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Sonorisation d'une milonga

Sonorisation d’une milonga

Comme DJ, on ren­con­tre une grande var­iété dans la qual­ité des sys­tèmes de sonori­sa­tion pro­posés par les organ­isa­teurs. Il me sem­ble que rap­pel­er quelques points peut être utile pour opti­miser l’équipement et amélior­er le con­fort des danseurs.

La sonori­sa­tion fait par­tie d’une chaîne qui va de la musique à dif­fuser, jusqu’à l’oreille de l’auditeur, danseur dans notre cas. Il con­vient donc de traiter cha­cun des points, car le plus faible mail­lon lim­ite la qual­ité de la chaîne en entier.

La musique

Si on ren­con­tre encore des musiques effroy­ables, notam­ment sur des ser­vices comme Spo­ti­fy ou YouTube, dans l’ensemble, la qual­ité a bien aug­men­té ces dernières années. Il est donc très impor­tant d’avoir de la bonne musique, mais je pars du principe que les organ­isa­teurs vont faire venir un bon DJ et que, donc, ce point est traité de façon sat­is­faisante. Voir l’article sur la musique trichée pour plus d’informations sur ce point.

L’ordinateur ou le matériel du DJ

Même si un phénomène de mode peut faire utilis­er des platines tourne-dis­ques, des lecteurs de CD ou de cas­settes, l’ordinateur est devenu la norme et, comme ses capac­ités sur­passent en tous points celles des autres sys­tèmes, il ne con­vient pas de faire de dif­férence à ce niveau de la chaîne. Ce qui sera bon pour l’ordinateur le sera égale­ment pour tous les autres matériels.

La carte son (DAC)

Cer­tains DJ, notam­ment ceux qui font des playlists à l’avance, utilisent le jack pour rac­corder leur ordi­na­teur à la sono. Cette organ­i­sa­tion est forte­ment décon­seil­lée, car elle ne per­met pas la préé­coute et donc, le DJ ne peut que suiv­re sa playlist en faisant d’éventuelles mod­i­fi­ca­tions dans l’ordre de ses tan­das ou en choi­sis­sant des tan­das toutes prêtes au lieu de les con­stru­ire sur mesure.

Il faut donc une carte son qui per­met d’avoir deux sources de dif­fu­sion. Une dirigée vers le casque (générale­ment la sor­tie jack de l’ordi) et une via la carte son qui ira vers la con­sole de mix­age.

Pour exploiter ce sys­tème, il faut un logi­ciel spé­ci­fique pour DJ qui per­met d’assigner des sor­ties dif­férentes pour la préé­coute et pour la dif­fu­sion, ou à la rigueur, deux logi­ciels con­fig­urés de façon dif­férente, mais c’est se com­pli­quer la vie.

Cer­tains dis­cu­tent de la qual­ité des dif­férents DAC, mais ce n’est pas si essen­tiel si on con­sid­ère les lim­ites de la musique que l’on passe en milon­ga. Bien sûr, le DJ qui veut le top pour­ra acquérir un équipement plus per­for­mant et il y aura de petites dif­férences, mais je pense que d’autres points sont à pren­dre en compte.

  1. La présence d’un bou­ton de réglage du vol­ume. Cela sem­ble tout bête, mais c’est plus sim­ple à faire sur le DAC que dans le logi­ciel. Tous les DAC n’en sont pas pourvus.
  2. Une sor­tie via deux XLR, deux jacks 6,35 ou à la rigueur au for­mat RCA (Cinch).
  3. Une entrée USB, prob­a­ble­ment USB‑C si on achète un matériel récent.
  4. Pren­dre un sys­tème qui se rac­corde par câble, plutôt qu’un sys­tème qui se branche, comme une clef USB, un faux mou­ve­ment pour­rait bris­er ce dis­posi­tif. En revanche, il est impor­tant de scotch­er tous les câbles au gaffeur pour éviter une coupure du son en cas de manip­u­la­tion mal­adroite pen­dant la milon­ga.
  5. Une entrée micro­phone peut être pra­tique, avec son réglage de vol­ume et une bal­ance entre le micro­phone et la musique.
Quatre DAC que j’utilise.
Qua­tre DAC que j’utilise.

J’utilise dif­férents sys­tèmes, mais le plus sou­vent un DAC Audi­ent iD4 qui est léger et de bonne qual­ité. Son gros bou­ton de vol­ume est pra­tique. J’ai enlevé le cabo­chon du bou­ton de mute pour éviter d’appuyer dessus par erreur durant la milon­ga. En cas de besoin, il suf­fit d’appuyer sur la par­tie qui reste avec le gras du doigt, mais je n’ai jamais eu à le faire.

Acheté à Buenos Aires, j’ai un MidiPlus Stu­dio M qui est plus léger que le Audi­ent, mais le bou­ton de vol­ume est petit et trop proche du bou­ton du vol­ume casque. Je le trou­ve donc moins pra­tique. Cepen­dant son poids peut être un élé­ment de choix et de plus, et il est disponible en Argen­tine à bon prix…

J’utilise aus­si un DAC Trak­tor Z1 qui a l’avantage d’avoir des bou­tons de réglage aigus, médi­ums et bass­es. Cela peut dépan­ner en l’absence de con­sole de mix­age. En revanche, il n’a pas d’entrée micro.

Même s’il est prévu pour le logi­ciel Trak­tor, on peut le con­fig­ur­er dans MIXXX, pour que le déplace­ment du curseur en butée change de morceau. C’est pra­tique pour ter­min­er la corti­na et enchaîn­er à l’intervalle souhaité les morceaux d’une tan­da. Cepen­dant, il est assez lourd et encom­brant et moins utile si on a une con­sole.

En sécu­rité, j’ai tou­jours de petits DAC, dans l’étui des casques audio, dans ceux des cartes sons) qui peu­vent me per­me­t­tre d’avoir un dépan­nage sans me sur­charg­er en avion avec un sec­ond DAC Adap­ta­teur de Prise de Casque USB C à 3,5 mm. https://amzn.to/4k7fRJb Je n’ai jamais eu à utilis­er en milon­ga, mais peut-être qu’un jour, en cas de panne du DAC prin­ci­pal, l’un d’eux me ren­dra ser­vice…

La console de mixage

Jusqu’à présent, on était dans le domaine du DJ. Ici, on est dans la tran­si­tion entre le DJ et le sonorisa­teur. Pour ma part, quand je le peux, j’apporte ma pro­pre con­sole (table de mix­age) et cela pour deux raisons. Celles qui sont pro­posées par les organ­isa­teurs ne sont pas tou­jours ter­ri­bles et j’aime tra­vailler avec une con­sole numérique, ce qui est rarement disponible en dehors des gros fes­ti­vals, et encore…

On trou­ve assez sou­vent ce type de con­sole analogique.

Cette petite console semble disposer de tout ce qui faut pour un DJ, entrée ligne, microphones, voire instruments complémentaires. Les trois réglages de tonalité permettent une intervention correcte sur le rendu.
Cette petite con­sole sem­ble dis­pos­er de tout ce qui faut pour un DJ, entrée ligne, micro­phones, voire instru­ments com­plé­men­taires. Les trois réglages de tonal­ité per­me­t­tent une inter­ven­tion cor­recte sur le ren­du.

La con­sole Behringer Qx1204Usb pour­rait être par­faite, si les ingénieurs de Behringer avaient prévu son util­i­sa­tion en carte son…

Les points forts :

  • Réglages tonal­ité 3 ban­des (aigus, médi­ums et bass­es). Cela ne vaut pas un semi-paramétrique ou un paramétrique, mais c’est mieux que rien. Pour le même prix, Yama­ha ne pro­pose que deux ban­des de con­trôle de tonal­ité.
  • Réglage du gain d’entrée.
  • Panoramique per­me­t­tant de dif­fuser le sig­nal en mono, ce qui est intéres­sant pour le bal.

Le point faible

  • Elle ne peut pas servir de carte son avec réglage de tonal­ité, car l’entrée USB ne sert que pour envoy­er le son directe­ment à la sor­tie. Il est donc impos­si­ble de régler le vol­ume ou la tonal­ité de l’entrée USB, ce qui la rend inutile pour un DJ de tan­go.
    Il y aurait peut-être une astuce con­sis­tant à ren­voy­er le sig­nal USB vers les con­necteurs 2‑track et, de là, branch­er une con­nex­ion vers les entrées des tranch­es nor­males, mais je n’ai pas testé. Si ça marche, cela évit­erait d’avoir à se trim­baler une carte son tout en ayant un con­trôle de vol­ume et de tonal­ité.
    Ce point faible reste à rel­a­tivis­er, il oblige seule­ment à avoir une carte son en plus. C’est juste dom­mage de ne pas avoir tout inté­gré…

Ce que devrait avoir une console a minima

  • Une entrée stéréo avec réglage vol­ume, con­trôle de tonal­ité et bal­ance gauche-droite.
  • Une entrée micro­phone

Ce que pourrait avoir une console de préférence

  • Une entrée USB per­me­t­tant de régler la tonal­ité, le vol­ume et la bal­ance. Cela per­met de se pass­er d’une carte son. C’est ce qui manque à la petite Behringer.

Ce que devrait avoir une console dans l’idéal

En plus des points précé­dents, la con­sole pour­rait dis­pos­er d’un égaliseur graphique, paramétrique ou semi-paramétrique. Toute­fois, si la con­sole dis­pose d’une sor­tie et entrée pour une boucle aux­il­i­aire, il est pos­si­ble d’avoir cet élé­ment séparé­ment.

  • L’égaliseur graphique est intéres­sant pour le réglage de la salle en per­me­t­tant de sup­primer les fréquences de réso­nance (modes pro­pres de la salle).
En général on utilise l’égaliseur graphique pour compenser les résonances propres du local. Par exemple, si la structure vibre à 300 Hz, on baissera en conséquence le curseur correspondant. En stéréo, il faut le faire sur les deux canaux.
En général on utilise l’égaliseur graphique pour com­penser les réso­nances pro­pres du local. Par exem­ple, si la struc­ture vibre à 300 Hz, on bais­sera en con­séquence le curseur cor­re­spon­dant. En stéréo, il faut le faire sur les deux canaux.
  • L’égaliseur paramétrique est lui plus util­isé pour cor­riger une musique à un moment don­né. Par exem­ple, un De Ange­lis dont les vio­lons sif­flent. On sélec­tionne la fréquence, par exem­ple, 4500 Hz et on dimin­ue le vol­ume de cette fréquence. Un égaliseur dis­posant du réglage de la fréquence d’action et du vol­ume de réglage de cette fréquence est dit semi-paramétrique.
  • Un égaliseur paramétrique dis­pose en plus du réglage de la pente de la courbe (fac­teur Q comme Qual­ité). Quand on baisse le vol­ume d’une fréquence, cela agit sur les fréquences voisines. En réglant le fac­teur Q, on peut choisir de baiss­er unique­ment cette fréquence ou une bande plus large. C’est très com­mode. On peut l’utiliser pour lim­iter le bruit de sur­face d’un disque avec une pente très ser­rée, pour ne pas détru­ire les fréquences voisines de la musique ou de façon plus large, pour enrichir, par exem­ple, les bass­es d’un morceau qui en manque.
Un égaliseur paramétrique permet de choisir une fréquence pour augmenter son volume ou le baisser. Un paramètre supplémentaire est la pente du filtre (Facteur Q). Une valeur élevée fait agir le volume sur une bande de fréquence très resserrée autour de celle réglée. Une valeur faible permet de moduler une zone de fréquence plus large. À gauche, il n’y a que deux réglages du facteur Q, étroit ou large). À droite, on peut le faire varier en continu.
Un égaliseur paramétrique per­met de choisir une fréquence pour aug­menter son vol­ume ou le baiss­er. Un paramètre sup­plé­men­taire est la pente du fil­tre (Fac­teur Q). Une valeur élevée fait agir le vol­ume sur une bande de fréquence très resser­rée autour de celle réglée. Une valeur faible per­met de mod­uler une zone de fréquence plus large. À gauche, il n’y a que deux réglages du fac­teur Q, étroit ou large). À droite, on peut le faire vari­er en con­tinu.

Les con­soles de moyenne gamme ont en général une seule fréquence en semi-paramétrique. D’autres en ont trois ou qua­tre, mais c’est moins intéres­sant pour nous, DJ de tan­go, car on a rarement besoin de régler plusieurs fréquences en même temps.

Toute­fois, une con­sole numérique apporte un grand con­fort d’utilisation, notam­ment avec l’affichage des fréquences de la musique qui est jouée.

Chaque cercle de couleur est un point de contrôle. On peut le placer vers le haut (augmenter le volume de sa fréquence) ou vers le bas. On peut choisir la pente, par exemple, pour modifier une fréquence très précise ou une plus grande partie du spectre sonore. On voit en gris sous la courbe, le spectrogramme (RTA) en temps réel de la musique.
Chaque cer­cle de couleur est un point de con­trôle. On peut le plac­er vers le haut (aug­menter le vol­ume de sa fréquence) ou vers le bas. On peut choisir la pente, par exem­ple, pour mod­i­fi­er une fréquence très pré­cise ou une plus grande par­tie du spec­tre sonore. On voit en gris sous la courbe, le spec­tro­gramme (RTA) en temps réel de la musique.

La con­sole SOUNDCRAFT UI12 est celle que j’utilise depuis plusieurs années qui me per­met à la fois de sonoris­er un petit orchestre ou plusieurs DJ (8 entrées) et de musi­calis­er de façon pré­cise en ajus­tant de façon visuelle les élé­ments de l’égaliseur paramétrique.

J’aime beaucoup ma console numérique SOUNDCRAFT UI12. Je l’associe parfois à un petit contrôleur midi Korg pour avoir un contrôle rapide sur le volume lors de mixages (en plus des contrôles par écran tactile).
J’aime beau­coup ma con­sole numérique SOUNDCRAFT UI12. Je l’associe par­fois à un petit con­trôleur midi Korg pour avoir un con­trôle rapi­de sur le vol­ume lors de mix­ages (en plus des con­trôles par écran tac­tile).

Les points forts :

  • Pos­si­bil­ité de régler les paramètres à dis­tance (Wi-Fi) afin de véri­fi­er que, sur la piste on a bien le son par­fait, car sou­vent l’emplacement du DJ ne per­met pas de pren­dre com­plète­ment con­science du son qu’ont les danseurs.
  • Présence de l’analyseur de spec­tre en temps réel. Un pic dans une fréquence est vis­i­ble et on peut le « tuer » en appli­quant un coup de son excel­lent égaliseur paramétrique, tout en voy­ant le résul­tat. Si on branche un micro de mesure, on peut aus­si analyser le ren­du dans la salle (il ne faut bien sûr pas rerouter ce micro vers la sor­tie prin­ci­pale…).

Les points faibles :

  • La con­sole ne dis­pose pas d’écran. Il faut donc utilis­er celui d’une tablette, d’un télé­phone (Wi-Fi) ou un ordi­na­teur. Le réglage sur un écran tac­tile est assez pra­tique, moins si on doit utilis­er une souris.
    J’utilise par­fois un con­trôleur midi Korg KOH Nanokon­trol2-WH, ce qui me per­met de régler facile­ment les dif­férents poten­tiomètres, comme sur une con­sole tra­di­tion­nelle.
  • C’est un peu lourd (ali­men­ta­tion séparée, éventuel con­trôleur midi, il faut un écran pour l’utiliser, donc a min­i­ma un télé­phone, mieux une tablette ou, dans l’idéal un ordi avec un grand écran tac­tile).

Amplification et diffusion

La sor­tie de l’ordinateur, de la carte son ou de la con­sole de mix­age est trop faible pour atta­quer directe­ment des haut-par­leurs. Il faut donc ampli­fi­er le sig­nal.

Il existe deux sys­tèmes (pour sim­pli­fi­er). Un avec des amplis et des enceintes pas­sives et un avec des enceintes ampli­fiées (qui peu­vent être actives ou pas­sives).

Pour un DJ ou un organ­isa­teur qui trans­porte son matériel, ce sont assuré­ment des enceintes ampli­fiées qui sont à prévoir. Je ne vais donc évo­quer que ce type de matériel, car un organ­isa­teur qui veut équiper sa salle aura tout intérêt à deman­der les con­seils d’un pro­fes­sion­nel s’il souhaite utilis­er un ampli séparé (ce qui est plus pra­tique pour une instal­la­tion fixe), car l’appariement des HP et des amplis est un domaine com­pliqué.

On trou­ve des matériels d’un poids raisonnable 10 à 25 kg et qui ont une bande pas­sante suff­isante pour la musique de tan­go.

Au besoin, un cais­son de basse peut amélior­er les choses en déchargeant les enceintes prin­ci­pales des bass­es fréquences. Cela améliore la pureté du son. Un seul cais­son de basse est néces­saire, les enceintes étant direc­tives.

Un bon équipement, constitué de deux enceintes pour les aigus et médiums, placés en hauteur (au-dessus de la tête des danseurs) et un caisson de basse.
Un bon équipement, con­sti­tué de deux enceintes pour les aigus et médi­ums, placés en hau­teur (au-dessus de la tête des danseurs) et un cais­son de basse.

Les points à pren­dre en compte :

  • En pre­mier, l’idéal est d’écouter les enceintes avant de les acheter…
  • En général, ces enceintes ont deux voies. Une pour les aigus et une pour les médi­ums, voire les bass­es pour les plus gros mod­èles.
  • En général, un haut-par­leur de 10 ou 12 pouces peut con­venir pour la musique de tan­go qui n’a pas de bass­es très pro­fondes. Si vous utilisez des haut-par­leurs plus petits, il sera préférable d’ajouter un cais­son de bass­es avec des HP de 12 pouces.

Atten­tion toute­fois à avoir un ensem­ble cohérent. La musique de tan­go est plus à traiter comme de la musique clas­sique que comme de la musique de var­iété. Il faut un ren­du rel­a­tive­ment plat et homogène. Les enceintes pour la musique de var­iété ont sou­vent des aigus stri­dents et des bass­es qui man­gent tout. On veut enten­dre le boum boum.

Le résul­tat en tan­go est minable et très dif­fi­cile à rat­trap­er, car on a un trou dans les fréquences prin­ci­pales du tan­go et des chanteurs.

Exemple d’enceintes que je déteste, les aigus sont stridents et les basses pesantes. C’est à mon avis peu adapté à la musique de tango traditionnelle, même si c’est génial pour les cortinas…
Exem­ple d’enceintes que je déteste, les aigus sont stri­dents et les bass­es pesantes. C’est à mon avis peu adap­té à la musique de tan­go tra­di­tion­nelle, même si c’est génial pour les corti­nas…

Conseils supplémentaires pour la sonorisation

La salle est un acteur de la sonori­sa­tion. S’il y a beau­coup de réver­béra­tion (écho), le son risque d’être con­fus. Pour lim­iter ce prob­lème, il y a plusieurs pistes :

Meubler la pièce

Avec des ten­tures non-feu, bien sûr, fer­mer les rideaux, plac­er des meubles absorbants ou beau­coup de danseurs…

Choisir des enceintes relativement directives

Il faut éviter de pro­jeter le son vers les parois ou le pla­fond. Une enceinte direc­tive per­met de cibler la zone de la piste de danse en lim­i­tant les réflex­ions par­a­sites. Cela con­cerne surtout les aigus, les bass­es ne sont pas direc­tives et ray­on­nent dans toutes les direc­tions.

Positionner les enceintes à la bonne hauteur

Tout d’abord, éviter les enceintes à hau­teur d’oreilles des danseurs. C’est mau­vais pour la dif­fu­sion du son, absorbé par les danseurs et désagréable pour les oreilles. Si on a une grande hau­teur sous pla­fond, on place les enceintes le plus haut pos­si­ble et a min­i­ma à 2 m. Si les pieds ne sont pas assez hauts, on peut les pos­er sur la scène.
L’idéal est une instal­la­tion en hau­teur, plongeante, mais cela n’est pas facile à réalis­er pour une instal­la­tion tem­po­raire. On adoptera en revanche ce type d’installation pour les salles per­ma­nentes.

Le caisson de basse doit être posé au sol. Les autres enceintes doivent être plus hautes que les têtes des danseurs. L’idéal, pour une installation fixe, est une installation plongeante.
Le cais­son de basse doit être posé au sol. Les autres enceintes doivent être plus hautes que les têtes des danseurs. L’idéal, pour une instal­la­tion fixe, est une instal­la­tion plongeante.

Le cais­son de basse est tou­jours posé au sol pour favoris­er le ray­on­nement des bass­es. On évite de le pos­er sur la scène, car il risque de la faire vibr­er. Si on a plusieurs cais­sons de basse, il est préférable de les regrouper plutôt que de les plac­er sous chaque haut-par­leur de médi­ums et aigus. Si la salle est très grande, on peut les plac­er de part et d’autre de la salle.

Orientation des enceintes

S’il con­vient de diriger les enceintes vers les danseurs depuis une posi­tion haute, il est égale­ment impor­tant de bien les ori­en­ter hor­i­zon­tale­ment.

Plac­er les enceintes dans les angles peut ren­forcer leur puis­sance, mais c’est rarement la meilleure solu­tion. Pour les mêmes raisons, on évite de les plac­er trop près des murs. Dans beau­coup de milon­gas, la piste de danse est entourée de tables et donc le meilleur endroit est au bord de la piste, ori­en­té vers la piste. Cela dimin­ue un peu le vol­ume sonore aux tables, ce qui facilite les dis­cus­sions.

La forme idéale de la salle est presque carrée. On dirige les deux haut-parleurs à 2/3 de la distance du fond de la salle. Il faut veiller que les HP soient branchés de la même façon (en phase).
La forme idéale de la salle est presque car­rée. On dirige les deux haut-par­leurs à 2/3 de la dis­tance du fond de la salle. Il faut veiller que les HP soient branchés de la même façon (en phase).

Les salles très en longueur

Chaque fois que c’est pos­si­ble, on plac­era seule­ment deux haut-par­leurs, du même côté de la salle. Pour les très grandes salles, on peut con­serv­er ce principe à con­di­tion de pou­voir plac­er les haut-par­leurs suff­isam­ment haut. D’ailleurs, pour les très gros con­certs de var­iété, les sys­tèmes d’enceintes sont regroupés et pas dis­per­sés dans tout le stade.

Cepen­dant, si la salle est très en longueur, on est dans la plus mau­vaise con­fig­u­ra­tion pos­si­ble. Il fau­dra prob­a­ble­ment utilis­er plus d’enceintes.

Pour une salle très en longueur, il faudra probablement multiplier les haut-parleurs pour éviter d’avoir une différence de volume trop importante d’un bout à l’autre. Si on a que deux HP, on peut en mettre un à une extrémité et un autre au milieu, orienté vers le fond de la pièce.
Pour une salle très en longueur, il fau­dra prob­a­ble­ment mul­ti­pli­er les haut-par­leurs pour éviter d’avoir une dif­férence de vol­ume trop impor­tante d’un bout à l’autre. Si on a que deux HP, on peut en met­tre un à une extrémité et un autre au milieu, ori­en­té vers le fond de la pièce.

Ici, une pos­si­bil­ité avec deux enceintes prin­ci­pales et d’autres, plus faibles, pour équili­br­er le vol­ume. Les enceintes sec­ondaires devraient être réglées à un vol­ume plus faible pour garder la cohérence de la venue du son depuis les enceintes prin­ci­pales. Pour ma part, je les ori­ente dans la même direc­tion afin d’éviter les ven­tres et les nœuds acous­tiques (zones où le son s’additionne ou s’annule).

Pour une grande taille, il faut ménag­er des délais dif­férents selon les enceintes afin que l’auditeur ait l’impression que toutes les enceintes, proches ou éloignées, réson­nent en même temps. Mal­heureuse­ment, ce type de réglage n’est pos­si­ble que sur des équipements pro­fes­sion­nels et ils seront donc réservés aux événe­ments dis­posant d’un sonorisa­teur com­pé­tent. Dans les autres cas, réduire le vol­ume des aux­il­i­aires per­met de faire pass­er le mon­tage comme sup­port­able.

Une autre possibilité consiste à poser les enceintes face à face, à chaque extrémité de la pièce. Dans ce cas, il est important de mettre les enceintes en opposition de phase pour éviter un nœud au centre de la pièce.
Une autre pos­si­bil­ité con­siste à pos­er les enceintes face à face, à chaque extrémité de la pièce. Dans ce cas, il est impor­tant de met­tre les enceintes en oppo­si­tion de phase pour éviter un nœud au cen­tre de la pièce.
Mise en phase des haut-parleurs.
Mise en phase des haut-par­leurs.

En haut, les HP sont branchés de la même façon. Les ondes sont syn­chro­nisées. Un audi­teur situé à égale dis­tance des deux HP aura une écoute opti­male. Lorsqu’il est à une dis­tance dif­férente des deux HP, il entend le sig­nal d’un côté un peu décalé. Cela peut pos­er un manque de clarté, mais cela donne aus­si une impres­sion de vol­ume et, si c’est dans des pro­por­tions raisonnables, ce n’est pas un prob­lème. Dans une salle très pro­fonde avec des haut-par­leurs très dis­tants, l’effet peut être désagréable si on n’ajuste pas les délais.

Lorsque les HP sont en oppo­si­tion de phase, les ondes sonores qu’ils émet­tent ten­dent à s’annuler, ce qui crée un nœud. Comme l’effet est vari­able selon les fréquences, le résul­tat peut être très désagréable, notam­ment pour les danseurs qui vont se déplac­er dans la salle et pass­er par des suc­ces­sions de nœuds et ven­tres.

Il existe plusieurs façons d’inverser la phase. La plus simple est de sélectionner la commande correspondante sur l’enceinte. Sur des systèmes grand public, on peut inverser le fil rouge et le noir sur le bornier. Pour des connexions en XLR ou Speakon, il faut utiliser un adaptateur spécifique (ce dernier tend à disparaître au profit du réglage sur les enceintes).
Il existe plusieurs façons d’inverser la phase. La plus sim­ple est de sélec­tion­ner la com­mande cor­re­spon­dante sur l’enceinte. Sur des sys­tèmes grand pub­lic, on peut invers­er le fil rouge et le noir sur le bornier. Pour des con­nex­ions en XLR ou Speakon, il faut utilis­er un adap­ta­teur spé­ci­fique (ce dernier tend à dis­paraître au prof­it du réglage sur les enceintes).

Connexion entre la console et les enceintes amplifiées

Les principales sorties d’une console de mixage. RCA (connecteur blanc pour la gauche et rouge pour la droite). Connecteurs jacks 6,35 avec moins de risque d’arrachement accidentel et XLR, le seul système vraiment professionnel et qui, idéalement, est symétrique lorsque l’on a besoin d’une grande longueur de câble entre la console et les enceintes.
Les prin­ci­pales sor­ties d’une con­sole de mix­age. RCA (con­necteur blanc pour la gauche et rouge pour la droite). Con­necteurs jacks 6,35 avec moins de risque d’arrachement acci­den­tel et XLR, le seul sys­tème vrai­ment pro­fes­sion­nel et qui, idéale­ment, est symétrique lorsque l’on a besoin d’une grande longueur de câble entre la con­sole et les enceintes.
Dans une liaison symétrique, le signal passe dans deux des conducteurs du câble en opposition de phase. À l’arrivée, les deux signaux sont remis en phase et combinés. Si un bruit causé par une interférence sur le câble apparait, il est automatiquement supprimé, car il est en opposition de phase sur les deux fils. Cela permet de grandes longueurs de câble et c’est donc la liaison idéale entre la console de mixage et des haut-parleurs amplifiés qui peuvent être assez loin dans la salle.
Dans une liai­son symétrique, le sig­nal passe dans deux des con­duc­teurs du câble en oppo­si­tion de phase. À l’arrivée, les deux sig­naux sont remis en phase et com­binés. Si un bruit causé par une inter­férence sur le câble appa­rait, il est automa­tique­ment sup­primé, car il est en oppo­si­tion de phase sur les deux fils. Cela per­met de grandes longueurs de câble et c’est donc la liai­son idéale entre la con­sole de mix­age et des haut-par­leurs ampli­fiés qui peu­vent être assez loin dans la salle.

La puissance des enceintes

Une règle empirique pour­rait être de mul­ti­pli­er les W par 10 par le nom­bre de danseurs. Ain­si, 100 danseurs 1000W ; 300 danseurs 3000W et 10 danseurs… 100W 😉 On musi­calise générale­ment le tan­go à moins de 85 dB et il n’y a pas de graves puis­sants, deman­deurs de puis­sance. Cette base empirique peut donc suf­fire.

2 enceintes de 1000 à 2000 W peu­vent donc être l’équipement de base d’un organ­isa­teur ou d’un DJ itinérant.

Pour une instal­la­tion en fixe, il est préférable d’optimiser les paramètres en fonc­tion de la salle. C’est un tout autre domaine qui demande d’étudier beau­coup de paramètres et qui ne peut se résoudre sim­ple­ment par la seule sonori­sa­tion.

Tester le son dans la salle

Pour véri­fi­er que le posi­tion­nement des enceintes est cor­rect, que l’égalisation est bien effec­tuée (com­pen­sa­tion des modes pro­pres de la salle), il y a plusieurs étapes, plutôt sim­ples.

Vérifier le signal gauche droite.

  • En tan­go, comme on dif­fuse générale­ment en qua­si-mono, ce n’est pas déter­mi­nant, sauf si on a plus que deux haut-par­leurs pour véri­fi­er que les groupes sont cohérents. Cela per­met aus­si de véri­fi­er qu’un côté n’est pas plus fort que l’autre. Pour cela, on peut envoy­er un sig­nal alter­na­tive­ment à gauche et à droite. Par exem­ple, un sig­nal de 1000 kHz. Si on souhaite que la gauche soit réelle­ment la gauche et la droite, la droite, on peut enreg­istr­er une piste qui annonce gauche/droite, mais encore une fois, en tan­go et pour la danse où on se déplace, ce n’est pas pri­mor­dial.

Vérifier l’absence de ventres et de nœuds à toutes les fréquences

  • Là, en revanche, c’est absol­u­ment essen­tiel si on est face à une sonori­sa­tion impro­visée. Les organ­isa­teurs n’aiment pas tou­jours que le DJ déplace les enceintes et bal­ance du bruit rose dans la salle, mais c’est le prix à pay­er pour une sonori­sa­tion de qual­ité. Dans une salle pro­fes­sion­nelle avec un sonorisa­teur, ces pré­cau­tions peu­vent être super­flues. Tous ces réglages ont été effec­tués en amont au mieux des capac­ités de la salle.
  • Pour effectuer cela, on envoie un bruit rose à un vol­ume per­ti­nent par rap­port à l’utilisation finale (par exem­ple 80 dB).
 Bruits rose et blanc, très utiles pour vérifier la qualité d’une installation de sonorisation.
Bruits rose et blanc, très utiles pour véri­fi­er la qual­ité d’une instal­la­tion de sonori­sa­tion.

On par­le dans le pub­lic, plus sou­vent de bruit blanc qui est un bruit de puis­sance équiv­a­lente à toutes les fréquences. Cepen­dant, pour la mesure d’une salle, il est préférable d’envoyer un bruit rose, car il pos­sède une énergie con­stante par octave. C’est-à-dire qu’il a 50 % d’énergie (3 dB) en moins à chaque dou­ble­ment de la fréquence.

L’utilisation du bruit rose a deux avan­tages :

  • Il suf­fit de véri­fi­er que le sig­nal est hor­i­zon­tal, sans pics ou creux pour véri­fi­er que toutes les fréquences sont bien représen­tées dans la salle.
  • Du fait des pro­priétés de l’oreille, il donne à l’écoute la sen­sa­tion d’une inten­sité sem­blable à toutes les fréquences.
Même sans équipement sophistiqué, on peut, avec une simple application sur un téléphone, avoir une représentation du profil de la musique en cours. Même si le téléphone n’est pas hyper précis, il est suffisant pour la musique de tango qui se trouve dans la plage de fréquence où le microphone du téléphone donne de bons résultats.
Même sans équipement sophis­tiqué, on peut, avec une sim­ple appli­ca­tion sur un télé­phone, avoir une représen­ta­tion du pro­fil de la musique en cours. Même si le télé­phone n’est pas hyper pré­cis, il est suff­isant pour la musique de tan­go qui se trou­ve dans la plage de fréquence où le micro­phone du télé­phone donne de bons résul­tats.
  • En blanc, les fréquences émis­es à un instant T. Cette ligne évolue donc rapi­de­ment.
  • En jaune, le canal gauche et en vert, le droit avec une iner­tie. C’est-à-dire que, si le son s’arrête, les lignes jaune et verte descen­dent pro­gres­sive­ment vers le bas.
  • Le fond bleu cor­re­spond aux max­i­ma ren­con­trés. Par exem­ple, on remar­que qu’il y a eu un pic à 800 Hz ici.

Si on utilise cette appli­ca­tion pour mesur­er le bruit rose, on doit avoir un résul­tat aus­si plat que pos­si­ble. Pour y arriv­er, il fau­dra éventuelle­ment chang­er la place des haut-par­leurs et agir sur l’égaliseur graphique en mon­tant ou bais­sant les curseurs des fréquences défectueuses. Par exem­ple, dans cette illus­tra­tion (qui n’est pas une mesure de bruit rose), on bais­serait le curseur des 800 Hz sur l’égaliseur graphique.

On se déplace dans la salle pour véri­fi­er que la courbe est bien plate dans tous les emplace­ments. On véri­fie aus­si que le niveau sonore est homogène. Une dif­férence de 12 dB est à mon avis accept­able entre les zones les plus fortes et les plus faibles de la piste de danse. L’idéal est bien sûr de rester dans la lim­ite de 3 dB, mais c’est presque impos­si­ble à réalis­er. Je ne m’occupe pas du vol­ume sonore hors de la piste, pour deux raisons. La pre­mière est qu’il est générale­ment plus faible que sur la piste et que les danseurs sont a pri­ori sur la piste. Si on cherche à aug­menter le vol­ume près des murs pour les per­son­nes aux tables, on va aug­menter la réver­béra­tion et nuire à la qual­ité de la musique sur la piste.

Une autre mesure que j’adore faire est de dif­fuser un sig­nal pas­sant de 10 Hz à 20 kHz, voire d’un dou­ble sig­nal avec un son en sens con­traire. Quand la salle est par­faite­ment réglée, la courbe résul­tante est par­faite­ment hor­i­zon­tale.

Bien sûr, ces mesures sont dif­fi­ciles à faire quand il y a du pub­lic dans la salle, car ces « bruits » peu­vent déranger. C’est pour cela que les organ­isa­teurs sont bien avisés quand ils respectent les pos­si­bil­ités de bal­ance pour les DJ égale­ment. Sou­vent, seuls les orchestres peu­vent en béné­fici­er et ceux-ci font plutôt des répéti­tions que des bal­ances, ce qui fait que le DJ n’a que rarement 5 min­utes pour faire ses réglages.

Faut-il une conclusion ?

J’ai bien con­science que c’est grotesque d’évoquer l’acoustique et la sonori­sa­tion d’une façon aus­si sim­pliste. C’est un méti­er à part entière et il n’est pas ques­tion que les organ­isa­teurs et les DJ se for­ment à cette dis­ci­pline. Cepen­dant, ces quelques con­seils pour­raient amélior­er les choses en don­nant aux danseurs une expéri­ence plus agréable pour leurs oreilles et pour con­clure, je rap­pellerai qu’il est ques­tion d’une chaîne et que, donc, tous les mail­lons doivent être à la hau­teur.

Il y a aus­si l’ambiance qui joue. Je prendrai l’exemple de la cig­a­rette. Comme non-fumeur, je suis très dérangé par la moin­dre odeur de cig­a­rette, même à plusieurs mètres dans la rue. Pour­tant, quand il s’agit d’une activ­ité pas­sion, comme le DJing ou la danse, on est beau­coup moins dérangé. C’était en ren­trant à la mai­son ou l’hôtel que l’on se rendait compte que les vête­ments empes­taient le tabac. Cepen­dant, à Buenos Aires, l’interdiction de fumer en milon­ga, qui date de 2006 n’expose plus à cet incon­vénient et c’est un exem­ple à suiv­re.

Détecter la musique trichée

Pour les DJ de tango qui ne veulent pas se faire arnaquer

Nous avons déjà par­lé des tech­niques d’enregistrement depuis les orig­ines, mais aujourd’hui, je souhaite répon­dre à un ami DJ, Fred, qui m’a demandé com­ment recon­naître de la musique trichée. C’est-à-dire de la musique qui est ven­due comme étant de haute qual­ité, mais qui est de la musique ordi­naire dont on a changé l’étiquette.

Les pièces du procès

Fred m’a soumis trois fichiers qu’il a acquis auprès d’un édi­teur que je ne cit­erai pas, mais qui pré­tend fournir de la qual­ité 16 bits/44,1 kHz. Il est déçu de ses acqui­si­tions qui ne lui sem­blent pas cor­re­spon­dre à ce que devraient être ces fichiers.

Voici les trois fichiers qu’il m’a envoyés :

  • 14 No Te Aguan­to Mas (Instrumental).m4a
  • 06 — Orques­ta Típi­ca Osval­do Frese­do – Divagando.aif
  • 23 — Ricar­do Tan­turi — Recuerdo.aif

Pre­mière remar­que, les noms de fichiers ne sont pas stan­dard­is­és. Si on ouvre ces fichiers dans iTunes, on remar­que que les méta­don­nées ne sont pas toutes rem­plies.

On peut voir que les don­nées ne sont pas au top. Musiques du Monde au mieux de tan­go, une seule date d’enregistrement cor­recte. On remar­quera toute­fois que le débit indiqué est de 514 ou 1411 kbit/s, ce qui cor­re­spond à des for­mats haute déf­i­ni­tion.

Échantillon pas gratuit

Le principe de la musique numérique est de découper le sig­nal sonore analogique en tranch­es tem­porelles. À un moment don­né, on va quan­ti­fi­er le sig­nal et enreg­istr­er cela sous forme numérique. Puis, un peu plus tard, on va faire de même et ain­si de suite. On con­sid­ère pour que ce soit de bonne qual­ité, il faut le faire au moins 40 000 fois par sec­onde… Plus ont le fait sou­vent et plus on aura de pré­ci­sion en cap­tant les plus petits détails de change­ment de la musique. On con­sid­ère que l’oreille humaine pou­vant enten­dre des sons de 20 kHz (pas tout le monde…), il faut une fréquence d’échantillonnage du dou­ble pour restituer des aigus extrêmes qui, même si on ne les entend pas, influ­en­cent, ou influ­encerait, sur le tim­bre des instru­ments. Voyons ce qu’en dit l’éditeur dou­teux, repéré par Fred.

Le site de vente de musique épinglé par Fred se vante de fournir de la musique de bonne qual­ité, comme en témoigne ce dessin sur leur page. Le for­mat MP3 présente des escaliers, car le taux d’échan­til­lon­nage y serait faible.

Ce dessin fait par­tie de la tromperie de cet édi­teur. En effet, il est en par­tie faux.
En effet, il présente le MP3 à 320 kbit/s comme ayant des march­es d’escalier supérieures à celles du for­mat CD. C’est un men­songe. En effet, le MP3 per­met un échan­til­lon­nage à 44 kHz et donc, l’effet d’escalier sera exacte­ment le même. D’ailleurs, ils n’indiquent pas la fréquence d’échantillonnage en face du MP3, seule­ment en face du for­mat CD ou Hi-Res Audio.
Bien sûr, on peut échan­til­lon­ner du MP3 à des valeurs inférieures. Par exem­ple, à 22 kHz, les fichiers seront deux fois plus petits et la fréquence max­i­male repro­ductible sera 11 kHz.
On peut donc par­tir du principe que les MP3 à 320 kbit/s sont échan­til­lon­nés à 44 kHz et que la dif­férence de qual­ité vient d’ailleurs.
Il vient du fait que la com­pres­sion, qui per­met de réduire forte­ment la taille des fichiers, est destruc­tive. Le pro­gramme de com­pres­sion décide que cer­tains élé­ments sont peu impor­tants et les sup­prime. C’est exacte­ment comme pour les pho­tos en JPG. Si elles sont trop com­pressées, on obtient des arte­facts à la décom­pres­sion.

Les effets de la com­pres­sion exces­sive sur une image sont de même ordre que ceux sur un fichi­er de musique. La musique devient floue, pâteuse, sans détail, sans sub­til­ité.

Compression, décompression, ne vous mettez pas la pression

Les trois fichiers en ques­tion sont sous deux for­mats dif­férents, comme en témoignent les exten­sions de fichi­er. Mais cela ne suf­fit pas pour être sûr de ce que l’on a et pour deux raisons :

  • Le fichi­er peut avoir été enreg­istré à ce for­mat, mais à par­tir d’un for­mat de moin­dre qual­ité. Cela n’augmente pas la qual­ité de la musique. C’est donc une « arnaque ». Cepen­dant, si vous souhaitez retouch­er votre musique, vous devrez adopter un for­mat sans perte pour éviter qu’à chaque enreg­istrement la qual­ité du fichi­er baisse à cause d’une nou­velle com­pres­sion.
  • Cer­tains for­mats sont en fait des con­teneurs qui peu­vent recueil­lir dif­férents types de fichiers. Par exem­ple, le for­mat m4a de No te aguan­to más est un con­teneur qui peut con­tenir de la musique à un for­mat com­pressé (type mp3) ou haute qual­ité (type ALAC). L’extension m4a seule ne suf­fit donc pas à assur­er que l’on a un fichi­er de haute qual­ité, sans perte (Los­less). Dans iTunes, on remar­que un débit de 514 kbit/s et dans la colonne « Type », la men­tion Fichiers audio Apple Loss­less (ALAC), ce qui cor­re­spond bien à un for­mat de haute qual­ité.

La com­pres­sion con­siste à sup­primer des infor­ma­tions jugées peu utiles afin de réduire la taille du fichi­er. Cette dis­po­si­tion a fait le suc­cès du for­mat MP3 qui per­me­t­tait de ne pas sat­ur­er trop vite les petits dis­ques durs d’il y a quelques décen­nies et qui pou­vait s’adapter aux débits disponibles sur Inter­net.
Avec l’augmentation du débit Inter­net et l’augmentation de taille des dis­ques, le for­mat MP3 ne se jus­ti­fie plus vrai­ment, car il abime trop sen­si­ble­ment la musique.
On attend ENCODE qui serait un for­mat avec com­pres­sion de meilleure qual­ité grâce à l’intelligence arti­fi­cielle, mais, pour l’instant, il faut regarder du côté des for­mats sans com­pres­sion destruc­trice (WAV, AIFF, ALAC, FLAC…).

Il n’y a pas de petits profits

Les édi­teurs l’ont bien com­pris et pou­voir ressor­tir leurs vieux fichiers au for­mat MP3 en les « gon­flant » est une astuce qui per­met de ven­dre plus cher la même chose, sans que la qual­ité finale soit meilleure.
Si on veut être juste, pass­er un disque vinyle en CD ne fai­sait pas non plus aug­menter la qual­ité de la musique, n’en déplaise aux nos­tal­giques, un enreg­istrement numérique (DDD) est poten­tielle­ment meilleur qu’un (ADD) ou un (AAD). Le D pour Dig­i­tal (numérique) et le A pour Analogique).

  • AAD = Enreg­istrement analogique/Mixage, mas­téri­sa­tion analogique/Diffusion numérique
  • ADD = Enreg­istrement analogique/Mixage, mas­téri­sa­tion numérique/Diffusion numérique
  • DDD = Enreg­istrement numérique, mix­age et mas­téri­sa­tion numérique et dif­fu­sion numérique

Les dis­ques de tan­go de l’âge d’or sont tous en enreg­istrement analogique (A).
Les sup­ports numériques d’aujourd’hui peu­vent donc être AAD ou ADD.
On pour­rait penser que ADD est meilleur, mais c’est aus­si le domaine de tous les abus qui nuisent à l’authenticité de la musique. Pour ma part, je préfère un bon AAD quand je ne peux pas par­tir d’un disque noir orig­i­nal.
Il y a cepen­dant des ADD qui béné­fi­cient d’un excel­lent tra­vail de restau­ra­tion. Ce serait dom­mage de s’en priv­er.
Les édi­teurs de tan­go font plutôt du AAD, ce qui donne sou­vent des musiques avec beau­coup de bruit disque. Ce bruit est maîtris­able, mais encore faut-il bien le faire et d’autres édi­teurs sont vrai­ment minables dans ce tra­vail. La plu­part du temps, quand vous voyez “Remas­ter­i­za­do” ou “Remas­tered”, le mieux est de fuir.

La démonstration par l’image…

Fred a détec­té le prob­lème en écoutant la musique. C’est une excel­lente démarche. Mais, il peut être intéres­sant de voir le prob­lème.
Je vous pro­pose ici d’étudier le prob­lème à par­tir de 6 fichiers représen­tat­ifs de cer­taines dérives. Les trois de Fred, plus trois autres que je rajoute à titre d’exemples com­plé­men­taires.

Divagando – Osvaldo Fresedo – Format AIFF – « Éditeur de Fred »

Tout d’abord, le fichi­er livré est bien, comme annon­cé, dans un for­mat CD (16 bits/44,1 kHz).

Diva­gan­do de Frese­do au for­mat AIF. C’est nor­male­ment un fichi­er de haute qual­ité, mais il y a un gros prob­lème.

On remar­que quelque chose d’étrange dans le spec­tro­gramme de ce fichi­er. Il y a une baisse de vol­ume à par­tir de 4000 Hz.
Pour com­pren­dre, regardez l’échelle de gauche. Elle indique les fréquences. On con­sid­ère qu’une bonne oreille humaine (celle d’un jeune) est capa­ble d’entendre de 20 Hz à 20 000 Hz.
On voit qu’à par­tir de 4000 Hz, la couleur passe de l’orange au bleu.
La couleur s’analyse en regar­dant l’échelle de droite. Le jaune indique un fort niveau et le bleu, un niveau plus faible.
Ce résul­tat est très éton­nant et j’ai véri­fié dans un autre logi­ciel.

Tous les mod­ules du logi­ciel con­fir­ment le prob­lème. À gauche, on voit que la par­tie orange est arasée à 4000 Hz. Dans l’é­galiseur paramétrique, la chute à 4000 Hz est égale­ment évi­dente, tout comme dans l’analy­seur de fréquence.

La rai­son de cette chute est assez sim­ple. Un fil­tre de coupure a été placé avec une bas­cule à 4000 Hz et une pente très forte. Toutes les fréquences supérieures à la fréquence de coupure ont été sup­primées. C’est une façon effi­cace de sup­primer le bruit de sur­face d’un disque, mais c’est une destruc­tion de la musique. Avec l’égaliseur paramétrique, on peut récupér­er un peu des aigus détru­its, mais il vaut mieux ne pas per­dre son temps avec une musique de si mau­vaise qualité.L’analyse du fichi­er révèle que son débit est de 1411 kbit/s et est réelle­ment à 1411 kbit/s en natif. Donc, l’éditeur n’a pas triché dans le cas présent, la destruc­tion des aigus par l’application d’un fil­tre passe-bas à forte pente (-40 dB à 4000 Hz) rend la musique peu util­is­able. Ce traite­ment exagéré était prob­a­ble­ment des­tiné à sup­primer le bruit du disque.
Je vous pro­pose d’écouter le début du fichi­er.

Impos­si­ble de le laiss­er en entier en bonne qual­ité à cause des restric­tions du serveur. C’est du MP3 à 320 kbit/s, mais même dans ce for­mat dégradé, les défauts de la musique sont évi­dents.

06 — Orques­ta Tipi­ca Osval­do Frese­do – Diva­gan­do (EXTRAIT)
06 — Orques­ta Tipi­ca Osval­do Frese­do – Diva­gan­do (en entier, mais adap­té pour être accep­té par mon site).

Con­clu­sion pour ce fichi­er. Même s’il n’y a pas de triche sur le for­mat, les traite­ments appliqués ren­dent le fichi­er aus­si mau­vais que du MP3… C’est dom­mage d’acheter ce fichi­er sans obtenir l’augmentation de qual­ité espérée.

No te aguanto más – Carlos Di Sarli – Format M4a – « Éditeur de Fred »

Le fichi­er est bien dans un for­mat CD (16 bits/44,1 kHz), mais on est bien devant une énorme arnaque.

On se rend compte qu’il n’y a absol­u­ment rien au-dessus de 11 kHz. Il manque qua­si­ment la moitié des fréquences de la musique pos­si­bles.

L’analyse révèle qu’en fait, le fichi­er source est à 96 kbit/s, le débit des plus mau­vais MP3…
Le fichi­er fait donc appa­raître un spec­tro­gramme con­forme, ce for­mat ne per­me­t­tant pas d’afficher les hautes fréquences. On remar­que ici la coupure très nette à 11 kHz qui con­traire­ment à l’exemple précé­dent n’est pas causée par un fil­tre passe-bas agres­sif, mais par le fait que le sup­port orig­i­nal ne per­me­t­tait pas de con­serv­er les hautes fréquences.
Le fichi­er est ven­du comme ayant un débit de 4116 kbit/s. Le fichi­er ven­du est donc le fruit d’un gon­fle­ment de 42 fois du doc­u­ment orig­i­nal… C’est donc une tromperie.

No te aguan­to más – Car­los Di Sar­li (EXTRAIT)
No te aguan­to más – Car­los Di Sar­li (en entier, mais adap­té pour être accep­té par mon site).

Le résul­tat est logique­ment sourd et étouf­fé, comme l’a remar­qué notre ami, Fred.

Recuerdo – Ricardo Tanturi – Format AIF – « Éditeur de Fred »

Une fois de plus, il n’y a pas de tromperie sur le con­tenant. C’est bien au for­mat CD. C’est en fait l’astuce de ces vendeurs. On prend une boite de grande taille, nor­male­ment des­tinée à con­tenir un gros objet (une musique en haute réso­lu­tion dans notre cas). Dans cette boîte, il peut y avoir un gros objet, mais aus­si un objet plus petit (le fichi­er arti­fi­cielle­ment gon­flé). Mais, ce que le DJ achète, ce n’est pas la boite, mais l’objet, la musique. Il me sem­ble donc impor­tant de lui éviter de tomber dans la tromperie qu’on ne peut sans doute pas traiter de fraude, car les vendeurs ne par­lent que de for­mat de fichi­er et que, donc, il n’y a pas tromperie. La boîte est bien une grosse boite…

La boîte fait bien 1411 kbit/s, mais le fichi­er qui est dedans est du 320 kbit/s. Il y a donc une triche x4, mais il y a une sec­onde arnaque.

Si le fait de gon­fler par qua­tre la musique est une triche, l’original étant en 320 kbit/s, la musique résul­tante pour­rait être cor­recte. Cepen­dant, on se retrou­ve dans le même cas que les précé­dents fichiers. Les fréquences utiles sont lim­itées à env­i­ron 7500 Hz, ce qui donne en théorie un son sourd, man­quant de bril­lance. Cepen­dant, ici, un autre traite­ment est venu s’ajouter. Il s’agit de la réver­béra­tion. Cela per­met de don­ner une impres­sion de spa­tial­ité, voire de bril­lance. Ce procédé est a été très util­isé lors du pas­sage au microsil­lon stéréo. Le trans­fert des anciens dis­ques mono était soumis à ce traite­ment pour don­ner l’impression d’un effet pseu­dostéréo­phonique.

Recuer­do – Ricar­do Tan­turi (EXTRAIT)
Recuer­do – Ricar­do Tan­turi (en entier, mais adap­té pour être accep­té par mon site).

Le résul­tat est désagréable et le présent exem­ple en témoigne. Pour moi, ce fichi­er est inutil­is­able en milon­ga.
On notera, toute­fois, qu’une réver­béra­tion bien appliquée donne une pro­fondeur agréable à la musique qui, sinon, pour­rait paraitre trop sèche. C’est d’ailleurs une stratégie qu’emploient la qua­si-total­ité des enreg­istrements mod­ernes.

Le bilan des acquisitions de Fred

Comme Fred l’a détec­té, ces musiques sont fre­latées. Elles ne sont pas d’une qual­ité jus­ti­fi­ant un prix supérieur à celui des édi­tions d’entrée de gamme, ou de la musique de YouTube ou Spo­ti­fy.
Si toutes les musiques de cette plate­forme sont de ce niveau, l’abonnement n’est pas jus­ti­fié pour les enreg­istrements his­toriques du tan­go.
Pour la musique con­tem­po­raine, il se peut que la valeur ajoutée soit intéres­sante, car les sources sont effec­tive­ment de bonne qual­ité.
Les enreg­istrements actuels sont faits au moins en 24 bits (ou mieux 32 bits en vir­gule flot­tante) et 96, voire 192 kHz, ce qui per­met d’avoir un rap­port signal/bruit de 140 dB (en 24 bits et 1528 dB en 32 bits v.f.). Et de pou­voir restituer des fréquences jusqu’à 90 kHz (presque 5 fois plus aigus que ce que l’humain peut enten­dre). Ces enreg­istrements peu­vent intéress­er votre chien qui entend les ultra­sons…
Cette énorme marge de rap­port signal/bruit et de fréquences per­met en fait de tra­vailler plus con­fort­able­ment en stu­dio par la suite, pour le mix­age et la mas­téri­sa­tion. En revanche, cela n’a pas grand intérêt pour l’auditeur.
Dif­fuser des fréquences inaudi­bles pour­ra tout au plus détru­ire les tweet­ers des enceintes si elles ne dis­posent pas de bons fil­tres de coupure.
Avoir une plage dynamique de 140 dB sig­ni­fie que l’on pour­rait repro­duire le silence absolu et attein­dre le seuil de la douleur, de quoi don­ner des sen­sa­tions, mais pas de con­fort d’écoute, car, par moment, on n’entendrait rien et à d’autres on devrait se bouch­er les oreilles. Le plus fort écart de pres­sion sonore exis­tant sur terre est de 210 dB, les 1528 dB 32 bits à vir­gule flot­tante per­me­t­tent à un ingénieur du son d’enregistrer sans se souci­er du réglage du vol­ume (tolérance de plus de 700 dB en plus ou en moins…).
Pour les enreg­istrements his­toriques de tan­go qui ont une faible dynamique à cause du bruit de sur­face du disque et les lim­ites imposées par l’inertie de l’aiguille, un codage en 16 bits est très large­ment suff­isant.
D’ailleurs, la plu­part des musiques éditées actuelle­ment n’utilisent qu’une toute petite par­tie de la gamme dynamique autorisée par la tech­nique. En effet, elles sont com­pressées (ATTENTION, CE N’EST PAS LA COMPRESSION DU FICHIER), c’est-à-dire que la dynamique est écrasée. On relève le niveau des pas­sages pianos et on dimin­ue les for­tis­si­mos. Ain­si, on gagne en con­fort d’écoute en n’étant pas obligé de tout le temps manip­uler le bou­ton de vol­ume.
Pour la musique actuelle, tonique, on com­presse telle­ment la musique qu’elle est en fait qua­si­ment d’un bout à l’autre du titre au même vol­ume sonore. C’est l’autre extrême…

Trois autres exemples avec d’autres éditeurs

J’ai décidé de com­pléter ce petit panora­ma avec trois autres titres, dif­fusés par deux édi­teurs spé­cial­isés dans le tan­go. Je ne don­nerai pas non plus leur nom, même s’ils font plutôt de l’excellent tra­vail, on ver­ra qu’il y a quelques points à dis­cuter…

Quiero verte una vez más 1950-03-07 — Orquesta Osvaldo Pugliese con Alberto Morán – Format AIF – Éditeur spécialisé tango A

Ce fichi­er tient ses promess­es. C’est un for­mat numérique sans perte (AIF) et son débit est bien celui de la source, à savoir 705 kbit/s, ce qui cor­re­spond à un débit sat­is­faisant pour une source mono. Voyons son spec­tro­gramme.
On notera que le fichi­er est échan­til­lon­né à 64 kHz et 32 bits (vir­gule flot­tante), ce qui est une boîte net­te­ment supérieure à ce qui est néces­saire.

Ce fichi­er tient ses promess­es. C’est un fichi­er qui cor­re­spond à ce qui est annon­cé. On le voit tout de suite avec des fréquences qui mon­tent jusqu’à 17 kHz de façon exploitable et une lim­ite égale à la lim­ite théorique de 22 kHz.

On voit que les fréquences élevées con­tin­u­ent d’exister au-delà des 7500 des fichiers précé­dents. Toute l’amplitude de la musique est respec­tée, cette ver­sion a donc sa place dans une milon­ga de qual­ité.
Pour en juger, voici un exem­ple peu com­pressé, mais de courte durée et une ver­sion inté­grale dans une qual­ité réduite pour pou­voir être dif­fusée sur mon site.

Quiero verte una vez más 1950-03-07 — Orques­ta Osval­do Pugliese con Alber­to Morán (EXTRAIT)
Quiero verte una vez más 1950-03-07 — Orques­ta Osval­do Pugliese con Alber­to Morán (en entier, mais adap­té pour être accep­té par mon site).

Ce titre acheté chez cet édi­teur vaut donc la peine, dans la mesure où on a un fichi­er de bonne qual­ité. Le trans­fert depuis le disque orig­i­nal a été fait avec un disque en bon état avec rel­a­tive­ment peu de bruit de sur­face.
Cet édi­teur que j’ai appelé A est réputé sur le marché et c’est jus­ti­fié.

La noche que me esperes 1952-01-28 — Orquesta Osvaldo Pugliese con Alberto Morán – Format m4a (ALAC) – Éditeur spécialisé tango B

Ce que l’on remar­que chez cet édi­teur est que les fréquences hautes mon­tent à plus de 30 kHz. Cela indique que, même si le for­mat d’origine était à 320 kbit/s, le taux d’échantillonnage devait être élevé. En effet, le fichi­er est en 96 kHz et 32 bits vir­gule flot­tante.
On pour­rait penser à une triche, puisque le for­mat final a un débit 33 fois supérieur à celui de la source, mais je ne le dirai pas ain­si, car il s’agit plutôt d’un choix tech­nique. Je pense que le for­mat 320 kbit/s n’a été util­isé que pour les dernières étapes, une fois que les fichiers ont été opti­misés.
À ce stade, les 320 kbit/s sont large­ment suff­isants pour « con­tenir » toutes les infor­ma­tions musi­cales orig­i­nales. La petite menterie serait donc de gon­fler sans néces­sité, le fichi­er ven­du, plutôt que de livr­er directe­ment l’original qui était prob­a­ble­ment dans ce for­mat.
Cela étant, on peut juger de la qual­ité du trans­fert à l’écoute, même avec les lim­ites imposées par mon site.

La présence de fréquences supérieures à 30 kHz s’ex­plique par le choix d’une fréquence de 96 kHz qui per­met d’avoir des sons de plus de 40 kHz.

On ne jugera que de la gamme de fréquences inférieure à 20 kHz. On voit tout de suite qu’il y a de l’orange et donc un vol­ume suff­isant pour être bien enten­du. Cela se ressen­ti­ra à l’écoute.

La noche que me esperes 1952-01-28 — Orques­ta Osval­do Pugliese con Alber­to Morán (EXTRAIT)
La noche que me esperes 1952-01-28 — Orques­ta Osval­do Pugliese con Alber­to Morán (en entier, mais adap­té pour être accep­té par mon site).

En résumé, une musique de par­faite qual­ité qui don­nera (ou pas) sat­is­fac­tion en milon­ga. Je vous réserve une petite sur­prise en fin d’article sur le sujet.

Desvelo (De flor en flor) 1953-08-16 — Orquesta Osvaldo Pugliese con Alberto Morán – Format FLAC – Éditeur spécialisé tango B

Un autre exem­ple, chez le même édi­teur, au for­mat FLAC. Un for­mat libre des plus util­isés.
Les com­men­taires pour­raient être les mêmes que pour le titre précé­dent. Le change­ment de fla­con (ALAC, FLAC), ne change pas le goût du liq­uide (la musique).

Comme pour le titre précé­dent, une lim­ite des aigus très haute et des fréquences aiguës au-dessus des 15 kHz, gage d’un bon ren­du des tim­bres des instru­ments et de la voix.
Desvelo (De flor en flor) 1953-08-16 — Orques­ta Osval­do Pugliese con Alber­to Morán (EXTRAIT)
Desvelo (De flor en flor) 1953-08-16 — Orques­ta Osval­do Pugliese con Alber­to Morán (en entier, mais adap­té pour être accep­té par mon site).

Comme on peut en juger à l’écoute, on est devant une très belle ver­sion. Le pas­sage par une étape en 320 kbit/s n’a pas dénaturé la musique et ce titre est excel­lent.

Faut-il acheter de la musique Hi-Res pour le tango ?

Le principe d’une chaîne (comme la chaîne hi-fi) est que la qual­ité finale dépend du moins bon élé­ment.
Si vous avez une source for­mi­da­ble, un ampli de qual­ité et des haut-par­leurs minables, vous aurez un son minable.
Dans le cas du tan­go, les enreg­istrements his­toriques sont très en deçà des capac­ités des matériels mod­ernes.

Fréquences sonores et rapport signal/bruit :

Dynamique et vol­ume d’en­reg­istrement des dis­ques phonos selon Novotone.be. https://www.novotone.be/_site/projets/Projet06/Doc02.pdf (page 9).

Ces valeurs sig­ni­fient que toute la musique de l’âge d’or du tan­go béné­fi­cie au mieux d’un ren­du en fréquence com­pris entre 10 et 15 kHz et d’un rap­port sig­nal bruit de l’ordre de 60 dB.
Le for­mat Hi-Res peut attein­dre des valeurs de 32 bits (vir­gule flot­tante) et 192 kHz de fréquence d’échantillonnage. Cela sig­ni­fie que l’on est capa­ble d’enregistrer des musiques de 0 à 96 kHz et d’avoir un rap­port sig­nal bruit de 1528 dB.
Dit autrement, on peut enreg­istr­er une gamme de fréquences cinq fois plus large que celle du meilleur disque noir avec une gamme dynamique des mil­liards de fois plus grande (chaque 3 dB, la pres­sion sonore dou­ble).

Qualité de la musique en fonction du format

Si les for­mats CD et encore plus Hi-Res sur­passent énor­mé­ment les car­ac­téris­tiques des musiques de l’âge d’or, les for­mats com­pressés, comme le MP3 (ou le AAC) posent ques­tion.
En MP3 de nom­breux paramètres sont ajusta­bles. Voici quelques valeurs de resti­tu­tion pos­si­ble en fonc­tion de ces paramètres.
Pour mémoire, le fichi­er util­isé est Desvelo au for­mat FLAC qui fait 35 906 Ko.

On se rend compte que sur le papi­er, le for­mat MP3, jusqu’à 32 kHz et 16 bits con­vient pour repro­duire de la musique de tan­go de l’âge d’or. On notera que la taille de fichi­er ne change pas pour les grandes valeurs.

On remar­quera que les for­mats les plus per­for­mants ne pro­duisent pas de fichiers plus grands. C’est un résul­tat de la com­pres­sion. En effet, lorsque le fichi­er est com­pressé, on enlève toutes les infor­ma­tions jugées inutiles. La musique de tan­go com­por­tant peu d’aigus, peu d’amplitude de dynamique, la com­pres­sion est effi­cace.
La vue de ce tableau pour­rait donc laiss­er penser que les fichiers MP3 con­vi­en­nent par­faite­ment, mais est-ce le cas ?

Desvelo en image et son…

Comme je ne peux pas vous partager les fichiers en haute qual­ité sur ce site, je vous pro­pose de télécharg­er l’archive des fichiers dans les dif­férents for­mats.

Télécharg­er l’archive ZIP des fichiers audio. Vous devrez décom­press­er le fichi­er pour pou­voir écouter les morceaux. Ras­surez-vous, cette com­pres­sion n’abîme pas la musique. Vous aurez exacte­ment le son que j’ai sur mon ordi­na­teur…

Pour une meilleure com­para­i­son, utilisez un casque.

Fichi­er orig­i­nal au for­mat FLAC (96kHz-32 bits vir­gule flot­tante)
Fichi­er MP3 (48kHz-32 bits vir­gule flot­tante). On remar­que que la lim­ite est désor­mais à 20 kHz, ce qui est nor­mal, puisqu’on est passé à une fréquence d’échantillonnage de 48 kHz.
Fichi­er MP3 (48kHz-16 bits). Le pas­sage à 16 bits ne change absol­u­ment rien, car la musique orig­i­nale n’avait pas une dynamique supérieure à 90 dB.
Fichi­er MP3 (44kHz-24 bits) L’u­til­i­sa­tion d’une fréquence d’échantillonnage plus basse ne change qua­si­ment rien, car la musique ne com­porte pas de fréquences supérieures à 20 kHz.
Fichi­er MP3 (44kHz-16 bits) Comme pour la fréquence d’échan­til­lon­nage de 48 kHz, la dynamique réduite de ce morceau n’est pas impactée par la baisse de réso­lu­tion (débit).
Fichi­er MP3 (44kHz‑8 bits) Le pas­sage à 8 bits, en dimin­u­ant la dynamique rend la musique moins claire. Le spec­tro­gramme mon­tre que les hautes fréquences sont moins nettes. Le fond bleu est moins pro­fond.
Fichi­er MP3 (32000–16) On retrou­ve le fond bleu avec le rétab­lisse­ment d’une réso­lu­tion de 16 bits. La coupure à 15 kHz est très nette. C’est le résul­tat du pas­sage à une fréquence d’échan­til­lon­nage de 32 kHz. Ce n’est pas for­cé­ment trag­ique, car la plu­part des audi­teurs n’entendent pas les fréquences supérieures à 15 kHz.
Fichi­er MP3 (22000–16 bits) Le pas­sage à une fréquence d’échantillonnage à 22 kHz, lim­ite la bande pas­sante à 10 000 Hz. C’est tout à fait logique et là, la musique com­mence à être vrai­ment dénaturée. On réservera cette qual­ité à l’enregistrement de la parole.
Fichi­er MP3 (8000–8 bits) C’est le pire for­mat MP3 pos­si­ble. La fréquence d’échan­til­lon­nage à 8 kHz lim­ite la bande pas­sante à moins de 4 kHz. La lim­i­ta­tion de la réso­lu­tion écrase la dynamique. On voit l’aspect de la musique sur cette image et à l’é­coute, c’est tout aus­si hor­ri­fi­ant.

Pour ceux qui auront la flemme d’ouvrir tous les fichiers du fichi­er ZIP, je pro­pose le fichi­er mon­strueuse­ment dimin­ué, celui à 8kHz et 8 bits… Atten­tion, oreilles frag­iles, bien s’accrocher.

09 — Desvelo 8kHz et 8 bits. Red­outable, non ?

Alors, MP3 ou Hi-Res ?

Au vu de la plu­part des instal­la­tions de dif­fu­sion sonore dans les milon­gas, du MP3 à 44 kHz et 16 bits est suff­isant. Cela peut être le for­mat final. En revanche, ce for­mat n’est pas pos­si­ble si on doit inter­venir sur la musique (retouche). Car chaque fois qu’on enreg­istre un for­mat MP3, on refait une com­pres­sion destruc­tive, c’est-à-dire que l’on sup­prime à chaque fois des infor­ma­tions, c’est-à-dire des sons…
Il est donc préférable dans ce cas de par­tir de fichiers dans un for­mat sans perte, ce qui per­me­t­tra de le réen­reg­istr­er sans dimin­uer la qual­ité sonore du fichi­er. Le tout dernier enreg­istrement peut être en MP3 44kHz-16 bits (320 kbit/s). Je suis con­va­in­cu qu’aucun danseur s’en ren­dra compte, même si je n’utilise que de la musique Hi-Res, car il y a tout de même une légère dif­férence.
Le plus impor­tant est d’avoir une source de bonne qual­ité, sans réver­béra­tion, avec une dynamique et une plage de fréquence com­plètes. Ces sources sont très rares, mais on en trou­ve de plus en plus. Pour ma part, j’ai eu la chance de numéris­er énor­mé­ment de musique à par­tir des dis­ques, ce qui est bien sûr la meilleure solu­tion. Pour le reste, c’est un long tra­vail de sélec­tion, de restau­ra­tion pour obtenir un enreg­istrement meilleur que celui que j’avais avant.
C’est un peu déce­vant de faire tout ce tra­vail et de voir que des pseu­do­DJ utilisent des musiques venant de YouTube, Spo­ti­fy ou autres. Ces musiques médiocres trans­for­ment les oreilles des danseurs.

Pourquoi certains danseurs se plaignent-ils des musiques de qualité ?

Lors de la restau­ra­tion de la chapelle Six­tine, à Rome, ter­minée en 1994, il y a eu une lev­ée de boucliers pour dénon­cer ce qui était un « mas­sacre ».

Á gauche, la Chapelle Six­tine avant restau­ra­tion. À droite, après.

On remar­que facile­ment la dif­férence, comme on remar­que la dif­férence sonore entre un mau­vais MP3 et un bon fichi­er audio.
Lorsque la chapelle Six­tine a été dévoilée après la restau­ra­tion, il y a eu un tol­lé pour dénon­cer un mas­sacre. Les vis­i­teurs étaient habitués à un pla­fond noir­ci par des siè­cles de fumée de cierges et la pol­lu­tion urbaine. Retrou­ver les couleurs franch­es choquait cer­tains regards.
Pour être com­plet, la restau­ra­tion de la Six­tine a reçu des inter­ven­tions de divers­es qual­ités. En musique, les restau­ra­tions pro­duisent aus­si des dégâts qui ren­dent la musique désagréable à l’écoute.
Le net­toy­age du bruit du disque a fait dis­paraître cer­tains élé­ments de la musique, voire don­né un effet de baig­noire. Tout comme on ne s’improvise pas restau­ra­teur de fresques, on ne s’improvise pas restau­ra­teur de musique. Cela demande du temps, de la réflex­ion et des con­nais­sances, ce dont sem­blent man­quer cer­tains édi­teurs et, en par­ti­c­uli­er, ceux qui affichent fière­ment « Remas­tered » ou « Remas­ter­i­za­do ».
Mais revenons à la polémique sur la musique dans les milon­gas. La plu­part des DJ impro­visés, et qui sont mal­heureuse­ment les plus nom­breux, ont des musiques effroy­ables, sans con­traste, sans aigu. Comme les audi­teurs ont l’ouïe qui baisse avec l’âge et que la com­mu­nauté tanguera n’est pas de la pre­mière jeunesse, on finit par s’habituer à cette musique plate, sourde et sans con­traste, comme le pla­fond sale de la Six­tine.
Lorsqu’une musique riche en aigus et en bass­es arrive, cer­tains se sen­tent agressés, car ils n’y sont pas habitués. Les plus jeunes adorent, ain­si que les mélo­manes qui peu­vent retrou­ver la sub­til­ité de la musique.
Comme DJ, il faut savoir sac­ri­fi­er la qual­ité de sa musique, notam­ment lorsque le sys­tème de dif­fu­sion de la salle est médiocre. De plus en plus de sys­tèmes sont des­tinés à la musique de boite de nuit avec un ren­force­ment des graves et des aigus, avec des médi­ums peu présents. Cela ne se marie pas tou­jours bien avec la musique de tan­go, qui demande plutôt des instal­la­tions com­pa­ra­bles à celles de la musique clas­sique. Les vio­lons sur ces matériels mal adap­tés devi­en­nent cri­ards, les bass­es peu­vent aus­si gên­er.
Le pre­mier tra­vail du DJ est d’abord de véri­fi­er l’acoustique de la salle. Cela se fait a min­i­ma en dif­fu­sant un bruit rose et en véri­fi­ant dans la salle, à l’aide d’un analy­seur de spec­tre (ou à l’oreille si on n’est pas équipé), qu’il n’y a pas de réso­nance gênante. Si c’est le cas, on procède à une égal­i­sa­tion de base qui con­siste à obtenir un sig­nal aus­si plat que pos­si­ble pour toutes les fréquences.
Trop sou­vent, les organ­isa­teurs ne don­nent pas l’opportunité au DJ de faire ces réglages, notam­ment quand il y a un orchestre, ce dernier ayant ten­dance à trans­former sa bal­ance en répéti­tion et il faut atten­dre par­fois des heures avant d’avoir quelques min­utes pour faire ses réglages. Pour ma part, je souhaite être sur place au moins une heure avant pour avoir le temps de tout régler quand je ne con­nais pas le lieu.

Un cas extrême de sono déséquili­brée. Dans cette salle, il y avait aupar­a­vant un DJ “toutes dans­es”. Il m’a été impos­si­ble de faire les mesures dans la salle avant la milon­ga, car j’ai enchaîné directe­ment. Il m’a donc fal­lu mod­i­fi­er l’égalisation en direct dans des pro­por­tions incroy­ables, en gon­flant énor­mé­ment les bass­es et en bais­sant les aigus. En effet, le son était dif­fusé par des enceintes médi­ums aiguës, sans cais­son de basse. En pous­sant les bass­es, on intro­duit de la dis­tor­sion dans les haut-par­leurs qui ne sont pas adap­tés pour cela. Pour avoir un son cor­rect dans la salle, la seule solu­tion a été de couper les fréquences supérieures, en gros, trans­former de la musique de haute qual­ité, en mau­vais MP3. Un comble. Si j’avais eu la pos­si­bil­ité d’intervenir en amont sur la sono, j’aurais cer­taine­ment trou­vé com­ment régler le prob­lème avant la milon­ga.

Bon, c’était un peu tech­nique et je pense que je vais devoir faire des pages sup­plé­men­taires pour détailler cer­tains points.

À bien­tôt, les amis !