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No te cases 1937-01-23 — Orquesta Edgardo Donato con Horacio Lagos

Edgardo Donato Letra: Carlos Pesce

“No te cas­es” (ne te marie pas), c’est le con­seil don­né par ce tan­go com­posé par Dona­to avec des paroles de Car­los Pesce. Ceux qui nous con­nais­sent savent que nous n’allons pas suiv­re cette direc­tive. Cepen­dant, les com­plex­ités de l’administration argen­tine font que nous avons fail­li baiss­er les bras aujourd’hui même, juste avant de recevoir enfin l’information que notre mariage était con­fir­mé après deux mois de bagarre et deux reports de date.

Extrait musical

Disque Vic­tor 38092. No te cas­es est sur la face A.
No te cas­es 1937-01-23 — Orques­ta Edgar­do Dona­to con Hora­cio Lagos.

Le motif sym­pa­thique des ban­donéons ouvre ce titre. Il sonne comme une comp­tine enfan­tine. Se suc­cè­dent ensuite des suc­ces­sions de pas­sages ordon­nés et d’autres plus trou­blés, comme s’il y avait un débat con­tra­dic­toire pesant le pour et le con­tre.
À 59 sec­on­des com­mence la chan­son. Lagos chante le refrain avec quelques répliques par­lées par un inter­venant non iden­ti­fié qui joue le rôle du futur mar­ié.
Est-ce Dona­to ? Ce n’est pas impos­si­ble. Canaro effectue sou­vent, ce type d’interventions.

Paroles

¡No te cas­es! ¿A qué val­or ?
Seguí nomás así, que sos un gran señor.
¡No te cas­es! ¿Que vas hac­er? ¡que peli­grá! Ya vas a entrar
¡Mírame a mí que bien! ¡Quien lo dirá!
Gor­do y feliz como un sultán Pobre de vos
¿Casarme yo? ¡Ja Ja! Si estoy muy bien así E sí…
Sin com­pli­carme con la exis­ten­cia
Si es un plac­er lle­gar a fin de mes.
Edgar­do Dona­to Letra: Car­los Pesce

En rouge, les répliques de l’intéressé.

Traduction libre

Ne te marie pas ! À quelle valeur ?
Con­tin­ue comme ça, tu es un grand seigneur.
Ne te marie pas ! Que vas-tu faire ? Quel dan­ger ! Tu vas com­pren­dre.
Regarde-moi, comme c’est bon ! Qui le dira !
Gros et heureux comme un sul­tan, Pau­vre de toi
Me mari­er, moi ? Ha ha ! Si je suis très bien ain­si. Et si…
Sans me com­pli­quer l’ex­is­tence
Si c’est un plaisir de join­dre les deux bouts. (arriv­er à la fin du mois)

Le futur mar­ié qui inter­vient en réponse, pense que son copain va finale­ment se mari­er, même s’il donne le con­seil con­traire.

Autres versions

Il n’y a pas d’autre enreg­istrement de ce titre, mais…

Libo­rio no te cas­es 1931-04-10 — Orques­ta Fran­cis­co Canaro con Char­lo.

Un fox­trot adressé à un cer­tain Libo­rio qui lui donne les mêmes con­seils. Rap­pelons, pour la xxxxx fois, que Canaro avait aus­si un orchestre de jazz et que les bals de l’époque étaient mixtes, tan­go et jazz.
Le Libo­rio en ques­tion pour­rait être Argenti­no Libo­rio Galván (18 ans au moment de cet enreg­istrement, ou le com­pos­i­teur moins con­nu, Augus­to Libo­rio Fis­tol­era Mallié (32 ans au moment de cet enreg­istrement). Il peut s’agir égale­ment d’un tout autre Liberio, amis ou pas des auteurs, Eduar­do Armani et René Cóspi­to (musique), Alfre­do Enrique Bertonasco et Domin­go L. Mar­tignone (paroles). Le L. de Mar­tignone est pour “Luis”, pas Libo­rio…

No te cas­es 1937-01-23 — Orques­ta Edgar­do Dona­to con Hora­cio Lagos. C’est notre tan­go du jour.
Ya lo sabés… (No te casés) 1941-07-01 — Orques­ta Fran­cis­co Canaro con Fran­cis­co Amor y coro.

Encore Canaro, qui ne voulait pas vrai­ment se mari­er avec Ada Fal­cón, ou plutôt, qui craig­nait de divorcer de la Française, sa ter­ri­ble épouse… On peut donc imag­in­er qu’il se lance le con­seil, avec un peu de retard à tra­vers cette jolie valse com­posée par son frère Rafael Canaro et Oscar Sabi­no avec des paroles d’Aristeo Salgueiro.

17 février 2025

Ce n’est pas un événe­ment dans l’histoire du tan­go, mais, ce jour, Vic­to­ria et moi nous marierons à Buenos Aires (Boe­do). Si ça vous dit de nous faire un coucou, au Sede Comu­nal 5 ou en visio…
Ce bâti­ment est le pre­mier de ce type à Buenos Aires. Il mar­que une volon­té de redonner une empreinte verte à la ville.

Le Sede comu­nal 5 (boe­do) avec son mur végé­tal­isé. À droite, la struc­ture des anciens entre­pôts Tata a été con­servée et util­isée pour fournir de l’ombre dans le parc.
La ter­rasse végé­tal­isée et le sys­tème de col­lecte de l’eau pour l’ar­rosage du parc adja­cent.
L’en­trée du Sede comu­nal 5 et le parc.

Notre lieu de mariage est un petit coin de ver­dure dans la grande ville, à deux pas de notre mai­son (deux pas ou plutôt 200 mètres).
Et pour les curieux d’histoire, ce lieu char­mant est le fruit de la lutte des habi­tants pour obtenir un espace vert à la place des anciens entre­pôts de la com­pag­nie Tata.

Les anciens locaux de Tata (années 1980). C’est vrai­ment plus sym­pa main­tenant.
Les habi­tants man­i­fes­tant pour obtenir la place et faire obsta­cle aux pro­jets indus­triels pour ce lieu. Ici, ils sont avenue Boe­do, à l’angle de Inde­pen­den­cia.

Nous ne suiv­rons donc pas les con­seils de nos pré­cieux aînés…

À bien­tôt les amis !

Lors de notre dernier pas­sage en France pour le fes­ti­val Niort Tan­go (10/2024). Ici, à La Rochelle.

Amor, amor vení 1941-01-09 — Orquesta Francisco Canaro con Francisco Amor

Mariano Ramiro Ochoa Induráin (paroles et musique)

Cette jolie valse est une des pre­mières que je met­tais régulière­ment à mes débuts de DJ de tan­go. Je m’en sou­viens, car la cor­re­spon­dance des prénoms, du nom et du titre m’avait frap­pé. Deux Fran­cis­co, Amor et Canaro et L’Amor de Fran­cis­co Amor et le dou­ble amor du titre, répété 6 fois dans les paroles et auquel il faut rajouter un amo. L’autre point, plus objec­tif, qui fait que j’aimais bien ce titre, est qu’il est essen­tielle­ment en mode majeur, d’un rythme soutenu et qu’il évite la monot­o­nie en vari­ant les instru­ments et que Fran­cis­co Amor a une belle voix.

Extrait musical

Amor, amor vení 1941-01-09 — Orques­ta Fran­cis­co Canaro con Fran­cis­co Amor.

On note dès le début le rythme bien accen­tué, typ­ique de Canaro. Cer­tains diront un peu lourd, mais cela plait aux Européens qui se sont habitués à ce fait, comme en témoigne l’évolution du tan­go en Europe, où la bat­terie rythme les bals de vil­lage même pour les tan­gos.
On notera que le piano mar­que tous les temps à l’aide d’accords. On le remar­que moins sur les pre­miers temps, juste­ment à cause de l’utilisation appuyée de la con­tre­basse d’Abra­ham Krauss sur les pre­miers temps, mais aus­si des autres instru­ments et notam­ment des vio­lons, du vio­lon­celle et des ban­donéons, qui évolueront durant toute la durée entre des par­ties ryth­miques et des pas­sages mélodiques, en alter­nance afin que le rythme ne se perde pas et que ce soit con­fort­able pour les danseurs.
Le piano se libère pro­gres­sive­ment de cet osti­na­to en lâchant quelques fior­i­t­ures en fin de phrase. Le piano est tenu par Mar­i­ano Mores qui rem­plaça Luis Ric­car­di qui était dans l’orchestre de Canaro depuis 1928 et dont la mal­adie l’a obligé à aban­don­ner la car­rière.
À 21 s se remar­que la clar­inette qui rap­pelle qu’avant les ban­donéons, les flûtes fai­saient par­tie des instru­ments du tan­go et que Canaro a égale­ment un orchestre de jazz. On retrou­vera égale­ment la clar­inette en con­tre­point du chanteur un peu plus tard.
À 28 s, com­mence la par­tie B qui se dis­tingue par des allers-retours entre l’orchestre et le piano. À 56 s, Fran­cis­co Amor com­mence à chanter avec les vio­lons en con­tre-chant et les ponc­tu­a­tions du piano, la con­tre­basse con­tin­u­ant d’aider les danseurs en mar­quant les pre­miers temps. Les ban­donéons s’occupant de mar­quer tous les temps, comme le fai­sait le piano au début.
Je pense qu’en l’ayant écoutée atten­tive­ment, vous com­pren­drez pourquoi je trou­ve que c’est une mer­veille, sim­ple et élé­gante.

Paroles

Amor, amor vení
No me hagas más penar,
Que mi vida está en peli­gro
Siem­pre que no tardes más.

Amor, amor vení
Ya no puedo repe­tir,
Porque me fal­ta el alien­to
Y fuerzas para vivir.

Camini­to del cole­gio
Que de ahí te conocí,
Me mirabas como a un hom­bre
Y mi amor fue para ti.

Ten­go veinte y tú tam­bién
Y mi amor tam­bién cre­ció,
No sé si me com­prendiste
Y por eso te amo yo.
Mar­i­ano Ramiro Ochoa Induráin (paroles et musique)

Traduction libre

Amour, amour vient (amour = chérie)
Ne m’in­flige pas plus de cha­grin, car ma vie est tou­jours en dan­ger, aus­si, ne tarde pas davan­tage.
Amour, amour vient
Je ne peux plus le répéter, parce que me font défaut le souf­fle et les forces pour vivre.
Sur le chemin de l’é­cole où je t’ai ren­con­trée, tu m’as regardé comme un homme et mon amour fut pour toi.
J’ai vingt ans, et toi aus­si, et mon amour a égale­ment gran­di, je ne sais pas si tu m’as com­pris, et c’est pourquoi, moi, je t’aime.

Bredouille

Dif­fi­cile de trou­ver des élé­ments sur cette valse. Son auteur est incon­nu. On ne lui doit aucun autre titre et la SADAIC ne dis­pose d’aucune don­née dans son enreg­istrement cor­re­spon­dant, #195 009, pas même le nom du com­pos­i­teur et paroli­er, Mar­i­ano Ramiro Ochoa Induráin.
Du côté des deux Fran­cis­co, l’horizon s’éclaircit. Je ne vais pas vous par­ler de Canaro, mais vous dire quelques mots de Amor.
S’il a com­mencé dans l’orchestre de Florindo Sas­sone, ce natif de Bahia Bian­ca, comme Di Sar­li, n’a enreg­istré qu’avec Canaro.
Son image a toute­fois été enreg­istré dans divers films comme :
Vien­to norte 1937 de Mario Sof­fi­ci où il tient le rôle du sol­dat chanteur… Musique et chan­sons de Andres R. Domenech et P. Rub­bione.

Fran­cis­co Amor en Vien­to norte 1937. Un film de Mario Sof­fi­ci. Dans cet extrait, Fran­cis­co Amor chante deux chan­sons et on peut voir à la fin un Gato et un Malam­bo inter­prété par les sol­dats.

Pam­pa y cielo 1938 de Raúl Gur­rucha­ga dans lequel il chante notam­ment « No te cas­es » (ne te marie pas).

No te cas­es 1937 (Vals) — Fran­cis­co Amor con la Orques­ta de Fran­cis­co Canaro

Mandin­ga en la sier­ra 1939 de Isidoro Navar­ro.
Napoleón 1941 de Luis César Amadori.
Buenos Aires can­ta 1947 de Anto­nio Solano. Comme le titre peut le sug­gér­er, plusieurs chanteurs sont à l’affiche et en plus de Fran­cis­co Amor, citons, Azu­ce­na Maizani, Ernesto Famá. On peut aus­si y écouter Oscar Ale­man, l’orchestre le plus en vogue lors de la déca­dence du tan­go au prof­it du jazz.

Autres versions

Les Fran­cis­co ont enreg­istré ensem­ble une ving­taine de valses. Cepen­dant, il n’y a pas de ver­sion enreg­istrée de cette valse par un autre orchestre. Je vous pro­pose donc de ter­min­er en la réé­coutant.

Amor, amor vení 1941-01-09 — Orques­ta Fran­cis­co Canaro con Fran­cis­co Amor.

Je vous laisse avec les 76 mots chan­tés par Amor, qui dira son nom de famille (il s’appelait réelle­ment Amor et même Igle­sias Amor, c’est-à-dire « Église Amour »…) six fois.

Sur ces bonnes… paroles, je vous dis à bien­tôt, les amis !