Archives par étiquette : Ortega Del Cerro

Una vez 1946-11-08 – Orquesta Osvaldo Pugliese con Alberto Morán

Letra :

Nous avons vu le 9 août un tango du même titre Una vez interprété par la Orquesta Típica Victor dirigée par Mario Maurano avec le chant de . La version du jour est celle composée par Osvaldo Pugliese et n’a donc rien à voir avec celle de . Je vous propose d’en savoir un peu plus sur cette œuvre romantique et magnifique.

Extrait musical

Una vez 1946-11-08 – Orquesta Osvaldo Pugliese con Morán (Osvaldo Pugliese Letra : Cátulo Castillo).
Partition de Una vez de Osvaldo Pugliese et Cátulo Castillo. Alfredo Gobbi est en photo avec son violon en haut à gauche et en bas à droite, le sourire de .

Un premier appel est lancé par les bandonéons, qui est repris par les cordes et le piano. Rapidement, les cordes passent en pizzicati et Morán lance sa voix charmeuse et caressante. On retrouve donc un peu le principe de la version de Marcucci avec la voix en contrepoint avec les cordes. L’harmonie est cependant plus travaillée, avec un enchevêtrement des parties plus complexe. Le soliste laisse parfois la place aux instruments qui donnent le motif avec leur voix propre. On notera que Morán chante durant toute la durée du morceau, ce qui n’était pas si courant à l’époque pour les tangos de danse. On pourrait en déduire qu’il était plus conçu pour l’écoute, mais aujourd’hui, les danseurs sont tellement habitués à ce type de composition qu’ils seraient bien frustrés si le DJ se les interdisait.

Paroles

Una vez fue su amor que llamó
y sobre el abismo rodó,
la que amé más que a mí mismo fue.
Luz de su mirada, siempre, siempre helada.
Sabor de sinsabor, mi amor,
amor que no era nada.
Pequeñez de su burla mordaz,
una vez, sólo en la vida, una vez.

Pudo llamarse Renée
o acaso fuera Manón,
ya no me importa quien fue,
Manón o Renée, si la olvidé…
Muchas llegaron a mí,
pero pasaron igual,
un mal querer me hizo así,
gané en el perder, ya no creí.

Luz lejana y mansa
que ya no me alcanza.
Mi voz gritó ayer,
hoy, amor, sin esperanza.
Una vez, fue su espina tenaz
una vez, sólo en la vida, una vez.
Osvaldo Pugliese Letra : Cátulo Castillo

libre

Une fois, c’était son amour qui m’appelait puis vagabondait au-dessus de l’abîme, celle que j’aimais plus que moi-même.
La lumière de son regard, toujours, toujours glaciale.
Le goût sans goût, mon amour, amour qui n’était rien.
La petitesse de sa moquerie mordante, une fois, seulement dans la vie, une fois.
Elle aurait pu s’appeler Renée ou peut-être que c’était Manón, je m’en moque de qui c’était, Manón ou Renée, si je l’ai oubliée…
Beaucoup sont venues à moi, mais elles sont passés également, un mauvais amour m’a fait comme ça, j’ai gagné en perdant, je n’y croyais plus.
Lumière lointaine et douce qui ne m’atteint plus.
Ma voix a crié hier, aujourd’hui, amour, sans espoir.
Une fois, ce fut son aiguillon tenace une fois, seulement dans la vie, une fois.

Autres versions

Contrairement à la version de Carlos Marcucci, il y a divers enregistrements de ce titre composé par Pugliese avec des paroles de Castillo.

Una vez 1945 – Orquesta Edgardo Donato con Osvaldo Morel.

Un an avant Pugliese, Donato propose son . Si on retrouve la puissance de la composition de l’antimufa, la voix de Morel a un peu de mal à convaincre, malgré son prénom d’Osvaldo. Le résultat n’est pas vilain, mais à mon avis, ce n’est pas trop pertinent pour Donato d’avoir voulu mettre à son répertoire, ce titre qui s’éloigne trop de son style, style qu’il cherchait à moderniser pour rattraper l’évolution.

Una vez 1946-10-31 – Orquesta Osmar Maderna con .

Précédant de peu la version enregistrée par Pugliese, celle de Maderna avec Pedro Dátila est intéressante. Le piano de Maderna est plus décoratif que celui de Pugliese et la voix de Pedro Dátila est expressive, sans doute autant que celle de Alberto Morán, si on peut préférer ce dernier, c’est peut-être aussi, car sa voix nous est plus familière. Même si on préfère la version de Pugliese, celle de Maderna est tout à fait dansante, voire plus que celle de l’auteur de la musique.

Una vez 1946-11-08 – Orquesta Osvaldo Pugliese con Alberto Morán. C’est notre tango du jour.
Una vez 1964 – Orquesta Fulvio Salamanca con Luis Roca.

Salamanca n’a pas la réputation de faire de la musique pour la danse et cet enregistrement ne contredira pas ce fait. Cela n’interdit pas d’aimer cette version et de détester le DJ qui vous la proposerait en bal 😉

Una vez 1968-05-31 – Alberto Morán accompagné par una Orquesta dirigée par Armando Cupo.

Si Cupo a fait quelques enregistrements intéressants et que le chanteur, Morán, est le même que dans la version de Pugliese (24 ans plus tard), il est difficile de s’enthousiasmer pour cette version.

Photos

Le fait que ce soit Mores et Gobbi sur la partition m’a donné l’idée de vous proposer des photos de Pugliese et de Castillo.

Pugliese, Pugliese, Pugliese, lancé par les artistes et techniciens du spectacle pour conjurer le mauvais sort. Pugliese, antimufa…
Castillo, Castillo, Castillo, mais là, cela n’a aucun effet antimufa (anti-poisse).

Una vez 1943-08-09 – Orquesta Típica Victor dir. Mario Maurano con Ortega Del Cerro

Letra:

Même si le titre de notre est Una vez (Une fois), il peut y avoir deux fois le même titre pour des tangos des années 40. La version du jour est celle de la Típica Victor beaucoup moins connue que celle composée par Pugliese un peu plus tard, mais qui est également un des milongas, sans doute un peu plus traditionnelles.
Ne vous inquiétez-pas, je vous propose les deux à l’écoute…

Carlos Marcucci 30/10/1903 – 31/05/1957

Carlos Marcucci, le compositeur de notre tango du jour, et son bandonéon ont traversé tout l’âge d’or du tango et l’Atlantique, Canaro l’ayant enjoint de venir travailler dans son orchestre en France.
On lui doit d’autres compositions comme Mi Dolor ce sublime tango enregistré par quasiment tous les orchestres, Esta noche qui aussi un succès d’enregistrement et Aquí me pongo a cantar, la milonga phare de l’orchestre de Francisco Lomuto.
Il est l’oncle de Alfredo Marcucci (14/09/1929 – 12/06/2010), à qui il a passé sa passion pour l’instrument. Alfredo raconte que quand il allait voir son oncle et qu’il n’entendait pas le bandonéon, c’est qu’il était absent.

AlfredoMarcucci (à gauche) et son oncle Carlos Marcucci. Deux des fameux bandonéonistes du vingtième siècle.

Comme son oncle, Alfredo est passé par les grands orchestres de son époque, comme le dernier de Di Sarli, mais aussi par des orchestres plus contemporains comme la Orquesta Típica .

Bandonéon de Alfredo Marcucci. C’est un Doble Aa (Alfred Arnold) fabriqué vers 1929 à Carlsfeld, en Allemagne.

À sa mort, le bandonéon d’Alfredo Marcucci a été offert par l’Argentine au Musée des instruments de Musique (MIM) de Bruxelles, en Belgique, le pays où on dit tout le temps « Une fois » (Una vez).

Extrait musical

Una vez 1943-08-09 – Orquesta Típica Victor dir. Mario Maurano con .

Les orchestres Víctor sont des orchestres conçus pour enregistrer des disques de danse. Cela s’entend dès les premières notes où le rythme est bien marqué. Cependant, Marcucci propose un motif très original, à partir de 30 secondes, qui consiste en une phrase à l’ à laquelle répond le piano. Cela peut ravir les danseurs en les incitant à sortir de la marche pour improviser sur les temps de réponse du piano en contraste avec le bandonéon. Si on rajoute les tutti de l’orchestre, les danseurs ont au moins trois univers différents à explorer avant le début du chant.
Le chant, c’est Ortega Del Cerro, qui reprend la structure de la première partie en assumant la partie des bandonéons et les cordes reprennent les réponses du piano legato ou en pizzicati selon les moments. C’est vraiment du bel ouvrage.

Paroles

Morir en los rayos de sol
La niebla de un día sin luz.
Y luego en la tarde serena
Congelo mi y mi pena.

Soñaba aquella tarde con tus besos
Sentíame feliz con tu regreso.
Y al verte de nuevo ante mí
Cantaba en mis sueños así:
Una vez, sólo te vi una vez
Y te amé, sólo bastó una vez.
Hoy no sé si me faltará tu cariño
¡Ay de mí, que estoy solo sin ti!

Sólo tú me sabes comprender
Siempre tú, para poder vencer.
, yo te lo juro vida mía
Nunca más podré vivir sin ti.
Carlos Marcucci Letra: Lito Bayardo

Traduction libre

Mourir dans les rayons du soleil
Le brouillard d’une journée sans lumière.
Et puis dans l’après-midi serein, mon angoisse et mon chagrin ont gelé.
J’ai rêvé cet après-midi de tes baisers, je me sentais heureux avec ton retour.
Et à te revoir en face de moi, je chantais dans mes rêves ainsi :
Une fois, je ne t’ai vue qu’une fois, et je t’ai aimée.
Une seule fois a suffi.
Aujourd’hui, je ne sais pas si ton amour va me manquer, pauvre de moi, que je suis seul sans toi !
Seulement toi sais me comprendre, toujours toi, pour pouvoir vaincre.
Plus jamais, je te le jure, ma vie, plus jamais, je ne pourrai vivre sans toi.

Autres versions

Il n’y a pas d’autre enregistrement de cette composition de Carlos Marcucci, je vous propose une version quasi contemporaine d’un tango du même titre composé par Osvaldo Pugliese.

Una vez 1943-08-09 – Orquesta Típica Victor dir. Mario Maurano con Ortega Del Cerro. C’est notre tango du jour.
Una vez 1946-11-08 – Orquesta Osvaldo Pugliese con Morán (Osvaldo Pugliese Letra : Cátulo Castillo).

Un premier appel est lancé par les bandonéons, qui est repris par les cordes et le piano. Rapidement, les cordes passent en pizzicati et Morán lance sa voix charmeuse et caressante. On retrouve donc un peu le principe de la version de Marcucci avec la voix en contrepoint avec les cordes. L’harmonie est cependant plus complexe, avec un enchevêtrement des parties plus complexe. Le soliste laisse parfois la place aux instruments qui donnent le motif avec leur voix propre. On notera que Morán chante durant toute la durée du morceau, ce qui n’était pas si courant à l’époque pour les tangos de danse. On pourrait en déduire qu’il était plus conçu pour l’écoute, mais aujourd’hui, les danseurs sont tellement habitués à ce type de composition qu’ils seraient bien frustrés si le DJ se les interdisait.

Il y a de nombreuses autres versions de la composition de Pugliese. Je vous propose d’en parler le 8 novembre, jour anniversaire de l’enregistrement par Pugliese.
Nous avons écouté deux tangos réunis sous un même titre, exprimant un sentiment romantique puissant, et qui se révèlent tous deux de belles pièces pour la danse. Alors, vous croiserez sans doute une fois, deux fois ou bien plus, ces chefs-d’œuvre dans votre vie de danseur.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. À demain, les amis !