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Porteña linda 1940-04-30 — Orquesta Edgardo Donato y sus muchachos con Horacio Lagos (Milonga)

Edgardo Donato (Edgardo Felipe Valerio Donato) Letra: Horacio Sanguinetti (Horacio Basterra)

Les tan­gos par­lent sou­vent des jolies femmes. Celles-ci sont de Buenos Aires, mais d’autres villes ont droit à la mise en valeur de leurs femmes. Aujourd’hui, nous fer­ons un jeu et décou­vrirons une femme qui est sans doute une des inspi­ra­tri­ces de cette milon­ga pour Hora­cio San­guinet­ti, l’auteur des paroles.

Jeu des sept erreurs

Un petit jeu pour com­mencer. Voici une image avec une cou­ver­ture de par­ti­tion de Porteña lin­da et un disque de la firme Vic­tor, égale­ment avec Porteña lin­da. Cherchez, non pas néces­saire­ment les erreurs, mais ce qui est dif­férent (il y a moins de sept dif­férences à trou­ver). Réponse après les paroles et avant la décou­verte de Rosi­ta…

Extrait musical

À gauche, cou­ver­ture de la par­ti­tion pour piano et voix de Porteña lin­da et à droite, disque de Porteña lin­da.
Porteña lin­da 1940-04-30 — Orques­ta Edgar­do Dona­to con Hora­cio Lagos (Milon­ga)

Hier, je vous avais pro­posé une ving­taine de ver­sions. Pour ce titre, seul Dona­to a enreg­istré sa com­po­si­tion, mais de si belle manière que cela com­pense…

Les paroles

Buenos Aires tiene
De noche y de día,
Mujeres tan lin­das
Que no las cam­biaría.

Sin hablar de más
Ni des­pre­ciar a las ingle­sas,
Y sin humil­lar
Por las france­sas.

Buenos Aires tiene
Mujeres tan lin­das,
Que uno ya pierde la razón
Y da el corazón.

Soy el canyengue
De esta milon­ga,
Porteña lin­da
No hay quién te pise el pon­cho,
Ayer creí que por Maipú y Tucumán
Iba a morir de amor.

Edgar­do Dona­to (Edgar­do Felipe Vale­rio Dona­to) Letra: Hora­cio San­guinet­ti (Hora­cio Baster­ra)

Traduction libre et indications

Buenos Aires a, nuit et jour, des femmes si belles que je ne les chang­erais pas. 
Sans en dire plus, ni dépréci­er les Anglais­es, et sans hum­i­li­er les Français­es. Buenos Aires a de si belles femmes que vous perdez la tête et don­nez votre cœur. 
Je suis le com­padre de cette milon­ga, Porteña lin­da (belle habi­tante de Buenos Aires) il n’y a per­son­ne pour te provo­quer (Pis­ar el pon­cho en lun­far­do sig­ni­fie chercher des nois­es. Les gau­chos posaient leur pon­cho au sol et l’adversaire, s’il accep­tait le com­bat le piéti­nait), hier j’ai cru qu’à l’angle de Maipú et Tucumán j’al­lais mourir d’amour. (Maipú et Tucumán est l’intersection de ces deux rues de Buenos Aires. Il y avait là un bar célèbre, car c’est ici que Car­los Di Sar­li a com­mandé les paroles du tan­go « Corazón ». à Héc­tor Mar­có).

Réponse au jeu des sept erreurs

Voici la réponse à notre petit jeu.

À gauche, cou­ver­ture de la par­ti­tion pour piano et voix de Porteña lin­da et à droite, disque de Porteña lin­da.

Si le titre est le même, ce n’est pas la même œuvre. La par­ti­tion est une pro­duc­tion espag­nole avec un com­pos­i­teur et un paroli­er dif­férent de la ver­sion de notre milon­ga du jour qui est une œuvre argenti­no-uruguayenne.

Cou­ver­ture de par­ti­tionDisque
TitrePorteña lin­daPorteña lin­da
TypeTan­go can­ciónMilon­ga tanguea­da
Com­pos­i­teurJoaquina Mar­ti MiraEdgar­do Dona­to
Paroli­erHilario Omedes (y Hernán­dez)Hora­cio San­guinet­ti
Date1934Avant avril 1940
Lieu de pro­duc­tionMadrid — EspagneBuenos Aires — Argen­tine

Joaquina Marti Mira, Hilario Omedes et Hernández

Dans la Gac­eta de Madrid n°126 du 6 mai 1935, on peut lire :
“70.657.— Porteña lin­da, tan­go can­ción; por Hilario Omedes y Hernán­dez, de la letra, y Joaquina Martí Mira, de la músi­ca, Madrid. Lit. Sucs. de Durán, 1934.— Folio con dos hojas. (44.872.)”.
On notera donc que cette œuvre a été pub­liée en 1934 et qu’un auteur sup­plé­men­taire est indiqué, Hernán­dez.
En ce qui con­cerne Hilario Omedes, cet auteur ne sem­ble pas avoir été pro­lifique. On con­nait de lui cette pièce de théâtre ¡Histéri­ca! Plutôt du niveau du comique troupi­er. En voici un court extrait que je vous ai traduit de l’espagnol :

« — Marie : Que dîtes-vous ? Fer­nan­do s’en va ? Il part de Madrid ? (Elle pleure) […] Lais­sez-moi seule !
- Don­cel­la : (Boulever­sée) Mais ne pleurez pas made­moi­selle… Oui… Je m’en vais ; mais ne pleurez pas… Comme si un homme méri­tait autant !
(En aparte) Per­dre un fiancé offi­ciel, passe encore, mais tout un batail­lon… Ji… i… Ji… i ; (Elle sort en pleu­rant, essuyant ses larmes avec son tabli­er). »

Hernán­dez, l’autre auteur cité par la Gac­eta de Madrid est peut-être Guiller­mo Hernán­dez Mir. Celui-ci est un peu plus pro­lifique. Il a écrit, des livres, nou­velles, mais aus­si pour le théâtre. Si vous voulez un exem­ple, La Feria (1915) : disponible en télécharge­ment gra­tu­it…

Quant à la com­positrice, Joaquina Martí Mira, elle a aus­si com­posé au moins un paso doble, égale­ment cité dans la Gac­eta de Madrid,
57.152.—De los Ardales, pasodoble, por “Mar­timi­ra” y “Mignon”, seudón­i­mos de doña Joaquina Martí Mira y D. Anto­nio Grau ; Dauset. ” Ejem­plar manuscrito.-—4.® apaisa­do con dos hojas. (36.562.)

N’ayant pas trou­vé un enreg­istrement de son tan­go Porte­na lin­da, je vous pro­pose Perdó­na­lo qu’elle a signé de son pseu­do­nyme Mar­timi­ra y Mignon. Anto­nio Grau Dauset a écrit les paroles. L’orchestre n’est pas iden­ti­fié. La chanteuse est Paqui­ta Alfon­so. L’enregistrement est au cat­a­logue de Juil­let 1930 de « La Voz de Su Amo » (édi­teur musi­cal de Barcelone), il est donc antérieur.

Perdó­na­lo 1930c — Mar­timi­ra y Mignon (Joaquina Martí Mira) Letra: Anto­nio Grau Dauset.
Her­al­do de Barcelona, vers 1930 (rubrique théâ­trale en page 9. Paqui­ta Alfon­so qui chante le titre de Joaquina Mar­ti Mira est con­nue. Faut-il en déduire une cer­taine notoriété pour la com­positrice de porteña Lin­da made in spain ?

Rosita

J’ai déjà par­lé du des­tin trag­ique de San­guinet­ti, ou plutôt d’Hora­cio Baster­ra qui est retourné dans son pays après avoir tué le mil­i­taire qui mal­traitait sa sœur. Sa fuite rocam­bo­lesque en Uruguay depuis Tigre avec l’aide d’Osvaldo Pugliese et de Cátu­lo Castil­lo pour­rait faire l’objet d’un roman.
Mais sa vie, courte et trag­ique lui a per­mis d’écrire au moins 155 titres (enreg­istrés à la SADAIC). Nous le retrou­verons donc à d’autres reprise dans les anec­dotes de tan­go.
Aujourd’hui, je vais juste évo­quer Rosi­ta, son grand amour.
Rosi­ta, telle que la décrit Beba Pugliese était grande, blonde. Elle avait les cheveux coif­fés en arrière et elle fumait.
On peut trou­ver son por­trait en fil­igrane dans dif­férentes com­po­si­tions de San­guinet­ti. Dans notre milon­ga du jour, par exem­ple, mais peut-être encore plus dans Prince­sa del fan­go.

Prince­sa del fan­go 1951-05-11 — Orques­ta Franci­ni-Pon­tier con Julio Sosa.
Enrique Mario Franci­ni Letra: Hora­cio San­guinet­ti (Hora­cio Baster­ra)

Je reviendrai sur ce titre le 11 mai, jour anniver­saire de son enreg­istrement par Julio Sosa.

Rosi­ta, que j’imag­ine un peu à la Evi­ta était une femme de la nuit, une princesse de la fange.