Por vos… Yo me rompo todo 1939-02-27 — Orquesta Francisco Canaro con Ernesto Famá

Francisco Canaro (Francisco Canarozzo) musique et paroles

Le tan­go d’aujourd’hui a été enreg­istré par Fran­cis­co Canaro avec le chanteur Ernesto Famá, le 27 févri­er 1939, il y a exacte­ment 85 ans. Mais je vous par­lerai aus­si de la ver­sion de son frère, Rafael, enreg­istrée la même année, en France et avec lui-même comme chanteur.

J’ai déjà cité deux Canaros, il s’agit en fait d’une famille de musi­ciens de tan­go que je vous invite à décou­vrir.

Les Canaros

De cette famille uruguayenne de musi­ciens, Fran­cis­co Canaro (Canaroz­zo) est sans doute le plus con­nu, mais il avait qua­tre frères musi­ciens de tan­go, Rafael, Hum­ber­to, Juan et Mario.

  • Fran­cis­co, l’aîné (26 novem­bre 1888 — 14 décem­bre 1964) était com­pos­i­teur, chef d’orchestre et vio­loniste.
  • Rafael (22 juin 1890 — 28 jan­vi­er 1972) était com­pos­i­teur, chef d’orchestre, con­tre­bassiste et joueur de scie musi­cale. Il a passé une douzaine d’années en France avant la Sec­onde Guerre mon­di­ale. Il a enreg­istré des tan­gos chan­tés en français, notam­ment avec Tou­s­saint.
  • Juan (23 juin 1892 — 16 mars 1977) était com­pos­i­teur, chef d’orchestre et ban­donéon­iste. Il est égale­ment passé par Paris, mais a beau­coup voy­agé et ne s’y est pas fixé.
  • Hum­ber­to (16 août 1896 — 26 août 1952) était com­pos­i­teur, chef d’orchestre et pianiste. Il n’est venu en France qu’après la Sec­onde Guerre mon­di­ale.
  • Mario (14 mai 1903 — 19 juin 1974) est le seul à être né en Argen­tine, à Buenos Aires et ne pas avoir été chef d’orchestre. En revanche, il était com­pos­i­teur, vio­loniste, ban­donéiste et con­tre­bassiste. Il ter­mi­na sa for­ma­tion musi­cale en France et en Bel­gique et res­ta à Paris, jusqu’en 1939, chas­sé, comme Rafael, par la guerre.

On con­stat­era que les frères Canaro pou­vaient à eux seuls faire un quin­tette de qual­ité. L’histoire des Canaro est égale­ment liée à la France. Ils ont per­mis au tan­go de se dévelop­per en rem­por­tant un immense suc­cès en Europe. Tous les frères y sont passés. Fran­cis­co y a fait plusieurs séjours et Rafael et Juan s’y sont étab­lis et n’en sont par­tis qu’à cause de la Sec­onde Guerre mon­di­ale.

Le titre du jour nous donne une preuve de l’internationalisme du tan­go, peut-être le même jour (il y a un petit doute entre le 26 et le 27 févri­er 1939, Fran­cis­co et Rafael enreg­is­traient Por vos… yo me rompo todo.

Le dialogue transatlantique

La ver­sion de Fran­cis­co a été enreg­istrée à Buenos Aires (matrice 9814–1) et dif­fusée par Odéon en Argen­tine et en Angleterre. Le chanteur en est Ernesto Famá dont la voix gouailleuse et un peu ironique con­vient bien au thème.

Rafael a, pour sa part, enreg­istré chez Colum­bia, en France (matrice CL 7130–1). C’est lui qui chante, ain­si que le chœur de ses instru­men­tistes qui rem­pren­nent les “ma chi­na” et le final, comme cela se fai­sait assez fréquem­ment à l’époque. À ce sujet, il y a deux jours, j’étais dans une milon­ga ani­mée par un quatuor (qui va prochaine­ment faire un tour en Europe) et où les musi­ciens fai­saient le chœur. Le résul­tat était mit­igé, car les voix étaient trop proches et désac­cordées. Pour moi, cela gâchait leur presta­tion musi­cale, car les qua­tre étaient d’excellents musi­ciens. Espérons que pour leur tournée en Europe ils vont aban­don­ner cette idée ou a min­i­ma ne laiss­er qu’un seul chanter ces brefs estri­bil­los pour ne pas atténuer le plaisir des danseurs.

Ver­sion Fran­cis­co dif­fusée en Argen­tine au cen­tre ver­sion Fran­cis­co éditée en Angleterre et à droite la ver­sion de Rafael éditée en France

Extrait musical

Vous aurez le droit à deux pour le prix d’un.

Por vos… yo me rompo todo 1939-02-27 — Orques­ta Fran­cis­co Canaro con Ernesto Famá
Por vos… yo me rompo todo 1939 — Orques­ta Rafael Canaro con Rafael Canaro y coro

Les paroles

Yo soy como el ave que can­ta y no llo­ra
Como la calan­dria, igual que un zorzal
Cuan­do can­to, can­to, cuan­do rio, rio
Cuan­do quiero, quiero con todo el corazón
Yo soy como el ave que can­ta y no llo­ra
Y bus­co un car­iño para mi pasión
Por vos yo me rompo todo
Mi chi­na
Por vos yo me juego entero
Mi vida
Por vos yo seré doc­tor, todo un gran señor
Rico y dis­tin­gui­do
Por vos yo seré ladrón, guapo y con padrón
Malo y atre­v­i­do
Por vos yo me rompo todo
Mi chi­na
Porque sos mi «mete­gol»

Fran­cis­co Canaro (Fran­cis­co Canaroz­zo) musique et paroles

Les paroles sont assez sim­ples et sans trop de sous-enten­dus qui les com­pliquent.
Voici, cepen­dant, quelques indi­ca­tions :

Je suis comme l’oiseau qui chante et ne pleure pas
La cal­en­dria (Mimus sat­urn­i­nus, espèce d’alouette) est un oiseau chanteur, très com­mun à Buenos Aires.
Le zorzal (tur­dus rufiven­tris, mer­le à ven­tre roux) est un autre oiseau chanteur. C’était aus­si le surnom de Car­los Gardel, référence en matière d e chant en Argen­tine…

Por vos yo me rompo todo […] Por vos yo me juego entero
Plusieurs inter­pré­ta­tions sont pos­si­bles, mais on pour­rait traduire par il se met en qua­tre, en risque, en jeu.

Mi chi­na
La chi­na est une femme de con­di­tion mod­este, de la cam­pagne, ou d’origine indi­enne, mais c’est aus­si un terme affectueux. Cela peut aus­si être un canif qui se dit « cor­ta­plumas » selon le dic­tio­n­naire lun­far­do de Dellepi­ane, ce qui prend sa saveur quand il se désigne comme étant un oiseau. Dans le cas présent, il est prob­a­ble que ma chérie serait une tra­duc­tion val­able, comme le con­firme l’expression Mi vida util­isée ensuite.

Il est vrai­ment prêt à tout, doc­teur, grand seigneur ou voleur, courageux, avec un casi­er judi­ci­aire. Riche et dis­tin­gué dans le pre­mier cas, mau­vais et auda­cieux dans le sec­ond.

Sos mi «mete­gol»

Un méte­gol, c’est un baby-foot (mar­quer un but). Le fait qu’il com­pare sa chi­na (chérie) à un baby-foot peut sem­bler étrange. Peut-être est-ce la preuve de la pas­sion des Argentins pour le foot et ce jeu. S’il aime cette femme autant que le baby-foot, c’est que c’est du sérieux. C’est peut-être moins glo­rieux s’il se réfère qu’il l’a à sa main et qu’il peut la manip­uler comme les per­son­nages du jeu.
La preuve que cet engoue­ment con­tin­ue, en 2013, ils ont réal­isé un film d’animation en 3D qui s’appelle Mete­gol… Le héros du film, Amadeo, est un pas­sion­né de foot­ball. Au point qu’il passe la ses journées, à jouer au baby-foot. Mais après qu’il eut bat­tu le caïd du coin, ce dernier le met au défi de jouer dans un véri­ta­ble match de foot­ball. Les per­son­nages du baby­foot vien­dront prêter main-forte à Amadeo. Au-delà, cet argu­ment se joue la lutte du passé et du futur. Le caïd, Grosso, veut ras­er la ville pour con­stru­ire un immense stade de foot­ball. Tous les ingré­di­ents de l’Argentine actuelle sont dans ce scé­nario, non ?

Mete­gol est un film argentin et espag­nol danimation en 3D Il a été dirigé par Juan José Cam­panel­la et est inspiré du con­te Memo­rias de un wing dere­cho de lécrivain argentin Rober­to Fonta­nar­rosa

GOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOLLLLL
(BUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUTTTT)

Tu es mon baby foot

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.