Archives par étiquette : Hipódromo Argentino

El Yacaré 1941-12-12 — Orquesta Ángel D’Agostino con Ángel Vargas

Alfredo Attadía Letra: Mario Soto.

Ceux qui ont tra­ver­sé les provinces de Entre-Rios et Cor­ri­entes ont sans doute remar­qué au bord des nationales 12 et 14 les nom­breuses pan­car­tes annonçant que l’on pou­vait trou­ver du « yacaré » à l’escabèche. Le yacaré est le nom du croc­o­dile local et l’escabèche (esacabeche) est la sauce qui accom­mode ce saurien et dont sont friands les entre­ri­anos et cori­enti­nos. Mais, notre tan­go du jour ne vante pas un plat typ­ique, ni même l’animal du même nom. Il nous par­le d’un jock­ey fameux, Elías Antúnez, surnom­mé El Yacaré, car il est juste­ment orig­i­naire de Cor­ri­entes.

Elías Antúnez, El Yacaré.

Chevaux et tango

De nom­breux tan­gos font référence aux cours­es de chevaux.
Car­los Gardel fut l’un des pro­mo­teurs du genre, par exem­ple en chan­tant Leguisamo solo, Por una cabeza.
Si le sujet vous intéresse, je vous invite à con­sul­ter l’excellent Todo Tan­go sur le sujet

L’hip­po­drome de Paler­mo.

Extrait musical

El Yacaré 1941-12-12 — Orques­ta Ángel D’Agosti­no con Ángel Var­gas.

Aujourd’hui, pas de par­ti­tion, mais les accords pour les gui­taristes sur chordify.net :

Paroles

Es domin­go, Paler­mo res­p­lan­dece de sol,
cada pin­go en la are­na lle­vará una ilusión.
En las cin­tas los puros alin­ea­d­os están
y a la voz de “¡Largaron!” da sal­i­da un afán.
En el medio del lote, con­te­nien­do su acción,
hay un jock­ey que aguar­da con ser­e­na aten­ción,
ya se apres­ta a la car­ga… griterío infer­nal.
Emo­ción que des­bor­da en un bra­vo final.

¡Arri­ba viejo Yacaré!
Explota el gri­to atron­ador.
Todos cas­ti­gan con rig­or,
pero no hay nada que hac­er,
en el dis­co ya está Antúnez.
Sabés sacar un perde­dor,
ganar un Pre­mio Nacional…
Muñe­ca bra­va y al final
el tope del mar­cador
siem­pre es tu meta tri­un­fal.

Un artista en las rien­das, con cora­je de león,
tenés toda la clase que con­sagra a un campeón.
Dom­i­nan­do la pista con cert­era visu­al
el camino del dis­co vos sabés encon­trar.
Las tri­bunas admi­ran tu peri­cia y tesón
y se rinde a tu arte con inten­sa emo­ción.
Se enron­que­cen gar­gan­tas en un loco estal­lar,
cuan­do a taco y a lon­ja empezás a car­gar.
Alfre­do Attadía Letra: Mario Soto

Traduction libre des paroles

C’est dimanche, Paler­mo resplen­dit de soleil, chaque cheval (pin­go) sur le sable (de la piste) portera un espoir.
Sur les ban­des, les cig­a­res sont alignés et la voix de « ¡Largaron ! » (on entend dans Largaron de Car­los Cubría et Juan Navar­ro con­nue par l’enregistrement de De Ange­lis, la cloche et le « largaron » qui annon­cent le départ des chevaux) laisse place à l’empressement.
Au milieu du pelo­ton, con­tenant son action, il y a un jock­ey qui attend avec une atten­tion sere­ine, déjà, il se pré­pare à la charge… brouha­ha infer­nal.
Une émo­tion qui débor­de dans un bra­vo final (ou un final vail­lant).
Courage, le vieux Yacaré !
Le cri toni­tru­ant explose.
Tous cravachent vigoureuse­ment (punis­sent), mais il n’y a rien à faire, Antúnez (El Yacaré) est déjà au poste d’arrivée.
Tu sais faire sor­tir un per­dant, qu’il gagne un Prix nation­al…
Muñe­ca bra­va (poignet vail­lant, mais une Muñe­ca bra­va est aus­si une femme, comme dans le tan­go de Enrique Cadí­camo) et, à la fin, le haut du tableau de résul­tat est tou­jours ton but, tri­om­phal.
Un artiste aux rênes, avec le courage d’un lion, vous avez toute la classe qui con­sacre un cham­pi­on.
Dom­i­nant la piste avec une vision pré­cise, tu sais trou­ver le chemin du poste d’arrivée.
Les tri­bunes admirent ton savoir-faire et ta ténac­ité et ren­dent à ton art avec une émo­tion intense.
Les gorges s’en­rouent dans une explo­sion folle, lorsque vous com­mencez à charg­er avec les talons et la cravache.

Autres versions

El Yacaré 1941-12-12 — Orques­ta Ángel D’Agosti­no con Ángel Var­gas. C’est notre tan­go du jour.
El Yacaré 1951 — Alfre­do Attadía con Arman­do Moreno.

Dix ans après D’Agostino et Var­gas, Attadía donne sa ver­sion de sa com­po­si­tion. On notera toute­fois qu’il est dif­fi­cile de détach­er cet enreg­istrement de celui des deux anges. Cette prox­im­ité peut se com­pren­dre. Attadía a com­posé un cer­tain nom­bre des suc­cès de D’Agostino et notam­ment, Tres esquinas com­posé en com­mun avec D’Agostino. Le résul­tat est agréable à écouter et même dans­able.

Arman­do Moreno et Alfre­do Attadía (El Ban­doneón de Oro).
El Yacaré 2009 – Sex­te­to Milonguero con Javier Di Ciri­a­co.

On regrette la dis­pari­tion de cet orchestre qui valait surtout par la voix et les inter­pré­ta­tions extra­or­di­naires de Javier Di Ciri­a­co. Une ver­sion dans le style de cet orchestre, plutôt intéres­sante et dans­able.

À bien­tôt les amis !

Zorro plateado 1943-06-14 — Orquesta Carlos Di Sarli con Roberto Rufino

Charlo (Carlos José Pérez de la Riestra) Letra: Enrique Cadícamo (Domingo Enrique Cadícamo)

Nous avons déjà par­lé de Zor­ro gris (Renard gris), ici, nous évo­querons el Zor­ro platea­do (Renard argen­té). Les biol­o­gistes ne ver­ront pas la dif­férence, car ce sont deux dénom­i­na­tions pour le même ani­mal de couleur gris-argen­té. Mais ici, les deux con­tent deux his­toires totale­ment dif­férentes et pour ain­si dire, com­plé­men­taires.

Extrait musical

Zor­ro platea­do 1943-06-14 — Orques­ta Car­los Di Sar­li con Rober­to Rufi­no

Paroles

Zor­ro plateao
te defendés y ya tenés cuarenta y cin­co y un que­mao.
Zor­ro plateao todavía tal­lás
y tra­ba­jás de enam­orao…
Zor­ro plateao
si hay que cor­rer en el campi­to del amor
de pun­ta a pun­ta… vos ganás.
Parecés el negro Acos­ta
por lo bien que te apilás.

Si vas sigu­ien­do un tan­go rezongón
con una piba tau­ra pa’bailar,
porque te sobra fibra y corazón,
ren­di­da en tus bra­zos la llevás…
Y así bebi­en­do el últi­mo com­pás
del tan­go que se aca­ba en el salón.

Zor­ro platea­do, vos mintien­to otra ilusión…
Zor­ro platea­do,
conoz­co bien la causa porque lle­gaste a solterón.
Zor­ro platea­do, por un quer­er
hoy ha cer­ra­do tu corazón…
Pero pa’ vos
la vida está brindán­dote
siem­pre la últi­ma ilusión… ¡Zor­ro platea­do!
¡Aunque tam­bién por den­tro
vos llevés tu pre­ce­sión!

Char­lo (Car­los José Pérez de la Ries­tra) Letra: Enrique Cadí­camo (Domin­go Enrique Cadí­camo)

Traduction libre et indications

Renard argen­té, tu te défends et tu as déjà quar­ante-cinq ans bien son­nés (que­ma­do, brûlé, pour dire que c’est plus que 45…).
Renard argen­té tu te lances et tu t’actives tou­jours en amour…
Renard argen­té, si tu devais courir dans le petit champ de l’amour de bout en bout… tu gag­n­erais.
Tu ressem­bles au negro Acos­ta à cause de la façon dont tu te com­portes. (Le negro Acos­ta (ou le singe [El mono] était Máx­i­mo Acos­ta, un jock­ey fameux qui en 1940 fut le jock­ey ayant gag­né le plus de cours­es en une année avec 149 vic­toires. En 1942, il gagna six cours­es sur six à l’Hipó­dro­mo Argenti­no [Buenos Aires, quarti­er de Paler­mo]. Je vous laisse mesur­er la com­para­i­son… Héc­tor Wilde a écrit un tan­go nom­mé Máx­i­mo Acos­ta).

Si tu suis un tan­go plain­tif avec une fille de pre­mière pour danser, parce que tu as beau­coup de fibres et de cœur, aban­don­née dans tes bras, tu la porteras… et ain­si, buvant la dernière mesure du tan­go qui se ter­mine dans le salon.

Renard argen­té, tu feins une autre illu­sion…
Renard argen­té, je con­nais bien la rai­son pour laque­lle tu es devenu céli­bataire.
Renard argen­té, pour un amour, aujourd’hui tu as fer­mé ton cœur…
Mais pour toi, la vie est de tou­jours célébr­er la dernière illu­sion…
Renard argen­té !
Même si tu portes aus­si en toi tes non-dits !
Si dans Zor­ro gris, la femme était une pros­ti­tuée ou assim­ilée, dont la seule richesse et con­so­la­tion était son man­teau en renard gris. Ici, on par­le d’un homme, qui se donne les moyens de par­tir à la con­quête des femmes qu’il con­voite. Ce per­son­nage pour­rait paraître odieux, mais Enrique Cadí­camo décrit avec pudeur les caus­es de son « insta­bil­ité ». Ce n’est certes pas une excuse, mais un début d’explication.

Máx­i­mo Acos­ta, le jock­ey cité dans les paroles.

Autres versions

Con­traire­ment à Zor­ro gris, ce tan­go n’a pas sus­cité beau­coup d’enregistrements. Je vous en pro­pose deux.

Zor­ro platea­do 1943-01-13 — José Gar­cía y su Orques­ta “Los Zor­ros Gris­es” con Alfre­do Rojas.

Évidem­ment, quand son orchestre s’appelle les renards gris (Los zor­ros gris­es), on ne peut pas pass­er à côté du titre… Cela dit, il n’a pas enreg­istré Zor­ro gris, comme quoi, nul n’est par­fait.

Zor­ro platea­do 1943-06-14 — Orques­ta Car­los Di Sar­li con Rober­to Rufi­no. C’est notre tan­go du jour

Et comme vous savez que je suis farceur, je vous pro­pose un dernier renard avec un autre Gar­cia.

Zor­ro y el Sar­gen­to Gar­cía – Zor­ro et le ser­gent Gar­cia.

À demain les amis…