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Gil a rayas 1953-08-10 — Orquesta Ángel D’Agostino

Juan Carlos Guyot Letra:

Le 1er jan­vi­er 2018, à la milon­ga à Gri­cel (Buenos Aires), un danseur âgé est venu me deman­der de pass­er Gil a rayas. Cela cor­re­spondait à un sou­venir. Je lui ai demandé s’il avait une ver­sion de préférence, il me répon­dit que non. Comme je suis un DJ qui aime faire plaisir, j’ai cher­ché un moment favor­able. Ce n’é­tait pas si évi­dent pour moi, car je ne passe pas de D’Agosti­no instru­men­tal. Je vous dirai la ver­sion choisie et expli­querai son inté­gra­tion dans la tan­da en fin d’ar­ti­cle.

Un gil ?

Un gil est un idiot, quelqu’un facile à bern­er. Ici, il est à rayures. N’ayant pas le sup­port des paroles (prob­a­ble­ment per­dues), il est dif­fi­cile d’imag­in­er le sens de l’ex­pres­sion com­plète, l’id­iot à rayures. Peut-être cela fait référence à son style ves­ti­men­taire, les rayures ajoutant, ou pas à son imbé­cil­lité. On notera qu’un , (Gil à car­reaux) est encore plus bête que le Gil sim­ple.

Gilles, Antoine Wat­teau 1719c.

Même si ce gil, Gilles, n’a pas de rayures, il représente assez bien l’idée du per­son­nage un peu niais ou pour le moins naïf.
En fait, ce tableau que l’on a longtemps appelé Gilles est désor­mais appelé Pier­rot, mais cela ne change pas l’, Pier­rot étant le naïf de la Com­me­dia del­l’Arte. Le tableau ayant été recadré, il manque la par­tie gauche, la par­tie som­bre du tableau où se trou­ve l’homme sur l’âne (le doc­teur ignare) pou­vait révéler à l’o­rig­ine d’autres per­son­nages inquié­tants…
L’homme en rouge est le Cap­i­taine, le mil­i­taire fan­faron. Les per­son­nages en cos­tume clairs sont « les amoureux ». Le buste sur la droite qui évoque le pro­fil du doc­teur, en symétrie, a un regard inquié­tant. Les dif­férents élé­ments sem­blent donc vouloir se jouer du can­dide Pier­rot, Gilles, gil. Je vous pro­pose d’é­couter notre en regar­dant ce tableau. Vous y décou­vrirez peut-être la même his­toire.

Extrait musical

Gil a rayas 1953-08-10 — Orques­ta .

Le titre a été enreg­istré (inscrit dans les reg­istres) à la le 20 mai 1958 sous la référence #40535 | ISWC T0370436660. Les auteurs sont men­tion­nés pour cette seule œuvre et ils restent assez mys­térieux. D’où vien­nent ces giles ? Par­don, ces auteurs ? Je ne vous don­nerai pas la réponse, mais je suis intéressé si vous l’avez…

Autres versions

Tout d’abord, je tiens à saluer mes regret­tés amis et Juan Lenci­na pour la con­fi­ance de m’avoir con­fié à de nom­breuses repris­es la musi­cal­i­sa­tion de la milon­ga Dere­cho Viejo.
Je reviens donc à ce 1er jan­vi­er 2018 dans le beau Salón Gri­cel (je crois qu’à cette époque c’é­tait encore l’an­cien décor). Un danseur est donc venu me deman­der Gil a rayas. Voici les 5 choix qui s’of­fraient à moi et pourquoi j’ai choisi la ver­sion que j’ai dif­fusée.

Gil a rayas 1922 — Enrique Delfi­no (solo de piano).

Je la men­tionne ici, car c’est un élé­ment his­torique, mais un ne se dif­fuse pas en milon­ga et de plus, c’est une ver­sion au piano. Cet nous per­met toute­fois d’en­ten­dre Delfy dans une de ses nom­breuses facettes, celle du pianiste.

Gil a rayas 1927-10-28 — Orques­ta Fran­cis­co Lomu­to.

Je ne l’ai pas envis­agé une sec­onde, il est très rare de pass­er la vieille garde à Buenos Aires. Ce n’est pas vilain, mais pas au goût des danseurs portègnes.
Il restait donc trois ver­sions, toutes par D’Agosti­no et toutes les trois instru­men­tales. S’il y a un nom d’au­teur, Rafael Her­raiz, il n’y a apparem­ment pas de ver­sion chan­tée enreg­istrée.
Voici les trois ver­sions de D’Agosti­no :

Gil a rayas 1942-08-11 — Orques­ta Ángel D’Agosti­no.

Cette ver­sion est assez clas­sique et elle a l’a­van­tage d’être au cœur de l’ac­tiv­ité de D’Agosti­no et donc de pou­voir être incor­porée facile­ment dans une tan­da.

Gil a rayas 1953-08-10 — Orques­ta Ángel D’Agosti­no. C’est notre ver­sion du jour.

Elle présente l’in­térêt d’être à peu près com­pat­i­ble avec Café Dominguez, le gros tube du D’Agosti­no tardif qui est aus­si instru­men­tal. Mais on se retrou­ve dans le même cas que pour Café Dominguez, dif­fi­cile de con­stituer une tan­da har­monieuse.

Gil a rayas 1962-05-06 — Orques­ta Ángel D’Agosti­no.

l’e­sprit pour être dif­fusée. Elle est trop plan-plan et inerte pour que j’en­vis­age de la pro­pos­er.
Vous trou­verez sans doute une ver­sion datée de 1963-05-06, mais c’est la même que celle de 1962 (même matrice et même numéro de disque), c’est donc une coquille de l’édi­teur.
Il restait donc deux titres pos­si­bles ; la ver­sion de 42 et celle de 53.

Que choisir ? Le dilemme du DJ

Le DJ est là pour faire plaisir aux danseurs. Il doit donc sans cesse estimer ce dont « ils ont besoin, envie ». Là, il y avait une com­mande. Comme D’Agosti­no est générale­ment plutôt calme, il peut bien con­venir après une tan­da de milon­ga. C’est l’op­tion que j’ai choisie.
J’avoue avoir beau­coup hésité entre deux pos­si­bil­ités.

  1. Jouer le plus sûr avec la ver­sion de 1953, précédée ou suiv­ie de Café Dominguez et deux tan­gos chan­tés par Var­gas de la décen­nie antérieure. C’est un peu mon­strueux d’un point de vue de l’har­monie de la tan­da, mais sans trop de risque, car chaque titre indi­vidu­elle­ment sera accep­té par les danseurs.
  2. Met­tre la meilleure ver­sion pour la danse à Buenos Aires, celles de 1942 et la com­pléter par trois titres de la même époque.

C’est l’op­tion 2 que j’ai choisie, car j’aime bien faire des tan­das har­monieuses. Ayant un doute sur l’ac­cueil de Gil a rayas par les danseurs, j’avais prévu en cas de prob­lème trois titres avec Var­gas en con­tin­u­a­tion.
Cepen­dant, comme Gil a rayas a été bien accueil­li, j’ai con­tin­ué avec un autre instru­men­tal :

Gran muñe­ca 1943-12-05 — Orques­ta Ángel D’Agosti­no.

Gran muñe­ca 1943-12-05 — Orques­ta Ángel D’Agosti­no.

Là, il restait un choix à faire. Con­tin­uer en instru­men­tal, avec des titres peu con­nus ou bas­culer sur Var­gas.
Comme la piste était pleine, je suis resté sur de l’in­stru­men­tal, non sans avoir le cœur bat­tant à 90…

De pura cepa 1943-12-05 — Orques­ta Ángel D’Agosti­no.

Au moins ce titre est en har­monie avec le précé­dent et a même été enreg­istré le même jour.
Là, il n’é­tait plus vrai­ment ques­tion d’aller cas­er un Var­gas. La piste était pleine et les danseurs ne sem­blaient pas regarder dans ma direc­tion avec des poignards dans les yeux. J’ai donc mis un qua­trième instru­men­tal… La musique tran­quille sem­blait leur con­venir. D’ailleurs à Buenos Aires, il me sem­ble que la musique est plus calme qu’en Europe. Je pense qu’on y recherche plus la sub­til­ité que l’én­ergie.

De corte criol­lo 1945-05-21 — Orques­ta Ángel D’Agosti­no.

Pourquoi ce titre qui est un peu dif­férent des autres. Le piano y est assez présent, rap­pelez-vous, il dia­loguait beau­coup dans la ver­sion de Gil a rayas de 1942, le pre­mier titre de la tan­da. Cer­tains pas­sages sont un peu plus toniques, notam­ment ceux où le piano est au pre­mier plan, d’autres sont presque joueurs. Ce titre con­vient donc assez bien pour des cou­ples qui ont eu trois autres titres pour s’ap­privois­er. De plus, il présente une vari­a­tion finale au ban­donéon qui per­met de ter­min­er la tan­da d’une façon rel­a­tive­ment tonique.
La tan­da étant une tan­da calme après les milon­gas, cette propo­si­tion pou­vait bien pass­er dans ce cadre et ce fut le cas. Peut-être qu’en Europe je ne l’au­rai pas pro­posée, mais en Europe, per­son­ne ne m’au­rait demandé Gil a rayas
Je crois que c’est la seule tan­da instru­men­tale de D’Agosti­no que j’ai passée dans ma car­rière alors que je passe qua­si sys­té­ma­tique­ment une tan­da chan­tée, notam­ment par Var­gas, ou au pire une tan­da mixte, notam­ment quand il y a Café Dominguez (qui est instru­men­tal) en début de tan­da et que je pour­su­is avec Var­gas.

Voilà, les amis, à demain !

Gil a rayas. Rowan Atkin­son (Mis­ter Bean) pour­rait jouer le rôle d’un gil, non ?

Milonga del recuerdo 1939-07-17 — Orquesta Juan D’Arienzo con Alberto Echagüe

Letra:

Notre du jour est une milon­ga irré­sistible, la milon­ga du sou­venir . Le titre pour­rait faire penser à la milon­ga campera, ces chan­sons un peu plain­tives de l’u­nivers des gau­chos comme Milon­ga triste            que chan­tait Mag­a­l­di en 1930 ou même des com­po­si­tions plus récentes comme celle de Piaz­zol­la, Milon­ga del ángel, ou Milon­ga en ay menor dans un style bien sûr très dif­férent. Mais comme vous pou­vez le con­stater, Milon­ga del recuer­do est un appel à se lancer sur la piste pour tous les . Ces derniers ne prêteront aucune atten­tion à la nos­tal­gie des paroles.

Ce manque d’at­ten­tion est ren­for­cé par le fait que Echagüe ne chante que le refrain et pas les cou­plets plus nos­tal­giques.

Extrait musical

Milon­ga del recuer­do 1939-07-17 — Orques­ta Juan D’Arien­zo con Echagüe.
Milon­ga del recuer­do. Alfon­so Lacue­va Letra: José Pec­o­ra. À gauche la cou­ver­ture de la par­ti­tion, au cen­tre la tab­la­ture des accords et à droite, le disque. RCA Vic­tor 38767‑B. La face A était 1939-07 une ver­sion instru­men­tale.

Paroles

Qué daría por ser joven y vivir aque­l­los días
Que se fueron ale­jan­do y no pueden más volver,
Aque­l­los años dichosos de las fies­tas tran­scur­ri­das
En el patio de la casa que me viera a mí, nac­er.
¿Dónde está la mucha­chi­ta, esa novia que besara?
Con los labios tem­blorosos encen­di­dos de pasión,
La que tan­to yo quería y siem­pre he recor­da­do
Porque fue el amor primero que no olvi­da el .

¿Dónde están los cora­zones
de la lin­da muchacha­da?
¿Dónde están las ilu­siones
de aquel tiem­po que se fue?
Mi vie­ja dicha per­di­da
Hoy estás en el olvi­do,
Y yo que tan­to he queri­do
Siem­pre te recor­daré.

Las milon­gas de mi bar­rio al gemir de ban­do­neones
Entre notas melo­diosas de algún tan­go com­padrón,
Las pebe­tas sen­si­bleras impreg­nadas de ilu­siones
Que reían y canta­ban al influ­jo de un amor.
No se ve la muchacha­da a la luz del faroli­to
Comen­tan­do por las noches los idil­ios del lugar,
Ni se escuchan los acordes de las dul­ces ser­e­natas
Que llen­a­ban de emo­ciones y nos hacían soñar.

Alfon­so Lacue­va Letra : José Pec­o­ra

Echagüe ne chante que le refrain, en gras.

Traduction libre

Que don­nerais-je (on dirait plutôt en français : « que ne don­nerais-je pas ») pour être jeune et vivre ces jours qui se sont éloignés et qui ne peu­vent plus revenir, ces années heureuses des fêtes passées dans la cour de la mai­son qui m’a vu naître.
Où est la fille, cette fiancée que j’embrassais ?
Avec les lèvres trem­blantes et embrasées de pas­sion, celle que j’aimais tant et dont je me suis tou­jours sou­venu parce que c’é­tait le pre­mier amour que le cœur n’ou­blie pas.
Où sont les cœurs de la belle bande d’amis ?
Où sont les illu­sions (émo­tions) de ce temps qui a dis­paru ?
Mon ancien bon­heur per­du est aujour­d’hui oublié, et moi qui ai tant aimé, je me sou­viendrai tou­jours de toi.
Les milon­gas de mon quarti­er au gémisse­ment des ban­donéons entre les notes mélodieuses d’un tan­go com­pagnon, les poupées sen­ti­men­tales imprégnées d’il­lu­sions qui riaient et chan­taient sous l’in­flu­ence d’un amour.
On ne voit pas la bande des gars à la lueur du lam­padaire com­menter la nuit les idylles du lieu ni on n’en­tend les accords des douces séré­nades qui nous rem­plis­saient d’é­mo­tions et nous fai­saient rêver.

Autres versions

Curieuse­ment, ce thème n’a pas été enreg­istré par d’autres orchestres. La mag­nifique ver­sion de D’Arien­zo et Echagüe reste orphe­line même si cer­tains orchestres jouent cette milon­ga dans les bals.

Milon­ga del recuer­do 1939-07-17 — Orques­ta Juan D’Arien­zo con Alber­to Echagüe

Une ver­sion intéres­sante par un orchestre de cham­bre con­tem­po­rain, le avec des arrange­ments de .

https://on.soundcloud.com/1x1ZzHQoyXKUhL3f9 Quand les musi­ciens clas­siques s’es­sayent à la milon­ga.

À demain, les amis !

Derecho viejo 1945-05-28 — Orquesta Osvaldo Pugliese

Eduardo Arolas Letra : Andrés Baldesari (V1) — Gabriel Clausi (V2)

Dere­cho viejo, le vieux droit, le droit ancien est une expres­sion argen­tine qui sig­ni­fie que quelque chose doit être fait sans délai, sans détours. Ce tan­go Dere­cho viejo a été dédi­cacé par Aro­las au Cen­tre des Étu­di­ants en Droit. Il a été enreg­istré, depuis les années 1910, énor­mé­ment de fois, mais une seule fois par Pugliese. C’est notre ver­sion du jour.

Je dédie cet arti­cle à mes deux grands amis, trop tôt dis­parus, y Daniel Rezk, créa­teurs de la Dere­cho Viejo de .

Je dédie cet arti­cle à mes deux grands amis, trop tôt dis­parus, Juan Lenci­na y Daniel Rezk, créa­teurs de la milon­ga Dere­cho Viejo de Buenos Aires.
Les locaux du cen­tre de droit à l’époque de l’écri­t­ure de Dere­cho Viejo. C’é­tait à et c’est aujour­d’hui le Musée Ethno­graphique.

Extrait musical

Dere­cho viejo 1945-05-28 — Orques­ta Osval­do Pugliese.
Par­ti­tion de Dere­cho Viejo

Dere­cho viejo est instru­men­tal. Cepen­dant, il existe plusieurs paroles. J’en repro­duis ici deux. Celles de Balde­sari, les plus anci­ennes et qui cor­re­spon­dent au titre, à tra­vers une his­toire lar­moy­ante dans laque­lle l’ex­pres­sion Dere­cho viejo est util­isée. Les autres, celles de Clausi, plus récentes sont une ode au tan­go, ce qui n’est pas si mal, mais elles ont peu à voir avec le titre.

Paroles

Oiga ust­ed com­pañero… si me quiere escuchar…
no crea que soy, ami­go, un cuentero:
yo quiero con­fi­ar­le… a ust­ed… com­pañero
mi inmen­so y cru­el dolor…
Quiero desa­hog­ar mis penas… sién­tese nomás…
y pida algún tra­go si tiene vol­un­tad…
y preste aten­ción, que ahí va la cru­el­dad
de aquel infiel amor…

Ust­ed sabrá
que cuan­do el amor
comien­za a tacon­ear
sen­ti­mos en el pecho
la dulce tentación;
¡sen­ti­mos sed de amar
de amar de corazón !…
Y yo tam­bién
amé con gran pasión,
amé con gran delirio
y coseché mar­tirios
porque un pade­cer
me brindó esa mujer,
¡que fue mi perdi­ción!…

Con el alma la quería… y ella fue
siem­pre mi úni­ca ilusión…
pero por otro hom­bre… como a mí…
¡a su hija aban­donó!
Esa hiji­ta tan queri­da… com­pañero,
ayer tarde se murió…
¡pero antes de morir, de este modo,
ella me habló!…

¡Padre! … Si la lle­ga a encon­trar, dele mi perdón
y dígale tam­bién, que aunque ella nos dejó,
¡yo siem­pre la quer­ré, con todo el corazón
y bésela por mí!
¡Hoy la encon­tró, com­pañero… no pude per­donar…
me fui Dere­cho Viejo… y ahí, a esa vaga,
en nom­bre de mi hija… la pun­ta de mi daga
besó su corazón!…

Eduar­do Aro­las Letra: Andrés Balde­sari

En gras, les paroles chan­tées par Teó­fi­lo Ibáñez dans la ver­sion de 1934 de la Orques­ta Típi­ca Vic­tor.

Traduction libre des paroles de Andrés Baldesari

Enten­dez, cama­rade… Si vous voulez m’é­couter… Ne croyez pas que je suis, mon ami, un con­teur :
je veux vous faire confiance…à vous… cama­rade, mon immense et cru­elle douleur…
Je veux évac­uer mes cha­grins… Asseyez-vous sans façon… et deman­dez à boire si vous en avez envie… Et prêtez atten­tion, car là va la cru­auté de cet amour infidèle…
Vous saurez que lorsque l’amour com­mence à taper du pied, nous sen­tons dans notre poitrine la douce ten­ta­tion, nous avons soif d’aimer, d’aimer du fond du cœur…
Et moi aus­si j’ai aimé avec grande pas­sion, j’ai aimé avec un grand délire, et j’ai récolté le mar­tyre parce que cette femme m’a fait souf­frir, qu’elle fut ma perte…
Je l’aimais de toute mon âme… Et elle a tou­jours été ma seule illu­sion… mais, pour un autre homme… Comme moi, elle a aban­don­né sa fille !
Cette petite fille tant aimée… Cama­rade, elle est morte hier soir, mais avant de mourir, elle m’a par­lé de cette façon…
Père !… Si tu la trou­ves, donne-lui mon par­don et dis-lui aus­si que même si elle nous a quit­tés, je l’aimerai tou­jours, de tout mon cœur et tu l’embrasseras pour moi !
Aujour­d’hui, je l’ai trou­vée, mon ami… Je n’ai pas pu par­don­ner… Je suis allé droit au but (Dere­cho viejo)… Et là, à cette cloche (vau­ri­enne), au nom de ma fille… La pointe de mon poignard embras­sa son cœur…

Paroles

Tan­go de mi ciu­dad, male­vo y sen­su­al,
y tristón, col­or de arra­bal.
Señor de salón, tenés emo­ción
de noche porteña.
Vuelve para sur­gir en dan­za tri­un­fal
can­ción sin igual que hace sen­tir
con tan­ta pasión en el corazón
su abra­zo de amor.

Oigo el can­tar de un triste ban­doneón,
que llo­ra en su can­ción la pena de un amor
que nun­ca pudo ser, por causa de creer
en locos berretines.
Todo pasó, no quiero recor­dar
el tiem­po que se fue,
ya nun­ca volverá la dicha de tu amor
para poder soñar con vos en mi arra­bal.

Qué dulzu­ra hay en tu voz,
che, ban­doneón, con tu chamuyo reo.
Tan­go lin­do y querendón, nobleza de arra­bal,
amores de otros tiem­pos…
Sigue, sigue tu can­ción
para ale­grar esta vela­da lin­da,
sue­na, sue­na ban­doneón, que siem­pre tu can­ción
está en el corazón.

Eduar­do Aro­las Letra: Gabriel Clausi

Traduction libre de la version des paroles de Gabriel Clausi

Tan­go de ma cité, malveil­lant et sen­suel, canyengue (forme de danse ou du faubourg en ) et triste, couleur de faubourg.
Mon­sieur de salon, tu as l’ex­ci­ta­tion de la nuit portègne.
Une chan­son sans égale sur­git pour émerg­er dans une danse tri­om­phante qui fait sen­tir avec tant de pas­sion au cœur, son étreinte d’amour.
J’en­tends le chant d’un ban­donéon triste, qui pleure dans sa chan­son la douleur d’un amour qui ne put jamais être, à cause de croire en des caprices fous.
Tout est fini, je ne veux pas me sou­venir du temps qui s’est écoulé, la joie de ton amour ne revien­dra jamais pour que je puisse rêver de toi dans mon faubourg.
Quelle douceur il y a dans ta voix, che, ban­donéon, avec ton bavardage roy­al.
Tan­go beau et affectueux, noblesse des faubourgs, amours d’autre­fois…
Con­tin­ue, con­tin­ue ta chan­son pour égay­er cette belle soirée, sonne, sonne ban­donéon, que tou­jours ta chan­son soit dans le cœur.

Autres versions

Pas ques­tion de don­ner toutes les ver­sions. Mon pro­pos est de vous mon­tr­er com­ment on est passé de la ver­sion de la ver­sion d’Aro­las à celle de Pugliese, 34 ans plus tard.
Top chrono :

Dere­cho viejo 1917 — Orques­ta Rober­to Fir­po. Une ver­sion rapi­de, joueuse. Elle cor­re­spond à l’idée d’é­tu­di­ants qui font faire la fête.

Une ver­sion rapi­de, joueuse. Elle cor­re­spond à l’idée d’é­tu­di­ants qui font faire la fête.

Dere­cho viejo 1926-08-04 — Orques­ta .

Le rythme est plus lent et solen­nel, mais De Caro incor­pore plein de bruits étranges, comme des fusées de feu d’ar­ti­fice ou des grince­ments.

Dere­cho viejo 1927 — Sex­te­to Fran­cis­co Pracáni­co.

Une ver­sion bien canyenge, avec un vio­lon qui vole au-dessus. Les fusées se retrou­vent et se ter­mi­nent par un « POUM ». Une ver­sion cepen­dant un peu monot­o­ne, avant les vari­a­tions de la dernière minute.

Dere­cho viejo 1927-04-16 — Orques­ta Fran­cis­co Canaro.

Le rythme bien pesant et mar­qué de Canaro, mais décoré avec de petites fior­i­t­ures. La mon­tée des « fusées » est trans­for­mée en mon­tées en pizzi­cati (qui ne sont pas suiv­is de descente et donc pas de « Poum » non plus, sauf dans la dernière minute où les mon­tées sont toute en vibra­to et les Poums bien présents.

Dere­cho viejo 1927-04-19 — Orques­ta Osval­do Frese­do.

La ver­sion de Frese­do est moins martelée, plus coulée, mais les mon­tées qu’il adore sont suiv­ies de descentes et de gros Poums aux tim­bales. Il explore aus­si la mon­tée en pizzi­cati de Canaro et les mon­tées en « vrille ». Un véri­ta­ble feu d’ar­ti­fice.

Dere­cho viejo 1934-06-01 — Orques­ta Típi­ca Vic­tor con Teó­fi­lo Ibáñez.

C’est la pre­mière ver­sion chan­tée de ma sélec­tion. Mon­tée en pizzi­cati et descente en vrille, suiv­ie de Poum. Teó­fi­lo Ibáñez chante le refrain des paroles de Andrés Balde­sari.

Dere­cho viejo 1936-08-10 — Orques­ta Julio De Caro.

On retrou­ve De Caro avec une ver­sion pleine d’en­core plus de bruits incon­grus, dont des cuiv­res toni­tru­ants.

Dere­cho viejo 1938-03-15 — Quin­te­to dir. Fran­cis­co Canaro.

Une ver­sion qui marche bien avec une orches­tra­tion orig­i­nale. Du bon Canaro, net­te­ment plus dynamique que sa ver­sion de 1927…

Dere­cho viejo 1939-07-17 — Orques­ta Juan D’Arien­zo.

D’Arien­zo évite toutes les mon­tées et descentes glis­sées qu’of­frent la plu­part des ver­sions. Son inter­pré­ta­tion plus sèche, même quand le motif de vio­lon sur­nage, sur l’orchestre, ce dernier ne perd pas la mar­ca­cion et on n’a pas d’autre choix que d’y aller dere­cho viejo (sans hésiter).

Dere­cho viejo 1941-12-30 — Orques­ta Osval­do Frese­do.

On retrou­ve Frese­do qui se régale avec les mon­tées et descentes de ses fusées et les gros poums. C’est vrai­ment son truc.

Dere­cho viejo 1945-05-28 — Orques­ta Osval­do Pugliese. C’est notre .

Dès la deux­ième mesure, l’am­biance change avec Pugliese. Même la fusée qui ne fait qu’une descente en vrille a un autre car­ac­tère. La yum­ba pointe son nez. Les pas­sages, sans mar­cación aucune, pour­ront désta­bilis­er les danseurs qui aiment l’ex­er­ci­ce de la marche à pas cadencé. Dans la dernière minute, les audaces har­moniques et les vari­a­tions de rythme, typ­iques de Pugliese don­neront du fil à retor­dre aux danseurs novices.
Le titre con­tin­uera par la suite, avec notam­ment des évo­lu­tions de Frese­do et Fir­po, mais je souhaite rester sur Pugliese et cet qu’il ne renou­vellera pas de Dere­cho Viejo.

Eduardo Arolas, le tigre du bandonéon en film.

La com­po­si­tion de Eduar­do Aro­las a donc eu beau­coup de suc­cès. Presque tous les orchestres ont gardé les grandes cas­cades que Frese­do a beau­coup util­isées dans ses inter­pré­ta­tions par la suite. Cer­tains les ont presque, adap­tées, comme Pugliese, voire sup­primé comme D’Arien­zo qui n’en garde que l’amorce et nous laisse donc sur notre faim. À pro­pos de fin, je vous pro­pose de voir un extrait du film Dere­cho viejo réal­isé en 1950 par Manuel Romero sur un scé­nario de Alfre­do Ruano­va. Le film est sor­ti le 4 jan­vi­er 1951. Le film retrace la vie d’E­d­uar­do Aro­las. Juan José Míguez jouant le rôle du Tigre du ban­donéon.
Dans cet extrait, on voit le ten­ancier récolter la mon­naie pour pay­er Aro­las. À 15 sec­on­des de mon extrait, on voit une femme qui dit à sa mère que l’on va danser sur un Tanga­zo (tan­go de pre­mière qual­ité) aujour­d’hui. Lorsque « Aro­las » joue, accom­pa­g­né à la gui­tare on voit des cou­ples danser, dans un style qui se veut repro­duire celui du début du siè­cle

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  • DJ VJ Lo de Lola (Vedène, Fran­cia) 2025-04-27
  • DJ Milon­gas usuelles Buenos Aires (Mai à Juil­let 2025)
  • DJVJ Fes­ti­val des Gorges du Tarn (Sainte-Énimie, Fran­cia) 2025-09-12…14)
  • DJVJ Milon­ga de l’Au­ra (Noirétable, Fran­cia) 2025-10-11
  • DJ Milon­gas usuelles Buenos Aires (Novem­bre 2025 à Mars 2026)
  • DJ VJ Milon­ga Tres Castil­los (Saint-Paul-Trois-Châteaux, France) 2026-04-05

2024

  • DJ Buenos Aires (las milon­gas usuales) Enero has­ta mar­zo de 2024
  • DJVJ Milon­ga du Jive (France) 11/09/2024
Milon­ga du Jive 2024-06-11
  • DJ Milon­ga con­sulaire, Val­ros (France) 21/06/2024
Milon­ga con­sulaire 2024-06-21
  • DJ Buenos Aires (las milon­gas usuales) 27 de junio has­ta el 11 de agos­to 2024
Bernar­do en Camar­go tan­go — Salon El Beso — Buenos Aires.

https://www.facebook.com/DJ.BYC.Bernardo.page/posts/pfbid021b9mbSs5KBbPLTc72M1U9ZVvwX84xBDEEbBXaRMEFD1r7dyqnp2qk1Da44rnH8ztl


DJ Sainte-Énimie (France) 13–15/09/2024

  • DJVJ Nan­cy (France) 21/09/2024.
J’animerai la milon­ga du 21 sep­tem­bre avec Tan­go Sonos.

DJ Cave Aubais Mema (France) 29/09/2024

Milon­ga Mema 2024-09-29

DJ La milon­ga de L’Au­ra. Noirétable (France) 12/10/2024

Milon­ga de L’Au­ra, 2024-11-12

DJVJ Nior­tan­go 18–20/10/2024 (Niort, France), 3 milon­gas et 2 class­es de musi­cal­ité.

Pro­gramme Nior­tan­go 2024

2023

  • DJ Buenos Aires (las milon­gas usuales) Octubre 2023
  • DJ Fes­ti­val des Gorges du Tarn en Tan­go (Sainte-Énimie, France) Deux milon­gas, dont 12 h de des­pe­di­da sans coupure 15–17/09/2023
  • DJ Les Jeud­is de Nîmes (Nîmes, France) 24/08/2023
  • DJ Tarbes en tan­go (Tarbes, France) 17–18-19/08/2023
    Tarbes
  • DJ Buenos Aires (las milon­gas usuales) junio has­ta agos­to de 2023
  • DJ 4e Esti­vales de Tan­go (Bag­nères-de-Big­orre, France) 9/06/2023
    Bag­nères
  • DJ et Pho­tographe, Encuen­tri­to (Roque­brune-Sur-Argens, France) 26–28/05/2023
    Encuen­tri­to
  • DJ et VJ, Milon­ga Tan­go­ma­nia (Montcuq, France) 22/04/2023
    Montcuq
  • DJ Fes­ti­val de Pâques, Tan­goe­moi (Rouen, France) 08/04/2023
    Pâques
  • DJ Buenos Aires (las milon­gas usuales) Enero has­ta mar­zo de 2023

2022

2021

  • DJ La milon­ga Mema (Aubais, Nîmes) 07/11/2021
  • DJ La Dominguera (Mont­pel­li­er) 30/10/2021
  • DJVJ Limouzi Tan­go Mix (France) 28/10/2021
  • DJ Fes­ti­val Ty Tan­go (Vannes)
  • DJVJ Luna milonguera (Vichy) 9/10/2021
  • DJ Fes­ti­val­i­to C. (sur invi­ta­tion et com­plet)
  • DJ Lo de Car­men (Nev­ers) 25/09/2021
  • DJ La Mira­da (Alès) 12/09/2021
  • DJ Le Vic­to­ria (Mont­pel­li­er) 24 & 26/08/2021
  • DJ Week-end Tan­go L. (sur invi­ta­tion et com­plet) 18/07/2021
  • DJ Milon­ga con­sulaire Val­ros (France) 30/06/2021
  • DJ La Grande Bouffe 2 (France) 11–12-13/06/2021

2020

  • COVID (Milon­gas en vivo, vir­tuales)
    • DJVJ Milon­ga Porteña (vir­tu­al, cada sába­do de la COVID) 20 dates sur l’an­née)
    • DJ Milon­ga Inter­na­cional (vir­tu­al Des­de argenti­na))
    • DJ Earth Vir­tu­al Milon­ga (Esta­dos Unidos)
    • DJ Milon­ga vir­tu­al San Peters­bur­go (Rus­sia)
    • DJ Mundi­al de los musi­cal­izadores de tan­go (Mex­i­co)
    • DJVJ Milon­ga Neotan­go (Italia)
  • DJVJ Buenos Aires (las milon­gas usuales en enero y febrero)

2019

2018

2017

2016

  • DJ La Maleni­ta Nev­ers Com­mande pho­tos
  • DJ Encuen­tro Milonguero Milonguero (Calp Spain) 
  • DJ Fes­ti­val de la côte basque 
  • DJ Fes­ti­val de Béziers 
  • DJ Grande Nuit du Tan­go Argentin / Marathon des DJ  (Som­mières) 
  • DJ Maquina tanguera (Toulouse) 09/2016 
  • DJ Fes­ti­val des Gorges du Tarn (Sainte-Énimie) 
  • DJ Fes­ti­val du Lac du Paty (Car­omb) 
  • DJ Fes­ti­val Tan­go­postale (Toulouse) 
  • DJ Fes­ti­val Thau­tan­go (Mèze)
  • DJ Milon­ga Dan­zarin (Toulouse)
  • DJ Fes­ti­val Cora­zon en fies­ta (Nev­ers)
  • DJ Tan­goloft (Vichy)
  • DJ Mas milonguero que nun­ca (Toulouse)
  • DJ Labo Tan­go (Nîmes)
  • DJ ParisTangoDjPart’3 (Capo­dan­no Milonguero) Pomerid­i­ana di Bernar­do BYC ()
  • DJ Milon­ga Porteña (ma milon­ga)

2015

  • DJ Encuen­tro Milonguero Milonguero (Calp Spain)
  • DJ Encuen­tro milonguero des 3 M (Roanne)
  • DJ Fes­ti­val Arte­tan­go (Albi)
  • DJ Fes­ti­val Tan­go­postale (Toulouse)
  • DJ Fes­ti­val Thau­tan­go (Mèze) 
  • DJ Fes­ti­val Cora­zon en fies­ta (Nev­ers)
  • DJ Fes­ti­val Des­ti­na­tion Tan­go (Roanne)
  • DJ Fes­ti­val Les Milonguettes (Cahuzac)
  • DJ Fes­ti­val de Prayssac
  • DJ Fes­ti­val des Gorges du Tarn (Sainte-Énimie)
  • DJ Fes­ti­val de Moulins (Yzeure)
  • DJ Fes­ti­val du Lac du Paty (Car­omb)
  • DJ Encuen­tro des Fumades
  • DJ Milon­ga del Angel (Nîmes)
  • DJ Grande Nuit du Tan­go Argentin / Marathon des DJ  (Som­mières)
  • DJ Lo de Car­men (Nev­ers)
  • DJ Los marineros (Mar­seille)
  • DJ La Pluma (Mont­pel­li­er)
  • DJ Tem­po di tan­go (Car­cas­sonne)
  • DJ Tangue­dia de ParisDJ Milon­ga XXL la Belleviloise (Paris)
  • DJ Pava­di­ta Milon­ga (Béziers)
  • DJ La Vic­to­ria – Chalet du Lac (Paris)
  • DJ L’O­ka (Toulouse)
  • DJ Las Moro­chas (Toulouse)
  • DJ Milon­ga Porteña (ma milon­ga)

2014 et avant… 2014 and before… 2014 y antes…

  • DJ Encuen­tro Milonguero Milonguero (Calp Spain) 2014
  • DJ Encuen­tro milonguero des 3 M (Roanne) 201
  • 4DJ Fes­ti­val Tan­go­postale (Toulouse) 2011–2012-2013–2014
  • DJ Fes­ti­val Arte­tan­go (Albi) 2014
  • DJ Fes­ti­val Les Milonguettes (Cahuzac) 2014
  • DJ Grande Nuit du Tan­go Argentin / Marathon des DJ  (Som­mières) 2014
  • DJ Lo de Car­men (Nev­ers) 2014
  • DJ Tangue­dia de Paris (2013–2014)
  • DJ Esprit Tan­go (Paris) 2010–2011-2012
  • DJ La Pluma (Mont­pel­li­er) 2014
  • DJ Tangue­an­do (Toulouse) 2012–2013-2014
  • DJ La Platière (Lyon) 2010DJ Milon­ga du via­duc (Mil­lau) 2008
  • DJ Recoules-Prév­inquières (Avey­ron France) de 2005 à 2010
  • DJ Milon­ga Porteña (ma milon­ga) de 2001 à aujour­d’hui (has­ta hoy)