Tete Rusconi, cartas abiertas

Tete Rusconi

Tete Rus­coni avait l’habi­tude de dépos­er des let­tres ouvertes sur les tables des milon­gas pour expos­er sa vision du tan­go.
J’avais traduit deux de ces textes que je repro­duits ici :
- Une let­tre ouverte de Tete aux danseurs et aux pro­fesseurs en 2006.
- « Les Dits de Tete » à l’occasion de sa mort en 2010.

Apprenons à danser le tango — Aprendamos a bailar el tango

En 2006, j’avais traduit cette let­tre con­fiée par une amie, Régine C qui l’avait récupérée sur une table de Buenos Aires.
J’avais repro­duit ce texte sur le site de Tan­go Pas­sion, dont j’é­tais le créa­teur et le seul auteur à l’époque.

Let­tre de Tete dis­tribuée en 2006 à Buenos Aires Mer­ci à Régine C qui lavait rap­portée de Baires
Apprenons à danser le tan­go
Aujourd’hui, 9 jan­vi­er 2006, avec toute l’affection et le respect que j’ai pour vous, j’aimerais vous deman­der quelque chose. Ce n’est pas un reproche, pour qui que ce soit. Ce que j’aimerais, c’est que les jeunes et tous ceux qui dansent le tan­go com­pren­nent mon point de vue : Il n’est point besoin de trav­e­s­tir le tan­go, en aucune manière, car cette musique, si pas­sion­née, nous donne vie, énergie, plaisir et ain­si nous nous sen­tons meilleurs. Depuis le temps que je vois des danseurs et des pro­fesseurs, je pense qu’il ne faut pas qu’il per­siste avec autant d’erreurs dans l’enseignement et les démon­stra­tions. Mon sen­ti­ment est que la musique est la base prin­ci­pale du Tan­go. Il faut ensuite appren­dre à marcher avec elle, en con­ser­vant l’équilibre et le rythme (caden­cia / cadence). Je ne peux pas affirmer que la tech­nique n’existe pas quand on danse, mais je crois qu’il serait prof­itable que l’on enseigne à danser plus libre­ment, pour soi-même… Là est le plaisir. Per­son­ne ne nous méjuge en nous regar­dant danser pour nous.
En cela, je dis que beau­coup trav­es­tis­sent le tan­go en ce qu’il n’est pas réelle­ment. Il est avant tout musi­cal­ité et ne se préoc­cupe pas ini­tiale­ment des pas. Nous ne devons pas com­met­tre l’erreur d’oublier d’enseigner com­ment marcher sur dif­férents rythmes en har­monie avec chaque orchestre. Trop de per­son­nes qui enseignent le tan­go devraient d’abord appren­dre à le danser pour ensuite pou­voir enseign­er en don­nant tout de soi. Ain­si, ils ne tromperaient pas leurs élèves, ni ne nuiraient à leur répu­ta­tion de pro­fesseur.
Le tan­go n’est pas un com­merce, con­traire­ment à ce qu’en font beau­coup. Le tan­go fait par­tie de notre vie, par­tie de nos ancêtres, pères, mères, frères et amis. Il est notre vie. Nous ne devons pas per­sis­ter dans l’erreur. Il faut le recon­quérir, lui que nous per­dons, faute de le respecter.
Chers amis, danseuses, danseurs, l’enseignement du tan­go est un tra­vail sup­plé­men­taire dans votre vie. Par respect pour vous-même, vous feriez mieux dans vos démon­stra­tions de danser plus de tan­go et faire moins d’acrobaties, de bal­let et de ces choses qui ne sont pas du tan­go. Je ne puis croire qu’avec les démon­stra­tions vous entriez en com­péti­tion en sachant que chaque cou­ple devrait créer son style. De plus, on ne devrait pas danser sur de la musique qui n’est pas du tan­go. Ain­si, on ne trompe per­son­ne, pas même soi. Voici un con­seil pour la com­mu­nauté tan­go d’Europe et du reste du Monde : Il me plairait que vous ouvriez les yeux sur la péd­a­gogie de la danse, en par­ti­c­uli­er les organ­isa­teurs de stages et les pro­fesseurs. De tout mon cœur, j’aimerais qu’ils sachent que quand ils organ­isent quelque chose, ils se doivent d’inviter les meilleurs danseuses et pro­fesseurs pour pou­voir enseign­er comme il se doit. Sans la musique, le rythme, la pos­ture et l’équilibre, les pas ne ser­vent à rien. Pour cela, il faut des danseurs et pro­fesseurs authen­tiques. Alors, enfin, du fond de mon cœur, avec un soupçon de tristesse, je voudrais que vous y pen­siez. Si vous avez quelque chose à me dire, j’aimerais que vous le fassiez, à tra­vers une revue ou ailleurs, où que ce soit. Si vous souhaitez vous plain­dre, par­lez-moi, je vais au bal, voyez-moi, par­lez-moi, inter­ro­gez-moi. Je répondrai à tous, n’ayez crainte. Je ne lais­serai per­son­ne sans réponse, mais s’il vous plait, changez de pra­tique, met­tons en place un sys­tème où nous seri­ons tous heureux, où nous pour­rions danser le tan­go, où nous seri­ons heureux en étant beau­coup plus nom­breux, sans plus ven­dre de men­songe à qui que ce soit. Main­tenant, j’envoie un bais­er et un abra­zo à vous tous en espérant que cette année qui com­mence sera la plus heureuse pour tous. Mer­ci,
Tete
Tra­duc­tion libre en 2006
(révisée en 2016)
par DJ Bernar­do BYC,
avec un grand Mer­ci à Françoise S.
Apren­damos a bailar el Tan­go
“Hoy 9 de enero del 2006 quisiera pasar a pedirles algo con el car­iño y respeto que sien­to por todos ust­edes. Esto no es un reproche para nadie, yo lo que quiero es que toda la juven­tud y todo aquel que baila tan­go entien­da mi moti­vo: No hay que dis­frazar al tan­go bajo ningún pun­to de vista, porque esta músi­ca tan apa­sio­n­ante nos da vida, energía, plac­er y así nos sen­ti­mos mejor. Después de muchos años de ver bailar­ines y mae­stros, pien­so que no puede haber tan­tos errores en la enseñan­za ni en las exhibi­ciones. Paso a con­tar­les cuál es mi idea. Siem­pre supe que la músi­ca es la base prin­ci­pal del tan­go. Tam­bién es apren­der a cam­i­nar con ella, tenien­do equi­lib­rio y caden­cia. No podría decir­les que no hay una téc­ni­ca cuan­do se baila, pero sí que sería mejor que se enseñara a bailar más libre­mente, para uno mis­mo… ahí está la diver­sión. Nadie nos com­pro­m­ete mirán­donos, porque bail­am­os para nosotros. En esto que digo pien­so que muchos están dis­frazan­do al tan­go de algo que no es ver­dad, porque el tan­go es músi­ca y no se empieza por los pasos, ni ten­emos que come­ter el error de no enseñar cómo cam­i­nar difer­entes com­pas­es musi­cales para recono­cer cada orques­ta. Mucha gente que está enseñan­do ten­dría que apren­der primero a bailar tan­go, para poder enseñar dan­do todo de sí mis­mo, para no defrau­dar a sus alum­nos ni dañar su ima­gen como pro­fe­sor. El tan­go no es un nego­cio, aunque muchos lo vean así. El tan­go es parte de nues­tra vida, parte de nue­stros abue­los, padres, madres, her­manos y ami­gos. Es nues­tra vida. No deberíamos equiv­o­carnos tan­to y ten­dríamos que volver a con­quis­tar­lo, ya que lo esta­mos per­di­en­do por no respetar­lo. Queri­dos ami­gos, bailar­i­nas y bailar­ines, como esto que hacen es un tra­ba­jo más en la vida de uno, por respeto a ust­edes mis­mos, en sus exhibi­ciones sería bueno que baila­ran más tan­go y menos acroba­cia, bal­let o cualquier cosa que no sea tan­go. No quiero creer que tam­bién con las exhibi­ciones com­piten; sabe­mos que cada pare­ja debería crear su esti­lo, y además no se debería bailar músi­ca que no es tan­go. En eso no se mien­tan a ust­edes mis­mos ni a la gente. Y para la comu­nidad tanguera de Europa y del resto del mun­do les doy un con­se­jo: me gus­taría que abri­er­an los ojos acer­ca de cómo apren­der a bailar, prin­ci­pal­mente a los orga­ni­zadores de stages y a los pro­fe­sores, de todo corazón, quiero que sep­an que, cuan­do se orga­ni­za algo, se tra­ta de lle­var los mejores bailar­ines y mae­stros, para poder enseñar como es debido. Sin la músi­ca, la caden­cia, la pos­tu­ra, el equi­lib­rio, de nada sir­ven los pasos y para eso nece­si­ta­mos mae­stros y pro­fe­sores autén­ti­cos. Así que bueno des­de el fon­do de mi corazón, con un poco de tris­teza, me gus­taría que ust­edes lo piensen y, si hay algo para decirme, me gus­taría que lo hicier­an ya sea por medio de revista o por donde sea, si quieren que­jarse háblen­me, yo voy al baile; me ven, me dicen, me pre­gun­tan y yo con­testo… les voy a con­tes­tar a todos, no ten­gan miedo, que no voy a dejar a nadie sin con­tes­tar, pero por favor cam­bi­en el sis­tema, pon­gan un sis­tema donde todos seamos ale­gres, donde podamos bailar el tan­go, donde seamos felices y donde podamos ten­er mucha más gente, sin vender­le ningu­na men­ti­ra más, yo des­de ya les man­do un beso y un abra­zo a todos ust­edes y espero que este año que ha empeza­do sea el más feliz para todos. Gra­cias,
Tete. 

Dits de Tete — Habla Tete

Dits de Tete
Pedro « Tete » Rus­coni
Je dis la vérité. Ne trav­es­tis­sons pas le tan­go car sinon nous l’envoyons à sa ruine. Sans vouloir offenser qui que ce soit, j’aime le tan­go. Je ne cri­tique per­son­ne mais ne déguisez pas le tan­go. Le tan­go se danse de mille façons, mais avant tout, on prend appui dans le sol, parce que dans le sol se trou­ve l’énergie et que c’est sur lui que l’on danse la musique. Ne per­dons pas le plaisir et l’amour pour la danse s’encrant au sol. Les jeunes d’aujourd’hui dansent dans les airs : vous pou­vez faire des choses très jolies, mais faîtes-les au sol, tout comme les grands maîtres. Le com­pas et la mélodie du tan­go sont très par­ti­c­uliers, c’est une souf­france de les per­dre. Que ce soit sur ou au pied de la scène, tou­jours le danseur doit vivre la musique. S’il vous plaît réveillez-vous et com­prenez ce qu’ils font avec la musique ou il vien­dra un temps où les Européens vont nous ven­dre le tan­go. Je par­le du cœur, je suis un mec qui danse. J’ai don­né des ate­liers pour les enseignants à l’étranger, je pen­sais qu’ils n’allaient jamais sur­pass­er nos danseurs… Là-bas, il y a des gens qui peu­vent danser furieuse­ment bien. Restons sur notre axe et n’allons pas en regar­dant le sol. Ne dan­sons pas pour le pub­lic, seule­ment pour nous. Quand on danse sur scène, il faut danser d’abord pour soi pour que ce soit plus lumineux. Ce n’est pas car je m’exhibe que je dois oubli­er qui je suis ou la musique. Le tan­go est une affaire à deux. Sans la femme, il n’y a pas de cav­a­lier qui puisse danser. La femme, de son côté, peut met­tre en valeur son parte­naire quand elle le com­prend vrai­ment. Même si l’enseignement du tan­go devient un tra­vail, on ne peut pas enseign­er un pas sans musique, On n’apprend pas un pas pour un pas. Sans musique, il y a ni danseur, ni tan­go, ni enseignant, ni élève. Le véri­ta­ble mae­stro ne peut trans­met­tre que ce que la musique lui a enseigné.
Tra­duc­tion DJ Bernar­do BYC 2010
Habla Tete
Pedro « Tete » Rus­coni
Yo digo la ver­dad. No dis­frace­mos el tan­go porque lo vamos a arru­inar. Sin quer­er ofend­er a nadie, yo amo el tan­go. No cas­ti­go a nadie, pero no dis­frace­mos el tan­go. El tan­go tiene mil for­mas de bailarse, pero primero pise­mos el sue­lo porque en el piso está la energía y es donde bail­am­os la músi­ca. No per­damos el plac­er y el amor por bailar pisan­do el sue­lo. Los chicos de hoy andan por el aire: todos ust­edes son capaces de hac­er cosas muy lin­das, hágan­las en el piso, como los grandes Mae­stros lo hicieron. Los com­pas­es y la melodía del tan­go son muy espe­ciales, es una lás­ti­ma perder­los. Sea arri­ba o aba­jo del esce­nario siem­pre que el bailarín baile debe vivir esa músi­ca. Por favor despiértense y com­pren­dan qué hacen con la músi­ca porque si no va a lle­gar un momen­to en que los europeos nos van a vender el tan­go a nosotros. Yo hablo de corazón, soy un tipo más que baila. Yo he dado talleres para mae­stros en el extran­jero, pen­sé que no iban a super­ar a nue­stros bailarines…Acá hay gente que puede bailar fer­oz­mente. Paré­monos en nue­stro eje y no vayamos miran­do el piso. No baile­mos para el públi­co sino para nosotros. Cuan­do se baila en el esce­nario hay que bailar primero para uno porque tam­bién luce mucho más. No por mostrarme me olvi­do de quién soy ni de la músi­ca. El tan­go es de a dos. Sin la mujer no hay bailarín que pue­da bailar. La mujer tam­bién luce al bailarín cuan­do lo com­prende. Aunque la enseñan­za del tan­go sea un tra­ba­jo, no se enseña el paso sin la músi­ca; no se enseña el paso por el paso. Sin la músi­ca no hay bailarín, ni tan­go, ni mae­stro, ni alum­no. Mae­stro es el que tiene una enseñan­za para dar, es la que le dejó la músi­ca.

Qui était Tete Rusconi ?

Tete Rus­coni était un danseur portègne, appré­cié dans les milon­gas. Il avait dévelop­pé un style per­son­nel, notam­ment pour les valses et avait un sens aigu de la musique.

Arti­cle de Silv­ina Dami­ani sur Tete Rus­coni dans l’ex­cel­lent site Todotango.com (Espag­nol ou anglais).

Une vidéo de 2000 (env­i­ron), prise à Mar­seille au théâtre Bom­pard. .Organ­isa­teur Michel Raous.
Teté Rus­coni, le danseur qui s’est envolé sur les pistes pour danser la valse. Chaîne Youtube du Canal de la Ciu­dad

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.