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Sueño de muñeca 1935-05-03 — Orquesta Juan Canaro con Alejandro Fernández (Rafael Vicente Cisca)

Juan Canaro Letra: Jesús Fernández Blanco

Ce titre sym­pa­thique, con­nu par les frères Canaro, a quelques par­tic­u­lar­ités qui peu­vent faire hésiter un DJ de le pass­er en milon­ga. Voyons si ces scrupules sont jus­ti­fiés. Nous allons traiter en par­al­lèle les deux enreg­istrements, celui de Juan et celui de Fran­cis­co, tous les deux de 1935.

Tout d’abord, la ver­sion de Juan. C’est lui l’auteur de la musique et il l’a enreg­istré un 3 mai, date anniver­saire de cet arti­cle.

Version de Juan Canaro

Sueño de muñe­ca 1935-05-03 — Orques­ta Juan Canaro con Ale­jan­dro Fer­nán­dez (Rafael Vicente Cis­ca).

On est frap­pé par la très longue intro­duc­tion, comme si l’on se pré­parait au som­meil et presque à une minute, le rêve démarre, s’exprimant sur un mode mineur. On remar­que quelques petits sur­sauts qui évo­quent la ranchera (ou la mazur­ka).
L’orchestration est assez sim­ple et la voix de Ale­jan­dro Fer­nán­dez ressort bien au-dessus des instru­ments.

Version de Francisco Canaro

Fran­cis­co a donc enreg­istré sa ver­sion une semaine avant son frère.

À l’époque, les deux frères n’étaient plus aus­si proches, Juan avait quit­té l’orchestre de Fran­cis­co depuis cinq ans.
L’introduction est encore longue avec 40 sec­on­des. Un faux départ à 30 sec­on­des pré­pare les danseurs à la « valse ». C’est une petite fan­taisie pro­posée par Fran­cis­co.
On remar­que tout de suite que l’orchestration est beau­coup plus poussée chez Fran­cis­co. Les instru­ments, plus nom­breux, sont diver­si­fiés et dif­féren­ciés. Même si on n’échappe pas au mar­quage pesant des temps évo­quant la mazur­ka ou la ranchera, les dia­logues entre les instru­ments appor­tent une note de var­iété qui enlève la monot­o­nie.
En général, cette ver­sion sera préférée à celle de Juan, même si elle accentue encore plus le car­ac­tère de la ranchera.

Paroles

En el jardín de la ilusión
Dormi­da vi bajo el ros­al,
A la mujer de tentación
Que presin­tió mi madri­gal.

Tenía los cabel­los de oro y sol
Un cuer­po de muñe­ca escul­tur­al,
Mejil­las con col­ores de arrebol
Diosa y flor vir­ginal.

Por ver­la y admi­rar­la me acerqué
Y el hom­bre más dichoso me sen­tí,
Pues vien­do que soña­ba la escuché
Y al soñar, decía así:

Tú serás mi dulce amor
El príncipe que soñé,
Te brindo mi can­dor
Y sólo para ti seré.
Ven mis ansias a cal­mar
Y en pago de tu amor,
En mí, mis besos lograrás
Con pasión,
Te ado­ra has­ta morir
Mi amante corazón.
Juan Canaro Letra: Jesús Fer­nán­dez Blan­co

Traduction libre

Dans le jardin de l’il­lu­sion, j’ai vu, endor­mi au pied du rosier, la femme de la ten­ta­tion qu’avait imag­inée mon madri­gal.

Elle avait des cheveux d’or et de soleil, un corps de poupée sculp­turale, des joues avec des couleurs de couch­er de soleil (arrebol est un mot poé­tique désig­nant la couleur des nuages éclairés par le soleil couchant), déesse et fleur vir­ginale.
Pour la voir et l’ad­mir­er, je me suis approché et je me suis sen­ti l’homme le plus heureux. Puis, voy­ant qu’elle rêvait, je l’ai écoutée et, dans son rêve, elle par­lait ain­si :
Tu seras mon doux amour, le prince dont j’ai rêvé, je t’of­fre ma can­deur et je serai seule­ment à toi.
Viens calmer mes désirs et, en retour de ton amour, en moi, tu obtien­dras mes bais­ers, avec pas­sion. Je t’adore à mourir, mon cœur aimant.

Les angoisses du DJ

Les deux ver­sions provo­quent les angoiss­es du DJ pour deux raisons.

Première angoisse des DJ, une introduction très longue

La ver­sion de Juan totalise 55 sec­on­des d’in­tro­duc­tion et celle de Fran­cis­co 40 sec­on­des.

La ver­sion de Juan totalise 55 sec­on­des d’in­tro­duc­tion et celle de Fran­cis­co 40 sec­on­des. C’est long, très long, surtout quand on fait des tan­das de trois titres…

De si longues intro­duc­tions sont donc assez dif­fi­ciles à utilis­er. Le DJ devrait prévenir les danseurs et leur indi­quer la durée de l’introduction. C’est d’autant plus impor­tant que ces intro­duc­tions ne per­me­t­tent pas de devin­er le style des musiques. En annonçant à l’avance une valse, pour un pre­mier titre de tan­da, cela laisse le temps aux danseurs de bien inviter.

Cepen­dant, dans beau­coup de cas et tou­jours quand ce type de titre est placé au milieu d’une tan­da, on coupera l’introduction. Pour la ver­sion de Fran­cis­co, on pour­ra garder le faux départ, comme un élé­ment de jeu avec les danseurs.

Les DJ bavards peu­vent prof­iter de ces intro­duc­tions généreuses pour don­ner des indi­ca­tions. Les autres pour­ront assis­ter au désar­roi des danseurs qui ne savent sur quel pied ils vont devoir danser…

Seconde angoisse des DJ, un style hésitant

Vous l’aurez remar­qué, les deux ver­sions, même si elles ont bien un rythme à trois temps, présen­tent des petits bonds suiv­is de cour­tes paus­es, typ­iques de la ranchera ou de la mazur­ka.

Cet élé­ment n’est pas très prop­ice à la valse, car il casse la dynamique.

Le DJ devra donc juger, en fonc­tion des com­pé­tences des danseurs, si cela va être appré­cié ou hon­ni par les danseurs.

La qua­si-total­ité des bons danseurs est inca­pable de réalis­er une valse agréable sur une ranchera très mar­quée. En revanche, les danseurs plus moyens pour­ront s’en accom­mod­er plus facile­ment, car ils sont moins con­cernés par le respect de la musique.

Dans le cas de ces « valses », les accents de ranchera ne sont pas trop mar­qués et on pour­ra ten­ter de les pass­er. Cepen­dant, il y a tant de valses par­faites pour cela que ce n’est pas for­cé­ment per­ti­nent de pren­dre des risques.

À vous de juger.

À bien­tôt, les amis !

Corazón de oro 1980-07-01 — Orquesta Alfredo De Angelis

Francisco Canaro Letra: Jesús Fernández Blanco

La valse d’aujourd’hui, Corazón de oro, créée par Fran­cis­co Canaro est un immense suc­cès, mais la ver­sion du jour va sans doute vous éton­ner. Si elle ne vous plait pas, je me rat­trap­erai avec les nom­breuses ver­sions de Canaro. Mais comme je sais que vous avez un cœur en or, vous me par­don­nerez de vous infliger une ver­sion de Alfre­do De Ange­lis, bien étrange.

Extrait musical

Corazón de oro 1980-07-01 — Orques­ta De Ange­lis.

L’introduction est réduite en étant jouée plus rapi­de­ment (les descentes chro­ma­tiques sont jouées en croches et pas en noires, donc deux fois plus rapi­de­ment.
Ce qui vous sur­pren­dra rapi­de­ment, ce sont les sonorités, au piano de De Ange­lis, aux superbes vio­lons, aux ban­donéons vir­tu­os­es, s’ajoute un orgue élec­tron­ique, à par­tir de 45 sec­on­des.
Celui chante la mélodie, puis les autres se mélan­gent de nou­veau. Le résul­tat manque un peu de clarté et je ne suis pas con­va­in­cu qu’il soit totale­ment appré­cié par les danseurs qui risquent de regret­ter les ver­sions de Canaro que vous allez pou­voir appréci­er à la suite de cet arti­cle.

Corazón de oro — Fran­cis­co Canaro Letra: Jesús Fer­nán­dez Blan­co.

La par­ti­tion demande trois pages, con­tre deux générale­ment à cause de la très longue intro­duc­tion, vrai­ment très longue dans cer­taines ver­sions, même si ce n’est pas le cas pour notre valse du jour par De Ange­lis qui ne fait « que » 15 sec­on­des.

Paroles

Con su amor mi madre me enseñó
a reír y soñar,
y con besos me alen­tó
a sufrir sin llo­rar…
En mi pecho nun­ca ten­go hiel,
en el alma, can­ta la ilusión,
y es mi vida ale­gre cas­ca­bel.
¡Con oro se for­jó mi corazón!…
Siem­pre he sido noble en el amor,
el plac­er, la amis­tad;
mi car­iño no causó dolor,
mi quer­er fue ver­dad…
Cuan­do sien­to el filo de un puñal
que me cla­va a veces la traición,
no enmudece el pájaro ide­al,
¡porque yo ten­go de oro el corazón!…

Entre amor
flo­recí
y el dolor
huyó de mí.
Sé curar
mi aflic­ción
sin llo­rar,
¡ten­go de oro el corazón!…

¡Los ruiseñores de mi ale­gría
van por mi vida can­tan­do a coro
y en las cam­panas del alma mía
resue­na el oro del corazón!…

Yo pagué la negra ingrat­i­tud
con gen­til com­pasión,
y jamás dejó mi juven­tud
de entonar su can­ción…
Al sen­tir el alma enarde­cer
y apu­rar con ansia mi pasión,
no me da dolores el plac­er,
¡pues ten­go de oro puro el corazón!…
Entre risas pasa mi vivir,
siem­pre amé, no sé odi­ar,
y con­vier­to en tri­nos mi sufrir
porque sé per­donar…
Mi exis­ten­cia quiero embel­le­cer,
pues al ver que muere una ilusión,
otras bel­las sien­to renac­er,
¡mi madre me hizo de oro el corazón!…

Fran­cis­co Canaro Letra: Jesús Fer­nán­dez Blan­co

Traduction libre

Avec son amour, ma mère m’a appris à rire et à rêver, et avec des bais­ers, elle m’a encour­agé à souf­frir sans pleur­er…
Dans mon cœur je n’ai jamais de fiel, dans mon âme l’illusion chante, et ma vie est un joyeux car­il­lon (cas­ca­bel = grelot, j’ai un peu inter­prété et surtout, il ne faut pas pren­dre cas­ca­bel pour une de ses sig­ni­fi­ca­tions en lun­far­do).
Mon cœur s’est forgé avec de l’or…
J’ai tou­jours été noble en amour, en plaisir, en ami­tié ; mon affec­tion ne cau­sait pas de douleur, mon amour était vrai…
Quand je sens le tran­chant d’un poignard qui me transperce par­fois de trahi­son, l’oiseau idéal ne se tait pas, car mon cœur est fait d’or…
entouré d’amour, je fleuris­sais et la douleur me fuyait.
Je sais guérir mon afflic­tion sans pleur­er, j’ai un cœur en or…
Les rossig­nols de ma joie tra­versent ma vie en chan­tant en chœur et dans les cloches de mon âme résonne l’or du cœur…
J’ai payé l’ingratitude noire avec une douce com­pas­sion, et ma jeunesse n’a jamais cessé de chanter sa chan­son…
Quand je sens mon âme enflam­mer et ani­mer avec ardeur ma pas­sion, le plaisir ne me cause pas de douleur, car mon cœur est fait d’or pur…
Entre les rires ma vie passe, j’ai tou­jours aimé, je ne sais pas haïr, et je trans­forme ma souf­france en trilles parce que je sais par­don­ner…
Je veux embel­lir mon exis­tence, car quand je vois qu’une illu­sion (un sen­ti­ment amoureux) meurt, j’en sens d’autres, belles, renaître, ma mère a fait mon cœur en or…

Autres versions

Corazón de Oro par Canaro

La com­po­si­tion est de Canaro et c’est donc lui qui se taille la part du lion des enreg­istrements. Je vous pro­pose de com­mencer par lui et de revenir ensuite avec des enreg­istrements inter­mé­di­aires d’autres orchestres.

Corazón de oro 1928-05-19 — Orques­ta Fran­cis­co Canaro.

Une intro­duc­tion qui prend son temps, très lente. La valse ne com­mence qu’après 50 sec­on­des, ce qui est beau­coup pour la patience des danseurs d’aujourd’hui. On peut éventuelle­ment la plac­er en début de tan­da, ou couper l’introduction. Les vio­lons émet­tent des miaule­ments éton­nants. Bien que d’une durée respectable (près de 5 min­utes), cette valse n’est pas monot­o­ne et pour­ra sat­is­faire les danseurs. Elle est très rarement passée en milon­ga. Il faut dire qu’elle a plein de copines du même Canaro qui sont intéres­santes. Jetons‑y un œil.

Corazón de oro 1928-08-07 — Orques­ta Fran­cis­co Canaro con Char­lo.

L’introduction est rel­a­tive­ment longue, mais plus rapi­de que pour la ver­sion de mai de la même année. De plus, elle tourne un peu, annonçant plus la valse qui va suiv­re. Elle est plus rapi­de et Char­lo, inter­vient pour chanter le refrain à près de deux min­utes. C’est une ver­sion qui tourne bien et qui donc a toute sa place en milon­ga.

Corazón de oro 1929-12-17 — Orques­ta Fran­cis­co Canaro.

C’est déjà le troisième enreg­istrement de cette valse par Canaro. L’in­tro­duc­tion est du type long, mais moins lente que dans la pre­mière ver­sion de 1928. Le ralen­tisse­ment de la fin est sym­pa­thique.

Corazón de oro 1930-06-11 — Ada Fal­cón con acomp. de Fran­cis­co Canaro.

L’introduction avec ses 25 sec­on­des peut être lais­sée. Elle laisse immé­di­ate­ment la place à la voix mag­nifique de Ada Fal­cón. Ce n’est pas une ver­sion de danse, mais elle est si jolie que je pense qu’une bonne par­tie des danseurs par­don­neront aux DJ qui la passera en milon­ga. Pour ma part, j’adore.

Corazón de oro 1938-03-24 — Orques­ta Fran­cis­co Canaro.

Décidé­ment Canaro enchaîne les enreg­istrements de sa valse. J’ai l’impression que c’est la ver­sion qui passe le plus sou­vent en milon­ga. Elle démarre sans longue intro­duc­tion et le rythme est bien mar­qué. L’équilibre entre les ban­donéons avec les vio­lons en con­tre­point est mag­nifique. C’est donc logique­ment que les danseurs l’apprécient d’autant que cer­tains pas­sages plus énergiques réveil­lent l’attention. La flûte et la trompette bouchée, qui rap­pel­lent que Canaro donne aus­si dans le jazz donne une sonorité orig­i­nale à cette ver­sion qui n’est pas monot­o­ne mal­gré sa durée respectable de 3:13 min­utes. Sa fin dynamique per­met de l’envisager en fin de tan­da.

Corazón de oro 1951-11-26 — Orques­ta Fran­cis­co Canaro.

Canaro a lais­sé quelques années de côté sa valse pour la ressor­tir dans une ver­sion remaniée. C’est la ver­sion qui servi­ra de mod­èle à Lalo Schifrin pour la musique du film Tan­go de Car­los Saura. La présence de chœur chan­tant la mélodie sans paroles est aus­si une orig­i­nal­ité, égale­ment reprise par Lalo Schifrin. Cette ver­sion béné­fi­cie aus­si de la fin tonique qui en fait une bonne can­di­date de fin de tan­da.

Corazón de oro 1961-12-26 — Orques­ta Fran­cis­co Canaro con coro.

La dernière ver­sion enreg­istrée par Canaro, trois ans avant sa mort. Cet enreg­istrement a été effec­tué au Japon. Les Japon­ais sont pas­sion­nés de tan­go et le suc­cès des tournées des artistes argentins en témoigne.
Canaro renoue avec l’introduction longue et lente de la pre­mière ver­sion qui atteint 50 sec­on­des. Le résul­tat est encore une valse qui dépasse les 4 min­utes, ce qui peut pouss­er les DJ à couper l’introduction, d’autant plus qu’elle n’est pas dansante. C’est très joli, mais peut-être pas la ver­sion la plus touchante pour les danseurs. Comme dans la ver­sion de la décen­nie précé­dente le chœur apporte sa note d’originalité, mais c’est sans doute la fin qui est le plus remar­quable, après un pas­sage extrême­ment lent, une fin, explo­sive. En milon­ga, ça passe, ou ça casse. Soit les danseurs adorent, soit ils s’arrêtent de danser avant la fin. Il faut donc bien juger de son pub­lic avant de pass­er cette ver­sion.

On con­tin­ue avec le Quin­te­to Pir­in­cho qui a pro­longé l’héritage de Canaro après sa mort avec deux enreg­istrements.

Corazón de oro 1978 — Quin­te­to Pir­in­cho dir. Oscar Bassil.

Cette ver­sion, sou­vent éti­quetée Canaro, car il s’agit du Quin­te­to Pir­in­cho a été enreg­istré 14 ans après la mort de Canaro… C’est Oscar Bassil (ban­donéon­iste) qui dirigeait le Quin­te­to à cette époque.

Corazón de oro 1996 — Quin­te­to Pir­in­cho Dir. Anto­nio D’Alessandro.

Autre ver­sion du Pir­in­cho, dans la ver­sion lente. Cette fois dirigée par Anto­nio D’Alessandro.

Con­traire­ment à Bassil, D’Alessandro reprend la tra­di­tion de l’introduction lente qui dure dans le cas présent près de 40 sec­on­des. Les pre­miers temps de la valse sont très accen­tués par moments ce qui peut paraître man­quer de sub­til­ité. Cette ver­sion me sem­ble moins aboutie que celle de Bassil et le chœur a une voix que je trou­ve hor­ri­ble, voire presque lugubre. Cer­taine­ment pas ma ver­sion préférée si je souhaite faire plaisir aux danseurs, ce qui est en général mon objec­tif pre­mier…

Corazón de oro par d’autres orchestres

Pas­sons à d’autres orchestres main­tenant.

Corazón de oro 1950-04-11 — Juan Cam­bareri y su Cuar­te­to Típi­co.

Encore une ver­sion de Cam­bareri à une vitesse de fou furieux. C’est plus de l’essorage de linge que de la valse à une telle vitesse. Je me demande ce qu’il avait dans la tête pour don­ner des inter­pré­ta­tions à une telle vitesse. On est aux antipodes de Canaro qui était plutôt calme, voire très calme dans toutes ses ver­sions.

Corazón de oro 1954-11-05 — Orques­ta Juan Sánchez Gorio.

Une ver­sion calme, bien dansante, sans doute enten­due trop rarement en milon­ga. Il faut dire qu’avec le choix que pro­pose Canaro, on peut hésiter à sor­tir des sen­tiers bat­tus. Les con­tre­points du piano sont par­ti­c­ulière­ment orig­in­aux. J’aime beau­coup et en général, les danseurs aus­si (c’est la moin­dre des choses pour un DJ que de pass­er des choses qui don­nent envie de danser…).

Corazón de oro 1955-06-13 — Orques­ta Franci­ni-Pon­tier.

Une ver­sion intéres­sante, destruc­turée et avec des artistes vir­tu­os­es, que ce soit le vio­lon de Franci­ni ou le piano de Angel Sci­chet­ti. J’avoue que je n’irai pas la pro­pos­er en milon­ga, mais cette ver­sion vaut tout de même une écoute atten­tive.

Corazón de oro 1959 — Juan Cam­bareri y su Cuar­te­to de Ayer.

Non, Cam­bareri ne s’est pas calmé, ou alors, très peu. Cette ver­sion est qua­si­ment aus­si rapi­de que celle de 1950.

Corazón de oro 1959 — Los Vio­lines De Oro Del Tan­go.

Une ver­sion plutôt ori­en­tée musique clas­sique, mais pas inin­téres­sante.

Corazón de oro 1979 — Nel­ly Omar con el con­jun­to de gui­tar­ras de José Canet.

La voix chaleureuse de Nel­ly Omar donne une ver­sion orig­i­nale de cette valse. Il y a peu de ver­sions chan­tées, il est donc intéres­sant d’en avoir une de plus, même si ce n’est pas pour danser. On notera qu’elle utilise de façon per­son­nelle les paroles, mais après tout, pourquoi pas.

Corazón de oro 1980-07-01 — Orques­ta De Ange­lis. C’est notre valse du jour.

Je vous pro­pose de ter­min­er avec cette ver­sion, on pour­rait sinon con­tin­uer à se per­dre dans les ver­sions pen­dant des heures, tant ce titre a été enreg­istré.

Canaro et De Angelis

Un des derniers dis­ques de De Ange­lis s’appelle Bodas de Oro con el Tan­go. Le livre de mémoires de Canaro est égale­ment sous-titré Mis Bodas de Oro con el Tan­go. J’ai trou­vé amu­sante cette coïn­ci­dence.

Las bodas de oro de Canaro y De Ange­lis. Le disque et la cas­sette édités en 1982 et le livre de Canaro édité en 1956. On notera la présence de Gigi De Ange­lis, la fille de De Ange­lis, chanteuse.

Alfre­do De Ange­lis a enreg­istré 17 titres de Canaro. Notre valse du jour n’est pas sur ce disque, mais sur un disque inti­t­ulé Al col­orado de Ban­field (1985), le col­orado (le rouquin), c’est De Ange­lis, qui était fan du club de foot­ball de Ban­field. Il a d’ailleurs écrit un tan­go « El Tal­adro », El Tal­adro étant le surnom du club de Ban­field.

L’album s’appelle Al Col­orado de Ban­field à cause du tan­go com­posé par Ernesto Baf­fa et Rober­to Pérez Prechi en l’honneur de De Ange­lis.
Il a été pub­lié en 1985, mais il com­porte des enreg­istrements de 1980 (comme notre valse du jour), jusqu’à 1985. C’est son dernier disque.

Canaro et De Ange­lis ont leurs par­ti­sans et leurs opposants. Aucun des deux n’a pu entr­er dans le saint des saints des 4 piliers, réservé à Pugliese, Troi­lo, D’Arienzo et Di Sar­li, mais ils ont créé tous les deux suff­isam­ment de titres intéres­sants pour avoir une bonne place dans le pan­théon du tan­go et tant pis pour les ron­chon­chons qui n’aiment pas.

À demain les amis !

La payanca 1936-06-09 — Orquesta Juan D’Arienzo

Augusto Pedro Berto Letra: Juan Andrés Caruso (V1) — Jesús Fernández Blanco (V2)

La payan­ca par D’Arienzo dans la ver­sion de 1936 est un des très gros suc­cès des milon­gas. Peut-être vous-êtes-vous demandé d’où venait le nom de ce tan­go ? Si ce n’est pas le cas, lais­sez-moi vous l’indiquer t vous faire décou­vrir une ving­taine de ver­sions et vous présen­ter quelques détails sur ce titre.

Extrait musical

Par­ti­tion pour piano de la Payan­ca. Cou­ver­ture orig­i­nale à gauche et Par­ti­tion de piano à droite avec les paroles de Jesús Fer­nán­dez Blan­co (les plus récentes).
La payan­ca 1936-06-09 — Orques­ta Juan D’Arienzo.

C’est un des pre­miers enreg­istrements où Bia­gi se lâche. Le con­tre­bassiste, Rodol­fo Duclós mar­que un rythme à la « Yum­ba » qui devien­dra une car­ac­téris­tique de Pugliese. Les vio­lons de Alfre­do Mazzeo, León Zibaico, Domin­go Man­cu­so et Fran­cis­co Manci­ni font des mer­veilles. Une ver­sion énergique, eupho­risante, sans doute la toute pre­mière à utilis­er pour faire plaisir aux danseurs.
On remar­que qu’il est indiqué « Sobre motivos pop­u­lares ». En effet, on recon­naî­tra des thèmes tra­di­tion­nels, notam­ment de gato (une sorte de chacar­era), mais mod­i­fié en tan­go.
On remar­quera égale­ment qu’il est indiqué « Tan­go Milon­ga », ce qui sig­ni­fie que c’est un tan­go pour danser. Cepen­dant, nous ver­rons que ce thème a égale­ment été bas­culé franche­ment du côté de la milon­ga pure et dure dans d’autres enreg­istrements.

Trois ver­sions de cou­ver­ture de la par­ti­tion. À gauche, la plus anci­enne, sans auteur de paroles. Au cen­tre, avec les paroles de Caru­so et à droite, avec les paroles de Blan­co.

Origine du titre

Dans son livre, Así nacieron los tan­gos, Fran­cis­co Gar­cía Jiménez, racon­te que le tan­go est né lors d’une fête à la cam­pagne en l’honneur d’une per­son­nal­ité locale qui venait d’être élue tri­om­phale­ment, des musi­ciens avaient joué des airs de l’intérieur, dont un gato (sorte de charar­era) duquel il restait : “Laraira lar­alaila; laira laraira…”. Il est impos­si­ble de retrou­ver le gato à par­tir de cette sim­ple indi­ca­tion, car laraira… c’est comme tralala. C’est ce que chantent les payadors quand ils cherchent leurs mots (ils chan­taient en inven­tant les paroles à la volée). Cer­tains textes de ces musiques ont été fixés et écrits par la suite et nom­bre d’entre eux com­por­tent Laraira lar­alaila; laira laraira ou équiv­a­lent :

  • La,lara,laira,laira,la dans Pago viejo (chacar­era, mais le rythme est proche du gato),
  • Lara lara laira larai ñarai lá dans Corazón ale­gre (bailecito)
  • Trala lará lar­ala lará lar­ala lará lará dans El pala pala (danse, dan­za)
  • Lará, larará, laraira, Lará, larará, laraira, dans Cabeza col­ora­da
  • La ra lara la ra la la ra la ra la ra la dans La San­lorenci­na (Cuen­ca)
  • La lalara la la la la la la La la lara la la la la la la La la lara la la lara la la dans Dios a la una (chan­son).
  • Tra lara lara lara tra lara lero dans Que se ven­gan los chicos (Bailecito)
  • La lara la la la la La lara la la la la dans La charar­era del adios (chacar­era)
  • Lar­ala lar­ala lara lara lara lara lara dans Amiga­zo pa’ sufrir (huel­la)
  • La lara lara larará… lara lara larará… lara lara larará… dans Can­tar de coya (Car­naval­i­to)
  • Lara lara lara lara dans Muchacha de mayo (Chan­son).

Je n’ai pas trou­vé de gato avec l’indication, mais il est fort prob­a­ble que Berto ait enten­du une impro­vi­sa­tion, le lara lara étant une façon de meubler quand les paroles ne vien­nent pas.
Donc Berto a enten­du ce gato ou gato polquea­do et il eut l’idée de l’adapter en tan­go. Lui à la gui­tare et Durand à la flûte l’ont adap­té et joué. Ce titre a tout de suite été un suc­cès et comme sou­vent à l’époque, il est resté sans être édité pen­dant onze années. Comme la plu­part des orchestres jouaient le titre, il était très con­nu et les danseurs et divers paroliers lui ont don­né des paroles, plus ou moins recom­mand­ables. N’oublions pas où évolu­ait le tan­go à cette époque.
Deux de ces paroles nous sont par­v­enues, celles de Caru­so et celles de Blan­co. Les sec­on­des sont plus osées et cor­re­spon­dent assez bien à cet univers.
Il reste à pré­cis­er pourquoi il s’appelle payan­ca. Selon Jiménez, Berto aurait dit tout de go que ce tan­go s’appelait ain­si quand il fut som­mé de don­ner un titre. Il sem­blerait que Berto ait don­né sa pro­pre ver­sion de l’histoire, en affir­mant que le titre serait venu en voy­ant des gamins jouer avec un las­so à attrap­er des poules. Un adulte leur aurait crié “¡Pialala de payan­ca!”, c’est-à-dire tire la avec un mou­ve­ment de payan­ca. Il indi­quait ain­si la meilleure façon d’attraper la poule avec le las­so.
L’idée du las­so me sem­ble assez bonne dans la mesure où les trois par­ti­tions qui nous sont par­v­enues illus­trent ce thème.
Voici une vidéo qui mon­tre la tech­nique de la Payan­ca qui est une forme par­ti­c­ulière de lancer du las­so pour attrap­er un ani­mal qui court en le faisant choir.

Dans cette vidéo, on voit un pial (lance­ment du las­so) pour attrap­er un bovidé à l’aide de la tech­nique « Payan­ca ». Elle con­siste à lancer le las­so (sans le faire tourn­er) de façon à entraver les antérieurs de l’animal pour le déséquili­br­er et le faire tomber. Âmes sen­si­bles s’abstenir, mais c’est la vie du gau­cho. Ici, un joli coup par le gau­cho Mil­ton Mar­i­ano Pino.

Pour être moins incom­plet, je pour­rai pré­cis­er que la payan­ca ou payana ou payan­ga ou payaya est un jeu qui se joue avec cinq pier­res et qui est très proches au jeu des osse­lets. L’idée de ramass­er les pier­res en quechua se dit pal­lay, ce qui sig­ni­fie col­lec­tion­ner, ramass­er du sol. Que ce soit attrap­er au las­so ou ramass­er, le titre joue sur l’analogie et dans les deux cas, le principe est de cap­tur­er la belle, comme en témoignent les paroles.

Paroles de Juan Andrés Caruso

¡Ay!, una payan­ca io
quiero arro­jar
para enlazar
tu corazón
¡Qué va cha che!
¡Qué va cha che !
Esa payan­ca será
cert­era
y ha de apris­onar
todo tu amor
¡Qué va cha che !
¡Qué va cha che !
Por que yo quiero ten­er
todo entero tu quer­er.

Mira que mi car­iño es un tesoro.
Mira que mi car­iño es un tesoro.
Y que pior que un niño po’ ella « yoro »…
Y que pior que un niño po’ ella « yoro »…

Payan­ca de mi vida, ay, io te imploro.
Payan­ca de mi vida, ay, io te imploro,
que enlaces para siem­pre a la que adoro…
que enlaces para siem­pre a la que adoro…
Augus­to Pedro Berto Letra: Juan Andrés Caru­so

Augus­to Pedro Berto Letra: Juan Andrés Caru­so

Traduction libre des paroles de Juan Andrés Caruso

Yeh ! une payan­ca (payan­ca attrap­er au las­so). Moi, (Io pour yo = je), je veux lancer pour enlac­er (enlac­er du las­so…) ton cœur.
Que vas-tu faire ! (¿Qué va cha ché ? ou Qué vachaché Est aus­si un tan­go écrit par Enrique San­tos Dis­cépo­lo)
Que vas-tu faire !
Cette payan­ca sera par­faite et empris­on­nera tout ton amour.
Que vas-tu faire ?
Que vas-tu faire ?
Parce que je veux avoir tout ton amour.

Regarde, mon affec­tion est un tré­sor.
Regarde, mon affec­tion est un tré­sor.
Et quoi de pire qu’un enfant qui pleure pour elle…
Et quoi de pire qu’un enfant qui pleure pour elle…

Payan­ca de ma vie, oui, je t’en sup­plie (il par­le à son coup de las­so pour attrap­er le cœur de sa belle).
Payan­ca de ma vie, oui, je t’en sup­plie,
que tu enlaces pour tou­jours celle que j’adore…
que tu enlaces pour tou­jours celle que j’adore…
La métaphore rurale et gauch­esque est poussée à son extrémité. Il com­pare la cap­ture du cœur de sa belle à une passe de las­so. Dans le genre galant, c’est moyen, mais cela rap­pelle que la vie du gau­cho est une source d’inspiration pour le tan­go et en cela, je ne partage pas l’avis de Jorges Luis Borges pour quoi le tan­go est unique­ment urbain et vio­lent.

Paroles de Jesús Fernández Blanco

Con mi payan­ca de amor,
siem­pre mimao por la mujer,
pude enlazar su corazón…
¡Su corazón !
Mil bocas como una flor
de juven­tud, supe besar,
has­ta saciar mi sed de amor…
¡Mi sed de amor !

Ningu­na pudo escuchar
los tri­nos de mi can­ción,
sin ofre­cerse a brindar
sus besos por mi pasión…
¡Ay, quién pudiera volver
a ser moc­i­to y can­tar,
y en bra­zos de la mujer
la vida feliz pasar !

Payan­ca, payan­qui­ta
de mis amores,
mi vida la llenaste
de res­p­lan­dores…
¡Payan­ca, payan­qui­ta
ya te he per­di­do
y sólo tu recuer­do
fiel me ha segui­do!

Con mi payan­ca logré
a la mujer que me gustó,
y del rival siem­pre tri­un­fé.
¡Siem­pre tri­un­fé!
El fuego del corazón
en mi can­tar supe pon­er,
por eso fui rey del amor…
¡Rey del amor!

Jesús Fer­nán­dez Blan­co

Traduction, libre des paroles de Jesús Fernández Blanco

Avec ma payan­ca d’amour (je ne sais pas quoi en penser, admet­tons que c’est son coup de las­so, mais il peut s’agir d’un autre attrib­ut du galant), tou­jours choyée par les femmes, j’ai pu enlac­er ton cœur…
Ton cœur !
Mille bouch­es comme une fleur de jou­vence, j’ai su embrass­er, jusqu’à étanch­er ma soif d’amour…
Ma soif d’amour !

Aucune ne pou­vait enten­dre les trilles de ma chan­son, sans offrir ses bais­ers à ma pas­sion…
Yeh, qui pour­rait rede­venir un petit garçon et chanter, et pass­er dans les bras de la femme, la vie heureuse !

Payan­ca, payan­qui­ta de mes amours (Payan­ca, petite payan­ca, on ne sait tou­jours pas ce que c’est…), tu as rem­pli ma vie de bril­lances…
Payan­ca, payan­qui­ta Je t’ai déjà per­due et seul ton sou­venir fidèle m’a suivi !

Avec ma payan­ca, j’ai eu la femme que j’aimais, et du rival, j’ai tou­jours tri­om­phé.
J’ai tou­jours tri­om­phé !
J’ai su met­tre le feu du cœur dans ma chan­son (la payan­ca pour­rait être sa chan­son, sa façon de chanter), c’est pourquoi j’étais le roi de l’amour…
Le roi de l’amour !

Autres versions

La payan­ca 1917-05-15 — Orq. Eduar­do Aro­las con Pan­cho Cuevas (Fran­cis­co Nicolás Bian­co).

Prob­a­ble­ment la plus anci­enne ver­sion enreg­istrée qui nous soit par­v­enue. Il y a un petit doute avec la ver­sion de Celesti­no Fer­rer, mais cela ne change pas grand-chose. Pan­cho Cue­va à la gui­tare et au chant et le tigre du Ban­donéon (Eduar­do Aro­las) avec son instru­ment favori. On notera que si le tan­go fut com­posé vers 1906, sans paroles, il en avait en 1917, celles de Juan Andrés Caru­so.

La payan­ca 1918-03-25 (ou 1917-03-12) — Orques­ta Típi­ca Fer­rer (Orques­ta Típi­ca Argenti­na Celesti­no).

Le plus ancien enreg­istrement ou le sec­ond, car il y a en fait deux dates, 1917-03-12 et 1918-03-25. Je pense cepen­dant que cette sec­onde date cor­re­spond à l’édition réal­isée à New York ou Cam­dem, New Jer­sey. On remar­quera que l’orchestre com­porte une gui­tare, celle de Celesti­no Fer­rer qui est aus­si le chef d’orchestre, une flûte, jouée par E. San­ter­amo et un accordéon par Car­los Güeri­no Fil­ipot­to. Deux vio­lons com­plè­tent l’orchestre, Gary Bus­to et L. San Martín. Le piano est tenu par une femme, Car­la Fer­rara. C’est une ver­sion pure­ment instru­men­tale. Après avoir été un des pio­nniers du tan­go en France, Celesti­no Fer­rer s’est ren­du aux USA où il a enreg­istré de nom­breux titres, dont celui-ci.

La payan­ca 1926-12-13 — Orques­ta Típi­ca Vic­tor, direc­tion Adol­fo Cara­bel­li.

Une ver­sion un peu plus mod­erne qui béné­fi­cie de l’enregistrement élec­trique. Mais on peut mieux faire, comme on va le voir bien­tôt.

La payan­ca 1936-06-09 — Orques­ta Juan D’Arienzo. C’est notre tan­go du jour.

J’ai déjà dit tout le bien que je pen­sais de cette ver­sion, à mon avis, insur­passée, y com­pris par D’Arienzo lui-même…

Trío de Gui­tar­ras (Iri­arte-Pagés-Pesoa).

Le trio de gui­tares de Iri­arte, Pagés et Pesoa ne joue pas dans la même caté­gorie que D’Arienzo. C’est joli, pas pour la danse, un petit moment de sus­pen­sion.

La payan­ca 1946-10-21 — Rober­to Fir­po y su Nue­vo Cuar­te­to.

Pour revenir au tan­go de danse, après la ver­sion de D’Arienzo, cette ver­sion paraît frag­ile, notam­ment, car c’est un quar­tet­to et que donc il ne fait pas le poids face à la machine de D’Arienzo. On notera tout de même une très belle par­tie de ban­donéon. La tran­si­tion avec le trio de gui­tares a per­mis de lim­iter le choc entre les ver­sions.

La payan­ca 1949-04-06 — Orques­ta Juan D’Arienzo.

On retrou­ve la grosse machine D’Arienzo, mais cette ver­sion est plus anec­do­tique. Cela peut pass­er en milon­ga, mais si je dois choisir entre la ver­sion de 1936 et 1949, je n’hésite pas une sec­onde.

La payan­ca 1952-10-01 — Enrique Mora y su Cuar­te­to Típi­co.

Encore un quar­tet­to qui passe après D’Arienzo. Si cette ver­sion n’est pas pour la danse, elle n’est pas désagréable à écouter, sans toute­fois provo­quer d’enthousiasme déli­rant… Le final est assez sym­pa.

La payan­ca 1954-11-10 — Orques­ta Juan D’Arienzo.

Eh oui, encore D’Arienzo qui décidé­ment a appré­cié ce titre. Ce n’est assuré­ment pas un grand D’Arienzo. Je ne sais pas si c’est meilleur que la ver­sion de 49. Par cer­tains côtés, oui, mais par d’autres, non. Dans le doute, je m’abstiendrai de pro­pos­er l’une comme l’autre.

La payan­ca 1957-04-12 — Orques­ta Héc­tor Varela.

On est dans tout autre chose. Mais cela change sans être un titre de danse à ne pas oubli­er. On perd la dimen­sion énergique du gau­cho qui con­quiert sa belle avec son las­so pour plonger dans un roman­tisme plus appuyé. Cepen­dant, cette ver­sion n’est pas niaise, le ban­donéon dans la dernière vari­a­tion vaut à lui seul que l’on s’intéresse à ce titre.

La payan­ca 1958 — Los Mucha­chos de antes.

Avec la gui­tare et la flûte, cette petite com­po­si­tion peut don­ner une idée de ce qu’aurait pu être les ver­sions du début du vingtième siè­cle, si elles n’avaient pas été bridées par les capac­ités de l’enregistrement. On notera que cette ver­sion est la plus proche d’un rythme de milon­ga et qu’elle pour­rait rem­plir son office dans une milon­ga avec des danseurs intimidés par ce rythme.

La payan­ca 1959 — Miguel Vil­las­boas y su Quin­te­to Típi­co.

Les Uruguayens sont restés très fana­tiques du tan­go milon­ga. En voici une jolie preuve avec Miguel Vil­las­boas.

La payan­ca 1959-03-23 — Dona­to Rac­ciat­ti y sus Tangueros del 900.

Oui, ce tan­go inspire les Uruguayens. Rac­ciat­ti en donne égale­ment sa ver­sion la même année.

La payan­ga 1964 — Orques­ta Osval­do Pugliese.

Pas évi­dent de recon­naître notre thème du jour dans la ver­sion de Pugliese. C’est une ver­sion per­due pour les danseurs, mais qu’il con­vient d’apprécier sur un bon sys­tème sonore.

La payan­ca 1964-07-29 — Quin­te­to Pir­in­cho dir. Fran­cis­co Canaro.

De la même année que l’enregistrement de Pugliese, on mesure la diver­gence d’évolution entre Pugliese et Canaro. Cepen­dant, pour les danseurs, la ver­sion du Quin­te­to pir­in­cho, dirigé pour une des toutes dernières fois par Canaro sera la préférée des deux…

La payan­ca 1966-07-25 — Orques­ta Juan D’Arienzo.

D’Arienzo se situe entre Pugliese et Canaro pour cet enreg­istrement qua­si­ment con­tem­po­rain, mais bien sûr bien plus proche de Canaro. Ce n’est pas vrai­ment un titre de danse, mais il y a des élé­ments intéres­sants. Défini­tive­ment, je l’avoue, je reste avec la ver­sion de 1936.

La payan­ga 1984 — Orques­ta Alber­to Nery con Quique Oje­da y Víc­tor Ren­da.

Alber­to Nery fut pianiste d’Edith Piaf en 1953. Ici, il nous pro­pose une des rares ver­sions chan­tées, avec les paroles de Jesús Fer­nán­dez Blan­co. Vous aurez donc les deux ver­sions à écouter. Hon­nête­ment, ce n’est pas beau­coup plus intéres­sant que l’enregistrement de Eduar­do Aro­las et Pan­cho Cuevas antérieur de près de 70 ans. On notera toute­fois le duo final qui relève un peu l’ensemble.

La payan­ca 2005 — Cuar­te­to Guardia Vie­ja.

Pour ter­min­er en fer­mant la boucle avec une ver­sion à la saveur début du vingtième siè­cle, je vous pro­pose une ver­sion par le Cuar­te­to Guardia Vie­ja.

À demain, les amis !

Les succès de la radio en 1937

Ediciones musicales Julio Korn

Lorsque nous avons par­lé de la par­ti­tion de No quiero verte llo­rar, nous avions remar­qué que la qua­trième de cou­ver­ture présen­tait les plus grands suc­cès radio­phoniques du moment. J’ai trou­vé amu­sant de vous faire écouter ce que les Argentins aimaient en 1937…

Sur cette pub­lic­ité, les 12 suc­cès des édi­tions Julio Korn. Évidem­ment, ils ne par­lent pas des suc­cès édités par d’autres maisons d’édition…

Les éditions Julio Korn

Julio Korn (1906​-07–19 – 1983-04-18) était à la tête d’un empire de la presse. Il pub­li­ait en 1937, six heb­do­madaires, Radi­olan­dia, Ante­na, Goles, Voso­tras, TV Guía et Anteo­ji­to. Son seul con­cur­rent sérieux était Héc­tor Gar­cía qui pub­li­ait Así. Il était donc en sit­u­a­tion de qua­si-mono­pole.

« Mi inten­ción fue siem­pre lle­gar a la gran masa del pueblo, sin pre­tender instru­ir­la sino entreten­er­la »

«Mon inten­tion a tou­jours été d’atteindre la grande masse du peu­ple, sans pré­ten­dre l’instruire, mais pour la diver­tir». Devise que les Cit­i­zen Kane d’aujourd’hui per­pétuent.

Julio Korn est le pro­to­type du self-made man. Orphe­lin à 9 ans, il tra­vaille dans une imprimerie ce qui lui per­met de sauver de l’asile son jeune frère. À 15 ans (1921), il se rend à Mon­te­v­ideo pour pro­pos­er à Edgar­do Dona­to de devenir son édi­teur musi­cal. Il devait être du genre con­va­in­cant, car il rem­por­ta l’affaire et obtint un prêt pour s’acheter la presse des­tinée à imprimer les par­ti­tions. Huit ans plus tard, il avait imprimé 35 000 par­ti­tions.
En 1924, il avait créé une revue musi­cale, La Can­ción Mod­er­na, dont il était égale­ment le rédac­teur en chef.

À gauche, le numéro du 30 juin 1936 de Radi­olan­da (La Can­ción Mod­er­na) où est annon­cée la saga Gardel. La cou­ver­ture du 6 juin 1936 avec Gardel et le pre­mier des arti­cles sur les con­fi­dences de Berta sur la vie de son fils.

En juin 1936, La Can­ción Mod­er­na qui est devenu Radi­olan­dia pub­lie la vie de Car­los Gardel qui était mort l’année précé­dente en exploitant le côté sen­ti­men­tal du témoignage de Berta Gardes, la mère de Gardel qui a d’ailleurs cédé gra­tu­ite­ment les droits de repro­duc­tion. Et pan dans les dents de la thèse uruguayenne de l’origine de Car­los Gardel qui pré­tend que Berta se serait déclaré sa mère pour touch­er l’héritage en étab­lis­sant de faux papiers… Gardel enfant de France.
Cet arti­cle est un bon exem­ple de la lit­téra­ture pop­u­laire des revues de Julio Korn.
Mais revenons à la par­ti­tion de No quiero verte llo­rar et à sa qua­trième de cou­ver­ture.

Par­ti­tion de No Quiero Verte Llo­rar des Édi­tions Julio Korn.

Lorsque nous avons par­lé de la par­ti­tion de No quiero verte llo­rar, nous avions remar­qué que la qua­trième de cou­ver­ture présen­tait les plus grands suc­cès radio­phoniques du moment. J’ai trou­vé amu­sant de vous faire écouter ce que les Argentins aimaient en 1937…

Les succès de la radio en 1937

Les suc­cès de la radio 01

Milonga triste (Sebastián Piana Letra: Homero Manzi)

Milon­ga triste 1937-02-19 — Mer­cedes Simone con acomp. de su Trío Típi­co
Milon­ga triste 1937-08-10 — Orques­ta Fran­cis­co Canaro

Amor (Carlos Gardel Letra Luis Rubistein)

Amor 1936-07-14 – Orques­ta Fran­cis­co Canaro con Rober­to Mai­da. Avec des airs de Silen­cio, du même Gardel.

Milagro (Luis Rubistein, paroles et musique)

Mila­gro 1936-11-27 — Mer­cedes Simone con acomp. de su Trío Típi­co
Mila­gro 1937-02-19 – Orques­ta Fran­cis­co Canaro con Rober­to Mai­da

Arrepentido (Rodolfo Sciammarella, paroles et musique)

Arrepen­ti­do 1937-05-26 — Lib­er­tad Lamar­que con orques­ta. Comme il est pré­cisé « Tan­go chan­son », il s’agit prob­a­ble­ment de cette ver­sion qui avait du suc­cès à la radio.

Comme il est pré­cisé « Tan­go chan­son », il s’agit prob­a­ble­ment de cette ver­sion qui avait du suc­cès à la radio. Cepen­dant, l’année précé­dente, il y a eu deux enreg­istrements qui peu­vent très bien pass­er à la radio et par­ticiper au suc­cès de la com­po­si­tion de Sci­ammarel­la :

Arrepen­ti­do 1936–09- 18 — Orques­ta Rober­to Fir­po con Car­los Varela.

Car­los Varela que nous avions enten­du avec Fir­po dans No quiero verte llo­rar.

Arrepen­ti­do 1936-09-04 — Orques­ta Fran­cis­co Lomu­to con Jorge Omar
Les suc­cès de la radio 02
Las per­las de tu boca 1935-10-08 — Orques­ta Fran­cis­co Lomu­to con Jorge Omar.

Il est indiqué Boléro sur la par­ti­tion, mais il s’agit ici d’un enreg­istrement en rum­ba. Ce titre a été beau­coup enreg­istré, bien sûr en boléro, mais aus­si en Danzón (par Rey Cabr­era). Dif­fi­cile de savoir quel enreg­istrement était la référence. Il peut aus­si tout sim­ple­ment s’agir d’une erreur, en effet le terme boléro comme le terme Jazz est générique et peut éventuelle­ment ne pas dif­férenci­er deux types de danse.
Je vous pro­pose tout de même un exem­ple, par le chanteur d’opéra, mex­i­cain, Alfon­so Ortiz Tira­do.

Las per­las de tu boca 1934 — Alfon­so Ortiz Tira­do. C’est un enreg­istrement RCA Vic­tor réal­isé à Buenos Aires.

Por el camino adelante (Lucio Demare ; Roberto Fugazot ; Agustín Irusta Letra: Joaquín Dicenta (Joaquín Dicenta Alonso)

Por el camino ade­lante 1930 — Agustín Irus­ta y Rober­to Fuga­zot con acomp. de piano por Lucio Demare.

Por el camino ade­lante 1930 — Agustín Irus­ta y Rober­to Fuga­zot con acomp. de piano por Lucio Demare. Avec cette chan­son on est plutôt dans le domaine du folk­lore, mais après tout, le tan­go n’est pas la seule musique qui passe à la radio. Je n’ai pas trou­vé d’enregistrement de 1936 ou 1937. Il se peut donc que ce soit une autre ver­sion qui avait du suc­cès en 1937.

Rosa de otoño [Guillermo Desiderio Barbieri Letra: José Rial, hijo]

Rosa de otoño 1930-12-05 — Car­los Gardel con acomp. de la orques­ta de Fran­cis­co Canaro.

Rosa de otoño 1930-12-05 — Car­los Gardel con acomp. de la orques­ta de Fran­cis­co Canaro. Encore un enreg­istrement un peu ancien, mais la mort de Gardel deux ans plus tôt a sans doute relancé ses inter­pré­ta­tions. On est là encore à la lim­ite du tant avec un vals criol­lo. C’est Di Sar­li en 1942 qui fera sor­tir cette valse du domaine folk­lorique, mais c’est une autre his­toire…

Les suc­cès de la radio 03

En blanco y negro [Néstor Feria Letra: Fernán Silva Valdéz]

En blan­co y negro 1936-05-06 — Alber­to Gómez con acomp. de su Cuar­te­to de Gui­tar­ras

Une milon­ga, mais une milon­ga criol­la. Décidé­ment le folk­lore avait la côte…

Falsedad [Héctor María Artola Letra: Alfredo Navarrine]

Falsedad 1936-10-25 — Orques­ta Fran­cis­co Canaro con Rober­to Mai­da.

On revient dans le domaine du tan­go avec ce très beau titre, sans doute un peu oublié dans les milon­gas d’aujourd’hui, même dans celles qui abusent de la vieille garde ; -)

Monotonía (Hugo Gutiérrez Letra : Andrés Carlos Bahr)

Monot­o­nía 1936-12-03 — Orques­ta Fran­cis­co Lomu­to con Jorge Omar.

Encore Lomu­to et Omar en vedette avec ce tan­go de Hugo Gutiér­rez et Andrés Car­los Bahr. Le titre ne donne pas très envie de danser, la musique non plus. Cela devait être plus agréable de vaquer dans son apparte­ment avec cette musique de fond à la radio.

Pienso en ti (Julio De Caro Letra : Jesús Fernández Blanco)

Pien­so en ti 1936-08-10 — Orques­ta Julio De Caro con Vio­le­ta y Lidia Desmond (Las her­manas Desmond).

Las her­manas Desmond (les sœurs Desmond) nous offrent une fin enjouée. Une valse pas trop tan­go. Elle est indiquée comme valse chan­son et son auteur pour­rait vous sur­pren­dre, car il s’agit de Julio de Caro, comme quoi il ne faut pas trop vite met­tre les com­pos­i­teurs et musi­ciens dans des tiroirs.

En guise de conclusion

Comme nous l’avons vu, les édi­tions de Julio Korn ne sont pas le seul édi­teur de musique. On peut légitime­ment penser qu’ils met­tent en avant leurs poulains et passent sous silence les artistes qui font éditer leurs par­ti­tions chez des con­cur­rents.
Un autre biais est que les orchestres ne jouent pas for­cé­ment des tan­gos qui vien­nent d’être écrits. S’ils jouent un titre qui a dix ou vingt ans, voire plus, il ne sera pas néces­saire­ment réédité.
Le dernier biais et qu’il s’agit des titres qui passent à la radio. La qual­ité sonore de la radio à l’époque était assez médiocre, la FM n’était pas encore de mise et les danseurs pou­vaient ren­con­tr­er leurs orchestres favoris toutes les semaines. Les pro­grammes étaient donc plutôt des­tinés à la vie de famille et une dif­fu­sion régulière et sans trop de relief était sans doute mieux adap­tée à cet usage.
En résumé, il ne faut pas tir­er la con­clu­sion que les suc­cès men­tion­nés ici sont des suc­cès abso­lus, notam­ment du point de vue des danseurs. On peut juste affirmer qu’à côté d’autres styles, le tan­go avait sa place dans le quo­ti­di­en des Argentins, comme c’est tou­jours le cas où des airs de tan­go ayant près d’un siè­cle con­tin­u­ent de s’élever dans le bon air de Buenos Aires. On n’imagine pas dans tous les pays la pop­u­la­tion écouter des dis­ques aus­si anciens, sauf peut-être dans le domaine de la musique clas­sique.
Pour estimer le suc­cès des titres du point de vue des danseurs, je pense que la présence de nom­breux enreg­istrements du même titre à quelques semaines d’intervalle est un bon indice. Cer­tains tan­gos ont 20, 30 ou beau­coup plus d’enregistrements pour des mon­stres comme la Cumpar­si­ta, et d’autres sont fils uniques. Ces fils uniques qui ont raté leur lance­ment à l’époque sont par­fois rat­trapés, comme c’est le cas de la milon­ga Mi vie­ja lin­da (Ernesto Cés­pedes Polan­co, musique et paroles), qui avant qu’elle soit reprise par le Sex­te­to Cristal était incon­nue de la majorité des danseurs, bien qu’il en existe une belle ver­sion par la Orques­ta Emilio Pelle­jero con Enal­mar De María

Mi vie­ja lin­da 1941 — Orques­ta Emilio Pelle­jero con Enal­mar De María
Mi vie­ja lin­da 2018-05-01 — Sex­te­to Cristal con Guiller­mo Rozen­thuler

Mon tra­vail de DJ est aus­si de réveiller, révéler, des mer­veilles qui dor­ment dans quelque pochette de disque de pâte.

À propos de l’illustration de couverture

Voici la pho­to orig­i­nale qui m’a servi pour réalis­er l’illustration de cou­ver­ture. Vous pou­vez vous livr­er au jeu des sept erreurs, mais il y a bien plus que sept dif­férences entre les deux images 😉

Une radio portable (on voit la poignée près de la main droite de Gardel). Il s’agit d’un mod­èle « Mendez », copie du Mc Michael anglais.

Dans la par­tie droite, les deux bou­tons rotat­ifs per­me­t­tant la syn­ton­i­sa­tion (choix de la sta­tion de radio). Le haut-par­leur (dans la par­tie gauche est pro­tégé pen­dant le trans­port, par la par­tie de droite qui se replie dessus. On voit les ver­rous qui main­ti­en­nent la mal­lette fer­mée de part et d’autre de l’appareil.
Vous aurez recon­nu les per­son­nages dès la pho­to de cou­ver­ture, qui est un mon­tage de ma part avec une fausse radio, je trou­vais celle d’origine man­quant un peu de classe.
Au cas où vous auriez un doute, je vous présente la fine équipe qui entoure le poste de radio, de gauche à droite :
José Maria Aguilar, Guiller­mo Bar­bi­eri, José Ricar­do, les trois gui­taristes de Gardel, et Car­los Gardel. La pho­to date de 1928, soit 8 ans avant la mort de Gardel et 9 ans avant la par­ti­tion de No quiero verte llo­rar faisant la pub­lic­ité pour les suc­cès de l’année 1937. Cette image et la cou­ver­ture ne sont donc pas tout à fait d’actualité, mais comme 1937 est l’année où l’éditeur Julio Korn fait son gros coup sur Gardel, je pense que cela peut se jus­ti­fi­er.
De plus, on notera que dans les suc­cès de 1937, il y a un tan­go écrit par Gardel, Amor et un vals criol­lo, Rosa de otoño, chan­té par lui.

À demain les amis !

Voici la cou­ver­ture pour ceux qui veu­lent jouer au jeu des sept erreurs…