Archives par étiquette : nuances

La canción de los pescadores de perlas 1968-08-30 y 1971 — Orquesta Florindo Sassone

Georges Bizet. Florindo Sassone, Othmar Klose et Rudi Luksch (adaptation en tango)

Beau­coup de tan­gos sont inspirés de musiques européennes. Les valses, notam­ment, mais pas seule­ment. Ces titres sont adap­tés et devi­en­nent de « vrais tan­gos », mais ce n’est pas tou­jours le cas.
En France, cer­tains danseurs de tan­go appré­cient des titres un peu étranges, des titres qui n’ont jamais été écrits pour cette danse. On appelle générale­ment cela le « tan­go alter­natif ».
Un des titres les plus con­nus dans le genre est la reprise d’un opéra du XIXe siè­cle effec­tuée par Florindo Sas­sone. Le fait qu’un chef d’orchestre de tan­go reprenne un titre n’en fait pas un tan­go de danse. Cela reste donc de l’alternatif. Je vous laisse en juger avec los pescadores de per­las, les pêcheurs de per­les, de Bizet et Sas­sone…

Écoutes

Tout d’abord, voyons l’original com­posé par Bizet. Je vous pro­pose une ver­sion par un orchestre et un chanteur français, celle du ténor Rober­to Alagna avec l’orchestre de Paris, qui est dirigé par Michel Plas­son. Cette inter­pré­ta­tion a été enreg­istrée le 9 juil­let 2009 au Bassin de Nep­tune du château de Ver­sailles. Ce soir-là, il chantera trois œuvres de Bizet, dont un extrait de Car­men, même si ce n’est pas la célèbre habanera qui a tant à voir avec un des rythmes de base du tan­go et de la milon­ga. Vous pou­vez voir le con­cert en entier avec cette vidéo…
https://youtu.be/Jx5CNgsw3S0. Ne vous fiez pas à la prise de son un peu médiocre du début, par la suite, cela devient excel­lent. Pour aller directe­ment au but, je vous pro­pose ici l’extrait, sub­lime où Alagna va à la pêche aux per­les d’émotion en inter­pré­tant notre titre du jour.

Rober­to Alagna et l’orchestre de Paris dirigé par Michel Plas­son dans Les Pêcheurs de Per­les de Georges Bizet. L’air de Nadir « Je crois enten­dre encore ».

Deux mots de l’opéra de Bizet

Les pêcheurs de per­les est le pre­mier opéra com­posé par Bizet, âgé de 25 ans, en 1863). L’intrigue est sim­pliste.
L’opéra se passe sur l’île de Cey­lan, où deux amis d’enfance, Zur­ga et Nadir, évo­quent leur pas­sion de jeunesse pour une prêtresse de Can­di nom­mé Leïla.
Pour ne pas nuire à leur ami­tié, ils avaient renon­cé à leur amour, surtout Zur­ga, car Nadir avait secrète­ment revu Leïla.
Zur­ga était mécon­tent, mais, finale­ment, il décide de sauver les deux amants en met­tant le feu au vil­lage.
L’air célèbre qui a été repris par Sas­sone est celui de Nadir, au moment où il recon­naît la voix de Leïla. En voici les paroles :

Je crois enten­dre encore,
Caché sous les palmiers,
Sa voix ten­dre et sonore
Comme un chant de rami­er !
Ô nuit enchanter­esse !
Divin ravisse­ment !
Ô sou­venir char­mant !
Folle ivresse ! Doux rêve !
Aux clartés des étoiles,
Je crois encore la voir,
Entrou­vrir ses longs voiles
Aux vents tièdes du soir !
Ô nuit enchanter­esse !
Divin ravisse­ment !
Ô sou­venir char­mant !
Folle ivresse ! Doux rêve !

Avant de pass­er aux ver­sions de Florindo Sas­sone, une ver­sion par Alfre­do Kraus, un ténor espag­nol qui chante en Ital­ien… La scène provient du film “Gayarre” de 1959 réal­isé par Domin­go Vilado­mat Pancor­bo. Ce film est un hom­mage à un autre ténor espag­nol, mais du XIXe siè­cle, Julián Gayarre (1844–1890).
La vie, ou plutôt la mort de ce chanteur, est liée à notre titre du jour, puisqu’en décem­bre 1889, Gayarre chan­ta Los pescadores de per­las mal­gré une bron­chop­neu­monie (provo­quée par l’épidémie de grippe russe qui fit 500 000 morts).
Lors de l’exécution, qui fut aus­si la sienne, sa voix se cas­sa sur une note aigüe et il s’évanouit. Les effets con­jugués de la mal­adie et de la dépres­sion causée par son échec artis­tique l’emportèrent peu après, le 2 jan­vi­er 1890 ; il avait seule­ment 45 ans. Cette his­toire était suff­isante pour en faire un mythe. D’ailleurs trois films furent con­sacrés à sa vie, dont voici un extrait du sec­ond, “Gayarre” où Alfre­do Kraus inter­prète le rôle de Gayarre chan­tant la chan­son « je crois enten­dre encore » tiré des pêcheurs de per­les.

Alfre­do Kraus inter­prète le rôle de Gayarre chan­tant la chan­son « je crois enten­dre encore » tiré des pêcheurs de per­les dans le film Gayarre.

Sas­sone pou­vait donc con­naître cette œuvre, par les deux pre­miers films, “El Can­to del Ruiseñor” de 1932 et “Gayarre” de 1959 (le troisième, Roman­za final est de 1986) ou tout sim­ple­ment, car bizet fut un com­pos­i­teur influ­ent et que Les pêcheurs de Per­les est son deux­ième plus gros suc­cès der­rière Car­men.

J’en viens enfin aux versions de Sassone

La can­ción de los pescadores de per­las 1968-08-30 — Orques­ta Florindo Sas­sone.

C’est une ver­sion “adap­tée” en tan­go. Je vous laisse juger de la dans­abil­ité. Cer­tains adorent.
Dès le début la harpe apporte une ambiance par­ti­c­ulière, peut-être l’ondoiement des vagues, que ponctue le vibra­phone. L’orchestre majestueux accom­pa­g­né par des bass­es pro­fondes qui mar­quent la marche alterne les expres­sions suaves et d’autres plus autori­taires. On est dans du Sasonne typ­ique de cette péri­ode, comme on l’a vu dans d’autres anec­dotes, comme dans Féli­cia du même Sas­sone. https://dj-byc.com/felicia-1966–03-11-orquesta-florindo-sassone/
La présence d’un rythme rel­a­tive­ment réguli­er, souligné par les ban­donéons, peut inspir­er cer­tains danseurs de tan­go. Pour d’autres, cela pour­rait trop rap­pel­er le rythme réguli­er du tan­go musette et au con­traire les gên­er.

Cet aspect musette est sans doute le fait d’Oth­mar Klose et Rudi Luksch qui sont inter­venus dans l’orches­tra­tion. Luksch était accordéon­iste et Klose était un des com­pos­i­teurs d’Adal­bert Lut­ter (tan­go alle­mand).

C’est cepen­dant un titre qui peut intéress­er cer­tains danseurs de spec­ta­cle par sa vari­a­tion d’expressivité.

La can­ción de los pescadores de per­las 1971 — Orques­ta Florindo Sas­sone.

Trois ans plus tard, Sas­sone enreg­istre une ver­sion assez dif­férente et sans doute encore plus éloignée de la danse. Là encore, elle pour­rait trou­ver des ama­teurs…
Cette ver­sion démarre plus suave­ment. La harpe est moins expres­sive et les vio­lons ont pris plus de présence. La con­tre­basse et le vio­lon­celle sont bien présents et don­nent le rythme. Cepen­dant, cette ver­sion est peut-être plus lisse et moins expres­sive. Quitte à pro­pos­er une musique orig­i­nale, je jouerai, plutôt le jeu de la pre­mière ver­sion, même si elle risque d’inciter cer­tains danseurs à dépass­er les lim­ites générale­ment admis­es en tan­go social.

Cette ver­sion est sou­vent datée de 1974, mais l’en­reg­istrement est bien de 1971 et a été réal­isé à Buenos Aires, dans les stu­dios ION. Los Estu­dios ION qui exis­tent tou­jours ont été des pio­nniers pour les nou­veaux tal­ents et notam­ment ceux du Rock nacional à par­tir des années 60. Le fait que Sas­sone enreg­istre chez eux pour­rait être inter­prété comme une indi­ca­tion que ce titre et l’évo­lu­tion de Sas­sone s’é­taient un peu éloigné du tan­go “tra­di­tion­nel”, mais tout autant que les maisons d’édi­tions tra­di­tion­nelles s’é­taient éloignées du tan­go. Balle au cen­tre.

Com­para­i­son des ver­sions de 1968 et 1971. On voit rapi­de­ment que la ver­sion de 1968, à gauche est mar­quée par des nuances bien plus fortes. Elle a plus de con­traste. L’autre est plus plate. Elle relève plus du genre « musique d’ascenseur » que son aînée.

Le DJ de tango est-il un chercheur de perles ?

Le DJ est au ser­vice des danseurs et doit donc leur pro­pos­er des musiques qui leur don­nent envie de danser. Cepen­dant, il a égale­ment la respon­s­abil­ité de con­serv­er et faire vivre un pat­ri­moine.
Je prendrai la com­para­i­son avec un con­ser­va­teur de musée d’art pour me faire mieux com­pren­dre.
Le con­ser­va­teur de musée comme son nom l’indique (au moins en français ou ital­ien et un peu moins en espag­nol ou en anglais où il se nomme respec­tive­ment curador et cura­tor) est cen­sé con­serv­er les œuvres dont il a la respon­s­abil­ité. Il les étudie, il les fait restau­r­er quand elles ont des soucis, il fait des pub­li­ca­tions et des expo­si­tions pour les met­tre en valeur. Il enri­chit égale­ment les col­lec­tions de son insti­tu­tion par des acqui­si­tions ou la récep­tion de dons.
Son tra­vail con­siste prin­ci­pale­ment à faire con­naître le pat­ri­moine et à le faire vivre sans lui porter préju­dice en le préser­vant pour les généra­tions futures.
Le DJ fait de même. Il recherche des œuvres, les restau­re (pas tou­jours avec tal­ent) et les mets en valeur en les faisant écouter dans les milon­gas.
Par­fois, cer­tains déci­dent de jouer avec le pat­ri­moine en pas­sant des dis­ques d’époque. Cela n’a aucun intérêt d’un point de vue de la qual­ité du son et c’est très risqué pour les dis­ques, notam­ment les 78 tours qui devi­en­nent rares et qui sont très frag­iles. Si on veut vrai­ment faire du show, il est préférable de faire press­er des dis­ques noirs et de les pass­er à la place des orig­in­aux.
Bon, à force d’enfiler les idées comme des per­les, j’ai per­du le fil de ma canne à pêch­er les nou­veautés. Le DJ de tan­go, comme le con­ser­va­teur de musée avec ses vis­i­teurs, a le devoir de renou­vel­er l’intérêt des danseurs en leur pro­posant des choses nou­velles, ou pour le moins mécon­nues et intéres­santes.
Évidem­ment, cela n’est pas très facile dans la mesure où trou­ver des titres orig­in­aux demande un peu de tra­vail et notam­ment un goût assez sûr pour définir si une œuvre est bonne pour la danse, et dans quelles con­di­tions.
Enfin, ce n’est pas si dif­fi­cile si on fait sauter la lim­ite qui est de rester dans le genre tan­go. C’est la brèche dans laque­lle se sont engouf­fré un très fort pour­cent­age de DJ, encour­agés par des danseurs insuff­isam­ment for­més pour se ren­dre compte de la supercherie.
C’est comme si un con­ser­va­teur de musée d’art se met­tait à affich­er unique­ment des œuvres sans inten­tion artis­tique au détri­ment des œuvres ayant une valeur artis­tique probante.
Je pense par exem­ple à ces pro­duc­tions en série que l’on trou­ve dans les mag­a­sins de sou­venir du monde entier, ces chro­mos dégouli­nants de couleurs ou ces « stat­ues » en plas­tique ou résine. Sous pré­texte que c’est facile d’abord, on pour­rait espér­er voir des vis­i­teurs aus­si nom­breux que sur les stands des bor­ds de plage des sta­tions bal­néaires pop­u­laires.
Revenons au DJ de tan­go. Le par­al­lèle est de pass­er des musiques de var­iété, des musiques appré­ciées par le plus grand monde, des pro­duits mar­ket­ing matraqués par les radios et les télévi­sions, ou des musiques de film et qui, à force d’êtres omniprésentes, sont donc dev­enues famil­ières, voire con­sti­tu­tive des goûts des audi­teurs.
Je n’écris pas qu’il faut rejeter toutes les musiques, mais qu’avant de les faire entr­er dans le réper­toire du tan­go, il faut sérieuse­ment les étudi­er.
C’est assez facile pour les valses, car le Poum Tchi Tchi du rythme à trois temps avec le pre­mier temps mar­qué est suff­isam­ment por­teur pour ne pas désta­bilis­er les danseurs. Bien sûr, les puristes seront out­rés, mais c’est plus une (op)position de principe qu’une véri­ta­ble indig­na­tion.
Pour les autres rythmes, c’est moins évi­dent. Les zam­bas ou les boléros dan­sés en tan­go, c’est mal­heureuse­ment trop courant. Pareil pour les chamames, fox­trots et autres rythmes qui sont bougés en forme de milon­ga. Avec ces exem­ples, je suis resté dans ce qu’on peut enten­dre dans cer­taines milon­gas habituelles, mais, bien sûr, d’autres vont beau­coup plus loin avec des musiques n’ayant absol­u­ment aucun rap­port avec l’Amérique du Sud et les rythmes qui y étaient pra­tiqués.
Pour ma part, je cherche des per­les, mais je les cherche dans des enreg­istrements per­dus, oubliés, masqués par des ver­sions plus con­nues et dev­enues uniques, car peu de col­lègues font l’effort de puis­er dans des ver­sions moins faciles d’accès.
Vous aurez sans doute remar­qué, si vous êtes un fidèle de mes anec­dotes de tan­go, que je pro­pose de nom­breuses ver­sions. Sou­vent avec un petit com­men­taire qui explique pourquoi je ne passerais pas en milon­ga cette ver­sion, ou au con­traire, pourquoi je trou­ve que c’est injuste­ment lais­sé de côté.
Le DJ est donc, à sa façon un pêcheur de per­les, mais son tra­vail ne vaut que s’il est partagé et respectueux des par­tic­u­lar­ités du tan­go, cette cul­ture, riche en per­les.
Bon, je ren­tre dans ma coquille pour me pro­téger des réac­tions que cette anec­dote risque de provo­quer…

Ces réac­tions n’ont pas man­qué, quelques répons­es ici…

Tango ou pas tango ?

Une réac­tion de Jean-Philippe Kbcoo m’incite à dévelop­per un peu ce point.

“Les pêcheurs de per­les” classés en alter­natif !!!! Wouhaaa ! Quelle bril­lan­tis­sime audace ! Sur la dans­abil­ité, je le trou­ve net­te­ment plus inter­prétable qu’un bon Gardel, pour­tant classé dans les tan­gos purs et durs, non ? En tout cas, mer­ci de cet arti­cle à la phy­logéné­tique très inat­ten­due 🙂

Il est sou­vent assez dif­fi­cile de faire com­pren­dre ce qui fait la dans­abil­ité d’une musique de tan­go.
J’ai fait un petit arti­cle sur le sujet il y a quelques années : https://dj-byc.com/les-styles-du-tango/
Il est fort pos­si­ble qu’aujourd’hui, je n’écrirai pas la même chose. Cepen­dant, Gardel n’a jamais été con­sid­éré comme étant des­tiné à la danse. Le tan­go a divers aspects et là encore, pour sim­pli­fi­er, il y a le tan­go à écouter et le tan­go à danser.
Les deux relèvent de la cul­ture Tan­go, mais si les fron­tières sem­blent floues aujourd’hui, elles étaient par­faite­ment claires à l’époque. C’était inscrit sur les dis­ques…
Gardel, pour y revenir, avait sur ses dis­ques la men­tion :
“Car­los Gardel con acomp. de gui­tar­ras” ou “con la orques­ta Canaro”, par exem­ple.
Les tan­gos de danse étaient indiqués :
“Orques­ta Juan Canaro con Ernesto Famá”
Dans le cas de Gardel, qui ne fai­sait pas de tan­gos de danse, on n’a, bien sûr, pas cette men­tion. Cepen­dant, pour repren­dre Famá et Canaro, il y a eu aus­si des enreg­istrements des­tinés à l’écoute et, dans ce cas, ils étaient notés :
“Ernesto Famá con acomp. de Fran­cis­co Canaro”.
Dans le cas des enreg­istrements de Sas­sone, ils sont tardifs et ces dis­tinc­tions n’étaient plus de rigueur.
Toute­fois, le fait qu’ils aient été arrangés par des com­pos­i­teurs de musette ou de tan­go alle­mand, Oth­mar Klose et Rudi Luksch, ce qui est très net dans la ver­sion de 1968, fait que ce n’est pas du tan­go argentin au sens strict, même si le tan­go musette est l’héritier des bébés tan­gos lais­sés par les Argentins comme les Gobi ou les Canaro en France.
Je con­firme donc qu’au sens strict, ces enreg­istrements de Sas­sone ne relèvent pas du réper­toire tra­di­tion­nel du tan­go et qu’ils peu­vent donc être con­sid­érés comme alter­nat­ifs, car pas accep­tés par les danseurs tra­di­tion­nels.
Bien sûr, en Europe, où la cul­ture tan­go a évolué de façon dif­férente, on pour­rait plac­er la lim­ite à un autre endroit. La ver­sion de 1968 n’est pas du pur musette et peut donc être plus facile­ment assim­ilée. Celle de 1971 cepen­dant, est dans une tout autre dimen­sion et ne présente aucun intérêt pour la danse de tan­go.
On notera d’ailleurs que, sur le disque de 1971 réédité en CD en 1998, il y a la men­tion « Tan­go inter­na­tion­al » et que les titres sont classés en deux caté­gories :
« Tan­gos europeos et norteam­er­i­canos » et « Melo­dias japone­sas ».

Le CD de 1998 reprenant les enreg­istrements de 1971 est très clair sur le fait que ce n’est pas du tan­go argentin.

Cette men­tion de « Tan­go inter­na­tion­al » est à met­tre en par­al­lèle avec d’autres dis­ques des­tinés à un pub­lic étranger et éti­quetés « Tan­go for export ». C’est à mon avis un élé­ment qui classe vrai­ment ce titre hors du champ du tan­go clas­sique.
Cela ne sig­ni­fie pas que c’est de la mau­vaise musique ou que l’on ne peut pas la danser. Cer­tains sont capa­bles de danser sur n’importe quoi, mais cette musique ne porte pas cette danse si par­ti­c­ulière qu’est le tan­go argentin.

Cela n’empêche pas de la pass­er en milon­ga, en con­nais­sance de cause et, car cela fait plaisir à cer­tains danseurs. Il ne faut jamais dire jamais…

Une suggestion d’une collègue, Roselyne Deberdt

Mer­ci à Rose­lyne pour cette propo­si­tion qui per­met de met­tre en avant une autre ver­sion française.

Les pêcheurs de per­les 1936 — Tino Rossi Accom­pa­g­né par l’Orchestre de Mar­cel Cariv­en. Disque Colum­bia France (label rouge) BF-31. Numéro de matrice CL5975‑1.

Sur la face B du disque, La berceuse de Joce­lyn. Joce­lyn est un opéra du com­pos­i­teur français Ben­jamin Godard, créé en 1888 avec un livret d’Ar­mand Sylvestre et Vic­tor Capoul. Il est inspiré du roman en vers éponyme de Lamar­tine. Cepen­dant, même si la voix de Tino est mer­veilleuse, ce thème n’a pas sa place en milon­ga, mal­gré ses airs de de “Petit Papa Noël”…
N’oublions pas que Tino Rossi a chan­té plusieurs tan­gos, dont le plus beau tan­go du monde, mais aus­si :

  • C’est à Capri
  • C’é­tait un musi­cien
  • Écris-Moi
  • Le tan­go bleu
  • Le tan­go des jours heureux
  • Tan­go de Mar­ilou

Et le mer­veilleux, Vous, qu’avez-vous fait de mon amour ?, que je rajoute pour le plaisir ici :

Vous, qu’avez-vous fait de mon amour ? 1933-11-09 — Tino Rossi Accomp. Miguel Orlan­do et son Orchestre du Bag­dad.

Le Bag­dad était à Paris au 168, rue du Faubourg Saint-Hon­oré. Miguel Orlan­do était un ban­donéon­iste argentin, importé par Fran­cis­co Canaro à Paris et grand-oncle de notre ami DJ de Buenos Aires, Mario Orlan­do… Le monde est petit, non ?

Vous aurez sans doute reconnu dans la photo de couverture, une évocation du merveilleux film de Fritz Lang, Metropolis. Mais peut-être ne savez-vous pas que, si on peut voir aujourd'hui ce film en entier, c'est grâce à l'Argentine qui avait conservé une version complète (au format 16 mm) contenant les 25 minutes que l’on croyait perdues. Aujourd'hui, on peut voir ce chef-d'œuvre absolu du cinéma en entier.

Informations sur la musique numérique

Comme annon­cé dans l’article sur la musique trichée, voici quelques élé­ments d’explication pour aider ceux qui ne sont pas au fait de la musique sous forme numérique.
Nous abor­derons la chaîne musi­cale analogique et com­ment on la con­ver­tit en musique numérique. Des élé­ments sur les for­mats de com­pres­sion et les capac­ités réelles des for­mats numériques seront égale­ment don­nés. C’est un peu tech­nique, mais il y a quelques idées reçues qu’il me sem­blait utile de revoir.

La musique est un phénomène analogique

La musique est une forme par­ti­c­ulière de sons qui se dis­tingue du bruit par une cer­taine forme d’organisation. J’en par­le dans mes cours de musi­cal­ité et je ne souhaite pas radot­er.
Ces sons sont donc des vibra­tions, plus ou moins har­monieuses, qui parvi­en­nent à nos oreilles, voire au corps, en entier, notam­ment pour les bass­es fréquences.

Fréquence d’un son

On représente l’onde sonore par une courbe sinu­soïde pour un son réguli­er (une fréquence pure). Si la courbe s’alterne 2000 fois par sec­onde, on par­le de fréquence de 2000 Hz.

Le Hertz est l’unité de mesure de la fréquence.

À gauche, les infrasons et à droite, les ultrasons sont les fréquences que ne capte pas l'oreille humaine.
À gauche, les infra­sons et à droite, les ultra­sons sont les fréquences que ne capte pas l’or­eille humaine.

Une bonne oreille humaine est réputée pou­voir enten­dre des fréquences com­pris­es entre 20 Hz (20 vibra­tions par sec­onde) et 20 kHz (20 000 vibra­tions par sec­onde).
Pour les fréquences plus graves, les infra­sons, le corps peut les ressen­tir (trem­ble­ments de terre, par exem­ple). Pour les plus aigus, les ultra­sons, pas de chance, c’est le domaine des chauves-souris et des chiens.
On notera qu’au fur et à mesure que les cils de la cochlée dis­parais­sent, la sen­si­bil­ité de l’oreille baisse, notam­ment pour les plus hautes fréquences.

Volume d’un son

L’autre élé­ment impor­tant pour décrire un son, c’est son vol­ume. C’est-à-dire l’amplitude des ondes qui parvi­en­nent à nos sens.

L'onde sonore parvient à l'oreille comme une succession de vibrations. Plus elles sont amples et plus le son est fort.
L’onde sonore parvient à l’or­eille comme une suc­ces­sion de vibra­tions. Plus elles sont amples et plus le son est fort.

Si les ampli­tudes sont trop faibles, l’oreille n’est pas capa­ble de les détecter. Si elles sont trop fortes, des dom­mages irréversibles aux oreilles peu­vent advenir.
Le déci­bel (dB) est l’unité de mesure du vol­ume sonore. On par­le de pres­sion acous­tique.
Pour évo­quer le niveau sonore pour la dif­fu­sion de la musique, il y a plusieurs paramètres à pren­dre en compte et notam­ment la durée du son fort. J’y con­sacr­erai un autre arti­cle… Pour l’instant, il importe de se sou­venir qu’un son supérieur à 120 dB (seuil de la douleur) provoque des dom­mages irréversibles et qu’au-dessus de 85 dB, il con­vient de lim­iter le temps d’exposition.
Un dernier point, la pres­sion sonore dou­ble tous les 3 dB. Ain­si, un son de 85 dB est deux fois plus fort qu’un son de 82 dB.

Principe d’une chaîne musicale analogique

Je ne par­ti­rai pas de l’enregistrement que nous avons déjà évo­qué, seule­ment de la repro­duc­tion.
Les sup­ports prin­ci­paux de l’enregistrement analogique pour la musique sont le disque et la bande mag­né­tique. Pour le disque, ce sont les ondu­la­tions du sil­lon qui sont trans­for­mées en onde sonore.

Pointe de lecture (en saphir ou diamant industriel) dans un sillon de microsillon. À droite, l'image représente environ 0,3 mm de large. Les aspérités du bord du disque sont les bords du chemin. Les différences de profondeur servent à coder un second canal (stéréo).
Pointe de lec­ture (en saphir ou dia­mant indus­triel) dans un sil­lon de microsil­lon. À droite, l’im­age représente env­i­ron 0,3 mm de large. Les aspérités du bord du disque sont les bor­ds du chemin. Les dif­férences de pro­fondeur ser­vent à coder un sec­ond canal (stéréo).

Dans les pre­miers sys­tèmes, un grand pavil­lon ten­tait de dif­fuser le bruit de l’aiguille dans les sil­lons du disque. Les sys­tèmes élec­triques, en ampli­fi­ant ce sig­nal, ont per­mis de sonoris­er plus con­fort­able­ment n’importe quel espace.
La pointe de lec­ture, une aigu­ille pour les dis­ques 78 tours, puis un dia­mant pour les microsil­lons subit les ondu­la­tions du sil­lon et les trans­met à un dis­posi­tif élec­tro­mag­né­tique qui détecte les vibra­tions pour mod­uler un courant élec­trique.

Un schéma simplifié du principe de fonctionnement d'une cellule platine disque vinyle (stéréo). La pointe de lecture (diamant) fait se déplacer le cantilever relié à un pivot. Ce pivot porte deux aimants dont les déplacements sont détectés par 4 entrefers reliés chacun à une bobine. Le courant circulant dans les bobines est modulé en fonction des mouvements des aimants. Ce signal électrique est transmis par 4 fils au système de décodage et préamplification afin de restituer le signal sonore stéréo.
Un sché­ma sim­pli­fié du principe de fonc­tion­nement d’une cel­lule pla­tine disque vinyle (stéréo). La pointe de lec­ture (dia­mant) fait se déplac­er le can­tilever relié à un piv­ot. Ce piv­ot porte deux aimants dont les déplace­ments sont détec­tés par 4 entre­fers reliés cha­cun à une bobine. Le courant cir­cu­lant dans les bobines est mod­ulé en fonc­tion des mou­ve­ments des aimants. Ce sig­nal élec­trique est trans­mis par 4 fils au sys­tème de décodage et préam­pli­fi­ca­tion afin de restituer le sig­nal sonore stéréo.

Il existe des sys­tèmes dif­férents (bobine mobile, par exem­ple) dont vous trou­verez une ver­sion très sim­pli­fiée ici… Sim­pli­fiée, car il y a une seule bobine au lieu des dif­férentes bobines de détec­tion des mou­ve­ments hor­i­zon­taux et ver­ti­caux, indis­pens­ables pour la stéréo. Le mou­ve­ment hor­i­zon­tal donne le sig­nal du canal gauche et le change­ment de pro­fondeur per­met de déduire le canal de droite (gauche [H] moins ver­ti­cal).

Ce qui est impor­tant à tenir en compte, c’est que le sig­nal dans les sys­tèmes analogiques est tou­jours sous forme de vari­a­tion d’onde. C’est un phénomène con­tinu. La pointe de lec­ture de la pla­tine tourne-dis­ques se déplace par vibra­tions. Ces vibra­tions sont trans­mis­es sous forme de vari­a­tion de poten­tiel élec­trique par la cel­lule. Ces vari­a­tions sont ampli­fiées par l’amplificateur analogique, qui envoie un sig­nal élec­trique plus fort aux enceintes dont les bobines des haut-par­leurs vont se déplac­er en fonc­tion de ce qu’elles reçoivent. Par exem­ple, quand l’onde est à son max­i­mum, la bobine va pouss­er la mem­brane du haut-par­leur vers l’avant et quand l’onde est à son max­i­mum, la bobine va vers l’arrière. Le mou­ve­ment de la mem­brane du haut-par­leur, sol­idaire de la bobine, va pouss­er l’air pour le met­tre en mou­ve­ment, ce qui va pro­duire dans notre oreille une sen­sa­tion de son.

Schéma d'un haut-parleur (découpé). Lorsque la bobine se déplace, elle entraîne avec elle la membrane (cône et dôme anti-poussière). Le mouvement est transmis à l'air ambiant et le son peut se propager jusqu’aux oreilles des auditeurs.
Sché­ma d’un haut-par­leur (découpé). Lorsque la bobine se déplace, elle entraîne avec elle la mem­brane (cône et dôme anti-pous­sière). Le mou­ve­ment est trans­mis à l’air ambiant et le son peut se propager jusqu’aux oreilles des audi­teurs.

Une petite mise en garde. Si on utilise deux haut-par­leurs, il faut veiller à les branch­er dans le même sens pour éviter qu’un aille vers l’avant pen­dant que l’autre va vers l’arrière. Les ondes pro­duites par les haut-par­leurs tendraient à s’annuler, le max­i­mum de l’un cor­re­spon­dant au min­i­mum de l’autre. Voir un court topo sur la ques­tion. On utilise d’ailleurs ce phénomène pour les casques à réduc­tion dynamique de bruit, mais c’est une autre his­toire…

Le cas du magnétique

En plus des procédés pure­ment mécaniques ou élec­tromé­caniques, des procédés de stock­age mag­né­tiques ont été inven­tés. Dans les ban­des mag­né­tiques analogiques, la mag­néti­sa­tion de la bande est plus ou moins forte. Ces vari­a­tions, comme celle de la pointe de lec­ture, peu­vent être ampli­fiées et envoyées dans le sys­tème de dif­fu­sion sonore. Nous ver­rons, toute­fois, que la bande mag­né­tique a survécu à l’ère analogique pour rejoin­dre l’ère numérique que nous allons évo­quer main­tenant.

L’arrivée du numérique

Le sig­nal analogique est très sim­ple à gér­er. Il suf­fit de respecter les car­ac­téris­tiques du sig­nal élec­trique, le plus fidèle­ment pos­si­ble, de la pointe de lec­ture de la pla­tine, jusqu’à la bobine du haut-par­leur.
Le numérique exploite un autre principe. On mesure les car­ac­téris­tiques d’un son à un moment don­né. On mesure notam­ment son ampli­tude et ses fréquences (j’écris « ses » fréquences, car les sons musi­caux sont des mélanges var­iés de fréquences et pas une onde sinu­soï­dale pure).

La courbe de fréquence est ici le résultat de la superposition de toutes les fréquences de la musique.
La courbe de fréquence est ici le résul­tat de la super­po­si­tion de toutes les fréquences de la musique.

Cette mesure s’effectue à un moment don­né. Les infor­ma­tions peu­vent être retran­scrites sous forme numérique, puisqu’on les a mesurées. On recom­mence une frac­tion de sec­onde plus tard et ain­si de suite pour toute la durée de la musique. 
Cette opéra­tion qui con­siste à divis­er la musique en tranch­es s’appelle la quan­tifi­ca­tion.

En gris, la courbe de la musique. La ligne brisée en escaliers représente le signal numérique.
En gris, la courbe de la musique. La ligne brisée en escaliers représente le sig­nal numérique.

Pour bien com­pren­dre, regardez l’espace entre les deux lignes rouges ver­ti­cales. C’est un instant de la musique. La ligne verte hor­i­zon­tale dans la colonne rose indique la fréquence iden­ti­fiée par la numéri­sa­tion. On se rend compte, toute­fois, que la courbe analogique (en gris) est ascen­dante durant le temps de cette quan­tifi­ca­tion.
Il y aura donc une moyenne et pas une valeur exacte.
Lors de la resti­tu­tion, on effectue l’opération inverse. On repro­duit la fréquence enreg­istrée et on extra­pole l’évolution jusqu’à la valeur suiv­ante (ici, le palier vert à droite de la zone rose).

L'aspect d'une "courbe" numérisée à différents niveaux d'échelle. On se rend compte que, dans la capture d'écran du bas, on voit les « points », les valeurs mesurées.
L’aspect d’une “courbe” numérisée à dif­férents niveaux d’échelle. On se rend compte que, dans la cap­ture d’écran du bas, on voit les « points », les valeurs mesurées.

On pour­rait penser que ces escaliers déna­tureront la musique. Cela peut être le cas, mais pour éviter cela, on mul­ti­plie les mesures. Pour les CD, c’est 44 100 fois par sec­onde. Pour les DVD 48 000 fois par sec­onde. C’est la fréquence d’échantillonnage.
Ces échan­til­lons rap­prochés per­me­t­tent de repro­duire des sons jusqu’à une fréquence sen­si­ble­ment égale à la moitié de cette fréquence d’échantillonnage, soit 22 kHz et 24 kHz, des valeurs supérieures aux capac­ités des oreilles humaines.

Le stockage de l’information de volume

La quan­tifi­ca­tion, ce qui n’apparaît pas dans mon graphique précé­dent, mesure aus­si le vol­ume de la musique. C’est essen­tiel, car les nuances sont un élé­ment majeur de la musique, enfin, de la plu­part des musiques…

Le volume de l’information à stocker

On a donc dans chaque case, pour chaque mesure, de nom­breuses infor­ma­tions. Pour les stock­er, il fal­lait de nou­veaux types de sup­ports. Le CD est le sup­port qui a per­mis la général­i­sa­tion de la musique numérique. Les stu­dios d’enregistrement numériques util­i­saient eux des mag­né­to­phones mul­ti­p­istes à bande, mais c’est un autre domaine.
Ce sup­port reçoit de la musique échan­til­lon­née à 44,1 kHz et sur 16 bits. C’est-à-dire que chaque mesure peut être codée avec 65,536 valeurs dif­férentes.
Cela per­met de stock­er des fréquences de 20 à 20 kHz et des écarts de dynamique de 90 dB.
Ces valeurs sont suff­isantes pour attein­dre les per­for­mances des meilleures oreilles humaines, tout en offrant un rap­port signal/bruit incroy­able pour l’époque (même si dans le domaine de l’enregistrement numérique, le Dol­by fai­sait des mir­a­cles en étant dans la même gamme de rap­port signal/bruit…).
Il y avait tout de même un point noir pour les util­isa­teurs lamb­das. Il n’y avait pas de sys­tème d’enregistrement grand pub­lic per­me­t­tant de manip­uler facile­ment ces énormes quan­tités d’informations.
Des enreg­istreurs de CD sont bien apparus, mais ils étaient lents et moyen­nement fiables. Les enreg­istreurs DAT étaient vrai­ment chers. Ils util­i­saient des ban­des mag­né­tiques, ce qui per­me­t­tait de faciliter les opéra­tions d’enregistrements, mais en lec­ture et avec un accès séquen­tiel (il faut faire défil­er la bande jusqu’au point qui nous intéresse, comme avec les cas­settes Philips).
Peu de temps après, le Mini­Disc résolvait ces deux prob­lèmes. Il avait la facil­ité d’usage pour l’enregistrement d’un mag­né­to­phone à cas­settes, mais son accès aléa­toire per­me­t­tait un accès instan­ta­né et indexé à la musique présente sur le Mini­Disc.
Dans mon cas, cela a été mon sup­port favori pour numéris­er les dis­ques Shel­lac. Augus­to, un DJ parisien orig­i­naire de Bar­iloche, l’utilisait égale­ment en milon­ga.

L’informatique musicale

Aujourd’hui, la qua­si-total­ité des DJ utilisent un ordi­na­teur. J’ai, je pense, été un des pre­miers à le faire, tout d’abord avec un ordi­na­teur tour qu’il fal­lait trib­aller avec son écran, écran qui, même en 15 pouces, était lourd et encom­brant.
Je rêvais donc d’un ordi­na­teur portable, mais dans les années 90, c’était coû­teux et les dis­ques durs étaient très petits. Un disque dur de 40 Mo per­me­t­tait de stock­er un seul tan­go au for­mat WAV… J’avais un disque dur SCSI de 160 Mo (un mon­stre pour l’époque), mais cela était bien sûr trop lim­ité. C’est alors que je suis passé au MP3 à 128 ou 192 kbit/s, ce qui per­me­t­tait de stock­er 10 fois plus de musique. J’ai alors investi dans un lecteur Syquest et une flopée de dis­ques de 88 Mo et dans mon pre­mier ordi­na­teur portable. Un truc avec un écran mono­chrome, mais offert avec une souris « Colani » et une cal­cu­la­trice du même design­er…

Mon premier ordinateur portable et un lecteur Syquest avec des cartouches de 88 Mo. L’ordinateur avait un processeur 486DX2 à 66 MHz, 8 Mo de RAM et 540 Mo de disque dur. Je ne sais pas où est passé cet ordinateur, mais il me reste encore des Syquests avec des cartouches de 88 Mo et de 200 Mo. En recherchant une photo de l’ordinateur sur Internet, j’ai même retrouvé ses caractéristiques.
Mon pre­mier ordi­na­teur portable et un lecteur Syquest avec des car­touch­es de 88 Mo. L’ordinateur avait un processeur 486DX2 à 66 MHz, 8 Mo de RAM et 540 Mo de disque dur. Je ne sais pas où est passé cet ordi­na­teur, mais il me reste encore des Syquests avec des car­touch­es de 88 Mo et de 200 Mo. En recher­chant une pho­to de l’ordinateur sur Inter­net, j’ai même retrou­vé ses car­ac­téris­tiques.

Le sys­tème deve­nait viable et, vers 2000, j’ai inau­guré ce portable et les Syquests avec Winamp, un logi­ciel qui per­me­t­tait égale­ment de chang­er la vitesse de la musique. Roy­al, non ? Un disque de 1 Go en interne quelques années plus tard m’a per­mis d’avoir plus de musique avec moi. Aujourd’hui, je suis passé à 4 To…
Tout cela pour dire que le MP3, qui est un retrait par rap­port aux capac­ités du CD a été sal­va­teur pour utilis­er l’informatique en milon­ga.
Le MP3 devait égale­ment se dévelop­per à cause des faibles per­for­mances d’Internet de l’époque, même si j’avais Numéris, un sys­tème qui per­me­t­tait d’atteindre 64, voire 128 kbit/s en agrégeant deux canaux, mais en dou­blant aus­si le prix de la com­mu­ni­ca­tion…
Aujourd’hui, avec l’ADSL ou la fibre, on a oublié ce temps où il fal­lait des heures pour les trans­ferts et qu’ils étaient fac­turés à la minute…

Comment le MP3 a permis de réduire la taille des fichiers

Un tan­go au for­mat WAV, qual­ité CD, occupe env­i­ron 30 Mo. Un fichi­er MP3 à 128 kbit/s occupe env­i­ron 3 Mo, soit 10 fois moins que le fichi­er sans com­pres­sion.

Ce tableau présente la quantité d’information à stocker en fonction de ses caractéristiques (Fréquence d'échantillonnage et résolution). Encadré en rouge, le CD (piste mono). Il faut multiplier par deux pour un fichier stéréo (1411 kbit/s).
Ce tableau présente la quan­tité d’information à stock­er en fonc­tion de ses car­ac­téris­tiques (Fréquence d’échan­til­lon­nage et réso­lu­tion). Encadré en rouge, le CD (piste mono). Il faut mul­ti­pli­er par deux pour un fichi­er stéréo (1411 kbit/s).

Un fichi­er MP3 stéréo en qual­ité « CD », 44,1 kHz et 16 bits devrait faire égale­ment 30 Mo s’il n’avait pas de com­pres­sion. Un fichi­er audio stéréo au for­mat CD demande un débit de 1411 kbit/s. Le meilleur MP3 est lim­ité à 320 kbit/s. Il faut donc com­primer env­i­ron 4 fois le fichi­er pour le faire entr­er dans son for­mat.
Cela se fait en sup­p­ri­mant des don­nées estimées inutiles ou pas utiles. Sur une musique rel­a­tive­ment sim­ple, c’est réal­is­able, mais plus com­plexe pour de la musique plus riche.
Si on choisit un débit plus faible, par exem­ple 128 kbit/s, et que l’on a con­servé les valeurs ini­tiales de 44,1 kHz et 16 bits, il faut donc aug­menter très sen­si­ble­ment la com­pres­sion et là, les pertes com­men­cent à s’entendre, comme vous avez pu l’écouter dans mon arti­cle « Détecter la musique trichée ». https://dj-byc.com/detecter-la-musique-trichee/

Taille relative des boîtes à musique

Les "boîtes" bleues montre les capacités d'enregistrement, sans compression. À gauche, trois formats. le 78 tours, le 33 tours et le MP3 à 320 kbit/s.
Les “boîtes” bleues mon­tre les capac­ités d’en­reg­istrement, sans com­pres­sion. À gauche, trois for­mats. le 78 tours, le 33 tours et le MP3 à 320 kbit/s.

En haut à droite, le for­mat CD (44,1 kHz/16 bits). En dessous, le for­mat DVD et les for­mats Haute réso­lu­tion. Ces deux derniers for­mats per­me­t­tent d’enregistrer des gammes de fréquences bien au-delà du néces­saire et des dif­férences de niveaux sonores supérieures à ceux qui pour­raient se ren­con­tr­er sur terre. Ce sont donc des for­mats des­tinés à l’enregistrement pro­fes­sion­nel. Par exem­ple, si le vol­ume d’enregistrement a été trop faible, on pour­ra l’augmenter sans rajouter de bruit de fond, ce qui serait impos­si­ble avec un for­mat CD ou DVD.
On restera donc prob­a­ble­ment à des valeurs raisonnables pour ce qui est de la dif­fu­sion de la musique en con­ser­vant les valeurs du CD ou du DVD.
Pour vous enlever toute hési­ta­tion, je vous présente ce qu’occupent les for­mats tra­di­tion­nels (LP 33 tours et shel­lac 78 tours) en com­para­i­son de la boîte du CD.

Les trois contenants au format 44,1 kHz et 16 bits) et comment s'y logent trois formats. Le 78 tours, le 33 tours et le MP3 à sa plus haute qualité.
Les trois con­tenants au for­mat 44,1 kHz et 16 bits) et com­ment s’y logent trois for­mats. Le 78 tours, le 33 tours et le MP3 à sa plus haute qual­ité.

Je com­mencerai par le cas du MP3. La par­tie cen­trale est la taille du fichi­er. La par­tie qui l’entoure, en rose, c’est l’espace que va retrou­ver la musique après la décom­pres­sion. En théorie, on retrou­ve dans la musique décom­pressée, la même gamme de fréquences et la même dynamique que le CD. La dif­férence que l’on peut éventuelle­ment not­er dans de bonnes con­di­tions vient des arte­facts de com­pres­sion qui ont resti­tué des détails un peu dif­férents de ceux d’origine.
Dans les deux boîtes supérieures, j’ai placé le 78 tours et le 33 tours. On voit qu’il y a beau­coup de marge de manœu­vre. Les capac­ités du CD sont net­te­ment supérieures à celles de ces deux sup­ports.
Cer­tains pour­raient affirmer que le ren­du analogique est plus doux, meilleur ou je ne sais quoi, mais il s’agit plus d’un fan­tasme, notam­ment pour la musique his­torique du tan­go, qui n’a pas béné­fi­cié des tout derniers pro­grès du disque noir.
Le test est facile à faire. Placez un « mélo­mane » en écoute aveu­gle et deman­dez-lui s’il écoute la ver­sion CD ou la ver­sion shel­lac. Bien sûr, vous lui aurez offert le meilleur casque, ou une chaîne hi-fi haut de gamme pour être beau joueur.
S’il trou­ve à chaque fois sans se tromper, renou­velez le test dans une milon­ga avec une bonne sono. Si ce phénomène con­tin­ue de tou­jours dif­férenci­er le disque noir de sa copie numérique en qual­ité CD, c’est assuré­ment que votre trans­fert est de très mau­vaise qual­ité.
Dans ce cas j’ai un arti­cle pour vous aider, et éventuelle­ment un autre sur le net­toy­age des dis­ques

Vous aurez sans doute reconnu dans la photo de couverture, une évocation du merveilleux film de Fritz Lang, Metropolis. Mais peut-être ne savez-vous pas que, si on peut voir aujourd'hui ce film en entier, c'est grâce à l'Argentine qui avait conservé une version complète (au format 16 mm) contenant les 25 minutes que l’on croyait perdues. Aujourd'hui, on peut voir ce chef-d'œuvre absolu du cinéma en entier.
Vous aurez sans doute recon­nu dans la pho­to de cou­ver­ture, une évo­ca­tion du mer­veilleux film de Fritz Lang, Metrop­o­lis. Mais peut-être ne savez-vous pas que, si on peut voir aujour­d’hui ce film en entier, c’est grâce à l’Ar­gen­tine qui avait con­servé une ver­sion com­plète (au for­mat 16 mm) con­tenant les 25 min­utes que l’on croy­ait per­dues. Aujour­d’hui, on peut voir ce chef-d’œu­vre absolu du ciné­ma en entier.

Symboles musicaux et danse de tango

Très peu de danseurs de tan­go lisent la musique, mais les com­po­si­tions de tan­go com­por­tent des élé­ments qui influ­ent sur la danse.
J’ai recen­sé quelques élé­ments courants dans les par­ti­tions et mis en face l’ef­fet que cela pour­rait pro­duire pour la danse.
Cet élé­ment est un extrait du chapitre 4 du cours de musi­cal­ité pour danseurs de tan­go.

Quelques motifs musicaux à repérer

La musique n’est pas une suc­ces­sion de notes de valeur égale. Nous avons vu que le mode pou­vait être majeur, mineur, que les rythmes pou­vaient être très dif­férents, qu’il y avait des moments de pause, de ralen­tisse­ment, des moments plus intens­es, plus forts et d’autres plus calmes, plus doux.
Les com­pos­i­teurs écrivent des indi­ca­tions pour les inter­prètes afin qu’ils respectent l’esprit de la musique en sor­tant d’une nota­tion musi­cale qui est d’ordre math­é­ma­tique plus qu’artistique.

Vitesse

La pre­mière indi­ca­tion est celle du tem­po, la vitesse. Cela con­cerne totale­ment les musi­ciens mais pas vrai­ment les danseurs qui doivent suiv­re le tem­po imposé par la musique. Cepen­dant, comme nous l’avons vu, les danseurs peu­vent évoluer en inter­pré­tant le rythme, sur les temps, deux fois plus vite, deux fois plus lente­ment, en faisant des paus­es. C’est en général la richesse de la com­po­si­tion musi­cale des tan­gos qui per­met la var­iété. Les danseurs peu­vent pass­er d’un instru­ment à l’autre, par exem­ple.
Sur la par­ti­tion, on peut trou­ver :
largo (« large »), lento (« lent »), ada­gio (« tran­quille »), mod­er­a­to (« mod­éré »), alle­gro (« allè­gre »), presto (« pressé »). Si la musique est lente, il serait assez mal venu quel les danseurs dansent à toute vitesse et tout autant peu com­préhen­si­ble s’ils se met­taient à faire les tortues sur une milon­ga déchaînée.
Sur la par­ti­tion, on trou­ve par­fois la men­tion rall pour ral­len­ten­do (« en ralen­tis­sant »), voire plus rarement ritard pour ritar­dan­do (« en retar­dant »).
Pour ces dernières indi­ca­tions, le cou­ple de danseurs ne le sait pas, mais il doit être atten­tif à la musique et accom­pa­g­n­er le ralen­tisse­ment en adap­tant ses mou­ve­ments.
Le cas extrême est le break où la musique s’arrête totale­ment.

Nuances

Lorsque deux per­son­nes par­lent, elles adaptent dif­férents niveaux sonores. Elles peu­vent exprimer des sen­ti­ments en vari­ant la voix, par exem­ple pour mar­quer la sur­prise, la colère, l’interrogation… Imag­inez comme il serait ennuyeux de voir une pièce de théâtre avec les acteurs qui par­leraient avec une voix mono­corde sans expres­sion.
En musique, c’est pareil. Pour éviter la monot­o­nie, les musi­ciens met­tent des nuances. Ils aug­mentent ou bais­sent le vol­ume sur des par­ties plus ou moins grandes, voire sur des notes isolées.
pp pianis­si­mo (« tout doux, presque silen­cieux »), p piano (« avec un vol­ume mod­éré »), mp mez­zo piano (« moyen­nement doux ») ; mf mez­zo forte (« moyen­nement fort »), f forte (« fort »), ff voir fff for­tis­si­mo (« très fort voire très fort ».
Les danseurs ne font pas beau­coup de bruit, mais si la musique est piano ou pianis­si­mo, il serait mal venu de faire de bruyants claque­ment de talon. La danse sera plus sou­ple et moins per­cu­tante. À l’inverse, une musique plus forte peut laiss­er libre court à des fan­taisies plus bruyantes de la part des danseurs, comme des frap­pés de pieds.
Notez qu’il existe aus­si le crescen­do et le decrescen­do qui sont respec­tive­ment une mon­tée du vol­ume et une baisse de vol­ume. Ces indi­ca­tions peu­vent aus­si don­ner lieu à inter­pré­ta­tion.
ATTENTION, un decrescen­do, éventuelle­ment accom­pa­g­né d’un ralen­tisse­ment, sert sou­vent pour annon­cer une nou­velle par­tie, ou le début de la par­tie chan­tée. C’est donc une aide pour l’improvisation.
Par­fois, le crescen­do est suivi immé­di­ate­ment d’un decrescen­do. On appelle cela un souf­flet, mais si c’est rel­a­tive­ment court, cela peut être facile­ment inter­prété, la par­tie la plus forte étant le point cul­mi­nant de la fig­ure.
Ces nuances s’appliquent par­fois à une seule note. On par­le alors d’accent. La note en ques­tion est sur­mon­tée du signe « > ».
Par­fois, le fait de rajouter une altéra­tion (dièse ou bémol) à une note lui donne une couleur par­ti­c­ulière. Les danseurs qui l’auront remar­qué pour­ront la met­tre en valeur.

Les symboles de la musique et la danse

Malena 1942-01-08 – Orquesta Aníbal Troilo con Francisco Fiorentino

Lucio Demare Letra : Homero Manzi

Male­na chante le tan­go comme per­son­ne et cela se sait depuis au moins 1941, date à laque­lle Lucio Demare a com­posé ce tan­go qui sera inséré dans le film de son frère, Lucas, El Viejo Hucha. Ce mag­nifique tan­go qui a béné­fi­cié du tal­ent de Lucio Demare pour la musique et de Home­ro Manzi pour les paroles a eu, a et sans doute aura longtemps un gros suc­cès.

Lucio Demare, à gauche, Home­ro Manzi, à droite. Manzi a écrit le texte, l’a don­né à Demare qui a com­posé hyper rapi­de­ment la musique. C’est l’effet Male­na.

Extrait musical

Male­na, Lucio Demare et Home­ro Manzi. Par­ti­tion de Jules Korn. Au cen­tre, une par­ti­tion que j’ai créée pour expli­quer dans mes cours le fonc­tion­nement des par­ties au tan­go et comme c’est juste­ment à pro­pos de Male­na…
Male­na 1942-01-08 — Orques­ta Aníbal Troi­lo con Fran­cis­co Fiorenti­no

Paroles

Male­na can­ta el tan­go como ningu­na
y en cada ver­so pone su corazón.
A yuyo del sub­ur­bio su voz per­fuma,
Male­na tiene pena de ban­doneón.
Tal vez allá en la infan­cia su voz de alon­dra
tomó ese tono oscuro de calle­jón,
o aca­so aquel romance que sólo nom­bra
cuan­do se pone triste con el alco­hol.
Male­na can­ta el tan­go con voz de som­bra,
Male­na tiene pena de ban­doneón.

Tu can­ción
tiene el frío del últi­mo encuen­tro.
Tu can­ción
se hace amar­ga en la sal del recuer­do.
Yo no sé
si tu voz es la flor de una pena,
só1o sé que al rumor de tus tan­gos, Male­na,
te sien­to más bue­na,
más bue­na que yo.

Tus ojos son oscuros como el olvi­do,
tus labios apre­ta­dos como el ren­cor,
tus manos dos palo­mas que sien­ten frío,
tus venas tienen san­gre de ban­doneón.
Tus tan­gos son criat­uras aban­don­adas
que cruzan sobre el bar­ro del calle­jón,
cuan­do todas las puer­tas están cer­radas
y lad­ran los fan­tas­mas de la can­ción.
Male­na can­ta el tan­go con voz que­bra­da,
Male­na tiene pena de ban­doneón.

Lucio Demare Letra: Home­ro Manzi

Traduction libre

Les paroles sub­limes de Manzi se suff­isent à elles-mêmes. Je vous en laisse savour­er la poésie à tra­vers ma tra­duc­tion (ou celle de Google, pour ceux qui lisent dans une autre langue que l’espagnol ou le français).

Male­na chante le tan­go comme per­son­ne et dans chaque cou­plet, met son cœur.
À l’herbe des ban­lieues, sa voix par­fume, Male­na a une peine de ban­donéon.
Peut-être que dans son enfance, sa voix d’alou­ette a pris ce ton obscur de ruelle, ou peut-être cette romance qu’elle ne nomme que lorsqu’elle est triste avec l’al­cool.
Male­na chante le tan­go d’une voix d’om­bre, Male­na a une peine de ban­donéon.
Ta chan­son a le froid de la dernière ren­con­tre.
Ta chan­son devient amère dans le sel de la mémoire.
Je ne sais pas si ta voix est la fleur d’un cha­grin, je sais seule­ment qu’à la rumeur de tes tan­gos, Male­na, je te sens meilleure, meilleure que moi.
Tes yeux sont som­bres comme l’ou­bli, tes lèvres sont ser­rées comme le ressen­ti­ment, tes mains sont deux colombes qui ont froid, tes veines ont du sang de ban­donéon.
Tes tan­gos sont des créa­tures aban­don­nées qui tra­versent la boue de la ruelle, lorsque toutes les portes sont fer­mées et que les fan­tômes de la chan­son aboient.
Male­na chante le tan­go d’une voix cassée, Male­na a une peine de ban­donéon.

Autres versions

On con­sid­ère générale­ment que c’est Troi­lo qui a lancé le titre. Ce n’est pas faux, mais en fait Demare l’interprétait avec Juan Car­los Miran­da, dès 1941 au Cabaret Nov­el­ty.

Le cabaret Nov­el­ty où jouait Lucio Demare et où il inau­gu­ra Male­na avec Juan Car­los Miran­da. Pho­to de 1938 (3 ans plus tôt).

D’accord, il le jouait, mais il ne l’a pas enreg­istré alors c’est bien Troi­lo le pre­mier. Que non, mon ami. Lucio Demare l’a enreg­istré avec Juan Car­los Miran­da à la fin de 1941, mais cette ver­sion est restée « secrète » jusqu’au 29 avril 1942.
Il s’agit de la ver­sion enreg­istrée pour le film El Viejo Hucha, réal­isé par Lucas Demare, son frère et avec Osval­do Miran­da faisant le phonomimétisme (play-back) sur la voix enreg­istrée de Juan Car­los Miran­da.
Et voici donc la pre­mière ver­sion enreg­istrée qui est bien de Lucio Demare avec Juan Car­los Miran­da. Juan Car­los Miran­da qui chante dans l’enregistrement est rem­placé dans le film par Osval­doMiran­da, mais rien à voir avec l’autre Miran­da, car Juan Car­los s’appelait en fait Rafael Miguel Scior­raOsval­do a égale­ment chan­té, mais pas dans ce film, à ses débuts avant de devenir acteur. Il était ami avec Manzi (que le monde est petit…).

Osval­do Miran­da faisant le phonomimétisme (play-back) sur la voix enreg­istrée de Juan Car­los Miran­da qui chante Male­na dans le film El Viejo Hucha.
Male­na 1942-01-08 — Orques­ta Aníbal Troi­lo con Fran­cis­co Fiorenti­no. C’est notre tan­go du jour.

C’est le vrai faux pre­mier enreg­istrement et le pre­mier sor­ti en disque.

Male­na 1942-01-23 — Orques­ta Lucio Demare con Juan Car­los Miran­da.

Une autre ver­sion de Demare et Miran­da (le vrai), en disque, 15 jours après Troi­lo.

Male­na 1950-12-12 — Quintin Ver­du et son Orchestre con Lucio Lam­ber­to.

Cet attachant orchestre français pro­pose sa ver­sion de Male­na.

Male­na 1951-09-20 — Orques­ta Lucio Demare con Héc­tor Alvara­do.

Le com­pos­i­teur enreg­istre sa troisième ver­sion du titre. Le chanteur, Alvara­do âgé alors de 25 ans, est le seul chanteur de l’orchestre à l’époque. Demare l’a engagé l’année précé­dente. Sa voix cor­re­spond bien au style de l’orchestre, on com­prend donc le choix de Lucio.

Male­na 1951 – Orques­ta José Puglia – Edgar­do Pedroza con Fran­cis­co Fiorenti­no.

L’orchestre Puglia-Pedroza est assez rare, mais ils ont recruté un bon chanteur pour cet enreg­istrement. La par­tie orches­trale de l’introduction est un peu trop appuyée, avec des nuances exagérées. Si la voix de Fiorenti­no crée rapi­de­ment son cocon, la tran­si­tion avec l’introduction est un peu rude. Par la suite, l’orchestre sera plus raisonnable et plus en accom­pa­g­ne­ment. Une ver­sion qui aurait pu être meilleure, mais qui vaut d’être écouté tout de même.

Male­na 1952 — Orques­ta Aníbal Troi­lo con Raúl Berón arr. de Héc­tor Arto­la.

Aníbal remet sur disque le titre, cette fois avec des arrange­ments de Arto­la, un arrangeur très réputé, qui après avoir été pianiste et ban­donéon­iste s’est con­cen­tré sur la direc­tion d’orchestre et les arrange­ments. Il com­posa aus­si quelques titres.

Male­na 1955-08-02 — Orques­ta Fran­cis­co Canaro con Juan Car­los Rolón.

Cela fai­sait un petit moment que Canaro n’avait pas pointé son nez. Le voici, avec une ver­sion assez dif­férente, avec un rythme bien mar­qué. Dis­ons que c’est une ten­ta­tive de replac­er le titre du côté de la danse. L’interprétation de Rolón, s’accommode toute­fois de la rigueur de l’orchestre, mais je trou­ve qu’il reste quelques aspérités qui font que l’œuvre ne coule pas de façon par­faite­ment flu­ide.

Male­na 1961 — Edmun­do Rivero con orques­ta.

Une ver­sion puis­sante par Rivero.

Male­na 1963c — Astor Piaz­zol­la con Héc­tor de Rosas.

Un Piaz­zol­la, à écouter, mais il vous réserve une autre ver­sion 4 ans plus tard qui décoiffe plus.

Male­na 1965 — Orques­ta Miguel Caló con Rober­to Luque.

J’ai un peu de mal à accrocher avec cette ver­sion. Je ne la pro­poserai pas en milon­ga.

Male­na 1965 — Orques­ta Miguel Caló con Raúl del Mar y glosas de Héc­tor Gagliar­di.

Le fait que Gagliar­di par­le assez longtemps rend le titre peu prop­ice à la danse. Mais de toute façon, Caló ne sera vrai­ment pas mon choix pour faire danser avec Male­na.

Male­na 1967 — Astor Piaz­zol­la y su Orques­ta con voz de mujer.

Une autre inter­pré­ta­tion, plus inno­vante. Avec Astor, on est à peu près sûr de ne pas être dans le champ de la danse, alors, on écoute, tran­quille­ment ou anx­ieuse­ment cette ver­sion foi­son­nante ou de temps à autre le thème de Male­na vient dis­tiller sa sérénité rel­a­tive. La voix de femme « céleste » qui ter­mine comme une sirène mourante et les claque­ments ter­mi­nent le titre de façon inquié­tante.

Male­na 1974-12-11 — Orques­ta Osval­do Pugliese.

Pour beau­coup, c’est la Male­na de l’île déserte, la ver­sion qu’il faut emporter. Il faut dire que Pugliese nous livre ici un tanga­zo excep­tion­nel. Mal­gré sa grande puis­sance expres­sive, il pour­ra être con­sid­éré comme dans­able par les danseurs les moins farouch­es. Si on a enten­du ci-dessus, des ver­sions décousues, man­quant d’harmonie ou de cohérence, ici, c’est une sur­prise, chaque mesure sus­cite l’étonnement, tout en lais­sant suff­isam­ment de repères pour que ce soit rel­a­tive­ment dans­able. Ceux qui trou­vent que c’est dif­fi­cile, vu que c’est le tan­go de l’île déserte, ils auront tout le temps de s’approprier la musique pour la danser par­faite­ment.

Qui est Malena ?

Il y a six pré­ten­dantes sérieuses au titre et sans doute bien d’autres.

6 des Male­na poten­tielles. Si vous lisez les arti­cles ci-dessous, vous pour­rez savoir qui elles sont et élire celle qui vous parait la plus vraisem­blable…

Ceux qui veu­lent savoir qui était Male­na peu­vent jeter un œil sur l’article de TodoTan­go
https://www.todotango.com/historias/cronica/89/Malena-Quien-es-Malena
Ou sur celui de la Nacion avec des pho­tos de pré­ten­dantes
https://www.lanacion.com.ar/lifestyle/quien-fue-malena-mitos-y-verdades-sobre-la-leyenda-del-tango-que-inspiro-a-homero-manzi-y-cantaba-nid26042022
Ou encore : https://rauldeloshoyos.com/el-dia-de-malena-manzi-demare/
mais j’ai plein d’autres propo­si­tions et je trou­ve qu’au fond, ce n’est pas si impor­tant. C’est à cha­cun de met­tre l’image de sa Male­na sur ce tan­go.

À demain, les amis !