Archives par étiquette : Lami

Fruta prohibida 1930-08-05 — Orquesta Típica Brunswick dirigée par Juan Polito

B. Nortoni

Fru­ta, Fru­to, qui se frotte à ces deux mots, peut être éton­né. En fait, les deux ter­mes sont inter­change­ables en Argen­tine, sauf peut-être pour les botanistes. Dans la vie courante, on peut aller dans un mer­ca­do de fru­tos pour acheter des fru­tas ou l’inverse. Quoiqu’il en soit, vous vous deman­dez peut-être en quoi une scie peut avoir un rap­port avec un fruit défendu. Je vais vous le faire enten­dre, avec ce vieux tan­go, bien canyengue.

Extrait musical

Fru­ta pro­hibi­da 1930-08-05 — Orques­ta Típi­ca Brunswick dir. Juan Poli­to.

Pas besoin de l’écouter en entier pour iden­ti­fi­er qu’il cor­re­spond à ce que l’on appelle main­tenant le style canyengue. Un style que cer­tains con­tin­u­ent de pra­ti­quer, même à Buenos Aires, où on ne passe en général pas ce type de musique. Les afi­ciona­dos le font sur un Canaro ou un Lomu­to un peu plan-plan, par exem­ple, mais qui n’est pas du canyengue pur et dur comme on peut en enten­dre en Europe.
Vous remar­quez les sonorités un peu étranges de la scie musi­cale (ser­ru­cho) de 1:05 à 1:37. Je vous en dirai plus sur cet instru­ment en fin d’article.
Je ne sais pas qui en joue. Peut-être le frère de Juan Poli­to, Sal­vador. Il est vio­loniste (et paroli­er). Il est envis­age­able de réduire le pupitre des vio­lons pour y plac­er la scie musi­cale qui joue 30 sec­on­des.

Un peu plus d’incertitudes sur ce tango

Ce tan­go com­posé par B. Nor­toni est prob­a­ble­ment le seul de ce com­pos­i­teur qui nous soit par­venu sous forme de disque.
En revanche, j’ai trou­vé un tan­go du même titre, pub­lié à Madrid en 1927, mais attribué à d’autres auteurs.

La men­tion du tan­go Fru­ta pro­bibi­da dans le jour­nal espag­nol “El Debate” du 13 novem­bre 1927. En bas à gauche, la cou­ver­ture de la par­ti­tion.

Dans le jour­nal El Debate daté du 13 novem­bre 1927, on trou­ve la men­tion d’un tan­go de Enrique Bregel (1893–1981) et Samuel Her­rera (?-1985) appelé Fru­ta pro­hibi­da.
J’ai trou­vé la cou­ver­ture de la par­ti­tion sur laque­lle il y a une femme, peut être le fruit défendu ? Les paroles de Manuel Fei­joó (1904–1938) et Vin­cente Moro (?-1947) pour­raient nous aider à en savoir plus.
Pour savoir si la musique est la même que celle du tan­go attribué à B. Nor­toni, il faudrait pou­voir trou­ver un enreg­istrement ou la par­ti­tion. Je n’ai pas trou­vé d’enregistrement et mal­heureuse­ment, la par­ti­tion n’est pas con­sultable depuis Buenos Aires, seule­ment sur les ordi­na­teurs de la Bib­lio­thèque Nationale Espag­nole à Madrid.
“Esta obra es de acce­so restringi­do. Puede acced­er a ella en orde­nadores especí­fi­cos de las insta­la­ciones de la BNE / Restrict­ed access to this doc­u­ment. It is only avail­able on spe­cif­ic com­put­ers at BNE facil­i­ties.”
Ce ne serait pas la pre­mière fois qu’une œuvre espag­nole se retrou­ve sous la ban­nière argen­tine. B. Nor­toni a‑t-il signé trois ans plus tard, un tan­go écrit en Espagne ? Est-ce sim­ple­ment une coïn­ci­dence. Dif­fi­cile de le con­firmer sans accès à la par­ti­tion. Si quelqu’un de Madrid peut aller à la BNE pour obtenir cette par­ti­tion…

Une scie musicale

En français, une scie désigne égale­ment une œuvre un peu répéti­tive et peu ent­hou­si­as­mante. Mais la scie musi­cale est un instru­ment de musique.

À gauche, Mar­lene Diet­rich jouant da la scie musi­cale pour les sol­dats améri­cains. Dominique Pinon, à droite, joue de la scie musi­cale dans le film de Caro et Jeunet « Del­i­catessen » (1991). Au cen­tre, une scie musi­cale française de 1930.

La scie musi­cale est un instru­ment idio­phone, c’est-à-dire que le son est pro­duit par le matéri­au de l’instrument. L’instrument ressem­ble à une scie égoïne, sans les dents et avec une poignée plus grande, car elle est des­tinée à être main­tenue entre les cuiss­es. L’autre extrémité est main­tenue entre le pouce et l’index ou mieux main­tenue par une manette de flex­ion qui per­met de main­tenir la tor­sion de la lame avec moins d’effort.
On utilise un archet (de vio­lon, alto ou autre) pour met­tre en réso­nance la lame métallique.
Fran­cis­co Canaro a décou­vert cet instru­ment en France et a payé des cours à son petit frère, Rafael, pour qu’il com­plète la liste de ses instru­ments (con­tre­basse et gui­tare) par la scie musi­cale que les Argentins appel­lent ser­ru­cho (scie).
D’autres orchestres que ceux des Canaro l’ont util­isée, comme José Maria Luc­ch­esi, Eduar­do Bian­co et Bachicha (Juan Bautista Deam­bro­gio) et bien sûr, la Típi­ca Brunswick.

Autres versions

Il n’y a pas d’autres ver­sions, alors je vous pro­pose d’autres titres avec ser­ru­cho, par ordre chronologique…

El ser­ru­cho 1924 – Orques­ta Fran­cis­co Canaro.

Mal­gré le nom de l’œuvre, la scie musi­cale n’est pas mise en valeur. Elle est présente, mais n’a pas de par­tie en solo.

La sulami­ta 1924 (Shim­my) — Jazz Band Fran­cis­co Canaro.

Dans son Jazz Band, Canaro a aus­si inté­gré la scie musi­cale. Comme pour El ser­ru­cho, la présence est tout de même dis­crète.

Tai­ta 1926-11 — Orques­ta Bian­co-Bachicha.

On note l’arrivée de la scie musi­cale dès le début (6 sec­on­des).

Qua­si­mo­do 1928-01 — Orchestre Sud-Améri­cain José Maria Luc­ch­esi.

Un titre très orig­i­nal, La scie musi­cale entre en scène avec puis­sance à 1:06.

La cumpar­si­ta 1928-01-28 — Orques­ta Bian­co-Bachicha.

La scie musi­cale entre en scène à 2:09.

Fru­ta pro­hibi­da 1930-08-05 — Orques­ta Típi­ca Brunswick dir. Juan Poli­to. C’est notre tan­go du jour.
La cumpar­si­ta 1930-08-05 — Orques­ta Típi­ca Brunswick dir. Juan Poli­to.

Une cumpar­si­ta enreg­istrée le même jour que Fru­ta pro­hibi­da par Juan Poli­to et la Típi­ca Brunswick. Il faut pass­er l’impressionnante et très longue intro­duc­tion (1:15) pour entr­er dans l’œuvre. La scie musi­cale n’entre en fonc­tion qu’à 2:14 pour un bref solo.

Voilà, vous saurez main­tenant repér­er cet instru­ment orig­i­nal. Vous pou­vez aus­si vous reporter à l’anecdote du 24 avril 2024 sur Dan­zarín 1963–04-25pour d’autres infor­ma­tions sur des instru­ments plus rares.
À demain, les amis !

El bulín de la calle Ayacucho 1941-06-17 — Orquesta Aníbal Troilo con Francisco Fiorentino

José Servidio ; Luis Servidio Letra: Celedonio Esteban Flores

El bulín de la calle Ayacu­cho a été écrit en 1923 par deux amis d’enfance pour décrire leur vie de bohème, un style de vie courant chez les artistes et musi­ciens. En France, on a eu Chien-Cail­lou, sobri­quet don­né à Rodolphe Bres­din par ses amis et dont Champfleury s’inspira pour sa nou­velle, « Chien-cail­lou ». Nous avons vu hier le triste des­tin de Alfre­do Gob­bi, les his­toires de bulines, sont légion dans l’imaginaire tanguero. Intéres­sons-nous donc à celui de la rue Ayacu­cho…

Extrait musical

Par­ti­tion de El bulín de la calle Ayacu­cho.
El bulín de la calle Ayacu­cho 1941-06-17 — Orques­ta Aníbal Troi­lo con Fran­cis­co Fiorenti­no.

Même si on ne com­prend rien aux paroles, ce qui ne sera pas votre cas après avoir lu cette anec­dote, on ne peut qu’admirer ce chef‑d’œuvre dont la qual­ité tient avant tout à la sim­plic­ité, la flu­id­ité, l’harmonie entre la voix et la musique.
Le rythme est soutenu, la musique avance avec déci­sion, aucun danseur ne peut résis­ter à envahir la piste. Quand après une minute, Fiorenti­no com­mence à chanter, la magie aug­mente encore, les cordes et ban­donéons con­tin­u­ent de mar­quer la cadence, sans flanch­er et la voix de Fiore lie le tout avant de laiss­er la parole au piano et on se sur­prend à être sur­pris par l’arrivée de la fin, tant on aimerait que cela dure un peu plus longtemps.

Paroles

El bulín de la calle ayacu­cho,
Que en mis tiem­pos de rana alquil­a­ba,
El bulín que la bar­ra bus­ca­ba
Pa caer por la noche a tim­bear,
El bulín donde tan­tos mucha­chos,
En su racha de vida fulera,
Encon­traron mar­ro­co y catr­era
Rechi­fla­do, parece llo­rar.

El primus no me fal­la­ba
Con su car­ga de aguar­di­ente
Y habi­en­do agua caliente
El mate era allí señor.
No falta­ba la gui­tar­ra
Bien encor­da­da y lus­trosa
Ni el bacán de voz gan­gosa
Con berretín de can­tor.

El bulín de la calle Ayacu­cho
Ha queda­do mis­ton­go y fulero:
Ya no se oye el can­tor milonguero,
Engrupi­do, su musa entonar.
Y en el primus no bulle la pava
Que a la bar­ra con­tenta reunía
Y el bacán de la rante ale­gría
Está seco de tan­to llo­rar.

Cada cosa era un recuer­do
Que la vida me amar­ga­ba :
Por eso me la pasa­ba
Fulero, rante y tristón.

Los mucha­chos se cor­taron
Al verme tan afligi­do
Y yo me quedé en el nido
Empol­lan­do mi aflic­ción.

Cotor­ri­to mis­ton­go, tira­do
En el fon­do de aquel con­ven­til­lo,
Sin alfom­bras, sin lujo y sin bril­lo,
¡Cuán­tos días felices pasé,
Al calor del quer­er de una piba
Que fue mía, mimosa y sin­cer­al…
¡Y una noche de invier­no, fulera,
Has­ta el cielo de un vue­lo se fue!

José Ser­vidio ; Luis Ser­vidio Letra : Cele­do­nio Este­ban Flo­res

Fiorenti­no avec Troi­lo chante ce qui est en gras.
Fiorenti­no avec Bas­so chante ce qui est en bleu.
Rodol­fo Lesi­ca chante ce qui est en gras, plus le dernier cou­plet sur lequel il ter­mine.

Traduction libre et indications

Huile sur toile non signée. Une pava (sorte de bouil­loire) sur un réchauf­feur à alcool, Primus. Sur le plateau un mate (en cale­basse) et une bom­bil­la (paille ser­vant à aspir­er la bois­son). Dans l’assiette, la yer­ba (les feuilles broyées ser­vant à pré­par­er le mate). Tout le néces­saire pour le mate, en somme. En Argen­tine et pays voisins, le mate est aus­si une céré­monie ami­cale. Le mate passe de main en main, un seul pour toute l’assemblée.

La piaule (dans un con­ven­til­lo, habi­tat pop­u­laire, c’est une pièce où vivait, s’entassait, une famille. Cette pièce don­nait directe­ment sur un couloir qui lui don­nait du jour, le bulín n’ayant en général pas d’autre ouver­ture que la porte don­nant sur le couloir) de la rue Ayacu­cho, que je louais à l’époque (pour être pré­cis, son loge­ment était prêté par l’éditeur Jules Korn, pas loué…) où j’étais dans la dèche (rana, a plusieurs sens, astu­cieux, je pense que là il faut com­pren­dre les temps heureux de la démerde, pau­vre mais heureux), le bulín dans lequel la bande cher­chait à se réfugi­er (tomber, au sens de point de chute, abri) la nuit pour jouer (tim­bear, c’est jouer de l’argent en principe), le bulín où tant de mecs, dans leur ligne de vie (racha = suc­ces­sions de faits, bons ou mau­vais) quel­conque, trou­vaient mar­ro­co (pain) et litière. (chi­fla­do = cinglé, rechi­fla­do, plus que cinglé. Il faut com­pren­dre que le bulín était un lieu de folie), sem­ble pleur­er.
Le primus (réchauf­feur à alcool, voir illus­tra­tion ci-dessus) ne me fai­sait pas défaut avec sa pro­vi­sion d’alcool (aguar­di­ente est plutôt une eau-de-vie, mais je pense qu’ici on par­le du com­bustible du petit réchaud) fai­sait de l’eau chaude, le mate était roi là-bas (on dirait plutôt, ici, mais là-bas souligne que c’est loin dans le passé. J’ai traduit señor par roi, pour les Argentins pau­vres, le maté est par­fois la seule nour­ri­t­ure d’un repas. D’ailleurs, aujourd’hui avec la crise, beau­coup d’Argentins revi­en­nent à ce régime, encour­agé par le gou­verne­ment qui dit qu’un seul repars par jour suf­fit. Les plus pau­vres se fond du mate coci­do, le mate des enfants, car en infu­sion, cela demande moins de yer­ba, d’herbe à mate).
La gui­tare ne fai­sait pas défaut, bien accordée et lus­trée, ni l’important (bacán, il s’agit de l’auteur des paroles, Cele qui se tourne en déri­sion) à la voix à la voix nasil­larde avec la voca­tion de chanteur. (Berretín, nous l’avons vu est le loisir).
Le bulín de la rue Ayacu­cho est resté mis­érable et quel­conque :
Le chanteur milonguero pré­ten­tieux ne s’entend plus taquin­er sa muse en chan­tant.
Et sur le primus, la pava ne chauffe plus, elle qui réu­nis­sait la bande joyeuse et le bacán à la bohème (rante de ator­rante, clochard) allè­gre est sec de tant pleur­er.
Chaque chose était un sou­venir que la vie me rendait amer :
C’est pourquoi j’ai passé un bon moment, errant (quel­conque, clochard…) et triste.
Les copains se tirèrent quand ils me virent si affligé et je suis resté dans le nid à rumin­er mon afflic­tion.
Petite piaule mis­érable (cotor­ri­to est un syn­onyme de bulín), retirée au fond de ce con­ven­til­lo, sans tapis, sans luxe et sans éclat.
Com­bi­en de jours heureux j’ai passés, dans la chaleur de l’amour d’une fille qui était mienne, câline et sincère…
Et une nuit d’hiver, quel­conque, jusqu’au ciel d’un vol, s’en fut !

La censure

Cette his­toire de jeunes fauchés qui fai­saient de la musique dans une cham­bre en buvant du mate n’eut pas l’heur de plaire aux mil­i­taires qui avaient pris le pou­voir en 1943. De nom­breux tan­gos, comme nous l’avons déjà vu (ple­garia) ont été inter­dits, ou mod­i­fiés pour avoir des paroles plus respecta­bles. Ce fut le cas de celui-ci. Voici les paroles mod­i­fiées :

La version des paroles après censure

Mi cuar­ti­to feliz y coque­to
Que en la calle Ayacu­cho alquil­a­ba
mi cuar­ti­to feliz que alber­ga­ba
un romance sin­cero de amor
Mi cuar­ti­to feliz donde siem­pre
una mano cor­dial me tendía
y una lin­da cari­ta ponía
con bon­dad su son­risa mejor…

Ver­sion accep­tée par la cen­sure de la dic­tature mil­i­taire de 1943

Traduction de la version après censure

Ma petite cham­bre joyeuse et coquette que je louais dans la rue Ayacu­cho.
Ma petite cham­bre heureuse qui hébergeait une romance amoureuse sincère.
Ma petite cham­bre heureuse où tou­jours une main cor­diale se tendait.
Et un joli petit vis­age posait avec gen­til­lesse son meilleur sourire…
Il doit être dif­fi­cile de faire plus cucu. Les mil­i­taires sont de grands roman­tiques…

Les admin­is­tra­teurs de la SADAIC ont demandé une entre­vue au général Perón, nou­veau prési­dent pour faire tomber cette ridicule cen­sure sur les paroles de tan­go. Le 25 mars 1949, ce dernier qui dis­ait ne pas être au courant de cette cen­sure a don­né droit à leur requête. Les tan­gos pou­vaient désor­mais retrou­ver les paroles qu’ils souhaitaient.

El bulín de la calle Ayacu­cho 1925-12-27 — Car­los Gardel con acomp. de José Ricar­do. Cette pre­mière ver­sion a été enreg­istrée à Barcelone (Espagne).
El bulín de la calle Ayacu­cho 1926 — Car­los Gardel con acomp. de Guiller­mo Bar­bi­eri, José Ricar­do. Cette ver­sion a été enreg­istrée à Buenos Aires.
El bulín de la calle Ayacu­cho 1941-06-17 — Orques­ta Aníbal Troi­lo con Fran­cis­co Fiorenti­no. C’est notre tan­go du jour.
El bulín de la calle Ayacu­cho 1949-04-07 — Orques­ta José Bas­so con Fran­cis­co Fiorenti­no.

La presta­tion de l’orchestre est très dif­férente de celle de Troi­lo, sans doute un peu grandil­o­quente. On sent que Bas­so a voulu se mesur­er à Troi­lo, mais je trou­ve que ce qu’il a ajouté n’apporte rien au thème. Fiorenti­no chante tou­jours superbe­ment, cepen­dant l’orchestre se marie moins bien avec le chant. Il se met en retrait, ce qui met en avant la voix, il n’y a pas la même har­monie. FIorenti­no chante plus dans cette ver­sion.

El bulín de la calle Ayacu­cho 1951-07-17 — Orques­ta Héc­tor Varela con Rodol­fo Lesi­ca.

Un grand chanteur, peut-être un peu trop roman­tique et lisse pour ce titre. Je pense qu’on a du mal à accrocher.

El bulín de la calle Ayacu­cho 1956 — Arman­do Pon­tier con Julio Sosa.

Une superbe ver­sion en vivo. Dom­mage que ce soit un enreg­istrement de piètre qual­ité, réal­isé lors des Car­navales de Huracán de 1956. Julio Sosa chante toutes les paroles (un peu en désor­dre).

El bulín de la calle Ayacu­cho 1961-09-08 — Jorge Vidal con acomp. de gui­tar­ras, cel­lo y con­tra­ba­jo.

Le vio­lon­celle qui débute et accom­pa­gne Vidal tout au long est l’autre vedette de ce titre. On souhait­erait presque avoir une ver­sion pure­ment instru­men­tale pour mieux l’écouter. On retrou­ve la tra­di­tion de Gardel, pour un tan­go à écouter, mais pas à danser.

Edmun­do Rivero l’a égale­ment inter­prété. En voici une ver­sion avec vidéo. La ver­sion disque est de 1967.

Edmun­do Rivero chante El bulín de la calle Ayacu­cho
El bulín de la calle Ayacu­cho 2018-02 — Tan­go Bar­do con Osval­do Pere­do.

Cette ver­sion a sans doute peu de chance de con­va­in­cre les danseurs. Il con­vient toute­fois d’encourager les orchestres con­tem­po­rains à faire revivre les grands titres.

El bulín de la calle Ayacucho

Ce con­ven­til­lo et la cham­bre étaient situés au 1443 de la rue Ayacu­cho.

Calle Ayacu­cho 1443. L’immeuble n’existe plus. On notera tout de même sur l’immeuble de droite, le beau bas-relief et à gauche, une autre mai­son anci­enne.

Comment José Servidio décrit la chambre de Cele, celle qui lui a inspiré, ce titre

En 1923 com­puse « El bulín de la calle Ayacu­cho ». Gardel lo grabó en ese mis­mo año. Yo vivía entonces en Aguirre 1061, donde aún vive mi famil­ia. Cele­do­nio me tra­jo al café A.B.C. la letra ya hecha. Era para la pri­mav­era de 1923.
Nosotros éramos ami­gos des­de la infan­cia, él vivía en la calle Velaz­co entre Mal­abia y Can­ning. Com­puse el tan­go en un par de días, en el ban­doneón. La primera frase me sal­ió ensegui­da. El bulín de la calle Ayacu­cho exis­tió real­mente. Qued­a­ba en Ayacu­cho 1443. El dueño del bulín era Julio Korn, que se lo prestó a Cele­do­nio Flo­res. 
Era una piecita en la que ni los ratones falta­ban. Con­cur­rentes infalta­bles a las reuniones de todos los viernes, eran Juan Fulgini­ti, el can­tor Mar­ti­no, el can­tor Pagani­ni (del dúo Pagani­ni-Cia­cia); Nun­zi­at­ta, tam­bién can­tor, del dúo Cicarel­li-Nun­zi­at­ta; el fla­co Sola, can­tor, gui­tar­rista y gar­gan­ta priv­i­le­gia­da para la caña; yo, en fin…
Cia­cia, que forma­ba dúo con Pagani­ni, era el que cocin­a­ba siem­pre un buen puchero. En el bulín, del bar­rio de Reco­le­ta, había una sartén y una moro­chi­ta.
Se toma­ba mate, se char­la­ba. Como le decía, has­ta algún ratón merode­a­ba por allí. Las reuniones en el bulín de la calle Ayacu­cho duraron más o menos has­ta fines de 1921. Cuan­do Cele se puso de novio ter­mi­naron. Ya han muer­to casi todos los que nos reuníamos allí.
El tan­go lo editó un mae­stro de escuela, de apel­li­do Lami, que puso edi­to­r­i­al en Paraguay al 4200. Después se fal­si­ficó la edi­ción. El bulín de la calle Ayacu­cho lo estrenó el dúo Torel­li-Man­dari­no, en el teatro Soleil. Canataro acom­paña­ba con su gui­tar­ra al dúo.

José Gob­el­lo et Jorge Alber­to Bossio. Tan­gos, letras y letris­tas tomo 1. Pages 82 à 89.

Traduction libre du témoignage de José Servidio et indications.

En 1923, j’ai com­posé « El bulín de la calle Ayacu­cho ». Gardel l’a enreg­istré la même année. Je vivais à l’époque au 1061 de la rue Aguirre, où ma famille vit tou­jours. Cele­do­nio m’a apporté les paroles déjà écrites au café ABC. C’était pour le print­emps 1923.
Nous nous étions amis depuis l’enfance. Lui vivait rue Velaz­co entre Mal­abia et Can­ning (aujourd’hui Scal­ib­ri­ni Ortiz).
J’ai com­posé la musique en une paire de jours. Le bulín exis­tait réelle­ment dans la rue Ayacu­cho au 1443. Le pro­prié­taire en était Julio Korn (édi­teur de musique dont nous avons déjà par­lé au sujet des suc­cès de la radio en 1937), qui le prê­tait à Cele­do­nio Flo­res.
C’était une petite pièce dans laque­lle même les souris ne man­quaient pas.
Les par­tic­i­pants inévita­bles aux réu­nions tous les ven­dredis étaient Juan Fulgini­ti, le chanteur Mar­ti­no, le chanteur Pagani­ni (du duo Pagani­ni-Cia­cia) ; Nun­zi­at­ta, égale­ment chanteur (du duo Cicarel­li-Nun­zi­at­ta) ; le Fla­co Sola (fla­co = mai­gre), chanteur, gui­tariste et gosier priv­ilégié pour la cuite (caña, ivresse) ; Moi, enfin…
Cia­cia pré­parait tou­jours un ragoût. Dans le bulín, il y avait une poêle et une moro­chi­ta (mar­mite pat­inée).
On pre­nait le mate et on bavar­dait.
Comme je le dis­ais, même une souris rôdait dans les par­ages.
Les réu­nions dans le bulín de la rue Ayacu­cho ont duré plus ou moins jusqu’à la fin de 1921. Quand Cele (Cele­do­nio Este­ban Flo­res) s’est fiancé, ça s’est arrêté.
Presque tous ceux d’entre nous qui se sont ren­con­trés là-bas sont déjà morts.
Le tan­go a été édité par un maître d’école, nom­mé Lami, qui a créé une mai­son d’édition rue Paraguay au 4200. Plus tard, l’édition a été fal­si­fiée. Le bulín de la calle Ayacu­cho a été créé par le duo Torel­li-Man­dari­no, au Teatro Soleil. Canataro a accom­pa­g­né le duo avec sa gui­tare.
On notera que le nar­ra­teur est le com­pos­i­teur. Son frère, Luis, sem­ble avoir eu un rôle mineur dans cette com­po­si­tion. Ils avaient l’habitude de cosign­er, mais les par­tic­i­pa­tions étaient vari­ables selon les œuvres.

El bulín de la calle Ayacu­cho. J’avoue m’être inspiré de Van Gogh, mais il y a plusieurs dif­férences. Il n’y a pas de fenêtre, c’est un bulín, pas une cham­bre à Arles. Il y a une gui­tare et un pava sur le primus, prête pour le mate. Un petit change­ment dans les cadres pour per­son­nalis­er l’intérieur de la cham­brette de Cele dont on peut voir le por­trait dans le cadre en haut à droite.
Les calques util­isés pour créer cette image.

Cornetín 1943-03-05 Orquesta Carlos Di Sarli con Roberto Rufino

Pedro Maffia Letra : Homero Manzi ; Cátulo Castillo

Le tan­go du jour, Cor­netín, évoque le cor­net autre­fois util­isé par les « con­duc­tors» del tran­vía a motor de san­gre (les chargés de clien­tèle des tramways à moteur de sang, c’est-à-dire à trac­tion ani­male). Il a été enreg­istré il y a exacte­ment 81 ans.

Éléments d’histoire du tranvía, le tramway de Buenos Aires)

Les pre­miers tramways étaient donc à trac­tion ani­male. Vous aurez noté que les Argentins dis­ent à moteur de sang pour ce qui est trac­tion humaine et ani­male. Cela peut paraître étrange, mais quand on pense au prix que payaient les chevaux qui tiraient les tran­vías de Buenos Aires, l’expression est assez par­lante.

Tran­vías a motor de san­gre en la Boca (Puente Puyrre­don)

En effet, à Buenos Aires, les chevaux étaient dure­ment exploités et avaient une durée d’utilisation d’environ deux ans avant d’être hors d’usage con­tre une dizaine d’années en Europe, région où le cheval coû­tait cher et était donc un peu plus préservé.
Nous avons déjà vu les cale­si­tas qui étaient ani­mées par un cheval, jusqu’à ce que ce soit inter­dit, tout comme, il n’y a que très peu d’années, les car­toneros de Buenos Aires n’aient plus le droit d’utiliser des chevaux. L’ironie de l’histoire est que l’arrêt de l’utilisation des chevaux a été édic­té pour éviter la cru­auté envers les ani­maux, mais main­tenant, ce sont des hommes qui tirent les char­rettes de ce qu’ils ont récupéré dans les poubelles.
Dans la Province de Buenos Aires, le pas­sage de la trac­tion ani­male à la trac­tion élec­trique s’est fait autour de 1915, sauf pour quelques com­pag­nies résis­tantes à ce change­ment et qui ont con­tin­ué jusqu’à la fin des années 20.
Il faut aus­si not­er que la réti­cence des pas­sagers à la trac­tion élec­trique, avec la peur d’être élec­tro­cuté, est aus­si allée dans ce sens. Il faut dire que les étin­celles et le tin­te­ment des roues de métal sur les rails pou­vaient paraître inquié­tants. Je me sou­viens que quand j’étais gamin, j’aimais regarder le con­duc­teur du métro, fasciné par les nuées d’étincelles qui explo­saient dans son habita­cle. Je me sou­viens égale­ment d’un con­duc­teur qui don­nait des coups avec une bat­te en bois sur je ne sais quel équipement élec­trique, situé à la gauche de la cab­ine. C’était le temps des voitures de métro en bois, elles avaient leur charme.

Retour au cornetín

Celui qui tenait le cor­netín, c’est le con­duc­tor. Atten­tion, il n’est pas celui qui mène l’attelage ou qui con­duit les tramways élec­triques, c’est celui qui s’occupe des pas­sagers. Le nom peut effec­tive­ment porter à con­fu­sion. Le con­duc­teur, c’est le may­oral que l’on retrou­ve égale­ment, héros de dif­férents tan­gos que je présen­terai en fin d’article.
Le cor­netín ser­vait à la com­mu­ni­ca­tion entre le may­oral (à l’avant) et le con­duc­tor à l’arrière). Le pre­mier avait une cloche pour indi­quer qu’il allait don­ner le départ et le sec­ond un cor­net qui ser­vait à aver­tir le con­duc­teur qu’il devait s’arrêter à la suite d’un prob­lème de pas­sager. Le con­duc­teur abu­sait par­fois de son instru­ment pour présen­ter ses hom­mages à de jolies pas­santes.
C’est l’histoire de ce tan­go.

Extrait musical

Cor­netín 1943-03-05 — Orques­ta Car­los Di Sar­li con Rober­to Rufi­no

Les paroles

Tarí, Tarí.
Lo apelan Roque Barul­lo
con­duc­tor del Nacional.

Con su tramway, sin cuar­ta ni cinchón,
sabe cruzar el bar­rancón de Cuyo (al sur).
El cor­netín, col­ga­do de un piolín,
y en el ojal un medal­lón de yuyo.

Tarí, tarí.
y el cuer­no lis­to al arrul­lo
si hay per­cal en un zaguán.

Calá, que lin­da está la moza,
calá, bar­rien­do la vere­da,
Mirá, mirá que bien le que­da,
mirá, la pol­leri­ta rosa.
Frená, que va a subir la vie­ja,
frená porque se que­ja,
si está en movimien­to.
Calá, calá que sopla el vien­to,
calá, calá calami­dad.

Tarí, tarí,
tro­ta la yun­ta,
palo­mas cha­pale­an­do en el bar­ri­al.

Talán, tilín,
resue­na el cam­panín
del may­oral
pican­do en son de bro­ma
y el con­duc­tor
cas­ti­ga sin parar
para pasar
sin papelón la loma
Tarí, tarí,
que a lo mejor se le aso­ma,
cualquier moza de un por­tal

Qué lin­da esta la moza,
bar­rien­do la vere­da,
mirá que bien le que­da,
la pol­leri­ta rosa.
Frená, que va a subir la vie­ja,
Frená porque se que­ja
si está en movimien­to,
calá, calá que sopla el vien­to,
calá, calá calami­dad.

Tarí, Tarí.
Con­duce Roque Barul­lo
de la línea Nacional.

Pedro Maf­fia Letra : Home­ro Manzi ; Cátu­lo Castil­lo

Par­mi les détails amu­sants :

On notera le nom du con­duc­teur du tran­vía, Barul­lo, qui en lun­far­do veut dire bagar­reur. Encore un tan­go qui fait le por­trait d’un com­padri­to d’opérette. Celui-ci fait ralen­tir le tran­vía pour faciliter la mon­tée d’une anci­enne ou d’une belle ou tout sim­ple­ment admir­er une serveuse sur le trot­toir.

Le Tarí, Tarí, ou Tará, Tarí est bien sûr le son du cor­netín.

“sabe cruzar el bar­rancón de Cuyo” – El bar­rancón de Cuyo est un ravin, comme si le tran­vía allait s’y ris­quer. Cela a dû paraître extrav­a­gant, car dans cer­taines ver­sions, c’est tout sim­ple­ment rem­placé par el sur (dans le même sens que le Sur de la chan­son de ce nom qui est d’ailleurs écrite par le même Home­ro Manzi. D’ailleurs la ligne “nacionale” pou­vait s’adresser à celle de Lacroze qui allait effec­tive­ment dans le sud.

Tangos sur le tranvía

Cornetín (le thème du jour de Pedro Maffia Letra : Homero Manzi; Cátulo Castillo)

El cor­netín (Cor­netín) 1942-12-29 — Orques­ta Fran­cis­co Canaro con Car­los Roldán.

C’est le pre­mier de la série à être enreg­istré.

Cor­netín 1943-03-05 — Orques­ta Car­los Di Sar­li con Rober­to Rufi­no. C’est le tan­go du jour.

Cor­netín 1943-04-05 — Lib­er­tad Lamar­que con orques­ta dirigi­da por Mario Mau­ra­no.

Cor­netín 1943-04-05 — Lib­er­tad Lamar­que con orques­ta dirigi­da por Mario Mau­ra­no.

Cette chan­son a été enreg­istrée un mois, jour pour jour, après la ver­sion de Di Sar­li. Cette ver­sion, plutôt chan­son est tout de même dan­sée dans le film Eclipse de sol de Luis Saslavsky d’après un scé­nario d’Homero Manzi tiré de l’œuvre d’Enrique Gar­cía Vel­loso. Le film est sor­ti le 1er juil­let 1943.
Cet extrait nous per­met de voir com­ment était organ­isé un tran­vía a motor de san­gre, avec son may­oral à l’avant, con­duisant les chevaux et son con­duc­tor, à l’arrière, armé de son cor­netín.

Cor­netín 1950-07-28 Nel­ly Omar con el con­jun­to de gui­tar­ras de Rober­to Grela.

Après une courte intro sur un rythme à trois temps, Nel­ly Omar chante sur un rythme d’habanera. Le résul­tat est très sym­pa, l’équilibre entre la voix de Nel­ly et la gui­tare de Rober­to Grela et ses fior­i­t­ures est agréable.

  • Je vous dis­pense de la ver­sion de De Ange­lis de 1976…

Autres titres parlant du tranvía

El cochero del tran­vía 1908 Los Gob­bi (Alfre­do Gob­bi y Flo­ra Gob­bi) — Ángel Gre­go­rio Vil­lol­do (MyL).

Le son est pénible à écouter, c’est un des tout pre­miers enreg­istrements et c’est plus un dia­logue qu’une chan­son. C’est pour l’intérêt his­torique, je ne vous en voudrai pas si vous ne l’écoutez pas en entier.

El cor­netín del tran­vía 1938-06-09 – Orques­ta Fran­cis­co Lomu­to con Jorge Omar / Anto­nio Oscar Arona Letra : Arman­do Tagi­ni. Une belle ver­sion de ce titre.
El may­oral 1946-04-24 (milon­ga can­dombe) — Orques­ta Domin­go Fed­eri­co con Oscar Larroca.mp 3/José Vázquez Vigo Letra: Joaquín Gómez Bas.

Au début, les annonces du départ et le adios final, vrai­ment théâ­tral. Sans doute pas le meilleur de Laroc­ca.

El may­oral del tran­vía (milon­ga) 1946-04-26 Orques­ta Alfre­do De Ange­lis con Julio Mar­tel / Fran­cis­co Laino; Car­los Mayel (MyL)
Milon­ga del may­oral 1953 — Orques­ta Aníbal Troi­lo con Jorge Casal y Raúl Berón arrange­ments d’Astor Piazzolla/Aníbal Troi­lo Letra: Cátu­lo Castil­lo

Un tango qui est plus une nostalgie de l’époque des tranvías

En effet, les tran­vías ont ter­miné leur car­rière à Buenos Aires en 1962, soit env­i­ron un siè­cle après le début de l’aventure.

Tiem­po de tran­vías 1981-07-01 Orques­ta Osval­do Pugliese con Abel Cór­do­ba / Raúl Miguel Garel­lo Letra : Héc­tor Negro.

Un truc qui peut plaire à cer­tains, mais qui n’a aucune chance de pass­er dans une de mes milon­gas. L’intro de 20 sec­on­des, sif­flée, est assez orig­i­nale. On croirait du Mor­ri­cone, mais dans le cas présent, c’est un tran­vía, pas un train qui passe.

Tiem­po de tran­vías 2012 — Nel­son Pino accom­pa­g­ne­ment musi­cal Quin­te­to Nés­tor Vaz / Raúl Miguel Garel­lo Letra : Héc­tor Negro.

Petits plus

« Los cocheros y may­orales ebrios, en ser­vi­cio, serán cas­ti­ga­dos con una mul­ta de cin­co pesos mon­e­da nacional, que se hará efec­ti­va por medio de la empre­sa ». Les cochers et con­duc­teurs (plus tard, on dira les

On appelle sou­vent les colec­tivos de Buenos Aires « Bondis ». Ce nom vient du nom brésilien des tramways, « Bonde ». Sans doute une autre preuve de la nos­tal­gie du tran­vía per­du.

Quelques sources

Tran­vías a motor de san­gre en la Boca (Puente Puyrre­don)
Un des pre­miers tramways élec­triques à avoir une grille pour sauver les pié­tons qui seraient per­cutés par le tramway. Cette grille pou­vait se relever à l’aide d’une chaîne dont l’ex­trémité est dans la cab­ine de con­duite.
Motor­man lev­ant la rejil­la 1948 (Doc­u­ment Archives générales de la nation Argen­tine)

5 Coches del Tran­vía eléc­tri­co de la calle Las Heras, doble pisos.

Coches del Tran­vía eléc­tri­co de la calle Las Heras, doble pisos.
Recon­sti­tu­tion du tran­vía du film “Eclipse de sol”, car il n’ap­pa­rait pas en entier dans le film, car la scène est trop petite.
À l’époque de notre tan­go (ici en 1938, donc 3 ans avant), c’est ce type de tramway qui cir­cule. on com­prend la nos­tal­gie des temps anciens.
Traf­ic com­pliqué sur la Plaza de Mayo en 1934. À l’arrière-plan, les colonnes de la cathé­drale. Trois tran­vías élec­triques essayent de se fray­er un pas­sage. On remar­que la grille des­tinée à éviter aux pié­tons de pass­er sous le tramway en cas de col­li­sion.