma chérie, Pa’ los mucha­chos, , Que te cuente mi vio­lín, , Te quiero todavía.

José Ranieri trompettiste

Comme trompet­tiste, c’est un scoop, car je n’ai trou­vé nulle part la men­tion qu’il était trompet­tiste. Je répare donc cette lacune…

Me vuelves loco (You’re dri­ving me crazy) 1931-11-02 – Orques­ta Adol­fo Cara­bel­li con (Nico).

Vous avez cer­taine­ment déjà enten­du ce Fox-trot, car cer­tains DJ de tan­go le passent comme milon­ga… Il y a deux trompettes, celle d’I­gna­cio Ver­rot­ti et celle de José Ranieri.

Cantares de ori­ente 1931-03-26 — Adol­fo Cara­bel­li Jazz Band con Fran­cis­co Don­ald­son. Un autre fox-trot où il inter­vient à la trompette avec Ver­rot­ti. Il en est égale­ment le com­pos­i­teur.
Oh ! Ma chérie 1932-03 — Orques­ta Adol­fo Cara­bel­li, dont il est aus­si le com­pos­i­teur.

Noches Blan­cas — Elio Riet­ti y su Jazz Band.

Là, il y a trois trompettes, celle de Gae­tano Ochip­in­ti s’est rajoutée aux deux autres. Ranieri a égale­ment com­posé ce titre. Je vous le donne à écouter. Mais dif­fi­cile de dire laque­lle des trompettes est la sienne.

José Ranieri bandonéoniste

Curieuse­ment, si aucun site ne par­le de Ranieri comme flûtiste ou trompet­tiste, tous dis­ent qu’il était ban­donéon­iste, mais impos­si­ble de le trou­ver men­tion­né.
J’en suis donc réduit à des hypothès­es.
Le 26 mars 1931, Cara­bel­li enreg­istre deux titres. Cantares de ori­ente et Por qué?, un tan­go d’ et Emilio Augus­to Oscar Frese­do pour les paroles. Le chanteur est le même que pour Cantares de ori­ente et ce titre n’u­tilise pas la trompette. Est-il exagéré de sug­gér­er que Ranieri pour­rait avoir joué du ban­donéon, puisque ce serait son instru­ment prin­ci­pal dans cet orchestre ? Je n’ai aucune preuve de cela, mais je garde l’idée sous le coude, d’au­tant plus que durant cette péri­ode Cara­bel­li a enreg­istré divers Paso Dobles ou Fox-trots con­join­te­ment à des tan­gos.
Dernière hypothèse, existe-t-il un lien de par­en­té entre les deux José Ranieri ? Mag­a­rot­ti pour­rait être le nom de la femme de son père et Vir­do, celui de la femme de son grand-père pater­nel. Pas facile d’avoir des infor­ma­tions sur des instru­men­tistes dis­crets, plus d’un siè­cle après les faits (pas trou­vé dans les sites de généalo­gie).

Julián Centeya (Amleto Enrico Vergiati)

Julián Centeya est un poète et auteur de paroles de tan­go. Vous l’avez tous enten­du au début de Café Dominguez de Ángel D’Agosti­no. C’est lui qui dit le réc­i­tatif « Café Dominguez de la vie­ja calle que ya no que­da… ».
Il a mis les paroles sur le tan­go du jour, Lisón, notre tan­go du jour, mais aus­si sur Pa’ los mucha­chos (que l’on con­naît chan­té par Rober­to Rufi­no avec l’orchestre de Car­los Di Sar­li ou par Ángel Var­gas et son orchestre dirigé par Eduar­do Del Piano).
On lui doit aus­si les paroles de :
Claudinette, avec la musique de Enrique Pedro Delfi­no.
Este cuore, avec la musique de Daniel Melin­go.
Felici­ta, avec la musique de Hugo del Car­ril.
Julián Centeya, avec la musique de José Canet (on n’est jamais si bien servi que par soi-même).
La vi lle­gar, avec la musique de Enrique Franci­ni.
Lisón, avec la musique de Ranieri (notre tan­go du jour).
Llu­via de abril, avec la musique de Enrique Franci­ni.
Más allá de mi ren­cor, avec la musique de .

Extrait musical

Avec tous ces pro­pos lim­i­naires, vous pen­siez que nous n’y arriverons pas. Mais voici le tan­go du jour…

Lisón 1944-04-11 – Orques­ta Rodol­fo Bia­gi con Alber­to Amor.

Ce tan­go est assez rarement passé en milon­ga. Je pense que c’est en par­tie à cause de ses faux départs et de ses arrêts intem­pes­tifs. En effet, le rythme de la musique est cassé à de nom­breuses repris­es. Ce n’est pas for­cé­ment très agréable pour la danse.

Les paroles

Lisón
Tu amor quedó en mi corazón.
Lisón, dulce Lisón.
Y fue
La melodía de tu voz
Sen­tí triste can­ción.
Lisón
Eran tus manos blan­cas
Y yo soña­ba con la luna
Vida mía.
En un
Romance azul de juven­tud
Lisón, dulce Lisón.

Mucha­chi­ta de ojos negros
La can­ción
Del buen amor.
En la som­bra de los muelles
Es cru­el y llueve,
Pasa el vien­to que te nom­bra,
Y yo sueño entre las som­bras
Que te lla­ma, corazón
Con este amor.

José Ranieri Letra: Julián Centeya

Traduction libre et indications

Lison
Ton amour est resté dans mon cœur.
Lison, douce Lison.
Et c’é­tait la mélodie de ta voix, que je sen­tais être une triste chan­son.
Lison
C’é­taient tes mains blanch­es, et j’ai rêvé de la lune, ma vie.
Dans une romance bleue de jeunesse Lison, douce Lison.

Fille aux yeux noirs, la chan­son du bon amour.
Dans l’om­bre des quais c’est l’hiv­er cru­el et il pleut, le vent qui te nomme passe, et je rêve dans l’om­bre, qu’il t’ap­pelle, cœur, avec cet amour.

Autres versions

Ce titre n’a pas eu un énorme suc­cès, il n’a été enreg­istré que deux fois, en 1944.

Lisón 1944-04-11 – Orques­ta Rodol­fo Bia­gi con Alber­to Amor. C’est notre tan­go du jour
Lisón 1944-10-04 — Orques­ta Fran­cis­co Lomu­to con Alber­to Rivera.

Cette ver­sion est beau­coup plus liée. Les paus­es sont mieux annon­cées et si la ver­sion est plutôt moins énergique, elle peut con­venir à une tan­da de retour au calme, après une tan­da de milon­ga par exem­ple. La voix plus rare d’Al­ber­to Rivera n’est pas désagréable et la musique est sym­pa­thique, elle reste dans­able, même si ce n’est pas un des 50 titres indis­pens­ables sur l’île déserte.

Qui était Lisón ?

Lison était un prénom courant en France au début du vingtième siè­cle, voire un surnom courant. La jeune femme aux yeux noirs de la chan­son est donc prob­a­ble­ment une de ces grisettes qui effec­tu­aient des travaux domes­tiques ou peu­plaient les maisons clos­es de l’époque, comme tant d’autres qui ont inspiré les com­pos­i­teurs et auteurs de l’époque.
Vous pou­vez vous reporter à mes autres anec­dotes de tan­go sur le sujet, notam­ment En Lo de Lau­ra, El Porteñi­to, Madame Ivone, Bajo el cono azul ou Mañan­i­tas de Mont­martre (avant l’ex­por­ta­tion…).
En France, un autre tan­go porte le prénom Lison dans son titre : Tan­go pour Lison 1943 de Louis Moi­sel­lo avec des paroles d’Achem.
En France, tou­jours, le film musi­cal Ils sont dans les vignes réal­isé par Robert Ver­nay et sor­ti en 1952 con­tient une chan­son (valse) Le jupon de Lison chan­tée par Line Renaud. C’est un titre de Louis Gasté (Loulou) et avec des paroles de Bernard Michel et Philippe Gérard.
Pour revenir à la Lisón du tan­go du jour. Impos­si­ble à savoir vu le peu d’in­for­ma­tions sur la vie privée des auteurs et le nom­bre con­séquent de Lisón qui ont han­té les pen­sées des hommes de Buenos Aires.

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DJ BYC Bernar­do DJ — VJ

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