Entre copa y copa 1942-04-23 — Orquesta Ángel D’Agostino con Ángel Vargas

Ángel D’Agostino et Alfre­do Attadía Letra Héc­tor Mar­có

Les deux anges, Ángel D’Agostino et Ángel Var­gas nous offrent cette milon­ga qui chante la vie d’un milonguero. C’était le 23 avril 1942, il y a exacte­ment 82 années que le com­pos­i­teur de la musique nous fait danser cette milon­ga avec la voix mag­ique de son com­plice, Var­gas.

Extrait musical

Cou­ver­ture de la par­ti­tion de Entre copa y copa.

Les ban­donéons et les vio­lons en pizzi­cati enta­ment l’ouverture en motifs descen­dants. La syn­cope de la milon­ga s’installe, en alter­nance avec de cour­tes paus­es. Cer­taines sont très mar­quées comme à 0 h 29 ou 0 h 43. C’est un devoir pour le danseur que de les prévoir pour immo­bilis­er la danse et ain­si être en har­monie avec le jeu pro­posé par l’orchestre. Notre chance est que l’enregistrement a figé ces pièges et que les danseurs con­nais­sant la musique peu­vent mieux se pré­par­er aux blagues des musi­ciens.
À 50 sec­on­des Var­gas com­mence à chanter. Il chante le pre­mier cou­plet et le refrain. À 1 h 29, l’orchestre reprend de façon plus lisse et ensuite avec l’alternance de pas­sages syn­copés et de cour­tes paus­es. À 1 : 58 il reprend le refrain. Il ne chante pas le dernier cou­plet. L’orchestre ter­mine les 10 dernières sec­on­des par un dou­ble accord per­cus­sif.
Amis danseurs, écoutez bien cette milon­ga. Elle n’est peut-être pas la plus facile à danser, mais elle vous fait plein de propo­si­tions pour jouer. C’est le moment de se lâch­er sans per­dre le fil de la musique.
Pour une fois, ce sera le seul enreg­istrement, car per­son­ne d’autre n’a enreg­istré cette milon­ga.

Paroles

Yo soy milonguero viejo
de los del tiem­po del jopo,
bailarín de taco regio
dulzón para los piro­pos…
Yo soy milonguero viejo
entrador como cuchil­lo,
de aque­l­los que sacan bril­lo
al pis­ar en un salón…

Enreda­do entre las notas
de una milon­ga queri­da
así me paso la vida
bai­lan­do entre copa y copa.
Y has­ta el fuego de tu boca
chi­na, ¡col­or de car­bón!…
Más me que­ma si te sien­to
corazón a corazón…


Yo soy milonguero viejo
de los del tiem­po del jopo,
entrador pa’ dar con­se­jos
pero que me den… muy pocos…
Nací pa’ gas­tar charoles
y entre cortes y fig­uras,
voy tejien­do mis amores,
al com­pás de un ban­doneón.

Ángel D’Agostino et Alfre­do Attadía Letra Héc­tor Mar­có

Traduction libre et indications

 Je suis un vieux milonguero de l’époque du jopo (sorte de port de cheveux à la mode au début du 20e siè­cle et remis au goût du jour à divers­es épo­ques, dont les années 50 avec le rock’n’roll…), un danseur avec un ver­biage doux et somptueux pour com­pli­menter (piro­pos, com­pli­ments appuyés pour séduire les femmes)…
Je suis un vieux milonguero tran­chant comme un couteau, un de ceux qui bril­lent en marchant dans un salon…

Je m’enroule dans les notes d’une milon­ga bien-aimée, c’est ain­si que je passe ma vie à danser entre deux ver­res.
Et même le feu de ta bouche, ma chérie, couleur du char­bon !… Ça me brûle encore plus si je te sens cœur à cœur…

Je suis un vieux milonguero de l’époque du jopo, sym­pa­thique pour prodiguer des con­seils, mais pour qu’on m’en donne… très peu…
Je suis né pour porter des souliers ver­nis et entre cortes et fig­ures (coupés, nom d’une fig­ure de tan­go), je vais, tis­sant mes amours, au rythme d’un ban­donéon.

À propos de l’illustration

J’ai exploré plusieurs pistes. Les coupes de cham­pagne avec des danseurs en fond, des danseurs sans cham­pagne et finale­ment, j’ai mélangé les deux en prenant comme inspi­ra­tion le dernier cou­plet. Celui qui n’est pas chan­té par Var­gas. Dans celui-ci, il indique « De verre en verre, je vais, tis­sant la toile de mes amours, au rythme d’un ban­donéon ».

J’ai pen­sé aus­si à représen­ter un danseur bil­lant avec les spec­ta­teurs impres­sion­nés. Le danseur est noir, ce qui n’est pas si sou­vent représen­té dans le domaine du tan­go, mal­gré ce que procla­ment cer­tains que le tan­go est d’origine noire. De mon­tr­erai un jour que c’est en très grande par­tie faux, mais aujourd’hui, je me con­tente de planter la graine et je vous laisse danser cette belle milon­ga en espérant que vous gag­nerez une coupe. Pas une coupe de cheveux avec jopo, mais une coupe de cham­pagne argentin, cou­tume que les milon­gas portègnes ont importées de Paris. Ils ont importé la cou­tume et le nom, mais pas le vrai cham­pagne…

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