Archives de catégorie : Folklore

Misa criolla y Navidad nuestra — Ariel Ramírez, Los Fronterizos y la Cantoría de la Basílica del Socorro

Ariel Ramírez Letra: Felix Luna

N’ayant pas de tan­go enreg­istré un 25 décem­bre, je vous pro­pose de nous intéress­er à une des com­po­si­tions les plus célèbres d’Argentine, la Misa criol­la.
On par­le de Misa criol­la, mais en le faisant on risque d’occulter la face B du disque qui com­porte une autre com­po­si­tion d’Ariel Ramírez et Felix Luna, Navi­dad nues­tra. C’est cette œuvre qui est de cir­con­stance en ce 25 décem­bre 2024, 60 ans après sa créa­tion.
Ce fut mon pre­mier disque, offert par ma mar­raine, j’ai donc une affec­tion par­ti­c­ulière pour ces deux œuvres.

Misa criolla et Navidad nuestra – Extraits musicaux

Ariel Ramírez s’est inspiré de rythmes tra­di­tion­nels de son pays (mais pas que) pour com­pos­er les cinq œuvres qui com­posent la Misa criol­la (Face A) et les six qui con­stituent Navi­dad nues­tra (Face B).
J’ai ajouté quelques élé­ments sonores en illus­tra­tion. Ils ne sont pas précédés de la let­tre A ou B qui sont réservées aux faces A et B du disque d’origine.

À gauche, le disque sor­ti en Argen­tine en 1965. cette cou­ver­ture restera la même pour les édi­tions argen­tines ultérieures. Au cen­tre, une édi­tion française. Elle utilise l’il­lus­tra­tion de la pre­mière édi­tion (1964) et qui a été éditée en Nou­velle-Zélande. Mon disque por­tait cette illus­tra­tion et pas celle de l’édition argen­tine, postérieure d’un an.

Misa criolla

A1: Misa Criol­la — Kyrie — Vidala-Baguala La vidala et la baguala sont deux expres­sions chan­tées du Nord-Ouest de l’Argentine accom­pa­g­nées d’une caja.
Une caja qui accom­pa­gne le chant de la Videla et de la baguala.
Baguala Con mi caja can­tar quiro.

On recon­naît la caja qui est frap­pée sur un rythme ter­naire, mais seule­ment sur deux des trois temps, créant ain­si un temps de silence dans la per­cus­sion.
Cela donne une dimen­sion majestueuse à la musique. Ariel Ramírez utilise ce rythme de façon par­tielle. On l’entend par exem­ple dans le pre­mier chœur, dans les silences du chant.

A2: Misa Criol­la — Glo­ria — Car­naval­i­to-Yar­avi.

Pour créer un thème en con­traste, Ariel Ramírez utilise deux rythmes dif­férents, égale­ment du Nord-Ouest. Le car­naval­i­to allè­gre et enjoué et le yar­avi, plus calme, très calme, fait de longues phras­es. Le yar­avi est triste, car util­isé dans les rites funéraires. Il s’oppose donc au car­naval­i­to, qui est une danse de groupe fes­tive. Vous recon­naîtrez facile­ment les deux rythmes à l’écoute.

A3: Misa Criol­la — Cre­do — Chacar­era Trun­ca.

Vous recon­naîtrez facile­ment le rythme de la chacar­era. Ici, une chacar­era sim­ple à 8 com­pas­es. Même si elle est trun­ca, vous pour­riez la danser, la trun­ca est juste une dif­féren­ci­a­tion d’accentuation des temps. Ariel Ramírez, cepen­dant, ne respecte pas la pause inter­mé­di­aire, il préfère don­ner une con­ti­nu­ité à l’œuvre.

A4: Misa Criol­la — Sanc­tus — Car­naval Cochabam­bi­no.

Encore un rythme cor­re­spon­dant à une danse fes­tive, même si Ariel Ramírez y inter­cale des pas­sages d’inspiration plus religieuse. On notera que cette forme de car­naval n’est pas argen­tine, mais bolivi­enne.

A5: Misa Criol­la — Agnus Dei — Esti­lo Pam­peano.

Le Esti­lo n’est pas exacte­ment un rythme par­ti­c­uli­er, car il mélange plusieurs gen­res. C’est une expres­sion de la pam­pa argen­tine. Après le motif du départ en intro­duc­tion, on remar­que une inspi­ra­tion du Yar­avi. Le clavecin d’Ariel Ramírez apporte une légèreté dans les tran­si­tions.

Navidad nuestra

Com­mence ici la face B et une autre œuvre, con­sacrée à la nais­sance de Jésus, de l’annonciation à la fuite en Égypte.

B1: Navi­dad Nues­tra — La Anun­ciación – Chamame.

Le chamame, cette danse joyeuse et fes­tive, jouée à l’accordéon, est typ­ique de la province de Cor­ri­entes. Cer­tains danseurs européens s’évertuent à danser en milon­ga…

Par­ti­tion de La Anun­ciación, pre­mier thème de la Navi­dad nues­tra.
Milon­ga para as mis­sões — Rena­to Borghet­ti. Oui, c’est un chamamé, pas une milon­ga…
B2: Navi­dad Nues­tra — La Pere­gri­nación — Huel­la Pam­peana.

La huel­la est une danse asso­ciant des tours, des voltes et des zap­ateos, ce qui rap­pellera un peu la chacar­era ou le gato.
La Pere­gri­nación racon­te la quête par Jose et Maria (Joseph et Marie) d’un endroit pour la nais­sance de Jésus. Ils sont dans la pam­pa gelée, au milieu des chardons et orties. Je vous donne en prime la mer­veilleuse ver­sion de la Negra (Mer­cedes Sosa).

La Pere­gri­nación — Mer­cedes Sosa.
B3: Navi­dad Nues­tra — El Nacimien­to — Vidala Cata­mar­que­na.

On retrou­ve le rythme calme de la vidala pour annon­cer la nais­sance.
Je vous pro­pose les paroles ci-dessous.

B4: Navi­dad Nues­tra — Los Pas­tores — Chaya Rio­jana.

Là, il ne s’agit pas d’une musique tra­di­tion­nelle, mais d’une fête qui a lieu à la Rio­ja. La Chaya est une belle Indi­enne qui tombe amoureuse d’un jeune homme coureur de jupons. Celui-ci ignore la belle qui ira s’exiler dans les mon­tagnes. Pris de remords, il décide de la retrou­ver et, finale­ment, il ren­tre à la Rio­ja, se saoule et brûle vif dans un poêle. Tous les ans, la fête célèbre l’extinction du jeune homme en feu avec les larmes de Chaya.
Aujourd’hui, cette anci­enne fête est plutôt un fes­ti­val de folk­lore où se suc­cè­dent dif­férents orchestres.

B5: Navi­dad Nues­tra — Los Reyes Magos – Taki­rari.

Le Taki­rari est une danse bolivi­enne qui a des par­en­tés avec le car­naval­i­to. Les danseurs saut­ent, se don­nent le coude et tour­nent en ronde. C’est donc une musique joyeuse et vive.

B6: Navi­dad Nues­tra — La Hui­da — Vidala Tucumana.

Encore une vidala qui imprime son rythme triste. On sent les pas lourds de l’âne qui mène Marie et Jésus en Égypte. La musique se ter­mine par un decrescen­do qui pour­rait simuler l’éloignement de la fuite.

Voilà, ici se ter­mine notre tour de la Misa criol­la et de la Navi­da nues­tra. On voit que, con­traire­ment à ce qui est générale­ment affir­mé, seuls quelques rythmes du folk­lore argentin sont présen­tés et que deux thèmes sont d’inspiration bolivi­enne.

À propos des paroles

En Argen­tine, qui n’est pas un pays laïque, la reli­gion est impor­tante. Je devrais dire les reli­gions, car, si le catholi­cisme des Espag­nols est impor­tant, il me sem­ble que les évangélistes sont bien plus présents si on en juge par le nom­bre d’églises évangélistes. Les autres reli­gions monothéistes sont égale­ment bien représen­tées dans ce pays qui a accueil­li en masse les juifs chas­sés d’Europe et les nazis. Cette œuvre a d’ailleurs été écrite à la suite du témoignage de deux sœurs alle­man­des ren­con­trées à Würzburg et qui lui ont con­té les hor­reurs de la Sec­onde Guerre mon­di­ale.
On note aus­si en Argen­tine divers­es reli­gions, ou plutôt cultes, comme celui du Gau­chi­to Gil, de Difun­ta Cor­rea ou tout sim­ple­ment de foot­balleurs comme Maradona.
Les paroles de Felix Luna ont été écrites à par­tir de textes liturgiques révisés par Anto­nio Osval­do Cate­na, Ale­jan­dro May­ol et Jesús Gabriel Segade, trois prêtres, dont le dernier était aus­si le directeur de la Can­to­ria de la Basíli­ca del Socor­ro qui a enreg­istré la pre­mière ver­sion avec Ariel Ramírez.
À ce sujet, ce chœur, le deux­ième plus ancien d’Argentine, est en péril à la suite de la perte de son finance­ment. La cul­ture n’est plus à la mode en Argen­tine. Leur dernier con­cert a eu lieu il y a une dizaine de jours pour les 60 ans de la Misa criol­la. Ils recherchent un spon­sor. Si vous avez des pistes, vous pou­vez écrire à panella.giovanni85@gmail.com.

La troupe de la Mis­sa criol­la a fait une tournée en Europe en 1967. L’af­fiche du dernier con­cert de la Can­to­ria de la Basíli­ca del Socor­ro pour les 60 ans de l’œuvre.

Paroles (Navidad Nuestra — El Nacimiento — Vidala Catamarquena)

Noche anun­ci­a­da, noche de amor
Dios ha naci­do, péta­lo y flor
Todo es silen­cio y serenidad
Paz a los hom­bres, es Navi­dad

En el pese­bre mi Reden­tor
Es men­sajero de paz y amor
Cuan­do son­ríe se hace la luz
Y en sus brac­i­tos crece una cruz

(Ánge­les can­ten sobre el por­tal)
Dios ha naci­do, es Navi­dad

Esta es la noche que prometió
Dios a los hom­bres y ya llegó
Es Nochebue­na, no hay que dormir
Dios ha naci­do, Dios está aquí
Ariel Ramírez Letra: Felix Luna

Traduction libre de Navidad Nuestra — El Nacimiento — Vidala Catamarquena

Nuit annon­cée, nuit d’amour.
Dieu est né, pétale et fleur.
Tout n’est que silence et sérénité.
Paix aux hommes, c’est Noël
Dans la crèche, mon Rédemp­teur est un mes­sager de paix et d’amour.
Quand il sourit, il y a de la lumière et une croix pousse dans ses bras.
(Les anges chantent au-dessus de la porte), Dieu est né, c’est Noël
C’est la nuit que Dieu a promise aux hommes et elle est déjà arrivée.
C’est la veille de Noël, il ne faut pas dormir, Dieu est né, Dieu est là.

À propos de la première version de la Misa criolla et de Navidad nuestra

Il y a de très nom­breuses ver­sions de la Misa criol­la et de Navi­dad nues­tra. Je vous pro­pose unique­ment de mieux con­naître la ver­sion ini­tiale, celle qui a été enreg­istrée en 1964.

L’orchestre

Ariel Ramírez: Direc­tion générale, piano et clavecin.
Jaime Tor­res: cha­rango.
Luis Amaya, Juanci­to el Pere­gri­no et José Med­i­na: gui­tare criol­la.
Raúl Bar­boza: accordéon pour le chamame «La anun­ciación».
Alfre­do Remus: con­tre­basse
Domin­go Cura: per­cus­sions.
Chango Farías Gómez: bom­bo et acces­soires de per­cus­sion.

Les chanteurs

Les qua­tre chanteurs de Los Fron­ter­i­zos (Ger­ar­do López, Eduar­do Madeo, César Isel­la et Juan Car­los Moreno): chanteurs solistes.
Can­toría de la Basíli­ca del Socor­ro: chœur
Jesús Gabriel Segade: directeur de la Can­toría.

De gauche à droite. La Negra (Mer­cedes Sosa, qui a beau­coup tra­vail­lé avec Ariel Ramírez), Felix Luna (auteur des paroles) et Ariel Ramírez (com­pos­i­teur) au piano et en por­trait à droite.

À bien­tôt les amis. Je vous souhaite de joyeuses fêtes et un monde de paix où tous les humains pour­ront chanter et danser pour oubli­er leurs trist­esses et exprimer leurs joies.

PS : Gérard Cardonnet a fait le commentaire suivant et je trouve cela très intéressant :

« Excel­lent, Bernar­do. Mais s’agis­sant de messe, quand on par­le de com­pos­i­teurs argentins, com­ment ne pas citer la “Misa a Buenos Aires”, dite Mis­a­tan­go, de Mar­tin Palmeri. https://www.choeurdesabbesses.fr/…/la-misatango-de…/ »
Voilà, main­tenant, c’est écrit.

Et comme de bien entendu, j’en rajoute une petite couche avec la réponse :

« Gérard, comme tu l’as remar­qué, c’était plutôt Navi­dad nues­tra qui était d’actualité, Noël étant lié à la nais­sance. J’ai d’ailleurs mis en avant El nacimien­to en en men­tion­nant les paroles.
Pour ce qui est de la Mis­a­tan­go, elle fait claire­ment référence à Piaz­zol­la. Mon pro­pos était de chang­er l’éclairage sur l’Argentine pour par­ler des musiques tra­di­tion­nelles. C’est promis, un de ces jours je met­trais les pieds dans le Piaz­zol­la.
La Mis­a­tan­go est une œuvre superbe. Tu la cites avec beau­coup de rai­son.
J’aurais aus­si pu par­ler de tan­gos de sai­son avec quelques titres qui évo­quent les fêtes de fin d’année comme :
Pour Noël
Nochebue­na
Ben­di­ta nochebue­na
Feliz nochebue­na
El vals de nochebue­na
Navi­dad
Feliz Navi­dad
Navi­dad de los morenos
Can­dombe en Navi­dad
Pour le Jour de l’an
Año nue­vo
Pour les Rois mages (6 jan­vi­er)
Noche de reyes
Un rega­lo de reyes
6 de enero (6 jan­vi­er, jour des Rois mages).
Papa Bal­tasar »

Salud… dinero y amor 1939-07-25 – Orquesta Enrique Rodríguez con Roberto Flores

Rodolfo Aníbal Sciammarella (paroles et musique)

Voilà que le tan­go et plus pré­cisé­ment la valse (mais on ver­ra que ce n’est pas si sim­ple) vous prodigue des con­seils de vie. Chers amis, je vous enjoins de les suiv­re et de chanter avec Rober­to Flo­res le refrain de cette valse entraî­nante com­posée et mise en paroles par Rodol­fo Aníbal Sci­ammarel­la et inter­prété par l’orchestre chéri de mon ami Chris­t­ian, Enrique Rodriguez.

Selon Mar­i­ano Mores, Rodol­fo Sci­ammarel­la aurait com­posé une zam­ba (voir l’anecdote du 7 avril sur la zam­ba). Comme il n’était pas très doué pour écrire la musique, il a demandé à Mar­i­ano de la tran­scrire pour lui. Celui-ci a trou­vé que c’était plus joli en valse et aurait donc adap­té la musique à ce rythme…

Une édi­tion de Julio Korn de Salud… dinero y amor en zam­ba

Extrait musical

Salud… dinero y amor 1939-07-25 — Orques­ta Enrique Rodríguez con Rober­to Flo­res.

Pas de doute, notre ver­sion du jour est par­faite­ment une valse, sans trace de zam­ba. Je me demande toute­fois si la ver­sion en zam­ba n’a pas été util­isée dans d’autres occa­sions. Nous y revien­drons avec la liste des ver­sions.

Avis de recherche

Le 7 mars 1939, un film est sor­ti. Son titre était Mandi­ga en la sier­ra. Ce film a été réal­isé par Isidoro Navar­ro sur un scé­nario de Arturo Lorus­so et Rafael J. de Rosas. Ce film était basé sur la pièce de théâtre homonyme. Par­mi les acteurs, Luisa Vehil, Eduar­do San­dri­ni, Nicolás Fregues et Pedro Quar­tuc­ci, mais celui qui m’intéresse est Fran­cis­co Amor qui y inter­prète Salud…dinero y amor.

Luisa Vehil, Nicolás Fregues et Pedro Quar­tuc­ci dans Mandin­ga en la sier­ra (1939)

Dans ce film, en plus de Fran­cis­co Amor, il y a Myr­na Mores et sa sœur Mar­got. Depuis 1938, Mar­i­ano Mores, celui qui a couché sur la par­ti­tion l’idée musi­cale de Rodol­fo Sci­ammarel­la fai­sait un trio avec les deux sœurs Mores. En 1943, il épousera Myr­na. On voit comme ce film est assez cen­tral autour des Mores et de cette valse.
Si vous savez où trou­ver ce film, je suis pre­neur…
Vous pou­vez trou­ver sa fiche tech­nique ici : https://www.imdb.com/title/tt0316217/?ref_=nm_knf_t_1

La pièce de théâtre était jouée en 1938. Est-ce que la ver­sion chan­tée ou jouée dans la pièce était sous forme de zam­ba, je ne le sais pas. En ce qui con­cerne le film, même si je ne l’ai pas encore trou­vé, j’imagine que c’est en valse, car le suc­cès du thème qui a été enreg­istré majori­taire­ment sous cette forme. Je vous réserve deux sur­pris­es dans les « autres ver­sions » qui pour­raient faire men­tir ou con­firmer cette his­toire.

Paroles

Tres cosas hay en la vida:
salud, dinero y amor.
El que ten­ga esas tres cosas
que le dé gra­cias a Dios.
Pues, con ellas uno vive
libre de pre­ocu­pación,
por eso quiero que apren­dan
el refrán de esta can­ción.

El que ten­ga un amor,
que lo cuide, que lo cuide.
La salud y la plati­ta,
que no la tire, que no la tire.
Hay que guardar, eso con­viene
que aquel que guar­da, siem­pre tiene.
El que ten­ga un amor,
que lo cuide, que lo cuide.
La salud y la plati­ta,
que no la tire, que no la tire.

Un gran amor he tenido
y tan­to en él me con­fié.
Nun­ca pen­sé que un des­cui­do
pudo hacérme­lo perder.
Con la salud y el dinero
lo mis­mo me sucedió,
por eso pido que can­ten
el refrán de esta can­ción.

Rodol­fo Aníbal Sci­ammarel­la (paroles et musiques)

Traduction libre des paroles

Il y a trois choses dans la vie :
la san­té, l’argent et l’amour.
Quiconque pos­sède ces trois choses devrait remerci­er Dieu.
Eh bien, avec eux, on vit sans souci, c’est pourquoi je veux que vous appre­niez le dic­ton de cette chan­son.

Celui qui a un amour, qu’il en prenne soin, qu’il en prenne soin.
La san­té et la mon­naie, ne la jetez pas, ne la jetez pas.
Il faut garder, il con­vient que celui qui garde, tou­jours a.
Celui qui a un amour, qu’il en prenne soin, qu’il en prenne soin.
La san­té et la mon­naie, ne la jetez pas, ne la jetez pas.

J’ai eu un grand amour et j’ai telle­ment cru en lui.
Je n’ai jamais pen­sé qu’un manque d’attention pou­vait me le faire per­dre.
La même chose m’est arrivée avec la san­té et l’argent, alors je vous demande de chanter le dic­ton de cette chan­son.

Autres versions

Salud, dinero y amor 1930 — Duo Irus­ta-Fuga­zot accomp. de Orques­ta Argenti­na (Barcelona).

Je pen­sé que vous avez remar­qué plusieurs points étranges avec cette ver­sion. Le son a beau­coup d’écho, ce qui ne fai­sait pas à l’époque. Je pense donc que c’est une édi­tion « trafiquée ». Mon exem­plaire vient de l’éditeur El Ban­doneón qui a édité entre 1987 et 2005 dif­férents titres dont cer­tains assez rares. Cet enreg­istrement est sur leur CD El Tan­go en Barcelona CD 2 — (EBCD-046) de 1997. Je n’en con­nais pas d’autre. Sur la date d’enregistrement de 1930, en revanche, c’est très prob­a­ble, car cela cor­re­spond à l’époque où le trio était act­if en France et Barcelone.
L’autre point étrange est qu’il s’agit d’une valse et pas d’une zam­ba. Si Sci­ammarel­la a « écrit » une zam­ba et que Mar­i­ano Mores l’a trans­for­mé en valse seule­ment en 1938, il y a un prob­lème. Cet enreg­istrement devrait être une zam­ba. Je pense donc que Sci­ammarel­la a fait vivre con­join­te­ment les deux ver­sions et que c’est la ver­sion valse qu’a adap­tée le tout jeune Mar­i­ano Mores. Mais on va revenir sur ce point plus loin…

Salud… dinero y amor 1939-07-25 — Orques­ta Enrique Rodríguez con Rober­to Flo­res.

C’est notre valse du jour. Vos chaus­sures, si vous êtes danseur, doivent être désor­mais capa­bles de la danser seules. Le rythme est assez rapi­de et le style haché de Rodríguez fait mer­veille pour inciter à don­ner de l’énergie dans la danse. La voix de Flo­res, plus élé­gante de celle de Moreno, l’autre chanteur vedette de Rodríguez est agréable. L’orchestration de la fin de la valse est superbe, même si Rodríguez décide, une fois de plus, d’y plac­er un chœur, habi­tude qui peut sus­citer quelques réti­cences.

Salud, dinero y amor 1939-08-08 — Fran­cis­co Lomu­to C Jorge Omar.

Une ver­sion assez piquée et pesante. Elle est moins con­nue que la ver­sion de Rodriguez. On com­prend pourquoi, sans toute­fois qu’elle soit à met­tre au rebut. Comme chez Canaro, Lomu­to fait inter­venir une clar­inette, scorie de la vieille garde. La fin est cepen­dant assez intéres­sante, donc si un DJ la passe, cette valse ne devrait pas laiss­er une mau­vaise impres­sion.

Salud, dinero y amor 1939-09-11 — Fran­cis­co Canaro y Fran­cis­co Amor.

Sur le même rythme que Lomu­to, Canaro pro­pose une ver­sion plus légère. Les vents (instru­ments à vent) aux­quels Canaro reste fidèle don­nent la couleur par­ti­c­ulière de l’orchestre. Fran­cis­co Amor chante de façon décon­trac­tée avec un peu de gouaille.

Salud, dinero y amor 1939-09-27 — Juan Arvizu con orques­ta.

L’accent mex­i­cain d’Arvizu, sur­prend, on est plus accou­tumé à l’entendre dans des boléros. L’orchestre où les gui­tares ont une présence mar­quée est un peu léger après l’écoute des ver­sions précé­dentes. Buenos Aires lui aurait don­né le surnom de ténor à la voix de soie (El Tenor de la Voz de Seda). Je vous laisse en juger…

Salud… dinero y amor 1939-11-03 — Char­lo con gui­tar­ras (zam­ba cue­ca).

Ce titre n’est pas une valse, on recon­naît le rythme de la cue­ca à la gui­tare dans la pre­mière par­tie, puis le rythme s’apaise et passe en zam­ba avec des roucoule­ments étranges.
Finale­ment, ce n’est pas une zam­ba, pas une cue­ca. C’est un ovni.
Le nom de zam­ba cue­ca existe et cou­vre dif­férentes var­iétés de dans­es, notam­ment du Chili.
La dis­tinc­tion de la ving­taine de var­iétés de cue­cas, le fait que la zam­ba cue­ca serait aus­si dénom­mée zam­bacue­ca, zamacue­ca ou zam­ba­clue­ca, ce dernier terme évo­querait encore plus claire­ment la poule pon­deuse, la cue­ca se référant à la parade d’oiseaux, font que pour moi, cela reste assez mys­térieux.
Le témoignage de Mario Mores, appuyé par la par­ti­tion qui men­tionne zam­ba et cette inter­pré­ta­tion de Char­lo prou­ve que Salud… dinero y amor n’est pas seule­ment une valse.

Salud… dinero y amor 1940-07-02 – Agustín Irus­ta acc. Orques­ta de Terig Tuc­ci.

Salud… dinero y amor 1940-07-02 – Agustín Irus­ta acc. Orques­ta de Terig Tuc­ci. On retrou­ve Irus­ta qui a enreg­istré pour Dec­ca à New York, accom­pa­g­né de l’orchestre de Terig Tuc­ci. Ce n’est pas vilain et si ce n’est pas le top de la danse, c’est plus dans­able que la ver­sion du duo de 1930.

Après la « folie » accom­pa­g­nant la sor­tie du fameux film que je n’ai pas trou­vé, l’intérêt pour cette valse s’atténue. On la retrou­ve cepen­dant un peu plus tard dans quelques ver­sions que voici.

Salud… dinero y amor 1955 c — Inesi­ta Pena — La Orques­ta Martín De La Rosa y coro.

Pour un enreg­istrement des années 1950, ça fait plutôt vieil­lot. Ne comptez pas sur moi pour vous la pro­pos­er en milon­ga.

Salud… dinero y amor 1966 — Típi­ca Sakamo­to con Ikuo Abo.

On con­naît l’engouement incroy­able du Japon pour le tan­go, la Típi­ca Sakamo­to nous en donne un exem­ple. Vous aurez facile­ment recon­nu la voix très typée de Ikuo Abo. Les chœurs sont assez élé­gants. Il me sem­ble enten­dre une par­tie de sopra­no dans le chœur tenue par une femme.

Salud… dinero y amor 1969 — Alber­to Podestá con Orques­ta Lucho Ibar­ra.

Bon, il faut bien du tan­go à écouter, aus­si. Et la voix de Podestá est tout de même une mer­veille, non ?

À demain, les amis, je vous souhaite san­té, argent et amour.

La tupungatina 1952-06-27 — Orquesta Osvaldo Pugliese

Cristino Tapia (musique et paroles), arrangements de Roberto Pepe

Peut-être que cer­tains se sont demandé d’où venait ce nom étrange. La Yum­ba, Beba, Zum (de Piaz­zol­la) et main­tenant Tupun­gati­na (de Tapia) sont dans le lex­ique éton­nant des œuvres jouées par Pugliese. Je pour­rais vous dire que ça vient de la petite local­ité de Tupun­ga­to, du départe­ment de Tupun­ga­to, célèbre pour son vol­can du même nom. La Tupu­gati­na est une habi­tante de ce lieu. Ce serait donc une banale chan­son en l’honneur d’une femme, mais vous vous en doutez, il y a une sur­prise que nous décou­vrirons en fin d’article.

Extrait musical

La tupun­gati­na 1952-06-27 — Orques­ta Osval­do Pugliese
La tupun­gati­na, Par­ti­tion orig­i­nale nous don­nant des infor­ma­tions que nous allons dis­tiller en fin de notice…

Paroles

Ya me voy para los cam­pos que añoro
a bus­car yer­ba de olvi­do y dejarte,
a ver si con esta ausen­cia pudiera
en relación a otro tiem­po olvi­darte,
a ver si con esta ausen­cia pudiera
en relación a otro tiem­po olvi­darte.

He vivi­do toleran­do mar­tirios,
y jamás pien­so mostrarme cobarde,
arras­tran­do una cade­na tan fuerte
has­ta que mi triste vida, se acabe,
arras­tran­do una cade­na tan fuerte
has­ta que mi triste vida, se acabe.

Cuan­do le he enseña­do al tiem­po mis penas
no hay mal que por bien no ven­ga, aunque escarche
cuan­do no haya tier­ra, ni agua, ni cielo
se acabarán mis tor­men­tos cobardes,
cuan­do no haya tier­ra, ni agua, ni cielo
se acabarán mis tor­men­tos cobardes.

Cristi­no Tapia (musique et paroles), arrange­ments de Rober­to Pepe

Traduction libre et indications

Je m’en vais par les champs qui me man­quaient pour chercher l’herbe de l’oubli et te laiss­er, pour voir si avec cette absence je pour­rais par rap­port à un autre temps, t’oublier, pour voir si avec cette absence je pour­rais par rap­port à un autre temps, t’oublier.
J’ai vécu en tolérant des mar­tyres, et je n’ai jamais eu l’intention de me mon­tr­er lâche, en traî­nant une chaîne si forte jusqu’à ce que ma triste vie s’achève, en traî­nant une chaîne si forte jusqu’à ce que ma triste vie s’achève.
Quand j’ai appris au temps, mes peines, il n’y a pas de mal qui ne vienne pour le bien, même s’il gèle, quand il n’y aura plus de terre, plus d’eau, plus de ciel, mes lâch­es tour­ments finiront, quand il n’y aura plus de terre, plus d’eau, plus de ciel, mes lâch­es tour­ments finiront. (L’auteur est des Andes et donc il peut évo­quer le froid de l’hiver, avec le gel, la neige et le brouil­lard qui fait per­dre les repères, la terre, l’eau et le ciel).

Autres versions

Je vous avais promis une sur­prise, la voici. Il s’agit de la ver­sion orig­i­nale de ce titre qui était à l’origine une zam­ba (danse tra­di­tion­nelle argen­tine qui se danse avec des mou­choirs. Voir l’anecdote sur la 7 de april).

La Tupun­gati­na 1950 C (Zam­ba) — Dúo Moreyra-Canale.

L’enregistrement est tardif, mais il restitue la com­po­si­tion orig­i­nale dont on n’a pas d’enregistrement d’époque. C’est donc la pre­mière sur­prise, que Pugliese, s’intéresse à une zam­ba.

Sueños 1920c — Dúo Tapia-Alma­da.

Ce titre n’est pas celui du jour, mais il per­met d’entendre chanter le Dúo Tapia-Alma­da.

La tupun­gati­na 1921 (Tona­da) Car­los Gardel y José Raz­zano con acomp. de Guiller­mo Bar­bi­eri, José Ricar­do (gui­tar­ras).

On peut faire la rela­tion de style avec le Dúo Tapia-Alma­da.

Cristi­no Tapia, à gauche, au cen­tre, Car­los Gardel et à droite, Guiller­mo Bar­bi­eri (el negro)
La tupun­gati­na, Par­ti­tion de 1921.

Par­mi les infor­ma­tions que l’on peut tir­er de cette par­ti­tion :

  • Elle est dédi­cacée par Cristi­no Tapia à une dis­ci­ple de Elisa Orel­lana nom­mée Car­men D. de Gra­ma­jo. Je n’ai pas d’information sur cette dernière, mais Elisa Orel­lana est sa femme, avec qui il fera par la suite un duo, comme il l’a fait avec Fran­cis­co Alma­da (ils sont en pho­to sur la cou­ver­ture), aupar­a­vant avec son frère José María, puis par la suite avec Car­tos, Llanes, et enfin sa femme avec qui il a enreg­istré plus d’une cen­taine d’albums de 1925 à 1930.
  • On voit que le Duo de Gardel avec José Raz­zano inter­pré­tant ce titre a obtenu un grand suc­cès à Buenos Aires.
  • Il est indiqué « Tona­da » qui est une forme de chan­son et non plus Zam­ba. Gardel était passé par là. Ce dernier a enreg­istré une ving­taine de titres de Tapia. C’était donc une col­lab­o­ra­tion régulière.
Cristi­no Tapia, à gauche, au cen­tre, Car­los Gardel et à droite, Guiller­mo Bar­bi­eri (el negro)

Puis le thème sem­ble avoir été oublié du domaine du tan­go. Il a con­tin­ué à vivre sa vie chez les chanteurs de folk­lore, sous forme de tona­da ou de zam­ba.
En 1952, Pugliese enreg­istre le titre, à sa sauce, ou plutôt à la sauce d’un de ses ban­donéon­istes, Rober­to Pepe. À sa mort, le 29 novem­bre 1955, son col­lègue Este­ban Enrique Gilar­di dédiera un tan­go qui sera enreg­istré le 20 mars 1956 par Pugliese.

A Rober­to Peppe 1956-03-20 — Osval­do Pugliese.

L’hommage ren­du par Gilar­di à son col­lègue récem­ment dis­paru. Bien sûr, ce n’est pas le thème du jour.
Cela per­met de rap­pel­er que les musi­ciens de Pugliese étaient générale­ment aus­si arrangeurs, voire com­pos­i­teurs et qu’ils for­maient un groupe assez sol­idaire autour de leur chef.
Écou­tons main­tenant la magie de Pepe qui trans­for­ma une zamba/tonada en un chef‑d’œuvre du tan­go.

La tupun­gati­na 1952-06-27 — Orques­ta Osval­do Pugliese. C’est notre tan­go du jour.
La tupun­gati­na 1952-11-13 — Orques­ta Osval­do Pugliese.

Le petit frère de notre tan­go du jour, né la même année, moins de cinq mois plus tard, qua­si des jumeaux. Le petit frère est un peu plus long, près de qua­tre min­utes con­tre un peu plus de trois min­utes trente pour la pre­mière ver­sion.

S’il ne sem­ble pas y avoir d’enregistrements nota­bles du titre par la suite, les chanteurs de folk­lore con­tin­u­ent de l’utiliser comme en témoigne cette superbe ver­sion de Jorge Cafrune.

La tupun­gati­na 1965 — Jorge Cafrune.

Une mag­nifique inter­pré­ta­tion de ce grand du folk­lore argentin. C’est une zam­ba, mais pas si évi­dente à danser de par l’interprétation par­ti­c­ulière.

Voici une ver­sion hors du temps qui pour­rait rap­pel­er les poly­phonies cors­es…

La tupun­gati­na 1976 — Chango Farías Gómez — Grupo Vocal Argenti­no.

Et pour ter­min­er, on retourne avec un orchestre de tan­go, Solo Tan­go qui nous pro­pose une ver­sion énergique et dans­able. C’est, bien sûr, sur une base des arrange­ments de Rober­to Pepe.

La tupun­gati­na 2021 — Solo tan­go.

À demain les amis…

Ilusión azul 1945-06-08 — Orquesta Alfredo De Angelis con Carlos Dante

Arquímedes Arci, paroles et musique

Hier, nous étions dans les éclats de cristal, aujourd’hui, dans l’illusion bleue. Les deux thèmes sont proches. En valse, les choses passent mieux, mais les paroles que pro­pose Arquímedes Arcidi­a­cono (Arci) sur sa pro­pre musique méri­tent qu’on s’y attarde. On notera le très gros suc­cès de ce titre, même en dehors de la petite sphère du tan­go.

De Arquímedes Arcidi­a­cono (Arci) se con­nais­sent deux com­po­si­tions dont il est à la fois com­pos­i­teur et paroli­er, Ilusión azul et Con­se­jo de oro qui comme notre valse du jour a été inau­guré par Agustín Mag­a­l­di.
Con­se­jo de oro fut enreg­istrée par la suite par Pugliese et Ilusión azul a fait car­rière avec De Ange­lis, mais de très nom­breuses ver­sions bien au-delà de la petite sphère du tan­go témoignent de l’engouement pour ce titre par­ti­c­ulière­ment réus­si.
Ces deux seules œuvres con­nues dont il assure les deux rôles, de com­pos­i­teur et d’auteur, témoignent de son grand tal­ent. Ses paroles sont à la hau­teur de sa musique.
De Arquímedes, on sait très peu pour ne pas dire rien. On con­naît juste la date de sa mort, le 5 avril 1938, et c’est tout.

Extrait musical

Ilusión azul 1945-06-08 — Orques­ta Alfre­do De Ange­lis con Car­los Dante.

C’est le pre­mier des deux enreg­istrements de De Ange­lis. Une valse rapi­de, avec des repris­es d’énergie. Une valse irré­sistible.

Par­ti­tion pour piano de Ilusión azul de Arquímedes Arci.

On remar­que que sur la par­ti­tion, il est indiqué vals criol­lo. Ce n’est pas tout à fait un syn­onyme de valse et cette indi­ca­tion a de l’importance. Tout d’abord, pour le musi­cien, qui sait que cela sig­ni­fie un type d’accompagnement par­ti­c­uli­er. Pour les gui­taristes, cela s’effectue par deux mou­ve­ments vers le bas et un vers le haut de la main droite, ce qui rend tout à fait dif­férem­ment de l’accompagnement clas­sique de la valse. Ceux qui con­nais­sent le folk­lore pour­ront ressen­tir l’envie de frap­per dans les mains, car cela rap­pelle l’introduction de la chacar­era (par exem­ple). Atten­tion, je n’ai pas dit que c’était le même rythme, seule­ment que c’est la même sen­sa­tion de pseu­do syn­cope…
L’autre point est que cette indi­ca­tion fait vers­er le titre dans le domaine du folk­lore. Ce n’est pas une oblig­a­tion, mais les joueurs, notam­ment de gui­tare folk­lorique, vont s’emparer plus facile­ment de cette par­ti­tion et cela explique sans doute le des­tin de cette valse, comme nous allons le voir avec les autres ver­sions.

Paroles

Alti­va y sober­bia, cual diosa pagana,
pasaste a mi lado mostran­do el ren­cor
y des­de aquel día yo sé que he per­di­do,
la glo­ria inefa­ble de un sueño de amor.
No extraño tus besos que fueron fin­gi­dos,
ni extraño tus labios de raro dul­zor…
ni me sor­prende tu enorme fal­sía,
porque son her­manas: mujer y traición.

Yo tan sólo sien­to
de todo tu eno­jo,
el traidor embru­jo
que tienen tus ojos.
Ojos que fueron estrel­las que guiaron mi alma,
que me roban cal­ma si me nie­gan cru­eles
cuan­do ansioso bus­co su mirar de amor.
Ojos que fueron las redes donde pri­sionero,
te adoré sin­cero y me han hecho escla­vo,
al pon­er en mi alma la azul ilusión.
Pero tu alma, des­deñosa y fría,
no sabía de amores para mi dolor.
Fueron tus ojos los que me mintieron
tan engañadores, como aquel ful­gor.
Y aho­ra arras­tro la cade­na
del recuer­do triste
del pasa­do her­moso,
al vivir dichoso
en los dora­dos bra­zos
de aque­l­la ilusión.

Amores fin­gi­dos son, cual mari­posa,
como ella engañosa que igual que una flor
nos mien­ten car­iño, nos hieren el alma,
se lle­van la esen­cia y nos dejan dolor.
Pero yo no sien­to el dolor de la heri­da
que abrió den­tro mi alma tu negra traición,
tan sólo me duele el ful­gor de tus ojos,
que ayer me miraron con tier­na pasión.

Arquímedes Arci, paroles et musique

Traduction libre

Hau­taine et arro­gante, comme une déesse païenne, tu es passée à côté de moi en mon­trant du ressen­ti­ment et depuis ce jour je sais que j’ai per­du la gloire inef­fa­ble d’un rêve d’amour.
Je ne regrette pas tes bais­ers qui étaient feints, je ne regrette pas tes lèvres d’une rare douceur… et je ne suis pas sur­pris par ton énorme men­songe, parce qu’elles sont sœurs : femme et trahi­son. (je pré­cise que je ne suis pas sol­idaire de ce qui est écrit ici)

Je ressens seule­ment ta colère, le traître sor­tilège qu’ont tes yeux.
Des yeux qui furent des étoiles qui guidaient mon âme, qui me volaient le calme quand ils se refu­saient cru­elle­ment quand je cher­chais anx­ieuse­ment leur regard d’amour.
Des yeux qui étaient les filets où j’étais pris­on­nier, je t’ai adoré sincère­ment et me suis fait esclave, en met­tant dans mon âme l’illusion bleue.
Mais ton âme, dédaigneuse et froide, ne con­nais­sait pas d’amour pour ma douleur.
Ce sont tes yeux, ceux qui m’ont men­ti, aus­si trompeurs que cette lueur éblouis­sante.
Et main­tenant, je traîne la chaîne du triste sou­venir du beau passé, vivant heureux dans les bras dorés de cette illu­sion.

Ce sont des amours feints, comme un papil­lon, comme elle, trompeuse, qui, comme une fleur, nous illu­sion­nent d’affection, blessent notre âme, nous enlèvent l’essence et nous lais­sent de la douleur.
Mais je ne sens pas la douleur de la blessure qu’a ouverte dans mon âme ta noire trahi­son, je suis seule­ment peiné par l’éclat de tes yeux, qui hier me regar­daient avec une ten­dre pas­sion.

Autres versions

Ilusión azul 1933-08-07 — Dúo Agustín Mag­a­l­di y Pedro Noda con gui­tar­ras.

Le duo de chanteurs vedettes inter­prète ce titre avec brio. Ils inau­gurent une typolo­gie qui sera reprise par de nom­breux orchestres de folk­lore argentin, mais pas que. Nous en ver­rons quelques exem­ples.

Ilusión azul 1945-06-08 — Orques­ta Alfre­do De Ange­lis con Car­los Dante. C’est notre valse du jour.
Ilusión azul 1964-04 — Orques­ta Alfre­do De Ange­lis con Juan Car­los Godoy y Rober­to Manci­ni.

Une superbe ver­sion qui reprend le duo, comme Mag­a­l­a­di et Noda. Petite anec­dote, jusqu’à il y a 25 ans, j’avais les deux ver­sions, mais celle de 1964 n’avait pas la total­ité de son intro. J’avais donc fait un mon­tage en mod­i­fi­ant la sonorité de la ver­sion de 1945, pour insér­er les sec­on­des qui man­quaient. Je viens de réé­couter cette chimère. Ce n’est pas si mal, mais je suis con­tent d’avoir désor­mais une ver­sion inté­grale de 1964.
C’est intéres­sant pour étudi­er l’évolution du style de De Ange­lis en une dizaine d’années.

Ilusión azul 1974 — Los Can­tores del Alba.

Quand je vous annonçais la récupéra­tion par le domaine du folk­lore, en voici un pre­mier exem­ple. Les puristes et les grognons diront que ce n’est pas du tan­go et que ce n’est pas dans­able. Pour une fois, je suis un peu d’accord, mais à cause de la pause inter­mé­di­aire qui peut pos­er des prob­lèmes aux danseurs…

Ilusión azul 1985c — Arbole­da y Valen­cia.

Ce duo colom­bi­en est surtout con­nu pour leur grand suc­cès, la valse El Camino de la vida (1991).

Ilusión azul — Diana Maria y Luz Aida.

Deux sœurs colom­bi­ennes qui chantent ensem­ble. On peut égale­ment enten­dre leur frère, Oscar Ivan. Encore un exem­ple du courant colom­bi­en qui por­ta cette valse. Atten­tion, il ne faudrait pas con­fon­dre, cette Luz Aida, avec la célèbre actrice argen­tine qui inter­vient, par exem­ple dans Loco lin­do (1936) et qui enreg­is­tra quelques tan­gos.

Ilusión azul 1962c — Lalo Mar­tel accom­pa­g­né de Osval­do Reque­na y Los Reyes del Tan­go.

Lalo est le frère de Julio Mar­tel. Leur style est assez proche.
Erra­tum, 2024-06-12
Dans la V1 de cet arti­cle, j’avais repro­duit deux fois ce titre. Une fois sous le nom de Julio Mar­tel et une autre avec la men­tion Cuar­te­to Palais de Glace. Les deux datés de 1962c. Voici l’ex­pli­ca­tion de mon erreur. Mer­ci à Fred Alard TDJ et Gérard Car­don­net d’avoir attiré mon atten­tion sur ce titre.
En fait, j’avais les deux iden­ti­fi­ca­tions dans ma dis­cothèque. Une bien labelisée, avec Lalo Mar­tel et une que j’avais numérisé il y a trente ans à par­tir d’un disque vinyle du Cuar­te­to Palais de Glace. Lors de l’opéra­tion, il m’avait échap­pé les petits car­ac­tères qui indi­quaient :

En el lado B, tema 2, Ilusión azul (Vals) no fue inter­pre­ta­do por el Cuar­te­to Palais de Glace sino por Lalo Mar­tel acom­paña­do por Osval­do Reque­na y Los reyes del tan­go.

Sur la face B, le deux­ième titre, Ilusión azul (Valse) n’a pas été inter­prété par le Quar­tette Palais de Glace, mais par Lalo Mar­tel accom­pa­g­né de Osval­do Reque­na y Los Reyes del Tan­go.
Désolé de l’er­reur, pen­dant des années, j’ai annon­cé Palais de Glace dans les milon­gas alors que c’é­tait Los Reyes del Tan­go.
Détail amu­sant, per­son­ne n’avait remar­qué que le titre était présen­té deux fois et les com­men­taires élo­gieux sur cette musique s’adres­saient à la ver­sion éti­quetée Palais de Glace et aucun à celle, totale­ment iden­tique, éti­quetée Lalo Mar­tel

Ilusión azul 1984c — Her­nan y Jose Arbey.

Encore un duo, encore des Colom­bi­ens.

Ilusión azul 1985c — Los Romanceros de Amer­i­ca.

Encore des Colom­bi­ens. Qua­tre gui­tares. Ils ont enreg­istré suff­isam­ment de valses pour faire une belle tan­da, pour les danseurs qui aiment sor­tir des sen­tiers bat­tus.

Ilusión azul 1985c — Los Patu­ma.

Je vous laisse devin­er de quel pays ils vien­nent…

La Colom­bie, bra­vo, vous avez trou­vé…

Ilusión azul 1985c — Los Can­tores del Sur.

Per­du, ils sont Chiliens….

Ilusión azul 1991c — Los Can­tores de Antaño.

Une ver­sion très typée années 90 de la musique de var­iété, avec la bat­terie et les sons étranges de l’orgue élec­tron­ique. Je le pro­pose plus pour la curiosité et parce qu’ils ren­for­cent mon équipe colom­bi­enne…

Ilusión azul 2010c — Los Gen­tiles y Grupo Trans­paren­cias.

Je ne vous demande pas d’où ils sont, car vous avez déjà dev­iné. Ils sont colom­bi­ens.

Ilusión azul 2010-10 — Fabio Hager Sex­te­to.

Une ver­sion instru­men­tale, type musique clas­sique. La qual­ité des musi­ciens per­met de voir la qual­ité d’écriture du titre, mais bien sûr, les danseurs préféreront une des ver­sions tra­di­tion­nelles.

Ilusión azul 2015c — Trio Quitasueño.

Encore un orchestre… colom­bi­en.  Leur nom est amu­sant. Ils quit­tent le som­meil. Dans ce con­texte, j’imagine que c’est leur musique qui empêche de dormir… Le terme quitasueño s’utilise aus­si quand des soucis empêchent de dormir.

Ilusión azul 2021c — Full Cir­cle Trio.

Pour ter­min­er avec la ver­sion la plus orig­i­nale et la ques­tion les plus dif­fi­ciles :
1 Quel est l’instrument prin­ci­pal de cette ver­sion ?
2 De quel pays sont les musi­ciens ?

Répons­es…

Si vous avez répon­du le Marim­ba ou quelque chose d’approchant, bra­vo, vous fer­ez un bon danseur voire un bon DJ.
Si vous avez répon­du Colom­bie, vous êtes un bon lecteur, mais vous avez per­du, c’est USA…

Full Cir­cle Trio, avec Jack Van Geem (marim­ba), Robert Wright (con­tre­basse) et Ray­mond Froelich (per­cus­sions).

À not­er qu’ils ont fait un disque de tan­go. Peut-être à recom­man­der à ceux qui ont du mal à repér­er quand pos­er les pieds 😉

À demain, les amis.

COURS – CLASES – FORMATIONS

Cours et stages pour DJ et danseurs

Stages mon­tés sur mesure dans le cadre de fes­ti­vals ou pour des par­ti­c­uliers, dans ma salle de danse ou à domi­cile.

Les points abor­dés peu­vent faire par­tie de cette liste ou plus…
Une durée de trois heures est idéale pour chaque stage
x1 à x3 pour les stages DJ (3 à 9 heures) et x1 à x6 pour les stages danseurs (3 à 18 heures).
Les cours peu­vent aus­si être pro­posés aux débu­tants com­plets, notam­ment aux futurs danseurs qui souhait­ent appren­dre le tan­go argentin de bal rapi­de­ment (sans choré­gra­phie).
Pos­si­bil­ité de débuter en bal à par­tir de 6 à 9 heures de cours.
Ils sont aus­si des­tinés aux danseurs avancés qui souhait­ent danser plus en musique et explor­er les pistes de l’improvisation.

Tarif indi­catif, 100 € le mod­ule de 3 heures (à répar­tir entre les par­tic­i­pants, soit, par exem­ple 25 € pour 4 par­tic­i­pants).
Déplace­ments en sus – Bon plan : Inclure les stages dans un événe­ment où je suis DJ, tar­ifs adap­tés 😉

Langues du cours Français – Anglais – Espag­nol (prévoir tra­duc­teurs si plusieurs langues en mode con­férence)

Clase para DJClase de musi­cal­i­dad para bailar­ines y DJ
Autour d’une table ou dans une salle de con­férence.
De 1 à 20 par­tic­i­pants, illim­ité en con­férence


Rôles du DJ
Com­ment assem­bler une tan­da
Critères de dans­abil­ité
Savoir lire la piste et la salle
Les orchestres du tan­go à danser
Ani­ma­tion de la milon­ga
Ges­tion de sa musique
Util­i­sa­tion d’un logi­ciel DJ spé­cial­isé
Util­i­sa­tion d’une table de mix­age et de matériels spé­ci­fiques aux DJ
Tech­nique de la restau­ra­tion de fichiers
Ressources pour DJ
Trucs et astuces
Un lieu où on peut danser…
De 1 à 4 par­tic­i­pants

(tra­vail indi­vidu­el / cou­ple)
Le tan­go est une danse d’improvisation
Danser sur la musique ou danser la musique ?
Com­ment inter­préter une musique ?
Dif­férence entre les dif­férents styles de danse
Danser sur dif­férents orchestres
Principes et mise en œuvre du guidage portègne
Décou­verte de son style per­son­nel
(ne pas danser comme les autres)
Cours acces­si­bles aux danseurs débu­tants
Aucune choré­gra­phie ne sera pro­posée dans le cadre de mes stages basés sur la pra­tique
Con­fig­u­ra­tions idéales :
Femme seule
un ou deux cou­ples
Exem­ple de con­tenus. Cette liste est très loin d’être exaus­tive, les con­tenus sont défi­nis en amont avec les organ­isa­teurs et/ou sta­giaires.

Clases y talleres para bailarines y DJ

Clases como parte de fes­ti­vales o espe­cial cabi­da adu­a­na en mi salón de baile o en vue­stro hog­ar.

Las cues­tiones planteadas pueden ser parte de esta lista y más …
Una clase de tres horas es ide­al para cada cur­so
x1 a x3 cur­sos DJ (3–9 horas) y X1 a X6 prác­ti­cas para bailar­ines (3–18 horas).
Los cur­sos tam­bién pueden ser ofre­ci­das para los prin­cipi­antes com­ple­tos, incluyen­do futur­os bailar­ines que desean apren­der el baile de tan­go argenti­no ráp­i­da­mente (sin core­ografía).
Posi­bil­i­dad de ini­ciar en milon­gas después de 6 a 9 horas de clases.
Son tam­bién para bailar­ines avan­za­dos que quieren bailar más músi­ca y explo­rar las for­mas de impro­visación.

Pre­cio €100 cada módu­lo de 3 horas (para 4 par­tic­i­pantes, cada €25).
además via­jes – Con­se­jos: Incluir cur­sos en un even­to en el que las tasas de DJ sean adap­ta­dos 😉

Idiomas Cur­so en francés – Inglés – Español

Cours pour DJCours de musi­cal­ité pour danseurs et DJ
Alrede­dor de una mesa o en el modo de con­fer­en­cia
1 a 20 par­tic­i­pantes. Por con­fer­en­cias  sin lim­i­ta­da    


Pape­les de lDJ
Cómo armar una tan­da
Cri­te­rios por el baile
Saber leer la pista de baile y el salón
Las orques­tas de baile de tan­go
Ani­mación de la milon­ga
Gestión de la músi­ca
El uso de un soft­ware espe­cial­iza­do para DJ
El uso de un mez­clador (mesa)
y equipamien­to especí­fi­co para DJ
Restau­ración de la músi­ca
Recur­sos para DJ
Tru­cos y astu­cias
Un lugar donde se puede bailar…
de 1 a 4 par­tic­i­pantes
(Tra­ba­jo indi­vid­ual / pare­ja)

El tan­go es una dan­za de impro­visación
Bailar con la músi­ca o bailar la músi­ca?
¿Cómo inter­pre­tar la músi­ca?
Difer­en­cia entre difer­entes esti­los de baile
Orques­tas de baile
Prin­ci­p­ios y apli­cación de las indi­ca­ciones del guía porteño
Des­cubrim­ien­to de esti­lo pro­prio
(No bailar como los demás)
Cur­so acce­si­ble para prin­cipi­antes
Se pro­pon­drá ningu­na core­ografía
como parte de mis cur­sos de for­ma­ción basa­da en la prác­ti­ca
con­fig­u­ra­ciones ide­ales:
Mujer sola
una o dos pare­jas
Ejem­p­lo de con­tenido. Esta lista está lejos de ser exhaus­ti­va, los con­tenidos se definen pre­vi­a­mente con los orga­ni­zadores y/o los par­tic­i­pantes.

Classes and workshops for dancers and DJ

Fit­ted intern­ships as part of fes­ti­vals or spe­cial in my dance room or at your home.

The points raised can be part of this list and more …
A three-hour les­son is ide­al for each course
x1 to x3 DJ cours­es (3–9 hours) and x1 to x6 intern­ships for dancers (3–18 hours).
Cours­es may also be offered for com­plete begin­ners, includ­ing future dancers who wish to learn the Argen­tine tan­go dance quick­ly (with­out any chore­og­ra­phy).
Pos­si­bil­i­ty of start­ing in milon­gas after 6 to 9 hours of class­es.
They are also for advanced dancers who want to dance more in music and explore ways of impro­vi­sa­tion.

Indica­tive price 100 € each 3‑hours mod­ule (for dis­tri­b­u­tion to par­tic­i­pants, eg € 25 for 4 par­tic­i­pants).
not includ­ing trips – Tips: Include cours­es in an event where I am DJ for adapt­ed rates 😉

Course lan­guages French – Eng­lish – Span­ish

Tan­go DJ lessonsMusi­cal­i­ty class­es for dancers and DJ
Around a table or in con­fer­ence mode
1 to 20 par­tic­i­pants, unlim­it­ed for con­fer­ences


DJ’s Roles
How to assem­ble a tan­da
Cri­te­ria for danc­ing
Know­ing how to read the dance floor and the room
The orches­tras of tan­go
Ani­ma­tion of the milon­ga
How to orga­nize the music
Using a spe­cial­ized DJ soft­ware
Using a mix table
and DJ’s spe­cif­ic equip­ment
Restor­ing files
DJ Resources
Tips and tricks
A place where you can dance…
of 1 to 4 par­tic­i­pants
(Indi­vid­ual work/couple)

The tan­go is a dance of impro­vi­sa­tion
Dance with the music or dance the music?
How to inter­pret music?
Dif­fer­ence between dif­fer­ent dance styles
Dance orches­tras
Prin­ci­ples and imple­men­ta­tion of the porteño guid­ing
Dis­cov­ery of his own style
(Do not dance like the oth­ers)
Course acces­si­ble to begin­ners
No chore­og­ra­phy will be pro­posed
as part of my train­ing cours­es based only on prac­tice
Ide­al con­fig­u­ra­tions:
Alone woman
One or two cou­ples
Exam­ple of con­tent. This list is far from being exhaus­tive, the con­tents are pre­vi­ous­ly defined with the orga­niz­ers and/or par­tic­i­pants.

Chacarera pour/for/para tango DJS (Conseils/Tips/Consejos)

Choisir une chacarera / Elegir una chacarera / To choose a chacarera

Dans la plu­part des milon­gas portègnes, on pra­tique des dans­es folk­loriques. Depuis une quin­zaine d’années, j’essaye de pro­pos­er une tan­da de folk­lore dans les milon­gas que j’anime. La chacar­era com­mence à bien pren­dre et j’ai même eu le bon­heur de voir des zam­bas dan­sées en France.
Pour aider au développe­ment du phénomène, je vous pro­pose quelques con­seils pour choisir des chacar­eras qui ne vont pas dérouter les danseurs novices.

In most milon­gas of Buenos Aires, folk dances are per­formed.
For the past fif­teen years, I have been try­ing to offer a tan­da of folk­lore in the milon­gas that I do. The chacar­era is start­ing to take well and I even had the plea­sure to see zam­bas danced in France.
To help devel­op the phe­nom­e­non, I offer some tips for choos­ing chacar­eras that will not con­fuse novice dancers.

En la may­oría de las milon­gas porteñas hay bailes tradi­cionales.
Durante los últi­mos quince años, he trata­do ofre­cer una tan­da del fol­clore en las milon­gas que asumo. La chacar­era está empezan­do a tomar bien y tuve el plac­er ver zam­bas baila­do en Fran­cia tam­bién.
Para ayu­dar a desar­rol­lar el fenó­meno, doy acá algunos con­se­jos para ele­gir chacar­eras que no con­fundirán a los prin­cipi­antes.

Animer une chacarera / Guiar a una chacarera / How to help for a chacarera

Animer une chacarera

Lorsque les danseurs sont peu fam­i­liers avec la chacar­era, il est utile de les aider pour que le résul­tat ne vire pas à la pagaille. Voici quelques con­seils.

Annoncer l’intermède de folklore

Il faut laiss­er le temps aux danseurs de se plac­er. Le mieux est de lancer une intro­duc­tion bien mar­quée qui sig­ni­fiera aux danseurs que l’on va danser une chacar­era. Cette intro­duc­tion peut être une intro­duc­tion spé­ci­fique ou le début d’une chacar­era, pas for­cé­ment celle que l’on dansera.
Atten­tion à ne pas laiss­er se dérouler plus que les intro­duc­tions pour éviter que les danseurs plus avancés com­men­cent. On peut met­tre une intro en boucle pour quand les danseurs sont longs à s’organiser.

Penser à annon­cer de se munir d’un pañue­lo si on a prévu une zam­ba dans l’intermède de folk­lore.

Positionner les danseurs

En général, on place les hommes sur une ligne en face d’une ligne de femmes. Il est sou­vent utile de pro­pos­er que les danseurs se posi­tion­nent à un endroit pré­cis. Par exem­ple : « Les hommes du côté des fenêtres ». Les femmes se posi­tion­neront en face de leur parte­naire.

Si les danseurs sont nom­breux, on peut pro­pos­er de faire deux ou plusieurs lignes. Mais en général, quand ils sont nom­breux, ils savent à peu près s’organiser.

Les danseurs sont dans leurs lignes, face à leurs parte­naires. Le DJ peut lancer la musique de la chacar­era qui sera dan­sée.

Annoncer le début « adentro »

Même à Buenos Aires, il est courant d’annoncer le début de la danse par « aden­tro ». Si vos danseurs ont lu le guide pour choisir les chacar­eras, ils n’auront pas besoin de cette aide, car ils auront écouté l’introduction. Cepen­dant, beau­coup de musiques de folk­lore con­ti­en­nent l’adentro annon­cé par l’orchestre.

Cela me sem­ble donc indis­pens­able de l’annoncer, même si l’orchestre le dit, car les danseurs européens ne sont pas tous bien fam­i­liers avec cela.

Cela per­met un départ plutôt franc et le résul­tat d’ensemble aura plus de chance d’être har­monieux.

Pour mémoire, voici la choré­gra­phie. On peut annon­cer les dif­férentes phas­es si les danseurs se déca­lent et plus par­ti­c­ulière­ment ce qui est en gras, car c’est le début et l’annonce du final. Cela évite que cer­tains com­men­cent trop tard ou ter­mine trop tard…

Voz pre­ven­ti­va: Aden­tro
1º Figu­ra : Avance y retro­ce­so   4 com­pas­es
2º Figu­ra : Giro — 4  Com­pas­es
3º Figu­ra : Vuelta entera — 6 u 8 com­pas­es
4º Figu­ra : Zap­ateo y zaran­deo — 8 com­pas­es
5º Figu­ra : Vuelta entera — 6 u 8 com­pas­es
6º Figu­ra : Zap­ateo y Zaran­deo — 8 com­pas­es
Voz pre­ven­ti­va: Aura
7º Figu­ra : Media vuelta – 4 com­pas­es
8º Figu­ra : Giro y coro­nación   4 com­pas­es

Pour la sec­onde par­tie, on peut en général se con­tenter de aden­tro et aura.

Et après la première chacarera

Si tout s’est bien passé et qu’il y a une bonne par­tie des danseurs sur la piste, on fait en général une sec­onde chacar­era.

Pas de con­signe par­ti­c­ulière. On peut encour­ager le frap­pé des mains en annonçant pal­mas. Pour ma part, je mar­que le rythme avec des claque­ments de langue au micro­phone.

Il me sem­ble moins utile de le faire pour la pre­mière chacar­era, car les danseurs se met­tent en place et on peut avoir des con­signes à don­ner. Cela peut aus­si gên­er pour l’écoute du nom­bre de com­pas­es (6 ou 8).

Pour la sec­onde, cela me sem­ble utile, car ça per­met d’entretenir l’ambiance et d’éviter que les danseurs retour­nent à leur place. On peut aus­si en prof­iter pour encour­ager les timides qui n’ont pas dan­sé la pre­mière chacar­era à rejoin­dre la piste.

En général, on pro­pose tou­jours une chacar­era à 8 com­pas­es pour la pre­mière et si on décide de pro­pos­er une chacar­era à 6 com­pas­es pour la sec­onde, c’est que le niveau est sat­is­faisant, mais il fau­dra veiller à ce que les danseurs ne se lais­sent pas sur­pren­dre en ter­mi­nant trop tard leurs vueltas.

Si on a la chance d’être dans un lieu où les danseurs pra­tiquent aus­si la zam­ba, on ter­min­era l’intermède de folk­lore par une zam­ba. Le fait d’avoir annon­cé de pren­dre le pañue­lo à l’avance per­met de savoir si la propo­si­tion d’une zam­ba est per­ti­nente.

Si per­son­ne ne danse la zam­ba, cela fera une belle corti­na…

En général, je laisse la zam­ba même s’il n’y a qu’un ou deux cou­ples. Cela fait un peu démo, mais c’est une façon d’encourager le développe­ment de cette danse mag­nifique.

Michèle et Christophe, deux danseurs ayant dan­sé mag­nifique­ment une zam­ba dans une milon­ga que j’an­i­mais. Sûr qu’ils ont créé des voca­tions car depuis, je passe un peu plus de zam­bas…