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Le câblage

Sonorisation d’une milonga — Partie 2 — Les câblages

Quand on est habitué à pass­er d’une instal­la­tion à l’autre, on sait prévoir la diver­sité des con­nec­tiques qui pour­raient être néces­saires.
Je dédie cet arti­cle à un sta­giaire DJ qui, cette semaine, a attiré mon atten­tion sur ce point qui peut être dif­fi­cile pour les débu­tants.
Vous trou­verez en fin d’article une « trousse de base » afin de trou­ver facile­ment les élé­ments évo­qués dans cet arti­cle.

Préparer sa prestation à l’avance

Quand on nous con­fie la sonori­sa­tion d’une milon­ga, il est impor­tant de s’assurer que l’on aura sur place tout ce dont on aura besoin. C’est notam­ment le cas pour les déplace­ments en avion où les bagages sont sou­vent lim­ités.

Dans ce cas, il con­vient d’apporter ce qui est néces­saire, sans trop de super­flu et donc de savoir ce qui est sur place pour ne pas se retrou­ver coincé.

Pour cette rai­son, les DJ qui ont des besoins par­ti­c­uliers envoient leur fiche tech­nique. Vous trou­verez une des miennes ici.

Atten­tion, ce n’est pas parce que vous avez envoyé une fiche tech­nique que vous allez avoir ce que vous avez demandé. Trop peu d’organisateurs trans­met­tent au régis­seur ou au sonorisa­teur cette fiche tech­nique alors qu’ils le font tou­jours pour les orchestres. Il faut recon­naître à leur décharge que, dans le domaine du tan­go, la plu­part des DJ se con­tentent d’un câble avec un mini-jack à branch­er sur leur ordi­na­teur.

Heureuse­ment, d’autres organ­isa­teurs sont plus sérieux et pren­nent réelle­ment en compte les fich­es tech­niques et, avec quelques allers-retours entre l’organisation (si pos­si­ble, le sonorisa­teur ou le régis­seur) et le DJ, on arrive à véri­fi­er que tout sera OK.

Branchement de l’ordinateur (ou autre) au système de sonorisation

Si vous deman­dez quelque chose, il faut que ce soit jus­ti­fié et que vous en ayez réelle­ment besoin. Il vous faut donc acquérir quelques notions pour définir vos besoins.

Jack 3,5 mm

Le sys­tème le plus sim­ple et qu’utilisent la majorité des DJ de tan­go con­siste à rac­corder l’ordinateur à la con­sole ou aux enceintes ampli­fiées à l’aide d’un câble muni d’un jack 3,5 mm que l’on branche directe­ment dans la prise casque de l’ordinateur.

On branche un câble muni d'un mini jack (3,5) sur la prise "casque" de l'ordinateur. La liaison avec la console de mixage se fait en analogique, le signal numérique du fichier de l’ordinateur étant converti par le convertisseur (DAC) de l’ordinateur.
On branche un câble muni d’un mini jack (3,5) sur la prise “casque” de l’or­di­na­teur. La liai­son avec la con­sole de mix­age se fait en analogique, le sig­nal numérique du fichi­er de l’ordinateur étant con­ver­ti par le con­ver­tis­seur (DAC) de l’ordinateur.

Cette liai­son présente toute­fois trois prin­ci­paux incon­vénients.

  • Ce con­necteur stéréo est sujet aux faux con­tacts, surtout pour une util­i­sa­tion intense.
  • La qual­ité sonore est celle du con­ver­tis­seur numérique vers analogique (DAC) inclus dans l’ordinateur, ce dernier étant sou­vent de qual­ité moyenne, on risque une perte de qual­ité par rap­port à l’utilisation d’un DAC (carte son) externe.
  • L’inconvénient majeur à mon sens est que, si on branche la con­nex­ion à la sono à la prise casque, on n’a plus de prise pour le casque, ce qui inter­dit la préé­coute.

Les prin­ci­paux avan­tages en sont cepen­dant :

  • Il suf­fit de branch­er le jack 3.5 fourni par l’organisateur pour être prêt. C’est donc un sys­tème bien adap­té aux débu­tants.
  • La grande majorité des organ­isa­teurs four­nissent ce câble aux DJ de tan­go. Le DJ peut donc se con­tenter de venir avec son ordi­na­teur. Il n’aura qu’à le branch­er sur le secteur et sur ce jack pour être prêt…

Utilisation d’un DAC (Carte son, placa de sonido)

Comme nous l’avons vu, le branche­ment sur la prise casque rend impos­si­ble la préé­coute au casque. Il est donc intéres­sant de rajouter une sor­tie à son ordi­na­teur, car ain­si, on peut avoir deux sor­ties, une vers le casque et l’autre vers le sys­tème de sonori­sa­tion.

Il existe plusieurs sys­tèmes de con­nex­ion, mais le plus courant est une con­nex­ion USB. Nous ver­rons unique­ment ce type de con­nex­ion dans la mesure où ceux qui utilisent des sys­tèmes pro­fes­sion­nels n’ont pas besoin de lire mon arti­cle…

Connexion avec un DAC. La liaison A (USB) est numérique et la B (câble audio) est analogique. Certaines consoles disposent d’une entrée numérique, ce qui permet de les utiliser comme DAC. Dans ce cas, la liaison « A » va directement à la console, sans besoin d’un DAC. Le casque peut être utilisé en parallèle. Il suffit de le brancher sur la sortie Jack 3.5 de l’ordinateur.
Con­nex­ion avec un DAC. La liai­son A (USB) est numérique et la B (câble audio) est analogique. Cer­taines con­soles dis­posent d’une entrée numérique, ce qui per­met de les utilis­er comme DAC. Dans ce cas, la liai­son « A » va directe­ment à la con­sole, sans besoin d’un DAC. Le casque peut être util­isé en par­al­lèle. Il suf­fit de le branch­er sur la sor­tie Jack 3.5 de l’ordinateur.

Les différents types de câbles

Un DJ pru­dent s’arrange pour avoir de quoi branch­er son équipement sur les dif­férents sys­tèmes exis­tants.

Câble avec connecteur Jack 3.5 entre l’ordinateur et la console

Ce câble est générale­ment fourni par l’organisateur. Il dis­pose d’un côté du jack 3.5 et de l’autre des con­necteurs adap­tés à l’équipement de l’organisateur :

La plupart des organisateurs proposent ce type de connecteur aux DJ de tango. On remarque trois points de contact. C’est un jack stéréo qui permet de transmettre les deux voies (gauche et droite de la stéréo).
La plu­part des organ­isa­teurs pro­posent ce type de con­necteur aux DJ de tan­go. On remar­que trois points de con­tact. C’est un jack stéréo qui per­met de trans­met­tre les deux voies (gauche et droite de la stéréo).

Nous avons vu que ce câble n’est pas opti­mal, mais, comme il est sou­vent fourni par les organ­isa­teurs et que, par­fois, le sys­tème de sonori­sa­tion ne per­met pas de branch­er un autre type de câble (pris­es de con­nex­ion sous clef ou trop éloignées, con­necteurs exo­tiques…), il est intéres­sant d’avoir un adap­ta­teur jack 3.5 femelle per­me­t­tant de branch­er une carte son sur ce câble.

Si vous utilisez ce type de connexion, considérez que c'est un dépannage et il est préférable de solidariser les deux connecteurs en utilisant un peu de gaffeur.
Si vous utilisez ce type de con­nex­ion, con­sid­érez que c’est un dépan­nage et il est préférable de sol­i­daris­er les deux con­necteurs en util­isant un peu de gaffeur.

Les connecteurs des DAC et des consoles

Ces matériels utilisent trois types de con­necteurs. Atten­tion, ils sont générale­ment en dou­ble liai­son mono. C’est-à-dire qu’il faut un câble pour le canal gauche et un pour le canal droit.

Les connecteurs mâles se branchant sur la console. Celui qui est marqué en blanc ou noir correspond au canal gauche et celui qui est marqué de rouge correspond au canal de droite. Truc mnémotechnique Rouge = RED = Right (Droite en anglais). Il est important de ne pas inverser les canaux gauche et droit, sauf dans quelques cas particuliers. C’est important aussi pour le tango, qui est diffusé en double mono.
Les con­necteurs mâles se bran­chant sur la con­sole. Celui qui est mar­qué en blanc ou noir cor­re­spond au canal gauche et celui qui est mar­qué de rouge cor­re­spond au canal de droite. Truc mné­motech­nique Rouge = RED = Right (Droite en anglais). Il est impor­tant de ne pas invers­er les canaux gauche et droit, sauf dans quelques cas par­ti­c­uliers. C’est impor­tant aus­si pour le tan­go, qui est dif­fusé en dou­ble mono.

Pour les câbles munis de Jacks, il con­vient d’éviter les câbles stéréo. Ils sont des­tinés à la stéréo et pour assur­er des liaisons symétriques. Les liaisons symétriques per­me­t­tent d’augmenter la longueur de câble en réduisant les inter­férences. Pour reli­er la carte son à la con­sole, comme les dis­tances sont faibles, il n’y a pas besoin de liai­son symétrique. Prenez des câbles « mono » qui assureront un meilleur con­tact puisque le DAC sera en dou­ble mono. Un con­necteur stéréo pour­rait avoir son con­tact à un emplace­ment inadéquat, même si, en général, ce n’est pas le cas.

Les con­necteurs Jack 3.5

On oublie les con­necteurs 3.5, sauf pour des petits DAC de sec­ours qui se glis­sent facile­ment dans la pochette de l’ordinateur ou du casque. Ils sont pra­tiques à reli­er au fameux câble de base des organ­isa­teurs.

Les con­necteurs RCA Cinch

Le con­necteur RCA (Cinch) est surtout util­isé sur les sys­tèmes « ama­teur » ou haute-fidél­ité. Sa con­nex­ion n’est pas très fiable, mais ces câbles sont très courants. Quelques cartes sons utilisent ce type de con­necteur, comme la Z1 de Native Instru­ments.

Quatre DAC que j’utilise.
Les DAC dis­posent de plusieurs types de con­necteurs. Jack 6.35 ou 3.5, RCA Cinch, voire pour des matériels haut de gamme XLR.

Les con­necteurs Jack 6.35

Presque deux fois plus gros que les jacks 3.5, les jacks 6.35 offrent un meilleur con­tact. Ils sont rapi­des à con­necter et sont très courants pour les matériels pro­fes­sion­nels. C’est le con­necteur à priv­ilégi­er pour le DAC, car il a peu de faux con­tacts et tient bien.

On fera atten­tion, comme pré­cisé ci-dessus, de bien pren­dre des jacks mono et pas stéréo ou symétriques.

Préférez le jack mono au jack stéréo (ou symétrique), car il assurera un meilleur contact. Cependant, dans la plupart des cas, un jack stéréo fonctionnera tout de même. Les jacks stéréo sont aussi utilisés pour les liaisons symétriques à grande distance. Ils appartiennent donc plutôt au domaine des sonorisateurs que des DJ qui ont des distances relativement courtes à couvrir et un équipement qui n’utilise pas les liaisons symétriques…
Préférez le jack mono au jack stéréo (ou symétrique), car il assur­era un meilleur con­tact. Cepen­dant, dans la plu­part des cas, un jack stéréo fonc­tion­nera tout de même. Les jacks stéréo sont aus­si util­isés pour les liaisons symétriques à grande dis­tance. Ils appar­ti­en­nent donc plutôt au domaine des sonorisa­teurs que des DJ qui ont des dis­tances rel­a­tive­ment cour­tes à cou­vrir et un équipement qui n’utilise pas les liaisons symétriques…

Les con­necteurs XLR

Ces con­necteurs ont la plu­part du temps 3 voies. Sachez cepen­dant qu’il en existe à 4 et 5 voies et que vous ne devez pas vous munir de ces con­necteurs que l’on ne trou­ve pas sur les con­soles de mix­age.

Connecteurs XLR mâles. Ce sont ceux qui vont se brancher sur les consoles professionnelles, mais aussi sur les boîtiers de direct.
Con­necteurs XLR mâles. Ce sont ceux qui vont se branch­er sur les con­soles pro­fes­sion­nelles, mais aus­si sur les boîtiers de direct.

Les câbles XLR peu­vent être util­isés en mono, stéréo ou en liai­son symétrique.

Où brancher les connecteurs ?

Vous avez les bons con­necteurs, ceux pour la sor­tie de votre DAC à une extrémité des deux câbles et de l’autre, les con­necteurs à branch­er sur la con­sole de l’organisateur, ou sur ses amplis ou enceintes ampli­fiées.

Sur cette petite console de mixage, on trouve des connecteurs XLR et des connecteurs combo, XLR + Jack 6.35.
Sur cette petite con­sole de mix­age, on trou­ve des con­necteurs XLR et des con­necteurs com­bo, XLR + Jack 6.35.

Vos câbles se ter­mi­nent par des fich­es mâles. Il vous faut donc trou­ver, sur la con­sole, des pris­es femelles. Sur un matériel pro­fes­sion­nel, vous aurez des con­necteurs XLR et/ou Jack. Vous remar­querez, sur la pho­togra­phie précé­dente, que sur la pre­mière ligne (pris­es 1 à 4), la prise XLR a un gros trou cen­tral. C’est qu’elle autorise, soit une prise XLR, soit une prise Jack 6.35.

Sur de nombreuses consoles, vous avez aussi des prises RCA. En général, c'est pour connecter un lecteur de CD, mais vous pouvez aussi l'utiliser pour vous connecter. Cependant, certaines consoles de mixage ne disposent pas d'égaliseurs sur ces tranches, il est donc préférable d’opter pour une tranche disposant de tous les réglages nécessaires. On remarque ici un USB Play qui permet de brancher une clef USB, par exemple, pour passer une musique d’attente avant le set.
Sur de nom­breuses con­soles, vous avez aus­si des pris­es RCA. En général, c’est pour con­necter un lecteur de CD, mais vous pou­vez aus­si l’u­tilis­er pour vous con­necter. Cepen­dant, cer­taines con­soles de mix­age ne dis­posent pas d’é­galiseurs sur ces tranch­es, il est donc préférable d’opter pour une tranche dis­posant de tous les réglages néces­saires. On remar­que ici un USB Play qui per­met de branch­er une clef USB, par exem­ple, pour pass­er une musique d’attente avant le set.

Se brancher sur une console et identifier les zones utiles

Les con­soles peu­vent intimider cer­tains DJ au point qu’une DJ dans un grand fes­ti­val avait fait enlever tous les bou­tons de la con­sole pour éviter d’y touch­er…

Voici un exem­ple, sur une petite con­sole analogique, Yama­ha.

Console Yamaha. Repérage des zones les plus utiles pour les DJ de tango.
Con­sole Yama­ha. Repérage des zones les plus utiles pour les DJ de tan­go.

Voici les par­ties utiles, par ordre d’utilisation…

Entrées mono ou stéréo

Sur cette con­sole, on peut choisir de se con­necter aux pris­es 1 à 4, mais il fau­dra utilis­er deux tranch­es pour la stéréo (même si les tan­gos sont en mono, on utilise générale­ment un équipement stéréo ou dou­ble mono). Le seul incon­vénient est qu’il faut effectuer les réglages sur les deux tranch­es (gain, égaliseur, vol­ume). On réservera donc ces tranch­es plutôt aux micro­phones, sauf si les tranch­es stéréo man­quent de réglage, ce qui n’est pas le cas pour les tranch­es 5/6 et 7/8 de cette con­sole. Sur ces tranch­es, vous pou­vez branch­er des jacks ou des pris­es XLR. Atten­tion, pour avoir de la stéréo avec un câble XLR, il faut deux entrées arrivant à cette sor­tie XLR. Par exem­ple, avec un câble dis­posant de deux Jacks 6.35 mono d’un côté et d’une prise XLR à l’autre extrémité. Ce con­necteur a trois points et peut donc pass­er un sig­nal stéréo.

Les pris­es suiv­antes (9 à 12) sont égale­ment stéréo, cepen­dant, vous remar­querez qu’elles com­por­tent moins de réglages (absence de gain et de réglage des médi­ums). Les con­necteurs sont des jacks 6.35, des pris­es RCA et, pour la tranche 11–12, l’USB. L’USB per­met d’utiliser cette con­sole comme une carte son en bran­chant directe­ment l’ordinateur à la con­sole en USB.

Détail de la connexion USB. À droite, photo de l'arrière de la console où se trouve la prise USB-B. À gauche, les tranches 9/10 et 11/12. En bas de cette dernière le sigle USB et le bouton permettant de basculer entre l'entrée USB et l'entrée ligne (Jack 6.35 ou RCA Cinch).
Détail de la con­nex­ion USB. À droite, pho­to de l’ar­rière de la con­sole où se trou­ve la prise USB‑B. À gauche, les tranch­es 9/10 et 11/12. En bas de cette dernière le sigle USB et le bou­ton per­me­t­tant de bas­culer entre l’en­trée USB et l’en­trée ligne (Jack 6.35 ou RCA Cinch).

Utilis­er les tranch­es 9 à 12 et le DAC incor­poré des tranch­es 11–12 est intéres­sant. On peut juste regret­ter l’absence de réglage du gain et des médi­ums. Cer­taines con­soles n’ont pas cette lim­i­ta­tion et l’utilisation d’une entrée stéréo sera con­fort­able en per­me­t­tant de régler les deux voies en même temps.

On notera que sur les con­soles pro­fes­sion­nelles, il est pos­si­ble de grouper deux voies, voire plus en créant des groupes. Cela per­met d’avoir les réglages qui se dupliquent sur d’autres tranch­es. Par exem­ple, si les poten­tiomètres sont motorisés et cou­plés, lorsque l’on déplace un des curseurs, l’autre se déplace en même temps.

Gain d’en­trée

Le poten­tiomètre de réglage du gain per­met d’ajuster le vol­ume d’entrée. On con­trôlera avec les vu-mètres, que le sig­nal ne va jamais dans le rouge pour éviter un son dis­tor­du. Au-dessus du poten­tiomètre des tranch­es com­por­tant un bou­ton de gain, il y a aus­si un voy­ant (LED) Peak (pointe). Si ce voy­ant s’allume, c’est que le sig­nal est trop fort. Il fau­dra alors baiss­er le poten­tiomètre de Gain ou baiss­er le vol­ume de sor­tie de l’ordinateur et/ou du DAC.

En général, on règle le gain rel­a­tive­ment haut en réglant de façon que, durant les for­tis­si­mos, la diode rouge soit à la lim­ite de s’allumer. Cela per­met d’avoir de la réserve pour les autres réglages en aval.

Égaliseurs

Sur cette con­sole d’entrée de gamme, il n’y a que 3 fréquences de réglage (bass­es, médi­ums et aigus). Les inter­ven­tions seront donc som­maires, mais suff­isantes dans la plu­part des sit­u­a­tions usuelles. En revanche, pas pos­si­ble de retouch­er une fréquence pré­cise. Pour cela, il fau­dra, a min­i­ma, un égaliseur semi-paramétrique ou mieux, paramétrique.

En début de milon­ga, tous les curseurs doivent en posi­tion neu­tre.

Panoramique

Le panoramique per­met de posi­tion­ner la tranche dans l’horizon gauche à droite. Si vous utilisez des tranch­es mono (1 à 4, par exem­ple), vous pou­vez met­tre les canaux impairs à gauche et les canaux pairs à droite. Atten­tion, comme vous musi­calisez une milon­ga, il faut pren­dre plusieurs points en compte.

  • La plu­part des tan­gos sont en mono. Le sig­nal sera donc le même dans les deux canaux.
  • Les danseurs se dépla­cent sur la piste et donc par rap­port aux enceintes. Si vous utilisez un morceau au stéréo très mar­qué, les danseurs auront une musique dif­férente selon leur posi­tion dans la salle. C’est notam­ment le cas pour des musiques des années 50 et 60 où l’effet stéréo était sou­vent exagéré. Les danseurs enten­dent majori­taire­ment le son de l’enceinte la plus proche. Si c’est une enceinte de gauche, il enten­dra, par exem­ple, la main gauche du piano et la con­tre­basse et s’il se déplace vers une enceinte de droite, il aura les par­ties aiguës du piano et les vio­lons (en fait, chaque prise de son a ses par­tic­u­lar­ités et l’ingénieur du son peut avoir répar­ti les instru­ments et leur tes­si­ture à sa guise).
  • Les corti­nas sont dif­fusées quand les danseurs arrê­tent de danser. On peut donc rétablir un effet stéréo plus mar­qué, surtout si la corti­na a des effets stéréo très mar­qués (Mon­ey de Pink Floyd, par exem­ple).
  • Dans la pra­tique, pour ne pas être sans arrêt en train de chang­er les réglages, on peut plac­er le réglage panoramique au milieu, ou légère­ment à gauche pour le canal gauche et légère­ment à droite pour le canal de droite.
  • Si on utilise les tranch­es stéréo, on par­le plutôt de bal­ance, car il s’agit d’équilibrer les deux canaux et pas d’augmenter ou rétré­cir leur champ stéréo­phonique.

Poten­tiomètres

Les poten­tiomètres de chaque tranche per­me­t­tent d’en régler le vol­ume. Dans la pra­tique, on n’y touche pas une fois que les réglages sont faits, sauf si on souhaite, par exem­ple, baiss­er le vol­ume pour faire une annonce ou pen­dant la corti­na. En général, on laisse un peu de marge en posi­tion­nant les poten­tiomètres à 3/4 env­i­ron. Cela per­met de rajouter rapi­de­ment un peu de vol­ume, sans touch­er au gain qui est en principe réglé à la lim­ite supérieure per­me­t­tant d’être en dessous du seuil de dis­tor­sion.

Vol­ume mas­ter

Ce poten­tiomètre per­met de régler le vol­ume du mix. C’est lui qui définit le niveau de sor­tie. Il agit sur toutes les voies. Cela per­met de préserv­er l’équilibre du mix­age.

Vu-mètres

Les vu-mètres per­me­t­tent de con­trôler le vol­ume. En mode PFL (avant les réglages), ils per­me­t­tent de régler pré­cisé­ment le gain. En mode AFL (après les réglages), ils per­me­t­tent de véri­fi­er que le niveau de sor­tie et les éventuels traite­ments sont cor­rects.

Dans la pra­tique, on reste dans le vert. De petits pas­sages en jaune (orange) sont tolérables, mais un abus de la zone rouge se paye par une dis­tor­sion supérieure, voire par une détéri­o­ra­tion de l’amplificateur ou des haut-par­leurs.

Les sor­ties

Le sig­nal sort enfin de la con­sole de mix­age pour être envoyé aux amplifi­ca­teurs ou aux enceintes ampli­fiées (enceintes con­tenant leur pro­pre amplifi­ca­teur). Sur cette con­sole, la sor­tie peut être en XLR ou Jack 6.35.

Les autres élé­ments

Les par­ties grisées sont moins utiles à un DJ de tan­go. Elles per­me­t­tent d’appliquer des effets, d’ajouter un processeur de son dans le sig­nal, fan­taisies qui sont peu courantes en tan­go. Dans ce guide pour débu­tant, il me sem­ble qu’on peut les laiss­er sous silence. Veillez cepen­dant à met­tre à zéro les poten­tiomètres d’effet pour éviter une mon­tée du bruit de fond ou d’avoir un effet indésir­able.

On remar­quera aus­si des poten­tiomètres jaunes sur les voies 1 à 4, ils per­me­t­tent d’ajuster la com­pres­sion du sig­nal, c’est-à-dire d’écraser la dynamique pour que les pas­sages pianos soient plus forts et que les pas­sages for­tis­si­mos ne soient pas trop forts. Une musique com­pressée a un vol­ume moyen plus élevé et peut être plus fati­gante à l’écoute.

Les fantômes prennent le micro

À droite des com­presseurs, on remar­que la présence d’une ali­men­ta­tion Phan­tom 48 Volts (par­fois 24 Volts). Elle sert à ali­menter les micro­phones élec­tro­sta­tiques qui ont besoin d’une source de courant. En général, vous vous en passerez et vous devrez laiss­er l’alimentation Phan­tom éteinte, sauf si vous avez ce type de micro­phones, ce que je vous décon­seille si c’est pour faire vos annonces. Un bon micro­phone dynamique est large­ment préférable (type Shure SM58).

Au sujet du micro­phone, il peut être pra­tique d’avoir un micro­phone avec un inter­rup­teur pour éviter d’avoir à appuy­er sur le bou­ton « Mute » de la con­sole. Dans le cadre du micro­phone Shure SM58, il faut pren­dre la ver­sion « Se ». Atten­tion, sur cer­tains matériels, la manip­u­la­tion de cet inter­rup­teur intro­duit un bruit lors de l’activation ou de la dés­ac­ti­va­tion. C’est la pre­mière rai­son pour laque­lle les sonorisa­teurs pro­fes­sion­nels préfèrent les micro­phones sans inter­rup­teur, la sec­onde est pour éviter que l’artiste coupe son micro et donne des sueurs froides au sonorisa­teur…

Se brancher sur un boîtier de direct

Tous les sonorisa­teurs ne lais­sent pas l’accès à la con­sole au DJ. Il leur pro­pose un câble arrivant à prox­im­ité, ou plus sou­vent, un boîti­er de direct.

Ce boîti­er per­met de con­necter une source, générale­ment en XLR ou Jack 6.35. La sor­tie de ce boîti­er est une liai­son symétrique (XLR) qui per­met d’avoir de grandes longueurs de câble en évi­tant les par­a­sites.

Avant et arrière d'un boîtier de direct. À gauche, là où se branche le DJ (pour un des canaux) et à droite, la sortie symétrique qui permet d’avoir de grandes longueurs de câbles jusqu’à la sonorisation sans craindre les parasites.
Avant et arrière d’un boîti­er de direct. À gauche, là où se branche le DJ (pour un des canaux) et à droite, la sor­tie symétrique qui per­met d’avoir de grandes longueurs de câbles jusqu’à la sonori­sa­tion sans crain­dre les par­a­sites.

ATTENTION, ce type de boîti­er de direct n’a qu’une voie. Il en faut donc deux pour trans­met­tre un sig­nal stéréo.

Une autre façon de gér­er les branche­ments, notam­ment, quand il y a aus­si un orchestre, est de met­tre en place une « pieu­vre ».

Une version avancée du boîtier de direct est ce type avec une pieuvre de câbles. Sur le boîtier, on branche les câbles de la scène (par exemple pour un orchestre). Dans cet exemple, il y a douze entrées numérotées de 1 à 12).
Une ver­sion avancée du boîti­er de direct est ce type avec une pieu­vre de câbles. Sur le boîti­er, on branche les câbles de la scène (par exem­ple pour un orchestre). Dans cet exem­ple, il y a douze entrées numérotées de 1 à 12).

Les câbles des instru­men­tistes et du DJ sont branchés sur le boîti­er. Le sig­nal est trans­mis en symétrique jusqu’à la con­sole. Là, chaque prise XLR est con­nec­tée à la tranche cor­re­spon­dante.

On remar­quera 4 pris­es SLX (mâles sur le boîti­er et femelles au bout des câbles de la pieu­vre. Ces 4 liaisons sont des­tinées aux retours qui sont des haut-par­leurs posés sur la scène et qui per­me­t­tent aux musi­ciens de s’entendre jouer.

Ces pieu­vres sont très utiles pour éviter l’encombrement de la scène et pour éviter d’avoir de nom­breux câbles qui courent de la scène jusqu’à l’emplacement du sonorisa­teur.

Démarrer la sonorisation avant la milonga

Si vous vous branchez sur une instal­la­tion gérée par un sonorisa­teur, deman­dez-lui l’autorisation de vous branch­er. Il veillera à « muter » (ren­dre silen­cieuses) vos tranch­es pour éviter d’envoyer dans les enceintes les clacs de vos branche­ments et mis­es en route.

Si vous gérez vous-même la mise en marche, com­mencez par con­necter votre carte son sur l’ordinateur (câble USB) et la carte son à la con­sole (câble XLR ou Jack 6.35). Allumez votre ordi­na­teur. Cela fera démar­rer votre carte son. Allumez ensuite la con­sole, puis enfin l’ampli ou les enceintes ampli­fiées.

Réglage du volume

  1. Régler le vol­ume de sor­tie du logi­ciel de l’ordinateur a un niveau plutôt faible. C’est inutile avec un logi­ciel DJ, mais utile pour ceux qui musi­calisent avec des logi­ciels comme iTunes.
  2. Régler le niveau d’entrée de la carte son à un niveau moyen.
  3. Régler le niveau de sor­tie de la carte son à un niveau moyen à faible.
  4. Ajustez le gain sur la con­sole à un niveau moyen à faible.
  5. Posi­tion­ner le curseur des poten­tiomètres des voies DJ à env­i­ron ¾ de la course.
  6. Posi­tion­nez le curseur de vol­ume général (Main) de la con­sole à un niveau moyen.
  7. Réglez l’amplificateur (ou les enceintes ampli­fiées), à un niveau plutôt faible (1/4 de la puis­sance, par exem­ple).
  8. Envoyez une musique bien représen­ta­tive et d’un vol­ume soutenu depuis votre logi­ciel DJ. Idéale­ment, vous pou­vez envoy­er un bruit rose, mais c’est pénible pour les oreilles s’il y a des per­son­nes déjà présentes dans la salle.
  9. Véri­fiez que le sig­nal est reçu par la carte son en obser­vant ses vu-mètres.
  10. Réglez le vol­ume de l’entrée DJ sur la carte son. Ses vu-mètres ne doivent pas aller dans le rouge.
  11. Vous devriez enten­dre le son dans les enceintes (nor­male­ment à un niveau très faible).
  12. Le vol­ume de sor­tie de la carte son peut être ajusté, mais gardez un peu de marge pour pou­voir mon­ter le vol­ume depuis la carte son si un des titres a un niveau plus faible. Si votre carte son ne dis­pose pas de réglage de vol­ume, les étapes 10 à 12 n’existent pas.
  13. Sur la con­sole, réglez le niveau de gain de façon en faisant en sorte que la diode « Peak » s’allume, puis bais­sez le niveau jusqu’à ce qu’elle ne s’allume plus.
  14. Réglez le curseur des poten­tiomètres des tranch­es DJ à env­i­ron ¾ de la course.
  15. Le vol­ume de Mas­ter est réglé env­i­ron à 50 %.
  16. Sur l’amplificateur (ou les enceintes ampli­fiées), réglez le vol­ume de dif­fu­sion afin qu’il soit suff­isant. 80dBa sur la piste est une bonne valeur. Pour mesur­er le niveau sonore, vous pou­vez utilis­er une appli­ca­tion sur télé­phone, mais, bien sûr, un déci­belmètre est préférable.

Si vous n’arrivez pas à un vol­ume suff­isant

Le niveau sonore final est trop faible alors que vous avez poussé l’ampli (ou les enceintes ampli­fiées) au max­i­mum, ce qui est forte­ment décon­seil­lé.

Si c’est le cas, bais­sez un peu le vol­ume de l’ampli (80 % du maxi, env­i­ron) et aug­mentez le vol­ume sur les poten­tiomètres des tranch­es DJ de la con­sole. Si cela ne suf­fit pas, aug­mentez le vol­ume Main de la con­sole. Si cela ne suf­fit tou­jours pas, il vous fau­dra aug­menter un peu les gains sur la carte son et sur la con­sole, mais ce sera avec le risque d’avoir de la dis­tor­sion (diodes « Peak » qui s’allument de temps en temps). Si cela ne va tou­jours pas, c’est sans doute que vous avez un mau­vais réglage dans votre chaîne, prob­a­ble­ment sur la con­sole, ou que l’amplificateur est vrai­ment sous-dimen­sion­né pour l’événement.

Pour régler ce prob­lème, vous aurez peut-être besoin de l’aide du sonorisa­teur, tout comme sur le bon posi­tion­nement des enceintes. Cepen­dant, si vous souhaitez en savoir plus, vous pou­vez con­sul­ter l’article « Sonoris­er une milon­ga ».XXXX

La trousse de base

Carte son (DAC)

Il existe, bien sûr, beau­coup d’autres mod­èles, entre 10 et 2000 €. Véri­fiez juste qu’ils fonc­tion­nent bien avec votre matériel (Mac, Win­dows, Lin­ux…). Voici une petite sélec­tion.

Câble USB

Les cartes son (DAC) sont livrées avec un câble USB. Cepen­dant, les ordi­na­teurs mod­ernes n’ont plus de sor­tie USB‑A, seule­ment des USB‑C. Il con­vien­dra donc d’avoir un câble à ce for­mat s’il n’est pas fourni. Je vous con­seille égale­ment d’avoir un câble de rechange.

Câbles permettant de connecter votre DAC à la console

En fonc­tion du type de pris­es de sor­tie équipant votre DAC, vous devrez prévoir des câbles dif­férents. Il faut que ces câbles soient suff­isam­ment longs pour aller de votre carte son jusqu’à la con­sole et pas trop long pour ne pas être encom­brants. En général, 1 m est sat­is­faisant.

Carte son avec sortie RCA Cinch

Cette sor­tie en RCA Cinch se retrou­ve sur dif­férents matériels, comme la Behringer UCA222, ou la Native Instru­ment Trak­tor Z1.

Carte son avec sortie Jack 6.35

C’est le type de con­nex­ion le plus courant sur les DAC.

Le câble XLR

Les cartes son avec sor­tie XLR sont rares. Si vous avez opté pour ce type de matériel, vous n’avez pas besoin de con­seil pour les câbles. Cepen­dant, les micro­phones util­isant ce type de câble, il peut être utile d’en avoir un en rechange. De plus, comme ces câbles sont mâles d’un côté et femelles de l’autre, vous pou­vez les utilis­er comme des ral­longes, pour aug­menter la dis­tance entre votre équipement et le micro­phone.

Le microphone

Vous pou­vez très bien faire le DJ sans micro­phone, mais bon, quelques mots avec le pub­lic per­me­t­tent d’égayer l’ambiance. Vous pou­vez compter sur celui de l’organisateur, ou pas.

  • Shure SM58SE Micro­phone Vocal Dynamique car­dioïde avec Inter­rup­teur on/Off. C’est le micro à tout faire pour le DJ. C’est la ver­sion avec un inter­rup­teur, car cela vous évite le stress d’aller couper sur la con­sole, con­sole que vous n’aurez pas tou­jours à portée de main, notam­ment lorsque vous serez con­nec­tés sur des boîtiers de direct. Dans ce cas, il fau­dra en deman­der trois au sonorisa­teur. Deux pour la musique et un pour le micro­phone.
  • Shure BLX24/SM58 freq M17 C’est la ver­sion sans fil du micro­phone. Cepen­dant, je ne suis pas sûr que ce soit au DJ de le fournir, à moins que vous soyez un DJ remuant qui aime se déplac­er au milieu des danseurs…

Le gaffeur

Le gaffeur ou gaffer est indis­pens­able dans la trousse du DJ. Il per­met de fix­er rapi­de­ment les câbles, de sécuris­er les pris­es pour éviter qu’elles se débranchent ou même de fix­er une nappe. Ce n’est pas du ruban adhésif ordi­naire. Il se découpe en le déchi­rant et il peut se décoller sans laiss­er de trace. En général il est noir, voire noir mat, pour qu’il puisse se dis­simuler sur le sol des scènes qui sont générale­ment noir mat.

Mag­tape Matt 500 Bande adhé­sive 50 x 50 mm noir

La mesure du son

Deux types d’équipements sont utiles, voire indis­pens­ables. Un sert à déter­min­er le niveau sonore et l’autre à analyser les fréquences émis­es. Le pre­mier, le déci­belmètre, per­met de véri­fi­er que la musique n’est pas trop forte et d’avoir une preuve en face de danseurs cha­touilleux, l’autre sera très utile pour le réglage de l’égalisation de la salle avant la milon­ga.

Pour véri­fi­er la pres­sion acous­tique (niveau sonore), vous pou­vez utilis­er une appli­ca­tion sur télé­phone ou tablette qui per­met de con­serv­er les pics et la moyenne. J’utilise Déci­bel X — dB Sonomètre (Ver­sion iOS, Ver­sion Android) quand je ne me trim­bale pas avec mon sonomètre pro­fes­sion­nel qui est encom­brant.

Pour véri­fi­er l’acoustique de la salle, une appli­ca­tion qui analyse les fréquences sonores, asso­ciée à la dif­fu­sion d’un bruit rose est très utile. J’utilise l’application RTA Audio (Ver­sion iOS, Pas de ver­sion Android, mais il doit bien avoir un logi­ciel équiv­a­lent). Pour en savoir plus, con­sul­tez mon arti­cle sur la Sonori­sa­tion d’une milon­ga.

Le rangement du matériel

Il est pra­tique d’avoir des houss­es pour ranger les matériels. Par exem­ple, la carte son avec ses câbles, du type Sac Câble Mul­ti­fonc­tion­nel.

Vous pou­vez aus­si regrouper les élé­ments dans des Flight Cas­es, mais atten­tion, c’est lourd et cher. Vous pou­vez opter à la place pour une sim­ple valise, un peu résis­tante et avec de bonnes roulettes, ou un sac à dos. J’envie les DJ qui se trim­ba­lent juste avec un ordi…

Pour ma part, j’utilise aus­si des char­i­ots à roulettes pour trans­porter facile­ment les flight Cas­es qui ne sont pas munis de roulettes, mais c’est aus­si que je sonorise des événe­ments et qu’il me faut trans­porter plusieurs dizaines de kilo­grammes d’équipement en plus des enceintes et autres matériels indis­pens­ables.

En cours de chargement. La présence de flight cases protège le matériel et facilite l'organisation dans la voiture si on a un véhicule sans seuil de chargement. Ici, ce sont des flight cases sans roues pour optimiser l’espace. J’utilise des chariots pour les transporter.
En cours de charge­ment. La présence de flight cas­es pro­tège le matériel et facilite l’or­gan­i­sa­tion dans la voiture si on a un véhicule sans seuil de charge­ment. Ici, ce sont des flight cas­es sans roues pour opti­miser l’espace. J’utilise des char­i­ots pour les trans­porter.

Pour les perfectionnistes

Quelques matériels d’usage plus occa­sion­nel peu­vent aus­si entr­er dans la trousse d’un DJ :

Un tes­teur de câble

Pro­nom­ic Tes­teur Mul­ti-Câbles CC-88 (Tes­teur mul­ti-for­mat, Speakon, XLR, RCA, RJ45, jack, Din, MIDI, S‑Video) Rien de plus stres­sant que d’avoir des câbles avec des faux con­tact. Il est donc pru­dent de les véri­fi­er, après et avant de gros événe­ment. Pour ma part, j’ai tou­jours au moins un câble de rechange pour chaque câble et deux chargeurs d’ordinateur.

Les décibelmètres/sonomètres, per­me­t­tent d’avoir un appareil plus « pro » pour ceux qui œuvrent dans des envi­ron­nements sen­si­bles au bruit et qui veu­lent plus que ce que pro­pose les appli­ca­tions sur télé­phone évo­quées ci-dessus.

Déci­belmètre — Enreg­istreur de don­nées celui-ci ou un autre… Celui-ci peut se con­necter à un PC (Win­dows), ce qui per­met de garder une preuve que vous avez respec­té le niveau sonore.

Un mod­èle avec affichage vis­i­ble par les danseurs peut aus­si être intéres­sant.

Sonomètre 30dB-130dB DC5V 1A Micro USB Déci­belmètre TA654B Celui com­porte un micro­phone déporté qui per­met de le plac­er à un endroit opti­mal, le son à l’emplacement du DJ n’étant pas tou­jours com­pa­ra­ble à celui de la piste.

Derniers conseils avant de vous laisser

Je vous con­seille aus­si d’établir une check­list pour véri­fi­er que vous avez tout le matériel néces­saire avant de par­tir vers la milon­ga. Vous y indiquez tous les élé­ments que vous devez emporter, cela vous évite de vous ren­dre compte que vous avez oublié le câble USB de la carte son, ou le chargeur de l’ordinateur…

Je vous recom­mande égale­ment de bien organ­is­er votre matériel afin de trou­ver facile­ment les élé­ments, même dans une ambiance mal éclairée, comme c’est par­fois le cas dans cer­tains événe­ments.

Et un dernier con­seil, en fin de milon­ga, essayez de ranger le matériel de la même façon que vous l’aviez pré­paré. Cela vous évit­era d’oublier du matériel et, surtout, vous aurez votre équipement bien ordon­né pour le prochain événe­ment.

Si votre événe­ment a eu lieu dans un endroit dif­fi­cile (pluie, pous­sière), lorsque vous ren­trez, pensez à net­toy­er et met­tre à séch­er le matériel. Véri­fiez son bon fonc­tion­nement. L’électronique aime rarement l’eau et la pous­sière.

Une fin de milon­ga sous la pluie. Il est impor­tant de bien véri­fi­er le matériel après un tel événe­ment.

Voilà, chers col­lègues et futurs col­lègues, j’espère vous avoir aidé. À bien­tôt !

Sonorisation d'une milonga

Sonorisation d’une milonga

Comme DJ, on ren­con­tre une grande var­iété dans la qual­ité des sys­tèmes de sonori­sa­tion pro­posés par les organ­isa­teurs. Il me sem­ble que rap­pel­er quelques points peut être utile pour opti­miser l’équipement et amélior­er le con­fort des danseurs.

La sonori­sa­tion fait par­tie d’une chaîne qui va de la musique à dif­fuser, jusqu’à l’oreille de l’auditeur, danseur dans notre cas. Il con­vient donc de traiter cha­cun des points, car le plus faible mail­lon lim­ite la qual­ité de la chaîne en entier.

La musique

Si on ren­con­tre encore des musiques effroy­ables, notam­ment sur des ser­vices comme Spo­ti­fy ou YouTube, dans l’ensemble, la qual­ité a bien aug­men­té ces dernières années. Il est donc très impor­tant d’avoir de la bonne musique, mais je pars du principe que les organ­isa­teurs vont faire venir un bon DJ et que, donc, ce point est traité de façon sat­is­faisante. Voir l’article sur la musique trichée pour plus d’informations sur ce point.

L’ordinateur ou le matériel du DJ

Même si un phénomène de mode peut faire utilis­er des platines tourne-dis­ques, des lecteurs de CD ou de cas­settes, l’ordinateur est devenu la norme et, comme ses capac­ités sur­passent en tous points celles des autres sys­tèmes, il ne con­vient pas de faire de dif­férence à ce niveau de la chaîne. Ce qui sera bon pour l’ordinateur le sera égale­ment pour tous les autres matériels.

La carte son (DAC)

Cer­tains DJ, notam­ment ceux qui font des playlists à l’avance, utilisent le jack pour rac­corder leur ordi­na­teur à la sono. Cette organ­i­sa­tion est forte­ment décon­seil­lée, car elle ne per­met pas la préé­coute et donc, le DJ ne peut que suiv­re sa playlist en faisant d’éventuelles mod­i­fi­ca­tions dans l’ordre de ses tan­das ou en choi­sis­sant des tan­das toutes prêtes au lieu de les con­stru­ire sur mesure.

Il faut donc une carte son qui per­met d’avoir deux sources de dif­fu­sion. Une dirigée vers le casque (générale­ment la sor­tie jack de l’ordi) et une via la carte son qui ira vers la con­sole de mix­age.

Pour exploiter ce sys­tème, il faut un logi­ciel spé­ci­fique pour DJ qui per­met d’assigner des sor­ties dif­férentes pour la préé­coute et pour la dif­fu­sion, ou à la rigueur, deux logi­ciels con­fig­urés de façon dif­férente, mais c’est se com­pli­quer la vie.

Cer­tains dis­cu­tent de la qual­ité des dif­férents DAC, mais ce n’est pas si essen­tiel si on con­sid­ère les lim­ites de la musique que l’on passe en milon­ga. Bien sûr, le DJ qui veut le top pour­ra acquérir un équipement plus per­for­mant et il y aura de petites dif­férences, mais je pense que d’autres points sont à pren­dre en compte.

  1. La présence d’un bou­ton de réglage du vol­ume. Cela sem­ble tout bête, mais c’est plus sim­ple à faire sur le DAC que dans le logi­ciel. Tous les DAC n’en sont pas pourvus.
  2. Une sor­tie via deux XLR, deux jacks 6,35 ou à la rigueur au for­mat RCA (Cinch).
  3. Une entrée USB, prob­a­ble­ment USB‑C si on achète un matériel récent.
  4. Pren­dre un sys­tème qui se rac­corde par câble, plutôt qu’un sys­tème qui se branche, comme une clef USB, un faux mou­ve­ment pour­rait bris­er ce dis­posi­tif. En revanche, il est impor­tant de scotch­er tous les câbles au gaffeur pour éviter une coupure du son en cas de manip­u­la­tion mal­adroite pen­dant la milon­ga.
  5. Une entrée micro­phone peut être pra­tique, avec son réglage de vol­ume et une bal­ance entre le micro­phone et la musique.
Quatre DAC que j’utilise.
Qua­tre DAC que j’utilise.

J’utilise dif­férents sys­tèmes, mais le plus sou­vent un DAC Audi­ent iD4 qui est léger et de bonne qual­ité. Son gros bou­ton de vol­ume est pra­tique. J’ai enlevé le cabo­chon du bou­ton de mute pour éviter d’appuyer dessus par erreur durant la milon­ga. En cas de besoin, il suf­fit d’appuyer sur la par­tie qui reste avec le gras du doigt, mais je n’ai jamais eu à le faire.

Acheté à Buenos Aires, j’ai un MidiPlus Stu­dio M qui est plus léger que le Audi­ent, mais le bou­ton de vol­ume est petit et trop proche du bou­ton du vol­ume casque. Je le trou­ve donc moins pra­tique. Cepen­dant son poids peut être un élé­ment de choix et de plus, et il est disponible en Argen­tine à bon prix…

J’utilise aus­si un DAC Trak­tor Z1 qui a l’avantage d’avoir des bou­tons de réglage aigus, médi­ums et bass­es. Cela peut dépan­ner en l’absence de con­sole de mix­age. En revanche, il n’a pas d’entrée micro.

Même s’il est prévu pour le logi­ciel Trak­tor, on peut le con­fig­ur­er dans MIXXX, pour que le déplace­ment du curseur en butée change de morceau. C’est pra­tique pour ter­min­er la corti­na et enchaîn­er à l’intervalle souhaité les morceaux d’une tan­da. Cepen­dant, il est assez lourd et encom­brant et moins utile si on a une con­sole.

En sécu­rité, j’ai tou­jours de petits DAC, dans l’étui des casques audio, dans ceux des cartes sons) qui peu­vent me per­me­t­tre d’avoir un dépan­nage sans me sur­charg­er en avion avec un sec­ond DAC Adap­ta­teur de Prise de Casque USB C à 3,5 mm. https://amzn.to/4k7fRJb Je n’ai jamais eu à utilis­er en milon­ga, mais peut-être qu’un jour, en cas de panne du DAC prin­ci­pal, l’un d’eux me ren­dra ser­vice…

La console de mixage

Jusqu’à présent, on était dans le domaine du DJ. Ici, on est dans la tran­si­tion entre le DJ et le sonorisa­teur. Pour ma part, quand je le peux, j’apporte ma pro­pre con­sole (table de mix­age) et cela pour deux raisons. Celles qui sont pro­posées par les organ­isa­teurs ne sont pas tou­jours ter­ri­bles et j’aime tra­vailler avec une con­sole numérique, ce qui est rarement disponible en dehors des gros fes­ti­vals, et encore…

On trou­ve assez sou­vent ce type de con­sole analogique.

Cette petite console semble disposer de tout ce qui faut pour un DJ, entrée ligne, microphones, voire instruments complémentaires. Les trois réglages de tonalité permettent une intervention correcte sur le rendu.
Cette petite con­sole sem­ble dis­pos­er de tout ce qui faut pour un DJ, entrée ligne, micro­phones, voire instru­ments com­plé­men­taires. Les trois réglages de tonal­ité per­me­t­tent une inter­ven­tion cor­recte sur le ren­du.

La con­sole Behringer Qx1204Usb pour­rait être par­faite, si les ingénieurs de Behringer avaient prévu son util­i­sa­tion en carte son…

Les points forts :

  • Réglages tonal­ité 3 ban­des (aigus, médi­ums et bass­es). Cela ne vaut pas un semi-paramétrique ou un paramétrique, mais c’est mieux que rien. Pour le même prix, Yama­ha ne pro­pose que deux ban­des de con­trôle de tonal­ité.
  • Réglage du gain d’entrée.
  • Panoramique per­me­t­tant de dif­fuser le sig­nal en mono, ce qui est intéres­sant pour le bal.

Le point faible

  • Elle ne peut pas servir de carte son avec réglage de tonal­ité, car l’entrée USB ne sert que pour envoy­er le son directe­ment à la sor­tie. Il est donc impos­si­ble de régler le vol­ume ou la tonal­ité de l’entrée USB, ce qui la rend inutile pour un DJ de tan­go.
    Il y aurait peut-être une astuce con­sis­tant à ren­voy­er le sig­nal USB vers les con­necteurs 2‑track et, de là, branch­er une con­nex­ion vers les entrées des tranch­es nor­males, mais je n’ai pas testé. Si ça marche, cela évit­erait d’avoir à se trim­baler une carte son tout en ayant un con­trôle de vol­ume et de tonal­ité.
    Ce point faible reste à rel­a­tivis­er, il oblige seule­ment à avoir une carte son en plus. C’est juste dom­mage de ne pas avoir tout inté­gré…

Ce que devrait avoir une console a minima

  • Une entrée stéréo avec réglage vol­ume, con­trôle de tonal­ité et bal­ance gauche-droite.
  • Une entrée micro­phone

Ce que pourrait avoir une console de préférence

  • Une entrée USB per­me­t­tant de régler la tonal­ité, le vol­ume et la bal­ance. Cela per­met de se pass­er d’une carte son. C’est ce qui manque à la petite Behringer.

Ce que devrait avoir une console dans l’idéal

En plus des points précé­dents, la con­sole pour­rait dis­pos­er d’un égaliseur graphique, paramétrique ou semi-paramétrique. Toute­fois, si la con­sole dis­pose d’une sor­tie et entrée pour une boucle aux­il­i­aire, il est pos­si­ble d’avoir cet élé­ment séparé­ment.

  • L’égaliseur graphique est intéres­sant pour le réglage de la salle en per­me­t­tant de sup­primer les fréquences de réso­nance (modes pro­pres de la salle).
En général on utilise l’égaliseur graphique pour compenser les résonances propres du local. Par exemple, si la structure vibre à 300 Hz, on baissera en conséquence le curseur correspondant. En stéréo, il faut le faire sur les deux canaux.
En général on utilise l’égaliseur graphique pour com­penser les réso­nances pro­pres du local. Par exem­ple, si la struc­ture vibre à 300 Hz, on bais­sera en con­séquence le curseur cor­re­spon­dant. En stéréo, il faut le faire sur les deux canaux.
  • L’égaliseur paramétrique est lui plus util­isé pour cor­riger une musique à un moment don­né. Par exem­ple, un De Ange­lis dont les vio­lons sif­flent. On sélec­tionne la fréquence, par exem­ple, 4500 Hz et on dimin­ue le vol­ume de cette fréquence. Un égaliseur dis­posant du réglage de la fréquence d’action et du vol­ume de réglage de cette fréquence est dit semi-paramétrique.
  • Un égaliseur paramétrique dis­pose en plus du réglage de la pente de la courbe (fac­teur Q comme Qual­ité). Quand on baisse le vol­ume d’une fréquence, cela agit sur les fréquences voisines. En réglant le fac­teur Q, on peut choisir de baiss­er unique­ment cette fréquence ou une bande plus large. C’est très com­mode. On peut l’utiliser pour lim­iter le bruit de sur­face d’un disque avec une pente très ser­rée, pour ne pas détru­ire les fréquences voisines de la musique ou de façon plus large, pour enrichir, par exem­ple, les bass­es d’un morceau qui en manque.
Un égaliseur paramétrique permet de choisir une fréquence pour augmenter son volume ou le baisser. Un paramètre supplémentaire est la pente du filtre (Facteur Q). Une valeur élevée fait agir le volume sur une bande de fréquence très resserrée autour de celle réglée. Une valeur faible permet de moduler une zone de fréquence plus large. À gauche, il n’y a que deux réglages du facteur Q, étroit ou large). À droite, on peut le faire varier en continu.
Un égaliseur paramétrique per­met de choisir une fréquence pour aug­menter son vol­ume ou le baiss­er. Un paramètre sup­plé­men­taire est la pente du fil­tre (Fac­teur Q). Une valeur élevée fait agir le vol­ume sur une bande de fréquence très resser­rée autour de celle réglée. Une valeur faible per­met de mod­uler une zone de fréquence plus large. À gauche, il n’y a que deux réglages du fac­teur Q, étroit ou large). À droite, on peut le faire vari­er en con­tinu.

Les con­soles de moyenne gamme ont en général une seule fréquence en semi-paramétrique. D’autres en ont trois ou qua­tre, mais c’est moins intéres­sant pour nous, DJ de tan­go, car on a rarement besoin de régler plusieurs fréquences en même temps.

Toute­fois, une con­sole numérique apporte un grand con­fort d’utilisation, notam­ment avec l’affichage des fréquences de la musique qui est jouée.

Chaque cercle de couleur est un point de contrôle. On peut le placer vers le haut (augmenter le volume de sa fréquence) ou vers le bas. On peut choisir la pente, par exemple, pour modifier une fréquence très précise ou une plus grande partie du spectre sonore. On voit en gris sous la courbe, le spectrogramme (RTA) en temps réel de la musique.
Chaque cer­cle de couleur est un point de con­trôle. On peut le plac­er vers le haut (aug­menter le vol­ume de sa fréquence) ou vers le bas. On peut choisir la pente, par exem­ple, pour mod­i­fi­er une fréquence très pré­cise ou une plus grande par­tie du spec­tre sonore. On voit en gris sous la courbe, le spec­tro­gramme (RTA) en temps réel de la musique.

La con­sole SOUNDCRAFT UI12 est celle que j’utilise depuis plusieurs années qui me per­met à la fois de sonoris­er un petit orchestre ou plusieurs DJ (8 entrées) et de musi­calis­er de façon pré­cise en ajus­tant de façon visuelle les élé­ments de l’égaliseur paramétrique.

J’aime beaucoup ma console numérique SOUNDCRAFT UI12. Je l’associe parfois à un petit contrôleur midi Korg pour avoir un contrôle rapide sur le volume lors de mixages (en plus des contrôles par écran tactile).
J’aime beau­coup ma con­sole numérique SOUNDCRAFT UI12. Je l’associe par­fois à un petit con­trôleur midi Korg pour avoir un con­trôle rapi­de sur le vol­ume lors de mix­ages (en plus des con­trôles par écran tac­tile).

Les points forts :

  • Pos­si­bil­ité de régler les paramètres à dis­tance (Wi-Fi) afin de véri­fi­er que, sur la piste on a bien le son par­fait, car sou­vent l’emplacement du DJ ne per­met pas de pren­dre com­plète­ment con­science du son qu’ont les danseurs.
  • Présence de l’analyseur de spec­tre en temps réel. Un pic dans une fréquence est vis­i­ble et on peut le « tuer » en appli­quant un coup de son excel­lent égaliseur paramétrique, tout en voy­ant le résul­tat. Si on branche un micro de mesure, on peut aus­si analyser le ren­du dans la salle (il ne faut bien sûr pas rerouter ce micro vers la sor­tie prin­ci­pale…).

Les points faibles :

  • La con­sole ne dis­pose pas d’écran. Il faut donc utilis­er celui d’une tablette, d’un télé­phone (Wi-Fi) ou un ordi­na­teur. Le réglage sur un écran tac­tile est assez pra­tique, moins si on doit utilis­er une souris.
    J’utilise par­fois un con­trôleur midi Korg KOH Nanokon­trol2-WH, ce qui me per­met de régler facile­ment les dif­férents poten­tiomètres, comme sur une con­sole tra­di­tion­nelle.
  • C’est un peu lourd (ali­men­ta­tion séparée, éventuel con­trôleur midi, il faut un écran pour l’utiliser, donc a min­i­ma un télé­phone, mieux une tablette ou, dans l’idéal un ordi avec un grand écran tac­tile).

Amplification et diffusion

La sor­tie de l’ordinateur, de la carte son ou de la con­sole de mix­age est trop faible pour atta­quer directe­ment des haut-par­leurs. Il faut donc ampli­fi­er le sig­nal.

Il existe deux sys­tèmes (pour sim­pli­fi­er). Un avec des amplis et des enceintes pas­sives et un avec des enceintes ampli­fiées (qui peu­vent être actives ou pas­sives).

Pour un DJ ou un organ­isa­teur qui trans­porte son matériel, ce sont assuré­ment des enceintes ampli­fiées qui sont à prévoir. Je ne vais donc évo­quer que ce type de matériel, car un organ­isa­teur qui veut équiper sa salle aura tout intérêt à deman­der les con­seils d’un pro­fes­sion­nel s’il souhaite utilis­er un ampli séparé (ce qui est plus pra­tique pour une instal­la­tion fixe), car l’appariement des HP et des amplis est un domaine com­pliqué.

On trou­ve des matériels d’un poids raisonnable 10 à 25 kg et qui ont une bande pas­sante suff­isante pour la musique de tan­go.

Au besoin, un cais­son de basse peut amélior­er les choses en déchargeant les enceintes prin­ci­pales des bass­es fréquences. Cela améliore la pureté du son. Un seul cais­son de basse est néces­saire, les enceintes étant direc­tives.

Un bon équipement, constitué de deux enceintes pour les aigus et médiums, placés en hauteur (au-dessus de la tête des danseurs) et un caisson de basse.
Un bon équipement, con­sti­tué de deux enceintes pour les aigus et médi­ums, placés en hau­teur (au-dessus de la tête des danseurs) et un cais­son de basse.

Les points à pren­dre en compte :

  • En pre­mier, l’idéal est d’écouter les enceintes avant de les acheter…
  • En général, ces enceintes ont deux voies. Une pour les aigus et une pour les médi­ums, voire les bass­es pour les plus gros mod­èles.
  • En général, un haut-par­leur de 10 ou 12 pouces peut con­venir pour la musique de tan­go qui n’a pas de bass­es très pro­fondes. Si vous utilisez des haut-par­leurs plus petits, il sera préférable d’ajouter un cais­son de bass­es avec des HP de 12 pouces.

Atten­tion toute­fois à avoir un ensem­ble cohérent. La musique de tan­go est plus à traiter comme de la musique clas­sique que comme de la musique de var­iété. Il faut un ren­du rel­a­tive­ment plat et homogène. Les enceintes pour la musique de var­iété ont sou­vent des aigus stri­dents et des bass­es qui man­gent tout. On veut enten­dre le boum boum.

Le résul­tat en tan­go est minable et très dif­fi­cile à rat­trap­er, car on a un trou dans les fréquences prin­ci­pales du tan­go et des chanteurs.

Exemple d’enceintes que je déteste, les aigus sont stridents et les basses pesantes. C’est à mon avis peu adapté à la musique de tango traditionnelle, même si c’est génial pour les cortinas…
Exem­ple d’enceintes que je déteste, les aigus sont stri­dents et les bass­es pesantes. C’est à mon avis peu adap­té à la musique de tan­go tra­di­tion­nelle, même si c’est génial pour les corti­nas…

Conseils supplémentaires pour la sonorisation

La salle est un acteur de la sonori­sa­tion. S’il y a beau­coup de réver­béra­tion (écho), le son risque d’être con­fus. Pour lim­iter ce prob­lème, il y a plusieurs pistes :

Meubler la pièce

Avec des ten­tures non-feu, bien sûr, fer­mer les rideaux, plac­er des meubles absorbants ou beau­coup de danseurs…

Choisir des enceintes relativement directives

Il faut éviter de pro­jeter le son vers les parois ou le pla­fond. Une enceinte direc­tive per­met de cibler la zone de la piste de danse en lim­i­tant les réflex­ions par­a­sites. Cela con­cerne surtout les aigus, les bass­es ne sont pas direc­tives et ray­on­nent dans toutes les direc­tions.

Positionner les enceintes à la bonne hauteur

Tout d’abord, éviter les enceintes à hau­teur d’oreilles des danseurs. C’est mau­vais pour la dif­fu­sion du son, absorbé par les danseurs et désagréable pour les oreilles. Si on a une grande hau­teur sous pla­fond, on place les enceintes le plus haut pos­si­ble et a min­i­ma à 2 m. Si les pieds ne sont pas assez hauts, on peut les pos­er sur la scène.
L’idéal est une instal­la­tion en hau­teur, plongeante, mais cela n’est pas facile à réalis­er pour une instal­la­tion tem­po­raire. On adoptera en revanche ce type d’installation pour les salles per­ma­nentes.

Le caisson de basse doit être posé au sol. Les autres enceintes doivent être plus hautes que les têtes des danseurs. L’idéal, pour une installation fixe, est une installation plongeante.
Le cais­son de basse doit être posé au sol. Les autres enceintes doivent être plus hautes que les têtes des danseurs. L’idéal, pour une instal­la­tion fixe, est une instal­la­tion plongeante.

Le cais­son de basse est tou­jours posé au sol pour favoris­er le ray­on­nement des bass­es. On évite de le pos­er sur la scène, car il risque de la faire vibr­er. Si on a plusieurs cais­sons de basse, il est préférable de les regrouper plutôt que de les plac­er sous chaque haut-par­leur de médi­ums et aigus. Si la salle est très grande, on peut les plac­er de part et d’autre de la salle.

Orientation des enceintes

S’il con­vient de diriger les enceintes vers les danseurs depuis une posi­tion haute, il est égale­ment impor­tant de bien les ori­en­ter hor­i­zon­tale­ment.

Plac­er les enceintes dans les angles peut ren­forcer leur puis­sance, mais c’est rarement la meilleure solu­tion. Pour les mêmes raisons, on évite de les plac­er trop près des murs. Dans beau­coup de milon­gas, la piste de danse est entourée de tables et donc le meilleur endroit est au bord de la piste, ori­en­té vers la piste. Cela dimin­ue un peu le vol­ume sonore aux tables, ce qui facilite les dis­cus­sions.

La forme idéale de la salle est presque carrée. On dirige les deux haut-parleurs à 2/3 de la distance du fond de la salle. Il faut veiller que les HP soient branchés de la même façon (en phase).
La forme idéale de la salle est presque car­rée. On dirige les deux haut-par­leurs à 2/3 de la dis­tance du fond de la salle. Il faut veiller que les HP soient branchés de la même façon (en phase).

Les salles très en longueur

Chaque fois que c’est pos­si­ble, on plac­era seule­ment deux haut-par­leurs, du même côté de la salle. Pour les très grandes salles, on peut con­serv­er ce principe à con­di­tion de pou­voir plac­er les haut-par­leurs suff­isam­ment haut. D’ailleurs, pour les très gros con­certs de var­iété, les sys­tèmes d’enceintes sont regroupés et pas dis­per­sés dans tout le stade.

Cepen­dant, si la salle est très en longueur, on est dans la plus mau­vaise con­fig­u­ra­tion pos­si­ble. Il fau­dra prob­a­ble­ment utilis­er plus d’enceintes.

Pour une salle très en longueur, il faudra probablement multiplier les haut-parleurs pour éviter d’avoir une différence de volume trop importante d’un bout à l’autre. Si on a que deux HP, on peut en mettre un à une extrémité et un autre au milieu, orienté vers le fond de la pièce.
Pour une salle très en longueur, il fau­dra prob­a­ble­ment mul­ti­pli­er les haut-par­leurs pour éviter d’avoir une dif­férence de vol­ume trop impor­tante d’un bout à l’autre. Si on a que deux HP, on peut en met­tre un à une extrémité et un autre au milieu, ori­en­té vers le fond de la pièce.

Ici, une pos­si­bil­ité avec deux enceintes prin­ci­pales et d’autres, plus faibles, pour équili­br­er le vol­ume. Les enceintes sec­ondaires devraient être réglées à un vol­ume plus faible pour garder la cohérence de la venue du son depuis les enceintes prin­ci­pales. Pour ma part, je les ori­ente dans la même direc­tion afin d’éviter les ven­tres et les nœuds acous­tiques (zones où le son s’additionne ou s’annule).

Pour une grande taille, il faut ménag­er des délais dif­férents selon les enceintes afin que l’auditeur ait l’impression que toutes les enceintes, proches ou éloignées, réson­nent en même temps. Mal­heureuse­ment, ce type de réglage n’est pos­si­ble que sur des équipements pro­fes­sion­nels et ils seront donc réservés aux événe­ments dis­posant d’un sonorisa­teur com­pé­tent. Dans les autres cas, réduire le vol­ume des aux­il­i­aires per­met de faire pass­er le mon­tage comme sup­port­able.

Une autre possibilité consiste à poser les enceintes face à face, à chaque extrémité de la pièce. Dans ce cas, il est important de mettre les enceintes en opposition de phase pour éviter un nœud au centre de la pièce.
Une autre pos­si­bil­ité con­siste à pos­er les enceintes face à face, à chaque extrémité de la pièce. Dans ce cas, il est impor­tant de met­tre les enceintes en oppo­si­tion de phase pour éviter un nœud au cen­tre de la pièce.
Mise en phase des haut-parleurs.
Mise en phase des haut-par­leurs.

En haut, les HP sont branchés de la même façon. Les ondes sont syn­chro­nisées. Un audi­teur situé à égale dis­tance des deux HP aura une écoute opti­male. Lorsqu’il est à une dis­tance dif­férente des deux HP, il entend le sig­nal d’un côté un peu décalé. Cela peut pos­er un manque de clarté, mais cela donne aus­si une impres­sion de vol­ume et, si c’est dans des pro­por­tions raisonnables, ce n’est pas un prob­lème. Dans une salle très pro­fonde avec des haut-par­leurs très dis­tants, l’effet peut être désagréable si on n’ajuste pas les délais.

Lorsque les HP sont en oppo­si­tion de phase, les ondes sonores qu’ils émet­tent ten­dent à s’annuler, ce qui crée un nœud. Comme l’effet est vari­able selon les fréquences, le résul­tat peut être très désagréable, notam­ment pour les danseurs qui vont se déplac­er dans la salle et pass­er par des suc­ces­sions de nœuds et ven­tres.

Il existe plusieurs façons d’inverser la phase. La plus simple est de sélectionner la commande correspondante sur l’enceinte. Sur des systèmes grand public, on peut inverser le fil rouge et le noir sur le bornier. Pour des connexions en XLR ou Speakon, il faut utiliser un adaptateur spécifique (ce dernier tend à disparaître au profit du réglage sur les enceintes).
Il existe plusieurs façons d’inverser la phase. La plus sim­ple est de sélec­tion­ner la com­mande cor­re­spon­dante sur l’enceinte. Sur des sys­tèmes grand pub­lic, on peut invers­er le fil rouge et le noir sur le bornier. Pour des con­nex­ions en XLR ou Speakon, il faut utilis­er un adap­ta­teur spé­ci­fique (ce dernier tend à dis­paraître au prof­it du réglage sur les enceintes).

Connexion entre la console et les enceintes amplifiées

Les principales sorties d’une console de mixage. RCA (connecteur blanc pour la gauche et rouge pour la droite). Connecteurs jacks 6,35 avec moins de risque d’arrachement accidentel et XLR, le seul système vraiment professionnel et qui, idéalement, est symétrique lorsque l’on a besoin d’une grande longueur de câble entre la console et les enceintes.
Les prin­ci­pales sor­ties d’une con­sole de mix­age. RCA (con­necteur blanc pour la gauche et rouge pour la droite). Con­necteurs jacks 6,35 avec moins de risque d’arrachement acci­den­tel et XLR, le seul sys­tème vrai­ment pro­fes­sion­nel et qui, idéale­ment, est symétrique lorsque l’on a besoin d’une grande longueur de câble entre la con­sole et les enceintes.
Dans une liaison symétrique, le signal passe dans deux des conducteurs du câble en opposition de phase. À l’arrivée, les deux signaux sont remis en phase et combinés. Si un bruit causé par une interférence sur le câble apparait, il est automatiquement supprimé, car il est en opposition de phase sur les deux fils. Cela permet de grandes longueurs de câble et c’est donc la liaison idéale entre la console de mixage et des haut-parleurs amplifiés qui peuvent être assez loin dans la salle.
Dans une liai­son symétrique, le sig­nal passe dans deux des con­duc­teurs du câble en oppo­si­tion de phase. À l’arrivée, les deux sig­naux sont remis en phase et com­binés. Si un bruit causé par une inter­férence sur le câble appa­rait, il est automa­tique­ment sup­primé, car il est en oppo­si­tion de phase sur les deux fils. Cela per­met de grandes longueurs de câble et c’est donc la liai­son idéale entre la con­sole de mix­age et des haut-par­leurs ampli­fiés qui peu­vent être assez loin dans la salle.

La puissance des enceintes

Une règle empirique pour­rait être de mul­ti­pli­er les W par 10 par le nom­bre de danseurs. Ain­si, 100 danseurs 1000W ; 300 danseurs 3000W et 10 danseurs… 100W 😉 On musi­calise générale­ment le tan­go à moins de 85 dB et il n’y a pas de graves puis­sants, deman­deurs de puis­sance. Cette base empirique peut donc suf­fire.

2 enceintes de 1000 à 2000 W peu­vent donc être l’équipement de base d’un organ­isa­teur ou d’un DJ itinérant.

Pour une instal­la­tion en fixe, il est préférable d’optimiser les paramètres en fonc­tion de la salle. C’est un tout autre domaine qui demande d’étudier beau­coup de paramètres et qui ne peut se résoudre sim­ple­ment par la seule sonori­sa­tion.

Tester le son dans la salle

Pour véri­fi­er que le posi­tion­nement des enceintes est cor­rect, que l’égalisation est bien effec­tuée (com­pen­sa­tion des modes pro­pres de la salle), il y a plusieurs étapes, plutôt sim­ples.

Vérifier le signal gauche droite.

  • En tan­go, comme on dif­fuse générale­ment en qua­si-mono, ce n’est pas déter­mi­nant, sauf si on a plus que deux haut-par­leurs pour véri­fi­er que les groupes sont cohérents. Cela per­met aus­si de véri­fi­er qu’un côté n’est pas plus fort que l’autre. Pour cela, on peut envoy­er un sig­nal alter­na­tive­ment à gauche et à droite. Par exem­ple, un sig­nal de 1000 kHz. Si on souhaite que la gauche soit réelle­ment la gauche et la droite, la droite, on peut enreg­istr­er une piste qui annonce gauche/droite, mais encore une fois, en tan­go et pour la danse où on se déplace, ce n’est pas pri­mor­dial.

Vérifier l’absence de ventres et de nœuds à toutes les fréquences

  • Là, en revanche, c’est absol­u­ment essen­tiel si on est face à une sonori­sa­tion impro­visée. Les organ­isa­teurs n’aiment pas tou­jours que le DJ déplace les enceintes et bal­ance du bruit rose dans la salle, mais c’est le prix à pay­er pour une sonori­sa­tion de qual­ité. Dans une salle pro­fes­sion­nelle avec un sonorisa­teur, ces pré­cau­tions peu­vent être super­flues. Tous ces réglages ont été effec­tués en amont au mieux des capac­ités de la salle.
  • Pour effectuer cela, on envoie un bruit rose à un vol­ume per­ti­nent par rap­port à l’utilisation finale (par exem­ple 80 dB).
 Bruits rose et blanc, très utiles pour vérifier la qualité d’une installation de sonorisation.
Bruits rose et blanc, très utiles pour véri­fi­er la qual­ité d’une instal­la­tion de sonori­sa­tion.

On par­le dans le pub­lic, plus sou­vent de bruit blanc qui est un bruit de puis­sance équiv­a­lente à toutes les fréquences. Cepen­dant, pour la mesure d’une salle, il est préférable d’envoyer un bruit rose, car il pos­sède une énergie con­stante par octave. C’est-à-dire qu’il a 50 % d’énergie (3 dB) en moins à chaque dou­ble­ment de la fréquence.

L’utilisation du bruit rose a deux avan­tages :

  • Il suf­fit de véri­fi­er que le sig­nal est hor­i­zon­tal, sans pics ou creux pour véri­fi­er que toutes les fréquences sont bien représen­tées dans la salle.
  • Du fait des pro­priétés de l’oreille, il donne à l’écoute la sen­sa­tion d’une inten­sité sem­blable à toutes les fréquences.
Même sans équipement sophistiqué, on peut, avec une simple application sur un téléphone, avoir une représentation du profil de la musique en cours. Même si le téléphone n’est pas hyper précis, il est suffisant pour la musique de tango qui se trouve dans la plage de fréquence où le microphone du téléphone donne de bons résultats.
Même sans équipement sophis­tiqué, on peut, avec une sim­ple appli­ca­tion sur un télé­phone, avoir une représen­ta­tion du pro­fil de la musique en cours. Même si le télé­phone n’est pas hyper pré­cis, il est suff­isant pour la musique de tan­go qui se trou­ve dans la plage de fréquence où le micro­phone du télé­phone donne de bons résul­tats.
  • En blanc, les fréquences émis­es à un instant T. Cette ligne évolue donc rapi­de­ment.
  • En jaune, le canal gauche et en vert, le droit avec une iner­tie. C’est-à-dire que, si le son s’arrête, les lignes jaune et verte descen­dent pro­gres­sive­ment vers le bas.
  • Le fond bleu cor­re­spond aux max­i­ma ren­con­trés. Par exem­ple, on remar­que qu’il y a eu un pic à 800 Hz ici.

Si on utilise cette appli­ca­tion pour mesur­er le bruit rose, on doit avoir un résul­tat aus­si plat que pos­si­ble. Pour y arriv­er, il fau­dra éventuelle­ment chang­er la place des haut-par­leurs et agir sur l’égaliseur graphique en mon­tant ou bais­sant les curseurs des fréquences défectueuses. Par exem­ple, dans cette illus­tra­tion (qui n’est pas une mesure de bruit rose), on bais­serait le curseur des 800 Hz sur l’égaliseur graphique.

On se déplace dans la salle pour véri­fi­er que la courbe est bien plate dans tous les emplace­ments. On véri­fie aus­si que le niveau sonore est homogène. Une dif­férence de 12 dB est à mon avis accept­able entre les zones les plus fortes et les plus faibles de la piste de danse. L’idéal est bien sûr de rester dans la lim­ite de 3 dB, mais c’est presque impos­si­ble à réalis­er. Je ne m’occupe pas du vol­ume sonore hors de la piste, pour deux raisons. La pre­mière est qu’il est générale­ment plus faible que sur la piste et que les danseurs sont a pri­ori sur la piste. Si on cherche à aug­menter le vol­ume près des murs pour les per­son­nes aux tables, on va aug­menter la réver­béra­tion et nuire à la qual­ité de la musique sur la piste.

Une autre mesure que j’adore faire est de dif­fuser un sig­nal pas­sant de 10 Hz à 20 kHz, voire d’un dou­ble sig­nal avec un son en sens con­traire. Quand la salle est par­faite­ment réglée, la courbe résul­tante est par­faite­ment hor­i­zon­tale.

Bien sûr, ces mesures sont dif­fi­ciles à faire quand il y a du pub­lic dans la salle, car ces « bruits » peu­vent déranger. C’est pour cela que les organ­isa­teurs sont bien avisés quand ils respectent les pos­si­bil­ités de bal­ance pour les DJ égale­ment. Sou­vent, seuls les orchestres peu­vent en béné­fici­er et ceux-ci font plutôt des répéti­tions que des bal­ances, ce qui fait que le DJ n’a que rarement 5 min­utes pour faire ses réglages.

Faut-il une conclusion ?

J’ai bien con­science que c’est grotesque d’évoquer l’acoustique et la sonori­sa­tion d’une façon aus­si sim­pliste. C’est un méti­er à part entière et il n’est pas ques­tion que les organ­isa­teurs et les DJ se for­ment à cette dis­ci­pline. Cepen­dant, ces quelques con­seils pour­raient amélior­er les choses en don­nant aux danseurs une expéri­ence plus agréable pour leurs oreilles et pour con­clure, je rap­pellerai qu’il est ques­tion d’une chaîne et que, donc, tous les mail­lons doivent être à la hau­teur.

Il y a aus­si l’ambiance qui joue. Je prendrai l’exemple de la cig­a­rette. Comme non-fumeur, je suis très dérangé par la moin­dre odeur de cig­a­rette, même à plusieurs mètres dans la rue. Pour­tant, quand il s’agit d’une activ­ité pas­sion, comme le DJing ou la danse, on est beau­coup moins dérangé. C’était en ren­trant à la mai­son ou l’hôtel que l’on se rendait compte que les vête­ments empes­taient le tabac. Cepen­dant, à Buenos Aires, l’interdiction de fumer en milon­ga, qui date de 2006 n’expose plus à cet incon­vénient et c’est un exem­ple à suiv­re.

Ilusión azul 1945-06-08 — Orquesta Alfredo De Angelis con Carlos Dante

Arquímedes Arci, paroles et musique

Hier, nous étions dans les éclats de cristal, aujourd’hui, dans l’illusion bleue. Les deux thèmes sont proches. En valse, les choses passent mieux, mais les paroles que pro­pose Arquímedes Arcidi­a­cono (Arci) sur sa pro­pre musique méri­tent qu’on s’y attarde. On notera le très gros suc­cès de ce titre, même en dehors de la petite sphère du tan­go.

De Arquímedes Arcidi­a­cono (Arci) se con­nais­sent deux com­po­si­tions dont il est à la fois com­pos­i­teur et paroli­er, Ilusión azul et Con­se­jo de oro qui comme notre valse du jour a été inau­guré par Agustín Mag­a­l­di.
Con­se­jo de oro fut enreg­istrée par la suite par Pugliese et Ilusión azul a fait car­rière avec De Ange­lis, mais de très nom­breuses ver­sions bien au-delà de la petite sphère du tan­go témoignent de l’engouement pour ce titre par­ti­c­ulière­ment réus­si.
Ces deux seules œuvres con­nues dont il assure les deux rôles, de com­pos­i­teur et d’auteur, témoignent de son grand tal­ent. Ses paroles sont à la hau­teur de sa musique.
De Arquímedes, on sait très peu pour ne pas dire rien. On con­naît juste la date de sa mort, le 5 avril 1938, et c’est tout.

Extrait musical

Ilusión azul 1945-06-08 — Orques­ta Alfre­do De Ange­lis con Car­los Dante.

C’est le pre­mier des deux enreg­istrements de De Ange­lis. Une valse rapi­de, avec des repris­es d’énergie. Une valse irré­sistible.

Par­ti­tion pour piano de Ilusión azul de Arquímedes Arci.

On remar­que que sur la par­ti­tion, il est indiqué vals criol­lo. Ce n’est pas tout à fait un syn­onyme de valse et cette indi­ca­tion a de l’importance. Tout d’abord, pour le musi­cien, qui sait que cela sig­ni­fie un type d’accompagnement par­ti­c­uli­er. Pour les gui­taristes, cela s’effectue par deux mou­ve­ments vers le bas et un vers le haut de la main droite, ce qui rend tout à fait dif­férem­ment de l’accompagnement clas­sique de la valse. Ceux qui con­nais­sent le folk­lore pour­ront ressen­tir l’envie de frap­per dans les mains, car cela rap­pelle l’introduction de la chacar­era (par exem­ple). Atten­tion, je n’ai pas dit que c’était le même rythme, seule­ment que c’est la même sen­sa­tion de pseu­do syn­cope…
L’autre point est que cette indi­ca­tion fait vers­er le titre dans le domaine du folk­lore. Ce n’est pas une oblig­a­tion, mais les joueurs, notam­ment de gui­tare folk­lorique, vont s’emparer plus facile­ment de cette par­ti­tion et cela explique sans doute le des­tin de cette valse, comme nous allons le voir avec les autres ver­sions.

Paroles

Alti­va y sober­bia, cual diosa pagana,
pasaste a mi lado mostran­do el ren­cor
y des­de aquel día yo sé que he per­di­do,
la glo­ria inefa­ble de un sueño de amor.
No extraño tus besos que fueron fin­gi­dos,
ni extraño tus labios de raro dul­zor…
ni me sor­prende tu enorme fal­sía,
porque son her­manas: mujer y traición.

Yo tan sólo sien­to
de todo tu eno­jo,
el traidor embru­jo
que tienen tus ojos.
Ojos que fueron estrel­las que guiaron mi alma,
que me roban cal­ma si me nie­gan cru­eles
cuan­do ansioso bus­co su mirar de amor.
Ojos que fueron las redes donde pri­sionero,
te adoré sin­cero y me han hecho escla­vo,
al pon­er en mi alma la azul ilusión.
Pero tu alma, des­deñosa y fría,
no sabía de amores para mi dolor.
Fueron tus ojos los que me mintieron
tan engañadores, como aquel ful­gor.
Y aho­ra arras­tro la cade­na
del recuer­do triste
del pasa­do her­moso,
al vivir dichoso
en los dora­dos bra­zos
de aque­l­la ilusión.

Amores fin­gi­dos son, cual mari­posa,
como ella engañosa que igual que una flor
nos mien­ten car­iño, nos hieren el alma,
se lle­van la esen­cia y nos dejan dolor.
Pero yo no sien­to el dolor de la heri­da
que abrió den­tro mi alma tu negra traición,
tan sólo me duele el ful­gor de tus ojos,
que ayer me miraron con tier­na pasión.

Arquímedes Arci, paroles et musique

Traduction libre

Hau­taine et arro­gante, comme une déesse païenne, tu es passée à côté de moi en mon­trant du ressen­ti­ment et depuis ce jour je sais que j’ai per­du la gloire inef­fa­ble d’un rêve d’amour.
Je ne regrette pas tes bais­ers qui étaient feints, je ne regrette pas tes lèvres d’une rare douceur… et je ne suis pas sur­pris par ton énorme men­songe, parce qu’elles sont sœurs : femme et trahi­son. (je pré­cise que je ne suis pas sol­idaire de ce qui est écrit ici)

Je ressens seule­ment ta colère, le traître sor­tilège qu’ont tes yeux.
Des yeux qui furent des étoiles qui guidaient mon âme, qui me volaient le calme quand ils se refu­saient cru­elle­ment quand je cher­chais anx­ieuse­ment leur regard d’amour.
Des yeux qui étaient les filets où j’étais pris­on­nier, je t’ai adoré sincère­ment et me suis fait esclave, en met­tant dans mon âme l’illusion bleue.
Mais ton âme, dédaigneuse et froide, ne con­nais­sait pas d’amour pour ma douleur.
Ce sont tes yeux, ceux qui m’ont men­ti, aus­si trompeurs que cette lueur éblouis­sante.
Et main­tenant, je traîne la chaîne du triste sou­venir du beau passé, vivant heureux dans les bras dorés de cette illu­sion.

Ce sont des amours feints, comme un papil­lon, comme elle, trompeuse, qui, comme une fleur, nous illu­sion­nent d’affection, blessent notre âme, nous enlèvent l’essence et nous lais­sent de la douleur.
Mais je ne sens pas la douleur de la blessure qu’a ouverte dans mon âme ta noire trahi­son, je suis seule­ment peiné par l’éclat de tes yeux, qui hier me regar­daient avec une ten­dre pas­sion.

Autres versions

Ilusión azul 1933-08-07 — Dúo Agustín Mag­a­l­di y Pedro Noda con gui­tar­ras.

Le duo de chanteurs vedettes inter­prète ce titre avec brio. Ils inau­gurent une typolo­gie qui sera reprise par de nom­breux orchestres de folk­lore argentin, mais pas que. Nous en ver­rons quelques exem­ples.

Ilusión azul 1945-06-08 — Orques­ta Alfre­do De Ange­lis con Car­los Dante. C’est notre valse du jour.
Ilusión azul 1964-04 — Orques­ta Alfre­do De Ange­lis con Juan Car­los Godoy y Rober­to Manci­ni.

Une superbe ver­sion qui reprend le duo, comme Mag­a­l­a­di et Noda. Petite anec­dote, jusqu’à il y a 25 ans, j’avais les deux ver­sions, mais celle de 1964 n’avait pas la total­ité de son intro. J’avais donc fait un mon­tage en mod­i­fi­ant la sonorité de la ver­sion de 1945, pour insér­er les sec­on­des qui man­quaient. Je viens de réé­couter cette chimère. Ce n’est pas si mal, mais je suis con­tent d’avoir désor­mais une ver­sion inté­grale de 1964.
C’est intéres­sant pour étudi­er l’évolution du style de De Ange­lis en une dizaine d’années.

Ilusión azul 1974 — Los Can­tores del Alba.

Quand je vous annonçais la récupéra­tion par le domaine du folk­lore, en voici un pre­mier exem­ple. Les puristes et les grognons diront que ce n’est pas du tan­go et que ce n’est pas dans­able. Pour une fois, je suis un peu d’accord, mais à cause de la pause inter­mé­di­aire qui peut pos­er des prob­lèmes aux danseurs…

Ilusión azul 1985c — Arbole­da y Valen­cia.

Ce duo colom­bi­en est surtout con­nu pour leur grand suc­cès, la valse El Camino de la vida (1991).

Ilusión azul — Diana Maria y Luz Aida.

Deux sœurs colom­bi­ennes qui chantent ensem­ble. On peut égale­ment enten­dre leur frère, Oscar Ivan. Encore un exem­ple du courant colom­bi­en qui por­ta cette valse. Atten­tion, il ne faudrait pas con­fon­dre, cette Luz Aida, avec la célèbre actrice argen­tine qui inter­vient, par exem­ple dans Loco lin­do (1936) et qui enreg­is­tra quelques tan­gos.

Ilusión azul 1962c — Lalo Mar­tel accom­pa­g­né de Osval­do Reque­na y Los Reyes del Tan­go.

Lalo est le frère de Julio Mar­tel. Leur style est assez proche.
Erra­tum, 2024-06-12
Dans la V1 de cet arti­cle, j’avais repro­duit deux fois ce titre. Une fois sous le nom de Julio Mar­tel et une autre avec la men­tion Cuar­te­to Palais de Glace. Les deux datés de 1962c. Voici l’ex­pli­ca­tion de mon erreur. Mer­ci à Fred Alard TDJ et Gérard Car­don­net d’avoir attiré mon atten­tion sur ce titre.
En fait, j’avais les deux iden­ti­fi­ca­tions dans ma dis­cothèque. Une bien labelisée, avec Lalo Mar­tel et une que j’avais numérisé il y a trente ans à par­tir d’un disque vinyle du Cuar­te­to Palais de Glace. Lors de l’opéra­tion, il m’avait échap­pé les petits car­ac­tères qui indi­quaient :

En el lado B, tema 2, Ilusión azul (Vals) no fue inter­pre­ta­do por el Cuar­te­to Palais de Glace sino por Lalo Mar­tel acom­paña­do por Osval­do Reque­na y Los reyes del tan­go.

Sur la face B, le deux­ième titre, Ilusión azul (Valse) n’a pas été inter­prété par le Quar­tette Palais de Glace, mais par Lalo Mar­tel accom­pa­g­né de Osval­do Reque­na y Los Reyes del Tan­go.
Désolé de l’er­reur, pen­dant des années, j’ai annon­cé Palais de Glace dans les milon­gas alors que c’é­tait Los Reyes del Tan­go.
Détail amu­sant, per­son­ne n’avait remar­qué que le titre était présen­té deux fois et les com­men­taires élo­gieux sur cette musique s’adres­saient à la ver­sion éti­quetée Palais de Glace et aucun à celle, totale­ment iden­tique, éti­quetée Lalo Mar­tel

Ilusión azul 1984c — Her­nan y Jose Arbey.

Encore un duo, encore des Colom­bi­ens.

Ilusión azul 1985c — Los Romanceros de Amer­i­ca.

Encore des Colom­bi­ens. Qua­tre gui­tares. Ils ont enreg­istré suff­isam­ment de valses pour faire une belle tan­da, pour les danseurs qui aiment sor­tir des sen­tiers bat­tus.

Ilusión azul 1985c — Los Patu­ma.

Je vous laisse devin­er de quel pays ils vien­nent…

La Colom­bie, bra­vo, vous avez trou­vé…

Ilusión azul 1985c — Los Can­tores del Sur.

Per­du, ils sont Chiliens….

Ilusión azul 1991c — Los Can­tores de Antaño.

Une ver­sion très typée années 90 de la musique de var­iété, avec la bat­terie et les sons étranges de l’orgue élec­tron­ique. Je le pro­pose plus pour la curiosité et parce qu’ils ren­for­cent mon équipe colom­bi­enne…

Ilusión azul 2010c — Los Gen­tiles y Grupo Trans­paren­cias.

Je ne vous demande pas d’où ils sont, car vous avez déjà dev­iné. Ils sont colom­bi­ens.

Ilusión azul 2010-10 — Fabio Hager Sex­te­to.

Une ver­sion instru­men­tale, type musique clas­sique. La qual­ité des musi­ciens per­met de voir la qual­ité d’écriture du titre, mais bien sûr, les danseurs préféreront une des ver­sions tra­di­tion­nelles.

Ilusión azul 2015c — Trio Quitasueño.

Encore un orchestre… colom­bi­en.  Leur nom est amu­sant. Ils quit­tent le som­meil. Dans ce con­texte, j’imagine que c’est leur musique qui empêche de dormir… Le terme quitasueño s’utilise aus­si quand des soucis empêchent de dormir.

Ilusión azul 2021c — Full Cir­cle Trio.

Pour ter­min­er avec la ver­sion la plus orig­i­nale et la ques­tion les plus dif­fi­ciles :
1 Quel est l’instrument prin­ci­pal de cette ver­sion ?
2 De quel pays sont les musi­ciens ?

Répons­es…

Si vous avez répon­du le Marim­ba ou quelque chose d’approchant, bra­vo, vous fer­ez un bon danseur voire un bon DJ.
Si vous avez répon­du Colom­bie, vous êtes un bon lecteur, mais vous avez per­du, c’est USA…

Full Cir­cle Trio, avec Jack Van Geem (marim­ba), Robert Wright (con­tre­basse) et Ray­mond Froelich (per­cus­sions).

À not­er qu’ils ont fait un disque de tan­go. Peut-être à recom­man­der à ceux qui ont du mal à repér­er quand pos­er les pieds 😉

À demain, les amis.

Tu melodía 1945-05-25 — Orquesta Rodolfo Biagi con Jorge Ortiz / Tu melodía 1944-12-27 — Orquesta Domingo Federico con Carlos Vidal

Alberto Suárez Villanueva Letra: Oscar Rubens (Oscar Rubistein)

Tu melodía est un superbe titre que deux orchestres ont enregistré à 5 mois d’intervalle. Je vous invite donc à écouter non pas une, mais deux versions. Je pense que certains auront une surprise en comparant les deux titres… Puis nous nous lancerons dans un sujet polémique, la SACEM à propos des paroles en français de ce tango.

Extraits musicaux

Si c’est aujourd’hui l’anniversaire de la ver­sion de Bia­gi qui fête ses 79 ans, je vous pro­pose de com­mencer par sa grande sœur enreg­istrée par Domin­go Fed­eri­co, le 27 décem­bre 1944.

Tu melodía 1944-12-27 — Orques­ta Domin­go Fed­eri­co con Car­los Vidal.

Le tan­go par des ban­donéons incisifs puis les vio­lons s’ajoutent, beau­coup plus suaves, et très rapi­de­ment la voix de Car­los Vidal (dès 20 sec­on­des, ce qui est très tôt et excep­tion­nel pour un tan­go de danse). Ensuite, c’est une alter­nance du chanteur et des instru­ments qui repren­nent l’air en solo. C’est donc un tan­go de danse avec une présence par­ti­c­ulière­ment impor­tante du chanteur, ce qui n’était pas fréquent avant que Troi­lo s’en mêle.

Tu melodía 1945-05-25 — Orques­ta Rodol­fo Bia­gi con Jorge Ortiz.

Je pense que dès les pre­mières sec­on­des vous aurez remar­qué qu’il s’agissait d’une valse. En effet, Bia­gi inter­prète ain­si la com­po­si­tion de Suárez Vil­lanue­va. Là on est moins en présence d’une alter­nance, les vio­lons chantent en har­monie avec Ortiz. Le piano, Bia­gi n’a pas de rai­son de s’en priv­er, car c’est lui le chef, a son solo en plus de ses habituelles ponc­tu­a­tions de 2:03 2:33. Vous remar­querez les notes dou­blées dans la sec­onde par­tie de son solo. Comme avec Fed­eri­co et Vidal, le chanteur va jusqu’aux dernières notes.

Paroles

Tu melodía siem­pre la escu­cho,
Y donde vaya, me per­sigue noche y día…

Buscán­dote, amor, amor
Ansiosa está el alma mía,
Y dónde voy oyen­do estoy,
Tu dulce voz, tu melodía.

Cada lugar que recor­rí
Me habló de ti, de tu emo­ción,
Por eso siem­pre te está bus­can­do
Con­fian­do hal­larte mi corazón.

Tu melodía,
Siem­pre la escu­cho
Y donde vaya
Me per­sigue noche y día.

Tu melodía
Vive en mi alma,

Y al evo­car­la
Me devuelve tu visión.

Alber­to Suárez Vil­lanue­va Letra: Oscar Rubens (Oscar Rubis­tein)

Vidal com­mence par ce qui est en couleur (bleu, rouge). Puis il repart du début et chante tout jusqu’à la fin et reprend même les deux vers en rouge et gras…
Dans le cas de Ortiz on est dans une struc­ture plus clas­sique. La mélodie est présen­tée une fois par les vio­lons avant d’être con­fiée au chant. Ortiz chante tout ce qui est en gras. Il omet donc les deux pre­miers vers.

Traduction libre

Ta mélodie, je l’entends tou­jours, et partout où je vais, elle me hante nuit et jour…
En te cher­chant, amour, amour anx­ieux jusqu’à l’âme, et où que j’aille, j’entends, ta douce voix, ta mélodie.
Chaque endroit que j’ai vis­ité m’a par­lé de toi, de ton émo­tion, c’est pourquoi, tou­jours, je te cherche, en espérant te trou­ver, mon cœur.
Ta mélodie, je l’entends tou­jours et partout où je vais, elle me hante nuit et jour…
Ta mélodie vit dans mon âme, et quand je l’évoque, elle me rend ta vision.

Histoire de droits d’auteurs

Tout d’abord, une autre ver­sion des paroles. Par Framique (Eugénie Mic­sunesco) (1896–1991). Elle était l’épouse de Fran­cis Sal­abert, édi­teur et auteur-com­pos­i­teur de nom­breux titres que l’on peut voir sur le site de la BNF (Bib­lio­thèque Nationale de France) et on la trou­ve donc aus­si sur le site de la BNF avec la liste de ses œuvres. Tu melodía n’est pas dans cette liste, mais on la trou­ve dans celle de son pseu­do­nyme, Framique sur le site de la BNF.
Cette ver­sion a été éditée par son mari, à Paris, en 1948, comme on peut le voir sur la fiche de l’œuvre sur le site de la BNF. Sur la même fiche, on peut trou­ver l’incipit que voilà :

1.1.1 C’est le plus beau des chants d’amour
2.1.1. Bus-can­dote amor amor

Dans le Cat­a­log of copy­right entries Third Series, on trou­ve dans le vol­ume 3, Part 5 A, Num­ber 1 de jan­vi­er à juin 1949 de la Library of Con­gress, la pré­ci­sion de la date, le 10 sep­tem­bre 1948. Dans ce reg­istre est égale­ment con­signé le nom de Suarez Vil­lanue­va en référence à la ver­sion orig­i­nale. On remar­que le copy­right des édi­tions Sal­abert, celles du mari de Framique.

Dans cet extrait du reg­istre des copy­rights, on trou­ve la pré­ci­sion du 10 sep­tem­bre 1948

Il y a donc des paroles français­es de ce tan­go ou valse, écrites par Framique et éditées par son mari. On touche ici du doigt le monde de l’édition musi­cale. Imprimer une par­ti­tion, peut-être une source de revenus non nég­lige­able, cela don­nera des idées au cours du temps, comme nous allons l’évoquer main­tenant à pro­pos de la société des Auteurs, Com­pos­i­teurs et Édi­teurs de musique, la SACEM.

La SACEM et les droits d’auteur

Les organ­isa­teurs de man­i­fes­ta­tion tan­go râlent sou­vent en France à cause des coûts énormes de la SACEM qui grèvent les bud­gets de leurs événe­ments. La SACEM est une société de col­lecte des droits d’auteurs et « avoisi­nants ». Société des Auteurs, Compos­i­teurs et Éditeurs de Musique.
Ce serait un moin­dre mal si l’argent col­lec­té ser­vait réelle­ment aux ayants droit, mais on va voir que c’est un peu moins rose que cela…


Prenons l’exemple de la Cumpar­si­ta.
Ger­ar­do Matos Rodriguez en est con­sid­éré comme l’auteur. Il est mort en 1948. Donc, depuis 2018 (la pro­tec­tion court jusqu’à 70 ans après la mort de l’auteur pour la France), la Cumpar­si­ta est tombée dans le domaine pub­lic. Elle ne devrait donc plus faire l’objet de prélève­ments. Pour éviter cela, la SACEM et les sociétés affil­iées ont inven­té de nou­veaux droits per­me­t­tant aux édi­teurs de con­tin­uer à touch­er des sommes con­séquentes même pour les œuvres tombées dans le domaine pub­lic.

Les « revenus » de la SACEM :

La SACEM ne con­necte pas seule­ment les sommes qui vont per­me­t­tre aux pau­vres com­pos­i­teurs de manger. Cette activ­ité est même mar­ginale et plus qu’insignifiante en vol­ume. Voici le panora­ma de ce que gère la SACEM…

  • La SACEM récupère les droits d’auteurs des com­pos­i­teurs et auteurs de musique, mais aus­si des édi­teurs de musique (le E de SACEM).
  • Elle col­lecte la rémunéra­tion pour copie privée (taxe prélevée sur tous les sup­ports d’enregistrements vierges, même s’ils ne ser­vent pas à la musique (Loi du 3 juil­let 1985, dite Loi Lang).
  • Elle col­lecte pour SESAM, sur les œuvres mul­ti­mé­dias (Société du droit d’auteur dans l’univers mul­ti­mé­dia et inter­net)
  • Elle col­lecte pour SDRM, les droits de repro­duc­tion mécaniques des auteurs, com­pos­i­teurs, édi­teurs, réal­isa­teurs et dou­bleurs, sous-titreurs.
  • La SPRÉ, la rémunéra­tion équitable au prof­it des musi­ciens inter­prètes et des pro­duc­teurs phono­graphiques.

J’ai mis en gras ceux qui rece­vaient la plus grosse part du gâteau, après bien sûr le « prélève­ment » de la SACEM. Il s’agit, vous vous en seriez douté, des édi­teurs et pro­duc­teurs. Rien que pour les droits d’auteur, la clef de répar­ti­tion est en théorie de 25 % pour l(es) auteur(s) 25 % pour le(s) compositeur(s) 50 % pour l(es) éditeur(s).
Donc, quand vous écoutez la Cumpar­si­ta dans une milon­ga, vous pou­vez penser que c’est une musique « libre de droits ».
En fait, non. Les édi­teurs de musique exis­tent tou­jours, les pro­duc­teurs de dis­ques, égale­ment et phénomène intéres­sant de nou­veaux ayants droit se gref­fent sur les œuvres à suc­cès. J’ai com­pilé ci-dessous la liste des ayants droit pour la Cumpar­si­ta que l’on trou­ve dans les reg­istres de la SACEM.
Vous allez y décou­vrir bien plus que les trois auteurs com­muné­ment cités dans le domaine du tan­go, mais surtout, vous allez voir une liste d’éditeurs et de sous-édi­teurs, qui sont donc des ayants droit, juste, car ils ont imprimé, au moins une fois La Cumpar­si­ta et qu’ils l’ont déclaré à la SACEM ou à une société affil­iée.
La SPRÉ étant des­tinée aux inter­prètes, la liste de ces derniers devient très longue. Donc, même si vous jouez une Cumpar­si­ta dans une ver­sion où tous les mem­bres de l’orchestre sont morts avant 1954, il y a des droits à pay­er. N’oublions pas que la SPRÉ n’est pas essen­tielle­ment des­tinée aux musi­ciens, mais aux édi­teurs…
Je vous laisse méditer sur les ayants droit de la SACEM à par­tir de son reg­istre, mais avant, je tiens à vous com­mu­ni­quer une infor­ma­tion.
La SADAIC, l’équivalent argentin de la SACEM, reçoit des sommes for­faitaires de la France, mais rien de par­ti­c­uli­er en matière de tan­go. En effet, cette musique est con­sid­érée comme mar­ginale en ter­mes de droits d’auteurs par la SADAIC et il n’y a pas de reven­di­ca­tion par­ti­c­ulière.
Je pense que vous com­prenez que quand vous déclarez à la SACEM la musique d’un événe­ment, même si le DJ dresse une liste avec le nom des com­pos­i­teurs et que vous la trans­met­tez, cela n’a aucune inci­dence sur les flux entre la France et l’Argentine. Ce n’est pas géré.
L’argent qui reste après que ce soit servi la SACEM, les édi­teurs et les pro­duc­teurs, va aux musi­ciens et aux auteurs, mais vous allez le voir, d’une façon assez étrange.
Si vous êtes une grosse vedette du top 50, vous allez recevoir votre dû et même bien plus, car les sommes qui ne sont pas dis­tribuées sont répar­ties à l’ensemble des auteurs inscrits (à not­er que l’inscription d’un auteur à la SACEM n’est pas oblig­a­toire) La SACEM est une société, pas un organ­isme pub­lic, offi­ciel.
Ain­si, Tartem­pi­on Glinglin, qui s’est inscrit à la SACEM, recevra un petit quelque chose, pro­por­tion­nelle­ment à son statut. Les gros reçoivent beau­coup, les petits, très peu. Pour la France, le plus gros, c’est Jean-Jacques Gold­man. Quand vous organ­isez une milon­ga, vous enrichissez Jean-Jacques Gold­man et des édi­teurs et pro­duc­teurs, mais pas Rodriguez ou ses petits-enfants éventuels.
Mais ce n’est pas la seule sur­prise. Je vous pro­pose de regarder main­tenant le réper­toire de la SACEM pour La Cumpar­si­ta. Cette œuvre étant très con­nue et beau­coup jouée, elle attire la con­voitise de ceux qui vivent des sub­sides de la SACEM.

LE RÉPERTOIRE DE LA SACEM

LA CUMPARSITA

Com­pos­i­teur : ARCH DAVID GWYN, BERNARD DEWAGTERE, Cyprien KATSARIS, GARANCE MICHELE, GERARDO MATOS RODRIGUEZ, Giulio Gd D’AGOSTINO, JEFE E L, PUBLIC DOMAIN, TRAD.

Com­pos­i­teur-Auteur : Augustin CASTELLON CAMPOS, CALANDRELLI JORGE M, DP, GERARDO MATOS RODRIGUEZ, GONZALO FI, Igor OUTKINE, INCONNU COMPOSITEUR AUTEUR, KALETH JAMES PATRICK, MAX BRONCO, Pub­lic DOMAINE, ROGERS MILTON (US 1), Roland Mar­tin ROBERTS, ROSE DAVID D, Sam­my WETSTEIN, TERRANO ANDREA.

Auteur : BEYTELMANN GUSTAVO, CONNER DAVID A, David John HOWELL, Fabi­en PACKO, LLOYD JACK, LOVE GEOFFREY, Marie-Stéphane VAUGIEN, MARONI ENRIQUE PEDRO, Pas­cual CONTURSI, PASERO STEVAN, RUNSWICK DARYL BERNARD, STAZO LUIS ANTONIO.

Arrangeur : ARCH DAVID GWYN, Robert DUGUET.

Inter­prète : Alain MUSICHINI, Andre BROCOLETTI, Armand PAOLI, Arnaud THORETTE, Astor PIAZZOLLA, BARIMAR, BASSO JOSE HIPOLITO, Bernard MARLY, BERTRAND DE KERMADEC, BONAZ FERNAND, BRUNELLI FELICIANO, CAHAN JACQUES, CANARO FRANCISCO, CARLOS RODRIGUEZ LUNA, CARRIL HUGO (DEL), CHABLOZ MARTIN, Char­ly OLEG, Christo­pher FRONTIER, CLEMENT DOUCET, CO FRANCO ERNESTO FRANCIS, CORENZO ALFREDO, Corinne ROUSSELET, CUGAT XAVIER, D ARIENZO JUAN, Daniel COLIN, DELERUE GEORGES, DELPHINE LEMOINE, DI SARLI CARLOS, Eduar­do BIANCO, Eduar­do Oscar ROVIRA, Eric BOUVELLE, Eric CERBELLAUD, Eti­enne LORIN, EVEN JO, Fabi­en PACKO, FABRICE PELUSO, FARRART VINCENT, FEDERICO DOMINGO S, FERNANDEZ JOSE ESTEBAN, FIESCHI JOSE, Franck POURCEL, GARANCE MICHELE, GARCIA DIGNO, GARDEL CARLOS, Georges RABOL, Gilbert DIAS, Hervé DESARBRE, HIRSCHFELDER DAVID, HORNER YVETTE, James GRANGEREAU, Jean HARDUIN, JEAN VILLETORTE, JEROME RICHARD, Joseph PERON, Juan CARRASCO, JULIO IGLESIAS, KAASE CHRISTOPHER, KALLISTE EDITIONS MUSICALES, LANDER MONICA, LAZZARI CARLOS ANGEL, LO MANTOVANI ANNUNZIO PAO, LOMUTO FRANCISCO J, Louis CAMBLOR, Louis CORCHIA, Luis (louis) TUEBOLS, MAGALI PERRIER, MAHJUN JEAN LOUIS, MALANDO DANNY, Mar­cel AZZOLA, MARCEL DUVAL, MARCELLO JOSE, Mario CAVALLERO, Mar­tial COHEN-SOLAL, Mau­rice LARCANCHE, Michel FUGAIN, MICHEL PRUVOST, Michel PRUVOT, MORINO JACQUES, NEUMAN ALBERTO, Olivi­er MANOURY, Olivi­er MARTEL, OMAR KHORCHID, Pas­cal TERRIBLE, Patrick BELLAIZE, PIERRE BOUIX, Pierre PARACHINI, PIZARRO MANUEL, PONSERME JACQUES, Pri­mo CORCHIA, Ramon Alber­to GONZALES, Ray­mond BOISSERIE, RENAUD LINE, RIVERO EDMUNDO, Robert TRABUCCO, Rober­to ALAGNA, ROMERO PEPE, ROSSI TINO, S FRESEDO OSVALDO NICOLA, SCALA TANI, SCHIFRIN LALO, SEMINO ROSSI, SEVILLA LUIS MIGUEL, SONY JO, STEPHANE REBEYROL, Tapio KARI, Thier­ry BONNEFOUS, Thier­ry CAENS, TIRAO CACHO, TONY MURENA PRODUCTIONS, TROILO ANIBAL CARMELO, TROVESI GIANLUIGI, VERCHUREN ANDRE, VINCENT INCHINGOLO, WUNDERLICH KLAUS, Yvan CASSAR.

Réal­isa­teur : Julien BLOCH.

Édi­teur : AUSTRALIAN MUSIC EXAMINATIONS BOARD LTD, BMG RICORDI EX RICORDI G C SPA, CALA TUENT MUSIC, CALANDRELLI MUSIC, CD BABY BETA, D A MUSIC LTD, DAVAL MUSIC COMPANY, GD SEVENTY-EIGHT MUSIC, LA PALMERA EDICIONES INH MATTHIAS MOEBIUS, MORRO MUSIC, NEN MUSIC, PATTERDALE MUSIC LTD, PRIMARY WAVE ROSE, RUECKBANK MUSIKVERLAG MARK CHUNG EK, SCHOTT MUSIC GMBH CO KG, SESAME STREET INC, SHUTTERSTOCK MUSIC CANADA ULC, SONY ATV MILENE MUSIC, SWEET CITY SONGS LTD, TUNECORE DIGITAL MUSIC, ZONE MUSIC PUBLISHING LLP.

Sous Édi­teur : BECAUSE EDITIONS, BMG RIGHTS MANAGEMENT (FRANCE), BUDDE MUSIC FRANCE, DAVID PLATZ MUSIC EDITIONS, EDITIONS DURAND, KOBALT MUSIC PUBLISHING FRANCE, MUSICJAG, PARIGO, PEERMUSIC FRANCE, PREMIERE MUSIC GROUP, RDB CONSEIL RIGHTS MANAGEMENT, SCHOTT MUSIC, SENTRIC MUSIC LIMITED, SONY MUSIC PUBLISHING (FRANCE), ST MUSIC INTERNATIONAL INC, UNIVERSAL MUSIC PUBLISHING, WARNER CHAPPELL MUSIC FRANCE.

Cela fait beau­coup de per­son­nes que nous n’aurions pas soupçon­nées d’être liées à la Cumpar­si­ta.

Extrait de l’en­trée Cumpar­si­ta dans les reg­istres de la SACEM. En gras ceux qui sont légitimes, plus domaine pub­lic ou incon­nu.

La Cumpar­si­ta tombera réelle­ment dans le domaine pub­lic quand le dernier des petits malins qui a fait inscrire son nom sera mort depuis plus de 70 ans. Mais ras­surez-vous, les maisons d’édition et pro­duc­teurs trou­veront une astuce et cela n’arrivera donc jamais.
De toute façon, la SPRÉ court tou­jours, car il y a tou­jours des musi­ciens qui jouent la Cumpar­si­ta. C’est une tac­tique bien ficelée et la SACEM a encore de beaux jours pour con­tin­uer de prospér­er, car si même des musi­ciens déci­dent de ne pas adhér­er, de pub­li­er de la musique libre de droits, la SACEM vous réclam­era une somme for­faitaire, à moins que vous puissiez prou­ver que vous ne passez que de la musique libre de droits (on a vu que c’était impos­si­ble avec le réper­toire argentin).

Sondage

Tu melodía, tan­go ou valse ? J’hésite…

Percal 1943-02-25 (Tango) — Orquesta Miguel Caló con Alberto Podestá

Domin­go Fed­eri­co (Domin­go Ser­afín Fed­eri­co) Letra: Home­ro Aldo Expósi­to

Ne me dites pas que la voix chaude d’Alberto Podestá quand il lance le pre­mier « Per­cal » ne vous émeut pas, je ne vous croirais pas. Mais avant le thème créé par Domin­go Fed­eri­co et magis­trale­ment pro­posé par l’orchestre de Caló a instau­ré une ambiance de mys­tère.

Je ne sais pas pourquoi, mais les pre­mières notes m’ont tou­jours fait penser aux mille et une nuit. L’évocation de la per­cale qui est un tis­su de qual­ité en France pour­rait ren­forcer cette impres­sion de luxe.
Cepen­dant, le per­cal qui est mas­culin en espag­nol, est une étoffe mod­este des­tinée aux femmes pau­vres. Vous le décou­vrirez plus large­ment avec les paroles, ci-dessous.

Podestá a com­mencé à chanter pour Caló à 15 ans. Il a passé une audi­tion dans l’après-midi et le soir-même il com­mençait avec l’orchestre. Miguel Caló savait décel­er les tal­ents…

Extrait musical

Per­cal 1943-02-25 — Orques­ta Miguel Caló con Alber­to Podestá. C’est le tan­go du jour.

Paroles

Per­cal…
¿Te acuer­das del per­cal?
Tenías quince abriles,
Anh­e­los de sufrir y amar,
De ir al cen­tro, tri­un­far
Y olvi­dar el per­cal.
Per­cal…
Camino del per­cal,
Te fuiste de tu casa…
Tal vez nos enter­amos mal.
Solo sé que al final
Te olvi­daste el per­cal.

La juven­tud se fue…
Tu casa ya no está…
Y en el ayer tira­dos
Se han queda­do
Aco­bar­da­dos
Tu per­cal y mi pasa­do.
La juven­tud se fue…
Yo ya no espero más…
Mejor dejar per­di­dos
Los anh­e­los que no han sido
Y el vesti­do de per­cal.

Llo­rar…
¿Por qué vas a llo­rar?…
¿Aca­so no has vivi­do,
Aca­so no aprendiste a amar,
A sufrir, a esper­ar,
Y tam­bién a callar?
Per­cal…
Son cosas del per­cal…
Saber que estás sufrien­do
Saber que sufrirás aún más
Y saber que al final
No olvi­daste el per­cal.
Per­cal…
Tris­tezas del per­cal.

Traduction libre

Per­cal…
Tu te sou­viens du cal­i­cot ? (La per­cale en Europe est une étoffe de coton à maille ser­rée. On par­le plutôt de Cal­i­cot pour un tis­su de coton plus grossier, celui des pau­vres à Buenos Aires. J’emploierai cepen­dant le terme « per­cale » pour retrou­ver l’importance du mot dans l’original).
Tu avais quinze avrils, désirs de souf­frir et d’aimer, d’aller au cen­tre, de tri­om­pher et d’ou­bli­er la per­cale.
Per­cal…
Chemin de per­cale, tu as quit­té ta mai­son… Peut-être qu’on ne s’est pas bien ren­du compte.
Je sais seule­ment qu’au final, tu as oublié la per­cale

La jeunesse est par­tie…
Ta mai­son n’est plus…
Et rejetés dans le passé, sont restés lâche­ment ta per­cale et mon passé.
La jeunesse est par­tie…
Je n’at­tends plus…
Mieux vaut per­dre les désirs qui n’ont pas été et la robe en per­cale.

Pleur­er…
Pourquoi vas-tu pleur­er ?…
N’as-tu pas vécu, n’as-tu pas appris à aimer, à souf­frir, à espér­er
Et aus­si à te taire ?
Per­cal…
Ce sont des choses de per­cale…
Savoir que tu souf­fres, savoir que tu souf­friras encore plus, et savoir qu’à la fin, tu n’as pas oublié la per­cale.
Per­cal…
Tristesse de la per­cale.

Parlons chiffons

Per­cal est men­tion­né sept fois dans les paroles de ce tan­go d’Home­ro Expósi­to. Il est donc très impor­tant de ne pas faire un con­tre­sens sur la sig­ni­fi­ca­tion de ce mot.
Wikipé­dia nous dit que : « La per­cale est un tis­su de coton de qual­ité supérieure fait de fil fin ser­ré à plat. Elle est appré­ciée en literie pour son touch­er lisse, doux, et sa résis­tance ».
Vous aurez com­pris qu’il ne faut pas en rester là, car une fois de plus, c’est le lun­far­do, l’argot argentin qu’il faut inter­roger pour com­pren­dre.
En lun­far­do, il s’agit d’un tis­su de coton util­isé pour les robes des femmes de con­di­tion mod­este. On retrou­ve dans cette déri­va­tion du mot en lun­far­do, la déri­sion de la mode de la haute société qui se piquait d’être à la française. Nom­mer une toile mod­este du nom d’une toile pres­tigieuse était une façon de se moquer de sa con­di­tion de mis­ère.
En français, on dirait donc plutôt « cal­i­cot » que per­cale pour ce type de tis­su de basse qual­ité.
Voici ce qu’a écrit Athos Espín­dola dans son « Dic­cionario del lun­far­do » :

Per­cal. l. p. Tela de mod­es­ta cal­i­dad que se emplea­ba para vesti­dos de mujer, la más común entre la gente humilde. Fue lle­va­da por el can­to, la poesía y el teatro pop­u­lares a con­ver­tirse en sím­bo­lo de sen­cillez y pureza que rep­re­senta­ba a la mujer de bar­rio entre­ga­da a su hog­ar y a la obr­era que sucum­bía doce horas diarias en el taller de plan­cha­do o en la fábri­ca para lle­var unos míseros pesos a la pobreza de su famil­ia. A esa que luego, a la tardecita, salía con su vesti­do de per­cal a la puer­ta de su casa a echar a volar sueños e ilu­siones. Pero tam­bién fue sím­bo­lo dis­crim­i­na­to­rio prop­i­cio para que las grandes seño­ras de seda y de petit-gris tuvier­an otro moti­vo descal­i­fi­ca­to­rio para esa pobreza ofen­si­va e insul­tante que, afor­tu­nada­mente, esta­ba tan allá, en aque­l­los bar­rios adonde no alcan­z­a­ban sus miradas. ¿Cómo iba a deten­erse a con­ver­sar con una mujer que viste de per­cal?

Athos Espín­dola, Dic­cionario del lun­far­do

Ce tan­go évoque donc la malé­dic­tion de celles qui sont nées pau­vres et qui ne sor­tiront pas de l’univers des tis­sus de basse qual­ité, con­traire­ment à celles qui vivent dans la soie et le petit-gris.
Pour infor­ma­tion, le petit-gris est appar­en­té au vair des chaus­sures de Cen­drillon, le vair étant une four­rure à base de peaux d’écureuils. Le petit-gris, c’est pire dans le domaine de la cru­auté, car il faut le dou­ble d’écureuils. Au lieu d’utiliser le dos et le ven­tre, on n’utilise que le dos des écureuils pour avoir une four­rure de couleur unie et non pas en dami­er comme le vair.

Tenías quince abriles, en français on emploi sou­vent l’expression avoir quinze print­emps pour dire quinze ans. En Argen­tine, les quinze ans sont un âge tout par­ti­c­uli­er pour les femmes. Les familles mod­estes s’endettent pour offrir une robe de fête pour leur fille, pour cet anniver­saire le plus spec­tac­u­laire de leur vie. Le fait que la robe de la chan­son soit dans un tis­sus hum­ble, accentue l’idée de pau­vreté.
Il existe d’ailleurs des valses de quinz­ième anniver­saire et pas pour les autres années.
Dans les milon­gas, la tra­di­tion de fêter les anniver­saires en valse vient de là.

El vals de los quince años pour l’an­niver­saire de Quique Camar­go par Los Reyes del Tan­go.
Milon­ga Camar­go Tan­go — El Beso — Buenos Aires — 2024-02-17. .
Parole et musique Agustín Car­los Minot­ti.
Grabación DJ BYC Bernar­do

Les enregistrements de Percal

Per­cal 1943-02-25 — Orques­ta Miguel Caló con Alber­to Podestá. C’est le tan­go du jour.
Per­cal 1943-03-25 — Orques­ta Aníbal Troi­lo con Fran­cis­co Fiorenti­no.

Enreg­istrée un mois, jour pour jour après celle de Calo, cette ver­sion est superbe. Cepen­dant, il me sem­ble que la voix de Fiorenti­no et en par­ti­c­uli­er sa pre­mière attaque de « Per­cal » sont en deçà de ce qu’ont pro­posé Caló et Podestá. Mais bien sûr, ce titre est égale­ment mer­veilleux à danser.

Per­cal 1943-05-13 Hugo Del Car­ril accom­pa­g­né par Tito Ribero.

Cette chan­son, ce n’est pas un tan­go de danse, com­mence avec une musique très par­ti­c­ulière et Hugo Del Car­ril démarre très rapi­de­ment (nor­mal, c’est une chan­son) le thème d’une voix très chaude et vibrante.

Per­cal 1947 — Fran­cis­co González et son Orchestre typ­ique argentin con Rober­to Rodríguez.

Mer­ci à André Vagnon (Bible tan­go) pour m’avoir fourni cet enreg­istrement. Le cat­a­logue de la Bib­lio­thèque nationale de France (Notice FRBNF38023941) l’indique de 1948 sous la bonne référence du disque : Selmer ST3003. La bible Tan­go l’indique de 1947 et avec le numéro de matrice 3728. André me con­firme que l’enregistrement est bien de 1947 et l’édition de l’année suiv­ante. Cette ver­sion est assez tonique et rapi­de, avec un piano agile. Ceux qui ont dans l’oreille le Per­cal de Calo et Podes­ta auront peut-être un peu de mal, à accepter cette ver­sion, mais pour ce qui est de la danse, il n’y a rien à redire, c’est tout à fait dans­able, le rythme est bien, et même presque trop, mar­qué. La voix de Rober­to Rodríguez manque sans doute un peu de souf­fle face à Podes­ta, mais un DJ qui voudrait faire preuve d’originalité pour­rait pro­pos­er cette per­le à des danseurs com­préhen­sifs et/ou curieux.

Per­cal par Fran­cis­co Gon­za­lez… Sur l’autre face, il y a la cumpar­si­ta.
Per­cal 1952-08-25 — Orques­ta Domin­go Fed­eri­co con Arman­do Moreno et réc­i­tatif por Julia de Alba.

Il est intéres­sant d’écouter cette ver­sion enreg­istrée par l’auteur de la musique, même si c’est plus tardif. En plus des paroles chan­tées par Arman­do Moreno, il y a un réc­i­tatif dit par Julia de Alba, une célébrité de la radio. Son inter­ven­tion ren­force le thème du tan­go en évo­quant le chemin de per­cale, la des­tinée que lui prédi­s­ait sa mère et qui s’est avérée la réal­ité. Elle l’a com­pris plus tard, pleu­rant les bais­ers de sa mère qui ne peut plus l’embrasser.

Per­cal 1956 — Luis Tue­bols et son Orchestre typ­ique argentin.

Les vio­lons se char­gent avec brio de la par­tie « chan­tée », mais on se prend toute­fois à avoir envie d’une voix pour don­ner un sup­plé­ment d’âme à cette ver­sion qui ne démérite pas, mais qui sem­ble incom­plète de par l’absence d’un chanteur. Peut-être qu’un jour d’audace, je la pro­poserai en milon­ga dans une milon­ga européenne, car j’aime bien les petits motifs de ban­donéon alter­nant avec ceux des vio­lons, dans un dia­logue très sym­pa­thique.

Disque Riviera 1146, face A – Percal 1956 - Luis Tuebols et Son Orchestre Typique Argentin. Réédition brésilienne en LP. Les éditions Riviera sont françaises (Eddie Barclay). La réédition mentionne que l’enregistrement a été réalisé par Barclay en France.
Disque Riv­iera 1146, face A – Per­cal 1956 — Luis Tue­bols et Son Orchestre Typ­ique Argentin. Réédi­tion brésili­enne en LP. Les édi­tions Riv­iera sont français­es (Eddie Bar­clay). La réédi­tion men­tionne que l’enregistrement a été réal­isé par Bar­clay en France.

Même si cette ver­sion manque de chanteur, il y a quelques inter­ro­ga­tions à son sujet. On trou­ve par­fois la men­tion du chanteur Enrique Ortiz pour ce titre. Cela peut être une coquille, ou la trace d’une autre ver­sion qui si elle était retrou­vée pour­rait être intéres­sante.

Per­cal = Per­son­ne

On notera toute­fois que c’est plus sou­vent sous le titre « Per­son­ne » que l’on trou­ve l’enregistrement de Per­cal par Tue­bols.

Différents disques édités en France par Rivera (qui appartient à Barclay), puis en Italie, au Brésil (avec la mention que l'enregistrement est français par Barclay), une édition espagnole (Barclay) qui prouve que le titre servait à faire la fête et une cassette pirate éditée en 1978 à Singapour....
Dif­férents dis­ques édités en France par Rivera (qui appar­tient à Bar­clay), puis en Ital­ie, au Brésil (avec la men­tion que l’en­reg­istrement est français par Bar­clay), une édi­tion espag­nole (Bar­clay) qui prou­ve que le titre ser­vait à faire la fête et une cas­sette pirate éditée en 1978 à Sin­gapour.…

Voici quelques exem­ples de disque où se trou­ve Per­cal ou Per­son­ne. Tous sont liés à Bar­clay, sauf la cas­sette pirate de Sin­gapour.

  • Les 16 plus célèbres tan­gos argentins (Riv­iera – RLP 6644) France 1956
  • A Media Luz (Bar­clay – 72 040) 45 tours 4 titres France 1957. C’est un extrait du disque Rivera qui prou­ve que le titre était un des plus fameux du 33 tours.
  • Les 16 plus célèbres tan­gos argentins (Bar­clay – 950.022 série Bar­clayra­ma) France
  • Les 16 plus célèbres tan­gos argentins (Bar­clay – 82219 série Danse)  
  • 16 Più Cele­bri Tanghi Argen­ti­ni (Bar­clay – BL 9011) Ital­ie
  • Les 16 plus célèbres tan­gos argentins (Bar­clay – 820.069) France
  • Les 16 plus célèbres tan­gos argentins (Bar­clay – 82 219, Bar­clay – 6644 )
  • Os 10 Mais Famosos Tan­gos Argenti­nos (Copaca­bana – CLP 3092) Brésil (men­tion de l’origine de l’enregistrement, France, Bar­clay)
  • Sur­prise Par­ty Chez Jack (Bar­clay – BLP 41.000) Espagne – Per­son­ne B2)
  • Les 16 plus célèbres tan­gos argentins (GS – GS 2018) Cas­sette pirate pub­liée à Sin­gapour en 1978. 20 ans après, on piratait encore le disque.

Il serait ten­tant de rajouter un autre enreg­istrement à cette liste, mais, s’il est classé sur des sites comme un enreg­istrement de Tue­bols, je n’en suis pas cer­tain. Pre­mière­ment, il ne sem­ble pas paraître dans les dif­férents cat­a­logues et deux­ième­ment, s’il est vrai­ment de Tue­bols, il est très dif­férent de la très belle ver­sion que je viens de présen­ter longue­ment. Pas­sons à l’écoute :

Per­cal – Enreg­istrement attribué à Luis Tue­bols, vers 1950.

L’orchestration est beau­coup plus sim­pliste que dans l’autre ver­sion. Le rythme est très mar­qué, comme cela peut être le cas dans d’autres enreg­istrements de Tue­bols. En fait, on pour­rait presque penser que cet enreg­istrement est l’authentique et que l’autre est d’un autre orchestre, tant cette ver­sion est au-dessus de la pro­duc­tion com­mune de Tue­bols. Si vous avez des pistes pour élu­cider ce mys­tère, je suis pre­neur…

Per­cal 1969 — Orques­ta Domin­go Fed­eri­co con Car­los Vidal.

Une autre ver­sion par le com­pos­i­teur qui détient le record avec au moins qua­tre enreg­istrements de sa com­po­si­tion. Cha­cune est dif­férente et celle-ci peut être con­sid­érée comme intéres­sante, y com­pris pour la danse, par des danseurs auda­cieux avec ses mag­nifiques traits de vio­lons. On peut toute­fois penser que Car­los Vidal en fait un peu trop. On notera le dernier accord qui ne s’éteint, en changeant légère­ment, qu’après 15 sec­on­des. Une fin assez orig­i­nale dans le domaine du tan­go.

Per­cal 1969-09-24 — Domin­go Fed­eri­co (ban­donéon) Oscar Bron­del (gui­tare) con Rubén Maciel.

La par­tic­u­lar­ité de cet enreg­istrement est qu’il est chan­té en esperan­to par Rubén Maciel. Fed­eri­co était un mil­i­tant de l’esperanto, ce lan­gage des­tin­er à unir les hommes dans une grande fra­ter­nité. Le même jour, ils ont aus­si enreg­istré une ver­sion de la cumpar­si­ta, tou­jours en esperan­to.

Per­cal 1990-12 — Orques­ta Juve­nil de Tan­go de la U.N.R. dir Domin­go Fed­eri­co con Héc­tor Gatá­neo.

Vous pou­vez acheter ce titre ou tout l’album sur Band­Camp, y com­pris dans des for­mats sans perte (ALAC, FLAC…). Pour mémoire, les fichiers que je pro­pose ici sont en très basse qual­ité pour être autorisé sur le serveur (lim­ite 1 Mo par fichi­er).

Autre titre enregistré un 25 février

Ya sale el tren 1943-02-25 — Orques­ta Miguel Caló con Jorge Ortiz. Musique et paroles de Luis Rubis­tein.

Ce tan­go a été enreg­istré le même jour que Per­cal, mais avec un chanteur dif­férent, Jorge Ortiz. On entend la cloche du train au début.

¿Te acuerdas del percal? Tenías quince abriles.
¿Te acuer­das del per­cal? Tenías quince abriles.