Archives de catégorie : Restauration

Vous aurez sans doute reconnu dans la photo de couverture, une évocation du merveilleux film de Fritz Lang, Metropolis. Mais peut-être ne savez-vous pas que, si on peut voir aujourd'hui ce film en entier, c'est grâce à l'Argentine qui avait conservé une version complète (au format 16 mm) contenant les 25 minutes que l’on croyait perdues. Aujourd'hui, on peut voir ce chef-d'œuvre absolu du cinéma en entier.

Informations sur la musique numérique

Comme annon­cé dans l’article sur la musique trichée, voici quelques élé­ments d’explication pour aider ceux qui ne sont pas au fait de la musique sous forme numérique.
Nous abor­derons la chaîne musi­cale analogique et com­ment on la con­ver­tit en musique numérique. Des élé­ments sur les for­mats de com­pres­sion et les capac­ités réelles des for­mats numériques seront égale­ment don­nés. C’est un peu tech­nique, mais il y a quelques idées reçues qu’il me sem­blait utile de revoir.

La musique est un phénomène analogique

La musique est une forme par­ti­c­ulière de sons qui se dis­tingue du bruit par une cer­taine forme d’organisation. J’en par­le dans mes cours de musi­cal­ité et je ne souhaite pas radot­er.
Ces sons sont donc des vibra­tions, plus ou moins har­monieuses, qui parvi­en­nent à nos oreilles, voire au corps, en entier, notam­ment pour les bass­es fréquences.

Fréquence d’un son

On représente l’onde sonore par une courbe sinu­soïde pour un son réguli­er (une fréquence pure). Si la courbe s’alterne 2000 fois par sec­onde, on par­le de fréquence de 2000 Hz.

Le Hertz est l’unité de mesure de la fréquence.

À gauche, les infrasons et à droite, les ultrasons sont les fréquences que ne capte pas l'oreille humaine.
À gauche, les infra­sons et à droite, les ultra­sons sont les fréquences que ne capte pas l’or­eille humaine.

Une bonne oreille humaine est réputée pou­voir enten­dre des fréquences com­pris­es entre 20 Hz (20 vibra­tions par sec­onde) et 20 kHz (20 000 vibra­tions par sec­onde).
Pour les fréquences plus graves, les infra­sons, le corps peut les ressen­tir (trem­ble­ments de terre, par exem­ple). Pour les plus aigus, les ultra­sons, pas de chance, c’est le domaine des chauves-souris et des chiens.
On notera qu’au fur et à mesure que les cils de la cochlée dis­parais­sent, la sen­si­bil­ité de l’oreille baisse, notam­ment pour les plus hautes fréquences.

Volume d’un son

L’autre élé­ment impor­tant pour décrire un son, c’est son vol­ume. C’est-à-dire l’amplitude des ondes qui parvi­en­nent à nos sens.

L'onde sonore parvient à l'oreille comme une succession de vibrations. Plus elles sont amples et plus le son est fort.
L’onde sonore parvient à l’or­eille comme une suc­ces­sion de vibra­tions. Plus elles sont amples et plus le son est fort.

Si les ampli­tudes sont trop faibles, l’oreille n’est pas capa­ble de les détecter. Si elles sont trop fortes, des dom­mages irréversibles aux oreilles peu­vent advenir.
Le déci­bel (dB) est l’unité de mesure du vol­ume sonore. On par­le de pres­sion acous­tique.
Pour évo­quer le niveau sonore pour la dif­fu­sion de la musique, il y a plusieurs paramètres à pren­dre en compte et notam­ment la durée du son fort. J’y con­sacr­erai un autre arti­cle… Pour l’instant, il importe de se sou­venir qu’un son supérieur à 120 dB (seuil de la douleur) provoque des dom­mages irréversibles et qu’au-dessus de 85 dB, il con­vient de lim­iter le temps d’exposition.
Un dernier point, la pres­sion sonore dou­ble tous les 3 dB. Ain­si, un son de 85 dB est deux fois plus fort qu’un son de 82 dB.

Principe d’une chaîne musicale analogique

Je ne par­ti­rai pas de l’enregistrement que nous avons déjà évo­qué, seule­ment de la repro­duc­tion.
Les sup­ports prin­ci­paux de l’enregistrement analogique pour la musique sont le disque et la bande mag­né­tique. Pour le disque, ce sont les ondu­la­tions du sil­lon qui sont trans­for­mées en onde sonore.

Pointe de lecture (en saphir ou diamant industriel) dans un sillon de microsillon. À droite, l'image représente environ 0,3 mm de large. Les aspérités du bord du disque sont les bords du chemin. Les différences de profondeur servent à coder un second canal (stéréo).
Pointe de lec­ture (en saphir ou dia­mant indus­triel) dans un sil­lon de microsil­lon. À droite, l’im­age représente env­i­ron 0,3 mm de large. Les aspérités du bord du disque sont les bor­ds du chemin. Les dif­férences de pro­fondeur ser­vent à coder un sec­ond canal (stéréo).

Dans les pre­miers sys­tèmes, un grand pavil­lon ten­tait de dif­fuser le bruit de l’aiguille dans les sil­lons du disque. Les sys­tèmes élec­triques, en ampli­fi­ant ce sig­nal, ont per­mis de sonoris­er plus con­fort­able­ment n’importe quel espace.
La pointe de lec­ture, une aigu­ille pour les dis­ques 78 tours, puis un dia­mant pour les microsil­lons subit les ondu­la­tions du sil­lon et les trans­met à un dis­posi­tif élec­tro­mag­né­tique qui détecte les vibra­tions pour mod­uler un courant élec­trique.

Un schéma simplifié du principe de fonctionnement d'une cellule platine disque vinyle (stéréo). La pointe de lecture (diamant) fait se déplacer le cantilever relié à un pivot. Ce pivot porte deux aimants dont les déplacements sont détectés par 4 entrefers reliés chacun à une bobine. Le courant circulant dans les bobines est modulé en fonction des mouvements des aimants. Ce signal électrique est transmis par 4 fils au système de décodage et préamplification afin de restituer le signal sonore stéréo.
Un sché­ma sim­pli­fié du principe de fonc­tion­nement d’une cel­lule pla­tine disque vinyle (stéréo). La pointe de lec­ture (dia­mant) fait se déplac­er le can­tilever relié à un piv­ot. Ce piv­ot porte deux aimants dont les déplace­ments sont détec­tés par 4 entre­fers reliés cha­cun à une bobine. Le courant cir­cu­lant dans les bobines est mod­ulé en fonc­tion des mou­ve­ments des aimants. Ce sig­nal élec­trique est trans­mis par 4 fils au sys­tème de décodage et préam­pli­fi­ca­tion afin de restituer le sig­nal sonore stéréo.

Il existe des sys­tèmes dif­férents (bobine mobile, par exem­ple) dont vous trou­verez une ver­sion très sim­pli­fiée ici… Sim­pli­fiée, car il y a une seule bobine au lieu des dif­férentes bobines de détec­tion des mou­ve­ments hor­i­zon­taux et ver­ti­caux, indis­pens­ables pour la stéréo. Le mou­ve­ment hor­i­zon­tal donne le sig­nal du canal gauche et le change­ment de pro­fondeur per­met de déduire le canal de droite (gauche [H] moins ver­ti­cal).

Ce qui est impor­tant à tenir en compte, c’est que le sig­nal dans les sys­tèmes analogiques est tou­jours sous forme de vari­a­tion d’onde. C’est un phénomène con­tinu. La pointe de lec­ture de la pla­tine tourne-dis­ques se déplace par vibra­tions. Ces vibra­tions sont trans­mis­es sous forme de vari­a­tion de poten­tiel élec­trique par la cel­lule. Ces vari­a­tions sont ampli­fiées par l’amplificateur analogique, qui envoie un sig­nal élec­trique plus fort aux enceintes dont les bobines des haut-par­leurs vont se déplac­er en fonc­tion de ce qu’elles reçoivent. Par exem­ple, quand l’onde est à son max­i­mum, la bobine va pouss­er la mem­brane du haut-par­leur vers l’avant et quand l’onde est à son max­i­mum, la bobine va vers l’arrière. Le mou­ve­ment de la mem­brane du haut-par­leur, sol­idaire de la bobine, va pouss­er l’air pour le met­tre en mou­ve­ment, ce qui va pro­duire dans notre oreille une sen­sa­tion de son.

Schéma d'un haut-parleur (découpé). Lorsque la bobine se déplace, elle entraîne avec elle la membrane (cône et dôme anti-poussière). Le mouvement est transmis à l'air ambiant et le son peut se propager jusqu’aux oreilles des auditeurs.
Sché­ma d’un haut-par­leur (découpé). Lorsque la bobine se déplace, elle entraîne avec elle la mem­brane (cône et dôme anti-pous­sière). Le mou­ve­ment est trans­mis à l’air ambiant et le son peut se propager jusqu’aux oreilles des audi­teurs.

Une petite mise en garde. Si on utilise deux haut-par­leurs, il faut veiller à les branch­er dans le même sens pour éviter qu’un aille vers l’avant pen­dant que l’autre va vers l’arrière. Les ondes pro­duites par les haut-par­leurs tendraient à s’annuler, le max­i­mum de l’un cor­re­spon­dant au min­i­mum de l’autre. Voir un court topo sur la ques­tion. On utilise d’ailleurs ce phénomène pour les casques à réduc­tion dynamique de bruit, mais c’est une autre his­toire…

Le cas du magnétique

En plus des procédés pure­ment mécaniques ou élec­tromé­caniques, des procédés de stock­age mag­né­tiques ont été inven­tés. Dans les ban­des mag­né­tiques analogiques, la mag­néti­sa­tion de la bande est plus ou moins forte. Ces vari­a­tions, comme celle de la pointe de lec­ture, peu­vent être ampli­fiées et envoyées dans le sys­tème de dif­fu­sion sonore. Nous ver­rons, toute­fois, que la bande mag­né­tique a survécu à l’ère analogique pour rejoin­dre l’ère numérique que nous allons évo­quer main­tenant.

L’arrivée du numérique

Le sig­nal analogique est très sim­ple à gér­er. Il suf­fit de respecter les car­ac­téris­tiques du sig­nal élec­trique, le plus fidèle­ment pos­si­ble, de la pointe de lec­ture de la pla­tine, jusqu’à la bobine du haut-par­leur.
Le numérique exploite un autre principe. On mesure les car­ac­téris­tiques d’un son à un moment don­né. On mesure notam­ment son ampli­tude et ses fréquences (j’écris « ses » fréquences, car les sons musi­caux sont des mélanges var­iés de fréquences et pas une onde sinu­soï­dale pure).

La courbe de fréquence est ici le résultat de la superposition de toutes les fréquences de la musique.
La courbe de fréquence est ici le résul­tat de la super­po­si­tion de toutes les fréquences de la musique.

Cette mesure s’effectue à un moment don­né. Les infor­ma­tions peu­vent être retran­scrites sous forme numérique, puisqu’on les a mesurées. On recom­mence une frac­tion de sec­onde plus tard et ain­si de suite pour toute la durée de la musique. 
Cette opéra­tion qui con­siste à divis­er la musique en tranch­es s’appelle la quan­tifi­ca­tion.

En gris, la courbe de la musique. La ligne brisée en escaliers représente le signal numérique.
En gris, la courbe de la musique. La ligne brisée en escaliers représente le sig­nal numérique.

Pour bien com­pren­dre, regardez l’espace entre les deux lignes rouges ver­ti­cales. C’est un instant de la musique. La ligne verte hor­i­zon­tale dans la colonne rose indique la fréquence iden­ti­fiée par la numéri­sa­tion. On se rend compte, toute­fois, que la courbe analogique (en gris) est ascen­dante durant le temps de cette quan­tifi­ca­tion.
Il y aura donc une moyenne et pas une valeur exacte.
Lors de la resti­tu­tion, on effectue l’opération inverse. On repro­duit la fréquence enreg­istrée et on extra­pole l’évolution jusqu’à la valeur suiv­ante (ici, le palier vert à droite de la zone rose).

L'aspect d'une "courbe" numérisée à différents niveaux d'échelle. On se rend compte que, dans la capture d'écran du bas, on voit les « points », les valeurs mesurées.
L’aspect d’une “courbe” numérisée à dif­férents niveaux d’échelle. On se rend compte que, dans la cap­ture d’écran du bas, on voit les « points », les valeurs mesurées.

On pour­rait penser que ces escaliers déna­tureront la musique. Cela peut être le cas, mais pour éviter cela, on mul­ti­plie les mesures. Pour les CD, c’est 44 100 fois par sec­onde. Pour les DVD 48 000 fois par sec­onde. C’est la fréquence d’échantillonnage.
Ces échan­til­lons rap­prochés per­me­t­tent de repro­duire des sons jusqu’à une fréquence sen­si­ble­ment égale à la moitié de cette fréquence d’échantillonnage, soit 22 kHz et 24 kHz, des valeurs supérieures aux capac­ités des oreilles humaines.

Le stockage de l’information de volume

La quan­tifi­ca­tion, ce qui n’apparaît pas dans mon graphique précé­dent, mesure aus­si le vol­ume de la musique. C’est essen­tiel, car les nuances sont un élé­ment majeur de la musique, enfin, de la plu­part des musiques…

Le volume de l’information à stocker

On a donc dans chaque case, pour chaque mesure, de nom­breuses infor­ma­tions. Pour les stock­er, il fal­lait de nou­veaux types de sup­ports. Le CD est le sup­port qui a per­mis la général­i­sa­tion de la musique numérique. Les stu­dios d’enregistrement numériques util­i­saient eux des mag­né­to­phones mul­ti­p­istes à bande, mais c’est un autre domaine.
Ce sup­port reçoit de la musique échan­til­lon­née à 44,1 kHz et sur 16 bits. C’est-à-dire que chaque mesure peut être codée avec 65,536 valeurs dif­férentes.
Cela per­met de stock­er des fréquences de 20 à 20 kHz et des écarts de dynamique de 90 dB.
Ces valeurs sont suff­isantes pour attein­dre les per­for­mances des meilleures oreilles humaines, tout en offrant un rap­port signal/bruit incroy­able pour l’époque (même si dans le domaine de l’enregistrement numérique, le Dol­by fai­sait des mir­a­cles en étant dans la même gamme de rap­port signal/bruit…).
Il y avait tout de même un point noir pour les util­isa­teurs lamb­das. Il n’y avait pas de sys­tème d’enregistrement grand pub­lic per­me­t­tant de manip­uler facile­ment ces énormes quan­tités d’informations.
Des enreg­istreurs de CD sont bien apparus, mais ils étaient lents et moyen­nement fiables. Les enreg­istreurs DAT étaient vrai­ment chers. Ils util­i­saient des ban­des mag­né­tiques, ce qui per­me­t­tait de faciliter les opéra­tions d’enregistrements, mais en lec­ture et avec un accès séquen­tiel (il faut faire défil­er la bande jusqu’au point qui nous intéresse, comme avec les cas­settes Philips).
Peu de temps après, le Mini­Disc résolvait ces deux prob­lèmes. Il avait la facil­ité d’usage pour l’enregistrement d’un mag­né­to­phone à cas­settes, mais son accès aléa­toire per­me­t­tait un accès instan­ta­né et indexé à la musique présente sur le Mini­Disc.
Dans mon cas, cela a été mon sup­port favori pour numéris­er les dis­ques Shel­lac. Augus­to, un DJ parisien orig­i­naire de Bar­iloche, l’utilisait égale­ment en milon­ga.

L’informatique musicale

Aujourd’hui, la qua­si-total­ité des DJ utilisent un ordi­na­teur. J’ai, je pense, été un des pre­miers à le faire, tout d’abord avec un ordi­na­teur tour qu’il fal­lait trib­aller avec son écran, écran qui, même en 15 pouces, était lourd et encom­brant.
Je rêvais donc d’un ordi­na­teur portable, mais dans les années 90, c’était coû­teux et les dis­ques durs étaient très petits. Un disque dur de 40 Mo per­me­t­tait de stock­er un seul tan­go au for­mat WAV… J’avais un disque dur SCSI de 160 Mo (un mon­stre pour l’époque), mais cela était bien sûr trop lim­ité. C’est alors que je suis passé au MP3 à 128 ou 192 kbit/s, ce qui per­me­t­tait de stock­er 10 fois plus de musique. J’ai alors investi dans un lecteur Syquest et une flopée de dis­ques de 88 Mo et dans mon pre­mier ordi­na­teur portable. Un truc avec un écran mono­chrome, mais offert avec une souris « Colani » et une cal­cu­la­trice du même design­er…

Mon premier ordinateur portable et un lecteur Syquest avec des cartouches de 88 Mo. L’ordinateur avait un processeur 486DX2 à 66 MHz, 8 Mo de RAM et 540 Mo de disque dur. Je ne sais pas où est passé cet ordinateur, mais il me reste encore des Syquests avec des cartouches de 88 Mo et de 200 Mo. En recherchant une photo de l’ordinateur sur Internet, j’ai même retrouvé ses caractéristiques.
Mon pre­mier ordi­na­teur portable et un lecteur Syquest avec des car­touch­es de 88 Mo. L’ordinateur avait un processeur 486DX2 à 66 MHz, 8 Mo de RAM et 540 Mo de disque dur. Je ne sais pas où est passé cet ordi­na­teur, mais il me reste encore des Syquests avec des car­touch­es de 88 Mo et de 200 Mo. En recher­chant une pho­to de l’ordinateur sur Inter­net, j’ai même retrou­vé ses car­ac­téris­tiques.

Le sys­tème deve­nait viable et, vers 2000, j’ai inau­guré ce portable et les Syquests avec Winamp, un logi­ciel qui per­me­t­tait égale­ment de chang­er la vitesse de la musique. Roy­al, non ? Un disque de 1 Go en interne quelques années plus tard m’a per­mis d’avoir plus de musique avec moi. Aujourd’hui, je suis passé à 4 To…
Tout cela pour dire que le MP3, qui est un retrait par rap­port aux capac­ités du CD a été sal­va­teur pour utilis­er l’informatique en milon­ga.
Le MP3 devait égale­ment se dévelop­per à cause des faibles per­for­mances d’Internet de l’époque, même si j’avais Numéris, un sys­tème qui per­me­t­tait d’atteindre 64, voire 128 kbit/s en agrégeant deux canaux, mais en dou­blant aus­si le prix de la com­mu­ni­ca­tion…
Aujourd’hui, avec l’ADSL ou la fibre, on a oublié ce temps où il fal­lait des heures pour les trans­ferts et qu’ils étaient fac­turés à la minute…

Comment le MP3 a permis de réduire la taille des fichiers

Un tan­go au for­mat WAV, qual­ité CD, occupe env­i­ron 30 Mo. Un fichi­er MP3 à 128 kbit/s occupe env­i­ron 3 Mo, soit 10 fois moins que le fichi­er sans com­pres­sion.

Ce tableau présente la quantité d’information à stocker en fonction de ses caractéristiques (Fréquence d'échantillonnage et résolution). Encadré en rouge, le CD (piste mono). Il faut multiplier par deux pour un fichier stéréo (1411 kbit/s).
Ce tableau présente la quan­tité d’information à stock­er en fonc­tion de ses car­ac­téris­tiques (Fréquence d’échan­til­lon­nage et réso­lu­tion). Encadré en rouge, le CD (piste mono). Il faut mul­ti­pli­er par deux pour un fichi­er stéréo (1411 kbit/s).

Un fichi­er MP3 stéréo en qual­ité « CD », 44,1 kHz et 16 bits devrait faire égale­ment 30 Mo s’il n’avait pas de com­pres­sion. Un fichi­er audio stéréo au for­mat CD demande un débit de 1411 kbit/s. Le meilleur MP3 est lim­ité à 320 kbit/s. Il faut donc com­primer env­i­ron 4 fois le fichi­er pour le faire entr­er dans son for­mat.
Cela se fait en sup­p­ri­mant des don­nées estimées inutiles ou pas utiles. Sur une musique rel­a­tive­ment sim­ple, c’est réal­is­able, mais plus com­plexe pour de la musique plus riche.
Si on choisit un débit plus faible, par exem­ple 128 kbit/s, et que l’on a con­servé les valeurs ini­tiales de 44,1 kHz et 16 bits, il faut donc aug­menter très sen­si­ble­ment la com­pres­sion et là, les pertes com­men­cent à s’entendre, comme vous avez pu l’écouter dans mon arti­cle « Détecter la musique trichée ». https://dj-byc.com/detecter-la-musique-trichee/

Taille relative des boîtes à musique

Les "boîtes" bleues montre les capacités d'enregistrement, sans compression. À gauche, trois formats. le 78 tours, le 33 tours et le MP3 à 320 kbit/s.
Les “boîtes” bleues mon­tre les capac­ités d’en­reg­istrement, sans com­pres­sion. À gauche, trois for­mats. le 78 tours, le 33 tours et le MP3 à 320 kbit/s.

En haut à droite, le for­mat CD (44,1 kHz/16 bits). En dessous, le for­mat DVD et les for­mats Haute réso­lu­tion. Ces deux derniers for­mats per­me­t­tent d’enregistrer des gammes de fréquences bien au-delà du néces­saire et des dif­férences de niveaux sonores supérieures à ceux qui pour­raient se ren­con­tr­er sur terre. Ce sont donc des for­mats des­tinés à l’enregistrement pro­fes­sion­nel. Par exem­ple, si le vol­ume d’enregistrement a été trop faible, on pour­ra l’augmenter sans rajouter de bruit de fond, ce qui serait impos­si­ble avec un for­mat CD ou DVD.
On restera donc prob­a­ble­ment à des valeurs raisonnables pour ce qui est de la dif­fu­sion de la musique en con­ser­vant les valeurs du CD ou du DVD.
Pour vous enlever toute hési­ta­tion, je vous présente ce qu’occupent les for­mats tra­di­tion­nels (LP 33 tours et shel­lac 78 tours) en com­para­i­son de la boîte du CD.

Les trois contenants au format 44,1 kHz et 16 bits) et comment s'y logent trois formats. Le 78 tours, le 33 tours et le MP3 à sa plus haute qualité.
Les trois con­tenants au for­mat 44,1 kHz et 16 bits) et com­ment s’y logent trois for­mats. Le 78 tours, le 33 tours et le MP3 à sa plus haute qual­ité.

Je com­mencerai par le cas du MP3. La par­tie cen­trale est la taille du fichi­er. La par­tie qui l’entoure, en rose, c’est l’espace que va retrou­ver la musique après la décom­pres­sion. En théorie, on retrou­ve dans la musique décom­pressée, la même gamme de fréquences et la même dynamique que le CD. La dif­férence que l’on peut éventuelle­ment not­er dans de bonnes con­di­tions vient des arte­facts de com­pres­sion qui ont resti­tué des détails un peu dif­férents de ceux d’origine.
Dans les deux boîtes supérieures, j’ai placé le 78 tours et le 33 tours. On voit qu’il y a beau­coup de marge de manœu­vre. Les capac­ités du CD sont net­te­ment supérieures à celles de ces deux sup­ports.
Cer­tains pour­raient affirmer que le ren­du analogique est plus doux, meilleur ou je ne sais quoi, mais il s’agit plus d’un fan­tasme, notam­ment pour la musique his­torique du tan­go, qui n’a pas béné­fi­cié des tout derniers pro­grès du disque noir.
Le test est facile à faire. Placez un « mélo­mane » en écoute aveu­gle et deman­dez-lui s’il écoute la ver­sion CD ou la ver­sion shel­lac. Bien sûr, vous lui aurez offert le meilleur casque, ou une chaîne hi-fi haut de gamme pour être beau joueur.
S’il trou­ve à chaque fois sans se tromper, renou­velez le test dans une milon­ga avec une bonne sono. Si ce phénomène con­tin­ue de tou­jours dif­férenci­er le disque noir de sa copie numérique en qual­ité CD, c’est assuré­ment que votre trans­fert est de très mau­vaise qual­ité.
Dans ce cas j’ai un arti­cle pour vous aider, et éventuelle­ment un autre sur le net­toy­age des dis­ques

Vous aurez sans doute reconnu dans la photo de couverture, une évocation du merveilleux film de Fritz Lang, Metropolis. Mais peut-être ne savez-vous pas que, si on peut voir aujourd'hui ce film en entier, c'est grâce à l'Argentine qui avait conservé une version complète (au format 16 mm) contenant les 25 minutes que l’on croyait perdues. Aujourd'hui, on peut voir ce chef-d'œuvre absolu du cinéma en entier.
Vous aurez sans doute recon­nu dans la pho­to de cou­ver­ture, une évo­ca­tion du mer­veilleux film de Fritz Lang, Metrop­o­lis. Mais peut-être ne savez-vous pas que, si on peut voir aujour­d’hui ce film en entier, c’est grâce à l’Ar­gen­tine qui avait con­servé une ver­sion com­plète (au for­mat 16 mm) con­tenant les 25 min­utes que l’on croy­ait per­dues. Aujour­d’hui, on peut voir ce chef-d’œu­vre absolu du ciné­ma en entier.

Détecter la musique trichée

Pour les DJ de tango qui ne veulent pas se faire arnaquer

Nous avons déjà par­lé des tech­niques d’enregistrement depuis les orig­ines, mais aujourd’hui, je souhaite répon­dre à un ami DJ, Fred, qui m’a demandé com­ment recon­naître de la musique trichée. C’est-à-dire de la musique qui est ven­due comme étant de haute qual­ité, mais qui est de la musique ordi­naire dont on a changé l’étiquette.

Les pièces du procès

Fred m’a soumis trois fichiers qu’il a acquis auprès d’un édi­teur que je ne cit­erai pas, mais qui pré­tend fournir de la qual­ité 16 bits/44,1 kHz. Il est déçu de ses acqui­si­tions qui ne lui sem­blent pas cor­re­spon­dre à ce que devraient être ces fichiers.

Voici les trois fichiers qu’il m’a envoyés :

  • 14 No Te Aguan­to Mas (Instrumental).m4a
  • 06 — Orques­ta Típi­ca Osval­do Frese­do – Divagando.aif
  • 23 — Ricar­do Tan­turi — Recuerdo.aif

Pre­mière remar­que, les noms de fichiers ne sont pas stan­dard­is­és. Si on ouvre ces fichiers dans iTunes, on remar­que que les méta­don­nées ne sont pas toutes rem­plies.

On peut voir que les don­nées ne sont pas au top. Musiques du Monde au mieux de tan­go, une seule date d’enregistrement cor­recte. On remar­quera toute­fois que le débit indiqué est de 514 ou 1411 kbit/s, ce qui cor­re­spond à des for­mats haute déf­i­ni­tion.

Échantillon pas gratuit

Le principe de la musique numérique est de découper le sig­nal sonore analogique en tranch­es tem­porelles. À un moment don­né, on va quan­ti­fi­er le sig­nal et enreg­istr­er cela sous forme numérique. Puis, un peu plus tard, on va faire de même et ain­si de suite. On con­sid­ère pour que ce soit de bonne qual­ité, il faut le faire au moins 40 000 fois par sec­onde… Plus ont le fait sou­vent et plus on aura de pré­ci­sion en cap­tant les plus petits détails de change­ment de la musique. On con­sid­ère que l’oreille humaine pou­vant enten­dre des sons de 20 kHz (pas tout le monde…), il faut une fréquence d’échantillonnage du dou­ble pour restituer des aigus extrêmes qui, même si on ne les entend pas, influ­en­cent, ou influ­encerait, sur le tim­bre des instru­ments. Voyons ce qu’en dit l’éditeur dou­teux, repéré par Fred.

Le site de vente de musique épinglé par Fred se vante de fournir de la musique de bonne qual­ité, comme en témoigne ce dessin sur leur page. Le for­mat MP3 présente des escaliers, car le taux d’échan­til­lon­nage y serait faible.

Ce dessin fait par­tie de la tromperie de cet édi­teur. En effet, il est en par­tie faux.
En effet, il présente le MP3 à 320 kbit/s comme ayant des march­es d’escalier supérieures à celles du for­mat CD. C’est un men­songe. En effet, le MP3 per­met un échan­til­lon­nage à 44 kHz et donc, l’effet d’escalier sera exacte­ment le même. D’ailleurs, ils n’indiquent pas la fréquence d’échantillonnage en face du MP3, seule­ment en face du for­mat CD ou Hi-Res Audio.
Bien sûr, on peut échan­til­lon­ner du MP3 à des valeurs inférieures. Par exem­ple, à 22 kHz, les fichiers seront deux fois plus petits et la fréquence max­i­male repro­ductible sera 11 kHz.
On peut donc par­tir du principe que les MP3 à 320 kbit/s sont échan­til­lon­nés à 44 kHz et que la dif­férence de qual­ité vient d’ailleurs.
Il vient du fait que la com­pres­sion, qui per­met de réduire forte­ment la taille des fichiers, est destruc­tive. Le pro­gramme de com­pres­sion décide que cer­tains élé­ments sont peu impor­tants et les sup­prime. C’est exacte­ment comme pour les pho­tos en JPG. Si elles sont trop com­pressées, on obtient des arte­facts à la décom­pres­sion.

Les effets de la com­pres­sion exces­sive sur une image sont de même ordre que ceux sur un fichi­er de musique. La musique devient floue, pâteuse, sans détail, sans sub­til­ité.

Compression, décompression, ne vous mettez pas la pression

Les trois fichiers en ques­tion sont sous deux for­mats dif­férents, comme en témoignent les exten­sions de fichi­er. Mais cela ne suf­fit pas pour être sûr de ce que l’on a et pour deux raisons :

  • Le fichi­er peut avoir été enreg­istré à ce for­mat, mais à par­tir d’un for­mat de moin­dre qual­ité. Cela n’augmente pas la qual­ité de la musique. C’est donc une « arnaque ». Cepen­dant, si vous souhaitez retouch­er votre musique, vous devrez adopter un for­mat sans perte pour éviter qu’à chaque enreg­istrement la qual­ité du fichi­er baisse à cause d’une nou­velle com­pres­sion.
  • Cer­tains for­mats sont en fait des con­teneurs qui peu­vent recueil­lir dif­férents types de fichiers. Par exem­ple, le for­mat m4a de No te aguan­to más est un con­teneur qui peut con­tenir de la musique à un for­mat com­pressé (type mp3) ou haute qual­ité (type ALAC). L’extension m4a seule ne suf­fit donc pas à assur­er que l’on a un fichi­er de haute qual­ité, sans perte (Los­less). Dans iTunes, on remar­que un débit de 514 kbit/s et dans la colonne « Type », la men­tion Fichiers audio Apple Loss­less (ALAC), ce qui cor­re­spond bien à un for­mat de haute qual­ité.

La com­pres­sion con­siste à sup­primer des infor­ma­tions jugées peu utiles afin de réduire la taille du fichi­er. Cette dis­po­si­tion a fait le suc­cès du for­mat MP3 qui per­me­t­tait de ne pas sat­ur­er trop vite les petits dis­ques durs d’il y a quelques décen­nies et qui pou­vait s’adapter aux débits disponibles sur Inter­net.
Avec l’augmentation du débit Inter­net et l’augmentation de taille des dis­ques, le for­mat MP3 ne se jus­ti­fie plus vrai­ment, car il abime trop sen­si­ble­ment la musique.
On attend ENCODE qui serait un for­mat avec com­pres­sion de meilleure qual­ité grâce à l’intelligence arti­fi­cielle, mais, pour l’instant, il faut regarder du côté des for­mats sans com­pres­sion destruc­trice (WAV, AIFF, ALAC, FLAC…).

Il n’y a pas de petits profits

Les édi­teurs l’ont bien com­pris et pou­voir ressor­tir leurs vieux fichiers au for­mat MP3 en les « gon­flant » est une astuce qui per­met de ven­dre plus cher la même chose, sans que la qual­ité finale soit meilleure.
Si on veut être juste, pass­er un disque vinyle en CD ne fai­sait pas non plus aug­menter la qual­ité de la musique, n’en déplaise aux nos­tal­giques, un enreg­istrement numérique (DDD) est poten­tielle­ment meilleur qu’un (ADD) ou un (AAD). Le D pour Dig­i­tal (numérique) et le A pour Analogique).

  • AAD = Enreg­istrement analogique/Mixage, mas­téri­sa­tion analogique/Diffusion numérique
  • ADD = Enreg­istrement analogique/Mixage, mas­téri­sa­tion numérique/Diffusion numérique
  • DDD = Enreg­istrement numérique, mix­age et mas­téri­sa­tion numérique et dif­fu­sion numérique

Les dis­ques de tan­go de l’âge d’or sont tous en enreg­istrement analogique (A).
Les sup­ports numériques d’aujourd’hui peu­vent donc être AAD ou ADD.
On pour­rait penser que ADD est meilleur, mais c’est aus­si le domaine de tous les abus qui nuisent à l’authenticité de la musique. Pour ma part, je préfère un bon AAD quand je ne peux pas par­tir d’un disque noir orig­i­nal.
Il y a cepen­dant des ADD qui béné­fi­cient d’un excel­lent tra­vail de restau­ra­tion. Ce serait dom­mage de s’en priv­er.
Les édi­teurs de tan­go font plutôt du AAD, ce qui donne sou­vent des musiques avec beau­coup de bruit disque. Ce bruit est maîtris­able, mais encore faut-il bien le faire et d’autres édi­teurs sont vrai­ment minables dans ce tra­vail. La plu­part du temps, quand vous voyez “Remas­ter­i­za­do” ou “Remas­tered”, le mieux est de fuir.

La démonstration par l’image…

Fred a détec­té le prob­lème en écoutant la musique. C’est une excel­lente démarche. Mais, il peut être intéres­sant de voir le prob­lème.
Je vous pro­pose ici d’étudier le prob­lème à par­tir de 6 fichiers représen­tat­ifs de cer­taines dérives. Les trois de Fred, plus trois autres que je rajoute à titre d’exemples com­plé­men­taires.

Divagando – Osvaldo Fresedo – Format AIFF – « Éditeur de Fred »

Tout d’abord, le fichi­er livré est bien, comme annon­cé, dans un for­mat CD (16 bits/44,1 kHz).

Diva­gan­do de Frese­do au for­mat AIF. C’est nor­male­ment un fichi­er de haute qual­ité, mais il y a un gros prob­lème.

On remar­que quelque chose d’étrange dans le spec­tro­gramme de ce fichi­er. Il y a une baisse de vol­ume à par­tir de 4000 Hz.
Pour com­pren­dre, regardez l’échelle de gauche. Elle indique les fréquences. On con­sid­ère qu’une bonne oreille humaine (celle d’un jeune) est capa­ble d’entendre de 20 Hz à 20 000 Hz.
On voit qu’à par­tir de 4000 Hz, la couleur passe de l’orange au bleu.
La couleur s’analyse en regar­dant l’échelle de droite. Le jaune indique un fort niveau et le bleu, un niveau plus faible.
Ce résul­tat est très éton­nant et j’ai véri­fié dans un autre logi­ciel.

Tous les mod­ules du logi­ciel con­fir­ment le prob­lème. À gauche, on voit que la par­tie orange est arasée à 4000 Hz. Dans l’é­galiseur paramétrique, la chute à 4000 Hz est égale­ment évi­dente, tout comme dans l’analy­seur de fréquence.

La rai­son de cette chute est assez sim­ple. Un fil­tre de coupure a été placé avec une bas­cule à 4000 Hz et une pente très forte. Toutes les fréquences supérieures à la fréquence de coupure ont été sup­primées. C’est une façon effi­cace de sup­primer le bruit de sur­face d’un disque, mais c’est une destruc­tion de la musique. Avec l’égaliseur paramétrique, on peut récupér­er un peu des aigus détru­its, mais il vaut mieux ne pas per­dre son temps avec une musique de si mau­vaise qualité.L’analyse du fichi­er révèle que son débit est de 1411 kbit/s et est réelle­ment à 1411 kbit/s en natif. Donc, l’éditeur n’a pas triché dans le cas présent, la destruc­tion des aigus par l’application d’un fil­tre passe-bas à forte pente (-40 dB à 4000 Hz) rend la musique peu util­is­able. Ce traite­ment exagéré était prob­a­ble­ment des­tiné à sup­primer le bruit du disque.
Je vous pro­pose d’écouter le début du fichi­er.

Impos­si­ble de le laiss­er en entier en bonne qual­ité à cause des restric­tions du serveur. C’est du MP3 à 320 kbit/s, mais même dans ce for­mat dégradé, les défauts de la musique sont évi­dents.

06 — Orques­ta Tipi­ca Osval­do Frese­do – Diva­gan­do (EXTRAIT)
06 — Orques­ta Tipi­ca Osval­do Frese­do – Diva­gan­do (en entier, mais adap­té pour être accep­té par mon site).

Con­clu­sion pour ce fichi­er. Même s’il n’y a pas de triche sur le for­mat, les traite­ments appliqués ren­dent le fichi­er aus­si mau­vais que du MP3… C’est dom­mage d’acheter ce fichi­er sans obtenir l’augmentation de qual­ité espérée.

No te aguanto más – Carlos Di Sarli – Format M4a – « Éditeur de Fred »

Le fichi­er est bien dans un for­mat CD (16 bits/44,1 kHz), mais on est bien devant une énorme arnaque.

On se rend compte qu’il n’y a absol­u­ment rien au-dessus de 11 kHz. Il manque qua­si­ment la moitié des fréquences de la musique pos­si­bles.

L’analyse révèle qu’en fait, le fichi­er source est à 96 kbit/s, le débit des plus mau­vais MP3…
Le fichi­er fait donc appa­raître un spec­tro­gramme con­forme, ce for­mat ne per­me­t­tant pas d’afficher les hautes fréquences. On remar­que ici la coupure très nette à 11 kHz qui con­traire­ment à l’exemple précé­dent n’est pas causée par un fil­tre passe-bas agres­sif, mais par le fait que le sup­port orig­i­nal ne per­me­t­tait pas de con­serv­er les hautes fréquences.
Le fichi­er est ven­du comme ayant un débit de 4116 kbit/s. Le fichi­er ven­du est donc le fruit d’un gon­fle­ment de 42 fois du doc­u­ment orig­i­nal… C’est donc une tromperie.

No te aguan­to más – Car­los Di Sar­li (EXTRAIT)
No te aguan­to más – Car­los Di Sar­li (en entier, mais adap­té pour être accep­té par mon site).

Le résul­tat est logique­ment sourd et étouf­fé, comme l’a remar­qué notre ami, Fred.

Recuerdo – Ricardo Tanturi – Format AIF – « Éditeur de Fred »

Une fois de plus, il n’y a pas de tromperie sur le con­tenant. C’est bien au for­mat CD. C’est en fait l’astuce de ces vendeurs. On prend une boite de grande taille, nor­male­ment des­tinée à con­tenir un gros objet (une musique en haute réso­lu­tion dans notre cas). Dans cette boîte, il peut y avoir un gros objet, mais aus­si un objet plus petit (le fichi­er arti­fi­cielle­ment gon­flé). Mais, ce que le DJ achète, ce n’est pas la boite, mais l’objet, la musique. Il me sem­ble donc impor­tant de lui éviter de tomber dans la tromperie qu’on ne peut sans doute pas traiter de fraude, car les vendeurs ne par­lent que de for­mat de fichi­er et que, donc, il n’y a pas tromperie. La boîte est bien une grosse boite…

La boîte fait bien 1411 kbit/s, mais le fichi­er qui est dedans est du 320 kbit/s. Il y a donc une triche x4, mais il y a une sec­onde arnaque.

Si le fait de gon­fler par qua­tre la musique est une triche, l’original étant en 320 kbit/s, la musique résul­tante pour­rait être cor­recte. Cepen­dant, on se retrou­ve dans le même cas que les précé­dents fichiers. Les fréquences utiles sont lim­itées à env­i­ron 7500 Hz, ce qui donne en théorie un son sourd, man­quant de bril­lance. Cepen­dant, ici, un autre traite­ment est venu s’ajouter. Il s’agit de la réver­béra­tion. Cela per­met de don­ner une impres­sion de spa­tial­ité, voire de bril­lance. Ce procédé est a été très util­isé lors du pas­sage au microsil­lon stéréo. Le trans­fert des anciens dis­ques mono était soumis à ce traite­ment pour don­ner l’impression d’un effet pseu­dostéréo­phonique.

Recuer­do – Ricar­do Tan­turi (EXTRAIT)
Recuer­do – Ricar­do Tan­turi (en entier, mais adap­té pour être accep­té par mon site).

Le résul­tat est désagréable et le présent exem­ple en témoigne. Pour moi, ce fichi­er est inutil­is­able en milon­ga.
On notera, toute­fois, qu’une réver­béra­tion bien appliquée donne une pro­fondeur agréable à la musique qui, sinon, pour­rait paraitre trop sèche. C’est d’ailleurs une stratégie qu’emploient la qua­si-total­ité des enreg­istrements mod­ernes.

Le bilan des acquisitions de Fred

Comme Fred l’a détec­té, ces musiques sont fre­latées. Elles ne sont pas d’une qual­ité jus­ti­fi­ant un prix supérieur à celui des édi­tions d’entrée de gamme, ou de la musique de YouTube ou Spo­ti­fy.
Si toutes les musiques de cette plate­forme sont de ce niveau, l’abonnement n’est pas jus­ti­fié pour les enreg­istrements his­toriques du tan­go.
Pour la musique con­tem­po­raine, il se peut que la valeur ajoutée soit intéres­sante, car les sources sont effec­tive­ment de bonne qual­ité.
Les enreg­istrements actuels sont faits au moins en 24 bits (ou mieux 32 bits en vir­gule flot­tante) et 96, voire 192 kHz, ce qui per­met d’avoir un rap­port signal/bruit de 140 dB (en 24 bits et 1528 dB en 32 bits v.f.). Et de pou­voir restituer des fréquences jusqu’à 90 kHz (presque 5 fois plus aigus que ce que l’humain peut enten­dre). Ces enreg­istrements peu­vent intéress­er votre chien qui entend les ultra­sons…
Cette énorme marge de rap­port signal/bruit et de fréquences per­met en fait de tra­vailler plus con­fort­able­ment en stu­dio par la suite, pour le mix­age et la mas­téri­sa­tion. En revanche, cela n’a pas grand intérêt pour l’auditeur.
Dif­fuser des fréquences inaudi­bles pour­ra tout au plus détru­ire les tweet­ers des enceintes si elles ne dis­posent pas de bons fil­tres de coupure.
Avoir une plage dynamique de 140 dB sig­ni­fie que l’on pour­rait repro­duire le silence absolu et attein­dre le seuil de la douleur, de quoi don­ner des sen­sa­tions, mais pas de con­fort d’écoute, car, par moment, on n’entendrait rien et à d’autres on devrait se bouch­er les oreilles. Le plus fort écart de pres­sion sonore exis­tant sur terre est de 210 dB, les 1528 dB 32 bits à vir­gule flot­tante per­me­t­tent à un ingénieur du son d’enregistrer sans se souci­er du réglage du vol­ume (tolérance de plus de 700 dB en plus ou en moins…).
Pour les enreg­istrements his­toriques de tan­go qui ont une faible dynamique à cause du bruit de sur­face du disque et les lim­ites imposées par l’inertie de l’aiguille, un codage en 16 bits est très large­ment suff­isant.
D’ailleurs, la plu­part des musiques éditées actuelle­ment n’utilisent qu’une toute petite par­tie de la gamme dynamique autorisée par la tech­nique. En effet, elles sont com­pressées (ATTENTION, CE N’EST PAS LA COMPRESSION DU FICHIER), c’est-à-dire que la dynamique est écrasée. On relève le niveau des pas­sages pianos et on dimin­ue les for­tis­si­mos. Ain­si, on gagne en con­fort d’écoute en n’étant pas obligé de tout le temps manip­uler le bou­ton de vol­ume.
Pour la musique actuelle, tonique, on com­presse telle­ment la musique qu’elle est en fait qua­si­ment d’un bout à l’autre du titre au même vol­ume sonore. C’est l’autre extrême…

Trois autres exemples avec d’autres éditeurs

J’ai décidé de com­pléter ce petit panora­ma avec trois autres titres, dif­fusés par deux édi­teurs spé­cial­isés dans le tan­go. Je ne don­nerai pas non plus leur nom, même s’ils font plutôt de l’excellent tra­vail, on ver­ra qu’il y a quelques points à dis­cuter…

Quiero verte una vez más 1950-03-07 — Orquesta Osvaldo Pugliese con Alberto Morán – Format AIF – Éditeur spécialisé tango A

Ce fichi­er tient ses promess­es. C’est un for­mat numérique sans perte (AIF) et son débit est bien celui de la source, à savoir 705 kbit/s, ce qui cor­re­spond à un débit sat­is­faisant pour une source mono. Voyons son spec­tro­gramme.
On notera que le fichi­er est échan­til­lon­né à 64 kHz et 32 bits (vir­gule flot­tante), ce qui est une boîte net­te­ment supérieure à ce qui est néces­saire.

Ce fichi­er tient ses promess­es. C’est un fichi­er qui cor­re­spond à ce qui est annon­cé. On le voit tout de suite avec des fréquences qui mon­tent jusqu’à 17 kHz de façon exploitable et une lim­ite égale à la lim­ite théorique de 22 kHz.

On voit que les fréquences élevées con­tin­u­ent d’exister au-delà des 7500 des fichiers précé­dents. Toute l’amplitude de la musique est respec­tée, cette ver­sion a donc sa place dans une milon­ga de qual­ité.
Pour en juger, voici un exem­ple peu com­pressé, mais de courte durée et une ver­sion inté­grale dans une qual­ité réduite pour pou­voir être dif­fusée sur mon site.

Quiero verte una vez más 1950-03-07 — Orques­ta Osval­do Pugliese con Alber­to Morán (EXTRAIT)
Quiero verte una vez más 1950-03-07 — Orques­ta Osval­do Pugliese con Alber­to Morán (en entier, mais adap­té pour être accep­té par mon site).

Ce titre acheté chez cet édi­teur vaut donc la peine, dans la mesure où on a un fichi­er de bonne qual­ité. Le trans­fert depuis le disque orig­i­nal a été fait avec un disque en bon état avec rel­a­tive­ment peu de bruit de sur­face.
Cet édi­teur que j’ai appelé A est réputé sur le marché et c’est jus­ti­fié.

La noche que me esperes 1952-01-28 — Orquesta Osvaldo Pugliese con Alberto Morán – Format m4a (ALAC) – Éditeur spécialisé tango B

Ce que l’on remar­que chez cet édi­teur est que les fréquences hautes mon­tent à plus de 30 kHz. Cela indique que, même si le for­mat d’origine était à 320 kbit/s, le taux d’échantillonnage devait être élevé. En effet, le fichi­er est en 96 kHz et 32 bits vir­gule flot­tante.
On pour­rait penser à une triche, puisque le for­mat final a un débit 33 fois supérieur à celui de la source, mais je ne le dirai pas ain­si, car il s’agit plutôt d’un choix tech­nique. Je pense que le for­mat 320 kbit/s n’a été util­isé que pour les dernières étapes, une fois que les fichiers ont été opti­misés.
À ce stade, les 320 kbit/s sont large­ment suff­isants pour « con­tenir » toutes les infor­ma­tions musi­cales orig­i­nales. La petite menterie serait donc de gon­fler sans néces­sité, le fichi­er ven­du, plutôt que de livr­er directe­ment l’original qui était prob­a­ble­ment dans ce for­mat.
Cela étant, on peut juger de la qual­ité du trans­fert à l’écoute, même avec les lim­ites imposées par mon site.

La présence de fréquences supérieures à 30 kHz s’ex­plique par le choix d’une fréquence de 96 kHz qui per­met d’avoir des sons de plus de 40 kHz.

On ne jugera que de la gamme de fréquences inférieure à 20 kHz. On voit tout de suite qu’il y a de l’orange et donc un vol­ume suff­isant pour être bien enten­du. Cela se ressen­ti­ra à l’écoute.

La noche que me esperes 1952-01-28 — Orques­ta Osval­do Pugliese con Alber­to Morán (EXTRAIT)
La noche que me esperes 1952-01-28 — Orques­ta Osval­do Pugliese con Alber­to Morán (en entier, mais adap­té pour être accep­té par mon site).

En résumé, une musique de par­faite qual­ité qui don­nera (ou pas) sat­is­fac­tion en milon­ga. Je vous réserve une petite sur­prise en fin d’article sur le sujet.

Desvelo (De flor en flor) 1953-08-16 — Orquesta Osvaldo Pugliese con Alberto Morán – Format FLAC – Éditeur spécialisé tango B

Un autre exem­ple, chez le même édi­teur, au for­mat FLAC. Un for­mat libre des plus util­isés.
Les com­men­taires pour­raient être les mêmes que pour le titre précé­dent. Le change­ment de fla­con (ALAC, FLAC), ne change pas le goût du liq­uide (la musique).

Comme pour le titre précé­dent, une lim­ite des aigus très haute et des fréquences aiguës au-dessus des 15 kHz, gage d’un bon ren­du des tim­bres des instru­ments et de la voix.
Desvelo (De flor en flor) 1953-08-16 — Orques­ta Osval­do Pugliese con Alber­to Morán (EXTRAIT)
Desvelo (De flor en flor) 1953-08-16 — Orques­ta Osval­do Pugliese con Alber­to Morán (en entier, mais adap­té pour être accep­té par mon site).

Comme on peut en juger à l’écoute, on est devant une très belle ver­sion. Le pas­sage par une étape en 320 kbit/s n’a pas dénaturé la musique et ce titre est excel­lent.

Faut-il acheter de la musique Hi-Res pour le tango ?

Le principe d’une chaîne (comme la chaîne hi-fi) est que la qual­ité finale dépend du moins bon élé­ment.
Si vous avez une source for­mi­da­ble, un ampli de qual­ité et des haut-par­leurs minables, vous aurez un son minable.
Dans le cas du tan­go, les enreg­istrements his­toriques sont très en deçà des capac­ités des matériels mod­ernes.

Fréquences sonores et rapport signal/bruit :

Dynamique et vol­ume d’en­reg­istrement des dis­ques phonos selon Novotone.be. https://www.novotone.be/_site/projets/Projet06/Doc02.pdf (page 9).

Ces valeurs sig­ni­fient que toute la musique de l’âge d’or du tan­go béné­fi­cie au mieux d’un ren­du en fréquence com­pris entre 10 et 15 kHz et d’un rap­port sig­nal bruit de l’ordre de 60 dB.
Le for­mat Hi-Res peut attein­dre des valeurs de 32 bits (vir­gule flot­tante) et 192 kHz de fréquence d’échantillonnage. Cela sig­ni­fie que l’on est capa­ble d’enregistrer des musiques de 0 à 96 kHz et d’avoir un rap­port sig­nal bruit de 1528 dB.
Dit autrement, on peut enreg­istr­er une gamme de fréquences cinq fois plus large que celle du meilleur disque noir avec une gamme dynamique des mil­liards de fois plus grande (chaque 3 dB, la pres­sion sonore dou­ble).

Qualité de la musique en fonction du format

Si les for­mats CD et encore plus Hi-Res sur­passent énor­mé­ment les car­ac­téris­tiques des musiques de l’âge d’or, les for­mats com­pressés, comme le MP3 (ou le AAC) posent ques­tion.
En MP3 de nom­breux paramètres sont ajusta­bles. Voici quelques valeurs de resti­tu­tion pos­si­ble en fonc­tion de ces paramètres.
Pour mémoire, le fichi­er util­isé est Desvelo au for­mat FLAC qui fait 35 906 Ko.

On se rend compte que sur le papi­er, le for­mat MP3, jusqu’à 32 kHz et 16 bits con­vient pour repro­duire de la musique de tan­go de l’âge d’or. On notera que la taille de fichi­er ne change pas pour les grandes valeurs.

On remar­quera que les for­mats les plus per­for­mants ne pro­duisent pas de fichiers plus grands. C’est un résul­tat de la com­pres­sion. En effet, lorsque le fichi­er est com­pressé, on enlève toutes les infor­ma­tions jugées inutiles. La musique de tan­go com­por­tant peu d’aigus, peu d’amplitude de dynamique, la com­pres­sion est effi­cace.
La vue de ce tableau pour­rait donc laiss­er penser que les fichiers MP3 con­vi­en­nent par­faite­ment, mais est-ce le cas ?

Desvelo en image et son…

Comme je ne peux pas vous partager les fichiers en haute qual­ité sur ce site, je vous pro­pose de télécharg­er l’archive des fichiers dans les dif­férents for­mats.

Télécharg­er l’archive ZIP des fichiers audio. Vous devrez décom­press­er le fichi­er pour pou­voir écouter les morceaux. Ras­surez-vous, cette com­pres­sion n’abîme pas la musique. Vous aurez exacte­ment le son que j’ai sur mon ordi­na­teur…

Pour une meilleure com­para­i­son, utilisez un casque.

Fichi­er orig­i­nal au for­mat FLAC (96kHz-32 bits vir­gule flot­tante)
Fichi­er MP3 (48kHz-32 bits vir­gule flot­tante). On remar­que que la lim­ite est désor­mais à 20 kHz, ce qui est nor­mal, puisqu’on est passé à une fréquence d’échantillonnage de 48 kHz.
Fichi­er MP3 (48kHz-16 bits). Le pas­sage à 16 bits ne change absol­u­ment rien, car la musique orig­i­nale n’avait pas une dynamique supérieure à 90 dB.
Fichi­er MP3 (44kHz-24 bits) L’u­til­i­sa­tion d’une fréquence d’échantillonnage plus basse ne change qua­si­ment rien, car la musique ne com­porte pas de fréquences supérieures à 20 kHz.
Fichi­er MP3 (44kHz-16 bits) Comme pour la fréquence d’échan­til­lon­nage de 48 kHz, la dynamique réduite de ce morceau n’est pas impactée par la baisse de réso­lu­tion (débit).
Fichi­er MP3 (44kHz‑8 bits) Le pas­sage à 8 bits, en dimin­u­ant la dynamique rend la musique moins claire. Le spec­tro­gramme mon­tre que les hautes fréquences sont moins nettes. Le fond bleu est moins pro­fond.
Fichi­er MP3 (32000–16) On retrou­ve le fond bleu avec le rétab­lisse­ment d’une réso­lu­tion de 16 bits. La coupure à 15 kHz est très nette. C’est le résul­tat du pas­sage à une fréquence d’échan­til­lon­nage de 32 kHz. Ce n’est pas for­cé­ment trag­ique, car la plu­part des audi­teurs n’entendent pas les fréquences supérieures à 15 kHz.
Fichi­er MP3 (22000–16 bits) Le pas­sage à une fréquence d’échantillonnage à 22 kHz, lim­ite la bande pas­sante à 10 000 Hz. C’est tout à fait logique et là, la musique com­mence à être vrai­ment dénaturée. On réservera cette qual­ité à l’enregistrement de la parole.
Fichi­er MP3 (8000–8 bits) C’est le pire for­mat MP3 pos­si­ble. La fréquence d’échan­til­lon­nage à 8 kHz lim­ite la bande pas­sante à moins de 4 kHz. La lim­i­ta­tion de la réso­lu­tion écrase la dynamique. On voit l’aspect de la musique sur cette image et à l’é­coute, c’est tout aus­si hor­ri­fi­ant.

Pour ceux qui auront la flemme d’ouvrir tous les fichiers du fichi­er ZIP, je pro­pose le fichi­er mon­strueuse­ment dimin­ué, celui à 8kHz et 8 bits… Atten­tion, oreilles frag­iles, bien s’accrocher.

09 — Desvelo 8kHz et 8 bits. Red­outable, non ?

Alors, MP3 ou Hi-Res ?

Au vu de la plu­part des instal­la­tions de dif­fu­sion sonore dans les milon­gas, du MP3 à 44 kHz et 16 bits est suff­isant. Cela peut être le for­mat final. En revanche, ce for­mat n’est pas pos­si­ble si on doit inter­venir sur la musique (retouche). Car chaque fois qu’on enreg­istre un for­mat MP3, on refait une com­pres­sion destruc­tive, c’est-à-dire que l’on sup­prime à chaque fois des infor­ma­tions, c’est-à-dire des sons…
Il est donc préférable dans ce cas de par­tir de fichiers dans un for­mat sans perte, ce qui per­me­t­tra de le réen­reg­istr­er sans dimin­uer la qual­ité sonore du fichi­er. Le tout dernier enreg­istrement peut être en MP3 44kHz-16 bits (320 kbit/s). Je suis con­va­in­cu qu’aucun danseur s’en ren­dra compte, même si je n’utilise que de la musique Hi-Res, car il y a tout de même une légère dif­férence.
Le plus impor­tant est d’avoir une source de bonne qual­ité, sans réver­béra­tion, avec une dynamique et une plage de fréquence com­plètes. Ces sources sont très rares, mais on en trou­ve de plus en plus. Pour ma part, j’ai eu la chance de numéris­er énor­mé­ment de musique à par­tir des dis­ques, ce qui est bien sûr la meilleure solu­tion. Pour le reste, c’est un long tra­vail de sélec­tion, de restau­ra­tion pour obtenir un enreg­istrement meilleur que celui que j’avais avant.
C’est un peu déce­vant de faire tout ce tra­vail et de voir que des pseu­do­DJ utilisent des musiques venant de YouTube, Spo­ti­fy ou autres. Ces musiques médiocres trans­for­ment les oreilles des danseurs.

Pourquoi certains danseurs se plaignent-ils des musiques de qualité ?

Lors de la restau­ra­tion de la chapelle Six­tine, à Rome, ter­minée en 1994, il y a eu une lev­ée de boucliers pour dénon­cer ce qui était un « mas­sacre ».

Á gauche, la Chapelle Six­tine avant restau­ra­tion. À droite, après.

On remar­que facile­ment la dif­férence, comme on remar­que la dif­férence sonore entre un mau­vais MP3 et un bon fichi­er audio.
Lorsque la chapelle Six­tine a été dévoilée après la restau­ra­tion, il y a eu un tol­lé pour dénon­cer un mas­sacre. Les vis­i­teurs étaient habitués à un pla­fond noir­ci par des siè­cles de fumée de cierges et la pol­lu­tion urbaine. Retrou­ver les couleurs franch­es choquait cer­tains regards.
Pour être com­plet, la restau­ra­tion de la Six­tine a reçu des inter­ven­tions de divers­es qual­ités. En musique, les restau­ra­tions pro­duisent aus­si des dégâts qui ren­dent la musique désagréable à l’écoute.
Le net­toy­age du bruit du disque a fait dis­paraître cer­tains élé­ments de la musique, voire don­né un effet de baig­noire. Tout comme on ne s’improvise pas restau­ra­teur de fresques, on ne s’improvise pas restau­ra­teur de musique. Cela demande du temps, de la réflex­ion et des con­nais­sances, ce dont sem­blent man­quer cer­tains édi­teurs et, en par­ti­c­uli­er, ceux qui affichent fière­ment « Remas­tered » ou « Remas­ter­i­za­do ».
Mais revenons à la polémique sur la musique dans les milon­gas. La plu­part des DJ impro­visés, et qui sont mal­heureuse­ment les plus nom­breux, ont des musiques effroy­ables, sans con­traste, sans aigu. Comme les audi­teurs ont l’ouïe qui baisse avec l’âge et que la com­mu­nauté tanguera n’est pas de la pre­mière jeunesse, on finit par s’habituer à cette musique plate, sourde et sans con­traste, comme le pla­fond sale de la Six­tine.
Lorsqu’une musique riche en aigus et en bass­es arrive, cer­tains se sen­tent agressés, car ils n’y sont pas habitués. Les plus jeunes adorent, ain­si que les mélo­manes qui peu­vent retrou­ver la sub­til­ité de la musique.
Comme DJ, il faut savoir sac­ri­fi­er la qual­ité de sa musique, notam­ment lorsque le sys­tème de dif­fu­sion de la salle est médiocre. De plus en plus de sys­tèmes sont des­tinés à la musique de boite de nuit avec un ren­force­ment des graves et des aigus, avec des médi­ums peu présents. Cela ne se marie pas tou­jours bien avec la musique de tan­go, qui demande plutôt des instal­la­tions com­pa­ra­bles à celles de la musique clas­sique. Les vio­lons sur ces matériels mal adap­tés devi­en­nent cri­ards, les bass­es peu­vent aus­si gên­er.
Le pre­mier tra­vail du DJ est d’abord de véri­fi­er l’acoustique de la salle. Cela se fait a min­i­ma en dif­fu­sant un bruit rose et en véri­fi­ant dans la salle, à l’aide d’un analy­seur de spec­tre (ou à l’oreille si on n’est pas équipé), qu’il n’y a pas de réso­nance gênante. Si c’est le cas, on procède à une égal­i­sa­tion de base qui con­siste à obtenir un sig­nal aus­si plat que pos­si­ble pour toutes les fréquences.
Trop sou­vent, les organ­isa­teurs ne don­nent pas l’opportunité au DJ de faire ces réglages, notam­ment quand il y a un orchestre, ce dernier ayant ten­dance à trans­former sa bal­ance en répéti­tion et il faut atten­dre par­fois des heures avant d’avoir quelques min­utes pour faire ses réglages. Pour ma part, je souhaite être sur place au moins une heure avant pour avoir le temps de tout régler quand je ne con­nais pas le lieu.

Un cas extrême de sono déséquili­brée. Dans cette salle, il y avait aupar­a­vant un DJ “toutes dans­es”. Il m’a été impos­si­ble de faire les mesures dans la salle avant la milon­ga, car j’ai enchaîné directe­ment. Il m’a donc fal­lu mod­i­fi­er l’égalisation en direct dans des pro­por­tions incroy­ables, en gon­flant énor­mé­ment les bass­es et en bais­sant les aigus. En effet, le son était dif­fusé par des enceintes médi­ums aiguës, sans cais­son de basse. En pous­sant les bass­es, on intro­duit de la dis­tor­sion dans les haut-par­leurs qui ne sont pas adap­tés pour cela. Pour avoir un son cor­rect dans la salle, la seule solu­tion a été de couper les fréquences supérieures, en gros, trans­former de la musique de haute qual­ité, en mau­vais MP3. Un comble. Si j’avais eu la pos­si­bil­ité d’intervenir en amont sur la sono, j’aurais cer­taine­ment trou­vé com­ment régler le prob­lème avant la milon­ga.

Bon, c’était un peu tech­nique et je pense que je vais devoir faire des pages sup­plé­men­taires pour détailler cer­tains points.

À bien­tôt, les amis !

Sur la question du choix du diapason au dix-neuvième siècle

Choisir le bon dia­pa­son quand on restau­re des dis­ques anciens peut avoir son util­ité. Cepen­dant, c’est une véri­ta­ble jun­gle et aujour­d’hui encore, les DJ, édi­teurs de musique et même les musi­ciens con­tin­u­ent de se quereller au sujet de ce fameux dia­pa­son.
Pour vous amuser, je vous pro­pose d’en­tr­er dans un débat qui a eu lieu en 1859…

Pour vous faciliter la lec­ture, vous pou­vez aus­si télécharg­er le texte inté­gral au for­mat PDF (en fin de cet arti­cle).

Entrons dans le débat…

Je vous pro­pose trois élé­ments pour juger du débat qui ani­me tou­jours les musi­ciens d’aujourd’hui… C’est un exem­ple français, mais à voca­tion large­ment européenne par les élé­ments traités et l’accueil fait aux deman­des de la com­mis­sion ayant établi le rap­port.

  1. Un rap­port étab­lis­sant des con­seils pour l’établissement d’un dia­pa­son musi­cal uni­forme.
  2. Le décret met­tant en place ce dia­pa­son uni­forme.
  3. Les cri­tiques con­tre le dia­pa­son uni­forme…

Rapport présenté à S. Exc. Le ministre d’État par la commission chargée d’établir en France un diapason musical uniforme

Paris, le 1er févri­er 1859

Mon­sieur le min­istre,

Vous avez chargé une com­mis­sion « de rechercher les moyens d’établir en France un dia­pa­son musi­cal uni­forme, de déter­min­er un étalon sonore, qui puisse servir de type invari­able, et d’indiquer les mesures à pren­dre pour en assur­er l’adoption et la con­ser­va­tion.

Votre arrêté était fondé sur ces con­sid­éra­tions :

« Que l’élévation tou­jours crois­sante du dia­pa­son présente des incon­vénients dont l’art musi­cal, les com­pos­i­teurs de musique, les artistes et les fab­ri­cants d’instruments ont égale­ment à souf­frir ; et que la dif­férence qui existe entre les dia­pa­sons des divers pays, des divers étab­lisse­ments musi­caux et des divers­es maisons de fac­ture est une source con­stante d’embarras pour la musique d’ensemble, et de dif­fi­cultés dans les rela­tions com­mer­ciales. »

La com­mis­sion a ter­miné son tra­vail. Elle vous doit compte de ses opéra­tions, de la marche qu’elle a suiv­ie ; elle soumet à l’appréciation de Votre Excel­lence le résul­tat auquel elle est arrivée.

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Cette com­mis­sion était com­posée de :

Jules Bernard Joseph Pel­leti­er, con­seiller d’État, secré­taire général du min­istère d’État, prési­dent de la com­mis­sion ;
Jacques Fro­men­tal Halévy, mem­bre de l’Institut, secré­taire per­pétuel de l’Académie des beaux-arts, rap­por­teur de la com­mis­sion ;
Daniel-François-Esprit Auber, mem­bre de l’Institut, directeur du Con­ser­va­toire impér­i­al de musique et de décla­ma­tion (et qui a sa rue qui donne sur l’Opéra de Paris) ;
Louis Hec­tor Berlioz, mem­bre de l’Institut ;
César-Man­suète Despretz, mem­bre de l’Institut, pro­fesseur de physique à la Fac­ulté des sci­ences.
Camille Doucet, chef de la divi­sion des théâtres au min­istère d’État ;
Jules Antoine Lis­sajous, pro­fesseur de physique au lycée Saint-Louis, mem­bre du con­seil de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale ;
Le Général Émile Mellinet, chargé de l’organisation des musiques mil­i­taires ;
Désiré-Guil­laume-Édouard Mon­nais, com­mis­saire impér­i­al près les théâtres lyriques et le Con­ser­va­toire ;
Gia­co­mo Meyer­beer, com­pos­i­teur alle­mand, mais vivant à Paris où il mour­ra en 1871 ;
Gioachi­no Rossi­ni, Com­pos­i­teur ital­ien, mais vivant à Paris où il mour­ra en 1872 ;
Ambroise Thomas, com­pos­i­teur français et mem­bre de l’Institut.
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I

Il est cer­tain que dans le cours d’un siè­cle, le dia­pa­son s’est élevé par une pro­gres­sion con­stante. Si l’étude des par­ti­tions de Gluck ne suff­i­sait pas à démon­tr­er, par la manière dont les voies sont dis­posées, que ces chefs‑d’œuvre ont été écrits sous l’influence d’un dia­pa­son beau­coup moins élevé que le nôtre, le témoignage des orgues con­tem­po­raines en fourni­rait une preuve irré­cus­able. La com­mis­sion a voulu d’abord se ren­dre compte de ce fait sin­guli­er, et de même qu’un médecin pru­dent s’efforce de remon­ter aux sources du mal ayant d’essayer de le guérir, elle a voulu rechercher, ou au moins exam­in­er les caus­es qui avaient pu amen­er l’exhaussement du dia­pa­son. On pos­sède les élé­ments néces­saires pour éval­uer cet exhausse­ment. Les orgues dont nous avons par­lé accusent une dif­férence d’un ton au-dessous du dia­pa­son actuel. Mais ce dia­pa­son si mod­éré ne suff­i­sait pas à la pru­dence de l’Opéra de cette époque : Rousseau, dans son dic­tio­n­naire de musique (arti­cle Ton), dit que le ton de l’Opéra à Paris était plus bas que le ton de chapelle. Par con­séquent, le dia­pa­son, ou plutôt le ton de l’Opéra était, au temps de Rousseau, de plus d’un ton inférieur au dia­pa­son d’aujourd’hui.

Cepen­dant les chanteurs de ce temps, au rap­port de beau­coup d’écrivains, forçaient leur voix. Soit défaut d’études, soit défaut de goût, soit désir de plaire au pub­lic, ils cri­aient. Ces chanteurs, qui trou­vaient moyen de crier si fort avec un dia­pa­son si bas, n’avaient aucun intérêt à deman­der un ton plus élevé, qui aurait exigé de plus grands efforts ; et, en général, à nulle époque, dans aucun pays, aujourd’hui comme alors, jamais le chanteur, qu’il chante bien ou mal, n’a d’intérêt à ren­con­tr­er un dia­pa­son élevé, qui altère sa voix, aug­mente sa fatigue, et abrège sa car­rière théâ­trale. Les chanteurs sont donc hors de cause, et l’élévation du dia­pa­son ne peut leur être attribuée.

Les com­pos­i­teurs, quoi qu’aient pu dire ou penser des per­son­nes qui n’ont pas des choses de la musique, une idée bien nette, ont un intérêt tout con­traire à l’élévation du dia­pa­son. Trop élevé, il les gêne. Plus le dia­pa­son est haut, et plus tôt le chanteur arrive aux lim­ites de sa voix dans les cordes aiguës ; le développe­ment de la phrase mélodique est donc entravé plutôt que sec­ondé. Le com­pos­i­teur a dans sa tête, dans son imag­i­na­tion, on peut dire dans son cœur, le type naturel des voix. La phrase qu’il écrit lui est dic­tée par un chanteur que lui seul entend, et ce chanteur chante tou­jours bien. Sa voix, sou­ple, pure, intel­li­gente et juste, est fixée d’après un dia­pa­son mod­éré et vrai qui habite l’oreille du com­pos­i­teur. Le com­pos­i­teur a donc tout avan­tage à se mou­voir dans une gamme com­mode aux voix, qui le laisse plus libre, plus maître des effets qu’il veut pro­duire, et sec­onde ain­si son inspi­ra­tion. Et d’ailleurs, quel moyen pos­sède-t-il d’élever le dia­pa­son ? Fab­rique-t-il, fait-il fab­ri­quer ces petits instru­ments per­fides, ces bous­soles qui égar­ent ? Est-ce lui qui vient don­ner le la aux orchestres et nous n’avons jamais appris ou enten­du dire qu’un mae­stro, mécon­tent de la trop grande réserve d’un dia­pa­son, en ait fait fab­ri­quer un à sa con­ve­nance, un dia­pa­son per­son­nel, à l’effet d’élever le ton d’un orchestre tout entier. Il ren­con­tr­erait mille résis­tances, mille impos­si­bil­ités. Non, le com­pos­i­teur ne crée pas le dia­pa­son, il le subit. On ne peut donc non plus l’accuser d’avoir excité la marche ascen­sion­nelle de la tonal­ité.

Remar­quons que cette marche ascen­sion­nelle, en même temps qu’elle a été con­stante, a été générale ; qu’elle ne s’est pas bornée à la France ; que les Alpes, les Pyrénées, l’Océan n’y ont pas fait obsta­cle. Il ne faut donc pas, comme nous l’avons enten­du faire, en accuser spé­ciale­ment la France, qu’on charge assez volon­tiers des méfaits qui se pro­duisent de temps à autre dans le monde musi­cal. Notre pays n’a eu que sa part dans cette grande inva­sion du dia­pa­son mon­tant, et s’il était com­plice du mal, il en était en même temps vic­time. Les caus­es de cette inva­sion, qui agis­saient partout avec suite, ensem­ble, per­sévérance, on pour­rait dire avec prémédi­ta­tion, ne sauraient être ni acci­den­telles, ni par­ti­c­ulières à un pays. Elles devaient tenir à un principe déter­mi­nant, à un intérêt. En ver­tu d’un axiome bien con­nu, il faut donc rechercher ceux qui avaient un intérêt évi­dent à surélever ain­si le la qu’e­spéraient nous léguer nos ancêtres. Ceux qui fab­riquent ou font fab­ri­quer les dia­pa­sons, voilà les auteurs, les maîtres de la sit­u­a­tion. Ce sont les fac­teurs d’in­stru­ments, et on com­prend qu’ils ont à élever le dia­pa­son, un intérêt légitime et hon­or­able. Plus le ton sera élevé, plus le son sera bril­lant. Le fac­teur ne fab­ri­quera donc pas tou­jours ses instru­ments d’après le dia­pa­son ; il fera quelque­fois son dia­pa­son d’après l’in­stru­ment qu’il aura jugé sonore et écla­tant. Car il se pas­sionne pour la sonorité, qui est la fin de son œuvre, et il cherche sans cesse à aug­menter la force, la pureté, la trans­parence de voix qu’il sait créer. Le bois qu’il façonne, le métal qu’il forge, obéis­sant aux lois de la réso­nance, pren­dront des tim­bres intel­li­gents, qu’un· artiste habile, et quelque­fois inspiré, ani­mera bien­tôt de son archet, de son souf­fle, de son doigté, léger, sou­ple ou puis­sant. L’in­stru­men­tiste et le fac­teur sont donc deux alliés, leurs intérêts se com­bi­nent et se sou­ti­en­nent. Intro­duits à l’orchestre, ils le domi­nent, ils y règ­nent, et l’en­traî­nent facile­ment vers les hau­teurs où ils se plaisent. En effet, l’orchestre est à eux, ou plutôt ils sont l’orchestre, et c’est l’in­stru­men­tiste qui, en don­nant le ton, règle, sans le vouloir, les études, les efforts, les des­tinées du chanteur.

La grande sonorité acquise aux instru­ments à vent trou­va bien­tôt une appli­ca­tion directe, et en reçut un essor plus grand encore. La musique, qui se prête à tout et prend partout sa place, marche avec les rég­i­ments ; elle chante aux sol­dats ces airs qui les ani­ment et leur rap­pel­lent la patrie. Il faut alors qu’elle résonne haut et ferme, et que sa voix reten­tisse au loin. Les corps de musique mil­i­taire, s’emparant du dia­pa­son pour l’élever encore, propagèrent dans toute l’Eu­rope le mou­ve­ment qui l’en­traî­nait sans cesse.

Mais aujour­d’hui la musique mil­i­taire pour­rait, sans rien crain­dre, descen­dre quelque peu de ce dia­pa­son qu’elle a surex­cité. Sa fierté n’en souf­frirait pas, ses fan­fares ne seraient ni moins mar­tiales, ni moins écla­tantes. Le grand nom­bre d’in­stru­ments de cuiv­re dont elle dis­pose main­tenant lui ont don­né plus de corps, plus de fer­meté, et un relief à la fois solide et bril­lant qui lui man­quait autre­fois. Espérons d’ailleurs que de nou­veaux pro­grès dans la fac­ture affranchi­ront bien­tôt cer­tains instru­ments d’en­trav­es regret­ta­bles, et leur ouvriront l’ac­cès des rich­es tonal­ités qui leur sont inter­dites. L’honor­able général qui représente dans la com­mis­sion l’or­gan­i­sa­tion des corps de musique sec­on­derait de tous ses efforts cette amélio­ra­tion désir­able, ce pro­grès véri­ta­ble, qui apporterait aux orchestres mil­i­taires des ressources nou­velles, et vari­erait l’é­clat de leur sonorité.

Nous croyons avoir établi, mon­sieur le min­istre, que l’élé­va­tion du dia­pa­son est due aux efforts de l’in­dus­trie et de l’exé­cu­tion instru­men­tales ; que ni les com­pos­i­teurs ni les chanteurs n’y ont par­ticipé en rien. La musique religieuse, la musique dra­ma­tique ont subi le mou­ve­ment sans pou­voir s’en défendre, ou sans chercher à s’y dérober. On pour­rait donc, dans une cer­taine mesure, abaiss­er le dia­pa­son, avec la cer­ti­tude de servir les véri­ta­bles, les plus grands intérêts de l’art.

II

Nous avions l’as­sur­ance que ce fait de l’élé­va­tion tou­jours crois­sante du dia­pa­son ne s’é­tait pas pro­duit en France seule­ment, que le monde musi­cal tout entier avait subi cet entraîne­ment, mais il fal­lait en acquérir des preuves authen­tiques ; il fal­lait aus­si savoir dans quelle mesure, à quels degrés dif­férents s’é­tait fait sen­tir cette influ­ence dans les divers pays, dans les cen­tres prin­ci­paux. Nous avons donc pen­sé, mon­sieur le min­istre, que, pour men­er à bonne fin l’é­tude que votre Excel­lence nous avait con­fiée, il fal­lait com­mencer par nous ren­seign­er au dehors et autour de nous, inter­roger les chefs des étab­lisse­ments impor­tants en France et à l’é­tranger, pren­dre con­nais­sance de l’é­tat général du dia­pa­son, faire en un mot une sorte d’en­quête. Cette con­duite nous était d’ailleurs tracée par l’ar­rêté même qui nous institue, dans lequel vous sig­nalez avec juste rai­son « la dif­férence qui existe entre les dia­pa­sons des divers pays comme une source con­stante d’embarras. »

Nous nous sommes donc adressés sous vos aus­pices, et par l’or­gane de notre prési­dent, partout où il y a l’opéra, un grand étab­lisse­ment musi­cal, dans les villes où l’art est cul­tivé avec amour, avec suc­cès, pra­tiqué avec éclat, et qu’on peut nom­mer les cap­i­tales de la musique, deman­dant qu’on voulût bien nous ren­seign­er sur la marche du ton, nous envoy­er les dia­pa­sons en usage aujour­d’hui, et d’an­ciens dia­pa­sons, s’il était pos­si­ble, pour en mesur­er exacte­ment l’é­cart. En même temps, nous deman­dions aux hommes éclairés à qui nous nous adres­sions de_ nous faire con­naître leur opin­ion, sur l’é­tat actuel du dia­pa­son, et leurs dis­po­si­tions favor­ables ou con­traires à un abaisse­ment. à une mod­éra­tion dans le ton. La musique est un art d’ensem­ble, une sorte de langue uni­verselle. Toutes les nation­al­ités dis­parais­sent devant l’écri­t­ure musi­cale, puisqu’une nota­tion unique suf­fit à tous les peu­ples, puisque des signes, partout les mêmes, représen­tent les sons qui dessi­nent la mélodie ou se groupent en accords, les rythmes qui mesurent le temps, les nuances qui col­orent la pen­sée ; le silence même s’écrit dans cet alpha­bet prévoy­ant. N’est-il pas désir­able qu’un dia­pa­son uni­forme et désor­mais invari­able vienne ajouter un lien suprême à celte com­mu­nauté intel­li­gente, et qu’un la, tou­jours le même, réson­nant sur toute la sur­face du globe avec les mêmes vibra­tions, facilite les rela­tions musi­cales et les rende plus har­monieuses encore ?

C’est dans ce sens que nous avons écrit en Alle­magne, en Angleterre, en Bel­gique, en Hol­lande, en Ital­ie, jusqu’en Amérique, et nos cor­re­spon­dants nous ont envoyé des répons­es con­scien­cieuses, des ren­seigne­ments utiles, des sou­venirs intéres­sants. Quelques-uns nous adres­saient d’an­ciens dia­pa­sons âgés d’un demi-siè­cle, aujour­d’hui dépassés ; d’autres des dia­pa­sons con­tem­po­rains, var­iés dans leur into­na­tion. Tous, recon­nais­sant et repous­sant l’ex­agéra­tion actuelle, nous envoy­aient leur cor­diale adhé­sion. Trois d’en­tre eux, nos com­pa­tri­otes 1, tout en partageant l’opin­ion générale, deman­dent, il est vrai, qu’on fixe le dia­pa­son à l’é­tat actuel de celui de Paris, mais c’est pour l’ar­rêter dans sa pro­gres­sion ascen­dante, et eu faire un obsta­cle à de nou­veaux envahisse­ments : obsta­cle impuis­sant, à notre avis, qui pro­tège le mal, l’op­pose à lui-même, et le con­sacre au lieu de le détru­ire. Les autres sont unanimes à désir­er un dia­pa­son moins élevé, uni­forme, inaltérable, véri­ta­ble dia­pa­son inter­na­tion­al, autour duquel viendraient se ral­li­er, dans un accord invari­able, chanteurs, instru­men­tistes, fac­teurs de tous les pays. La plu­part de nos cor­re­spon­dants étrangers joignent à leur appro­ba­tion l’éloge de l’ini­tia­tive : » Je vous dois des remer­ciements, nous écrit-on, pour la cause impor­tante que vous avez entre­pris de plaider : il est bien temps d’ar­rêter les dérè­gle­ments aux­quels on se laisse emporter. »

  • J’adopte la somme entière de vos sages réflex­ions, nous dit un autre maître de chapelle des plus dis­tin­gués, en espérant que toute l’Eu­rope applaudi­ra vive­ment à la com­mis­sion insti­tuée par S. Exc. Je min­istre d’É­tat, à l’ef­fet d’établir un dia­pa­son uni­forme. La grande élé­va­tion du dia­pa­son détru­it et efface l’ef­fet et le car­ac­tère de la musique anci­enne, des chefs-d’œu­vre de Mozart, Gluck, Beethoven.
  • Je ne doute pas, écrit-on encore, que la com­mis­sion ne réus­sisse dans celle ques­tion impor­tante. Ce sera un nou­veau ser­vice ren­du par votre nation à l’art et au com­merce.
  • L’élé­va­tion pro­gres­sive du dia­pa­son, dit un autre de nos hon­or­ables cor­re­spon­dants, est non seule­ment préju­di­cia­ble à la voix humaine, mais aus­si à tous les instru­ments. Ce sont surtout les instru­ments à cordes qui ont beau­coup per­du pour le son, depuis que l’on est obligé, à cause de cette élé­va­tion, d’employer des cordes très-minces, les cordes fortes ne pou­vant résis­ter à cette ten­sion exagérée de là, ce ton, qui au lieu de se rap­procher de la voix humaine, s’en éloigne de plus en plus. »
  • Fix­er le dia­pa­son une fois pour toutes, dit un cinquième, ce serait met­tre fin à bien des doutes, à une mul­ti­tude d’in­con­vénients et même de caprices. Je vous témoigne le vif intérêt que nous por­tons dans toute l’Alle­magne musi­cale à l’exé­cu­tion de votre pro­jet.
  • Vous avez bien dit, écrit-on encore, que l’Eu­rope entière est intéressée aux recherch­es des moyens d’établir un dia­pa­son uni­forme. Le monde musi­cal a sen­ti depuis longtemps la néces­sité urgente d’une réforme, et il remer­cie la France d’avoir pris l’ini­tia­tive. M. Drou­et, maître de chapelle du grand-duc de Saxe-Cobourg-Gotha, nous a envoyé trois dia­pa­sons d’époque et d’élé­va­tion dif­férentes, et une note intéres­sante : Enfin nous avons reçu de deux hommes très com­pé­tents, M. W Wieprecht, directeur de la musique mil­i­taire de Prusse, à Berlin, et M. le doc­teur Furke des mémoires où la matière est traitée avec une véri­ta­ble con­nais­sance de cause. Les auteurs s’as­so­cient entière­ment à la pen­sée qui a insti­tué la com­mis­sion.

Ces nom­breuses adhé­sions, émanées d’au­torités si con­sid­érables, nous don­nent l’as­sur­ance qu’une propo­si­tion d’abaisse­ment dans le dia­pa­son sera bien accueil­lie dans toute l’Alle­magne. Il faut d’ailleurs rap­pel­er ici que déjà, en 1834, des musi­ciens alle­mands réu­nis à Stuttgart avaient exprimé le vœu d’un affaib­lisse­ment du dia­pa­son, et recom­mandé l’adop­tion d’un la plus sen­si­ble­ment plus bas que notre la actuel. Certes, il y aura d’abord des dif­fi­cultés qui naîtront surtout de la divi­sion de l’Alle­magne en un si grand nom­bre d’É­tats dif­férents. C’est une opin­ion qui nous a été exprimée ; mais il y a lieu de penser qu’après quelques oscil­la­tions, un type invari­able et com­mun s’établi­ra dans ce pays, qui pèse d’un grand poids dans les des­tinées de l’art musi­cal.

Nous n’avons encore reçu d’I­tal­ie qu’une seule let­tre. Elle est de M. Coc­cia, directeur de l’a­cadémie phil­har­monique de Turin, maître de chapelle de la cathé­drale de Novare. M. Coc­cia a bien voulu nous adress­er le dia­pa­son usité à Turin, un peu plus bas que celui de Paris, et le plus doux (il più mite), dit M. Coc­cia, qu’il ait ren­con­tré jusqu’à présent. Il en recom­mande l’adop­tion. M. Coc­cia est donc aus­si de l’avis d’un adoucisse­ment dans le ton, et c’est d’un bon augure pour l’opin­ion de l’I­tal­ie, dont il faut tenir grand compte.

Nous avons reçu de Lon­dres une com­mu­ni­ca­tion de MM. Broad­wood, célèbres fac­teurs de pianos. Ils ont eu l’oblig­eance de nous adress­er trois dia­pa­sons, employés tous les trois dans leur étab­lisse­ment, cha­cun d’eux affec­té à un ser­vice spé­cial.

Le pre­mier, plus bas d’un grand quart de ton que le dia­pa­son de Paris, était, il y a vingt-cinq ou trente ans, celui de la Société phil­har­monique de Lon­dres. Il a été judi­cieuse­ment con­servé par MM. Broad­wood comme plus con­ven­able aux voix, et ils accor­dent, d’après le ton extrême­ment mod­éré qu’il four­nit, les pianos des­tinés à l’ac­com­pa­g­ne­ment des con­certs vocaux. Le sec­ond, beau­coup plus haut, puisqu’il est plus élevé que le nôtre, est celui d’après lequel MM. Broad­wood accor­dent, en général, leurs pianos, parce qu’il est à peu près con­forme à l’ac­cord des har­mo­ni­ums, des flûtes, etc. : c’est le dia­pa­son des instru­men­tistes. Enfin le troisième, encore plus élevé, est celui dont se sert aujour­d’hui la Société phil­har­monique. Cette extrême lib­erté du dia­pa­son doit avoir ses incon­vénients, et peut bien faire courir quelques hasards à la justesse absolue. Aus­si MM. Broad­wood font-ils des vœux « pour la réus­site de nos recherch­es, si intéres­santes et si impor­tantes pour tout le monde musi­cal.

M. Ben­der, directeur de la musique du roi des Belges et du rég­i­ment des guides, voudrait deux dia­pa­sons, à la dis­tance d’un demi-ton : le plus élevé, à l’usage des musiques mil­i­taires ; l’autre, des­tiné aux théâtres. M. Ben­der pra­tique son sys­tème ; le dia­pa­son de la musique des guides n’est pas applic­a­ble à la musique vocale. C’est le plus élevé de tous ceux que nous avons reçus.

M. Daus­soigne-Méhul, directeur du Con­ser­va­toire roy­al de Liège, n’adresse pas de dia­pa­son, celui qu’il emploie étant sem­blable à celui de Paris. Il est un des trois cor­re­spon­dants qui con­clu­ent à l’adop­tion défini­tive de ce dia­pa­son, comme lim­ite extrême, comme sauve­g­arde, et ne fut-ce, dit M. Daus­soigne Méhul, que pour arrêter ses dis­po­si­tions ascen­dantes.

M. Lubeck, directeur du Con­ser­va­toire roy­al de La Haye, en nous envoy­ant son dia­pa­son, un peu moins élevé que le nôtre, nous assure de son adhé­sion et de son con­cours. Vous voyez, mon­sieur le min­istre, com­bi­en de sym­pa­thies et d’ap­pro­ba­tions ren­con­tre voire désir de l’étab­lisse­ment d’un dia­pa­son uni­forme.

Nous avions écrit en Amérique. New York n’a pas encore répon­du. M. E. Prévost, chef d’orchestre de l’Opéra-Français de La Nou­velle-Orléans, nous a adressé une let­tre d’ad­hé­sion, et un dia­pa­son qui ne nous est pas par­venu.

Nous avons reçu de quelques-unes des grandes villes de France, où la musique est en hon­neur, des ren­seigne­ments com­mu­niqués par des artistes dis­tin­gués.

Le dia­pa­son qui nous a été envoyé par M. Vic­tor Mag­nien, directeur de l’A­cadémie impéri­ale de musique de Lille est, après celui de M. Ben­der et après ceux de Lon­dres, le plus élevé des dia­pa­sons qu’on nous a adressés. Il est plus haut par con­séquent que celui de Paris. Sans doute il a subi, par un procédé de bon voisi­nage, l’in­flu­ence de la musique des guides de Brux­elles. Aus­si· M. Mag­nien se ral­lie-t-il avec empresse­ment à la demande d’un dia­pa­son plus mod­éré.

M. Méz­erai, chef d’orchestre du grand théâtre de Bor­deaux, nous a com­mu­niqué son dia­pa­son, moins élevé que celui de Paris. M. Méz­erai avait d’abord adop­té celui-ci, mais, nous dit-il, il fatiguait trop les chanteurs.

Le dia­pa­son de Lyon est celui de Paris, celui de Mar­seille est très peu plus bas. M. Georges Hainl, chef d’orchestre de Lyon, croit qu’il faut main­tenir le dia­pa­son de Paris, mal­gré son élé­va­tion, dans la crainte d’af­faib­lir l’é­clat de l’orchestre. M. Aug. Morel, directeur de l’É­cole com­mu­nale de Mar­seille, incline vers cet avis. Ces deux artistes for­ment, avec M. D. Méhul, le groupe que nous avons men­tion­né, pro­posant l’é­tat actuel comme terme défini­tif.

Toulouse nous a adressé deux dia­pa­sons : celui du théâtre, moins élevé que le nôtre, presque sem­blable à celui de Bor­deaux, et le dia­pa­son de l’É­cole de musique, plus bas d’en­v­i­ron un quart de ton ; dif­férence remar­quable, qu’il importe d’au­tant plus de con­stater, que Toulouse· est une de ces villes à l’in­stinct musi­cal, où le chant est pop­u­laire, où l’har­monie abonde, et qui, de tout temps, a fourni à nos théâtres des artistes à la voix mélodieuse et sonore.

Le dia­pa­son de l’É­cole de Toulouse est, avec celui du théâtre grand-ducal de Carl­sruhe (sic), dont il ne dif­fère que de qua­tre vibra­tions, le plus bas de tous les dia­pa­sons qui nous ont été com­mu­niqués. Celui de la musique des guides de Brux­elles, qui compte neuf cent onze vibra­tions par sec­onde, est, à l’aigu, le terme extrême de ces dia­pa­sons ; celui de Carl­sruhe, qui ne fait que huit cent soix­ante-dix vibra­tions, en est le terme au grave. Entre cet écart, qui n’est pas beau­coup moin­dre d’un demi-ton, se meu­vent les dia­pa­sons en usage aujour­d’hui, et, par con­séquent, les orchestres, les corps de musique, les ensem­bles de voix dont ils sont la règle et la loi, et dont ils résu­ment pour ain­si dire l’ex­pres­sion.

Ain­si la France compte à ses deux extrémités un des dia­pa­sons les plus élevés, celui de Lille, un des dia­pa­sons les plus graves, celui de l’É­cole de Toulouse. On peut suiv­re sur la carte la route que suit en France le dia­pa­son ; il s’élève et s’abaisse avec la lat­i­tude. De Paris à Lille, il monte ; il descend de Paris à Toulouse. Nous voyons le nord soumis évidem­ment au con­tact, à la pré­dom­i­nance de l’art instru­men­tal, tan­dis que le midi reste fidèle aux con­ve­nances et deux bonnes tra­di­tions des études vocales.

Nous vous avons présen­té, mon­sieur le min­istre, le résumé fidèle des infor­ma­tions qui nous ont été trans­mis­es : nous vous avons fait con­naître les impres­sions que nous en avons reçues. En présence des opin­ions presque unanimes exprimées pour une mod­éra­tion dans le ton, et des opin­ions unanimes pour l’adop­tion d’un dia­pa­son uni­forme, c’est-à-dire pour un niv­elle­ment général du dia­pa­son, libre­ment con­sen­ti ; en présence des dif­férences remar­quables qui exis­tent entre les divers dia­pa­sons que nous avons pu com­par­er, dif­férences mesurées avec toute la pré­ci­sion de la sci­ence en nom­bre de vibra­tions, el con­signées dans un des tableaux annexés à ce rap­port, la com­mis­sion, après avoir dis­cuté, a adop­té en principe, et à l’u­na­nim­ité des voix ; les deux propo­si­tions suiv­antes :

Il est désir­able que le dia­pa­son soit abais­sé.

Il est désir­able que le dia­pa­son abais­sé soit adop­té générale­ment comme régu­la­teur invari­able.

III

Il restait à déter­min­er la quan­tité dont le dia­pa­son pour­rait être abais­sé, en lui ménageant les meilleures chances prob­a­bles d’une adop­tion générale comme régu­la­teur invari­able.

Il était évi­dent que le plus grand abaisse­ment pos­si­ble était d’un demi-ton, qu’un écart plus con­sid­érable n’é­tait ni prat­i­ca­ble ni néces­saire ; et sur ce point, la com­mis­sion se mon­trait unanime. Mais le demi-ton ren­con­tra des adver­saires, et trois sys­tèmes se trou­vèrent en présence : abaisse­ment d’un demi-ton, abaisse­ment d’un quart de ton, abaisse­ment moin­dre que ce dernier.

Un seul mem­bre pro­po­sait l’abaisse­ment moin­dre que le quart de ton. Craig­nant surtout de voir les rela­tions com­mer­ciales trou­blées, il pro­po­sait un abaisse­ment très mod­éré, et qui devait tout au plus, dans sa plus grande ampli­tude, attein­dre un demi-quart de ton.

La ques­tion des rela­tions com­mer­ciales est assez impor­tante pour qu’on s’y arrête un instant. D’ailleurs, mon­sieur le min­istre, en nous insti­tu­ant, vous l’avez sig­nalée à notre atten­tion.

Par­mi les doc­u­ments qui nous ont été remis, fig­ure une let­tre signée de nos prin­ci­paux, de nos plus célèbres fac­teurs d’in­stru­ments de tout genre. Dans cette let­tre, adressée à Votre Excel­lence, sont exposés tous les embar­ras résul­tants de l’élé­va­tion tou­jours crois­sante du dia­pa­son et de la dif­férence des dia­pa­sons. On vous demande de met­tre un terme à ces embar­ras en étab­lis­sant un sys­tème uni­forme de dia­pa­son. “Il appar­tient à Votre Excel­lence, dis­ent les sig­nataires, de faire cess­er cette sorte d’a­n­ar­chie, et de ren­dre au monde musi­cal un ser­vice aus­si impor­tant que celui ren­du autre­fois au monde indus­triel par la créa­tion d’un sys­tème uni­forme de mesures.” La com­mis­sion prend en haute con­sid­éra­tion les intérêts de notre grande fab­ri­ca­tion d’in­stru­ments, c’est une des richess­es de la France, une indus­trie intel­li­gente dans ses pro­duits, heureuse dans ses résul­tats. Les hommes habiles qui la diri­gent et l’ont élevée au pre­mier rang ne peu­vent douter de notre sol­lic­i­tude ; ils savent que nous sommes amis de celte indus­trie qui four­nit à quelques-uns des mem­bres de la com­mis­sion de pré­cieux et char­mants aux­il­i­aires. Mais si, par­mi ces maîtres fac­teurs qui ont si bien sig­nalé à Votre Excel­lence “les embar­ras” résul­tant de la diver­gence et de l’élé­va­tion tou­jours crois­sante, » quelques-uns, comme il nous a été dit, craig­nent main­tenant « les embar­ras » résul­tant des mesures qu’on veut pren­dre pour les con­tenter, que faudrait-il faire ? Puisqu’ils ont demandé, avec tout le monde musi­cal, un dia­pa­son uni­forme, com­ment le choix d’un dia­pa­son, des­tiné dans nos espérances et dans les leurs à devenir· uni­forme, peut-il trou­bler « les rela­tions com­mer­ciales » déjà trou­blées, à leur avis, par la diver­gence des dia­pa­sons ? L’étab­lisse­ment d’un dia­pa­son uni­forme implique néces­saire­ment le choix d’un dia­pa­son, d’un seul. Or, nous avons reçu, enten­du, com­paré, mesuré, vingt-cinq dia­pa­sons dif­férents, tous en activ­ité, tous usités aujour­d’hui. De tant de la, lequel choisir ? Le nôtre apparem­ment.

Mais pourquoi ? De ces vingt-cinq dia­pa­sons, aucun ne demande à mon­ter, beau­coup aspirent à descen­dre, et quinze sont plus bas que celui de Paris. De quel droit diri­ons-nous à ces quinze dia­pa­sons, mon­tez jusqu’à nous ? N’est-ce pas alors que les rela­tions com­mer­ciales cour­raient grand risque d’être trou­blées ! N’est-il pas plus logique, plus raisonnable, plus sage, dans l’in­térêt de la grande con­cil­i­a­tion, que nous voulions ten­ter, de descen­dre vers cette majorité, et n’est-ce pas ain­si que nous avons la plus grande chance d’être écoutés des artistes étrangers dont nous avons réclamé le con­cours, et que nous remer­cions ici d’avoir répon­du à notre appel avec tant de cor­dial­ité et de sym­pa­thie ?

Pour don­ner à l’in­dus­trie instru­men­tale un témoignage de sa sol­lic­i­tude, la com­mis­sion con­vo­qua les prin­ci­paux fac­teurs, ceux qui avaient obtenu les pre­mières récom­pens­es à l’Ex­po­si­tion uni­verselle de 1855, c’est-à-dire ceux mêmes qui avaient écrit à Votre Excel­lence, et ce n’est qu’après avoir con­féré avec eux et plusieurs de nos chefs d’orchestre, que la com­mis­sion délibéra sur la quan­tité dont pour­rait être abais­sé le dia­pa­son.

Dans cette dis­cus­sion, l’abaisse­ment du quart de ton a réu­ni la grande majorité des suf­frages ; appor­tant une mod­éra­tion sen­si­ble aux études et aux travaux des chanteurs, sans jeter une trop grande per­tur­ba­tion dans les habi­tudes, il s’insin­uerait pour ain­si dire incog­ni­to en présence du pub­lic ; il rendrait plus facile l’exé­cu­tion des anciens chefs‑d’œuvre ; il nous ramèn­erait au dia­pa­son employé il y a env­i­ron trente ans, époque de la pro­duc­tion d’ou­vrages restés pour la plu­part au réper­toire, lesquels se retrou­veraient dans leurs con­di­tions pre­mières de com­po­si­tion et de représen­ta­tion. Il serait plus facile­ment accep­té à l’é­tranger que l’abaisse­ment du demi-ton. Ain­si amendé, le dia­pa­son se rap­procherait beau­coup du dia­pa­son élu, en 1834 à Stuttgart. Il avait déjà pour lui l’a­van­tage d’une pra­tique restreinte, il est vrai, mais dont on peut appréci­er les résul­tats.

La com­mis­sion a donc l’hon­neur de pro­pos­er à Votre Excel­lence d’in­stituer un dia­pa­son uni­forme pour tous les étab­lisse­ments musi­caux de France ; et de décider que ce dia­pa­son, don­nant le la, sera fixé à 870 vibra­tions par sec­onde.

Quant aux mesures à pren­dre pour assur­er l’adop­tion et la con­ser­va­tion du nou­veau dia­pa­son, la com­mis­sion a pen­sé, mon­sieur le min­istre, qu’il con­viendrait :

  1. Qu’un dia­pa­son type, exé­cu­tant 870 vibra­tions par sec­onde à la tem­péra­ture de 15 degrés centi­grades, fût con­stru­it sous la direc­tion d’hommes com­pé­tents, désignés par Votre Excel­lence.
  2. Que Votre Excel­lence déter­minât, pour Paris et les départe­ments, une époque à par­tir de laque­lle le nou­veau dia­pa­son deviendrait oblig­a­toire.
  3. Que l’é­tat des dia­pa­sons et instru­ments dans tous les théâtres, écoles et autres étab­lisse­ments musi­caux, fût con­stam­ment soumis à des véri­fi­ca­tions admin­is­tra­tives.

Nous espérons que vous voudrez bien, mon­sieur le min­istre, dans l’in­térêt de l’u­nité du dia­pa­son, pour com­pléter autant que pos­si­ble l’ensem­ble de ces mesures, inter­venir auprès de S. Exc. le min­istre de la guerre, pour l’adop­tion du dia­pa­son ain­si amendé dans les rég­i­ments ; auprès de S. Exc. le min­istre du Com­merce pour qu’à l’avenir, aux expo­si­tions de l’in­dus­trie, les instru­ments de musique con­formes à ce dia­pa­son soient seuls admis à con­courir pour les récom­pens­es ; nous sol­lici­tons aus­si l’in­ter­ven­tion de Votre Excel­lence pour qu’il soit seul autorisé et employé dans toutes les écoles com­mu­nales de la France où l’on enseigne la musique.

Enfin, la com­mis­sion vous demande encore, mon­sieur le min­istre, de vouloir bien inter­venir auprès de S. Exc. le min­istre de l’Instruction publique et des Cultes, pour qu’à l’avenir les orgues, dont il ordon­nera la con­struc­tion ou la répa­ra­tion, soient mis­es au ton du nou­veau dia­pa­son.

Telles sont, mon­sieur le min­istre, les mesures qui parais­sent néces­saires à la com­mis­sion pour assur­er et con­solid­er le suc­cès du change­ment que l’adop­tion d’un dia­pa­son uni­forme intro­duirait dans nos mœurs musi­cales. L’or­dre et la régu­lar­ité s’établi­raient où règ­nent par­fois le hasard, le caprice ou l’insouciance ; l’é­tude du chant s’ac­com­pli­rait dans des con­di­tions plus favor­ables ; la voix humaine, dont l’am­bi­tion serait moins excitée, serait soumise à de moins rudes épreuves. L’in­dus­trie des instru­ments, en s’as­so­ciant à ces mesures, trou­verait peut-être le moyen de per­fec­tion­ner encore ses pro­duits déjà si recher­chés. Il n’est pas indigne du Gou­verne­ment d’une grande nation de s’oc­cu­per de ces ques­tions qui peu­vent paraître futiles, mais qui ont leur impor­tance réelle. L’art n’est pas indif­férent aux soins qu’on a de lui ; il a besoin qu’on l’aime pour fruc­ti­fi­er, s’é­ten­dre, élever les cœurs et les esprits. Tout le monde sait avec quel amour, avec quelle inquié­tude ardente et rigoureuse les Grecs, qu’an­i­mait un sen­ti­ment de l’art si vif et si pro­fond, veil­laient au main­tien des lois de leur musique. En se préoc­cu­pant des dan­gers que peut faire courir à l’art musi­cal l’amour exces­sif de la sonorité, en cher­chant à établir une règle, une mesure, un principe, Votre Excel­lence a don­né une preuve nou­velle de l’in­térêt éclairé qu’elle porte aux beaux-arts. Les amis de la musique vous remer­cient, mon­sieur le min­istre, ceux qui lui ont don­né leur vie entière, et ceux qui lui don­nent leurs loisirs ; ceux qui par­lent la langue har­monieuse des sons, et ceux qui en com­pren­nent les beautés.

Nous avons l’hon­neur d’être avec respect,

Mon­sieur le min­istre,

De Votre Excel­lence

Les très hum­bles et très dévoués servi­teurs.

J. PELLETIER, prési­dent ; F. HALÉVY, rap­por­teur ; AUBER, BERLIOZ, DESPRETZ, CAMILLE DOUCET, LISSAJOUS, GÉNÉRAL MELLINET, MEYERBEER, Ed. MONNAIS, ROSSINI, AMBROISE THOMASTABLEAUX ANNEXÉS AU RAPPORT.

Tableau des dia­pa­sons en Europe en 1858 et tableau de l’élévation du dia­pa­son au cours du temps (tableau de droite). Extrait du rap­port présen­té à S. Exc. Le min­istre d’État par la com­mis­sion chargée d’établir en France un dia­pa­son musi­cal uni­forme (Arrêté du 17 juil­let 1858) — Paris, le 1er févri­er 1859.

Arrêté du 16 février 1859

Vu l’ar­rêté en date du 17 juil­let 1858 qui a insti­tué une com­mis­sion chargée de rechercher les moyens d’établir en France un dia­pa­son musi­cal uni­forme, de déter­min­er un étalon sonore qui puisse servir de type invari­able, et d’indi­quer les mesures à pren­dre pour en assur­er l’adop­tion et la con­ser­va­tion ;

Vu le rap­port de la com­mis­sion en date du 1er févri­er 1859,

Arrête :

Art. 1er. Il est insti­tué un dia­pa­son uni­forme pour tous les étab­lisse­ments musi­caux de France, théâtres impéri­aux el autres de Paris et des départe­ments, con­ser­va­toires, écoles, suc­cur­sales et con­certs publics autorisés par l’É­tat.

Art. 2. Ce dia­pa­son, don­nant le la adop­té pour l’ac­cord des instru­ments, est fixé à huit cent soix­ante-dix vibra­tions par sec­onde ; il pren­dra le titre de dia­pa­son nor­mal.

Art. 3. L’é­talon pro­to­type du dia­pa­son nor­mal sera déposé au Con­ser­va­toire impér­i­al de musique et de décla­ma­tion.

Art. 4. Tous les étab­lisse­ments musi­caux autorisés par l’É­tat devront être pourvus d’un dia­pa­son véri­fié et poinçon­né, con­forme à l’é­talon pro­to­type.

Art. 5. Le dia­pa­son nor­mal sera mis en vigueur à Paris le 1er juil­let prochain, et le 1er décem­bre suiv­ant dans les départe­ments.

À par­tir de ces épo­ques, ne seront admis dans les étab­lisse­ments musi­caux ci-dessus men­tion­nés que les instru­ments au dia­pa­son nor­mal, véri­fiés et poinçon­nés.

Art. 6. L’é­tat des dia­pa­sons et des instru­ments sera régulière­ment soumis à des véri­fi­ca­tions admin­is­tra­tives.

Art. 7. Le présent arrêté sera déposé au secré­tari­at général, pour être noti­fié à qui de droit.

Paris, le 16 févri­er 1859

ACHILLE FOULD.

Les critiques du rapport et de l’arrêté…

Le rap­port et l’ar­rêté min­istériel précé­dents, lui ordonne l’étab­lisse­ment d’un dia­pa­son mod­èle pour tous les théâtres et les étab­lisse­ments, lyriques de Paris et de la France, ont soulevé de nom­breuses récla­ma­tions. Les con­struc­teurs d’orgues, les fab­ri­cants d’instruments, les artistes qui se voient for­cés de renou­vel­er la flûte, le bas­son, le haut­bois, etc., etc., dont ils se ser­vent depuis longtemps ont fait aux con­clu­sions pra­tiques con­tenues dans le rap­port de la com­mis­sion de telles objec­tions, que l’ar­rêté min­istériel n’a pas encore reçu d’exé­cu­tion dans aucun théâtre de Paris. Un écrivain laborieux et très-ver­sé dans les matières qui touchent à la fab­ri­ca­tion des orgues et des autres instru­ments, M. Adrien de La Fage a pub­lié un opus­cule intéres­sant sous le titre de l’u­nité tonale, où il exam­ine, tant au point de vue his­torique que sous le rap­port prat­i­ca­ble de nos jours, les idées qui ont déter­miné la com­mis­sion à s’ar­rêter au nom­bre de 870 vibra­tions par sec­onde pour le dia­pa­son nor­mal de la France.

Il ne paraît pas, dit M. de La Fage, que les peu­ples anciens qui nous sont le mieux con­nus n’ont jamais songé à établir un son fixe qui servit de régu­la­teur aux voix et aux instru­ments. Les plus anci­ennes opéra­tions rel­a­tives au cal­cul des sons sont celles qu’on attribue à Pythagore qui vivait cinq cents ans avant l’ère vul­gaire. Il sem­ble résul­ter des recherch­es qu’on a faites dans l’his­toire des Chi­nois qu’ils ont été les pre­miers à pos­séder un sys­tème musi­cal d’une cer­taine régu­lar­ité. C’est sous le règne de l’empereur Hoang-ti, 2600 avant Jésus-Christ, qu’au­rait eu lieu la grande réforme de la musique chi­noise, sous la direc­tion d’un min­istre tout-puis­sant, Ling-lun. Au moyen âge, les idées exactes étaient trop rares pour que l’on s’oc­cupât d’une opéra­tion aus­si déli­cate que la fix­a­tion d’un son régu­la­teur. Les instru­ments s’ac­cor­daient à peu près au hasard et c’est à peine si l’on sait quelle était la dimen­sion des gros tuyaux des prin­ci­pales orgues de l’Eu­rope. Il faut arriv­er jusqu’aux pre­mières années du dix-sep­tième siè­cle, pour trou­ver quelques ren­seigne­ments pré­cis sur l’ob­jet qui nous occupe.

En effet, c’est en 1615 que Salomon de Caus pub­lia le pre­mier ouvrage qui ait été écrit sur la con­struc­tion des orgues ; mais c’est au P, Mersenne, dit M. de La Fage, que l’on doit la fix­a­tion exacte d’un son mod­èle et régu­la­teur. Le P. Mersenne, qui était un très savant homme, avait par­faite­ment con­science de l’u­til­ité de son opéra­tion, car il dit : « Tous les musi­ciens du monde fer­ont chanter une même pièce de musique selon l’in­ten­tion du com­pos­i­teur, c’est-à-dire, au ton qu’il veut qu’elle se chante, pourvu qu’il con­naisse la nature du son. » Le P. Mersenne, remar­que M. de La Fage, ne peut s’empêcher d’ad­mir­er son idée, car il ajoute : « Celte propo­si­tion est l’une des plus belles de la musique pra­tique, car si l’on envoy­ait une pièce de musique de Paris à Con­stan­tino­ple, en Perse, en Chine, encore que ceux qui enten­dent les notes et qui savent la com­po­si­tion ordi­naire le puis­sent faire chanter en gar­dant la mesure, néan­moins ils ne peu­vent savoir à quel ton chaque par­tie doit com­mencer, etc. » Ain­si donc, comme l’ob­serve fort judi­cieuse­ment M. de La Fage, le principe de la fix­a­tion sci­en­tifique d’un son mod­èle aurait pu être appliqué dès la pre­mière moitié du dix-sep­tième siè­cle ; mais le besoin ne s’en fit pas sen­tir, parce que la musique vocale était ren­fer­mée alors dans une por­tion assez restreinte de l’échelle sonore.

L’in­ven­tion du dia­pa­son tel que nous le con­nais­sons de nos jours, dit M. de La Fage, est due à un ser­gent-trompette de la mai­son royale d’An­gleterre, nom­mé John Shore. Il étu­dia la trompette avec tant de per­sévérance qu’il était par­venu à en tir­er des sons aus­si doux que ceux du haut­bois. John Shore fai­sait par­tie de la bande des trompettes roy­aux depuis 1711. À l’en­trée de Georges 1er, en 1741, il rem­plis­sait les fonc­tions de ser­gent, mon­tant, à la tête de sa petite troupe, un cheval riche­ment caparaçon­né. Le 8 août 1715, le per­son­nel de la chapelle ayant été aug­men­té, il y fut admis en qual­ité de luthiste. Il avait tou­jours avec lui le dia­pa­son dont il était inven­teur ; il s’en ser­vait pour accorder son luth. Le dia­pa­son eut dès lors la forme qu’il a main­tenant, et il se nom­mait en anglais tun­ing-fork, c’est-à-dire, fourchette d’ac­cord. Il fut adop­té par toute l’An­gleterre, d’où il se propagea en Ital­ie sous le nom de corista. (La corista vient en fait de cho­riste, un autre type de dia­pa­son con­sti­tué d’un sif­flet avec un pis­ton per­me­t­tant de faire vari­er la fréquence de référence.)  Il fut admis en France sous le nom grec de dia­pa­son. La dif­férence des dia­pa­sons admis dans les divers pays de l’Eu­rope était sou­vent très con­sid­érable…

M. de La Fage a pu con­stater qu’on ren­con­trait en Ital­ie deux dia­pa­sons qui offraient l’énorme dif­férence d’une tierce majeure. Le dia­pa­son de la Lom­bardie et de l’É­tat véni­tien était plus haut, et celui de Rome plus bas. À cette même époque, le dia­pa­son en usage à Paris était plus haut que celui de Rome et de la Lom­bardie.

D’après l’opin­ion de M. de La Fage, qui dif­fère de celle émise par la com­mis­sion, ce seraient les instru­ments à cordes qui seraient la cause de l’as­cen­sion tou­jours crois­sante du dia­pa­son. Je pense, dit l’au­teur de la brochure que nous analysons, que c’est la facil­ité qu’ont les instru­ments à cordes de mod­i­fi­er leur accord et de l’a­van­tage qu’ils trou­vent à le hauss­er, qu’est résulté l’as­cen­sion pro­gres­sive du dia­pa­son. C’est dire que je ne partage pas en ceci l’opin­ion de M. Lis­sajous, qui croit que ce résul­tat a été pro­duit par les instru­ments à vent. Chaque fois qu’un artiste nou­veau en rem­place un ancien dans un orchestre, dit M. Lis­sajous, il sub­stitue un instru­ment plus récent qui influe, pour sa part, sur le mou­ve­ment ascen­sion­nel du ton d’orchestre. Cet effet, insen­si­ble d’un jour à l’autre, se traduit, au bout d’un cer­tain temps, par une dif­férence notable.

Que ce soient les instru­ments à cordes ou les instru­ments à vent qui sont la cause de cette élé­va­tion où est arrivé le dia­pa­son mod­erne, ce qu’il fal­lait avant tout, c’est d’en arrêter l’as­cen­sion. II est évi­dent, comme le dit M. de La Fage, que ce ne sont pas les chanteurs qui ont con­tribué à l’élé­va­tion tou­jours pro­gres­sive du dia­pa­son dont ils sont les pre­mières vic­times. L’au­teur ajoute : « Si tant de voix per­dent aujour­d’hui prompte­ment leur fraîcheur prim­i­tive, ce n’est pas au dia­pa­son qu’il faut s’en pren­dre, mais aux com­pos­i­teurs, qui sont les maîtres d’écrire dans la véri­ta­ble éten­due de chaque voix. »

Qui les force à plac­er le cen­tre vocal dans la par­tie la plus élevée de l’échelle ? Non, ajoute M. de La Fage, ce n’est pas l’élé­va­tion du dia­pa­son qui empêche les voix de se pro­duire, et qui altère celles qui se pro­duisent ; ce sont les mau­vais maîtres de chant, les mau­vais com­pos­i­teurs ; c’est eux qu’il faut accuser, c’est eux qu’il faut pour­suiv­re ; et qu’on se hâte, car bien­tôt il faudrait accuser et pour­suiv­re tout le monde ; toutes ces choses réu­nies peu­vent avoir con­tribué au mal dont on se plaint ; l’essen­tiel, c’est d’y porter remède.

Dans le dix-neu­vième arti­cle de sa brochure, M. de La Fage donne l’analyse d’un instru­ment curieux de

M. Lis­sajous pour faire appréci­er à l’œil le nom­bre de vibra­tions que pro­duit la ten­sion d’une corde. Le but que se pro­pose l’au­teur, dit-il, est d’im­pos­er une méth­ode optique pro­pre à l’é­tude des mou­ve­ments vibra­toires. Cette méth­ode, fondée sur la per­sis­tance des sen­sa­tions usuelles et sur la com­po­si­tion de deux ou plusieurs mou­ve­ments vibra­toires simul­tanés,

per­met d’é­tudi­er, sans le sec­ours de l’or­eille, toute espèce de mou­ve­ments vibra­toires, et, par suite, toute espèce de sons. « Quoique M. Lis­sajous n’ait pas encore dévelop­pé expéri­men­tale­ment toutes les con­séquences de cette méth­ode, il pense qu’elle présen­tera une util­ité réelle pour la fab­ri­ca­tion des instru­ments de musique… M. de La Fage ter­mine sa brochure par des con­clu­sions qui sem­blent con­traires aux principes émis dans le rap­port de la com­mis­sion, et il serait d’avis qu’on eût fixé un dia­pa­son, mais en lais­sant à cha­cun la lib­erté de s’y con­former. Nous ne sauri­ons partager cette manière de voir, et nous pen­sons qu’après de vaines résis­tances de la part de cer­tains fab­ri­cants d’in­stru­ments, on se soumet­tra au dia­pa­son légal, et que l’ar­rêté min­istériel aura sa pleine et salu­taire exé­cu­tion.

Les ques­tions d’éru­di­tion, d’in­ves­ti­ga­tion et d’u­til­ité pra­tique sont à l’or­dre du jour, et vien­nent, de plus en plus, sol­liciter l’at­ten­tion de la cri­tique. Nous avons sous les yeux une réponse de M. Vin­cent, mem­bre de l’In­sti­tut, au mémoire de M. Fétis sur l’ex­is­tence de l’har­monie simul­tanée des sons de la musique des Grecs, dont nous avons par­lé dans le chapitre six­ième de ce vol­ume. Le titre de la brochure de M. Vin­cent qui vient de paraître tout récem­ment est : Réponse à M. Pétis et réfu­ta­tion de son mémoire· sur cette ques­tion : Les Grecs et les Romains ont-ils con­nu l’har­monie simul­tanée des sons ? Sans entr­er dans le fond du débat, nous sommes heureux de recon­naître que les con­clu­sions, qui ressor­tent du tra­vail très-ser­ré et très-savant de M. Vin­cent, sont con­formes à celles que nous avons émis­es en exam­i­nant le mémoire de M. Fétis. M. Vin­cent dit avec une haute rai­son (page 50 de sa brochure) : « Il est cer­tain que les tierces, quoiqu’elles ne fussent pas pris­es théorique­ment pour des con­so­nances, étaient con­sid­érées comme telles dans la pra­tique des artistes. » À la bonne heure, donc, voilà de la sci­ence qui ne con­tred­it pas le sens com­mun. M. Vin­cent ajoute un· peu après : « Or, dans les beaux-arts, les règles ne s’étab­lis­sent pas a pri­ori : c’est la pra­tique qui les dicte, la théorie ne fait que les enreg­istr­er. » Page 63, nous lisons encore ce pas­sage con­clu­ant : a Com­ment en défini­tive con­naître toutes les ressources d’un sys­tème d’har­monie pra­tiqué suiv­ant des règles que nous ignorons com­plète­ment, et qui étaient cer­taine­ment très dif­férentes des nôtres ? que ces règles fussent infin­i­ment moins com­plex­es et moins savantes que celles de nos jours, c’est un fait incon­testable ; mais cela ne suf­fit pas pour se refuser à recon­naître ici l’ex­is­tence d’une cer­taine har­monie, quelle qu’elle fût… Pour appuy­er celle idée fort juste, M. Vin­cent ajoute, page 6 : Quand on a vu de rus­tiques mon­tag­nards, qui n’avaient cer­taine­ment reçu les leçons d’au­cun Con­ser­va­toire, ameuter tout Paris sur les places publiques, rien qu’avec un chalumeau et une corne­muse, on a peine à con­cevoir que des hommes intel­li­gents per­sis­tent à dénier à un peu­ple splen­dide­ment doué pour tout le reste, jusqu’aux plus sim­ples élé­ments d’un art qui pos­sède, plus que tout autre, la puis­sance d’é­mou­voir cer­taines organ­i­sa­tions priv­ilégiées. En résumé, que récla­m­ons-nous ? la con­nais­sance des procédés, des finess­es, des déli­cat­esses de la sci­ence mod­erne ? Nulle­ment : que l’on nous accorde un sim­ple duo soutenu par un ou deux pédales, voilà toutes nos pré­ten­tions… Tout cela nous paraît trop raisonnable, trop fondé sur la nature des choses pour que M. Fétis n’en recon­naisse pas la vérité. La brochure de M. Vin­cent, écrite avec une extrême vivac­ité de paroles, est suiv­ie de quelques planch­es qui la ren­dent d’au­tant plus curieuse à con­sul­ter.

Le siè­cle que nous tra­ver­sons, et qui a déjà fourni plus de la moitié de sa car­rière peut se divis­er en deux épo­ques dont cha­cune sem­ble des­tinée à rem­plir une tâche dif­férente. La pre­mière qui com­mence à la Révo­lu­tion française a été une péri­ode de mou­ve­ment, de spon­tanéité et de créa­tion dans toutes les direc­tions de la pen­sée, dans tous les faits soumis à la volon­té de l’homme. La péri­ode qui va s’ac­com­plis­sant sous nos yeux paraît devoir être, au con­traire, une époque d’in­ves­ti­ga­tion, d’é­tudes et d’ap­pré­ci­a­tion his­torique. La musique a large­ment par­ticipé au mou­ve­ment créa­teur de la pre­mière époque, car elle a pro­duit Beethoven, Rossi­ni, Weber et tout un monde d’idées nou­velles. Il faut nous résign­er main­tenant à partager le sort com­mun, à étudi­er le passé, à en pénétr­er l’e­sprit jusqu’à ce que Dieu nous envoie un de ces révéla­teurs inspirés qui changent le cours des choses et vien­nent inau­gur­er, dans l’art, un nou­v­el idéal.

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Principe de la restauration de la musique de tango de l’âge d’or

La restau­ra­tion et la sauve­g­arde de la musique his­torique est un devoir.

Lorsque l’on est DJ de tan­go, on a en général à cœur d’utiliser la meilleure qual­ité de musique pos­si­ble. Cepen­dant, cela ne suf­fit pas à la réus­site d’une presta­tion de DJ. Il vaut mieux une excel­lente ani­ma­tion avec de la musique de qual­ité moyenne, qu’une dif­fu­sion mal­adroite de morceaux « par­faits ».

Ces con­seils sont donc pour ceux qui veu­lent, comme moi, essay­er d’avoir la meilleure musique au meilleur moment dans les milon­gas.

Utiliser un original de la meilleure qualité possible

Les sup­ports à utilis­er sont dans cet ordre de la meilleure qual­ité à la pire. En rouge, ce qui est déjà numérisé.

  1. Matrice orig­i­nale (il en reste très peu). C’est ce qui sert à press­er les dis­ques, c’est une forme d’original.
  2. Bande mag­né­tique orig­i­nale d’époque (si elle est de bonne qual­ité).
  3. Disque d’époque (78 tours en shel­lac). Mal­heureuse­ment, beau­coup sont en mau­vais état et les DJ qui passent ces dis­ques en milon­ga détru­isent un pat­ri­moine.
  4. CD ou FLAC d’après un disque d’époque (shel­lac) — ATTENTION, toutes les édi­tions ne se valent pas. Ces dernières années, plusieurs édi­teurs se sont lancés dans ce marché avec des for­tunes var­iées. C’est une façon économique de se con­stituer une base musi­cale.
  5. Disque vinyle, 33 ou 45 tours (si l’enregistrement n’a pas de réver­béra­tion ajoutée, car c’est presque impos­si­ble à sup­primer de façon cor­recte).
  6. CD ou FLAC d’après une copie d’un vinyle (33 tours)
  7. Cas­sette ou car­touche audio depuis un disque d’époque
  8. Ser­vice de musique en ligne, type Spo­ti­fy. C’est en général une très mau­vaise source, car les musiques sont mal éti­quetées. En revanche, ça peut servir pour trou­ver le meilleur disque à acheter.
  9. Musique numérique en MP3
  10. Tomas radi­ales (enreg­istré depuis la radio ou la télévi­sion). Elles sont rarement exploita­bles en milon­ga, car de qual­ité générale­ment médiocre, mais ce sont sou­vent des doc­u­ments intéres­sants d’un point de vue his­torique. Ces doc­u­ments sont en général sur ban­des, mais on en trou­ve des copies numériques.

Précaution pour utiliser la copie avant traitement

Copie de disque

  1. Net­toy­er la matrice ou le disque. C’est extrême­ment impor­tant et sou­vent nég­ligé par ceux qui numérisent des dis­ques. Il ne suf­fit pas de pass­er un coup de brosse anti­s­ta­tique…
    Voir cet arti­cle pour un net­toy­age effi­cace et non destruc­tif du disque orig­i­nal.
  2. Utilis­er un dia­mant adap­té et une pres­sion de bras adap­tée au disque util­isé. Pour ne pas endom­mager le disque, le dia­mant doit être en excel­lent état.
  3. Réglez la vitesse de la pla­tine avec son stro­bo­scope. Cepen­dant, cer­taines mar­ques n’étaient pas tout à fait à la bonne vitesse, notam­ment pour les dis­ques les plus anciens. Si la tonal­ité exacte du morceau vous intéresse, il vous fau­dra la chercher en vari­ant la vitesse, ou procéder à un traite­ment ultérieur après numéri­sa­tion. Pour un DJ, cela a peu d’importance, il est pos­si­ble de mod­i­fi­er ces paramètres à la volée lors de la dif­fu­sion et aucun danseur ne va remar­quer même un demi-ton d’écart.
  4. Réglez de façon opti­male la courbe d’égalisation. Pour la plu­part des dis­ques Odeon et les vinyles après 1955, c’est la courbe RIAA. Pour des dis­ques plus anciens, il vous fau­dra creuser en fonc­tion de la mar­que et de la date.
  5. Numéris­er dans un for­mat non destruc­tif (Loss­less), en 44 kHz ou 48 kHz. Il est inutile d’utiliser un taux d’échantillonnage supérieur, car les dis­ques ne trans­met­tent pas de fréquences supérieures à 20 000 Hz. Pour ma part, j’enregistre en stéréo, même si le disque est mono. Cela per­met d’avoir le choix entre deux ver­sions très légère­ment dif­férentes. C’est utile pour le traite­ment des scratchs ou de cer­tains défauts du sig­nal.
  6. Enreg­istr­er le bruit du disque ou du sup­port mag­né­tique avant la musique et après la musique).
  7. Ranger pré­cieuse­ment le disque et ne plus y touch­er (le stock­er ver­ti­cale­ment et légère­ment pressé à l’abri de l’humidité exces­sive et de la forte chaleur).

Voir l’ar­ti­cle sur le net­toy­age des dis­ques Shel­lac 78 tours.

Exem­ple de courbe de pré-égal­i­sa­tion (RIAA)

En bleu, lors de l’enregistrement, les bass­es sont dimin­uées, pour éviter que le stylet ne fasse de trop gross­es vibra­tions et les aigus sont aug­men­tés pour mar­quer plus les sil­lons afin que les mou­ve­ments soient plus faciles à provo­quer lors de la lec­ture. En rouge, les réglages opposés dimin­u­ent les aigus et ren­for­cent les graves qui avaient été forte­ment atténués lors de l’enregistrement. Sans la resti­tu­tion de la courbe d’origine, les aigus seraient cri­ards et les bass­es absentes.

Exem­ple de tables de cor­rec­tion

Jusqu’en 1955, chaque com­pag­nie util­i­sait ses pro­pres réglages. Cela con­duit, si on ne respecte pas le rétab­lisse­ment de la pré-égal­i­sa­tion à des sons infidèles. Une bonne resti­tu­tion d’un disque ancien com­mence par la recherche des paramètres util­isés par le fab­ri­cant pour rétablir le son d’origine.

Extrait min­i­mal de tableaux de car­ac­téris­tiques des réglages d’en­reg­istrement de dif­férentes firmes.

Copie de support analogique (cassette ou bande)

Les ban­des mag­né­tiques ont plusieurs défauts. Il peut y avoir une dupli­ca­tion de la spire antérieure, qui fait que l’on a une musique « fan­tôme », car la mag­néti­sa­tion d’une spire a « bavé » sur une autre. C’est surtout audi­ble avant un for­tis­si­mo, on l’entend quelques instants avant, de façon réduite.

Si les ban­des ou cas­settes ont été mal con­servées, le sup­port et/ou le liant qui main­tient les oxy­des métalliques se déli­tent, ce qui provoque des défauts dans le mag­nétisme de la bande aux endroits con­sid­érés et donc un son défectueux.

Si la bande est en bon état, il faut aus­si veiller à ce que le mag­né­to­phone le soit égale­ment.

Préparation du magnétophone

Pour les cas­settes, en général un bon mag­né­to­phone est suff­isant et ne demande pas de réglage par­ti­c­uli­er.

Il est cepen­dant recom­mandé d’utiliser un démag­né­tiseur de têtes de lec­ture pour enlever une mag­néti­sa­tion résidu­elle qui pour­rait don­ner du souf­fle et/ou endom­mager le sig­nal mag­né­tique de la bande mag­né­tique.

J’ai ce mag­né­tiseur depuis plus de quar­ante ans. Il est tou­jours en vente. Je l’utilisais surtout pour les mag­né­to­phones à bande, mais il est util­is­able pour les appareils à cas­settes.

Pour utilis­er un démag­né­tiseur, c’est assez sim­ple, mais il faut bien suiv­re la procé­dure.

  1. Débranch­er le mag­né­to­phone (s’il est à pile, enlever les piles).
  2. Branch­er le mag­né­tiseur, mais laiss­er le bou­ton en posi­tion OFF.
  3. Approcher le démag­né­tiseur aus­si près que pos­si­ble de la tête de lec­ture.
  4. Gliss­er le bou­ton en posi­tion ON.
  5. Effectuer des petits cer­cles autour de la tête de lec­ture, aus­si près que pos­si­ble, mais sans touch­er la tête de lec­ture. Pour un mag­né­to­phone à bande, il y a plusieurs têtes…
  6. Éloign­er lente­ment le démag­né­tiseur, le plus loin pos­si­ble, SANS l’ÉTEINDRE.
  7. Une fois qu’il est le plus loin pos­si­ble (le câble d’alimentation est un peu court, prévoir de l’organiser de façon à pou­voir éloign­er le démag­né­tiseur des têtes facile­ment), met­tre le bou­ton curseur sur OFF.

C’est tout pour la démag­néti­sa­tion. Il reste une autre étape pour net­toy­er le mag­né­to­phone, net­toy­er les têtes. Pour cela, utilisez un Coton-Tige imbibé d’alcool (iso­propy­lique ou à défaut 90°). Si cela fait un moment que vous ne l’avez pas fait, vous retir­erez un dépôt brun ou noirâtre. Ce sont des par­tic­ules arrachées aux ban­des et/ou de la saleté 😉

Atten­tion à ne pas faire couler d’alcool dans le mag­né­to­phone ou ailleurs que sur le coton tige humide.

Pour les lecteurs de cas­settes, il existe des cas­settes de net­toy­age.

  • Humid­i­fi­er la bande à tra­vers de la fenêtre (elle ne com­porte pas de vit­re, con­traire­ment aux cas­settes nor­males). Faire défil­er la bande. Cer­taines cas­settes con­ti­en­nent une zone plus abra­sive pour net­toy­er. Ne pas en abuser.
  • Ces cas­settes sont désor­mais assez chères (il faut les chang­er tous les qua­tre ou cinq util­i­sa­tions). Si les têtes de lec­ture sont acces­si­bles, il est plus économique d’utiliser des Cotons-Tiges et la procé­dure pour les mag­né­to­phones à bande. Lorsque les têtes sont sèch­es, vous pou­vez utilis­er le mag­né­to­phone (c’est instan­ta­né si vous avez util­isé de l’alcool iso­propy­lique).

La vitesse et l’enroulement des bandes magnétiques

Con­traire­ment aux cas­settes qui sont rel­a­tive­ment stan­dard­is­ées, les mag­né­to­phones à bande utilisent des vitesses dif­férentes et même des types d’enroulement dif­férent.

Il faut donc un mag­né­to­phone dis­posant des mêmes vitesses que l’appareil d’origine. Tous les mag­né­to­phones actuels n’ont pas ces vitesses. On pour­ra copi­er ces ban­des, mais il fau­dra restituer la vitesse orig­i­nale sur le sig­nal numérisé.

Sur les matériels anciens, la bande était par­fois enroulée avec l’oxyde mag­né­tique à l’extérieur de la bande. Sur d’autres matériels et sur les plus récents, l’oxyde est sur la par­tie intérieure de l’enroulement. Il peut donc être com­pliqué de lire une bande anci­enne sur un appareil plus mod­erne.

Une autre dif­fi­culté est l’utilisation d’alignements dif­férents des têtes de lec­ture. Les ban­des anci­ennes étaient nor­male­ment mono. Elles étaient enreg­istrées dans la par­tie inférieure de la bande, puis retournées pour lire l’autre côté. Il y a donc deux pistes, une dans chaque sens. Sur un matériel stéréo, il y a deux pistes. La lec­ture avec une tête mono fait qu’on lit égale­ment l’espace entre deux pistes, c’est-à-dire que l’on a un sig­nal moins bon.

Avec un mag­né­to­phone stéréo, on peut lire une piste mono à con­di­tion que les têtes soient en face de la piste. Au pire, on utilise qu’une seule des pistes.

Si le mag­né­to­phone dis­po­sait de plus que deux pistes dans chaque sens, il faut un mag­né­to­phone mul­ti­p­iste, ce qui est un matériel pro­fes­sion­nel. Dans ce cas, les pistes sont toutes dans le même sens. La bande ne se retourne pas quand on arrive au bout.

Un autre piège, ce sont les réglages du mag­né­to­phone en fonc­tion du type de bande. Si on dis­pose des boîtes orig­i­nales des ban­des, on trou­ve les indi­ca­tions. Sinon, il faut y aller par tâton­nement.

Un tout dernier point, cer­tains mag­né­to­phones util­i­saient un sys­tème de réduc­tion de bruit, type Dol­by. Il faut donc en tenir compte et utilis­er le décodeur adéquat. Avec les cas­settes, c’est assez sim­ple, avec les mag­né­to­phones à bande, il fau­dra peut-être acquérir un décodeur séparé.

Il a existé aus­si des car­touch­es, sortes de gross­es cas­settes. Pour ces ban­des, la dif­fi­culté sera de trou­ver un lecteur en bon état de marche.

En gros, récupér­er des ban­des anci­ennes, c’est com­pliqué, sauf pour les cas­settes.

Utilisation d’une copie déjà numérique

Vous avez acheté une copie numérique, ou vous avez procédé vous-même à l’enregistrement. Si la musique est par­faite, n’y touchez pas. Mais c’est rarement le cas.

Il ne faut pas oubli­er que vous allez créer des tan­das et que ces dernières doivent être homogènes. Pas ques­tion d’avoir un titre cri­ard, suivi d’un titre sourd, puis un titre très fort et à la lim­ite de la dis­tor­sion et ter­min­er sur un titre presque inaudi­ble.

Un autre point con­siste à nor­malis­er les débuts et les fins de morceaux. Pour ma part, j’ai 0,7 sec­onde au début de tous mes morceaux et 3 sec­on­des à la fin de tous mes morceaux. Cela évite que deux morceaux se choquent, ou qu’il faille atten­dre 10 sec­on­des entre deux titres.

Ordre des opérations pour le traitement des musiques numériques

  1. Faire une sauve­g­arde du sup­port numérique pour revenir à l’état ini­tial en cas d’erreur.
  2. Sélec­tion­ner une par­tie sans musique et avec le bruit de fond du disque. S’il y a des scratchs, les net­toy­er aupar­a­vant, un par un, ou mieux, sélec­tion­ner une zone entre deux scratchs.
  3. Faire une empreinte du bruit de fond, de préférence à la fin du disque et la sous­traire de l’enregistrement. ATTENTION à ne pas sous­traire uni­for­mé­ment, mais seule­ment dans les fréquences du bruit afin de ne pas touch­er la musique (on peut activ­er 100 % pour les fréquences très bass­es ou très hautes et dos­er les autres fréquences en fonc­tion de la musique). Cela demande un logi­ciel évolué, pas du type Audac­i­ty qui applique l’empreinte de façon égale sur toutes les fréquences). Il y a d’autres options à pren­dre en compte, ce tuto­riel est sim­pli­fié…
  4. Faire la même chose avec une empreinte au début du disque. Cepen­dant, atten­tion à bien choisir le lieu, car sou­vent le début du disque est abîmé par l’impact de la pointe de lec­ture lors des écoutes. L’empreinte ne sera pas représen­ta­tive de l’état du disque sur son inté­gral­ité. Si le début du disque n’est pas abîmé (ou si l’original était une matrice). Si la copie numérique ne com­porte pas des bouts d’amorce au début ou à la fin, essay­er d’utiliser un moment de silence. Atten­tion à ne pas pren­dre une par­tie avec un peu de son. Si c’est impos­si­ble, met­tre à zéro la déduc­tion d’empreinte sur les fréquences de la musique présente dans cette sélec­tion.
  5. Net­toy­er les scratchs sur la musique. C’est un tra­vail de patience. Sélec­tion­ner le scratch et appli­quer l’outil de cor­rec­tion sur les quelques mil­lisec­on­des néces­saires. Il existe des plu­g­ins de sup­pres­sion automa­tique de scratchs, mais ils sont sou­vent néfastes au mes­sage sonore. Il con­vient donc de ne pas en abuser.
    Ne pas utilis­er la sup­pres­sion de fréquence pour lim­iter le bruit (méth­ode la plus courante), car cela se fait égale­ment au détri­ment de la musique). C’est en revanche la seule méth­ode pos­si­ble lors de la dif­fu­sion en direct, par exem­ple si le morceau « orig­i­nal » fourni pour une démo est vrai­ment trop bruité.
  6. Revoir l’équilibre sonore du morceau. Cela con­siste à restituer la vitesse ini­tiale (au cas où l’original serait un disque 33 tours ou une copie numérique d’origine dou­teuse). On peut aus­si jouer sur les fréquences pour réhar­monis­er le morceau. Ce tra­vail se fait de préférence au casque. On véri­fie que les instru­ments se dis­tinguent bien. Je con­seille de véri­fi­er le résul­tat égale­ment sur une sono… Plus le morceau sera pro­pre et bien équili­bré et le moins il y aura besoin d’intervenir en milon­ga pour adapter le vol­ume et les fréquences.
  7. Enreg­istr­er le résul­tat dans un for­mat numérique sans perte (Loss­less).
  8. Éventuelle­ment, faire une copie pour l’utilisation en milon­ga, au min­i­mum MP3 à 320 kb/s si on n’a pas la place de con­serv­er l’original en HD. Pour ma part, je dif­fuse de l’ALAC, Loss­less, mais chaque fichi­er fait au moins 30 Mo…

Exem­ple de morceau avec restau­ra­tion :

Cet extrait est tiré de « Vio­lines gitanos » Musique : Enrique Maciel Orches­tra Rober­to Fir­po Enreg­istrement Odeon 8949 5611, enreg­istré à Buenos Aires le 21 mai 1930. On peut enten­dre l’enregistrement depuis le disque 78 tours orig­i­nal, avant et après retouche des scratchs. https://youtu.be/ZZWpox_lGbg

Ce qu’il ne faudrait pas faire

Acheter de la musique dite « Remasterized ».

C’est dans presque tous les cas très, très médiocre, y com­pris dans les CD du com­merce. Ces morceaux don­nent l’impression que la musique est jouée dans une salle de bain. Les sons sont étouf­fés. En un mot, c’est moche à écouter.

Cet extrait est tiré de « Vio­lines gitanos » Musique : Enrique Maciel Orches­tra Rober­to Fir­po Enreg­istrement Odeon 8949 5611, enreg­istré à Buenos Aires le 21 mai 1930. On peut enten­dre l’enregistrement depuis le disque 78 tours orig­i­nal, avant et après retouche des scratchs.

Mais c’est aus­si moche à voir…

À gauche, le morceau brut. Il y a des détails fins (qui peu­vent être des bruits de disque, mais on voit que les fréquences sont représen­tées. À droite, le traite­ment « Remas­ter­ized » qui est tant à la mode main­tenant et que l’on a pu écouter dans l’extrait ci-dessus. On dirait que la musique est érodée, comme de la neige qui aurait fon­du. Les cristaux de la musique sont désor­mais de la soupe.

Espérer qu’un morceau en MP3 va donner un excellent FLAC.

Si je con­seille d’enregistrer tout ce qu’on mod­i­fie dans un for­mat Loss­less, c’est juste pour ne pas per­dre en qual­ité à chaque enreg­istrement. Le morceau passé de MP3 à FLAC ne sera pas meilleur… C’est juste qu’il ne se dégradera pas si on l’enregistre plusieurs fois.

Conclusion

Avoir la meilleure musique est un respect pour les danseurs et con­traire­ment à ce que cer­tains dis­ent, ils s’en ren­dent compte, même de façon incon­sciente.

Les sonorisa­teurs s’en ren­dent égale­ment compte et cela per­met d’instaurer une rela­tion de con­fi­ance avec eux et ain­si, ils don­nent un peu plus de lib­erté au DJ pour inter­venir sur la sonori­sa­tion. Ils appré­cient d’avoir une presta­tion de niveau sonore tou­jours adap­té et de ne pas avoir à revoir sans cesse le vol­ume, voire l’égalisation quand le DJ a des musiques d’origines dif­férentes et incom­pat­i­bles.

Le nettoyage des disques Shellac 78 tours

Les dis­ques Shel­lac (gomme-laque), sont les dis­ques 78 tours. Ceux qui ont accueil­li la musique de l’âge d’or du tan­go. Ce sont des témoins pré­cieux qu’il con­vient de préserv­er.

Sur la diffusion de disques historiques en milonga

Cer­tains DJ ont choisi de pass­er des dis­ques 78 tours en milon­ga, ce qui est une pra­tique que je ne cau­tionne pas, car elle est dan­gereuse pour les dis­ques et n’apporte absol­u­ment rien à la qual­ité sonore de la presta­tion.
Elle est dan­gereuse, car les dis­ques se cassent facile­ment et le pas­sage répété de la pointe de lec­ture abîme le sil­lon et donc dégrade le sig­nal sonore.
De plus, l’usage de dis­ques hétérogènes et avec un choix réduit (on ne peut pas trans­porter 600 dis­ques à une milon­ga) lim­ite les pos­si­bil­ités d’animation de la milon­ga.
Sans une pointe de sno­bisme de la part des danseurs, cette pra­tique n’existerait pas.

Je ne par­le pas des DJ qui passent des vinyles, ces sup­ports ont peu d’in­térêt en ce qui con­cerne la musique de l’âge d’or, car ce sont des copies de copies et qu’il existe des enreg­istrements de bien meilleure qual­ité réal­isés à par­tir des orig­in­aux.
Là, au sno­bisme, se rajoute la dif­fu­sion d’une musique de qual­ité médiocre, sou­vent noyée dans de la réver­béra­tion out­rée.

Prendre soin de ses disques

Le pre­mier soin est de ne pas utilis­er inutile­ment le disque. Il con­vient d’en faire une copie de sauve­g­arde, celle qui gardera l’état opti­mal de la copie à dis­po­si­tion.
On gardera le disque pour un usage ultérieur, par exem­ple si la tech­nique de numéri­sa­tion a pro­gressé, mais en dehors de cela, on le lais­sera tran­quille.
Je partage ici quelques con­seils pour vous per­me­t­tre de tir­er le meilleur par­ti de ces dis­ques, si vous avez la chance d’en trou­ver en bon état. Cepen­dant, cela devient de plus en plus dif­fi­cile.

Rien n’est éternel, les disques 78 tours non plus

Les dis­ques 78 tous en gomme laque sont frag­iles. Ils se cassent facile­ment en tombant. Il con­vient donc de les manip­uler avec soin.
La matière, elle-même peut se dégrad­er au con­tact de l’air, de l’humidité, de solvants, par usure, abra­sion ou en se cou­vrant de pous­sière ou autres matières.
Un autre enne­mi per­ni­cieux est le scotch que l’on utilise par­fois pour répar­er les pochettes.
Il y a aus­si les éventuels débris ali­men­taires et autres déchets organiques, les moi­sis­sures.

Bien conserver les disques

L’idéal serait de plac­er les dis­ques dans des pochettes non acides en polypropy­lène sans acide ou en papi­er Perma/Dur, sans acide, sans lig­nine et avec réserve alca­line (pour lut­ter con­tre l’acidité présente).
En effet, l’acidité du papi­er orig­i­nal fait que les pochettes peu­vent endom­mager la sur­face du disque et donc le son qu’il porte.
Des pochettes sans acides sont donc essen­tielles. Les pochettes orig­i­nales sont par ailleurs sou­vent dégradées, cas­santes et les con­serv­er n’est pas aus­si indis­pens­able dans la mesure où la majorité est sans aucune indi­ca­tion, les infor­ma­tions étant sur l’étiquette du disque, vis­i­ble par le trou cen­tral de la pochette. Celles qui sont décorées ont un intérêt, mais elles sont les mêmes pour tous les dis­ques d’une même époque et du même édi­teur. On peut donc con­serv­er celles dans le meilleur état, séparé­ment ou les con­serv­er pour si on souhaite reven­dre un jour sa col­lec­tion.
Il existe égale­ment des albums ou des boîtes per­me­t­tant de ranger quelques dizaines de dis­ques. C’est une bonne solu­tion pour l’archivage.

Pochettes et boîtes d’archivages non acides et avec réserve alca­line. L’idéal pour préserv­er les dis­ques his­toriques.

Les dis­ques se rangent de toute façon de façon ver­ti­cale. Légère­ment ser­rés, mais pas com­pressés.
L’humidité doit être mod­érée (inférieure à 50 %), la lumière doit être atténuée et le lieu suff­isam­ment ven­tilé. En fait, ce sont les con­di­tions de con­ser­va­tion idéale de beau­coup de choses…
Faites atten­tion au mobili­er qui con­tient les dis­ques. Ce serait dom­mage de leur offrir des pochettes spé­ciales et de les met­tre dans une armoire dégageant du formaldéhyde à gross­es dos­es.

Procédure de numérisation des disques Shellac

Avant de ranger les dis­ques dans les nou­velles pochettes, il con­vient de les net­toy­er.
Je con­seille donc d’opérer de la façon suiv­ante :

  1. Iden­ti­fi­ca­tion et saisie du disque dans la base de don­nées
  2. Pho­togra­phie rec­to ver­so de l’étiquette
  3. Net­toy­age du disque (voir ci-dessous)
  4. Numéri­sa­tion du disque For­mat sans perte (WAV, AIFF, FLAC ou ALAC) 44 ou 48kHz 32 bits. Des valeurs supérieures n’ont aucun intérêt car il n’y a pas de sig­nal supérieur à 20 kHz (voire 15kHz) sur les dis­ques de pâte.
  5. Range­ment du disque dans les pochettes et boîtes
  6. Com­plé­ment de la base de don­nées (référence de la boîte).
  7. Édi­tion des tags de l’enregistrement numérique

Nettoyer le disque

L’étape 3 du proces­sus annon­cé ci-dessus con­siste à met­tre le disque en con­di­tion pour sa numéri­sa­tion et son archivage ultérieur.

Examen du disque à nettoyer

La pre­mière chose à faire est de véri­fi­er que le disque n’est pas fendu et qu’il n’y a pas des endroits où la gomme-laque s’est dégradée. Si c’est le cas, il va fal­loir être très pré­cau­tion­neux. Pour ma part, il m’est arrivé de sac­ri­fi­er une des faces du disque pour sauver l’autre face. Par exem­ple, si le disque est cassé et que les sil­lons d’un des côtés sont trop endom­magés.
J’utilise la face sac­ri­fiée pour ren­forcer le disque, afin que le sil­lon de la face choisie soit par­faite­ment con­tinu et que le disque soit aus­si plat que pos­si­ble. L’armature créée pour ren­forcer le disque est idéale­ment démontable, mais ce n’est pas tou­jours le cas. J’ai ain­si pu numéris­er des dis­ques qui étaient en plusieurs morceaux.

Mais revenons au processus le plus courant.

  1. Iden­ti­fi­er la matière du disque. Si on a déjà restau­ré des dis­ques de la même époque et du même édi­teur, les procédés précédem­ment util­isés devraient être effi­caces.
  2. Dépous­siér­er le disque avec un aspi­ra­teur muni d’une brosse adap­tée (poils anti­s­ta­tiques, idéale­ment en fibre de car­bone). Évidem­ment, ne pas utilis­er cette brosse pour d’autres usages. Atten­tion, ne surtout pas frot­ter. Si vous touchez la sur­face, faites-le dans le sens des sil­lons.
Pour aspir­er la pous­sière d’un disque, on peut utilis­er un aspi­ra­teur avec une brosse adap­tée (poils en fibre de car­bone, par exem­ple).
  1. Véri­fi­er que la sur­face du disque est en bon état.
  2. Si après aspi­ra­tion et net­toy­age, le disque sem­ble pro­pre, essay­er de l’écouter.
  3. Réglez l’égalisation dans votre sys­tème si vous avez d’autres courbes disponibles que la RIAA sur votre préam­pli phono. Si ce n’est pas le cas, vous gér­erez cela sur le fichi­er numérisé.
  4. Véri­fi­er la pro­preté du dia­mant (utilis­er une brosse adap­tée).
  5. Plac­er le disque sur la pla­tine
  6. Don­ner un coup de brosse anti­s­ta­tique en faisant tourn­er le disque
La brosse avec des poils en fibre de car­bone per­met d’en­lever la pous­sière. L’idéal est de faire tourn­er le disque en main­tenant la brosse en appui très léger sur le disque.
  1. Essayez de faire une pre­mière copie du disque.
  2. Si la copie est bonne et ne sem­ble pas devoir être améliorée, c’est ter­miné.
  3. Si vous pensez qu’il va fal­loir pouss­er le net­toy­age, gardez la copie en sécu­rité et passez aux étapes de net­toy­age, suiv­antes.
  4. Placez le disque sur une vieille pla­tine qui ne sert pas à la repro­duc­tion des dis­ques et qui ne craint pas des acci­dents éventuels avec les liq­uides.
  5. Procédez au net­toy­age humide du disque Shel­lac.
    Le net­toy­age humide est très effi­cace, mais il y a deux points très impor­tants à pren­dre en compte :
  • Il ne faut surtout pas utilis­er d’alcool qui dégrade la laque et donc choisir un liq­uide adap­té.
    • Il ne faut pas mouiller l’étiquette.

Il existe dans le com­merce des liq­uides pour le net­toy­age des dis­ques. Le plus inof­fen­sif est l’eau dis­til­lée. Bien sûr, on ne plonge pas le disque directe­ment dans le liq­uide, mais on dépose un film uni­forme sur la sur­face du disque en évi­tant de mouiller l’étiquette. À l’aide d’une brosse ou tam­pon en microfi­bre, on répar­tit le liq­uide sur le disque en faisant tourn­er la pla­tine à la main en prenant garde de ne pas sor­tir de la direc­tion du sil­lon avec la brosse.
Lorsque toute la sur­face est recou­verte d’un fin film de liq­uide, met­tez la pla­tine en rota­tion (16 ou 33 tours/minute) en appli­quant légère­ment la brosse en microfi­bre.
La brosse crée un petit bour­relet en amont de son pas­sage, ce qui aide à déloger la saleté.
Si l’eau dis­til­lée ne vient pas à bout des résidus sur le disque, utilisez un pro­duit adap­té. Par exem­ple : Clea­r­au­dio Pure Groove Shel­lac.

Véri­fiez que le pro­duit porte bien la men­tion Shel­lac, car la plu­part des mag­a­sins vendent du pro­duit pour vinyle qui con­tient de l’alcool et qui détru­irait votre disque 78 tours.
En revanche, le pro­duit spé­cial pour Shel­lac peut être util­isé sans incon­vénient pour les dis­ques vinyle.

Le pro­duit s’applique comme décrit pour l’eau dis­til­lée.

Solu­tion pour disque Shel­lac (véri­fi­er la men­tion sur la bouteille) et une brosse avec tam­pons en microfi­bre).
  1. Le séchage du disque est une étape impor­tante. Pas ques­tion de le laiss­er humide plus longtemps que néces­saire.
    Utilisez un chif­fon non pelucheux et, là encore, tou­jours agir dans le sens du sil­lon. Le but est d’enlever le plus pos­si­ble de pro­duit de net­toy­age.
  2. Rincez le disque à l’eau dis­til­lée pro­pre. Il faut donc la chang­er très sou­vent (ne pas traiter 50 dis­ques avec la même eau).
    Si vous dis­posez d’une cuve à ultra­son assez pro­fonde, vous pou­vez posi­tion­ner le disque de façon qu’il trempe dans la cuve en met­tant un axe en tra­vers de la cuve.
    Met­tez les ultra­sons en fonc­tion­nement et faites tourn­er très lente­ment le disque.
    Atten­tion à ce que l’eau dis­til­lée ne coule pas sur l’étiquette (essuyez le disque au fur et à mesure) qu’il sort de l’eau dis­til­lée).
Le disque est plongé dans la cuve à ultra­son, mais atten­tion, l’étiquette ne doit pas être immergée. Il con­vient donc de ne pas trop pouss­er la puis­sance des ultra­sons pour éviter les éclabous­sures. Comme les cuves sont très grandes, il faut de gross­es quan­tités d’eau dis­til­lée. Ce n’est pas réelle­ment un incon­vénient, cela per­met d’espacer les rem­place­ments de l’eau.
  1. Essuyez le disque à l’aide de chif­fons non pelucheux (dif­férents de celui util­isé pour éponger le liq­uide de net­toy­age…). Veillez à ne pas mouiller l’étiquette dans la manip­u­la­tion.
  2. Laiss­er le disque ter­min­er de séch­er en le posi­tion­nant ver­ti­cale­ment. (veiller à ce que les sup­ports ne touchent que les bor­ds du disque et l’étiquette).
  3. Si vous avez un aspi­ra­teur avec une brosse en fibre de car­bone dédiée à cet usage, vous pou­vez accélér­er le séchage en pas­sant la brosse dans le sens du sil­lon.
  4. Lorsque le disque est par­faite­ment sec, vous pou­vez repren­dre la numéri­sa­tion du disque après avoir véri­fié que la pointe de lec­ture était pro­pre. Vous devez bien sûr utilis­er une autre pla­tine que celle util­isée pour le net­toy­age…

Voilà, votre pré­cieux disque est désor­mais sauve­g­ardé. Il peut atten­dre sage­ment dans sa pochette et son boiti­er sécurisés que vous en ayez besoin. Mais en atten­dant, utilisez la mer­veilleuse copie numérique que vous avez réal­isée.

La restau­ra­tion et la sauve­g­arde de la musique his­torique est un devoir.

COURS – CLASES – FORMATIONS

Cours et stages pour DJ et danseurs

Stages mon­tés sur mesure dans le cadre de fes­ti­vals ou pour des par­ti­c­uliers, dans ma salle de danse ou à domi­cile.

Les points abor­dés peu­vent faire par­tie de cette liste ou plus…
Une durée de trois heures est idéale pour chaque stage
x1 à x3 pour les stages DJ (3 à 9 heures) et x1 à x6 pour les stages danseurs (3 à 18 heures).
Les cours peu­vent aus­si être pro­posés aux débu­tants com­plets, notam­ment aux futurs danseurs qui souhait­ent appren­dre le tan­go argentin de bal rapi­de­ment (sans choré­gra­phie).
Pos­si­bil­ité de débuter en bal à par­tir de 6 à 9 heures de cours.
Ils sont aus­si des­tinés aux danseurs avancés qui souhait­ent danser plus en musique et explor­er les pistes de l’improvisation.

Tarif indi­catif, 100 € le mod­ule de 3 heures (à répar­tir entre les par­tic­i­pants, soit, par exem­ple 25 € pour 4 par­tic­i­pants).
Déplace­ments en sus – Bon plan : Inclure les stages dans un événe­ment où je suis DJ, tar­ifs adap­tés 😉

Langues du cours Français – Anglais – Espag­nol (prévoir tra­duc­teurs si plusieurs langues en mode con­férence)

Clase para DJClase de musi­cal­i­dad para bailar­ines y DJ
Autour d’une table ou dans une salle de con­férence.
De 1 à 20 par­tic­i­pants, illim­ité en con­férence


Rôles du DJ
Com­ment assem­bler une tan­da
Critères de dans­abil­ité
Savoir lire la piste et la salle
Les orchestres du tan­go à danser
Ani­ma­tion de la milon­ga
Ges­tion de sa musique
Util­i­sa­tion d’un logi­ciel DJ spé­cial­isé
Util­i­sa­tion d’une table de mix­age et de matériels spé­ci­fiques aux DJ
Tech­nique de la restau­ra­tion de fichiers
Ressources pour DJ
Trucs et astuces
Un lieu où on peut danser…
De 1 à 4 par­tic­i­pants

(tra­vail indi­vidu­el / cou­ple)
Le tan­go est une danse d’improvisation
Danser sur la musique ou danser la musique ?
Com­ment inter­préter une musique ?
Dif­férence entre les dif­férents styles de danse
Danser sur dif­férents orchestres
Principes et mise en œuvre du guidage portègne
Décou­verte de son style per­son­nel
(ne pas danser comme les autres)
Cours acces­si­bles aux danseurs débu­tants
Aucune choré­gra­phie ne sera pro­posée dans le cadre de mes stages basés sur la pra­tique
Con­fig­u­ra­tions idéales :
Femme seule
un ou deux cou­ples
Exem­ple de con­tenus. Cette liste est très loin d’être exaus­tive, les con­tenus sont défi­nis en amont avec les organ­isa­teurs et/ou sta­giaires.

Clases y talleres para bailarines y DJ

Clases como parte de fes­ti­vales o espe­cial cabi­da adu­a­na en mi salón de baile o en vue­stro hog­ar.

Las cues­tiones planteadas pueden ser parte de esta lista y más …
Una clase de tres horas es ide­al para cada cur­so
x1 a x3 cur­sos DJ (3–9 horas) y X1 a X6 prác­ti­cas para bailar­ines (3–18 horas).
Los cur­sos tam­bién pueden ser ofre­ci­das para los prin­cipi­antes com­ple­tos, incluyen­do futur­os bailar­ines que desean apren­der el baile de tan­go argenti­no ráp­i­da­mente (sin core­ografía).
Posi­bil­i­dad de ini­ciar en milon­gas después de 6 a 9 horas de clases.
Son tam­bién para bailar­ines avan­za­dos que quieren bailar más músi­ca y explo­rar las for­mas de impro­visación.

Pre­cio €100 cada módu­lo de 3 horas (para 4 par­tic­i­pantes, cada €25).
además via­jes – Con­se­jos: Incluir cur­sos en un even­to en el que las tasas de DJ sean adap­ta­dos 😉

Idiomas Cur­so en francés – Inglés – Español

Cours pour DJCours de musi­cal­ité pour danseurs et DJ
Alrede­dor de una mesa o en el modo de con­fer­en­cia
1 a 20 par­tic­i­pantes. Por con­fer­en­cias  sin lim­i­ta­da    


Pape­les de lDJ
Cómo armar una tan­da
Cri­te­rios por el baile
Saber leer la pista de baile y el salón
Las orques­tas de baile de tan­go
Ani­mación de la milon­ga
Gestión de la músi­ca
El uso de un soft­ware espe­cial­iza­do para DJ
El uso de un mez­clador (mesa)
y equipamien­to especí­fi­co para DJ
Restau­ración de la músi­ca
Recur­sos para DJ
Tru­cos y astu­cias
Un lugar donde se puede bailar…
de 1 a 4 par­tic­i­pantes
(Tra­ba­jo indi­vid­ual / pare­ja)

El tan­go es una dan­za de impro­visación
Bailar con la músi­ca o bailar la músi­ca?
¿Cómo inter­pre­tar la músi­ca?
Difer­en­cia entre difer­entes esti­los de baile
Orques­tas de baile
Prin­ci­p­ios y apli­cación de las indi­ca­ciones del guía porteño
Des­cubrim­ien­to de esti­lo pro­prio
(No bailar como los demás)
Cur­so acce­si­ble para prin­cipi­antes
Se pro­pon­drá ningu­na core­ografía
como parte de mis cur­sos de for­ma­ción basa­da en la prác­ti­ca
con­fig­u­ra­ciones ide­ales:
Mujer sola
una o dos pare­jas
Ejem­p­lo de con­tenido. Esta lista está lejos de ser exhaus­ti­va, los con­tenidos se definen pre­vi­a­mente con los orga­ni­zadores y/o los par­tic­i­pantes.

Classes and workshops for dancers and DJ

Fit­ted intern­ships as part of fes­ti­vals or spe­cial in my dance room or at your home.

The points raised can be part of this list and more …
A three-hour les­son is ide­al for each course
x1 to x3 DJ cours­es (3–9 hours) and x1 to x6 intern­ships for dancers (3–18 hours).
Cours­es may also be offered for com­plete begin­ners, includ­ing future dancers who wish to learn the Argen­tine tan­go dance quick­ly (with­out any chore­og­ra­phy).
Pos­si­bil­i­ty of start­ing in milon­gas after 6 to 9 hours of class­es.
They are also for advanced dancers who want to dance more in music and explore ways of impro­vi­sa­tion.

Indica­tive price 100 € each 3‑hours mod­ule (for dis­tri­b­u­tion to par­tic­i­pants, eg € 25 for 4 par­tic­i­pants).
not includ­ing trips – Tips: Include cours­es in an event where I am DJ for adapt­ed rates 😉

Course lan­guages French – Eng­lish – Span­ish

Tan­go DJ lessonsMusi­cal­i­ty class­es for dancers and DJ
Around a table or in con­fer­ence mode
1 to 20 par­tic­i­pants, unlim­it­ed for con­fer­ences


DJ’s Roles
How to assem­ble a tan­da
Cri­te­ria for danc­ing
Know­ing how to read the dance floor and the room
The orches­tras of tan­go
Ani­ma­tion of the milon­ga
How to orga­nize the music
Using a spe­cial­ized DJ soft­ware
Using a mix table
and DJ’s spe­cif­ic equip­ment
Restor­ing files
DJ Resources
Tips and tricks
A place where you can dance…
of 1 to 4 par­tic­i­pants
(Indi­vid­ual work/couple)

The tan­go is a dance of impro­vi­sa­tion
Dance with the music or dance the music?
How to inter­pret music?
Dif­fer­ence between dif­fer­ent dance styles
Dance orches­tras
Prin­ci­ples and imple­men­ta­tion of the porteño guid­ing
Dis­cov­ery of his own style
(Do not dance like the oth­ers)
Course acces­si­ble to begin­ners
No chore­og­ra­phy will be pro­posed
as part of my train­ing cours­es based only on prac­tice
Ide­al con­fig­u­ra­tions:
Alone woman
One or two cou­ples
Exam­ple of con­tent. This list is far from being exhaus­tive, the con­tents are pre­vi­ous­ly defined with the orga­niz­ers and/or par­tic­i­pants.