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Offrir des informations aux danseurs

S’il est courant de com­mu­ni­quer des infor­ma­tions au micro aux danseurs, dans la pra­tique, ils n’entendent pas tou­jours et il est sou­vent utile de répéter l’information de façon visuelle. Cet arti­cle fait le point sur mon par­cours de DJ don­neur d’informations et de VJ (Video Jock­ey).

Comme DJ, j’ai tou­jours souhaité don­ner aux danseurs des infor­ma­tions sur ce qu’ils dan­saient.
Il y a un quart de siè­cle, je dif­fu­sais sur Inter­net, la liste des morceaux que j’avais passée durant la milon­ga.
À la fin des années 2000, je suis passé à l’iPad et j’affichais le nom de l’orchestre. Je suis aus­si passé à l’annonce au micro en lut­tant con­tre ma timid­ité.
Dans les années 2010, je suis passé au vidéo­pro­jecteur et à la pro­jec­tion de films mixés en direct. J’utilise tou­jours cette stratégie avec le logi­ciel Res­ol­ume Are­na.
Le seul incon­vénient pour moi est que, comme je crée les tan­das en direct, je ne peux pas m’appuyer sur une liste de titres comme le font la plu­part des DJ qui utilisent des Playlists. Cela m’interdit donc d’afficher le nom du morceau en cours de dif­fu­sion, car il me faudrait saisir en direct toutes les infor­ma­tions, ce qui est évidem­ment impos­si­ble. Comme je ne fais pas de playlist, tout mon temps de DJ est occupé par la pré­pa­ra­tion de la tan­da suiv­ante.
J’avais bien essayé dif­férents sys­tèmes, mais tous néces­si­taient de faire des playlists à l’avance et d’utiliser iTunes ou équiv­a­lent.

Un grand mer­ci, donc aux développeurs de Beam (https://www.facebook.com/beamtheprojecthttps://bitbucket.org/beam-project/main/downloads/) qui per­me­t­tent désor­mais d’afficher en direct le morceau qui passe à par­tir d’un véri­ta­ble logi­ciel de DJ.
Je remer­cie aus­si le col­lègue et ami, Fred Alart-Tan­godj qui m’a don­né des infor­ma­tions essen­tielles pour me lancer dans ce pro­jet.
Par­mi les logi­ciels DJ com­pat­i­bles avec Beam, il y a MIXXX, un des trois que j’u­tilise…
Le logi­ciel Beam est paramé­tra­ble de façon intel­li­gente. On peut choisir les infor­ma­tions que l’on affiche. Pour ma part, j’ai rajouté les com­pos­i­teurs, ce que peu de col­lègues peu­vent faire, car, bien sûr, il faut avoir saisi ces don­nées pour chaque musique pour qu’elles puis­sent s’afficher.

Les données de base

Les don­nées que j’ai choisi d’af­fich­er dans ma con­fig­u­ra­tion de Beam.

De haut en bas :

Titre précé­dent. Sou­vent, quand on danse, on ne pense pas tou­jours à regarder le titre du morceau. Affich­er le morceau précé­dent per­met d’avoir un jok­er. Il me sem­ble égale­ment que c’est intéres­sant pour mon­tr­er la struc­ture de la tan­da. En revanche, je n’affiche pas le morceau suiv­ant, car je place les morceaux au fur et à mesure et cela per­turbe le logi­ciel qui n’a rien à se met­tre sous la dent…
Nom de l’orchestre. J’ai choisi de le met­tre en grand, car c’est l’information prin­ci­pale, à mon avis. Tous les danseurs doivent pou­voir savoir, s’ils le souhait­ent, sur quel orchestre ils dansent. Bien sûr, les milongueros aver­tis n’ont pas besoin de cette infor­ma­tion, mais d’autres infor­ma­tions vont venir les con­tenter.
Titre de la musique et date d’enregistrement. Avoir le titre est utile au plus grand nom et même à cer­tains con­nais­seurs. J’espère que cela va lim­iter le nom­bre de shaz­a­meurs. Je préfère net­te­ment que les col­lègues vien­nent me deman­der le titre. Avec ce dis­posi­tif, ils l’auront, mais ceux qui veu­lent venir me par­ler restent bien sûr les bien­venus. Pour ce qui est de la date, cela me sem­ble impor­tant égale­ment. La preuve, j’ai la date d’enregistrement de la très grande majorité de mes morceaux. Cette appli­ca­tion va me per­me­t­tre de prof­iter de cet investisse­ment…
Style de la musique. Je pou­vais me pass­er de don­ner cette infor­ma­tion. J’en prof­ite cepen­dant pour faire remar­quer qu’au lieu de « Tan­go », il est indiqué A Tan­go. C’est que je classe la musique de tan­go avec un A avant, pour qu’ils s’affichent en pre­mier. En effet, je ne passe pas que du tan­go, j’anime aus­si en trop­i­cal et autres dans­es (DJ, pas de tan­go dans ce cas).
Com­pos­i­teur. J’ai mis « Com­pos­i­tor », mais, bien sûr, c’est com­pos­i­teur et paroli­er quand il y a les deux. Je trou­ve intéres­sant de savoir qui a écrit une musique et les paroles. Par­fois, je com­pose des tan­das de musiques écrites par le même com­pos­i­teur ou des com­pos­i­teurs de la même lignée. Mais il y a telle­ment d’autres pos­si­bil­ités que c’est finale­ment assez rare. J’as­so­cie, en pri­or­ité, des musiques dont l’interprétation est com­pa­ra­ble, mais aus­si sur des thèmes proches, et ce sont sou­vent ces critères qui font que l’on se retrou­ve avec des titres du même com­pos­i­teur ou auteur.
Tan­da. Si 1/4 s’affiche, c’est que c’est le pre­mier titre d’une tan­da de 4 titres. Dans mon cas, l’information ne sera pas tou­jours fiable quand au nom­bre de titres, car il faut avoir mis une corti­na pour que cela soit cal­culé par l’application. Par moment, je mets six ou sept titres et je choi­sis en fonc­tion des réac­tions de la salle, ou, je mets les titres un à un. Cepen­dant, le pre­mier chiffre indique le numéro. Donc, si vous voyez 1, c’est qu’il va y avoir après 2 (tan­da de 3) ou 3 (tan­da de 4) autres morceaux.
DJ BYC Bernar­do. Ben, oui, c’est bien de faire savoir qui passe la musique, non ?

Des informations plus sophistiquées

Beam per­met d’afficher dif­férents fonds de page en fonc­tion des mots clefs (tags) présents dans le morceau. Par exem­ple, je peux met­tre un fond de page spé­cial D’Arienzo, pour une tan­da de D’Arienzo. Il me suf­fit de récupér­er la vari­able « Artist » et de déclencher l’affichage d’un fond de page avec une pho­to de D’Arienzo.

Lorsque Beam voit “D’Arien­zo” dans le champ “Artiste”, il peut affich­er un fond de page avec une pho­to de D’Arien­zo.

Cela oblige cepen­dant à pré­par­er un fond de page par orchestre. Ce n’est pas très com­pliqué, mais je tra­vaille actuelle­ment sur une autre voie, qui est de récupér­er ce que je fais comme VJ en mélangeant des vidéos des orchestres et des ani­ma­tions au rythme de la musique pour les associ­er avec les don­nées affichées automa­tique­ment par Beam.

Beam per­met aus­si d’as­soci­er une image à un titre. Je me suis amusé à le faire, mais c’est bien sûr impos­si­ble quand on dis­pose de 6000 titres util­isés en milon­ga. On recon­naî­tra ici l’illustration de l’anecdote de tan­go sur Entre dos fue­gos.

Système actuel

Équipement DJ

Pour la musique, j’utilise un Mac­book Pro plus clas­sique avec 16 Go de RAM et 2 To de disque dur.

On remar­quera que, même si ce Mac­Book Pro peut fonc­tion­ner sous macOS Sequoia, je le main­tiens sous Mojave, quand un sys­tème fonc­tionne, il est déli­cat de l’ac­tu­alis­er. Un ordi­na­teur de DJ ne devrait pas avoir le droit de tomber en panne…

Il se pose la ques­tion du renou­velle­ment de cet ordi­na­teur. J’ai des Mac M en test, mais ils ne me con­vi­en­nent pas. De plus, les Macs ont la mémoire et le disque SSD soudés. On est donc lim­ité en taille. Un disque de 2 To, c’est vrai­ment trop petit pour de la musique et utilis­er un disque externe, c’est très risqué en cas de débranche­ment acci­den­tel, sans compter le risque de vol de ce disque, comme cela m’est arrivé avec un « col­lègue » indéli­cat qui a trou­vé intéres­sant de me vol­er mon disque SSD de sec­ours de 4 To rem­pli de musique retouchée.

Logiciels DJ utilisés :

J’utilise iTunes pour class­er la musique. C’est en grande par­tie pour lui que je reste en Mojave, car les sys­tèmes d’exploitation ultérieurs l’ont rem­placé par « Music », qui est vrai­ment bien moins per­for­mant pour trou­ver de la musique à la volée. iTunes est en fait une base de don­nées avec un moteur de recherche, mais il dis­pose surtout de fonc­tions de requêtes qui per­me­t­tent d’avoir une musique par­faite­ment organ­isée et facile à trou­ver. On peut me deman­der n’importe quel titre et je le trou­ve en quelques sec­on­des. C’est impor­tant quand des danseurs qui font un bis dans leur démo me deman­dent un titre à la volée, mais aus­si, tout sim­ple­ment pour pou­voir armer ses tan­das en direct en trou­vant ce qui va ensem­ble très facile­ment.

iTunes est un super logi­ciel de base de don­nées musi­cale.

Dans iTunes, je peux choisir un genre, un artiste et tri­er par date pour avoir tous les titres de cet artiste pour la même péri­ode et le même rythme. On notera à gauche, les engrenages qui sont des requêtes, c’est-à-dire des recherch­es qui don­nent une liste tou­jours à jour de fichiers répon­dants à cer­tains critères. Par exem­ple, les valses chan­tées ayant 5 étoiles. Je peux aus­si tri­er par les com­men­taires, ce qui offre des pos­si­bil­ités infinies.
Je sélec­tionne les morceaux à pass­er dans iTunes et je les glisse dans Mixxx.

Mixxx est un des trois logi­ciels de DJ que j’u­tilise le plus. Sa com­pat­i­bil­ité avec Beam, va me le ren­dre encore plus impor­tant… Ici, le dernier titre d’une tan­da de Canaro.

Mixxx est un excel­lent logi­ciel de DJ qui per­met de mod­i­fi­er la vitesse et la tonal­ité des morceaux, de répéter des pas­sages

Équipement VJ

J’utilise un PC avec un processeur Intel i9 et 64 Go de RAM et 8 To de disque dur SSD.

Pour la vidéo, il faut un ordi­na­teur très, très puis­sant…

Logiciels VJ utilisés :

Beam per­met l’affichage automa­tique de dif­férents tags des morceaux.

Tou­jours sur le MAC, Beam per­met d’af­fich­er les don­nées souhaitées, comme nous l’avons vu ci-dessus. Ici, l’affichage du dernier Canaro de la tan­da. Comme il y a un morceau iden­ti­fié comme Corti­na ensuite (voir la copie d’écran de MIXXX), le logi­ciel indique « Tan­da 4/4 ».
La tan­da de Canaro est ter­minée, c’est la corti­na. La prochaine tan­da est annon­cée automa­tique­ment s’il y a déjà un titre après la corti­na au moment où elle démarre. Dans mon cas, ce n’est pas tou­jours le cas, car la corti­na sert aus­si à prévoir la suite… Dans ce cas, la prochaine tan­da ne sera pas affichée.

Cepen­dant Beam est un peu lim­ité. Pour affich­er des vidéos et les mix­er, il faut un logi­ciel plus com­plet. C’est le rôle de Res­ol­ume Are­na, un logi­ciel pro­fes­sion­nel pour VJ (Video Jock­ey).

Actuelle­ment, j’u­tilise Res­ol­ume Are­na, un logi­ciel mag­nifique per­me­t­tant de mix­er en direct une dizaine de vidéos, ani­ma­tions, textes…

Res­ol­ume Are­na est un excel­lent logi­ciel pour VJ qui per­met de dif­fuser plusieurs vidéos, de les super­pos­er, de définir des trans­parences, des vitesses, des syn­chro­ni­sa­tions avec la musique, des ani­ma­tions, du texte (qui peut être ani­mé)… Son seul défaut est qu’il ne per­met pas de récupér­er le titre des morceaux joués automa­tique­ment, ce qui lim­ite aux choix déjà mis en place dans le logi­ciel, par exem­ple, le nom de l’orchestre et des vidéos et pho­tos de celui-ci que l’on peut associ­er à des ani­ma­tions et on peut mix­er le tout en direct.
Asso­cié à un con­trôleur Midi, c’est cepen­dant rel­a­tive­ment sim­ple à met­tre en œuvre, mais pas du tout automa­tique.

L’avenir espéré, futurs développements

Faire communiquer le Mac avec le PC pour récupérer l’affichage de Beam dans Resolume Arena

La musique étant sur un ordi­na­teur (Mac­Book) et la vidéo sur un autre (PC Win­dows), il se pose la ques­tion de la com­mu­ni­ca­tion entre les deux. Pour l’instant, je n’utilise que la syn­chro­ni­sa­tion de la musique afin que les ani­ma­tions, et notam­ment les let­tres des noms d’orchestres se dépla­cent en rythme avec la musique.
La prochaine étape est donc d’arriver à récupér­er l’image pro­duite par Beam sur le Mac pour l’afficher comme une vidéo dans un des canaux de Res­ol­ume Are­na. Ce n’est pas totale­ment gag­né, les deux sys­tèmes n’étant pas totale­ment com­pat­i­bles. J’envisage d’utiliser Syphon sur le Mac et SPOUT sur le PC, ou peut-être NDI, à moins que je reprenne ce que j’utilisais pen­dant la pandémie pour mes milon­gas virtuelles, OBS.
Mon idée est de récupér­er l’affichage ou a min­i­ma seule­ment le titre du morceau que je pour­rai incruster dans le mon­tage vidéo réal­isé en direct. Peut-être que je struc­tur­erai cela avec des cadres pour que l’information soit plus claire.

Et la gestion de la lumière ?

Quand on est DJ, il faut par­fois penser à aug­menter la lumi­nosité pen­dant les corti­nas pour que les danseurs puis­sent faire la mira­da plus facile­ment. Pour ma part, je suis plutôt par­ti­san d’une lumière con­tin­ue, comme on le fait à Buenos Aires, mais en Europe, cer­tains organ­isa­teurs esti­ment que l’on doit avoir une lumière atténuée pen­dant les tan­das. Il me faut donc leur don­ner sat­is­fac­tion, même si je suis sûr que c’est une très mau­vaise idée.
Ceux qui ont suivi mes milon­gas virtuelles durant la pandémie ont peut-être remar­qué que j’utilisais des sys­tèmes lumineux (lyres et lasers, par exem­ple). Ces matériels sont com­mandés en DMX, un pro­to­cole spé­cial­isé dans la ges­tion des effets lumineux. On peut donc imag­in­er que l’éclairage se règle en fonc­tion de la musique.
Beam et Res­ol­ume le per­me­t­tent. Il suf­fit d’associer un troisième ordi­na­teur pour gér­er la par­tie lumière, ce que je fai­sais pen­dant la pandémie, avec même un qua­trième pour la dif­fu­sion de la vidéo…
Tout cela fonc­tionne chez moi, mais, pour le faire en milon­ga, il faut trou­ver un sys­tème portable et avec un réseau fiable, ain­si qu’un équipement DMX. En résumé, il me faudrait ani­mer des milon­gas dans des boîtes de nuit qui dis­posent d’un équipement moins som­maire que les milon­gas habituelles.
En résumé, je vais sans doute me con­tenter d’utiliser Beam lorsque j’aurai des pos­si­bil­ités de pro­jec­tion et seule­ment dans les très gros événe­ments, je déploierai le sys­tème com­plet.

Pour écouter un peu de musique, retournez sur l’anec­dote “Entre dos fue­gos”.

À bien­tôt, les amis !

Questionnaire DJ -— Est-ce que c’était bien ?

Est-ce que c’était bien ? Questionnaire DJ

(Tra­duc­tion de la page https://mshedgehog.blogspot.com/2012/08/was-that-good-dj-questionnaire.html) réal­isée par une danseuse de Lon­dres et pub­liée le same­di 4 août 2012…

Être un bon DJ est une énorme quan­tité de tra­vail. Pos­séder beau­coup de musique n’est pas suff­isant. Cela néces­site égale­ment des con­nais­sances, du goût et une pré­pa­ra­tion extrême­ment longue. Ça ne m’intéresse pas de le faire, parce que c’est beau­coup trop de tra­vail, et je préfère danser (l’article est écrit par une danseuse lon­doni­enne (NDT BYC). Il n’est bien fait que par des gens qui aiment vrai­ment le faire pour eux-mêmes, et qui aiment vrai­ment faire le tra­vail qui est req­uis.

Les danseurs mal infor­més et sans attentes créent un mau­vais DJing et l’aident à per­sis­ter, et un mau­vais DJing lim­ite la qual­ité glob­ale de la danse en ren­dant la danse sociale beau­coup plus dif­fi­cile qu’elle ne devrait l’être.

J’aimerais que les DJ soient plus appré­ciés. Cette check-list a pour but d’aider le danseur, en par­ti­c­uli­er le débu­tant, à réfléchir au DJing. Il ne sup­pose pas plus de con­nais­sances musi­cales que la capac­ité de faire la dif­férence entre le tan­go, la milon­ga et la valse, mais il repose en par­tie sur le fait que la musique de tan­go a un sens pour vous et vous donne envie de bouger. Cer­taines sont très sub­jec­tives, mais d’autres ne le sont pas. Prof­itez des morceaux de grâce habituels.

Com­mencez à 0. Ajoutez ou déduisez des points comme indiqué pour com­par­er les DJ. Vous pou­vez choisir plus d’une réponse pour cer­taines ques­tions. Si vous vouliez le per­son­nalis­er en fonc­tion de vos pri­or­ités, vous pou­vez évidem­ment mod­i­fi­er les scores. J’ai ten­dance à pénalis­er les mau­vais­es per­for­mances sur les choses les plus mécaniques et les plus mesurables, parce qu’il n’y a aucune bonne rai­son de se tromper.

Bases musi­cales
Est-ce que cer­taines musiques ne con­ve­naient pas à la danse du tan­go en société ? Par exem­ple :

  • Elle vous demande de rester immo­bile et de pos­er, comme un pavé, plutôt que de danser
  • Il est impos­si­ble de s’y adapter à moins de con­naître l’en­reg­istrement par­ti­c­uli­er par cœur
  • Elle sug­gère forte­ment de grands mou­ve­ments dra­ma­tiques rapi­des et des change­ments soudains de vitesse qui sont grossiers et peu pra­tiques pour la danse sociale dans l’e­space disponible
  • C’est de la bonne musique de danse, mais elle fait ressor­tir le pire des danseurs qui sont là.

En cas de doute, regardez la salle dans son ensem­ble : les indices sont que la ligne de danse cesse de se dérouler et som­bre dans le chaos, il y a beau­coup de chutes, et la plu­part des danseurs vrai­ment bons s’as­soient, se cachent ou vont fumer à moins que quelqu’un ne les attrape. Si c’est ce à quoi ressem­ble nor­male­ment votre milon­ga, ajustez votre juge­ment en con­séquence. [Édit. : Ce que vous cherchez, c’est si le DJ, ou une tan­da indi­vidu­elle font la dif­férence].

  1. Aucun de ces prob­lèmes ne s’est pro­duit (+10)
  2. Un ou deux moments dou­teux (-5)
  3. Plusieurs sec­tions dou­teuses (-7)
  4. Tan­da après tan­da, je m’en­nuyais, j’ai reçu des coups, ou les deux (-10)

Avez-vous déjà été sur­pris par une pièce qui ne cor­re­spondait pas à cette tan­da et qui vous a causé des dif­fi­cultés, de l’embarras ou de la décep­tion à vous ou à votre parte­naire ? Par exem­ple :

  • Un change­ment d’humeur ou de style choquant au milieu de la tan­da, de sorte que vous avez sen­ti que vous deviez déviss­er votre tête et la reviss­er
  • Une ouver­ture trompeuse qui sig­nifi­ait que vous passiez à côté d’une tan­da que vous auriez autrement aimée
  • Une pièce faible ou déce­vante au milieu, ou à finir
  • Change­ments de vitesse exces­sive­ment brusques
  • Une tan­da mélangée de musique que vous auriez préféré danser avec deux per­son­nes dif­férentes — ou une par­tie pas du tout.
  1. Aucun de ces prob­lèmes ne s’est pro­duit (+10)
  2. Une ou deux fois, peut-être une ques­tion d’opin­ion (-3)
  3. Plus, peut-être une ques­tion d’opin­ion (-5)
  4. Une ou deux fois, sans aucun doute ! (-7)
  5. Plus que cela (-10)
  6. Tout le temps de retourne­ment ! (-15)

Dans l’ensem­ble, sans se souci­er de pistes spé­ci­fiques, quelle était la qual­ité du son ?

  1. Bon — j’ai pu sen­tir la musique et vrai­ment m’y plonger (+7)
  2. OK — Je l’en­tendais de partout (+5)
  3. Médiocre — je ne pou­vais pas l’en­ten­dre assez claire­ment pour entr­er dedans cor­recte­ment — étouf­fé / pas de détail / pas de pro­fondeur / trop silen­cieux / fort, mais boueux / défor­mé / trop fort parce que DJ est sourd (-5)
  4. Ne s’ap­plique pas, l’équipement de ce lieu est médiocre, donc je ne peux pas le dire (0)

Y a‑t-il eu de mau­vais choix de pistes spé­ci­fiques, comme quelque chose de beau­coup trop rapi­de, beau­coup trop lent, ou avec une qual­ité sonore inac­cept­able ?

  1. Non (+5)
  2. Un ou deux, incer­tains (0)
  3. Plus que cela (-5)

Les corti­nas vous ont-elles ren­du heureux ?

  1. Oui (+5)
  2. Elles ont ren­du les gens heureux, mais pas moi en par­ti­c­uli­er (+3)
  3. Non, elles étaient générale­ment ennuyeuses (-3)
  4. Elles n’ont pas fait le tra­vail, je n’ai pas tou­jours pu dire ce qui était une corti­na ou s’il y en a eu (-5)
  5. Ne s’ap­plique pas — cette milon­ga a une poli­tique de non-corti­nas (0)

Il y avait-il suff­isam­ment de tan­das de vals (V) et milon­ga (M) par rap­port au tan­go (T), et elles étaient-ils jouées de manière régulière pour que vous sachiez où vous étiez ?

  1. À peu près à droite — quelque part dans la gamme TTVTTM ou TTTTVTTTTM, tout ce qui avait du sens compte tenu de la longueur de cette milon­ga (+5)
  2. Pas assez — TTTTTTTTTTM ou quelque chose comme ça (-5)
  3. Trop — TVTMTVTMTVTM DJ WTF ? (-7)
  4. Telle­ment chao­tique que je ne pou­vais pas dire — TT VV TTTTVTTTTTMTMV, ou quelque chose comme ça. (-10)
  5. « Tan­da » n’est pas le bon mot. (-15).

Les corti­nas étaient-elles assez longues pour que vous puissiez dégager la piste et trou­ver votre prochain parte­naire sans obstruer la vue de quelqu’un d’autre, compte tenu de la taille de la pièce, et en sup­posant qu’il y ait un endroit pour s’asseoir ?

  1. Oui (+3)
  2. Non (-3)

Le DJ a‑t-il dif­fusé gra­cieuse­ment à la fin avec de la musique qui n’est pas du tan­go pour que les gens se cal­ment et s’é­clair­cis­sent, en sup­posant que cela soit pos­si­ble ?

  1. Oui (+4)
  2. Non, il a util­isé le temps prévu et s’est arrêté là (0)

Pro­fes­sion­nal­isme

La musique a‑t-elle retenu toute l’at­ten­tion du DJ ?

  1. Oui, tout ou presque tout le temps (+5)
  2. Oui, autant que néces­saire dans la sit­u­a­tion (+3)
  3. Moins que cela (-3)
  4. Non, il est sor­ti fumer et la musique s’est arrêtée (-10)
  5. Non, il a mis une playlist/CD et s’est fâché avec les danseurs (-20)

S’il y avait des prob­lèmes avec l’équipement, le DJ les a‑t-il traités calme­ment et avec com­pé­tence ?

  1. Oui, excep­tion­nel — par exem­ple, il est ren­tré chez lui et a acheté un meilleur équipement. Il a trou­vé un autre ordi­na­teur (+7)
  2. Sat­is­fait aux attentes — con­tourne­ment du prob­lème et cor­rec­tion (+5)
  3. Un drame ! Mais il s’en est sor­ti (+3)
  4. Non (-5)
  5. Sans objet (0)

Le DJ a‑t-il eu de la dif­fi­culté à utilis­er l’équipement de sonori­sa­tion ?

  1. Non (+2)
  2. Il y a eu quelques con­ner­ies faites (-2)
  3. Il y a eu quelques prob­lèmes, mais com­préhen­si­bles dans les cir­con­stances (0)
  4. Le DJ n’é­tait claire­ment pas pré­paré (-7)

Le DJ a‑t-il sem­blé à un moment don­né oubli­er pourquoi il/elle était là ? A‑t-il, par exem­ple, suivi une per­for­mance de vingt min­utes, dans une milon­ga de trois heures, avec une piste de jive de cinq min­utes pour qu’un seul cou­ple puisse danser dans une per­for­mance bonus non offi­cielle, pen­dant que tous les autres attendaient comme des cit­rons, comme s’ils attendaient les pho­tos d’un mariage qui se retourne, et dans la posi­tion incon­fort­able de devoir pré­ten­dre qu’ils n’é­taient pas du tout ennuyés et qu’ils n’avaient rien de mieux à faire que de regarder cette van­ité ?

  1. Non (0)
  2. Oui (-5)
  3. Oui, et ce cou­ple se com­pre­nait lui-même ou son conjoint/partenaire et/ou au moins un mem­bre du cou­ple qui venait de se pro­duire (-10)
  4. Oui, mais, j’é­tais d’ac­cord avec ça dans les cir­con­stances (0)

S’il y avait un inter­mède de danse tra­di­tion­nelle, comme la chacar­era, ou une autre danse comme le jive ou la sal­sa, était-il bien pro­gram­mé, pas trop long et agréable pour un nom­bre raisonnable de per­son­nes présentes ?

  1. Oui, c’é­tait amu­sant, ça m’a plu / ça ne m’a pas dérangé de regarder (0)
  2. Non, c’é­tait un bor­del fas­ti­dieux, per­son­ne ne pou­vait danser dessus, ou ça pre­nait la dernière heure avant le dernier métro ! (-5)
  3. C’é­tait ennuyeux, mais c’é­tait exigé par les pro­fesseurs invités ou le lieu (0)

Ques­tions

La musique était-elle :

  1. Pré­ten­tieuse­ment salé avec l’in­dans­able, l’ob­scur ou l’i­nap­pro­prié (-10)
  2. Dis­posés de manière irréfléchie au fil du temps, avec de bonnes choses gâchées par le fait d’être trop proches les unes des autres (-5)
  3. D’ac­cord, mais à un rythme, trop d’un genre de chose (+5)
  4. Bon, mais avec un style de DJ qui n’est tout sim­ple­ment pas à mon goût (+10)
  5. Con­ven­able­ment var­iée, avec un bon mélange entre ryth­mique et lyrique et dra­ma­tique, compte tenu de la sit­u­a­tion (+15)
  6. Bril­lam­ment mixé, chaque tan­da don­nant l’im­pres­sion d’être un change­ment par­fait après le précé­dent (+20)

Qu’avez-vous ressen­ti par rap­port à « l’én­ergie » dans la pièce ?

  1. Con­fus et chao­tique. (-7)
  2. Bas. Ni moi ni mes parte­naires préférés n’avons pu entr­er dans la musique. (-5)
  3. Un peu plat, j’aimais bien la musique, mais je n’avais pas vrai­ment eu envie de m’y plonger (-2)
  4. Bien, ça se pas­sait tou­jours bien (+5)
  5. Mag­nifique, il a réus­si avec de bonnes sen­sa­tions, var­iées (+10)
  6. Fan­tas­tique, j’ai passé une excel­lente soirée, tout le monde était en effer­ves­cence, tout coulait de source et j’é­tais aus­si très heureux quand j’é­tais assis (+15)

Choi­sis­sez trois très bons danseurs soci­aux qui étaient là, de préférence céli­bataires. À quel point sem­blaient-ils danser ?

  1. Pas du tout, peut-être une ou deux tan­das avec la bonne per­son­ne (-5)
  2. Un peu, comme d’habi­tude en fait (0)
  3. Plus que d’habi­tude (+5)
  4. Tout le temps, et en prenant plus de risques que d’habi­tude avec le choix du parte­naire (+10)

Sub­jec­tive­ment, qu’en avez-vous pen­sé ? Pas de scores ici — com­parez avec ce que vous avez obtenu ci-dessus.

  1. C’é­tait génial / ça a été une révéla­tion pour moi / ça a trans­for­mé le lieu ou la sit­u­a­tion pour le mieux.
  2. C’é­tait très bien. J’en étais très con­tent.
  3. C’é­tait bien, mais il y avait quelques défauts, ou c’é­tait bien fait, mais ce n’é­tait pas mon truc.
  4. C’é­tait bon et con­stant, je pou­vais lui faire con­fi­ance, mais peut-être que ce n’é­tait pas inspi­rant.
  5. C’é­tait générale­ment inof­fen­sif et ne m’a pas causé de prob­lèmes sérieux.
  6. Pas bon — c’é­tait faible ou m’a ennuyé plusieurs fois.
  7. C’é­tait pau­vre. Je ne pou­vais pas lui faire con­fi­ance. Si quelque chose de bien se présen­tait, je devais pren­dre quelqu’un.
  8. C’é­tait mau­vais — moi, ou mes parte­naires envis­agés, nous ne voulions tout sim­ple­ment pas danser. Inutile de rester.

Je trac­erais la ligne de démar­ca­tion entre 4 et 5.

Arti­cle orig­i­nal (en anglais) https://mshedgehog.blogspot.com/2012/08/was-that-good-dj-questionnaire.html
Arti­cle orig­i­nal dans Web Archives (au cas où il dis­paraitrait du blog d’o­rig­ine) https://web.archive.org/web/20231120051440/https://mshedgehog.blogspot.com/2012/08/was-that-good-dj-questionnaire.html

DJ de tango, la grande incompréhension…

“Il suffit de secouer un arbre pour que 10 DJ en tombent

L’ar­ti­cle orig­i­nal avait été pub­lié en 2014 sur mon ancien site

Un organ­isa­teur me dis­ait il y a quelques temps qu’il suff­i­sait de sec­ouer un arbre pour que 10 “DJ” en tombent.
L’arrivée de l’ordinateur dans le DJi­ing et la dif­fu­sion de tan­gos via Inter­net ont très claire­ment démoc­ra­tisé le méti­er de DJ de tan­go. Il suf­fit désor­mais de télécharg­er des playlists pour se dire DJ.

C’est un peu facile, mais est-ce souhaitable pour les danseurs ?
Bien sûr, ce phénomène exis­tait aupar­a­vant avec les com­pi­la­tions organ­isées en tan­das, ven­dues par cer­taines milon­gas et DJ portègnes, ou par divers autres canaux. Ce qui est nou­veau main­tenant, c’est que la facil­ité d’utilisation de l’ordinateur per­met de mélanger ces morceaux, sans avoir à maîtris­er les out­ils en temps réel.
Et c’est là que le bât blesse. En effet, une com­pi­la­tion, qu’elle soit en prove­nance d’une milon­ga de Buenos Aires, ou qu’elle ait été réal­isée à la mai­son par l’apprenti DJ, NE PEUT CONVENIR À COUP SÛR À LA MILONGA en cours de musi­cal­i­sa­tion.

Sentir la milonga

Le rôle du DJ est de dif­fuser le bon morceau au bon moment. Si c’est pour dif­fuser une playlist, il suf­fit d’un CD gravé, d’un lecteur mp3 ou d’un ordi­na­teur. Je me demande quel peut être l’intérêt pour le DJ qui reste 5 heures ou plus der­rière son ordi à faire sem­blant de bricol­er une playlist qui est de toute façon immuable…

Je com­prends mieux les moti­va­tions de ce DJ qui se con­tente de couper la fin de la corti­na sur son lecteur mp3 pour être le pre­mier sur la piste. Lui, il veut danser sur les musiques qu’il aime et peu importe le vécu des danseurs (ou non-danseurs qui voient le DJ, s’agiter sur la piste alors qu’eux atten­dent un titre à peu près à leur goût).

Pour moi, le DJ doit sen­tir la milon­ga, regarder ceux qui ne dansent pas, repér­er ce qui fait lever cer­tains et pas d’autres, afin que chaque sen­si­bil­ité puisse trou­ver de quoi avoir envie de danser. Il pour­ra faire des tests, par exem­ple en vari­ant les corti­nas, ou en obser­vant les réac­tions devant un morceau un peu plus sur­prenant.

Mais dans tous les cas, c’est l’adéquation entre les envies des danseurs et la pro­gram­ma­tion qui fera le suc­cès de la soirée.

Le choix du DJ

J’ai été très inter­pelé il y a quelque temps en dis­cu­tant avec un organ­isa­teur qui me dis­ait qu’il sélec­tion­nait ses DJ par rap­port à leur style. Je crois qu’il pen­sait que met­tre un DJ « cat­a­logué » d’un style proche de sa milon­ga était un gage de qual­ité. De fait, s’il lui arrive de faire venir de bons DJ, il recrute finale­ment, surtout des mani­aques de la playlist.

Vous avez tous en tête cer­tains DJ capa­bles de musi­calis­er un fes­ti­val, une milon­ga de Buenos Aires ou un encuen­tro milonguero avec le même bon­heur, mais pas avec la même musique. C’est que ce DJ sait jouer des paramètres offerts par la musique et des moyens tech­niques à sa dis­po­si­tion pour s’adapter réelle­ment à son pub­lic.

Paramètres à la disposition du DJ pour adapter sa musicalisation

Les orchestres sont la pre­mière vari­able. Il est pos­si­ble de vari­er les orchestres pour éviter la monot­o­nie.

Les styles des orchestres est un fac­teur impor­tant. Notons aus­si qu’un même orchestre, suiv­ant les péri­odes peut avoir des ambiances dif­férentes.

Les formes de tan­gos (chan­tés, instru­men­taux, canyengue ou autres) sont très directe­ment ressen­ties par les danseurs. Cepen­dant, glob­ale­ment, les titres chan­tés sont majori­taires car ils sont plus plaisants à danser à con­di­tion de choisir des tan­gos chan­tés et pas des chan­sons de tan­go, ce qui est une erreur beau­coup trop fréquente chez les appren­tis DJ et qui plombent assuré­ment la tan­da…

L’énergie des morceaux est sans doute le paramètre essen­tiel et sou­vent mal géré. Il ne faut en effet pas con­fon­dre énergie et vitesse. Des morceaux d’apparence calmes comme cer­tains titres de Calo peu­vent être très énergiques et inverse­ment, des tan­gos bruyants et rapi­des peu­vent être com­plète­ment plats à danser. Cer­tains DJ con­fondent ces paramètres et vont dif­fuser des orchestres de style ou sonorité dif­férents, mais qui ont tous la même énergie. Cela créé l’ennui à coup sûr…

L’organisation des tan­das est très impor­tante selon moi. En effet, si le pre­mier morceau est des­tiné à faire se lever le plus de danseurs que pos­si­ble, il ne faut pas que les autres déçoivent. Ils doivent être donc d’une énergie sem­blable et de préférence ascen­dante. Les danseurs ne doivent pas non plus subir de choc causés par des titres mal assem­blés.

Réac­tiv­ité et adap­ta­tion sont très impor­tantes. Il m’arrive fréquem­ment de chang­er une tan­da en cours de dif­fu­sion en fonc­tion de ce qui se passe sur et autour de la piste. Si le pre­mier titre n’a pas fait lever assez de monde, je place un sec­ond titre plus effi­cace, voire, je change l’ambiance de la tan­da en la faisant évoluer. Je pense par exem­ple à une tan­da de canyengue qui peut selon les publics pass­er par­faite­ment ou bien fatiguer. Je fais alors évoluer la tan­da vers des canyengues plus rapi­des, voire plus du tout canyengue si cela n’a pas du tout de suc­cès.

L’organisation des tan­das en ron­da est aus­si un élé­ment sur lequel le DJ peut jouer. Pour ma part, je dif­fuse qua­si­ment tou­jours des tan­das de qua­tre, y com­pris pour les valses et sauf pour les milon­gas ou des titres nuevos par­fois plus longs. J’adopte cepen­dant par­fois les tan­das de trois, sur une par­tie de la milon­ga, par exem­ple lorsque la durée est très courte et s’il y a un gros déséquili­bre des parte­naires. C’est cepen­dant quelque chose que je répugne un peu à faire car cela entre dans la mode du « zap­ping » et l’on s’éloigne du tan­go. Il me sem­ble préférable de faire des milon­gas qui durent plus longtemps afin d’offrir à tout le monde une chance de bien danser (c’est d’ailleurs le choix effec­tué par les portègnes…). La ron­da com­porte tra­di­tion­nelle­ment des suc­ces­sions de styles du type T T V T T M ou T = Tan­go, V = Vals et M = Milon­ga). Pour les milon­gas cour­tes où quand je veux don­ner beau­coup d’énergie, il m’arrive de faire T V T M, ou T V T T M. Il n’est pas pos­si­ble d’utiliser cette ron­da toute une milon­ga, car elle est très fati­gante pour les danseurs… D’autres DJ vont mul­ti­pli­er au con­traire les tan­das de tan­go pour dimin­uer le nom­bre de Vals et Milon­gas.

Le vol­ume sonore est aus­si très impor­tant à con­sid­ér­er. Il arrive sou­vent que les corti­nas soient plus fortes que les morceaux dan­sés. Je trou­ve cela illogique. C’est à mon avis les tan­das qui doivent don­ner l’ambiance. Les corti­nas sont là pour échang­er quelques mots et se pré­par­er à la prochaine tan­da. Je pense aus­si que la musique doit être jouée suff­isam­ment forte pour que l’on puisse enter dedans sans être obligé de ten­dre l’oreille. Une corti­na moins forte per­me­t­tra de se repos­er l’oreille et évit­era d’avoir à pouss­er exagéré­ment le vol­ume de la tan­da suiv­ante pour cou­vrir les con­ver­sa­tions qui auront été poussées pour cou­vrir le bruit de la corti­na.

Je reste bref sur le choix des morceaux pour chaque com­pos­i­teur et orchestre. C’est un des rôles majeur du DJ, mais ce n’est pas sou­vent là qu’est le plus gros prob­lème (si on excepte la ques­tion des chan­sons dif­fusées com­ma tan­gos chan­tés). Le sérieux point noir vient de ce que ces morceaux sont dif­fusés dans un ordre hasardeux ou à mau­vais escient. Deux excel­lentes tan­das peu­vent se tuer si elles se suc­cè­dent car elles peu­vent être d’une énergie trop proche (ou trop dif­férente).

L’utilisation de l’ordinateur con­duit aus­si à ne pas exploiter un des fac­teurs qui est l’intervalle entre les morceaux. Par défaut, j’ai un inter­valle de 3,7 sec­on­des entre les titres, mais il m’arrive de rac­cour­cir ou pro­longer cette durée en fonc­tion du lieu, des danseurs et de l’énergie à dif­fuser. Par exem­ple, dans une tan­da où il y a une dynamique mécanique très entraî­nante comme dans cer­tains vals de d’Arienzo, il peut être intéres­sant de ne pas laiss­er de trop grands blancs pour que l’énergie reste en pro­gres­sion con­stante.

La longueur des corti­nas est aus­si à pren­dre en con­sid­éra­tion. Trop cour­tes, elles empêchent d’avoir le temps de retourn­er s’assoir, ce qui pénalise le renou­velle­ment des cou­ples. Il faut avoir le temps de rac­com­pa­g­n­er sa danseuse et de pré­par­er la suite… Il ne faut pas qu’elle soit trop longue non plus. Une fois que les plus rapi­des ont fait leur choix, il est intéres­sant de lancer la tan­da suiv­ante…

Dans la pra­tique, il y a des dizaines d’autres paramètres que doit pou­voir estimer et maîtris­er le DJ. Je prendrai juste pour exem­ple la dif­fu­sion d’une tan­da de milon­ga dans la dernière heure d’une soirée. Cer­tains DJ se l’interdisent par principe. En fait, c’est assez idiot dans la mesure où, où la milon­ga est appré­ciée, cette dernière tan­da sera hyper bien vécue, dans le style éclate finale. Il m’arrive dans d’autres endroits, de rem­plac­er une tan­da de milon­ga par des vals, ou plus rarement l’inverse.

Aux organisateurs

J’espère que ces petits élé­ments vous per­me­t­tront de voir plus clair sur com­ment choisir un DJ. Lorsque je suis danseur, j’ai envie de pass­er une bonne soirée et si je peux faire des kilo­mètres pour un DJ et même si tous les danseurs ne sont pas aus­si exigeants, ils sont glob­ale­ment tous sen­si­bles à la musique et ils passeront, ou pas, une excel­lente soirée, avec fatigue, ou sans. Le DJ doit donc pou­voir veiller sur eux, en les ménageant ou en les tonifi­ant en fonc­tion de l’ambiance du moment.

Un bon DJ a effec­tué un énorme tra­vail en amont pour con­naître et organ­is­er sa musique, de façon à pou­voir pro­gram­mer avec effi­cac­ité en direct. Ce tra­vail mérite salaire et il me sem­ble que l’on devrait pay­er le DJ en fonc­tion de sa réus­site. J’ai pro­posé à cer­tains organ­isa­teurs un paiement à l’entrée. Curieuse­ment, cela en gène beau­coup. Pour­tant, quand le DJ fait venir deux fois plus de monde que le pub­lic habituel, il sem­blerait logique qu’il soit mieux payé.

A min­i­ma, faîtes ce petit ques­tion­naire :

Aux DJ débutants

Bien­v­enue dans cette mer­veilleuse activ­ité qui con­siste à faire danser le tan­go en choi­sis­sant des musiques. Je vous con­seille très vite d’abandonner les playlists pour vous con­cen­tr­er sur ce qui se passe dans la salle (y com­pris autour de la piste).

Vous pou­vez en revanche organ­is­er des tan­das toutes faites, que vous dif­fuserez dans l’ordre qui con­vient à l’ambiance du moment. C’est un pre­mier pas vers l’adaptation. Ain­si, si vous avez besoin d’une tan­da plus calme ou plus tonique, vous en aurez quelques-unes toutes prêtes que vous pour­rez dif­fuser en con­fi­ance, sachant que vous en fer­ez pas de grave faute de goût.

Lorsque vous aurez acquis de l’assurance, vous pour­rez vous détach­er de ces tan­das pré­fab­riquées pour en créer de nou­velles en direct. Pour acquérir cette lib­erté, il vous faut deux choses :

  1. Bien con­naître votre musique
  2. Avoir bien organ­isé sa musique (rien de plus bête que de pass­er une milon­ga ou une ranchera au milieu d’une tan­da de vals car on a mal éti­queté sa musique…).

Cela ne vous dis­pensera pas de la pré-écoute, notam­ment pour les corti­nas… En général, j’ai au moins deux musiques en même temps dans les oreilles.
La musique de la salle, la musique de la corti­na et/ou la tan­da que je suis en train de pré­par­er.
Il faut éviter de s’isol­er de la salle pour tou­jours avoir con­science de la qual­ité sonore de la dif­fu­sion. Même si j’u­tilise en général des casques avec réduc­tion de bruit, je n’ac­tive cette fonc­tion­nal­ité que quelques instants, par exem­ple pour caler le début d’un morceau dont je ne souhaite pas dif­fuser l’in­tro­duc­tion.

COURS – CLASES – FORMATIONS

Cours et stages pour DJ et danseurs

Stages mon­tés sur mesure dans le cadre de fes­ti­vals ou pour des par­ti­c­uliers, dans ma salle de danse ou à domi­cile.

Les points abor­dés peu­vent faire par­tie de cette liste ou plus…
Une durée de trois heures est idéale pour chaque stage
x1 à x3 pour les stages DJ (3 à 9 heures) et x1 à x6 pour les stages danseurs (3 à 18 heures).
Les cours peu­vent aus­si être pro­posés aux débu­tants com­plets, notam­ment aux futurs danseurs qui souhait­ent appren­dre le tan­go argentin de bal rapi­de­ment (sans choré­gra­phie).
Pos­si­bil­ité de débuter en bal à par­tir de 6 à 9 heures de cours.
Ils sont aus­si des­tinés aux danseurs avancés qui souhait­ent danser plus en musique et explor­er les pistes de l’improvisation.

Tarif indi­catif, 100 € le mod­ule de 3 heures (à répar­tir entre les par­tic­i­pants, soit, par exem­ple 25 € pour 4 par­tic­i­pants).
Déplace­ments en sus – Bon plan : Inclure les stages dans un événe­ment où je suis DJ, tar­ifs adap­tés 😉

Langues du cours Français – Anglais – Espag­nol (prévoir tra­duc­teurs si plusieurs langues en mode con­férence)

Clase para DJClase de musi­cal­i­dad para bailar­ines y DJ
Autour d’une table ou dans une salle de con­férence.
De 1 à 20 par­tic­i­pants, illim­ité en con­férence


Rôles du DJ
Com­ment assem­bler une tan­da
Critères de dans­abil­ité
Savoir lire la piste et la salle
Les orchestres du tan­go à danser
Ani­ma­tion de la milon­ga
Ges­tion de sa musique
Util­i­sa­tion d’un logi­ciel DJ spé­cial­isé
Util­i­sa­tion d’une table de mix­age et de matériels spé­ci­fiques aux DJ
Tech­nique de la restau­ra­tion de fichiers
Ressources pour DJ
Trucs et astuces
Un lieu où on peut danser…
De 1 à 4 par­tic­i­pants

(tra­vail indi­vidu­el / cou­ple)
Le tan­go est une danse d’improvisation
Danser sur la musique ou danser la musique ?
Com­ment inter­préter une musique ?
Dif­férence entre les dif­férents styles de danse
Danser sur dif­férents orchestres
Principes et mise en œuvre du guidage portègne
Décou­verte de son style per­son­nel
(ne pas danser comme les autres)
Cours acces­si­bles aux danseurs débu­tants
Aucune choré­gra­phie ne sera pro­posée dans le cadre de mes stages basés sur la pra­tique
Con­fig­u­ra­tions idéales :
Femme seule
un ou deux cou­ples
Exem­ple de con­tenus. Cette liste est très loin d’être exaus­tive, les con­tenus sont défi­nis en amont avec les organ­isa­teurs et/ou sta­giaires.

Clases y talleres para bailarines y DJ

Clases como parte de fes­ti­vales o espe­cial cabi­da adu­a­na en mi salón de baile o en vue­stro hog­ar.

Las cues­tiones planteadas pueden ser parte de esta lista y más …
Una clase de tres horas es ide­al para cada cur­so
x1 a x3 cur­sos DJ (3–9 horas) y X1 a X6 prác­ti­cas para bailar­ines (3–18 horas).
Los cur­sos tam­bién pueden ser ofre­ci­das para los prin­cipi­antes com­ple­tos, incluyen­do futur­os bailar­ines que desean apren­der el baile de tan­go argenti­no ráp­i­da­mente (sin core­ografía).
Posi­bil­i­dad de ini­ciar en milon­gas después de 6 a 9 horas de clases.
Son tam­bién para bailar­ines avan­za­dos que quieren bailar más músi­ca y explo­rar las for­mas de impro­visación.

Pre­cio €100 cada módu­lo de 3 horas (para 4 par­tic­i­pantes, cada €25).
además via­jes – Con­se­jos: Incluir cur­sos en un even­to en el que las tasas de DJ sean adap­ta­dos 😉

Idiomas Cur­so en francés – Inglés – Español

Cours pour DJCours de musi­cal­ité pour danseurs et DJ
Alrede­dor de una mesa o en el modo de con­fer­en­cia
1 a 20 par­tic­i­pantes. Por con­fer­en­cias  sin lim­i­ta­da    


Pape­les de lDJ
Cómo armar una tan­da
Cri­te­rios por el baile
Saber leer la pista de baile y el salón
Las orques­tas de baile de tan­go
Ani­mación de la milon­ga
Gestión de la músi­ca
El uso de un soft­ware espe­cial­iza­do para DJ
El uso de un mez­clador (mesa)
y equipamien­to especí­fi­co para DJ
Restau­ración de la músi­ca
Recur­sos para DJ
Tru­cos y astu­cias
Un lugar donde se puede bailar…
de 1 a 4 par­tic­i­pantes
(Tra­ba­jo indi­vid­ual / pare­ja)

El tan­go es una dan­za de impro­visación
Bailar con la músi­ca o bailar la músi­ca?
¿Cómo inter­pre­tar la músi­ca?
Difer­en­cia entre difer­entes esti­los de baile
Orques­tas de baile
Prin­ci­p­ios y apli­cación de las indi­ca­ciones del guía porteño
Des­cubrim­ien­to de esti­lo pro­prio
(No bailar como los demás)
Cur­so acce­si­ble para prin­cipi­antes
Se pro­pon­drá ningu­na core­ografía
como parte de mis cur­sos de for­ma­ción basa­da en la prác­ti­ca
con­fig­u­ra­ciones ide­ales:
Mujer sola
una o dos pare­jas
Ejem­p­lo de con­tenido. Esta lista está lejos de ser exhaus­ti­va, los con­tenidos se definen pre­vi­a­mente con los orga­ni­zadores y/o los par­tic­i­pantes.

Classes and workshops for dancers and DJ

Fit­ted intern­ships as part of fes­ti­vals or spe­cial in my dance room or at your home.

The points raised can be part of this list and more …
A three-hour les­son is ide­al for each course
x1 to x3 DJ cours­es (3–9 hours) and x1 to x6 intern­ships for dancers (3–18 hours).
Cours­es may also be offered for com­plete begin­ners, includ­ing future dancers who wish to learn the Argen­tine tan­go dance quick­ly (with­out any chore­og­ra­phy).
Pos­si­bil­i­ty of start­ing in milon­gas after 6 to 9 hours of class­es.
They are also for advanced dancers who want to dance more in music and explore ways of impro­vi­sa­tion.

Indica­tive price 100 € each 3‑hours mod­ule (for dis­tri­b­u­tion to par­tic­i­pants, eg € 25 for 4 par­tic­i­pants).
not includ­ing trips – Tips: Include cours­es in an event where I am DJ for adapt­ed rates 😉

Course lan­guages French – Eng­lish – Span­ish

Tan­go DJ lessonsMusi­cal­i­ty class­es for dancers and DJ
Around a table or in con­fer­ence mode
1 to 20 par­tic­i­pants, unlim­it­ed for con­fer­ences


DJ’s Roles
How to assem­ble a tan­da
Cri­te­ria for danc­ing
Know­ing how to read the dance floor and the room
The orches­tras of tan­go
Ani­ma­tion of the milon­ga
How to orga­nize the music
Using a spe­cial­ized DJ soft­ware
Using a mix table
and DJ’s spe­cif­ic equip­ment
Restor­ing files
DJ Resources
Tips and tricks
A place where you can dance…
of 1 to 4 par­tic­i­pants
(Indi­vid­ual work/couple)

The tan­go is a dance of impro­vi­sa­tion
Dance with the music or dance the music?
How to inter­pret music?
Dif­fer­ence between dif­fer­ent dance styles
Dance orches­tras
Prin­ci­ples and imple­men­ta­tion of the porteño guid­ing
Dis­cov­ery of his own style
(Do not dance like the oth­ers)
Course acces­si­ble to begin­ners
No chore­og­ra­phy will be pro­posed
as part of my train­ing cours­es based only on prac­tice
Ide­al con­fig­u­ra­tions:
Alone woman
One or two cou­ples
Exam­ple of con­tent. This list is far from being exhaus­tive, the con­tents are pre­vi­ous­ly defined with the orga­niz­ers and/or par­tic­i­pants.

TANDAS ET CORTINAS, pour les danseurs et DJ

Les tandas

Arti­cle pub­lié orig­inelle­ment le 14 JUIN 2021 sur l’an­cien site.

Dans une milon­ga tra­di­tion­nelle, les musiques sont regroupées par plages du même type et inter­prétées par le même orchestre et les mêmes chanteurs à la même péri­ode.

Ces plages regroupant de trois ou qua­tre com­po­si­tions s’appellent des tan­das.

Une tan­da est un petit voy­age que l’on va faire avec le même parte­naire. Il importe donc que le DJ la con­stru­ise avec logique. Les morceaux doivent bien aller ensem­ble et être placés dans un ordre cohérent, comme des tableaux dans une expo­si­tion. Rien n’est plus désagréable d’inviter sur une musique qui plaît et de devoir se forcer sur la musique suiv­ante, ou inverse­ment, avoir envie de danser sur le sec­ond ou troisième titre lorsque la piste ne per­met plus la mira­da facile…

Les cortinas

Pour sépar­er deux tan­das, il y a une corti­na. C’est une courte com­po­si­tion musi­cale, de quelques dizaines de sec­on­des per­me­t­tant aux danseurs d’aller s’asseoir et de se pré­par­er à l’invitation suiv­ante.

Une bonne corti­na n’est pas « dans­able » et doit per­me­t­tre de rester dans l’ambiance ou de pré­par­er à ce qui va suiv­re.

Dans cer­taines milon­gas mod­ernes, les corti­nas sont sup­primées ou rem­placées par des silences. Les cou­ples ont alors la respon­s­abil­ité de se sépar­er après trois ou autre dans­es.

L’intérêt prin­ci­pal des corti­nas est de pou­voir vider la piste, ce qui facilite la mira­da (invi­ta­tion au regard). Si des danseurs indéli­cats restent sur la piste, ils empêchent les autres d’inviter et sont donc mal vus (car trop vus…).
Si vous souhaitez redanser avec la même danseuse, sortez de la piste et retournez‑y quand la musique reprend. Cela vous évit­era aus­si de vous retrou­ver tout bête si la musique de la nou­velle tan­da ne vous con­vient pas…

Un petit plus sur les corti­nas…

Oganisation de la musique de la milonga

Les milon­gas tra­di­tion­nelles com­por­tent tan­das et corti­nas. En général, deux tan­das de tan­go (TTTT), puis une de milon­ga (MMM) ou de valse (VVVV ou VVV). Cette organ­i­sa­tion peut vari­er d’un DJ à un autre, suiv­ant les événe­ments ou le moment de la soirée, mais une milon­ga tra­di­tion­nelle est générale­ment de la forme suiv­ante :

TTTTcorti­naTTTTcorti­naVVVVcorti­naTTTTcorti­naTTTTcorti­naMMM

Quelques inter­mèdes de folk­lore argentin, de rock ou de trop­i­cal ponctuent générale­ment la milon­ga portègne.

Pour en savoir plus, voir un arti­cle sur les tan­das.

Les cortinas, levons le voile sur cette tradition

Origine de la cortina

Il y a plusieurs expli­ca­tions à l’o­rig­ine de l’u­til­i­sa­tion des corti­nas.
L’une d’en­tre-elle était le change­ment d’orchestre qui don­nait lieu à la fer­me­ture du rideau de scène (Telon ou Corti­na) pour que les orchestres s’in­stal­lent plus dis­crète­ment.
Une autre vient de la néces­sité de don­ner du temps au DJ pour pré­par­er la tan­da suiv­ante à l’époque où les DJ util­i­saient des cas­settes.
Mais la corti­na fait désor­mais par­tie inté­grante de la milon­ga, même s’il n’y a plus les con­tin­gences tech­niques du début.

Nous allons voir pourquoi.

Les cortinas sont des coupures dans un bal tango

Elles ser­vent à mar­quer les change­ments de style de musique (change­ment d’orchestre, de style de danse…). En effet, le tan­go est organ­isé par tan­das, groupe de trois ou qua­tre com­po­si­tions sem­blables qui per­me­t­tent à un cou­ple de danseurs d’aller plus loin dans l’expérience. La pre­mière danse pour s’apprivoiser, les suiv­antes pour danser de mieux en mieux, en par­faite har­monie.

Quelle musique pour les cortinas ?

Générale­ment, une corti­na ne se danse pas. Il faut donc éviter de met­tre des dans­es, comme du rock, car cer­tains danseurs risquent de la danser et par con­séquent, ils ne libéreront pas la piste.
Il y a deux pra­tiques, celle qui con­siste à met­tre des corti­nas dif­férentes, éventuelle­ment sur un thème tout au long de la soirée et une autre qui con­siste à met­tre tout le temps la même corti­na dans la soirée.
Cer­tains DJ utilisent même la même corti­na pour toutes leurs milon­gas.
Toute­fois, la mode fait que main­tenant, on priv­ilégie les milon­gas var­iées. Cela per­met d’avoir plus d’action sur l’ambiance de la milon­ga et de tester la disponi­bil­ité des danseurs aux dif­férents inter­mèdes.

Pourquoi des cortinas ?

Pour moi, la corti­na est d’abord asso­ciée à la mira­da. Il faut que la piste soit dégagée pour que les invi­ta­tions au regard puis­sent se faire. De cela découle un autre point, il faut des sièges pour les danseurs pour éviter qu’ils encom­brent la piste.

Si ces con­di­tions idéales ne sont pas réu­nies, on peut effec­tive­ment se pos­er la ques­tion de la corti­na. Voici quelques réflex­ions qui la jus­ti­fient.

  • La tan­da est une coupure dans le flux de la danse.
  • Elle per­met de se rééquili­br­er des émo­tions de la tan­da précé­dente et de se pré­par­er à la suite.
  • Elle per­met une dis­cus­sion plus libre et une social­i­sa­tion, très impor­tante pour les Argentins et qui peut se traduire par des échanges vocaux par­fois soutenus…
  • Les danseurs débu­tants et ceux qui n’écoutent pas la musique ne se ren­dent pas tou­jours compte du change­ment de style de la musique et donc de la fin d’une tan­da. Le prob­lème est qu’alors la danseuse aban­don­née au milieu d’une tan­da se retrou­ve décalée par rap­port aux autres danseurs qui ne seront disponibles qu’à la fin de la tan­da. Cer­tains DJ ren­dent les choses encore plus dif­fi­ciles en mélangeant dans une tan­da des styles qui ne vont pas ensem­ble…

Cette inter­ro­ga­tion sur les corti­nas est assez typ­ique des danseurs qui man­quent un peu d’expérience. Lorsque l’on a goûté à l’ambiance des belles milon­gas tra­di­tion­nelles, il est dif­fi­cile de revenir en arrière et de trou­ver du plaisir dans des milon­gas décousues, où les musiques s’enchaînent sans ordre et sans pause. Chaque tan­da est un petit voy­age avec la danseuse. Si on prend la tan­da en cours, ce voy­age sera réduit, mais il aura une logique. Si on reste à cheval sur deux tan­das, on risque de se trou­ver dans une sit­u­a­tion où l’on n’a pas envie de danser la sec­onde tan­da avec cette danseuse.

L’élégance veut que l’on n’invite pas une danseuse sur les derniers morceaux d’une tan­da pour ne pas don­ner l’impression que l’on fait un « test ». Pour­tant, cela se pra­tique régulière­ment et une danseuse peu invitée préfér­era sans doute deux dans­es à rien… Et puis, si la tan­da suiv­ante vous plaît à tous les deux, vous pou­vez tou­jours vous réin­viter du regard, cette fois-ci pour une tan­da com­plète.

Je vois cepen­dant deux occa­sions où la corti­na peut être une gêne, au tout début de la soirée, lorsque le bal n’a pas vrai­ment démar­ré, il m’arrive de ne pas met­tre de corti­na pour faire lever plus rapi­de­ment les gens. L’autre cas est la milon­ga « boîte de nuit » (sou­vent util­isé pour les milon­gas alter­na­tives), où on recherche plus la transe que le voy­age avec une danseuse. Dans ce cas, on garde les danseurs sur la piste, le but étant de ne jamais les lâch­er.

Une dernière remar­que, lorsqu’il n’y a pas de corti­na, les danseurs ten­dent à garder leurs danseuses plus longtemps, de crainte de ne pas pou­voir en inviter une autre. En effet, comme tout le monde est sur la piste, lorsque l’on arrête, on risque de se retrou­ver sans pos­si­bil­ité d’inviter. Lorsqu’il y a beau­coup de danseuses qui atten­dent, il m’arrive de faire des tan­das de trois pour per­me­t­tre une rota­tion plus rapi­de. Sans corti­na, les danseurs feraient six dans­es au lieu de trois ou qua­tre.