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Milonga querida 1938-11-09 — Orquesta Juan D’Arienzo con Alberto Echagüe

Juan Larenza Letra: Lito Bayardo

Ceux qui aiment les milon­gas dynamiques se ruent en général sur la piste aux pre­mières notes de Milon­ga queri­da inter­prétés par D’Arienzo et Echagüe et ils ont bien rai­son. Mal­gré un rythme qui sem­ble soutenu, cette milon­ga aide les danseurs à s’amuser, ce qui n’est pas autant le cas avec ces milon­gas que l’on met trop sou­vent en pen­sant que les danseurs ne sont pas au niveau… Au con­traire, il faut ce type de milon­ga pour les faire pro­gress­er et danser avec joie. Le canyengue n’est pas de la milon­ga…

Extrait musical

Milon­ga queri­da 1938-11-09 — Orques­ta Juan D’Arien­zo con Alber­to Echagüe.

Le piano incisif de Juan Poli­to qui venait de repren­dre la main (je devrais dire les deux mains, puisqu’il s’agit de piano) après l’exclusion de Rodol­fo Bia­gi de l’orchestre. Deux accords posent le tem­po et le piano lance la milon­ga immé­di­ate­ment. Des pas­sages traspies (stac­ca­to) alter­nent avec des pas­sages liss­es (lega­to), ce qui per­met aux danseurs, à la fois de vari­er les impro­vi­sa­tions et de se repos­er un peu, ou pour le moins de pren­dre leur mar­que dans le flot de la milon­ga pour s’intégrer dans l’harmonie du bal.
La vitesse sem­ble très rapi­de, mais elle est suff­isam­ment mod­érée pour pou­voir par­faite­ment jouer avec la musique.
L’attention est soutenue par l’alternance des par­ties et quand Echagüe com­mence à chanter, il reste totale­ment dans le rythme, ce rythme cher à D’Arienzo et qu’il ne sac­ri­fiera surtout pas pour une milon­ga.
Les instru­ments, notam­ment les cordes et les ban­donéons, sem­blent lancer des piques. Les accords sont brefs, nerveux. On se représente bien D’Arienzo, penché en avant avec l’avant-bras dont le poing est ser­ré, encour­ageant ses musi­ciens à don­ner ces accords, un par un ou par salves nettes dans un stac­ca­to très intense, jusqu’aux délivrances des pas­sages liés.
Si vous êtes danseur et intéressé par la musi­cal­ité, vous trou­verez sans doute pas mal d’inspiration dans cette milon­ga ponc­tuée par les fior­i­t­ures du piano de Poli­to dans la lignée de Bia­gi.
La dic­tion de Echagüe, sans doute à son apogée dans cette inter­pré­ta­tion, per­met de capter les paroles, tout en util­isant la voix comme un instru­ment ryth­mique, favorisant la con­ti­nu­ité styl­is­tique avec les par­ties orches­trales.
La fin arrive de façon abrupte, comme si D’Arienzo après avoir lancé les danseurs dans une danse effrénée, voulait les pouss­er à la faute en les faisant con­tin­uer de bouger alors que la musique s’est arrêtée.
Bien sûr, cet enreg­istrement est telle­ment con­nu que les danseurs ne se lais­sent pas sur­pren­dre, mais on peut imag­in­er l’ambiance que le titre provo­quait lors de ses pre­mières exé­cu­tions.

Paroles

No la pin­taron los poet­as
en sus ver­sos seduc­tores,
ni conocieron su vida
ni el amor de sus amores.
Fue la más lin­da del bar­rio
y por lin­da, cod­i­ci­a­da,
y más de cien entreveros
su belleza provocó.

Pero ella bien conocía
quién en silen­cio la ama­ba
y a nadie al fin com­prendía
pues con ninguno se daba;
por ver­la sola, muy sola,
mil comen­tar­ios se hicieron
y difamaron su nom­bre
al no con­seguir su amor.

Aquel mucha­cho tan triste,
tan humilde y tan sen­cil­lo,
se fue en silen­cio una noche
del ale­gre con­ven­til­lo.
Y aque­l­la piba boni­ta
por boni­ta cod­i­ci­a­da,
cargó una tarde sus cosas,
y a su bar­rio no volvió.

Juan Laren­za Letra: Lito Bayardo

Traduction libre

Les poètes ne l’ont pas peinte dans leurs vers séduc­teurs ni ne con­nurent sa vie ni l’amour de ses amours.
C’é­tait la plus belle du quarti­er et parce qu’elle était belle, con­voitée, et plus d’une cen­taine de bagar­res, sa beauté a provo­qué.
Mais elle savait bien qui l’aimait en silence, et elle ne com­pre­nait per­son­ne à la fin, car à aucun elle se don­nait ;
À la voir seule, très seule, mille com­men­taires se firent et dif­famèrent son nom, car ils n’avaient pas obtenu son amour.
Ce garçon, si triste, si hum­ble et si sim­ple, sor­tit en silence une nuit du joyeux con­ven­til­lo (loge­ment col­lec­tif pau­vre).
Et cette jolie fille, con­voitée pour sa beauté, une après-midi, a emporté ses affaires, et elle n’est pas rev­enue dans son quarti­er.

Autres versions

Milon­ga queri­da 1938-11-09 — Orques­ta Juan D’Arien­zo con Alber­to Echagüe. C’est notre milon­ga du jour.
Milon­ga queri­da 1990c — Miguel Vil­las­boas y su Orques­ta Típi­ca.

Avec l’Uruguayen Vil­las­boas, on reste dans une dimen­sion joueuse. On recon­naît son style et ses arrange­ments par­ti­c­uliers. Son piano est sans doute moins présent que celui de Poli­to, cela laisse plus de clarté pour les vio­lons et ban­donéons. On pour­ra peut être moins appréci­er la trop grande régu­lar­ité qui peu­vent engen­dr­er de la monot­o­nie. Je pense qu’écouter cette ver­sion après celles de D’Arienzo qui lui est antérieure d’un demi-siè­cle mon­tre bien la dif­férence d’une musique par­faite pour la danse par rap­port à une musique sym­pa­thique, mais qui ne porte pas aus­si bien.

Et un titre iden­tique, mais totale­ment dif­férent. C’est une créa­tion de Eduar­do Pereyra (El Chon) qui est encore dans l’esprit canyengue.

Milon­ga queri­da 1931-11-23 — Orques­ta Edgar­do Dona­to con Teó­fi­lo Ibáñez.


On ne peut pas dire que ce soit vilain, mais sauf pour les ama­teurs d’encuentros, dif­fi­cile de résis­ter (dans le sens sup­port­er) à une tan­da de ce type…
La fin un peu plus vivante ne sauve pas for­cé­ment l’ensemble…

Vous aurez com­pris que si on me demande « Milon­ga queri­da » je pro­poserai sys­té­ma­tique­ment la ver­sion de D’Arienzo et Echagüe.

Paroles du tango « Milongua querida » de Eduardo Pereyra

Milon­gui­ta queren­dona
Mi más vie­ja com­pañera,
Te lle­vo en el corazón
Como al más fiel de mis amores.

Tu can­ción es el recuer­do
De mi vida aven­tur­era,
Que me embria­ga de dolor
Al recor­dar aquel tiem­po mejor.

Eduar­do Pereyra (El Chon) (Paroles et musique)

Traduction libre du texte de Eduardo Pereyra (El Chon)

Petite milon­ga amoureuse (qui s’énamoure facile­ment)
Ma plus vieille com­pagne,
Je te porte dans mon cœur
Comme le plus fidèle de mes amours.


Ta chan­son est le sou­venir
De ma vie aven­tureuse,
Qui m’enivre de douleur
Au sou­venir de ces temps meilleurs.
Le texte fait sans doute plus penser aux textes des milon­gas des payadores qu’au rythme allè­gre qui en repren­dra le nom.

Les auteurs

La col­lab­o­ra­tion entre Juan Laren­za et Lito Bayardo a don­né la très célèbre zam­ba, Mama vie­ja, que De Ange­lis enreg­istr­era en forme de valse, comme la mag­nifique valse Flo­res del alma (dont les paroles ont été coécrites avec Alfre­do Lucero).

Juan Larenza (1911–1980), pianiste et compositeur

Juan Laren­za

Les com­po­si­tions de Laren­za ont été enreg­istrées par de nom­breux orchestres, dont De Ange­lis, D’Arienzo, Aníbal Troi­lo (avec le fameux Gua­pe­an­do) et même Di Sar­li.
Sa plus célèbre biogra­phie a été écrite ; juste­ment par Lito Bayardo dans son ouvrage « Mis 50 años con la can­ción argenti­na »

Le livre de Lito Bayardo50 años con la can­ción argenti­na” dans lequel il par­le de son ami Juan Laren­za. À droite, Laren­za est le deux­ième en par­tant de la droite et Bayardo le troisième.

Manuel Juan García Ferrari (1905–1986), plus connu comme Lito Bayardo, guitariste, chanteur, compositeur et parolier

Bayardo a écrit à la fois des textes de tan­gos et a com­posé des tan­gos dont il était égale­ment le paroli­er. Un des plus con­nus est sans doute Cua­tro lágri­mas enreg­istré, notam­ment, par Ricar­do Tan­turi avec Enrique Cam­pos, Fran­cis­co Canaro avec Alber­to Are­nas et Rodol­fo Bia­gi avec Alber­to Amor.

Prisionero 1943-08-24 — Orquesta Rodolfo Biagi con Alberto Amor

Julio Carressons Letra: Carlos Bahr (Carlos Andrés Bahr)

Au sujet de cette valse bien sym­pa­thique, avec une intro­duc­tion un peu plus longue que la moyenne, je pen­sais faire un petit encart sur le dia­pa­son, jus­ti­fié par le change­ment effec­tué à cette époque par Bia­gi. À cause des réac­tions sur le sujet, je vais me con­cen­tr­er sur le dia­pa­son pour cette anec­dote. Nous voilà prêts à accorder nos vio­lons…

Extrait musical et autre version

Je vous donne ici, les deux prin­ci­paux enreg­istrements de cette valse. Celui de Bia­gi qui précède de quelques mois, celui de D’Arienzo.

Pri­sionero 1943-08-24 — Orques­ta Rodol­fo Bia­gi con Alber­to Amor

D’un point de vue tech­nique, cet enreg­istrement est sans doute le dernier enreg­istré avec le dia­pa­son à 435Hz. Par la suite, l’orchestre de Bia­gi s’accordera à 440Hz.
Pour l’enregistrement de D’Arienzo, c’est 20 jours après le pre­mier enreg­istrement en 440Hz par Bia­gi. D’Arienzo a‑t-il changé en même temps, avant, après ? Si c’est impor­tant pour vous, vous avez la réponse… Sinon, écou­tons plutôt les dif­férences styl­is­tiques entre les deux ver­sions, c’est plus pas­sion­nant à mon goût.

Pri­sionero 1943-12-27 — Orques­ta Juan D’Arien­zo con Héc­tor Mau­ré.

On remar­que tout de suite que D’Arienzo a sauté la longue intro­duc­tion de Bia­gi. C’est clas­sique chez D’Arienzo qui aime bien ren­tr­er directe­ment dans le feu de la danse.
Le rythme est en revanche plus lent. Mal­gré l’absence des 21 sec­on­des d’introduction de la ver­sion de Bia­gi, la ver­sion de D’Arienzo fait 6 sec­on­des de plus. S’il avait joué au même rythme que Bia­gi, sa ver­sion aurait total­isé 21 sec­on­des de moins. Ce sont donc 27 sec­on­des de dif­férence, c’est beau­coup et beau­coup plus que le pas­sage de 435 à 440 Hz dans la dif­férence de sen­sa­tion 😉

Petit jeu

Je me suis « amusé » à trafi­quer les deux enreg­istrements de la façon suiv­ante :

  • J’ai enlevé l’introduction de Bia­gi.
Pri­sionero 1943-08-24 — Orques­ta Rodol­fo Bia­gi con Alber­to Amor (SIN INTRO)
  • J’ai accéléré la ver­sion de D’Arienzo pour la met­tre au même rythme que celle de Bia­gi.
Pri­sionero 1943-12-27 — Orques­ta Juan D’Arien­zo con Héc­tor Mau­ré (ACCÉLÉRÉE)

Vous pou­vez donc com­par­er les deux ver­sions à la même cadence. C’est bien sûr un petit sac­rilège, car D’Arienzo a volon­taire­ment enreg­istré une ver­sion plus lente, mais cela me sem­ble intéres­sant pour bien sen­tir les dif­férences d’orchestrations sur la même par­ti­tion.

  • Et comme je ne suis pas avare de fan­taisies, je vous pro­pose main­tenant une ver­sion mixte com­prenant la ver­sion de Bia­gi sans l’introduction dans le canal de gauche et la ver­sion de D’Arienzo accélérée dans le canal de droite. On remar­quera que le mélange n’est pas si déton­nant. Pour bien saisir, il est préférable d’écouter sur un sys­tème stéréo, voire au casque.
Pri­sionero. Com­para­i­son des deux ver­sions à la même vitesse et syn­chro­nisées.

Pri­sionero. Ver­sion de Bia­gi sans intro­duc­tion, dans le canal de gauche. Ver­sion de D’Arienzo accélérée, dans le canal de droite.

Si vous avez appré­cié le petit jeu, vous pou­vez avoir un autre par­ti­c­uli­er dans le dernier chapitre de cette anec­dote, sur les dia­pa­sons. Un truc qui régale cer­tains spé­cial­istes, ce que je ne suis pas.

Paroles

Libre es el vien­to
Que doma la dis­tan­cia,
Baja a los valles
Y sube a las mon­tañas.
Libre es el agua
Que se despeña y can­ta,
Y el pájaro fugaz
Que surge de ver
Una azul inmen­si­dad…

Libre es el potro
Que al vien­to la mele­na,
Huele a las flo­res
Que es mata en la pradera.
Libre es el cón­dor
Señor de su cimera,
Yo que no sé olvi­dar
Escla­vo de un dolor
No ten­go lib­er­tad…

Loco y cau­ti­vo
Car­ga­do de cade­nas,
Mi oscu­ra cár­cel
Me mata entre sus rejas.
Soy pri­sionero
De incur­able pena,
Pre­so al recuer­do
De mi per­di­do bien.

Nada me pri­va
De andar por donde quiero,
Pero no puedo
Librarme del dolor.
Y pese a todo
Soy pri­sionero,
De los recuer­dos
Que guar­da el corazón.
Julio Car­res­sons Letra: Car­los Bahr (Car­los Andrés Bahr)

Traduction libre

Libre est le vent qui dompte la dis­tance, descend dans les val­lées et grav­it les mon­tagnes.
Libre est l’eau qui tombe et chante, et l’oiseau fugace qui émerge de la vue d’une immen­sité bleue…
Libre est le poulain qui dans le vent a sa crinière, sent les fleurs qui poussent dans le pré (mata est une plante de faible hau­teur, arbuste ou plus petit. J’ai traduit par pouss­er, mais il y a peut-être mieux à faire…).
Libre est le con­dor, seigneur de son som­met, moi qui ne sais pas oubli­er, esclave d’une douleur, je n’ai pas de lib­erté…
Fou et cap­tif, chargé de chaînes, ma prison som­bre me tue der­rière les bar­reaux. (Mata, s’écrit de la même façon, mais ici, c’est le verbe tuer. C’est un dis­cret jeu de mots).
Je suis pris­on­nier d’un cha­grin incur­able, empris­on­né dans la mémoire de mon bien per­du.
Rien ne m’empêche de marcher où je veux, mais je n’ar­rive pas à me libér­er de la douleur.
Et mal­gré tout, je suis pris­on­nier des sou­venirs que le cœur garde.

Mettons-nous au diapason…

Le dia­pa­son est la fréquence de référence qui per­met que tous les musi­ciens d’un orchestre jouent de façon har­monieuse.
Vous avez en tête les séances d’accordage qui précè­dent une presta­tion.
Le principe est sim­ple. On prend pour référence l’instrument le moins accord­able rapi­de­ment, par exem­ple le piano qui est accordé avant le con­cert, car avec près de 250 cordes à régler, l’opération prend du temps.
En l’absence de piano, les orchestres clas­siques se calent sur le haut­bois, celui du « pre­mier haut­bois ». Ensuite, ses voisins, les autres instru­ments à vent, s’accordent sur lui, puis c’est le tour des cordes.
Je vous pro­pose cette superbe vidéo qui met en scène le principe. On remar­quera que c’est bien le haut­bois qui y donne le La3.

Instal­la­tion inter­ac­tive “Sous-ensem­ble” de Thier­ry Fournier — Enreg­istrement de l’ac­cord pour chaque instru­ment.

La note de référence doit pou­voir être jouée par tous les instru­ments. Dans les con­certs où il y a des instru­ments anciens, on est par­fois obligé d’accorder plus grave pour éviter d’avoir une ten­sion exagérée des cordes sur des instru­ments frag­iles.
En général, cela est défi­ni à l’avance et on accorde le piano en con­séquence avant le con­cert.
La note de référence est générale­ment un La, le La3 (situé entre la deux­ième et la troisième ligne de la portée en clef de sol). Au piano, c’est celui qui tombe naturelle­ment sous la main droite, vers le milieu du clavier. Sur les vio­lons et altos, c’est la sec­onde corde, corde dont la cheville de réglage est en haut à droite en regar­dant le vio­lon de face. Les musi­ciens jouent donc cette corde à vide, jusqu’à ce qu’elle résonne comme la note de référence émise. Les autres cordes sont accordées par l’instrumentiste lui-même par com­para­i­son avec la corde de référence. Mais vous avez sans doute regardé la vidéo précé­dente et vous savez tout cela.
Dans le cas du tan­go, le piano est générale­ment la base, mais quand c’est pos­si­ble, on se cale sur le ban­donéon qui n’est pas accord­able pour régler le piano.
En effet, la note de référence, si c’est en principe tou­jours le La3, n’a pas la même hau­teur selon les épo­ques et les régions.

Le débat sur le diapason musical uniforme au dix-neuvième siècle

Je vous pro­pose trois élé­ments pour juger du débat qui ani­me tou­jours les musi­ciens d’aujourd’hui… C’est un exem­ple français, mais à voca­tion large­ment européenne par les élé­ments traités et l’accueil fait aux deman­des de la com­mis­sion ayant établi le rap­port.

  • Un rap­port étab­lis­sant des con­seils pour l’établissement d’un dia­pa­son musi­cal uni­forme.

Les mem­bres de la com­mis­sion étaient :
Jules Bernard Joseph Pel­leti­er, con­seiller d’É­tat, secré­taire général du min­istère d’É­tat, prési­dent de la com­mis­sion ;
Jacques Fro­men­tal Halévy, mem­bre de l’Institut, secré­taire per­pétuel de l’A­cadémie des beaux-arts, rap­por­teur de la com­mis­sion ;
Daniel-François-Esprit Auber, mem­bre de l’Institut, directeur du Con­ser­va­toire impér­i­al de musique et de décla­ma­tion (et qui a sa rue qui donne sur l’Opéra de Paris) ;
Louis Hec­tor Berlioz, mem­bre de l’In­sti­tut ;
Man­suete César Despretz, mem­bre de l’In­sti­tut, pro­fesseur de physique à la Fac­ulté des sci­ences.
Camille Doucet, chef de la divi­sion des théâtres au min­istère d’É­tat ;
Jules Antoine Lis­sajous, pro­fesseur de physique au lycée Saint-Louis, mem­bre du con­seil de la Société d’en­cour­age­ment pour l’in­dus­trie nationale ;
Le Général Émile Mellinet, chargé de l’or­gan­i­sa­tion des musiques mil­i­taires ;
Désiré-Guil­laume-Édouard Mon­nais, com­mis­saire impér­i­al près les théâtres lyriques et le Con­ser­va­toire ;
Gia­co­mo Meyer­beer, com­pos­i­teur alle­mand, mais vivant à Paris où il mour­ra en 1871 ;
Gioachi­no Rossi­ni, Com­pos­i­teur ital­ien, mais vivant à Paris où il mour­ra en 1872 ;
Ambroise Thomas, com­pos­i­teur français et mem­bre de l’In­sti­tut.

  • Le décret met­tant en place ce dia­pa­son uni­forme.
  • Les cri­tiques con­tre le dia­pa­son uni­forme…

On voit donc que l’histoire est un éter­nel recom­mence­ment et que les pinail­lages actuels n’en sont que la con­ti­nu­ité…

Vous pou­vez accéder à l’ensemble des textes, ici (12 pages)

Pour les plus pressés, voici un extrait sous forme de tableaux qui vous per­me­t­tront de con­stater la var­iété des dia­pa­sons, leur évo­lu­tion et donc la néces­sité de met­tre de l’ordre et notam­ment de frein­er le mou­ve­ment vers un dia­pa­son plus aigu.
Les valeurs indiquées dans ce tableau sont en « vibra­tions ». Il faut donc divis­er par deux pour avoir la fréquence en Hertz. Ain­si, le dia­pa­son de Paris indiqué 896 cor­re­spond à 448 Hz.

Tableau des dia­pa­sons en Europe en 1858 et tableau de l’élévation du dia­pa­son au cours du temps (tableau de droite). Extrait du rap­port présen­té à S. Exc. Le min­istre d’État par la com­mis­sion chargée d’établir en France un dia­pa­son musi­cal uni­forme (Arrêté du 17 juil­let 1858) — Paris, le 1er févri­er 1859.

Compléments sur le diapason

Si vous n’avez pas con­sulté le doc­u­ment de 12 pages, il est encore temps de vous y référ­er, il est juste au-dessus des tableaux… Vous pou­vez le charg­er en PDF pour le lire plus facile­ment.

Si vous voulez enten­dre la dif­férence entre le dia­pa­son à 435 Hz et celui à 440 Hz, je vous pro­pose cette vidéo.

Dia­pa­son 435 Hz et 440 Hz.

Sur l’histoire du dia­pa­son, cet arti­cle sig­nalé par l’ami Jean Lebrun.

https://www.radiofrance.fr/francemusique/accord-et-desaccord-la-guerre-du-la-6695782

Sur la ques­tion du dia­pa­son et de la vitesse en tan­go, je vous pro­pose ce court arti­cle que j’avais écrit.

Et un arti­cle bien plus com­plet, mais en anglais de Michael Lav­oc­ah sig­nalé par Angela.

Nada 1944-04-13 — Orquesta Carlos Di Sarli con Alberto Podestá

José Dames Letra: Horacio Sanguinetti (Horacio Basterra)

On se damn­erait pour ce tan­go de José Dames. Sa musique sub­tile et élé­gante remue l’âme et on ne peut cacher son émo­tion en le dansant. Les paroles d’Horacio San­guinet­ti expliquent la puis­sance de la musique en révélant la bien triste his­toire de celui qui étant par­ti ne retrou­ve pas son amour en revenant.

Extrait musical

Nada 1944-04-13 — Orques­ta Car­los Di Sar­li con Alber­to Podestá. C’est le tan­go du jour.

Le piano de Di Sar­li lance les deux pre­mières notes, deux accords puis la mélodie démarre ascen­dante, alter­nant les par­ties per­cutées et les par­ties glis­sées. Comme si deux émo­tions se partageaient la musique. Les vagues se relan­cent les unes après les autres, que ce soit au vio­lon ou à la voix. La musique reste tout le temps, dansante, même lors des pas­sages plus glis­sés. La fin se fait dans un ralen­tisse­ment et se ter­mine avec la voix de Podestá qui chante « amor ». En fait, il reste un petit paquet de notes au piano qui ponctuent la fin, un peu à la manière de Caló, Caló que vous pour­rez enten­dre dans le chapitre « autres ver­sions ».
Mais pour l’instant, intéres­sons-nous aux belles et poignantes paroles d’Hora­cio San­guinet­ti.

Les paroles

He lle­ga­do has­ta tu casa…
¡Yo no sé cómo he podi­do!
Si me han dicho que no estás,
que ya nun­ca volverás…
¡Si me han dicho que te has ido!
¡ Cuán­ta nieve hay en mi alma!
¡Qué silen­cio hay en tu puer­ta!
Al lle­gar has­ta el umbral,
un can­da­do de dolor
me detu­vo el corazón.

Nada, nada que­da en tu casa natal…
Sólo telarañas que teje el yuyal.
El ros­al tam­poco existe
y es seguro que se ha muer­to al irte tú…
¡Todo es una cruz!
Nada, nada más que tris­teza y qui­etud.
Nadie que me diga si vives aún…
¿ Dónde estás, para decirte
que hoy he vuel­to arrepen­ti­do a bus­car tu amor?


Ya me ale­jo de tu casa
y me voy ya ni sé dónde…
Sin quer­er te digo adiós
y has­ta el eco de tu voz
de la nada me responde.
En la cruz de tu can­da­do
por tu pena yo he reza­do
y ha roda­do en tu portón
una lágri­ma hecha flor
de mi pobre corazón.

José Dames Letra: Hora­cio San­guinet­ti (Hora­cio Baster­ra)

Raúl Iri­arte ne chante que ce qui est en gras et pas le dernier cou­plet. Alber­to Amor et Alber­to Podes­ta font de même, mais repren­nent la fin du refrain (en bleu) pour ter­min­er.

Traduction libre

Je suis arrivé à ta mai­son…
Je ne sais pas com­ment j’ai pu le faire !
S’ils m’ont dit que tu n’y es pas, que tu ne revien­dras jamais…
S’ils m’ont dit que tu es par­tie !
Que de neige il y a dans mon âme !
Quel silence il y a à ta porte.
Alors que j’atteignais le seuil, un ver­rou de douleur a arrêté mon cœur.

Rien, rien ne reste dans ta mai­son natale… Seule­ment les toiles d’araignées que la végé­ta­tion tisse.
Le rosier n’existe pas non plus, et il est cer­tain qu’il est mort par ton départ.
Tout est une croix !
Rien, rien que de la tristesse et du calme.
Per­son­ne pour me dire si tu vis encore…
Où tu es, pour te dire qu’aujourd’hui je suis revenu repen­tant pour chercher ton amour ?

Je m’éloigne de ta mai­son et je m’en vais, je ne sais où…
Sans le vouloir, je te dis adieu et jusqu’à l’écho de ta voix, sor­tie du néant, me répond.
Sur la croix de ton ver­rou pour ta douleur, j’ai prié et une larme a roulé sur ta porte et fait fleurir mon pau­vre cœur.

Autres versions

Nada est le titre de l’année 1944. Ses trois meilleures ver­sions sont de cette année et je n’ai pas envie de vous pro­pos­er celles qui ne sont pas au même niveau ou pas dans­ables, notam­ment celles des années 60, comme Julio Sosa (1963), Ful­vio Salman­ca avec Luis Roca (1964), Juan D’Arienzo avec Jorge Valdez (1964), ou celles que Calo fera en 1965 avec Raúl del Mar ou en 1966 avec Ledes­ma (en vivo). Voici donc, par ordre chronologique, les trois ver­sions enreg­istrées en deux mois, en 1944.

Nada 1944-03-09 — Orques­ta Miguel Caló con Raúl Iri­arte.

Comme Di Sar­li, Caló com­mence par un « Ploum plum », puis expose avec notam­ment les cordes et quelques accents du piano le thème. Le ban­donéon pleure à 0 h 47, puis à 1 h 5 com­mence Raúl Iri­arte. Le rythme est bien mar­qué, notam­ment par des cordes per­cutées, cette mar­ca­tion s’altère pour laiss­er la place aux pas­sages émou­vants. Le thème se ter­mine par un joli trait de ban­donéon et la fin clas­sique de Caló égrenée au piano.

Nada 1944-04-13 — Orques­ta Car­los Di Sar­li con Alber­to Podestá. C’est le tan­go du jour.
Nada 1944-05-09 — Orques­ta Rodol­fo Bia­gi con Alber­to Amor.

Le début est égale­ment un « ploum ploum, ou plutôt un « tchac tchac » incisif. Le tem­po est beau­coup plus soutenu que dans les deux autres ver­sions. Mal­gré la jolie voix et l’interprétation de Alber­to Amor, on perd un peu d’émotion, mais l’énergie de Bia­gi rend le titre très dansant.

Pour ma part, c’est la ver­sion de Di Sar­li que je préfère, suiv­ie de celle de Caló et enfin celle de Bia­gi. Je peux pass­er les trois en milon­ga, selon l’énergie et les cir­con­stances du moment. Les DJ ont à leur dis­po­si­tion ces trois mer­veilleux enreg­istrements pour renou­vel­er le bon­heur des danseurs.

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L’histoire à laquelle vous avez failli échapper

Je n’ai pas envie de détru­ire la magie de ce tan­go mag­nifique en vous con­tant des his­toires sur l’auteur des paroles, Hora­cio Baster­ra, alias Hora­cio San­guinet­ti. Je laisse ceux que ça intéresse s’en charg­er. Sachez seule­ment qu’on a per­du sa trace et que dif­férentes hypothès­es essayent d’expliquer sa dis­pari­tion, notam­ment qu’il aurait tué son beau-frère mil­i­taire et qu’il se serait enfui du pays.
Je ne retiens que la fin de cette his­toire. S’il a quit­té l’Argentine, c’est pour retourn­er au pays (l’Uruguay) pour essay­er de retrou­ver celle qui lui a inspiré Nada. Et ils vécurent heureux et eurent beau­coup d’enfants.
FIN.

Les images auxquelles vous avez failli échapper

Lisón 1944-04-11 — Orquesta Rodolfo Biagi con Alberto Amor

José Ranieri Letra : Julián Centeya

Lison est un prénom à la mode depuis la fin du vingtième siè­cle. Il y a donc à pari­er que dans la nou­velle généra­tion de danseuses de tan­go, nous allons avoir prochaine­ment des Lison. Ce tan­go sera donc utile pour met­tre en valeur une de ces danseuses. Les Lisón des années 40 étaient ces grisettes qui avaient quit­té la France pour venir par­ticiper au «rêve» argentin.

Les auteurs

José Ranieri

José Ranieri (José Ranieri Mag­a­rot­ti) est égale­ment con­nu sous les pseu­do­nymes de Pir­u­la et Rudy Grant. Ne pas le con­fon­dre avec José Ranieri Vir­do, flûtiste et trompet­tiste de Canaro.
Le José Ranieri du jour est né à Buenos Aires le 20 décem­bre 1911 et décédé le 9 novem­bre 1972 (je ne sais pas où).
Il était ban­donéon­iste, trompet­tiste et com­pos­i­teur.

José Ranieri compositeur de tango et de jazz

Par­mi ses com­po­si­tions (tan­gos et jazz), citons :
A los mucha­chos (Pa’ los mucha­chos), Cantares de ori­ente, Dibu­jos, La negra quiere bailar, La novia del mar, Lisón, Muñe­qui­ta de París, Noches blan­cas, Oh ! Ma chérie, Pa’ los mucha­chos, Que no sep­an las estrel­las, Que te cuente mi vio­lín, Sólo una novia, Te quiero todavía.

José Ranieri trompettiste

Comme trompet­tiste, c’est un scoop, car je n’ai trou­vé nulle part la men­tion qu’il était trompet­tiste. Je répare donc cette lacune…

Me vuelves loco (You’re dri­ving me crazy) 1931-11-02 – Orques­ta Adol­fo Cara­bel­li con Alber­to Gómez (Nico).

Vous avez cer­taine­ment déjà enten­du ce Fox-trot, car cer­tains DJ de tan­go le passent comme milon­ga… Il y a deux trompettes, celle d’Ignacio Ver­rot­ti et celle de José Ranieri.

Cantares de ori­ente 1931-03-26 — Adol­fo Cara­bel­li Jazz Band con Fran­cis­co Don­ald­son. Un autre fox-trot où il inter­vient à la trompette avec Ver­rot­ti. Il en est égale­ment le com­pos­i­teur.
Oh ! Ma chérie 1932-03 — Orques­ta Adol­fo Cara­bel­li, dont il est aus­si le com­pos­i­teur.

Noches Blan­cas — Elio Riet­ti y su Jazz Band.

Là, il y a trois trompettes, celle de Gae­tano Ochip­in­ti s’est rajoutée aux deux autres. Ranieri a égale­ment com­posé ce titre. Je vous le donne à écouter. Mais dif­fi­cile de dire laque­lle des trompettes est la sienne.

José Ranieri bandonéoniste

Curieuse­ment, si aucun site ne par­le de Ranieri comme flûtiste ou trompet­tiste, tous dis­ent qu’il était ban­donéon­iste, mais impos­si­ble de le trou­ver men­tion­né.
J’en suis donc réduit à des hypothès­es.
Le 26 mars 1931, Cara­bel­li enreg­istre deux titres. Cantares de ori­ente et Por qué?, un tan­go d’Osvaldo Frese­do et Emilio Augus­to Oscar Frese­do pour les paroles. Le chanteur est le même que pour Cantares de ori­ente et ce titre n’utilise pas la trompette. Est-il exagéré de sug­gér­er que Ranieri pour­rait avoir joué du ban­donéon, puisque ce serait son instru­ment prin­ci­pal dans cet orchestre ? Je n’ai aucune preuve de cela, mais je garde l’idée sous le coude, d’autant plus que durant cette péri­ode Cara­bel­li a enreg­istré divers Paso Dobles ou Fox-trots con­join­te­ment à des tan­gos.
Dernière hypothèse, existe-t-il un lien de par­en­té entre les deux José Ranieri ? Mag­a­rot­ti pour­rait être le nom de la femme de son père et Vir­do, celui de la femme de son grand-père pater­nel. Pas facile d’avoir des infor­ma­tions sur des instru­men­tistes dis­crets, plus d’un siè­cle après les faits (pas trou­vé dans les sites de généalo­gie).

Julián Centeya (Amleto Enrico Vergiati)

Julián Centeya est un poète et auteur de paroles de tan­go. Vous l’avez tous enten­du au début de Café Dominguez de Ángel D’Agostino. C’est lui qui dit le réc­i­tatif « Café Dominguez de la vie­ja calle Cor­ri­entes que ya no que­da… ».
Il a mis les paroles sur le tan­go du jour, Lisón, notre tan­go du jour, mais aus­si sur Pa’ los mucha­chos (que l’on con­naît chan­té par Rober­to Rufi­no avec l’orchestre de Car­los Di Sar­li ou par Ángel Var­gas et son orchestre dirigé par Eduar­do Del Piano).
On lui doit aus­si les paroles de :
Claudinette, avec la musique de Enrique Pedro Delfi­no.
Este cuore, avec la musique de Daniel Melin­go.
Felici­ta, avec la musique de Hugo del Car­ril.
Julián Centeya, avec la musique de José Canet (on n’est jamais si bien servi que par soi-même).
La vi lle­gar, avec la musique de Enrique Franci­ni.
Lisón, avec la musique de Ranieri (notre tan­go du jour).
Llu­via de abril, avec la musique de Enrique Franci­ni.
Más allá de mi ren­cor, avec la musique de Lucio Demare.

Extrait musical

Avec tous ces pro­pos lim­i­naires, vous pen­siez que nous n’y arriverons pas. Mais voici le tan­go du jour…

Lisón 1944-04-11 – Orques­ta Rodol­fo Bia­gi con Alber­to Amor.

Ce tan­go est assez rarement passé en milon­ga. Je pense que c’est en par­tie à cause de ses faux départs et de ses arrêts intem­pes­tifs. En effet, le rythme de la musique est cassé à de nom­breuses repris­es. Ce n’est pas for­cé­ment très agréable pour la danse.

Les paroles

Lisón
Tu amor quedó en mi corazón.
Lisón, dulce Lisón.
Y fue
La melodía de tu voz
Sen­tí triste can­ción.
Lisón
Eran tus manos blan­cas
Y yo soña­ba con la luna
Vida mía.
En un
Romance azul de juven­tud
Lisón, dulce Lisón.

Mucha­chi­ta de ojos negros
La can­ción
Del buen amor.
En la som­bra de los muelles
Es invier­no cru­el y llueve,
Pasa el vien­to que te nom­bra,
Y yo sueño entre las som­bras
Que te lla­ma, corazón
Con este amor.

José Ranieri Letra: Julián Centeya

Traduction libre et indications

Lison
Ton amour est resté dans mon cœur.
Lison, douce Lison.
Et c’était la mélodie de ta voix, que je sen­tais être une triste chan­son.
Lison
C’étaient tes mains blanch­es, et j’ai rêvé de la lune, ma vie.
Dans une romance bleue de jeunesse Lison, douce Lison.

Fille aux yeux noirs, la chan­son du bon amour.
Dans l’ombre des quais c’est l’hiver cru­el et il pleut, le vent qui te nomme passe, et je rêve dans l’ombre, qu’il t’appelle, cœur, avec cet amour.

Autres versions

Ce titre n’a pas eu un énorme suc­cès, il n’a été enreg­istré que deux fois, en 1944.

Lisón 1944-04-11 – Orques­ta Rodol­fo Bia­gi con Alber­to Amor. C’est notre tan­go du jour
Lisón 1944-10-04 — Orques­ta Fran­cis­co Lomu­to con Alber­to Rivera.

Cette ver­sion est beau­coup plus liée. Les paus­es sont mieux annon­cées et si la ver­sion est plutôt moins énergique, elle peut con­venir à une tan­da de retour au calme, après une tan­da de milon­ga par exem­ple. La voix plus rare d’Alberto Rivera n’est pas désagréable et la musique est sym­pa­thique, elle reste dans­able, même si ce n’est pas un des 50 titres indis­pens­ables sur l’île déserte.

Qui était Lisón ?

Lison était un prénom courant en France au début du vingtième siè­cle, voire un surnom courant. La jeune femme aux yeux noirs de la chan­son est donc prob­a­ble­ment une de ces grisettes qui effec­tu­aient des travaux domes­tiques ou peu­plaient les maisons clos­es de l’époque, comme tant d’autres qui ont inspiré les com­pos­i­teurs et auteurs de l’époque.
Vous pou­vez vous reporter à mes autres anec­dotes de tan­go sur le sujet, notam­ment En Lo de Lau­ra, El Porteñi­to, Madame Ivone, Bajo el cono azul ou Mañan­i­tas de Mont­martre (avant l’exportation…).
En France, un autre tan­go porte le prénom Lison dans son titre : Tan­go pour Lison 1943 de Louis Moi­sel­lo avec des paroles d’Achem.
En France, tou­jours, le film musi­cal Ils sont dans les vignes réal­isé par Robert Ver­nay et sor­ti en 1952 con­tient une chan­son (valse) Le jupon de Lison chan­tée par Line Renaud. C’est un titre de Louis Gasté (Loulou) et avec des paroles de Bernard Michel et Philippe Gérard.
Pour revenir à la Lisón du tan­go du jour. Impos­si­ble à savoir vu le peu d’informations sur la vie privée des auteurs et le nom­bre con­séquent de Lisón qui ont han­té les pen­sées des hommes de Buenos Aires.