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Sueño imaginado 1932-01-05 — Orquesta Típica Los Provincianos con Carlos Lafuente. Dir. Ciriaco Ortiz

Cieto Minocchio Letra: Francisco Brancatti

C’est sym­pa de faire des rêves, mais par­fois le retour à la réal­ité est ter­ri­ble. C’est ce qui arrive au héros de cette mag­nifique valse, sans doute un peu trop rare dans les milon­gas. Ciri­a­co Ortiz, à la tête de l’orchestre Los Provin­cianos, l’a enreg­istrée, il y a exacte­ment 93 ans…

Sueño imag­i­na­do 1932-01-05 — Orques­ta Típi­ca Los Provin­cianos con Car­los Lafuente. Dir. Ciri­a­co Ortiz.

Dès le début on remar­que que le titre est conçu sous forme de ques­tions-répons­es. L’orchestre lance une ques­tion et un soliste donne la réponse.
Si les vio­lons avec Elvi­no Var­daro sont majori­taire­ment les solistes, les ban­donéons, dont celui de Ciri­a­co Ortiz et peut-être celui du jeune Aníbal Troi­lo ont égale­ment leurs répar­ties. Pour les danseurs, ces dia­logues sont très intéres­sants, car cela leur per­met de vari­er l’improvisation. La répéti­tiv­ité de la struc­ture per­met de pré­par­er une « réponse » au cas où les pre­miers dia­logues auraient été loupés dans l’improvisation.
Pour les danseurs moins avancés, les pre­miers temps de chaque mesure sont mar­qués par la con­tre­basse de Man­fre­do Lib­er­a­tore. C’est le Poum du Poum-Tchi-Tchi de la valse (Temps fort-Temps faible-Temps faible). On n’entend pas vrai­ment le piano, en revanche, on a l’impression qu’une caisse claire sonne les temps faibles.
C’est donc une valse facile pour les danseurs qui ont besoin d’un repère tem­porel bien mar­qué.
À 1:58, Car­los Lafuente chante le refrain. Sa voix peut un peu sur­pren­dre, mais, comme l’intervention est courte, cela ne devrait pas trop per­turber les danseurs. On remar­quera que l’orchestre fait la place au chanteur en l’accompagnant en sour­dine par un dis­cret Poum-Tchi-Tchi, ce qui per­met aux danseurs de garder le rythme.
On remar­quera la com­plex­ité modale de l’œuvre, avec de nom­breux change­ments de tonal­ité, ce qui peut par­fois don­ner une impres­sion de dis­so­nance si on reste sur l’élan de la tonal­ité précé­dente.

Il est dif­fi­cile d’authentifier les instru­men­tistes de l’orchestre, car les orchestres de la Vic­tor étaient à géométrie vari­able. Comme ces orchestres se lim­i­taient aux enreg­istrements, ils se con­stru­i­saient à chaque ses­sion avec des musi­ciens de pre­mier plan, disponibles.
On con­sid­ère générale­ment que les prin­ci­paux musi­ciens de Los Provin­cianos dirigés par Ciri­a­co Ortiz étaient :
Ciri­a­co Ortiz, Aníbal Troi­lo, Hora­cio Golli­no (ban­donéon­istes)
Orlan­do Cara­bel­li (pianiste)
Elvi­no Var­daro, Manuel Núñez, Anto­nio Rossi (vio­lonistes)
Man­fre­do Lib­er­a­tore (con­tre­bassiste)

Un des orchestres de la Vic­tor

Cette pho­to générale­ment légendée comme étant de Los Provin­cianos, sans doute à cause de la présence de Ciri­a­co Ortiz. Cepen­dant, Mer­cedes Simone n’est pas inter­v­enue dans cet orchestre. Il me sem­ble donc qu’il faut plutôt con­sid­ér­er que c’est une com­po­si­tion mixte, notam­ment avec l’orchestre Típi­ca Vic­tor de Cara­bel­li dont Ciri­a­co Ortiz était égale­ment mem­bre. On notera la présence du jeune Aníbal Troi­lo. Sur la droite, le vio­loniste Ben­jamín Hol­ga­do Bar­rio qui est à l’origine de la pre­mière scis­sion de l’orchestre de D’Agostino. Il récla­mait 17 pesos, pour lui et les autres mem­bres de l’orchestre, au lieu des 15 pesos qui étaient octroyés pour les enreg­istrements, et D’Agostino a viré tout l’orchestre, Var­gas com­pris. Celui-ci est revenu un peu plus tard, mais la magie fut un peu brisée.
Je pro­pose pour cette pho­to, la date du 13 août 1931, car c’est celle qui per­met de réu­nir le plus de pro­tag­o­nistes. Mer­cedes Simone a enreg­istré ce jour Cir­co criol­lo avec la Tipi­ca Vic­tor (Cara­bel­li). Sur cette pho­to, il manque Cara­bel­li et, Lesende, qui n’a jamais enreg­istré avec la Vic­tor est plutôt un intrus. En effet, il enreg­is­trait à l’époque avec deux com­pag­nies con­cur­rentes de la Vic­tor, la Brunswick (avec la Orques­ta Típi­ca Brunswick) et avec la Colum­bia (avec l’orchestre de Anto­nio Bonave­na).
Hora­cio Golli­no est générale­ment indiqué comme ayant fait par­tie des pre­miers ban­donéon­istes de Los Provin­cianos. Il était né le 5 févri­er 1911, il aurait donc eu qua­si 20 ans, ce qui sem­ble cor­re­spon­dre à l’âge du troisième ban­donéon­iste de la pho­to.
José María Otero, qui est tou­jours très bien doc­u­men­té, indique que ce serait en fait Toto (Juan Miguel Rodríguez). Si on observe la pho­to suiv­ante, représen­tant l’orchestre de Troi­lo en 1941, il sem­blerait que l’on puisse valid­er l’hypothèse de Toto.

De gauche à droite, en bas : David Díaz, Toto (Juan Miguel Rodríguez), Ani­bal Troi­lo, Eduar­do Mari­no et Hugo Bar­alis. À l’arrière : Pedro Sapoc­hnik, Orlan­do Goñi, Fran­cis­co Fiorenti­no, Kicho Díaz et Astor Piaz­zol­la (qui fit le forc­ing auprès de Troi­lo pour rem­plac­er Toto qui était malade). Hugo Bar­alis a appuyé sa can­di­da­ture…

Cepen­dant, selon Toto Tan­go qui est égale­ment une source de haute qual­ité, Toto serait né en 1919. Il aurait donc eu 12 ans si ma data­tion de la pho­to est bonne, ce qui sem­ble tout de même un peu jeune et ne cor­re­spond pas à l’image. Si on regarde l’âge prob­a­ble des dif­férents musi­ciens de la pre­mière pho­to, la date de 1931 est fort plau­si­ble ; Troi­lo fait vrai­ment jeune (il est né en 1914 et aurait donc 17 ans), sur la sec­onde, il a 27 ans, il sem­ble dif­fi­cile de con­sid­ér­er qu’il y a beau­coup moins de 10 ans entre les pho­tos.
Je pro­pose donc d’identifier Hora­cio Golli­no sur cette pho­to, ce qui nous per­me­t­tra d’avoir enfin un vis­age à met­tre sur ce musi­cien de grande qual­ité, qui ter­mi­na sa vie en don­nant des cours de musique sans pou­voir pra­ti­quer le ban­donéon à cause de la paralysie d’un de ses bras.

Paroles

Que sueño aquel tan hon­do y cru­el
Me vi en la glo­ria de tu pecho amante
Y a al instante todo se acabo
Fue mi Sueño imag­i­na­do
Nada más que un sop­lo de plac­er
Que se fumó y una ilusión hecha can­ción que se apagó
Cieto Minoc­chio Letra: Fran­cis­co Bran­cat­ti

Traduction libre

Quel rêve si pro­fond et cru­el.
Je me suis vu dans la gloire de ta poitrine aimante et, instan­ta­né­ment, tout fut ter­miné.
C’é­tait mon rêve imag­iné,
rien de plus qu’un souf­fle de plaisir
qui par­tit en fumée et une illu­sion faite chan­son qui s’éteignait.

Autres versions…

Il n’y a pas d’autre ver­sion enreg­istrée de cette valse, même si le titre a inspiré de nom­breux auteurs de tous types de musique. Je vous pro­pose donc de ter­min­er en réé­coutant cette valse.

Sueño imag­i­na­do 1932-01-05 — Orques­ta Típi­ca Los Provin­cianos con Car­los Lafuente. Dir. Ciri­a­co Ortiz. C’est notre valse du jour.

À bien­tôt, les amis. Faîtes de beaux rêves qui se réalis­eront.

Remerciements

Je prof­ite de la mod­i­fi­ca­tion sur l’anecdote sur Poe­ma liée au cadeau par André Vagnon de deux ver­sions très rares pour faire quelques remer­ciements.
L’aventure des anec­dotes de tan­go ini­tiée il y a un peu plus de six mois a béné­fi­ciée de l’aide de dif­férents col­lègues, de sites et de livres.
La petite pause tech­nique, un peu imposée pour les raisons déjà évo­quées, me donne l’occasion de don­ner quelques remer­ciements.
Les col­lègues TDJ Cami­lo Gat­i­ca, Gab­bo Frese­do, André Vagnon (Bible Tan­go) et Michael Sat­tler qui m’ont passé des musiques que je n’avais pas et Fred Alard qui par sa lec­ture atten­tive m’a fait amélior­er cer­tains arti­cles. Mer­ci à Gérard Car­don­net, Ani­ta et Philippe Con­stant qui m’ont égale­ment fourni des infor­ma­tions fort intéres­santes et qui ont égale­ment écrit d’intéressants com­men­taires.
Je dois égale­ment citer mon infati­ga­ble cor­recteur, Thier­ry Leco­quierre qui traque mes coquilles avec une effi­cac­ité red­outable.
Un grand mer­ci pour mes partageurs, qui chaque jour ont partagé mes anec­dotes sur leurs pro­fils, Tan­guy Tan­go est sur la pre­mière marche du podi­um.
Mer­ci à ceux qui met­tent de gen­tils com­men­taires, comme Angela Cas­san (pre­mière marche du podi­um dans cette caté­gorie) Jean-Philippe Kbcoo, Domi Lau­re,
Mer­ci aux 600 vis­i­teurs quo­ti­di­ens du site, même si cet afflux me pose des prob­lèmes avec la société qui héberge le site web et qui me dit que je devrais pren­dre un héberge­ment web plus cher pour éviter les coupures. “Util­i­sa­tion de l’UC et des con­nex­ions simul­tanées excè­dent régulière­ment les ressources disponibles, veuillez con­sid­érez (sic) l’évolution vers une gamme supérieure de for­mule d’hébergement, qui inclu­rait alors plus de ressources.”…
Mer­ci à tous ceux qui met­tent des J’aime sur les pub­li­ca­tions et notam­ment leur partage dans Face­book.
Mer­ci à tous ceux qui lisent, écoutent et me font de temps à autre un petit signe.
Mer­ci aux mer­veilleux DJ de Buenos Aires et qui sont ma référence.
Mer­ci à ceux qui me suiv­ent comme DJ égale­ment, ces anec­dotes sont indis­so­cia­bles de cette activ­ité. Mieux con­naître le réper­toire, c’est pou­voir offrir la bonne musique au bon moment.
Mer­ci à ceux qui m’ont lais­sé de gen­tils com­men­taires dans mon livre d’or.

Bref, mer­ci à tous (moins un qui se recon­naî­tra, même si comme je l’ai fait à divers­es repris­es, je lui tends la main pour faire la paix, ce qu’il a à chaque fois refusé, préférant con­tin­uer la guerre qu’il a ini­tiée).

Merci à mes principaux sites de référence :

Tango-dj.at La meilleure référence pour avoir les dates d’enregistrement et les auteurs des tan­gos.
TodoTango.com Une référence incon­tourn­able pour ceux qui s’intéressent au tan­go.
La Bible Tan­goUne autre référence, notam­ment pour le tan­go européen.
Milon­gaophe­lia Qui pro­pose de nom­breux arti­cles de fond, une belle icono­gra­phie et qui est très utile pour le tan­go à Paris au début du vingtième siè­cle.
Tan­gos al bar­do Le site pas­sion­nant et incon­tourn­able de José María Otero
Michael Lav­oc­ah,Pour être sincère, je n’ai lu qu’un arti­cle de son site, mais il me sem­ble être une impor­tante ressource. Je viens de recevoir son livre His­toire de tan­go qui est plutôt bien fait. Je vous le recom­mande.

Pour les livres, cela serait un peu long

J’en ai cité quelques-uns dans mes anec­dotes, mais impos­si­ble de tous les citer.
Je vous donne juste quelques petites per­les en atten­dant :

Mis memo­rias (1906–1956) Mis bodas de oro con el tan­go (Fran­cis­co Canaro). Un des plus intéres­sants, car auto­bi­ographique.
Osval­do Pugliese, une vida en el tan­go (Oscar del Pri­ore). Un peu court, mais bien doc­u­men­té.
Osval­do Pugliese, Tes­ti­mo­nios de mi vida (Beba Pugliese). Par la fille de Pugliese.
Osval­do Pugliese al Colón (Arturo M. Loz­za). Mer­ci à Denis Tor­res qui m’a fait par­venir une ver­sion PDF, plus facile à trim­baler que la ver­sion papi­er que j’utilisais. Un très bon ouvrage.
El tan­go en la sociedad porte­na 1880–1920 (Lamas Bin­da), qui a écrit beau­coup et dont je recom­mande la plu­part des écrits. De plus, il est spé­cial­iste des tan­gos de la vieille garde).
La his­to­ria del tan­go en Paris (Enrique Cadicamo).
Así nacieron los tan­gos (Fran­cis­co Gar­cía Jiménez).
Cien tan­gos fun­da­men­tales (Oscar del Pri­ore y Irene Amuchástegui).
El ori­gen del tan­go (Rober­to Sell­es).
Les livres de Felipe Pigna sur l’histoire argen­tine (Pas directe­ment lié au tan­go, mais comme ces derniers s’inscrivent dans l’histoire du pays, il faut un peu de cul­ture his­torique).
Et les nom­breuses discogra­phies et cat­a­logues de maisons d’édition qui per­me­t­tent de lever bien des doutes.

Encore un grand mer­ci à tous !

Mer­ci à tous !

La capilla blanca 1944-07-11 — Orquesta Carlos Di Sarli con Alberto Podestá

Carlos Di Sarli Letra : Héctor Marcó (Héctor Domingo Marcolongo)

Une grande par­tie des titres com­posés par Car­los Di Sar­li ont des paroles de Héc­tor Mar­có, comme Corazón (le pre­mier titre de leur col­lab­o­ra­tion), Porteño y bailarín, Nido gau­cho, Juan Porteño, En un beso la vida, Rosamel, Bien frap­pé, et la mer­veille d’aujourd’hui, La capil­la blan­ca, tran­scendée par la voix de Alber­to Podestá.

Héc­tor Mar­có écrira les paroles de ce tan­go à la suite d’une expéri­ence per­son­nelle. Car­los Di Sar­li le met­tra soigneuse­ment en musique, avec le temps néces­saire pour don­ner sa mesure à un sujet qui par­lait à sa sen­si­bil­ité. Di Sar­li n’était pas un com­pos­i­teur de l’instant, il savait pren­dre son temps…

Comme vous le décou­vrirez à la lec­ture des paroles si vous ne les con­naissiez pas, ce tan­go pour­rait être l’objet d’un fait divers, comme en rela­tent les jour­nal­istes, jour­nal­istes auquel ce tan­go est dédié.

”Existe un gremio que siem­pre pidió para los demás, y nun­ca para sí mis­mo. …Ese gremio, es el de los peri­odis­tas. Muy jus­to entonces que yo lo recuerde con car­iño y dedique a todos los peri­odis­tas de la Argenti­na, este tan­go”. Car­los Di Sar­li.

Dédi­cace inscrite sur la cou­ver­ture de la par­ti­tion éditée par Julio Korn.

« Il existe un syn­di­cat qui a tou­jours demandé pour les autres, et jamais pour lui-même… Ce syn­di­cat c’est celui des jour­nal­istes. C’est donc très juste que je m’en sou­vi­enne avec affec­tion et que je dédie ce tan­go à tous les jour­nal­istes argentins. » Car­los Di Sar­li.

Si vous souhaitez en savoir plus sur ce titre, je vous con­seille cet arti­cle de l’excellent blog Tan­go al Bar­do.

Extrait musical

La capil­la blan­ca 1944-07-11 — Orques­ta Car­los Di Sar­li con Alber­to Podestá.

Les propo­si­tions légères des vio­lons sont ponc­tuées de lourds accords du piano de Di Sar­li. La tonal­ité passe du mode majeur au mode mineur à divers­es repris­es, sug­gérant des émo­tions mêlées. À 1:20 la chaleureuse voix de Podestá reprend le motif des vio­lons. Le pas­sage au sec­ond thème est sig­nalé par un point d’orgue appuyé. Il déroule ensuite le début des paroles jusqu’à l’ultime note.

La capil­la blan­ca. À gauche, édi­tion Korn sur laque­lle on peut lire la dédi­cace aux jour­nal­istes. Au cen­tre et à droite, édi­tion brésili­enne de la Par­ti­tion. Le chanteur est Vic­tor Manuel Caser­ta. Je n’ai mal­heureuse­ment pas trou­vé d’interprétation enreg­istrée par lui. On notera qu’il est né à Buenos Aires de par­ents d’origine brésili­enne. Il fut égale­ment poète, mais pas auteur de textes de tan­go, à ma con­nais­sance.

Paroles

En la capil­la blan­ca
de un pueblo provin­ciano,
muy jun­to a un arroyue­lo de cristal,
me hin­ca­ban a rezar
tus manos…
Tus manos que encendían
mi corazón de niño.
Y al pie de un San­to Cristo,
las aguas del car­iño
me dabas de (a) beber.

Feliz nos vio la luna
bajar por la mon­taña,
sigu­ien­do las estrel­las,
bebi­en­do entre tus cabras,
un ánfo­ra de amor…
Y hoy son aves oscuras
esas tími­das cam­panas
que doblan a lo lejos
el toque de oración.
Tu voz murió en el río,
y en la capil­la blan­ca,
quedó un lugar vacío
¡Vacío como el alma
de los dos…!

En la capil­la blan­ca
de un pueblo provin­ciano,
muy jun­to a un arroyue­lo de cristal,
pre­sien­to sol­lozar
tus labios…
Y cuan­do con sus duen­des
la noche se despier­ta
al pie de San­to Cristo,
habrá una rosa muer­ta,
¡que rue­ga por los dos!

Car­los Di Sar­li Letra: Héc­tor Mar­có

Alber­to Podestá et Mario Pomar chantent seule­ment ce qui est en gras.

Traduction libre

Dans la chapelle blanche d’un vil­lage provin­cial, tout près d’un ruis­seau de cristal, tes mains m’ont age­nouil­lé pour prier…
Tes mains qui ont illu­miné mon cœur d’enfant.
Et au pied d’un Saint Christ, tu m’as don­né à boire les eaux de l’affection.
La lune nous a vus descen­dre heureux de la mon­tagne, suiv­ant les étoiles, buvant par­mi tes chèvres, une amphore d’amour…
Et aujourd’hui, ce sont des oiseaux obscurs, ces cloches timides qui son­nent au loin l’appel à la prière.
Ta voix s’est éteinte dans la riv­ière, et dans la chapelle blanche, une place vide a été lais­sée.
Vide comme l’âme des deux… !
Dans la chapelle blanche d’un vil­lage provin­cial, tout près d’un ruis­seau de cristal, je sens tes lèvres san­glot­er…
Et quand avec ses duen­des (sorte de gnomes, lutins de la mytholo­gie argen­tine) la nuit se réveillera au pied du Saint Christ, il y aura une rose morte,
Priez pour nous deux !

Comme vous l’aurez noté, les paroles ont une con­no­ta­tion religieuse mar­quée. C’est assez courant dans le tan­go, l’Argentine n’ayant pas la sépa­ra­tion de l’église et de l’état comme cela peut se faire en France et la reli­gion, les reli­gions sont beau­coup plus présentes. Par ailleurs, Di Sar­li était religieux et donc ce type de traite­ment du sujet n’était pas pour lui déplaire.

Autres versions

La capil­la blan­ca 1944-07-11 — Orques­ta Car­los Di Sar­li con Alber­to Podestá.

C’est notre tan­go du jour et prob­a­ble­ment la ver­sion de référence pour ce titre. Podes­ta ne chante que les pre­miers cou­plets.

La capil­la blan­ca 1953-06-26 — Orques­ta Car­los Di Sar­li con Mario Pomar (Mario Cor­rales).

J’aime beau­coup Mario Pomar. Cette ver­sion est suff­isam­ment dif­férente de celle de 1944 pour avoir tout son intérêt. Son tem­po est plus lent, plus majestueux. Je peux pass­er indif­férem­ment, selon les cir­con­stances, l’une ou l’autre de ces ver­sions.

La capil­la blan­ca 1973 — Rober­to Rufi­no.

Com­ment dire. Rufi­no qui a fait de si belles choses avec Di Sar­li aurait peut-être pu se dis­penser de cet enreg­istrement. Même pour l’écoute, je ne le trou­ve pas sat­is­faisant, mais je peux me tromper.

La capil­la blan­ca 1973 — Alber­to Podestá accomp. Orques­ta de Leopol­do Fed­eri­co.

La capil­la blan­ca 1973 — Alber­to Podestá accomp. Orques­ta de Leopol­do Fed­eri­co. Podestá enreg­istre de nou­veau son grand suc­cès. Ici, avec l’orchestre suave et dis­cret de Leopol­do Fed­eri­co.

La capil­la blan­ca 1986 — Alber­to Podestá accomp. Orques­ta de Alber­to Di Paulo. Encore Podestá.
La capil­la blan­ca 2000c — Alber­to Podestá accomp. Orques­ta de Leopol­do Fed­eri­co.

Podestá accom­pa­g­né par Fed­eri­co nous pro­pose une autre ver­sion encore plus lente.

La capil­la blan­ca 2008 (pub­li­ca­tion 2009-09) – José Lib­ertel­la (Pepe) con Adal­ber­to Per­az­zo.

Pepe Lib­ertel­la, le leader du Sex­te­to May­or pro­pose cette ver­sion de notre tan­go du jour. Adal­ber­to Per­az­zo chante tous les cou­plets, y com­pris la triste fin.

La capil­la blan­ca 2011 — Orques­ta Típi­ca Gente de Tan­go con Héc­tor Mora­no.
La capil­la blan­ca 2020-07-10 — Pablo Mon­tanel­li.

Dans son inter­pré­ta­tion au piano, Pablo Mon­tanel­li fait ressor­tir le rythme de habanera à la main gauche.

L’illustration de couverture

Une chapelle blanche au bord d’une riv­ière, ça ne se trou­ve pas si facile­ment.
J’ai pen­sé délir­er à par­tir de la créa­tion de Le Cor­busier, Notre dame du haut à Ron­champ.

Notre Dame du Haut à Ron­champ, archi­tecte Le Cor­busier. Le cours d’eau au pre­mier plan est bien sûr une créa­tion de ma part…

Pre­mier jet que je n’ai pas con­tin­ué, la chapelle aus­si mag­nifique soit elle ne me paraît pas pou­voir con­venir et je ne voy­ais pas com­ment l’intégrer avec une riv­ière qui aurait détru­it la pureté de ses lignes.

J’ai pen­sé ensuite à dif­férentes petites églis­es vues du côté de Salta ou Jujuy, comme l’église San José de Cachi dont j’adore le graphisme épuré.

Une pho­to brute, avant toute inter­ven­tion de la Igle­sia San José de Cachi.

Cette église a égale­ment les trois cloches, comme sur la par­ti­tion éditée par Julio Korn. Cepen­dant, cela fait trop église et pas assez chapelle. Trois cloches pour une chapelle, c’est trop, même si cela a peut-être été validé par Di Sar­li et Mar­có comme on l’a vu sur la par­ti­tion éditée par Jules Korn.
Je pense que j’aurais pu en faire un truc intéres­sant, type art déco ou autre styl­i­sa­tion.
Une autre can­di­date aurait pu être la chapelle mys­térieuse de Rio Blan­co. Elle est assez proche du Rio Rosario. Je vous la laisse décou­vrir en suiv­ant ce lien…
J’ai finale­ment opté pour l’image que j’ai choisie. Un paysage roman­tique, situé quelque part dans les Andes. Pourquoi les Andes, je ne sais pas. Sans doute que c’est, car il y a mes paysages préférés d’Argentine. Et puis le texte par­le de mon­tagne, alors, autant en choisir de belles…
La mon­tagne a été con­sti­tuée à par­tir d’éléments pris dans les Andes, dont le mer­veilleux pic de El Chal­ten, la mon­tagne qui fume. La chapelle est en fait un ermitage dédié à la Vir­gen de Fáti­ma en Asturies (Espagne). Ce n’est pas couleur locale, mais c’est la même église que José María Otero a util­isée pour son texte sur ce tan­go. Pour don­ner un effet roman­tique, l’eau est en pose longue et j’ai joué d’effets dans Pho­to­shop, pour la lumière et l’aspect vaporeux. Je trou­ve que le résul­tat, avec sa riv­ière meur­trière et ce con­tre-jour dévoilant des ombres inquié­tantes, exprime bien ce que je ressens à la lec­ture du texte de Héc­tor Mar­có.

La capil­la blan­ca, dans ce mon­tage, vous recon­naîtrez El Chal­ten, la mon­tagne qui fume, cet impres­sion­nant pic de la Patag­o­nie. La chapelle est en fait l’ermitage de la Vir­gen de Fáti­ma en Asturies (Espagne).

À demain, les amis.

El Ingeniero 1945-02-20 – Carlos di Sarli (Tango)

Orquesta Carlos Di Sarli

Ale­jan­dro Jun­nis­si (1930) Letra: Juan Manuel Guer­rera (2020)

Le tan­go du jour, El Inge­niero, est indu­bitable­ment asso­cié à Car­los Di Sar­li. C’est assez logique, car il est le seul à l’avoir enreg­istré à la belle époque du tan­go. Il a enreg­istré le titre à trois repris­es. En 1945, le 20 févri­er, le 22 juil­let 1952 et le 31 jan­vi­er 1955.
Le titre est assez clair et pour une fois, il ne s’agit pas d’un surnom, d’un mot d’argot (lun­far­do), mais bien de la fonc­tion, du méti­er d’ingénieur.
L’auteur de la musique, Ale­jan­dro Jun­nis­si, dédi­cace sa com­po­si­tion « a todos los inge­nieros egre­sa­dos de las uni­ver­si­dades argenti­nas » (À tous les ingénieurs diplômés des uni­ver­sités argen­tines). On retrou­ve dans cette dédi­cace, la fierté d’un âge d’or de l’Argentine, le début du vingtième siè­cle.
Cet âge d’or se dévoile dans l’architecture, mais aus­si par les créa­tions indus­trielles. À la fin des années 20, l’Argentine était con­sid­érée comme un impor­tant pays indus­triel.

L’ingénieur

Un des héros dis­crets de ce suc­cès est l’ingénieur que l’Argentine célèbre deux fois en juin, le 6 juin avec el Día del Inge­niero et indi­recte­ment le 16 juin avec el Día de la Inge­niería Argenti­na.
La pre­mière date est en sou­venir du pre­mier ingénieur civ­il d’Argentine, Luis Augus­to Huer­go, diplômé le 6 juin 1870.
Rien ne prou­ve que celui qui a inspiré Jun­nis­si soit Huer­go. Dis­ons que c’est le méti­er qui est illus­tré ici.

Un pays à bonne école

Les efforts con­sen­tis en matière d’éducation par l’Argentine qui devait accueil­lir et « argen­tinis­er » des mil­lions de migrants don­naient leurs fruits et bien­tôt l’Argentine dis­po­sait de nom­breuses uni­ver­sités, qui aujourd’hui encore restent pres­tigieuses.

Citons les Inge­nierías de Cór­do­ba y de La Pla­ta ou l’Escuela de Inge­nieros de Minas de San Juan.

Les pays étrangers, notam­ment européens, ont égale­ment investi en Argen­tine. Par exem­ple, lÉcole Cen­trale des Arts et Man­u­fac­tures de Paris qui a ouvert une école d’ingénieurs à Buenos Aires.

Ces nou­veaux ingénieurs ont per­mis le développe­ment du pays, des ponts, du chemin de fer, de l’architecture et la décou­verte de pét­role a accen­tué le développe­ment indus­triel du pays.

Les montagnes russes

L’essor indus­triel a été soutenu par une immi­gra­tion extrême­ment forte. La main‑d’œuvre était abon­dante et déjà con­cen­trée dans les villes, car les cam­pagnes apparte­naient à quelques pro­prié­taires ter­riens et n’offraient que peu de débouchés aux nou­veaux arrivants.
Cette con­cen­tra­tion explique aus­si les prob­lèmes poli­tiques récur­rents de l’Argentine, prob­lèmes don­nant lieu à des crises graves et des émeutes.
À peine écrit ce tan­go, en 1930 que, la même année, en sep­tem­bre, les mil­i­taires pre­naient le pou­voir en des­ti­tu­ant Hipól­i­to Yrigoyen. Ce prési­dent au dou­ble vis­age a assumé deux fois la prési­dence. Dou­ble vis­age, car il prône une Argen­tine aux mains des ouvri­ers, mais com­man­dite une répres­sion sanglante con­tre des grévistes, réal­isant par la même le pre­mier pogrom d’Amérique du Sud (Semaine trag­ique, du 7 au 14 jan­vi­er 1919).
Ceux qui suiv­ent l’actualité de l’Argentine con­stateront que les événe­ments actuels rap­pel­lent ceux des années passées, 2001, 1976, 1930, et autres.
Bon, j’ai un peu oublié mon ingénieur dans tout cela. Revenons donc à la musique.
Lorsqu’Alejandro Jun­nis­si écrit sa musique, l’Argentine est encore dans une péri­ode rel­a­tive­ment opti­miste, mal­gré les con­tre­coups de la crise de 1929.

L’ingénieur mérite son tan­go ; le voici.

Extrait musical

El Inge­niero 1945-02-20 — Car­los di Sar­li

La ver­sion est plus sèche, les vio­lons moins lyriques que dans les ver­sions des années 50. Même si Di Sar­li a con­tin­ué dans les années 50 à pro­pos­er du tan­go de danse, on sent dans cette évo­lu­tion la tran­si­tion que d’autres orchestres ont opéré de façon plus dras­tique.
Le Di Sar­li des années 50 est sou­vent le plus util­isé dans les milon­gas, car il tranche plus avec les autres orchestres de référence, les qua­tre piliers par son aspect plus roman­tique. Cela per­met de don­ner du con­traste à la milon­ga.
Vous pour­rez les enten­dre en fin d’ar­ti­cle.

Les paroles

Vous m’attendiez au tour­nant. Toutes les ver­sions enreg­istrées par de grands orchestres de tan­go sont instru­men­tales. Cepen­dant, il existe au moins une ver­sion des paroles que je repro­duis ici. Je n’imagine pas très bien le résul­tat, tant on est habitué à l’entendre avec les vio­lons de Di Sar­li.
D’une façon plus générale, de nom­breux tan­gos sont sans paroles, d’autres ont changé de paroles au cours du temps et cer­tains textes de tan­go n’ont pas encore trou­vé leurs musiques. Il reste du pain sur la planche pour les auteurs et com­pos­i­teurs…
Celui qui a écrit les paroles est Juan Manuel Guer­rera. Sa créa­tion est récente, 2020, soit 90 ans après la musique. Si vous enreg­istrez une ver­sion d’El Inge­niero avec les paroles, je vous promets de la plac­er ici et si elle est dans­able, je la dif­fuserai en milon­ga…

Y allá va el inge­niero
Por las calles del dolor
Cam­i­na solo
Llo­ran­do
Se va der­rum­ban­do
Es pura des­o­lación
Tan­to quiere
Olvi­dar
Que ha vivi­do sin quer­erlo para los demás
Que ha deja­do sus pasiones demasi­a­do atrás
Que ha olvi­da­do entre sus cuen­tas ani­marse a más
Tan­to quiere
Aban­donar
Un des­ti­no que sabe a nada
El que eligió
Y no cam­bió
Y allá va el inge­niero
Hun­di­do en la frus­tración
Su penar sue­na a nos­tal­gia
Con dejos de ban­doneón
Y allá va el inge­niero
Con su arte en un cajón
Aho­ra no jue­ga, no apues­ta
Sus miedos no enfrenta
Y gana su perdi­ción
“Soy un cobarde”
Se dice tarde
Y vuelve a reflex­ionar:
“No es bue­na elec­ción, la res­i­gnación
Renun­ciar a un sueño, es como morir
Sin res­olu­ción, no hay real­ización,
Sin un ide­al, tan triste es vivir”
Y encuen­tra en lo que siente
Respues­tas que su mente
Bus­ca­ba des­de siem­pre
Con cien­tí­fi­ca obsesión
Y allá va el inge­niero
Se le muere el corazón
Acom­pañan los vio­lines
Su dramáti­ca can­ción
Y allá va el inge­niero
Se desan­gra en su razón
Pierde su tiem­po, pen­san­do
En vez de arries­gan­do
Y entier­ra su vocación
Tan­to quiere
Regre­sar
A un pasa­do irre­me­di­a­ble que ha queda­do atrás
A un pre­sente esper­an­za­do que no volverá
A un futuro imag­i­na­do que ya no será
Tan­to quiere
Escapar
De su vida equiv­o­ca­da
La que él mis­mo eligió
Y, sin val­or, jamás cam­bió

Ale­jan­dro Jun­nis­si (1930) Letra: Juan Manuel Guer­rera (2020)

Autres enregistrements

Sig­nalons que le même jour, le 20 févri­er 1945, Di Sar­li enreg­istr­era avec Jorge Durán, Porteño y bailarín, un tan­go com­posé par Car­los Di Sar­li avec des paroles d’Héctor Mar­có. Ce titre enreg­istré sur la matrice 80553–1 sera pub­lié sur le même disque 60–0639, sur la face A et el Inge­niero, sur la face B. Ce dernier a été enreg­istré sur la matrice 80554–1.

Porteño y bailarín 1945-02-20 Car­los Di Sar­li con Jorge Durán (Car­los Di Sar­li Letra: Héc­tor Mar­có)

Les prin­ci­paux enreg­istrements d’El Inge­niero sont ceux de Di Sar­li. Il faut dire qu’il a mis la barre très haute et qu’il était dif­fi­cile de pro­pos­er des ver­sions sur­pas­sant les trois enreg­istrements du maître de Bahia Blan­ca.

El Inge­niero, 1945-02-20 — Car­los Di Sar­li
El Inge­niero 1952-07-22 — Car­los Di Sar­li
El Inge­niero 1955-01-31 — Car­los Di Sar­li

Pour ter­min­er, un enreg­istrement du 21e siè­cle. J’aime bien. Cepen­dant, il est peu prob­a­ble que je le pro­pose en milon­ga, car le manque de fran­chise dans la mar­ca­cion fait que les ver­sions orig­i­nales sont à mon avis préférables pour danser.

El Inge­nier­ro — Orques­ta Típi­ca de la Guardia Vie­ja 2002

Sources

José María Otero ; Ale­jan­dro Jun­nis­si ; Tan­gos al bar­do
https://tangosalbardo.blogspot.com/2016/08/alejandro-junnissi.html

Juan Manuel Guer­rera ; Letra para el tan­go ‘El inge­niero’
https://jmguerrera.medium.com/letra-para-el-tango-el-ingeniero-b8beb02152b8

Les autres sources con­sultées con­cer­nent surtout le développe­ment indus­triel de l’Argentine et son his­toire.

D’après les doc­u­ments de Chris­t­ian de Pescara ; Pio­nnier de l’aviation > Les Héli­cop­tères du mar­quis Pat­eras-Pescara (1890–1966) ; lat­i­tud-argenti­na
https://www.latitud-argentina.com/blog/pionnier-aviation-helicopteres-marquis-pateras-pescara

Bernar­do Kosacoff y Daniel Azpi­azu; La indus­tria argenti­na, desar­rol­lo y cam­bios estruc­turales
https://repositorio.cepal.org/server/api/core/bitstreams/fc7cb237-a9cd-4627–8634-b1e2d8d5502c/content#:~:text=La%20industrialización%20de%20la%20Argentina,industrial%20en%20ei%20escenario%20latinoamericano.

Peyrú Pablo y Ver­na Etcheber Rober­to;  La indus­tria y la Argenti­na; Mono­grafias
https://www.monografias.com/trabajos14/industarg/industarg

Juan Pablo Pekarek ; Engi­neers, between being archi­tects and entre­pre­neurs Con­struc­teurs from the École Cen­trale de Paris in Buenos Aires, 1890–1920
http://portal.amelica.org/ameli/journal/219/2193563002/

Sylvie Sure­da-Cagliani ; Chapitre II. Panora­ma de l’histoire de l’Argentine de 1930 à 1974 in Vic­times et bour­reaux dans le théâtre de Grisel­da Gam­baro ; Press­es uni­ver­si­taires de Per­pig­nan
http://books.openedition.org/pupvd/32217

Felipe Pigna ; Argen­tine — La Semaine trag­ique (7–14 jan­vi­er 1919) ; Alter­in­fos
https://www.alterinfos.org/spip.php?article6016

Décen­nie infâme ; Wikipedia
https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9cennie_inf%C3%A2me

Andrés H. Reg­giani, Hernán González Bol­lo ; Déna­tal­ité, «crise de la race» et poli­tiques démo­graphiques en Argen­tine (1920–1940) ; Vingtième Siè­cle. Revue d’histoire 2007/3 (n° 95), pages 29 à 44

El Ingien­ero