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La payanca 1936-06-09 — Orquesta Juan D’Arienzo

Augusto Pedro Berto Letra: Juan Andrés Caruso (V1) — Jesús Fernández Blanco (V2)

La payan­ca par D’Arien­zo dans la ver­sion de 1936 est un des très gros des milon­gas. Peut-être vous-êtes-vous demandé d’où venait le nom de ce tan­go ? Si ce n’est pas le cas, lais­sez-moi vous l’indi­quer t vous faire décou­vrir une ving­taine de ver­sions et vous présen­ter quelques détails sur ce titre.

Extrait musical

Par­ti­tion pour piano de la Payan­ca. Cou­ver­ture orig­i­nale à gauche et Par­ti­tion de piano à droite avec les paroles de Jesús Fer­nán­dez Blan­co (les plus récentes).
La payan­ca 1936-06-09 — Orques­ta Juan D’Arien­zo.

C’est un des pre­miers enreg­istrements où Bia­gi se lâche. Le con­tre­bassiste, Rodol­fo Duclós mar­que un rythme à la « Yum­ba » qui devien­dra une car­ac­téris­tique de Pugliese. Les vio­lons de Alfre­do Mazzeo, León Zibaico, Domin­go Man­cu­so et Fran­cis­co Manci­ni font des mer­veilles. Une ver­sion énergique, eupho­risante, sans doute la toute pre­mière à utilis­er pour faire plaisir aux danseurs.
On remar­que qu’il est indiqué « Sobre motivos pop­u­lares ». En effet, on recon­naî­tra des thèmes tra­di­tion­nels, notam­ment de gato (une sorte de chacar­era), mais mod­i­fié en tan­go.
On remar­quera égale­ment qu’il est indiqué « Tan­go Milon­ga », ce qui sig­ni­fie que c’est un tan­go pour danser. Cepen­dant, nous ver­rons que ce thème a égale­ment été bas­culé franche­ment du côté de la milon­ga pure et dure dans d’autres enreg­istrements.

Trois ver­sions de cou­ver­ture de la par­ti­tion. À gauche, la plus anci­enne, sans auteur de paroles. Au cen­tre, avec les paroles de Caru­so et à droite, avec les paroles de Blan­co.

Origine du titre

Dans son livre, Así nacieron los tan­gos, Fran­cis­co Gar­cía Jiménez, racon­te que le tan­go est né lors d’une fête à la cam­pagne en l’hon­neur d’une per­son­nal­ité locale qui venait d’être élue tri­om­phale­ment, des musi­ciens avaient joué des airs de l’in­térieur, dont un gato (sorte de charar­era) duquel il restait : “Laraira lar­alaila; laira laraira…”. Il est impos­si­ble de retrou­ver le gato à par­tir de cette sim­ple indi­ca­tion, car laraira… c’est comme tralala. C’est ce que chantent les payadors quand ils cherchent leurs mots (ils chan­taient en inven­tant les paroles à la volée). Cer­tains textes de ces musiques ont été fixés et écrits par la suite et nom­bre d’en­tre eux com­por­tent Laraira lar­alaila; laira laraira ou équiv­a­lent :

  • La,lara,laira,laira,la dans Pago viejo (chacar­era, mais le rythme est proche du gato),
  • Lara lara laira larai ñarai lá dans ale­gre (bailecito)
  • Trala lará lar­ala lará lar­ala lará lará dans El pala pala (danse, dan­za)
  • Lará, larará, laraira, Lará, larará, laraira, dans Cabeza col­ora­da
  • La ra lara la ra la la ra la ra la ra la dans La San­lorenci­na (Cuen­ca)
  • La lalara la la la la la la La la lara la la la la la la La la lara la la lara la la dans Dios a la una (chan­son).
  • Tra lara lara lara tra lara lero dans Que se ven­gan los chicos (Bailecito)
  • La lara la la la la La lara la la la la dans La charar­era del adios (chacar­era)
  • Lar­ala lar­ala lara lara lara lara lara dans Amiga­zo pa’ sufrir (huel­la)
  • La lara lara larará… lara lara larará… lara lara larará… dans Can­tar de coya (Car­naval­i­to)
  • Lara lara lara lara dans Muchacha de mayo (Chan­son).

Je n’ai pas trou­vé de gato avec l’indi­ca­tion, mais il est fort prob­a­ble que Berto ait enten­du une impro­vi­sa­tion, le lara lara étant une façon de meubler quand les paroles ne vien­nent pas.
Donc Berto a enten­du ce gato ou gato polquea­do et il eut l’idée de l’adapter en tan­go. Lui à la gui­tare et Durand à la flûte l’ont adap­té et joué. Ce titre a tout de suite été un suc­cès et comme sou­vent à l’époque, il est resté sans être édité pen­dant onze années. Comme la plu­part des orchestres jouaient le titre, il était très con­nu et les danseurs et divers paroliers lui ont don­né des paroles, plus ou moins recom­mand­ables. N’ou­blions pas où évolu­ait le tan­go à cette époque.
Deux de ces paroles nous sont par­v­enues, celles de Caru­so et celles de Blan­co. Les sec­on­des sont plus osées et cor­re­spon­dent assez bien à cet univers.
Il reste à pré­cis­er pourquoi il s’ap­pelle payan­ca. Selon Jiménez, Berto aurait dit tout de go que ce tan­go s’ap­pelait ain­si quand il fut som­mé de don­ner un titre. Il sem­blerait que Berto ait don­né sa pro­pre ver­sion de l’his­toire, en affir­mant que le titre serait venu en voy­ant des gamins jouer avec un las­so à attrap­er des poules. Un adulte leur aurait crié “¡Pialala de payan­ca!”, c’est-à-dire tire la avec un mou­ve­ment de payan­ca. Il indi­quait ain­si la meilleure façon d’at­trap­er la poule avec le las­so.
L’idée du las­so me sem­ble assez bonne dans la mesure où les trois par­ti­tions qui nous sont par­v­enues illus­trent ce thème.
Voici une vidéo qui mon­tre la tech­nique de la Payan­ca qui est une forme par­ti­c­ulière de lancer du las­so pour attrap­er un ani­mal qui court en le faisant choir.

Dans cette vidéo, on voit un pial (lance­ment du las­so) pour attrap­er un bovidé à l’aide de la tech­nique « Payan­ca ». Elle con­siste à lancer le las­so (sans le faire tourn­er) de façon à entraver les antérieurs de l’an­i­mal pour le déséquili­br­er et le faire tomber. Âmes sen­si­bles s’ab­stenir, mais c’est la vie du gau­cho. Ici, un joli coup par le gau­cho Mil­ton Mar­i­ano Pino.

Pour être moins incom­plet, je pour­rai pré­cis­er que la payan­ca ou payana ou payan­ga ou payaya est un jeu qui se joue avec cinq pier­res et qui est très proches au jeu des osse­lets. L’idée de ramass­er les pier­res en quechua se dit pal­lay, ce qui sig­ni­fie col­lec­tion­ner, ramass­er du sol. Que ce soit attrap­er au las­so ou ramass­er, le titre joue sur l’analo­gie et dans les deux cas, le principe est de cap­tur­er la belle, comme en témoignent les paroles.

Paroles de Juan Andrés Caruso

¡Ay!, una payan­ca io
quiero arro­jar
para enlazar
tu corazón
¡Qué va cha che!
¡Qué va cha che !
Esa payan­ca será
cert­era
y ha de apris­onar
todo tu amor
¡Qué va cha che !
¡Qué va cha che !
Por que yo quiero ten­er
todo entero tu quer­er.

Mira que mi car­iño es un tesoro.
Mira que mi car­iño es un tesoro.
Y que pior que un niño po’ ella « yoro »…
Y que pior que un niño po’ ella « yoro »…

Payan­ca de mi vida, ay, io te imploro.
Payan­ca de mi vida, ay, io te imploro,
que enlaces para siem­pre a la que adoro…
que enlaces para siem­pre a la que adoro…
Augus­to Pedro Berto Letra: Juan Andrés Caru­so

Augus­to Pedro Berto Letra: Juan Andrés Caru­so

Traduction libre des paroles de Juan Andrés Caruso

Yeh ! une payan­ca (payan­ca attrap­er au las­so). Moi, (Io pour yo = je), je veux lancer pour enlac­er (enlac­er du las­so…) ton cœur.
Que vas-tu faire ! (¿Qué va cha ché ? ou Qué vachaché Est aus­si un tan­go écrit par Enrique San­tos Dis­cépo­lo)
Que vas-tu faire !
Cette payan­ca sera par­faite et empris­on­nera tout ton amour.
Que vas-tu faire ?
Que vas-tu faire ?
Parce que je veux avoir tout ton amour.

Regarde, mon affec­tion est un tré­sor.
Regarde, mon affec­tion est un tré­sor.
Et quoi de pire qu’un enfant qui pleure pour elle…
Et quoi de pire qu’un enfant qui pleure pour elle…

Payan­ca de ma vie, oui, je t’en sup­plie (il par­le à son coup de las­so pour attrap­er le cœur de sa belle).
Payan­ca de ma vie, oui, je t’en sup­plie,
que tu enlaces pour tou­jours celle que j’adore…
que tu enlaces pour tou­jours celle que j’adore…
La métaphore rurale et gauch­esque est poussée à son extrémité. Il com­pare la cap­ture du cœur de sa belle à une passe de las­so. Dans le genre galant, c’est moyen, mais cela rap­pelle que la vie du gau­cho est une source d’in­spi­ra­tion pour le tan­go et en cela, je ne partage pas l’avis de Jorges Luis Borges pour quoi le tan­go est unique­ment urbain et vio­lent.

Paroles de Jesús Fernández Blanco

Con mi payan­ca de amor,
siem­pre mimao por la mujer,
pude enlazar su corazón…
¡Su corazón !
Mil bocas como una flor
de juven­tud, supe besar,
has­ta saciar mi sed de amor…
¡Mi sed de amor !

Ningu­na pudo escuchar
los tri­nos de mi can­ción,
sin ofre­cerse a brindar
sus besos por mi pasión…
¡Ay, quién pudiera volver
a ser moc­i­to y can­tar,
y en bra­zos de la mujer
la vida feliz pasar !

Payan­ca, payan­qui­ta
de mis amores,
mi vida la llenaste
de res­p­lan­dores…
¡Payan­ca, payan­qui­ta
ya te he per­di­do
y sólo tu recuer­do
fiel me ha segui­do!

Con mi payan­ca logré
a la mujer que me gustó,
y del rival siem­pre tri­un­fé.
¡Siem­pre tri­un­fé!
El fuego del corazón
en mi can­tar supe pon­er,
por eso fui rey del amor…
¡Rey del amor!

Jesús Fer­nán­dez Blan­co

Traduction, libre des paroles de Jesús Fernández Blanco

Avec ma payan­ca d’amour (je ne sais pas quoi en penser, admet­tons que c’est son coup de las­so, mais il peut s’a­gir d’un autre attrib­ut du galant), tou­jours choyée par les femmes, j’ai pu enlac­er ton cœur…
Ton cœur !
Mille bouch­es comme une fleur de jou­vence, j’ai su embrass­er, jusqu’à étanch­er ma soif d’amour…
Ma soif d’amour !

Aucune ne pou­vait enten­dre les trilles de ma chan­son, sans offrir ses bais­ers à ma pas­sion…
Yeh, qui pour­rait rede­venir un petit garçon et chanter, et pass­er dans les bras de la femme, la vie heureuse !

Payan­ca, payan­qui­ta de mes amours (Payan­ca, petite payan­ca, on ne sait tou­jours pas ce que c’est…), tu as rem­pli ma vie de bril­lances…
Payan­ca, payan­qui­ta Je t’ai déjà per­due et seul ton sou­venir fidèle m’a suivi !

Avec ma payan­ca, j’ai eu la femme que j’aimais, et du rival, j’ai tou­jours tri­om­phé.
J’ai tou­jours tri­om­phé !
J’ai su met­tre le feu du cœur dans ma chan­son (la payan­ca pour­rait être sa chan­son, sa façon de chanter), c’est pourquoi j’é­tais le roi de l’amour…
Le roi de l’amour !

Autres versions

La payan­ca 1917-05-15 — Orq. Eduar­do Aro­las con .

Prob­a­ble­ment la plus anci­enne ver­sion enreg­istrée qui nous soit par­v­enue. Il y a un petit doute avec la ver­sion de Celesti­no Fer­rer, mais cela ne change pas grand-chose. Pan­cho Cue­va à la gui­tare et au chant et le tigre du Ban­donéon (Eduar­do Aro­las) avec son instru­ment favori. On notera que si le tan­go fut com­posé vers 1906, sans paroles, il en avait en 1917, celles de Juan Andrés Caru­so.

La payan­ca 1918-03-25 (ou 1917-03-12) — Orques­ta Típi­ca Fer­rer (Orques­ta ).

Le plus ancien enreg­istrement ou le sec­ond, car il y a en fait deux dates, 1917-03-12 et 1918-03-25. Je pense cepen­dant que cette sec­onde date cor­re­spond à l’édi­tion réal­isée à New York ou Cam­dem, New Jer­sey. On remar­quera que l’orchestre com­porte une gui­tare, celle de Celesti­no Fer­rer qui est aus­si le chef d’orchestre, une flûte, jouée par E. San­ter­amo et un accordéon par Car­los Güeri­no Fil­ipot­to. Deux vio­lons com­plè­tent l’orchestre, Gary Bus­to et . Le piano est tenu par une femme, Car­la Fer­rara. C’est une ver­sion pure­ment instru­men­tale. Après avoir été un des pio­nniers du tan­go en France, Celesti­no Fer­rer s’est ren­du aux USA où il a enreg­istré de nom­breux titres, dont celui-ci.

La payan­ca 1926-12-13 — Orques­ta Típi­ca Vic­tor, direc­tion .

Une ver­sion un peu plus mod­erne qui béné­fi­cie de l’en­reg­istrement élec­trique. Mais on peut mieux faire, comme on va le voir bien­tôt.

La payan­ca 1936-06-09 — Orques­ta Juan D’Arien­zo. C’est notre tan­go du jour.

J’ai déjà dit tout le bien que je pen­sais de cette ver­sion, à mon avis, insur­passée, y com­pris par D’Arien­zo lui-même…

Trío de Gui­tar­ras (Iri­arte-Pagés-Pesoa).

Le trio de gui­tares de Iri­arte, Pagés et Pesoa ne joue pas dans la même caté­gorie que D’Arien­zo. C’est joli, pas pour la danse, un petit moment de sus­pen­sion.

La payan­ca 1946-10-21 — y su Nue­vo Cuar­te­to.

Pour revenir au tan­go de danse, après la ver­sion de D’Arien­zo, cette ver­sion paraît frag­ile, notam­ment, car c’est un quar­tet­to et que donc il ne fait pas le poids face à la machine de D’Arien­zo. On notera tout de même une très belle par­tie de ban­donéon. La tran­si­tion avec le trio de gui­tares a per­mis de lim­iter le choc entre les ver­sions.

La payan­ca 1949-04-06 — Orques­ta Juan D’Arien­zo.

On retrou­ve la grosse machine D’Arien­zo, mais cette ver­sion est plus anec­do­tique. Cela peut pass­er en milon­ga, mais si je dois choisir entre la ver­sion de 1936 et 1949, je n’hésite pas une sec­onde.

La payan­ca 1952-10-01 — Enrique Mora y su Cuar­te­to Típi­co.

Encore un quar­tet­to qui passe après D’Arien­zo. Si cette ver­sion n’est pas pour la danse, elle n’est pas désagréable à écouter, sans toute­fois provo­quer d’en­t­hou­si­asme déli­rant… Le final est assez sym­pa.

La payan­ca 1954-11-10 — Orques­ta Juan D’Arien­zo.

Eh oui, encore D’Arien­zo qui décidé­ment a appré­cié ce titre. Ce n’est assuré­ment pas un grand D’Arien­zo. Je ne sais pas si c’est meilleur que la ver­sion de 49. Par cer­tains côtés, oui, mais par d’autres, non. Dans le doute, je m’ab­stiendrai de pro­pos­er l’une comme l’autre.

La payan­ca 1957-04-12 — Orques­ta Héc­tor Varela.

On est dans tout autre chose. Mais cela change sans être un titre de danse à ne pas oubli­er. On perd la dimen­sion énergique du gau­cho qui con­quiert sa belle avec son las­so pour plonger dans un roman­tisme plus appuyé. Cepen­dant, cette ver­sion n’est pas niaise, le ban­donéon dans la dernière vari­a­tion vaut à lui seul que l’on s’in­téresse à ce titre.

La payan­ca 1958 — .

Avec la gui­tare et la flûte, cette petite com­po­si­tion peut don­ner une idée de ce qu’au­rait pu être les ver­sions du début du vingtième siè­cle, si elles n’avaient pas été bridées par les capac­ités de l’en­reg­istrement. On notera que cette ver­sion est la plus proche d’un rythme de milon­ga et qu’elle pour­rait rem­plir son office dans une milon­ga avec des danseurs intimidés par ce rythme.

La payan­ca 1959 — Miguel Vil­las­boas y su Quin­te­to Típi­co.

Les Uruguayens sont restés très fana­tiques du tan­go milon­ga. En voici une jolie preuve avec Miguel Vil­las­boas.

La payan­ca 1959-03-23 — y sus Tangueros del 900.

Oui, ce tan­go inspire les Uruguayens. Rac­ciat­ti en donne égale­ment sa ver­sion la même année.

La payan­ga 1964 — Orques­ta Osval­do Pugliese.

Pas évi­dent de recon­naître notre thème du jour dans la ver­sion de Pugliese. C’est une ver­sion per­due pour les danseurs, mais qu’il con­vient d’ap­préci­er sur un bon sys­tème sonore.

La payan­ca 1964-07-29 — dir. Fran­cis­co Canaro.

De la même année que l’en­reg­istrement de Pugliese, on mesure la diver­gence d’évo­lu­tion entre Pugliese et Canaro. Cepen­dant, pour les danseurs, la ver­sion du Quin­te­to pir­in­cho, dirigé pour une des toutes dernières fois par Canaro sera la préférée des deux…

La payan­ca 1966-07-25 — Orques­ta Juan D’Arien­zo.

D’Arien­zo se situe entre Pugliese et Canaro pour cet enreg­istrement qua­si­ment con­tem­po­rain, mais bien sûr bien plus proche de Canaro. Ce n’est pas vrai­ment un titre de danse, mais il y a des élé­ments intéres­sants. Défini­tive­ment, je l’avoue, je reste avec la ver­sion de 1936.

La payan­ga 1984 — Orques­ta Alber­to Nery con Quique Oje­da y Víc­tor Ren­da.

Alber­to Nery fut pianiste d’Edith Piaf en 1953. Ici, il nous pro­pose une des rares ver­sions chan­tées, avec les paroles de Jesús Fer­nán­dez Blan­co. Vous aurez donc les deux ver­sions à écouter. Hon­nête­ment, ce n’est pas beau­coup plus intéres­sant que l’en­reg­istrement de Eduar­do Aro­las et Pan­cho Cuevas antérieur de près de 70 ans. On notera toute­fois le duo final qui relève un peu l’ensem­ble.

La payan­ca 2005 — Cuar­te­to Guardia Vie­ja.

Pour ter­min­er en fer­mant la boucle avec une ver­sion à la saveur début du vingtième siè­cle, je vous pro­pose une ver­sion par le Cuar­te­to Guardia Vie­ja.

À demain, les amis !

Racing Club 1930-06-03 – Sexteto Carlos Di Sarli

Vicente Greco Letra :

Les Argentins sont toqués de foot­ball, comme peu d’autres peu­ples. Cha­cun est (fan) d’un club. Il était donc naturel que cela se retrou­ve dans l’autre pas­sion de cer­tains Argentins, . Notre ne brille pas for­cé­ment par ses paroles, mais la musique de Vicente Gre­co est intéres­sante et comme toutes les ver­sions enreg­istrées sont instru­men­tales, on peut danser, même si on déteste le foot­ball.

Extrait musical

Par­ti­tion pour piano de . On voit que sur la cou­ver­ture de la par­ti­tion, la dédi­cace aux affil­iés au Rac­ing Club et la men­tion « Tan­go Foot­bal­lis­ti­co ». L’orthographe est plus proche de l’anglais que l’orthographe actulle, les Argentins écrivent désor­mais Fut­bol.
Rac­ing Club 1930-06-03 – Sex­te­to Car­los Di Sar­li.

On con­naît bien l’en­trée en matière énergique. Cette ver­sion se dis­tingue de bien des enreg­istrements de l’époque, par un bel étage­ment des instru­ments, avec un motif de vio­lon qui lie le tout et quelques relances de piano ou de ban­donéon. Cette ver­sion est assez mod­erne et pour­rait prob­a­ble­ment pass­er en milon­ga, notam­ment, s’il y a beau­coup de piétineurs dans les par­tic­i­pants.
Pour cet enreg­istrement, le sex­te­to est com­posé des musi­ciens suiv­ants :
César Gin­zo et Tito Landó (ban­donéons) Car­los Di Sar­li (piano) Rober­to Guisa­do et Héc­tor Lefalle (vio­lons) et Domin­go Capurro à la con­tre­basse.

Paroles

Rac­ing Club de Avel­lane­da
club de mi pueblo queri­do,
yo que admiro con car­iño
tu valiente batal­lar
en esas horas glo­riosas
para el deporte argenti­no,
fuiste campeón gen­uino
de la masa pop­u­lar.

Rac­ing Club, vos que diste
acad­e­mia en la Améri­ca del Sur
gran campeón de los tiem­pos viejos de oro
del fut­bol de mi Nación,
yo quisiera ver tri­un­far a tus col­ores,
que son los de mi ban­dera
porque aún seguís sien­do para todos
el glo­rioso Rac­ing Club.

Noble club con gran car­iño
te sigue la muchacha­da
la que tan entu­si­as­ma­da
te sabrá siem­pre alen­tar,
porque sos vos Rac­ing Club
la glo­ria del tiem­po de oro
como el Alum­ni que añoro
y jamás volverá.

Vicente Gre­co Letra: Car­los Pesce

libre et indications

Rac­ing Club de Avel­lane­da, club de mon vil­lage bien-aimé, moi qui admire avec affec­tion ta courageuse bataille en ces heures glo­rieuses pour le sport argentin, tu as été un véri­ta­ble cham­pi­on des mass­es pop­u­laires.
Rac­ing Club, toi qui as don­né académie en Amérique du Sud, grand cham­pi­on de l’an­cien âge d’or du foot­ball dans ma nation, je voudrais voir tri­om­pher tes couleurs, qui sont celles de mon dra­peau, car tu es tou­jours pour nous tous, le glo­rieux Rac­ing Club.
Noble club, avec beau­coup d’af­fec­tion te suit la foule, celle qui avec tant d’en­t­hou­si­asme saura tou­jours t’en­cour­ager, car tu es, toi,
Rac­ing Club, la gloire de l’âge d’or, comme L’Alum­ni (club de foot­ball des élèves de l’é­cole Willis High School, dis­paru en 1913) qui me manque et jamais ne revien­dra.
Les fans de foot pour­ront regarder cette courte vidéo présen­tant l’ du club Alum­ni.

https://youtu.be/R5Nr6FKgJ6k

His­toire du club Alum­ni en vidéo. Les mail­lots ont des rayures comme celles du Rac­ing Club, mais rouges et blanch­es au lieu de célestes et blanch­es.

Pour les super­fans qui s’in­téressent à l’his­toire des stades, je pro­pose ce doc­u­ment, seule­ment en espag­nol, mais bien doc­u­men­té sur la vie des stades, notam­ment à par­tir d’ex­em­ples portègnes. El ciclo de vida de los esta­dios porteños (PDF).

Autres versions

Rac­ing Club 1916 – Orques­ta Típi­ca Fer­rer (Orques­ta Típi­ca Argenti­na Celesti­no).

Je pense que vous êtes désor­mais habitué à ce son linéaire. La prise de son acous­tique ne rend sans doute pas une grande jus­tice à la presta­tion. Les nuances sont impos­si­bles. Jouer moins fort, c’est pren­dre le risque que la musique dis­paraisse dans le bruit de fond du disque. On entend cepen­dant de jolis motifs, comme les « twitwiti­tis » de la flûte, en arrière-plan. Comme avec la plu­part des tan­gos de l’époque, on peut trou­ver le résul­tat monot­o­ne, les dif­férentes par­ties étant très sim­i­laires, pour ne pas dire iden­tiques.

Rac­ing Club 1930-06-03 – Sex­te­to Car­los Di Sar­li. C’est notre tan­go du jour.
Rac­ing Club 1940-07-04 – Orques­ta Car­los Di Sar­li.

Avec son orchestre, Di Sar­li enreg­istre de nou­veau le titre. Une ver­sion vrai­ment très dif­férente de la ver­sion de 1930 qui per­met de mesur­er son évo­lu­tion et recon­naître ses évo­lu­tions futures. Rober­to Guisa­do (vio­lon) et Car­los Di Sar­li (piano), sont les seuls musi­ciens ayant par­ticipé au sex­te­to.

Rac­ing Club 1942 – Orques­ta Aníbal Troi­lo.

Bien que ce ne soit pas son club de cœur, il était de Riv­er, Troi­lo a enreg­istré le titre. La qual­ité sonore est médiocre, car c’est un enreg­istrement en acé­tate réal­isé lors d’une presta­tion à la radio, c’est dom­mage, avec un enreg­istrement cor­rect, on aurait eu une ver­sion ani­mée pour les milon­gas.

Rac­ing Club 1946-03-29 – Orques­ta Ángel D’Agosti­no.

On ne s’at­tend sans doute pas à trou­ver cet enreg­istrement de la part de D’Agosti­no. Mais c’est sans doute qu’on priv­ilégie les enreg­istrements avec qui pousse d’Agosti­no à plus de douceur et de roman­tisme. On notera un appel en début de morceau, au ban­donéon, dif­férents des ver­sions précé­dentes.

Rac­ing Club 1949-10-13 – Orques­ta Alfre­do Gob­bi.

Le moins qu’on puisse dire est que Gob­bi n’est pas très apprécié/passé en milon­ga, mais si on le passe, c’est avec Rac­ing Club et Orlan­do Goñi, La viru­ta et bien sûr Inde­pen­di­ente Club qui est le pen­dant par­fait de Rac­ing Club, puisque c’est un club con­cur­rent. Peu de DJ s’aven­turent beau­coup plus loin et c’est sans doute mieux ain­si, car il est dif­fi­cile de faire une belle tan­da, homogène, avec le reste de ses enreg­istrements… Gob­bi utilise le même appel au ban­donéon que D’Agosti­no.

Rac­ing Club 1950-09-13 – Orques­ta .

Rac­ing Club 1950-09-13 – Orques­ta Rodol­fo Bia­gi. Bon, c’est du Bia­gi. Cela se recon­naît dès le début, Bia­gi entre directe­ment dans le « Tchang – Tchang » qui lui est cher. Ceux qui n’ont pas recon­nu, le fer­ont au bout des quinze pre­mières sec­on­des, lors de la pre­mière vir­gule (la petite fior­i­t­ure) de Bia­gi au piano. Même si Bia­gi a de nom­breux fans, il est dif­fi­cile de met­tre plus de deux tan­das de cet orchestre dans une milon­ga si on veut pro­pos­er un éven­tail de sen­sa­tions plus large. Mais cer­tains sont prêts à danser toute la nuit avec Bia­gi, alors, ojo comme on dit en Argen­tine, atten­tion, DJ, on t’a à l’œil, ou plutôt à l’or­eille).

Rac­ing Club 1966-10-07 – Los Siete Del Tan­go dir. y arr. Luis Sta­zo y .

Pour ter­min­er, cette liste qui pour­rait bien sûr être plus longue, cette ver­sion par les anciens musi­ciens de Pugliese, Los Siete Del Tan­go (les 7 du tan­go). On n’est plus dans la danse, mais c’est de la belle ouvrage. On notera que le début est celui de D’Agosti­no, mais revu. Il est plus lent et annonce une pause avant le début du morceau.

Pour réconcilier les footeux et les tangueros et faire plaisir à ceux qui sont les deux

Je vous pro­pose cette vidéo avec comme musique, Que­jas de ban­doneón par Aníbal Troi­lo, dan­sé à San Tel­mo (quarti­er de buenos Aires) par un cou­ple vir­tu­ose du bal­lon rond. Petite fan­taisie, Troi­lo était hin­cha de Riv­er Plate (Les anglo-sax­ons par­lent de Riv­er Plate pour le Río de la Pla­ta), pas du Rac­ing, mais comme fana­tique de foot­ball, il me par­don­nera sans doute, d’au­tant plus qu’il a enreg­istré Rac­ing Club…
Pour le Rac­ing, il faudrait plutôt choisir Atilio Stam­pone qui était hin­cha de ce club, mais il n’a pas enreg­istré le titre…

Réal­isé pour la coupe du Monde de 2018, ce film était dans le cadre de la cam­pagne fut­bol deporte nacional (Foot­ball, Sport Nation­al).

Allez, un dernier truc, une playlist pour hin­chas de Rac­ing sur Spo­ti­fy… ATTENTION, cela n’a rien de tan­go, c’est juste pour vous aider à pren­dre la dimen­sion du phénomène foot­ball en Argen­tine.