Saludos 1944-04-10 — Orquesta Domingo Federico

Domingo Federico (Domingo Serafín Federico) ; Francisco Federico

Je pense qu’en voy­ant l’illustration, vous avez pen­sé que cette fois, j’étais défini­tive­ment par­ti me balad­er avec les fous. En fait, pas tout à fait. Ces petits bon­jours (salu­dos) des Fed­eri­co, père (Fran­cis­co) et fils (Domin­go), les deux sains d’esprits, ont vrai­ment quelque chose à voir avec le grand Walt!

En fait, le grand Walt a vexé nos amis et ce tan­go est leur réponse musi­cale et élé­gante.
Voyons cela en image, ani­mée…

Extrait du film mélangeant des pas­sages filmés et des dessins ani­més tirés du film sor­ti en 1942, Salu­dos Ami­gos de Walt Dis­ney

Il s’agit d’un court extrait du film mélangeant des pas­sages filmés et des dessins ani­més tirés du film sor­ti en 1942, Salu­dos Ami­gos de Walt Dis­ney. Il était des­tiné à inciter les pays d’Amérique latine à adhér­er à la Good Neigh­bor Pol­i­cy face au nazisme qui déchi­rait l’Europe.
Fed­eri­co était énervé, car Dis­ney a rejeté le tan­go et il a donc décidé d’écrire un tan­go.

La phrase qui tue…

Dans le film en entier, on com­mence par quelques vues de Buenos Aires, puis on va rapi­de­ment à la cam­pagne. On présente le tra­vail des gau­chos, leur vête­ment, puis de la danse. Le com­men­ta­teur lance alors « No con el tan­go mod­er­no de Buenos Aires, sino con los bailes típi­cos del cam­po ». Pas avec le tan­go mod­erne de Buenos Aires, mais avec les dans­es typ­iques de la cam­pagne…

La réponse de Fédérico

Comme on le sait, les orchestres de tan­go de l’époque étaient aus­si des orchestres de Jazz, ou pour le moins suff­isam­ment con­nais­seurs pour s’emparer de cette musique qui partageait les salles de bal avec le tan­go.
Fed­eri­co a donc décidé d’écrire un tan­go inté­grant un rythme de Boo­gie et de le présen­ter à Dis­ney pour qu’il revoie sa copie.

Boo­gie. Repér­er les syn­copes du boo­gie. Un peu comme quelqu’un qui boi­t­erait.

Fed­eri­co s’est inspiré du rythme du boo­gie et a appelé sont tan­go Salu­dos pour répon­dre au titre du film de Dis­ney « Salu­dos ami­gos ». Désolé, pas de lun­far­do ou de détails croustil­lants, mais ce n’est pas fini, restez jusqu’au bout…

Extrait musical

Il est temps d’écouter le titre par l’auteur, tout chaud sor­ti de sa plume (en fait, cet enreg­istrement a été fait env­i­ron un an après l’écriture).

Salu­dos 1944-04-10 — Orques­ta Domin­go Fed­eri­co.

Retrou­vez-vous la syn­cope du boo­gie ? Prob­a­ble­ment que les danseurs nord-améri­cains n’y trou­veraient pas leur compte, mais les danseurs de tan­go ont beau­coup aimé ce nou­veau rythme dans leur musique et le titre a été rapi­de­ment un suc­cès.

Autres versions

Il y en a beau­coup, alors, je vous ai fait une petite sélec­tion :

Salu­dos 1944-04-10 — Orques­ta Domin­go Fed­eri­co. C’est le tan­go du jour et le point de départ de la col­lec­tion de saluts.
Salu­dos 1944-08-23 — Orques­ta Miguel Caló. Cette ver­sion est très con­nue, peut être encore plus que l’original. Elle a qua­tre mois de moins et est vrai­ment très dif­férente. Les motifs mag­nifiques du vio­lon estom­pent l’attention sur le rythme de boo­gie.
Salu­dos 1950-09-28 — Juan Cam­bareri y su Cuar­te­to Típi­co. Une ver­sion plutôt nerveuse. Cam­bareri est cou­tu­mi­er de ces ver­sions rapi­des. Je ne sais pas si les danseurs de boo­gie peu­vent y trou­ver leur compte, mais c’est une curiosité à con­naître, prob­a­ble­ment hors des pistes de milon­ga toute­fois. Le bril­lant piano et le ban­donéon vir­tu­ose de Cam­bareri méri­tent notre estime, je suis con­tent de vous l’avoir pro­posé…
Salu­dos 1999 — Jorge Arduh y su Gran Orques­ta Típi­ca Argenti­na. Une ver­sion plus calme, mais pas pour la danse non plus. La syn­cope du boo­gie est encore ramol­lie, on est plus dans l’esprit de Calo que de Fed­eri­co. La fin pro­pose un beau trait de ban­donéon.
Salu­dos 1990-12 — Orques­ta Juve­nil de Tan­go de la U.N.R. Dir. Domin­go Fed­eri­co. Une petite entorse à la chronolo­gie, pour ter­min­er avec l’auteur qui dirige l’orchestre de jeunes de Rosario, ville où il a ter­miné sa vie, une dizaine après.

Et Disney ?

Rap­pelez-vous, Fed­eri­co était ani­mé du des­sein (ce jeu de mots n’est que pour les Français, désolé) de pro­pos­er son tan­go à Dis­ney pour qu’il revoie sa copie en y inté­grant le tan­go.
Finale­ment, son tan­go a eu beau­coup de suc­cès et Fed­eri­co a oublié son pro­jet.
Le plus amu­sant est que Dis­ney a revu sa copie en réal­isant une suite à « Salu­dos ami­gos », « Los très caballeros » (les trois cav­a­liers). Dans ce nou­veau film, il revient en Argen­tine et met en valeur… de nou­veau la Pam­pa, avec un per­son­nage qui rap­pelle, Patoruzú… Le tan­go n’aura pas son film par Dis­ney, même si quelques films ont des musiques qui peu­vent l’évoquer de façon rel­a­tive­ment loin­taine, comme dans Rata­touille, Colette Shows Him Le Ropes, ou The Dys­func­tion­al Tan­goGer­maine Fran­co du film de Dis­ney Encan­to.

Une réflexion sur « Saludos 1944-04-10 — Orquesta Domingo Federico »

  1. DJ BYC Bernardo Auteur de l’article

    J’ai oublié d’expliquer pourquoi j’avais écris « Salu­dos amis goss­es » sur l’image de cou­ver­ture.
    Mon père était cinéaste ama­teur et réal­i­sait des films famil­i­aux.
    Dans le film de ma nais­sance, il avait réal­isé une ani­ma­tion en titrage écrivant cette phrase en surim­pres­sion avec une peluche de canard por­tant un som­brero mex­i­cain (qui fut ma pre­mière peluche).
    Ce fut mon pre­mier con­tact avec la langue espag­nole et ce n’est que bien plus tard que je décou­vris qu’il avait dan­sé le tan­go en tapant du talon.

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