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Me vuelves loco (You’re driving me crazy) 1931-11-02 (Fox-Trot) — Orquesta Adolfo Carabelli con Alberto Gómez (Nico)

Walter Donaldson Letra: Francisco Antonio Lío

En Europe, il y a une éton­nante cou­tume qui con­siste à danser la milon­ga sur n’importe quel rythme ; Chamame, pol­ka et même fox-trot. Il est prob­a­ble que cette cou­tume vient d’une mécon­nais­sance par cer­tains DJ de la var­iété des orchestres de tan­go qui pour beau­coup ont enreg­istrée, out­re des tan­gos (valses et milon­gas), des titres de Jazz (par exem­ple des fox-trot). De toute bonne foi, ils ont pro­posé ces airs, pen­sant qu’il s’agissait de milon­gas. Comme les danseurs n’étaient pas très fam­i­liers avec le rythme de la milon­ga, ils ont rebon­di sur la propo­si­tion et, désor­mais, c’est devenu une habi­tude bien ancrée que de danser ces dans­es dans un sim­u­lacre de milon­ga.
Cela dit, le fox-trot est une superbe musique, ludique et joyeuse, et il serait dom­mage de s’en pass­er. Alors, même si vous la dansez en « milon­ga », le prin­ci­pal est de se faire plaisir.
Le plus con­nu des fox-trots util­isés comme milon­ga est sans doute La cole­giala de Rodriguez, notam­ment la ver­sion du 23 mars 1938. Notre fox-trot du jour est moins con­nu, mais assez sym­pa­thique, comme vous allez pou­voir en juger. Je ne dis pas qu’il fera une milon­ga for­mi­da­ble, mais assuré­ment un excel­lent fox-trot…

Extrait musical

Me vuelves loco (You’re dri­ving me crazy) 1931-11-02 (Fox-Trot) — Orques­ta Adol­fo Cara­bel­li con Alber­to Gómez (Nico).
Par­ti­tion de Me vuelves loco des édi­tions Julio Korn à gauche et de You’re dri­ving me crazy (What did I do?) à droite des édi­tions Fran­cis Day & Hunter.

Paroles

Pour une fois, je ne vais pas explor­er les paroles, car chaque ver­sion est dif­férente et je vais donc présen­ter seule­ment quelques extraits.
Pour com­mencer, le titre d’origine.

Paroles en anglais

You’re Dri­ving Me Crazy (What Did I Do?)

You left me sad and lone­ly
Why did you leave me lone­ly
For here’s a heart that’s only
For nobody but you
I’m burn­ing like a flame, dear
Oh, I’ll nev­er be the same, dear
I’ll always place the blame, dear
On nobody but you
Yes, you, you’re dri­ving me crazy
What did I do? What did I do?
My tears for you make every­thing hazy
Cloud­ing the skies of blue
How true were the friends who were near me
To cheer me, believe me, they knew
But you were the kind who would hurt me
Desert me when I need­ed you
Yes, you, you’re dri­ving me crazy
What did I do to you
Wal­ter Don­ald­son

Traduction libre de la version originale en anglais

Tu m’as lais­sé triste et seul
Pourquoi m’as-tu lais­sé seul
Car voici un cœur qui n’est
Pour per­son­ne d’autre que vous
Je brûle comme une flamme, ma chère
Oh, je ne serai plus jamais le même, ma chère
Je met­trai tou­jours le blâme, ma chère
Sur per­son­ne d’autre que vous
Oui, toi, tu me rends fou
Qu’est-ce que j’ai fait ? Qu’est-ce que j’ai fait ?
Mes larmes pour toi ren­dent tout brumeux
Met­tant des nuages dans le ciel bleu
Comme les amis qui étaient près de moi étaient sincères
Pour m’en­cour­ager, crois-moi, ils savaient
Mais tu étais du genre à me faire du mal
Tu m’abandonnas quand j’avais besoin de toi
Oui, toi, tu me rends fou
Qu’est-ce que je t’ai fait ?

Quelques extraits des différentes versions en espagnol

Les paroles de Fran­cis­co Anto­nio Lío ont été, comme tou­jours, util­isées en par­tie par les orchestres. N’ayant pas trou­vé de ver­sion imprimée, je vous pro­pose des bribes extraites des dif­férentes ver­sions.

Me vuelves loco nena, con tus capri­chos vanos.
Tienes que ser más bue­na para mi corazón. […]
Bien sabes que te quiero y en cam­bio tú, queri­da _ me das dolor. Todo mi afán, es amarte con loco _ con fe y devo­ción. […]
Loco de tan­to ado­rarte nena, ya estoy por ti. […]
Por ti estoy trastor­na­do y no hay razón para sufrir
Por tu des­dén tan­tas desven­turas hay dime que si mi amor el car­iño que yo te pro­fe­so es dicha y pasión
Mi afán es amarte con loco embe­le­so y devo­ción
Loco de tan­to ado­rarte nena ya estoy por ti.

Wal­ter Don­ald­son Letra: Fran­cis­co Anto­nio Lío

Traduction libre des extraits en espagnol

Tu me rends fou, bébé, avec tes vains caprices.
Tu devrais être plus gen­tille avec mon cœur.
Tu sais bien que je t’aime et en revanche, toi, chère °°°°°°°°, tu me donnes de la peine.
Tout mon empresse­ment est de t’aimer avec une folle °°°°°°°°, avec foi et dévo­tion.
Fou de t’ador­er autant bébé, je le suis déjà pour toi.
Pour toi je suis dérangé et il n’y a pas de rai­son de souf­frir.
Par ton dédain il y a tant de mal­heurs dis-moi que si mon amour, l’af­fec­tion que je pro­fesse pour toi est joie et pas­sion.
Mon empresse­ment est de t’aimer avec un fou ravisse­ment et de la dévo­tion.
Fou de tant t’ador­er bébé, je le suis déjà pour toi.

°°°°°°°° indique des mots que je n’ai pas iden­ti­fiés.

Autres versions

En 1930 Wal­ter Don­ald­son com­pose et écrit les paroles de You’re dri­ving me crazy qui sera dan­sé et inter­prété par Fred et Adèle Astaire dans la comédie musi­cale « Smiles ».
Le titre est un suc­cès et est repris par dif­férents artistes. D’abord en anglais, puis, dans d’autres pays, comme l’Argentine. Voici quelques-unes des très nom­breuses ver­sions de ce fox-trot qui est con­nu sous dif­férents noms, tra­duc­tion plus ou moins approx­i­ma­tive de You’re dri­ving me crazy.

Fred et Adele (sa sœur aînée) Astaire dans « Smiles » Pho­to de Hal Phyfe (1930). C’est en effet dans cette comédie musi­cale de Flo­renz Ziegfeld Jr. que le titre est devenu célèbre.
You’re dri­ving me crazy 1930 — The New York Twelve.
You’re dri­ving me crazy (What did I do) 1930 — Lee Morse.

What did I do qui est répété trois fois dans la ver­sion anglaise est devenu le sous-titre de l’œuvre.

You’re dri­ving me crazy! 1930-12-23 — Louis Arm­strong and His Sebas­t­ian New Cot­ton Club Orches­tra avec Les Hite’s Orches­tra.

L’enregistrement a été réal­isé à Los Ange­les le 23 décem­bre 1930 en réu­nis­sant l’orchestre de Louis Arm­strong et celui de Les Hite. Jugez de la qual­ité des musi­ciens qui com­posent ce grand orchestre de jazz.
Ban­jo : Bill Perkins
Basse : Joe Bai­ley
Per­cus­sion : Lionel Hamp­ton
Gui­tare : Bill Perkins
Piano : Jim­mie Prince
Direc­tion de l’orchestre et sax­o­phone alto et bary­ton : Les Hite
Sax­o­phone alto : Mar­vin John­son
Sax­o­phone Tenor: Char­lie Jones
Trom­bone : Luther “Son­ny” Craven
Trompette : George Oren­dorf
Trompette : Harold Scott
Trompette et chant : Louis Arm­strong

You’re dri­ving me crazy de Luis Arm­strong enreg­istré à Los Ange­les, 23 Décem­bre 1930. Édi­tion anglaise chez Par­lophone.

En 1931, le titre qui est un suc­cès en Argen­tine, est enreg­istré par dif­férents orchestres, avec des paroles de Fran­cis­co Anto­nio Lío.

Me vuelves loco (You’re dri­ving me crazy) 1931-11-02 — Orques­ta Adol­fo Cara­bel­li con Alber­to Gómez (Nico). C’est notre Fox­trot du jour.
Me estas enlo­que­cien­do 1931-11-17 — Osval­do Frese­do con Car­los Viván.
Me vuelves loco (You’re dri­ving me crazy) 1931-11-21 — Orques­ta Fran­cis­co Canaro con Char­lo.
Me vuelves loco 1931-11-21 — Orques­ta Fran­cis­co Canaro con Char­lo (qui n’est pas men­tion­né sur le disque…)
Me estás enlo­que­cien­do 1932 — Sex­te­to Car­los Di Sar­li con Mer­cedes Carné.

Même Di Sar­li a enreg­istré des fox-trots…

Me vuelves loco — Fran­cis­co Canaro et Aldo Mai­et­ti.

Aldo Mai­et­ti est le représen­tant du tan­go ital­ien. Il est venu à Buenos Aires et il était ami avec Canaro. Cet enreg­istrement de 1932 les réu­nit pour une ver­sion instru­men­tale.

Aldo Mai­et­ti surnom­mé El rey del tan­go ital­iano a com­posé plusieurs cen­taines de tan­gos qui ont été inter­prétés, par exem­ple, par l’orchestre de Orchestre Piero Trom­bet­ta. Par­mi ses com­po­si­tions, on peut citer, Alma porteña (à ne pas con­fon­dre avec le tan­go de même nom com­posé par Vicente Gre­co avec des paroles de Julián Porteño et encore moins avec la milon­ga de Anto­nio Poli­to avec des paroles de Fran­cis­co Laino, Ami­co tan­go, Canaria, Lagri­mas per­di­das et Tris­teza en la pam­pa.

Par­mi ses com­po­si­tions, on peut citer, Alma porteña (à ne pas con­fon­dre avec le tan­go de même nom com­posé par Vicente Gre­co avec des paroles de Julián Porteño et encore moins avec la milon­ga de Anto­nio Poli­to avec des paroles de Fran­cis­co Laino, Ami­co tan­go, Canaria, Lagri­mas per­di­das et Tris­teza en la pam­pa.

Le jazz

En Argen­tine, le jazz a ren­con­tré égale­ment du suc­cès, même si l’explosion du tan­go l’a estom­pé.
Dans les bals, il y avait sou­vent deux orchestres. Un pour le tan­go et un pour le jazz. Cer­tains chefs d’orchestre ont décidé de se lancer dans les domaines, comme Cara­bel­li, Canaro, Frese­do, Rodriguez et bien d’autres.

El Mun­do du dimanche 1er octo­bre de 1944. On voit que, pour presque tous les événe­ments, en plus de l’orchestre de tan­go (entouré), il y a le nom d’un sec­ond orchestre, un orchestre de jazz.

Les années folles ont don­né nais­sance au jazz et au tan­go, gen­res qui trou­veront leur plein développe­ment dans les années 30–40.
Le fox-trot est une danse de cou­ple. Con­traire­ment au tan­go, il y a peu d’improvisation et les déplace­ments sont cod­i­fiés. Cela pour­rait ren­dre la danse un peu monot­o­ne, mais la musique est si entraî­nante et joueuse que l’on ne s’ennuie pas en le dansant.
Voici un exem­ple, un peu atyp­ique, mais d’époque. Il s’agit d’un extrait du court-métrage sué­dois Tan­go-Fox­trot de 1930. On y voit deux danseurs, Bri­ta Appel­gren et Mis­ter Alber­to le danser avec la musique de Helge Lind­berg et son orchestre (Helge Lindberg’s Poly­fonorkester). Le chanteur est Steinar Jøraand­stad.
C’est un des nom­breux témoignages de l’universalité des musiques, en Amérique et Europe.

Extrait du court-métrage sué­dois Tan­go-Fox­trot de 1930. On y voit deux danseurs, Bri­ta Appel­gren et Mis­ter Alber­to, le danser avec la musique de Helge Lind­berg et son orchestre (Helge Lindberg’s Poly­fonorkester). Le chanteur est Steinar Jøraand­stad.

La prochaine fois que vous enten­drez un fox-trot dans un bal, peut-être aurez-vous envie de le danser en fox-trot…
À bien­tôt, les amis.

Lisón 1944-04-11 — Orquesta Rodolfo Biagi con Alberto Amor

José Ranieri Letra : Julián Centeya

Lison est un prénom à la mode depuis la fin du vingtième siè­cle. Il y a donc à pari­er que dans la nou­velle généra­tion de danseuses de tan­go, nous allons avoir prochaine­ment des Lison. Ce tan­go sera donc utile pour met­tre en valeur une de ces danseuses. Les Lisón des années 40 étaient ces grisettes qui avaient quit­té la France pour venir par­ticiper au «rêve» argentin.

Les auteurs

José Ranieri

José Ranieri (José Ranieri Mag­a­rot­ti) est égale­ment con­nu sous les pseu­do­nymes de Pir­u­la et Rudy Grant. Ne pas le con­fon­dre avec José Ranieri Vir­do, flûtiste et trompet­tiste de Canaro.
Le José Ranieri du jour est né à Buenos Aires le 20 décem­bre 1911 et décédé le 9 novem­bre 1972 (je ne sais pas où).
Il était ban­donéon­iste, trompet­tiste et com­pos­i­teur.

José Ranieri compositeur de tango et de jazz

Par­mi ses com­po­si­tions (tan­gos et jazz), citons :
A los mucha­chos (Pa’ los mucha­chos), Cantares de ori­ente, Dibu­jos, La negra quiere bailar, La novia del mar, Lisón, Muñe­qui­ta de París, Noches blan­cas, Oh ! Ma chérie, Pa’ los mucha­chos, Que no sep­an las estrel­las, Que te cuente mi vio­lín, Sólo una novia, Te quiero todavía.

José Ranieri trompettiste

Comme trompet­tiste, c’est un scoop, car je n’ai trou­vé nulle part la men­tion qu’il était trompet­tiste. Je répare donc cette lacune…

Me vuelves loco (You’re dri­ving me crazy) 1931-11-02 – Orques­ta Adol­fo Cara­bel­li con Alber­to Gómez (Nico).

Vous avez cer­taine­ment déjà enten­du ce Fox-trot, car cer­tains DJ de tan­go le passent comme milon­ga… Il y a deux trompettes, celle d’Ignacio Ver­rot­ti et celle de José Ranieri.

Cantares de ori­ente 1931-03-26 — Adol­fo Cara­bel­li Jazz Band con Fran­cis­co Don­ald­son. Un autre fox-trot où il inter­vient à la trompette avec Ver­rot­ti. Il en est égale­ment le com­pos­i­teur.
Oh ! Ma chérie 1932-03 — Orques­ta Adol­fo Cara­bel­li, dont il est aus­si le com­pos­i­teur.

Noches Blan­cas — Elio Riet­ti y su Jazz Band.

Là, il y a trois trompettes, celle de Gae­tano Ochip­in­ti s’est rajoutée aux deux autres. Ranieri a égale­ment com­posé ce titre. Je vous le donne à écouter. Mais dif­fi­cile de dire laque­lle des trompettes est la sienne.

José Ranieri bandonéoniste

Curieuse­ment, si aucun site ne par­le de Ranieri comme flûtiste ou trompet­tiste, tous dis­ent qu’il était ban­donéon­iste, mais impos­si­ble de le trou­ver men­tion­né.
J’en suis donc réduit à des hypothès­es.
Le 26 mars 1931, Cara­bel­li enreg­istre deux titres. Cantares de ori­ente et Por qué?, un tan­go d’Osvaldo Frese­do et Emilio Augus­to Oscar Frese­do pour les paroles. Le chanteur est le même que pour Cantares de ori­ente et ce titre n’utilise pas la trompette. Est-il exagéré de sug­gér­er que Ranieri pour­rait avoir joué du ban­donéon, puisque ce serait son instru­ment prin­ci­pal dans cet orchestre ? Je n’ai aucune preuve de cela, mais je garde l’idée sous le coude, d’autant plus que durant cette péri­ode Cara­bel­li a enreg­istré divers Paso Dobles ou Fox-trots con­join­te­ment à des tan­gos.
Dernière hypothèse, existe-t-il un lien de par­en­té entre les deux José Ranieri ? Mag­a­rot­ti pour­rait être le nom de la femme de son père et Vir­do, celui de la femme de son grand-père pater­nel. Pas facile d’avoir des infor­ma­tions sur des instru­men­tistes dis­crets, plus d’un siè­cle après les faits (pas trou­vé dans les sites de généalo­gie).

Julián Centeya (Amleto Enrico Vergiati)

Julián Centeya est un poète et auteur de paroles de tan­go. Vous l’avez tous enten­du au début de Café Dominguez de Ángel D’Agostino. C’est lui qui dit le réc­i­tatif « Café Dominguez de la vie­ja calle Cor­ri­entes que ya no que­da… ».
Il a mis les paroles sur le tan­go du jour, Lisón, notre tan­go du jour, mais aus­si sur Pa’ los mucha­chos (que l’on con­naît chan­té par Rober­to Rufi­no avec l’orchestre de Car­los Di Sar­li ou par Ángel Var­gas et son orchestre dirigé par Eduar­do Del Piano).
On lui doit aus­si les paroles de :
Claudinette, avec la musique de Enrique Pedro Delfi­no.
Este cuore, avec la musique de Daniel Melin­go.
Felici­ta, avec la musique de Hugo del Car­ril.
Julián Centeya, avec la musique de José Canet (on n’est jamais si bien servi que par soi-même).
La vi lle­gar, avec la musique de Enrique Franci­ni.
Lisón, avec la musique de Ranieri (notre tan­go du jour).
Llu­via de abril, avec la musique de Enrique Franci­ni.
Más allá de mi ren­cor, avec la musique de Lucio Demare.

Extrait musical

Avec tous ces pro­pos lim­i­naires, vous pen­siez que nous n’y arriverons pas. Mais voici le tan­go du jour…

Lisón 1944-04-11 – Orques­ta Rodol­fo Bia­gi con Alber­to Amor.

Ce tan­go est assez rarement passé en milon­ga. Je pense que c’est en par­tie à cause de ses faux départs et de ses arrêts intem­pes­tifs. En effet, le rythme de la musique est cassé à de nom­breuses repris­es. Ce n’est pas for­cé­ment très agréable pour la danse.

Les paroles

Lisón
Tu amor quedó en mi corazón.
Lisón, dulce Lisón.
Y fue
La melodía de tu voz
Sen­tí triste can­ción.
Lisón
Eran tus manos blan­cas
Y yo soña­ba con la luna
Vida mía.
En un
Romance azul de juven­tud
Lisón, dulce Lisón.

Mucha­chi­ta de ojos negros
La can­ción
Del buen amor.
En la som­bra de los muelles
Es invier­no cru­el y llueve,
Pasa el vien­to que te nom­bra,
Y yo sueño entre las som­bras
Que te lla­ma, corazón
Con este amor.

José Ranieri Letra: Julián Centeya

Traduction libre et indications

Lison
Ton amour est resté dans mon cœur.
Lison, douce Lison.
Et c’était la mélodie de ta voix, que je sen­tais être une triste chan­son.
Lison
C’étaient tes mains blanch­es, et j’ai rêvé de la lune, ma vie.
Dans une romance bleue de jeunesse Lison, douce Lison.

Fille aux yeux noirs, la chan­son du bon amour.
Dans l’ombre des quais c’est l’hiver cru­el et il pleut, le vent qui te nomme passe, et je rêve dans l’ombre, qu’il t’appelle, cœur, avec cet amour.

Autres versions

Ce titre n’a pas eu un énorme suc­cès, il n’a été enreg­istré que deux fois, en 1944.

Lisón 1944-04-11 – Orques­ta Rodol­fo Bia­gi con Alber­to Amor. C’est notre tan­go du jour
Lisón 1944-10-04 — Orques­ta Fran­cis­co Lomu­to con Alber­to Rivera.

Cette ver­sion est beau­coup plus liée. Les paus­es sont mieux annon­cées et si la ver­sion est plutôt moins énergique, elle peut con­venir à une tan­da de retour au calme, après une tan­da de milon­ga par exem­ple. La voix plus rare d’Alberto Rivera n’est pas désagréable et la musique est sym­pa­thique, elle reste dans­able, même si ce n’est pas un des 50 titres indis­pens­ables sur l’île déserte.

Qui était Lisón ?

Lison était un prénom courant en France au début du vingtième siè­cle, voire un surnom courant. La jeune femme aux yeux noirs de la chan­son est donc prob­a­ble­ment une de ces grisettes qui effec­tu­aient des travaux domes­tiques ou peu­plaient les maisons clos­es de l’époque, comme tant d’autres qui ont inspiré les com­pos­i­teurs et auteurs de l’époque.
Vous pou­vez vous reporter à mes autres anec­dotes de tan­go sur le sujet, notam­ment En Lo de Lau­ra, El Porteñi­to, Madame Ivone, Bajo el cono azul ou Mañan­i­tas de Mont­martre (avant l’exportation…).
En France, un autre tan­go porte le prénom Lison dans son titre : Tan­go pour Lison 1943 de Louis Moi­sel­lo avec des paroles d’Achem.
En France, tou­jours, le film musi­cal Ils sont dans les vignes réal­isé par Robert Ver­nay et sor­ti en 1952 con­tient une chan­son (valse) Le jupon de Lison chan­tée par Line Renaud. C’est un titre de Louis Gasté (Loulou) et avec des paroles de Bernard Michel et Philippe Gérard.
Pour revenir à la Lisón du tan­go du jour. Impos­si­ble à savoir vu le peu d’informations sur la vie privée des auteurs et le nom­bre con­séquent de Lisón qui ont han­té les pen­sées des hommes de Buenos Aires.