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Mañanitas de Montmartre 1928-02-13 (Tango) — Orquesta Francisco Canaro

Lucio Demare (Letra : Agustín Irusta; Roberto Fugazot)

Mis mañan­i­tas de Mont­martre tan queri­das
son para mí un delirio y una gran pasión.

Le tan­go du jour par­le des aubes de Mont­martre (Paris, France).
Le tan­go est né à Paris…
Par­don, sans Paris, le tan­go ne serait pas ce qu’il a été/est. C’est dans cette ville qu’il a acquis ses let­tres de noblesse et qu’il a pu revenir en Argen­tine et devenir ce que l’on sait. Si vous ne le savez pas, regardez mon arti­cle sur l’âge d’or du tan­go.

Plusieurs cen­taines de tan­gos font référence à la France et à Paris, mais aus­si aux grisettes, ces jeunes Français­es qui à l’in­star de Madame Yvonne quit­taient la France pour le “rêve” argentin (voir par exem­ple Bajo el cono azul).
Canaro qui a fait à divers­es repris­es le voy­age à Paris a sans doute été sen­si­ble à cette com­po­si­tion de Demare qui devait égale­ment lui évo­quer les paysages de la Butte Mont­martre.

Extrait musical

Mañan­i­tas de Mont­martre 1928-02-13 — Fran­cis­co Canaro

L’archive sonore présen­tée ici, l’est à titre d’ex­em­ple didac­tique. La qual­ité sonore est réduite à cause de la plate­forme de dif­fu­sion qui n’ac­cepte pas les fichiers que j’u­tilise en milon­ga et qui sont env­i­ron 50 fois plus gros et de bien meilleure qual­ité. Je pense toute­fois que cet extrait vous per­me­t­tra de décou­vrir le titre en atten­dant que vous le trou­viez dans une qual­ité audio­phile.

Paroles

Las gris­es mañan­i­tas de Mont­martre,
donde ilu­so der­roché mi juven­tud,
serán eter­nas en mi triste vida,
porque las recuer­do para mi inqui­etud.
Al igual que un amor cica­triza­do
e imborrable en un tier­no corazón,
mis mañan­i­tas de Mont­martre tan queri­das
son para mí un delirio y una gran pasión.

Pero sos, mujer,
pobre insen­sa­ta que en el mun­do tri­un­fás;
la frágil bar­ca de tu vida quizás
naufra­gará porque el timón de tu esper­an­za
se que­brará en la mar,
y humil­la­da ya,
mis mañan­i­tas de Mont­martre verán
la fría nieve del des­ti­no caer
sobre tu almi­ta acon­go­ja­da
destruyen­do aque­l­los sueños
que for­jaste con afán.

Nue­va­mente volverás a ser aque­l­la
que pasea­ba exen­ta de pudor
por esas calles en que todas las mujeres
pecado­ras, guard­a­ban su dolor.
Y en las tinieblas de tu pobre vida,
por ingra­ta nun­ca más encon­trarás
quien te devuel­va con un beso de car­iño
la luz de tu esper­an­za, que se apa­ga ya.

Lucio Demare Letra : Agustín Irus­ta; Rober­to Fuga­zot

Traduction des paroles

Les petits matins gris de Mont­martre, où j’ai insou­ci­amment gaspillé ma jeunesse, seront éter­nels dans ma triste vie, parce que je m’en sou­viens par mon inquié­tude.
Comme un amour cica­trisé et indélé­bile dans un cœur ten­dre, mes petits matins de Mont­martre tant chéris sont pour moi un délire et une grande pas­sion.
Mais tu es, femme, une pau­vre insen­sée, qui tri­om­phe dans le monde ;
La frêle bar­que de ta vie fera peut-être naufrage parce que le gou­ver­nail de ton espoir se bris­era en mer, et, déjà humil­iée, mes petits matins de Mont­martre ver­ront la neige froide du des­tin tomber sur ta petite âme angois­sée, détru­isant ces rêves que tu t’es forgés avec empresse­ment.
Une fois de plus, tu rede­vien­dras celle qui a marché sans honte dans ces rues où toutes les femmes pécher­ess­es gar­daient leur douleur.
Et dans les ténèbres de ta pau­vre vie, pour être ingrate, plus jamais tu ne trou­veras quelqu’un pour te ren­dre avec un bais­er d’af­fec­tion la lumière de l’espoir qui s’est déjà éteinte.

Mañan­i­tas De Mont­martre — Cou­ver­ture de la revue La Can­ción Mod­er­na du 16 juil­let 1928.

Autres enregistrements

Ce titre n’a pas été beau­coup enreg­istré, mais on trou­ve quelques ver­sions intéres­santes :

Mañan­i­tas de Mont­martre (Mañani­ta de Mont­martre) 1928 – Lucio Demare y su Orques­ta Típi­ca Argenti­na.

Superbe ver­sion. Elle est générale­ment attribuée au Trío Argenti­no, Agustín Irus­ta (ténor), Rober­to Fuga­zot (ténor) et Lucio Demare (pianiste), mais comme vous pou­vez l’entendre, c’est une ver­sion instru­men­tale et il me sem­ble qu’il faut donc l’attribuer à l’Orquesta Típi­ca Argenti­na, celui qui a tra­vail­lé en Espagne (Notam­ment à Barcelone de 1928 à 1935) et dont le noy­au était effec­tive­ment le trio des deux chanteurs et du pianiste envoyé par Canaro pour dif­fuser la musique argen­tine en Espagne.

Mañan­i­tas de Mont­martre 1928-02-13 — Orques­ta Fran­cis­co Canaro. C’est notre tan­go du jour.
Mañan­i­tas de Mont­martre 1930 — Lucio Demare (piano).

Ver­sion instru­men­tale par le com­pos­i­teur.

Mañan­i­tas de Mont­martre 1930 — Agustín Irus­ta accomp. Lucio Demare (piano).

Agustín Irus­ta est accom­pa­g­né au piano par Lucio Demare pour cet autre enreg­istrement. C’est le dernier de la série enreg­istrée par Demare en Espagne. On dirait une ver­sion enreg­istrée de façon ama­teur.

No nos ver­e­mos más – Mañan­i­tas de Mont­martre 1952-06-18 — Lucio Demare (piano).

Lucio Demare encore au piano avec « No nos ver­e­mos más » la valse que nous avons présen­tée le 11 févri­er dans le cadre des Anec­do­tas de Tan­go

Mañan­i­tas de Mont­martre 1968-07-30 — Lucio Demare (piano).

Tou­jours Lucio Demare et encore au piano.

Mañan­i­tas de Mont­martre 1970-04-14 — Orques­ta Aníbal Troi­lo.
Mañan­i­tas de Mont­martre 1972-08-18 — Orques­ta Aníbal Troi­lo arr. de Raúl Garel­lo.

Cet enreg­istrement a été effec­tué lors d’un con­cert organ­isé par la SADAIC (la SACEM argen­tine). On recon­naî­tra l’ orches­tra­tion et les arrange­ments effec­tués par Raúl Garel­lo qui ont assez pro­fondé­ment mod­i­fié le car­ac­tère de l’œuvre.

La ver­sion de Canaro est rel­a­tive­ment archaïque, de style canyengue, mais c’est la seule qui peut se prêter à la danse.

Lucio Demare est un pianiste et un des rares com­pos­i­teurs à avoir enreg­istré beau­coup de tan­gos au piano. Ce pianiste égaré dans les rues sous l’aube pâle de Mont­martre est sans aucun doute Lucio Demare. Il joue du piano debout…

No nos veremos más 1943-02-11 (Valse) — Orquesta Lucio Demare con Raúl Berón

Lucio Demare Letra: Julio Plácido Navarrine

Bésame otra vez Sien­to que después No nos ver­e­mos más.

Le tan­go du jour est une valse, nos­tal­gique, mais entraî­nante dans cette ver­sion réal­isée par Lucio Demare et Raúl Berón.
Elle a été enreg­istrée il y a 81 ans, le 11 févri­er 1943.
Lucio Demare était pianiste et com­pos­i­teur. On lui doit beau­coup de titres qu’il a lui-même inter­prétés, comme cette valse, mais aus­si d’autres tan­gos à suc­cès, comme Telón, Male­na, Mañana zarpa un bar­co, Sola­mente ella et autres titres nos­tal­giques.

Extrait musical

No nos ver­e­mos más 1943-02–11 — Lucio Demare con Raúl Berón

L’archive sonore présen­tée ici, l’est à titre d’ex­em­ple didac­tique. La qual­ité sonore est réduite à cause de la plate­forme de dif­fu­sion qui n’ac­cepte pas les fichiers que j’u­tilise en milon­ga et qui sont env­i­ron 50 fois plus gros et de bien meilleure qual­ité. Je pense toute­fois que cet extrait vous per­me­t­tra de décou­vrir le titre en atten­dant que vous le trou­viez dans une qual­ité audio­phile.

Paroles

Saber par­tir
Con la son­risa flo­re­ci­da.
Y ver morir
El sueño de toda la vida.
Ahog­ar la voz
Morder la angus­tia que nos hiere.
Después, adiós
Y el alma de un ros­al que muere.

Bésame otra vez
Sien­to que después
No nos ver­e­mos más.
Se irá la cer­razón
Pero la ilusión
No ven­drá jamás.
Som­bra entre los dos
Que un dolor atroz
No tor­na clar­i­dad.
Amor que se abre en cruz
Al puñal de luz
De todas las estrel­las.

Hoy por dis­tin­ta huel­la
Nos echa la vida,
Amor que nun­ca olvi­da
No sabe llo­rar.
Bésame otra vez
Sien­to que después
No nos ver­e­mos más.
Se irá la cer­razón
Pero la ilusión
No ven­drá jamás.

Lucio Demare Letra: Julio Plá­ci­do Navar­rine

Traduction

Savoir par­tir avec un sourire fleuri et voir mourir le rêve de toute une vie.
Étouf­fer la voix, mor­dre l’an­goisse qui nous blesse.
Puis, au revoir et l’âme d’un rosier se meure.
Embrasse-moi à nou­veau, je sens que nous ne nous rever­rons plus.
Les ténèbres dis­paraîtront, mais l’il­lu­sion ne vien­dra jamais.
Une ombre entre les deux qu’une douleur atroce ne trans­formera pas en clarté.
L’amour qui s’ou­vre en croix au poignard de lumière de toutes les étoiles.
Aujour­d’hui, la vie s’échappe par une empreinte dif­férente, l’amour qui n’ou­blie jamais, ne sait pas pleur­er.
Embrasse-moi à nou­veau, je sens que nous ne nous rever­rons plus.
Les ténèbres dis­paraîtront, mais l’il­lu­sion ne vien­dra jamais.

Autres enregistrements

Il existe une autre ver­sion, par Fran­cis­co Canaro et Rober­to Mai­da (1935–12-03), dans un rythme beau­coup plus lent et majestueux, très dif­férent de cette inter­pré­ta­tion par Demare et Berón.
Sig­nalons aus­si l’enregistrement (1952–06-18) par Lucio Demare, au piano, solo de cette valse, dans le rythme lent de Canaro. Il enchaîne sur Mañan­i­tas de Mont­martre, une autre de ses com­po­si­tions, dans cet enreg­istrement de 1952.
Comme Lucio Demare est le com­pos­i­teur, il est pos­si­ble qu’il l’ait conçue dans le rythme lent de 1935 et 1952 et que cette ver­sion de 1943 soit une adap­ta­tion au goût de l’époque, l’âge d’or du tan­go de danse.

No nos ver­e­mos más 1935-12-02 — Fran­cis­co Canaro et Rober­to Mai­da.

C’est la pre­mière ver­sion. Cette ver­sion est empreinte de sonorité européenne. Ce que la présence de l’accordéon dans la par­tie B (à 19 s) souligne. Cette même par­tie B sera reprise par la trompette bouchée à 45 s. À 54 s, Rober­to Mai­da chante la par­tie A, puis la B, puis de nou­veau la A et la B. On remar­quera les sonorités très par­ti­c­ulières du vio­lon et de la trompette à 1:50, cet assem­blage rare et éton­nant donne une dimen­sion intéres­sante à cette inter­pré­ta­tion. À 2:16 on remar­quera le piano solo qui donne une res­pi­ra­tion par­ti­c­ulière à ce pas­sage après les sonorités de la trompette asso­ciée au vio­lon. Comme pour s’excuser de l’audace précé­dente. À 2:27 l’orchestre reprend briève­ment la main pour pro­pos­er une fin de film de ciné­ma…

Cela n’est sans doute pas si éton­nant si on con­sid­ère que Demare à cette époque, fai­sait de la musique pour le ciné­ma en Espagne avec son trio et j’émets l’hypothèse que ce titre fai­sait par­tie du film, mal­heureuse­ment per­du “Boliche” de Fran­cis­co Elías (1933). Comme on le sait, Canaro a repris de nom­breuses musiques de film, pourquoi pas celle-ci ?

Affich­es du film Boliche de Fran­cis­co Elias.
No nos ver­e­mos más 1943-02-11 — Lucio Demare con Raúl Berón. C’est notre valse du jour.
No nos ver­e­mos más 1946 — Trío Argenti­no (Irus­ta, Fuga­zot, Demare) y su Orques­ta Típi­ca Argenti­na.

Si mon hypothèse est exacte, ce serait une reprise, 13 ans plus tard, de la musique du film Boliche.

No nos ver­e­mos más – Mañan­i­tas de Mont­martre 1952-06-18 — Lucio Demare (piano).

Demare est un des rares chefs d’orchestre a avoir fait des enreg­istrements de son seul instru­ment. Il faut dire que le piano se prête assez bien à cet exer­ci­ce.

No nos ver­e­mos más 2015 – Roulotte Tan­go con Gas­par Pocai.

Pour ter­min­er avec cette ver­sion en valse créée par Lucio Demare, la propo­si­tion d’un orchestre français, Roulotte Tan­go avec la voix de Garpar Pocai.

Sous le même titre, on trou­ve une chan­son de tan­go de Luis Sta­zo avec des paroles de Fed­eri­co Sil­va qui a eu son petit suc­cès en 1963, notam­ment par la ver­sion de Rober­to Goyeneche avec l’accompagnement de Luis Sta­zo, Arman­do Cupo y Mario Mon­teleone.
On pour­rait citer aus­si celle de Mau­re, de la même année, ou celle de d’Arienzo avec Jorge Valdez. Avec mon célèbre esprit de con­tra­dic­tion, je vous pro­pose d’écouter la ver­sion de De Ange­lis et Godoy…

No nos ver­e­mos más 1964-04 — Orques­ta Alfre­do De Ange­lis con Juan Car­los Godoy.

Comme les autres inter­pré­ta­tions de ce titre, il s’agit d’une ver­sion de con­cert, pas de bal.

Amor que se abre en cruz al puñal de luz de todas las estrel­las.