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De mi arrabal 1942-01-02 (Milonga) – Orquesta Roberto Firpo

Letra:

Pour le , je cherchai un titre enregistré un 2 janvier. Il y a du choix, notamment chez Pugliese, qui a effectué en 1947 et 1958 des sessions d’enregistrement ce jour de l’année. Mais ces titres sont peu dansants et un peu trop intellectuels pour démarrer l’année en douceur. J’aurais pu vous proposer le magnifique Criolla Linda de Lomuto ou des titres de Donato, qui enregistra également à deux reprises un 2 janvier (1931 et 1953). Finalement, mon choix s’est porté sur une dynamique par Firpo. Voici donc De mi arrabal pour bien commencer l’année, avec le sourire.

Extrait musical

De mi arrabal 1942-01-02 – Orquesta Roberto Firpo.
Édition en CD de notre tango du jour (plage 12). version un peu accélérée par rapport à l’enregistrement original sur disque 78 tours. D’ailleurs, la version de 1949, un ½ ton plus aigüe a peut-être aussi subi le même traitement. Cette version est intermédiaire…

Comme c’est habituel chez Firpo, le mode mineur est bien présent, mais associé à un rythme relativement soutenu qui chasse la mélancolie que peut provoquer le mode utilisé. C’est de plus une de ses compositions, il avait donc toute liberté pour utiliser ce mode…
Les descentes chromatiques sautillantes qui apparaissent dès le début sous-tendent toute l’œuvre composée de montées et descentes.
Les descentes se terminent par une ponctuation à la tierce, bien marquée pour indiquer que le mouvement descendant est terminé. Cela peut guider les , notamment, car ce motif est repris plusieurs fois. À chacun d’imaginer comment, avec sa(son) partenaire, matérialiser ce motif.
À 16 s commencent des accents puissants. Trois, puis un plus espacé. C’est le jeu de l’orchestre avec les danseurs qui attendent le quatrième accent et qui vont le recevoir, atténué et retardé. La milonga, c’est fait pour jouer, avec le partenaire, mais aussi avec l’orchestre. C’est d’ailleurs une dimension perdue à cause des enregistrements figés. Les danseurs peuvent se routiner sur des versions trop connues.
Le DJ peut toutefois proposer une version moins courante, voire faire d’autres « trucs » que je n’avouerais que sous la torture ou les chatouilles.
À 29 s, la partie lisa de la milonga permet de marcher, de décongestionner la circulation dans le bal et d’offrir aux danseurs un temps de dissipation de la tension.
À 34 s, les violons nous proposent un motif charmant qui refait monter la tension. On remonte les étages dégringolés au début.
Les danseurs savent alors que vont suivre d’autres cascades et ils vont pouvoir se préparer à reprendre la partie A et ses fantaisies rythmiques.
Mais Firpo fait durer le plaisir. Ce sont maintenant les bandonéons qui reprennent la lente ascension hésitante.
Et une fois remonté totalement la pente, Firpo nous renvoi dans sa fameuse descente à 1:09, mais cela ne dure pas, les violons nous prennent dans leur filet et on reste dans les hauteurs. À 1:18, nouvelle tentative de descente en cascade, là encore avortée par l’intervention des violons. Mais on sent au fond le rythme et des descentes discrètes. Firpo rappelle aux danseurs étourdis qu’ils doivent se préparer…
Pour réveiller les moins attentifs, les grosses ponctuations d’archets reprennent à 1:26, suivies d’un passage plus déstructuré comme pour montrer la lutte des différentes tendances de la milonga. À 1:44, la partie lisa semble reprendre le dessus avec un peu de recharge. À 1:59, l’orchestre semble s’étrangler, les danseurs sont alors en alerte maximale et à 2:01, le torrent des descentes reprend enfin jusqu’au final.
On peut s’imaginer un traveling dans les faubourgs, suivant un jeune homme alerte qui nous guide au rythme de ses rencontres et qui nous présente les points d’intérêt de son quartier.
En l’absence de paroles, on peut imaginer ce que l’on veut, c’est la force de la musique.
Admettons que j’ai un peu déliré sur ce coup-là. Pardon.
On notera le bandonéon de Juan Cambareri, d’une totale maîtrise, mais qui échappe aux délires virtuoses dont cet artiste est capable. Firpo qui l’a embauché alors qu’il n’avait que 16 ans, a su le maintenir dans le cadre souhaité.

Paroles

Bien que Vicente Planelles Del Campo ait écrit des paroles, elles ne semblent pas nous être parvenues.
Voici une petite liste de ses pour des tangos ou d’autres rythmes (indiqués entre parenthèses). La date est celle d’écriture probable.

A carta cabal 1938 (Tango)

  • A carta cabal 1938 (Tango)
  • Ave sin rumbo 1932 (Tango)
  • Ay, Josefina (Foxtrot)
  • Con el fulgor de tu mirar (Vals)
  • Cuando pueda besar 1938 (Vals)
  • De mi arrabal (Milonga)
  • (Tango) – Une des versions. Voir l’anecdote à ce sujet.
  • En el de la noche (Vals)
  • Honda tristeza 1931 (Tango)
  • La loba 1952 (Tango)
  • Pobre negrito – Flor de Montserrat (Milonga)
  • Poderoso 1931 (Pasodoble)
  • Raúl (Foxtrot)
  • Titina ()

Cela ne nous aide pas à savoir vraiment à savoir ce que Firpo pensait de son faubourg. Il était né à Flores qui a l’époque de sa naissance pouvait ressembler à cela.

Aspect possible du quartier de Firpo lors de sa naissance…
Mais la venue du train et la construction de différents monuments comme des églises ont donné un aspect différent à ce faubourg qui était, très rural avant de se charger des populations qui ne pouvaient pas vivre en centre-ville.
C’est la vision que j’en propose, enjolivée par le souvenir.

Autres versions

De mi arrabal 1942-01-02 – Orquesta Roberto Firpo. C’est notre milonga du jour.
De mi arrabal 1949-05-18 – Roberto Firpo y su Nuevo Cuarteto.

Sur un rythme plus rapide et avec un orchestre réduit à quatre instruments, Firpo redonne, sept ans plus tard une nouvelle version.

De mi arrabal 1969 – y su Sexteto Típico.

Villasboas nous a habitués à ses reprises de Firpo. De mi arrabal n’a pas échappé à cette habitude et c’est tant mieux, car ce titre convient parfaitement à cet orchestre uruguayen qui sait fournir une sonorité propre. Villasboas, comme Firpo était pianiste, cela rajoute une proximité, ainsi le fait que les deux étaient proches de la branche uruguayenne du tango.
C’est une version très joueuse et qui a son propre intérêt à côté des versions de Firpo. On peut juste remarquer le côté un peu plus répétitif, mais, dans le cas de la milonga, ce n’est pas forcément gênant, car cela conforte les danseurs.

De mi arrabal. Disque Odeón. Le titre qui a donné son nom à l’album est le sixième de la face B.

Cela nous fait trois versions passables en bal. De quoi varier les plaisirs.

À bientôt les amis !