Archives par étiquette : Carlos Tejeda

Mandria 1957-06-29 — Orquesta Juan D’Arienzo con Mario Bustos

Juan Rodríguez Letra: Juan Miguel Velich; Francisco Brancatti

Man­dria, encore un grand tan­go, adoré par les danseurs. Si ce sont les ver­sions de D’Arienzo qui sont les plus con­nues, il y a d’autres ver­sions intéres­santes et que je vous pro­pose ici. Atten­tion, on entre dans l’univers hos­tiles des gau­chos, man­drias, s’abstenir.

Extrait musical

Man­dria 1957-06-29 – Orques­ta Juan D’Arienzo con Mario Bus­tos
Par­ti­tion de Man­dria. On voit le com­bat avec les reben­ques.

Paroles

Tome mi pon­cho… No se afli­ja…
¡Si has­ta el cuchil­lo se lo presto!
Cite, que en la can­cha que usté eli­ja
he de dir y en fija
no pon­dré mal gesto.

Yo con el cabo ‘e mi rebenque
ten­go ‘e sobra pa’ cobrarme…
Nun­ca he sido un maula, ¡se lo juro!
y en ningún apuro
me sabré achicar.

Por la mujer,
creamé, no lo busqué…
Es la acción
que le viché
al varón
que en mi ran­cho cobi­jé…
Es su mal­dad
la que hoy me hace sufrir :
Pa’ matar
o pa’ morir
vine a pelear
y el hom­bre ha de cumplir.

Pa’ los sotre­tas de su laya
ten­go güen bra­zo y estoy lis­to…
Tome… Abara­je si es de agaya,
que el varón que taya
debe estar pre­vis­to.
Esta es mi mar­ca y me asu­je­to.
¡Pa’ qué pelear a un hom­bre man­dria !
Váyase con ella, la cobarde…
Dígale que es tarde
pero me cobré.

Juan Rodríguez Letra: Juan Miguel Velich ; Fran­cis­co Bran­cat­ti

Traduction libre et indications

Prenez mon pon­cho… Ne vous affligez pas…
Et jusqu’au couteau, je vous le prête !
Racon­tez, que dans le lieu (ter­rain pour le duel, se dit aus­si du ter­rain de foot) que vous choi­sis­sez, il faut dire et assuré­ment (fija en lun­far­do, chose sûre), je n’aurai pas de mau­vais geste.
Moi, avec la tête de mon fou­et j’ai large­ment pour me cou­vrir (pro­téger)…

Cabo de rebenque (tête de fou­et de gau­cho). On voit la drag­onne qui per­met de le tenir fer­me­ment au poignet et la boule de métal qui devait don­ner de forts mots de tête quand elle entrait en con­tact avec le crâne de l’adversaire…

Je n’ai jamais été un lâche, je vous le jure !
Et sans aucune urgence je saurais me faire petit.
Pour la femme, croyez-moi, je ne l’ai pas cher­ché…
C’est l’action que j’ai vue de l’homme que j’ai hébergé dans mon ranch…
C’est sa méchanceté qui aujourd’hui me fait souf­frir :
Pour tuer ou pour mourir, je suis venu me bat­tre et l’homme doit s’y con­former.
Pour un mal­otru de ce type, j’ai un bon bras et je suis prêt…
Prenez… Abat­tu s’il est fait de galle, (agaya = agal­la = excrois­sance qui se forme sur un arbre à cause de la piqûre d’un insecte) que le mec qui a par­lé doit être prévenu.
C’est ma devise et je m’y tiens.
Pourquoi com­bat­tre un homme pleu­tre !
Allez avec elle, la lâche…
Dites-lui qu’il est tard, mais que j’ai été payé.

J’ai quelques doutes sur l’interprétation, est-ce qu’au final il a mis une raclée avec son fou­et au type qui était allé avec sa femme et qu’il chas­se les deux, ou qu’il ne prend pas la peine de s’attaquer au pleu­tre (man­dria) et qu’il le chas­se avec la femme infidèle.

Autres versions

Man­dria 1927-03-17 — Rosi­ta Quiroga con gui­tar­ras.

Man­dria 1927-03-17 — Rosi­ta Quiroga con gui­tar­ras. Les presta­tions de Rosi­ta, l’artiste à la mode rem­portèrent beau­coup de suc­cès au théâtre et à la radio, ce qui lança le titre com­ment en témoignent les autres enreg­istrements réal­isés dans les deux mois qui suivirent. Dans cet enreg­istrement, elle est accom­pa­g­née de trois gui­taristes. Sa voix, mar­quée de souf­france l’avait fait surnom­mée, la tou­jours blessé (La eter­na heri­da) ou la muse pau­vre (La musa mis­ton­ga), car elle était un pro­duit des faubourgs dont elle avait la dic­tion et la gouaille. En 1927, elle était au fait de sa gloire et l’année précé­dente, Anto­nio Poli­to et Cele­do­nio Flo­res pour les paroles, lui avaient écrit un tan­go La musa mis­ton­ga.

Rosi­ta Quiroga, La musa mis­ton­ga
Man­dría 1927-03-25 — Orques­ta Rober­to Fir­po.

Une Jolie ver­sion, assez lente et bien dans­able.

Man­dría 1927-05-10 – Orques­ta Osval­do Frese­do

La ver­sion de Frese­do a des points com­muns avec celle de Fir­po.

Man­dria 1927-05-19 – Orques­ta Fran­cis­co Canaro con Agustín Irus­ta

Encore une ver­sion assez proche, un tem­po plus mar­qué, mais bien sûr, la grande dif­férence est le refrain chan­té par Agustín Irus­ta.

Avec Canaro se ter­mi­nent les enreg­istrements de la pre­mière vague. Qua­tre en deux mois, c’est un beau suc­cès pour le titre, mais atten­dez la suite…

Man­dria 1939-08-09 – Orques­ta Juan D’Arienzo con Alber­to Echagüe.

Après une pause de douze ans, une nou­velle ver­sion de notre titre du jour. C’est sans doute la ver­sion la plus célèbre. Con­traire­ment aux ver­sions de la décen­nie précé­dente on est face à un titre énergique, bril­lant, qui donne envie de danser.

Man­dria 1954-04-22 — Orques­ta Eduar­do Del Piano con Mario Bus­tos.

Une ver­sion chan­tée avec une voix un peu recher­chée. Pas for­cé­ment la ver­sion préférée des danseurs.

Man­dria 1957-06-29 – Orques­ta Juan D’Arienzo con Mario Bus­tos. C’est notre tan­go du jour.

Trois ans plus tard, Bus­tos enreg­istre le thème avec D’Arienzo qui lui est aus­si avec sa deux­ième ver­sion, la pre­mière étant de 18 ans plus anci­enne, avec Echagüe.
Il est intéres­sant de com­par­er la ver­sion de Del Piano avec celle de D’Arienzo, elles sont proches en date et c’est le même chanteur. Del Piano a lais­sé plus de lib­erté à Bus­tos et même si D’Arienzo laisse Bus­tos chanter toutes les paroles, il reste dans le cadre de la danse, ce qui n’est aps tou­jours le cas d’autres orchestre de l’époque qui aug­mentent aus­si forte­ment la part chan­tée des tan­gos.

Man­dria 1970 — Orques­ta Juan Cam­bareri con Héc­tor Berar­di.
Man­dria 1980c — Los Man­cifes­ta con Car­los Teje­da.
Man­dria 2022 — El Cachivache Quin­te­to.

El rebenque

On a déjà par­lé de l’armement des gau­chos, notam­ment du facón (couteau) et du pon­cho (enroulé autour du bras en pro­tec­tion).

L’arme d’aujourd’hui est le rebenque. C’est une sorte de cravache ou de fou­et court. D’un côté, il y a la poignée (cabo) et de l’autre, la queue.

À gauche, un rebenque entier avec au pre­mier plan el cabo en métal. La tenue du rebenque avec la drag­onne au poignet. Com­bat au rebenque selon une illus­tra­tion de Moli­na. Le pon­cho enroulé sur le bras sert à se pro­téger. Rebenque et facón, deux armes red­outa­bles, dessins de Mario Lopez Osornio Ici, il tient le rebenque par la queue. On imag­ine donc le résul­tat de la fappe du cabo sur l’adversaire. Dans le com­bat, le rebenque sert égale­ment à désarmer l’adversaire de son couteau.